Les caisses s'entrechoquèrent en tombant dans le chariot de Julian tandis que ce dernier s'activait pour charger son véhicule le plus vite possible. L'homme s'affairait en tous sens, ramassant à la va-vite sacs et boîtes, fioles et toiles, tentures et vêtements et les jetant pèle-mêle dans sa charrette en pestant aux quatre vents contre le retard qu'il avait pris. Sa robe se prenait dans ses jambes et les babioles qui traînaient, rendant la tâche moins pratique encore. Alors qu'il jetait la dernière caisse dans le véhicule de bois, il entendit un bruit de verre brisé dans le coffre. Il grimpa précautionneusement sur le marchepied et jeta un regard craintif sur la fiole qui venait d'éclater.
"Oh c'est pas vrai..." laissa-t-il échapper, avant de poursuivre en soufflant longuement. "Bon, tant pis" se reprit-il.
Sans attendre, il ramassa les quelques morceaux de verre qui s'étaient répandus dans l'accident et les jeta "par-dessus bord", avant de se placer aux rênes de la charrette. D'un coup sur les lanières de cuir, il fit avancer le cheval, qui entraîna avec lui le véhicule. Alors qu'il commençait à s'engager dans la rue qui l'amènerait au lieu de rendez-vous, il tira un grand coup sur la bride du cheval, qui hennit sur le coup. Julian descendit de son siège en vitesse comme s'il avait oublié un truc, tapota sur le fessier de son canasson en murmurant un "désolé" sans vrai destinataire et courût jusqu'à sa maison. Une fois à l'intérieur, il hurla:
"Jack! Dépêche-toi, on est en retard!"
Le jeune homme déboula les escaliers quelques instants plus tard en enfilant à la va-vite une chemise.
"Pourquoi vous ne m'avez pas réveillé avant?" demanda-t-il, encore en demi-sommeil.
"Je... Enfin... J'allais le faire et..."
"Vous alliez encore partir sans moi? Quoi, vous allez encore m'oublier combien de fois avant de réaliser que je suis obligé de vous suivre où que vous alliez?"
Il finit d'enfiler sa chemise, bien qu'il fut légèrement irrité, en prenant bien soin de couvrir la totalité de la marque dans son dos. Une fois que son vêtement fut boutonné, les deux hommes sortirent dans la rue, et tandis que Julian verrouillait la porte, Jack préparait le chariot à partir.
Quelques minutes plus tard, l'attelage arrivait aux portes de la ville. Les quelques dizaines de personnes présentes semblaient venir pour la plupart dans le but de commercer avec les autres villes, bien que plusieurs membres du voyage ne voyageaient qu'à cheval, donc vraisemblablement sans marchandises. Julian fit avancer son cheval vers les autres marchands, en regardant autour de lui s'il reconnaissait l'un d'entre eux. En vain.
Sans vraiment y penser, il leva les yeux, en imaginant les paysages par lesquels il allait passer pour rejoindre sa destination, et se prit à une douce rêverie. Il resta un moment les yeux dans le vague à attendre un quelconque mouvement du groupe quand un elfe de grande taille l'accosta avec un courtois:
"Est-ce que vous êtes avec nous, monsieur?"
Julian baissa lentement les yeux vers lui, le regard vide. Il réalisa soudain que c'était à lui que s'adressait l'inconnu. De surprise, il écarquilla les yeux et se redressa sur son siège:
"Euh, je... Oui, oui oui, c'est ça, je suppose, en fait. Enfin, je crois. Est-ce que..."
Jack sortit la tête de la charrette et lança un:
"Oui, c'est ça, on voyage avec vous. je me présente: Jack Whiteclaw et mon tuteur Julian Hellmoon."
"Voilà, c'est ce que j'allais dire." termina Julian.