[Intrigue - DE] Une nuit sans lune [Auween] (fini)

Leurs malheurs avaient commencé une nuit sans lune, comme celle d'aujourd'hui. Il entendait les sanglots de sa femme, mais ne pouvais rien dire, ni s'en approcher. Ce serait trop dur pour lui, comme pour elle. Il ne restait à l'homme qu'une seule chose à faire, parce qu'après tout, c'était de leur faute, ils leur devaient donc réparation. Non, il n'allait pas le dire de la sorte, cela ne mènerait à rien, de toute façon. Il devait se comporter en père, jusqu'à ce qu'il puisse atteindre son but. Ses enfants, son sang, sa propre chaire allaient pouvoir l'aider à vivre un peu plus longtemps. C'est le pacte qu'il avait sellé et les conditions de celui-ci lui convenaient parfaitement.

Le voyage jusqu'à sa destination parut à l'homme assez long, mais sa motivation ne faiblit pas pour autant. Il avait un but atteindre et comptait aller jusqu'au bout quoiqu'il arrive.
Tamawa se présenta devant l'elfe alors que la nuit commençait déjà à tomber. Il fallait qu'il se dépêche. Il fallait que l'un des deux soit là. Il ne fallait pas que l'évènement qui amenait l'homme ici ait encore atteint leurs oreilles. Il pénétra dans le Temple et demanda où se trouvaient Auween et Ewan, se présentant comme leur père. On lui signala que la garçon était absent, mais que la jeune fille se trouvait dans sa chambre.
C'est presque en courant que l'elfe rejoignit le l'aile résidentielle de l'endroit et tambourina avec force à la porte qui portait le nom de sa fille.

« Auween ! »

Il cria le nom de la demoiselle d'une voix désespérée tout en frappant avec plus de force. Il était impatient. Il devait faire vite ; il voulait en finir avec ça au plus tôt. L'excitation grandissait au fond de son ventre, ainsi que cette rage d'accomplir ce pour quoi il était venu.

« Auween, ouvre cette porte, je t'en prie ! C'est ton père ! »

Pourquoi tardait-elle tant, cette petite ingrate ? C'était de sa faute si la lune avait une fois de plus quitté le ciel permetant à cela de se produire. Il fallait qu'elle l'écoute ! Il fallait surtout qu'elle le suive. Ici, il ne pouvait accomplir son objectif.

Invité

Les années sont passées vite... j’ai appris tellement de choses, rencontré beaucoup de monde. Je ne suis plus la même Auween, traumatisée par son passé injuste et son arrivée au Temple. Je ne suis plus celle qui suit à la trace son frère, qu’elle aime toujours autant, mais dont elle s’est détachée petit à petit. Maintenant, nous avons développé nos dons respectifs et communiquons par l’Esprit, principalement, surtout parce qu’Ewan bouge beaucoup. Il cherche sans cesse à s’entraîner et à apprendre encore et toujours. Je suis aussi comme ça, mais j’aime vraiment le Temple. C’est devenu ma maison, ma seconde vie, ma renaissance. Je me sens forte, prête à combattre beaucoup de choses, à enfin avancer dans ma vie, à trouver enfin ma route.

Allongée sur mon lit, je lis l’un des nombreux ouvrages conseillés par les professeurs. Il doit me rester une dizaine de pages, mais mon regard se tourne vers la fenêtre et plus précisément vers le ciel. Mon cœur rate un battement et je détourne les yeux. Une nuit sans lune... oh que de mauvais souvenirs. Après m’être concentrée, je perçois une émotion : sûr de lui et déterminé. Sentir ainsi mon frère me rassure. J’ignore où il se trouve, mais il ne doit pas être trop loin, étant donné que je peux sentir sa présence... quoi que, nos capacités se sont réellement développées depuis le temps. Je respire profondément et ferme mon bouquin ; je ne pourrai plus me concentrer, désormais.

Soudain, quelqu’un frappe à la porte. Je sursaute, car je ne m’attends pas du tout à de la visite à cette heure. Sans oser utiliser l’Esprit, je m’approche discrètement de la porte et entends mon nom. Il me semble reconnaître cette voix. Les coups se font plus insistants et il suffit de son ton pour que je le reconnaisse enfin.

« Auween, ouvre cette porte, je t'en prie ! C'est ton père ! »

C’est comme si tout s’était arrêté. Ma tête semble s’être transformée en tambour géant et ma main tremblante réussi, je ne sais comment, à se poser sur la poignée. Mais pourquoi, alors que tout va bien, mon passé revient-il au galop ? Je ne comprends pas cette haine qui m’habite d’un seul coup, comme si sa présence éveillait un autre penchant de ma personnalité. J’ouvre brutalement la porte et ne me retiens plus de ressentir ses émotions mais quelque chose me surprend : rien... le vide. Je ne ressens absolument rien. La peur me saisit, mais c'est sans un seul sourire, sans aucune expression que je le regarde droit dans les yeux.

- Que faites-vous ici, Père ? Il fait nuit noire, qu’est-ce qui vous prend ? Et ça fait tellement longtemps... trop longtemps.

Mes mains se crispent. Je sais qu’il se rend compte que la haine que j’éprouve. Mais je n’ai plus peur de lui. La curiosité me pique à vif et je veux savoir ce qui l’a amené jusqu’ici.

En t'entendant, l'homme prit la peine d'afficher une expression désolée, presque désespérée. Il lui fallait jouer ce rôle de mauvais père qui venait se repentir. C'était la seule solution pour arriver à ses fins, pour te pousser à l'écouter et à le suivre. Il n'avait pas fait tout ça pour rien. Il n'avait pas signé pour se voir échouer dans sa tache. La vie était trop courte, il en avait conscience et la sienne encore plus. Il n'avait pas de temps à perdre, mais devait tout de même en prendre un peu pour te mettre en confiance.
Oui, cela faisait longtemps, mais cela importait peu. S'il avait eu le choix, jamais il n'aurait reprit contacte avec eux – avec elle. C'était certes sa fille, mais il ne voyait en la Templière qu'une étrangère, qu'un objet qu'il comptait utiliser pour son bien, pour celui de sa femme. L'elfe avait encore trop de choses à faire pour abandonner maintenant. Il était prêt à faire le nécessaire pour continuer à exister et ce, sans la moindre hésitation.

« Je le sais, Auween, je le sais, mais je n'ai pas le choix. »

Oh que si, on le lui avait laissé, ce choix. C'était de sa propre volonté qu'il avait accepté ce pacte, mais sa fille n'avait pas besoin de le savoir.
Les mais de l'homme tremblaient. La jeune fille aurait pu croire que c'était dû à l'angoisse, à la peur de se trouver face à elle après tant de temps, à la crainte d'un rejet, mais non. L'elfe tremblait d'excitation. Il avait hâte d'accomplir son devoir. Il avait hâte d'en finir avec tout ça.

« Le temps presse, Auween ! Tu dois venir avec moi ! Tu dois me suivre ! »

Il répétait le prénom de la jeune femme pour la seconde fois. Cela sonnait étrange dans sa bouche. Jusqu'il y a peu, il avait même complétement oublié l'existence de ses enfants, mais la nuit sans lune s'était rappelée à lui, apportant avec elle son nouveau lot de malheurs.
Il t'attrapa par le bras, le serrant peut être un peu trop fort entre ses doigts dans sa hâte. Son toucher était glacial, trop même, au vu des températures estivales.

« Suis-moi ! »

Invité

Son expression désespérée me surprend tout de même. Ses tremblements encore plus... Bien que cela fasse des années que nous ne nous sommes pas vus et que je reconnais physiquement mon géniteur, rien en son comportement ne m’est familier. Oui, les gens changent, mais tout de même pas à ce point. Je ne sais pas pourquoi il agit ainsi, me suppliant, semblant on ne peut plus pressé, peut-être même émotionné de me revoir ? Non, je n’arrive pas à y croire. Pour la première fois de ma vie, ne pas pouvoir me servir de l’Esprit me terrifie. C’est probablement le fait qu’il s’agisse des sentiments de mon père, sentiments que je n’ai jamais connus et dont les agissements du moment me donnent la chair de poule. Je coupe contact avec Ewan... j’ai trop peur qu’il revienne simplement à cause de ça. Après tout, mon géniteur ne m’a jamais rien demandé d’important... j’imagine donc que ce qu’il doit me dire n’est pas si... enfin s’il s’est déplacé...

« Le temps presse, Auween ! Tu dois venir avec moi ! Tu dois me suivre ! »

Il ne me laisse plus réfléchir et m’attrape par le bras. Sa main est froide, terriblement froide, alors qu’il fait bien chaud cet été. Il me demande de le suivre, mais je ne sais pas quoi faire. Que doit-il me montrer, que doit-il me dire qui vaille son déplacement jusqu’ici alors que pendant des années, je n’ai pas entendu ne serait-ce que la moindre nouvelle d’eux. Je pense soudain à ma mère, alors que mes premiers pas pour suivre mon monstre de père se font hésitants. Il m’entraine à travers les couloirs du Temple qui, soudain, me semblent inconnus. C’est comme si tout ce que je vivais était irréel. Mais la froideur de sa main et de ses paroles me font réaliser que tout ça se passe réellement. C’est tout de même sans hésitation que je pose une question en accélérant le pas.

- Mère n’est pas avec vous ?

Si lui a eu « l’envie » de venir à Tamawa, pourquoi pas elle ?

Il te tirait toujours par le bras, la pression se faisant un peu plus forte autour de ton membre. Il serrait ses doigts, trop glacés pour que cela soit naturel, et pressait le pas. Il en avait assez d'attendre, de parler avec toi. Il voulait en finir, puis passer à Ewan, car son tour viendra bien assez tôt.
Les couloirs défilèrent et vous voilà déjà dehors, sans qu'il ne t'aie encore répondu. En réalité, il s'était attendu à cette question. Il avait eu le temps, durant son voyage, de potasser tout cela. De penser à sa femme, à ses larmes, à sa douleur. Les deux elfes n'avaient jamais montré aucune affection à leurs enfants, mais entre eux, il y avait des sentiments tendres, peut être un peu aigris par le temps, mais toujours présents. Ce qu'il s'apprêtait à réaliser, il le faisait en partie pour elle.

L'homme ne se tourna vers toi qu'une fois que vous avez atteint l'extérieur. Une charrette vous attendait là, pour le long voyage que vous vous apprêtiez à faire – un peu plus court pour toi, peut être... L'elfe se passa les mains sur son visage aux traits tirés, marqué par des cernes violacées et un teint cadavérique. C'était vrai, ton père ne semblait pas être dans une forme olympique, en apparence, mais au fond... Il ne craignait plus vraiment les effets du temps, même si en ce moment, celui-ci pressait.

« Auween, écoute moi. Je sais que ta mère et moi n'avons pas été les parents idéaux. Nous avons commis des erreurs par le passé, n'avons pas su vous aimer comme il faut, ton frère et toi, mais les choses ont changé. »

De jolies paroles. Les pensaient-il vraiment ? Tu étais en droit de te poser la question, mais aucun moyen d'en vérifier la véracité. Tu ne pouvais rien ressentir. Heureusement pour lui, peut être.
Les choses avaient changé, il ne mentait pas sur ce point. Il n'était plus l'homme que tu avais connu étant enfant. Il avait signé. Il voulait vivre. Il voulait revoir le visage de son épouse. Tu allais l'y aider ce soir et Ewan, plus tard. L'elfe était prêt à faire tous les sacrifices du monde.

« Ta mère est gravement malade et ne peut plus se déplacer. Nous voudrions, elle et moi, vous demander pardon. Elle voudrait te revoir une dernière fois avant de s'éteindre. »

La tristesse perçait dans sa voix. Il te prit les main, plantant son regard dans le tien. En y prêtant un peu attention, tu pourrais remarquer qu'il était éteint, comme mort. Pas une once de vie ne traversait les yeux de l'homme. Etait-ce le chagrin ? Qui sait, mais c'était à glacer le sang, comme son toucher. Faisait-il encore seulement partie de ce monde ? Le temps l'avait-il détruit à ce point ? L'elfe ferait presque pitié, avec ses épaules basses et son échine courbée. Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ses dernières années ?

« Tu sais, nous voulions tellement t'avoir, toi. Le fait que vous soyez deux nous avait fait peur. Bêtes et superstitieux, mais cela remonte à une époque depuis longtemps révolue. »

Il fit un geste vague de la main pour représenter les années qui ont passé. Le fait de te toucher, sentir la chaleur de ta peau le faisait bouillir d'impatience ; de rage, presque. Il fallait arrêter de parler et se mettre en route. L'homme monta sur la charrette, se saisissant des rênes du cheval et te fit signe de monter.

« Le temps presse, il n'en reste pas beaucoup à ta mère. Nous discuterons de tout cela en chemin, veux tu ? »

L'elfe tapota la place à côté de lui, te suppliant du regard.

« Accompagne moi, Auween, je t'en prie. Monte ! ajouta-t-il de façon un peu plus brusque, désireux de se mettre en route. »

[Si tu acceptes de monter avec ton père (le but du jeu c'est quand même de le faire, mais tu as le droit d'attendre le post suivant si tu estimes que ton personnage n'est pas assez convaincu et trop méfiant pour le faire maintenant), je te laisse décrire le début du voyage, poser les questions que tu veux. =)]

Invité

Long... le temps est long et rapide en même temps. J’ai envie de savoir pourquoi il est venu seul, mais je ne le sais pas avant qu’on soit dehors. J’aperçois la charrette qui doit nous emmener je ne sais où et j’arrive à mieux voir son visage. Terrifiant, incroyablement blanc agrémenté d’un air inhabituellement fatigué.

« Auween, écoute moi. Je sais que ta mère et moi n'avons pas été les parents idéaux. Nous avons commis des erreurs par le passé, n'avons pas su vous aimer comme il faut, ton frère et toi, mais les choses ont changé. »

Pendant mes douze premières années, j’ai souhaité aussi fort que possible pouvoir entendre cette phrase aux allures d’excuses et de résilience. Mais alors pourquoi... pourquoi je n’arrive pas à y croire ? Alors que mon père est juste devant moi et que, malgré son air étrange, il me dit tout ce que j’ai envie d’entendre six ans plus tard...

Ma gorge se noue, mais je me calme lorsqu’il répond à ma question. Mère est donc malade... Pourquoi faut-il que les gens attendent toujours d’être au seuil de la mort pour se faire pardonner ? Il saisit mes mains et son air éteint m’effraye. Mais qu’est-il donc devenu..? Mère est-elle aussi dans cet état, désespérée de revoir ses enfants une dernière fois ? Ses justifications suivantes me remémorent toutes ces pensées que j’ai eues, ces injustices qui nous ont tant fait souffrir Ewan et moi, pendant si longtemps.

Je me retiens de pleurer lorsqu’il met un terme à ce moment d’émotion. Il monte dans la charrette et tapote la place à côté de lui en me demandant de me dépêcher. J’hésite, mais son empressement me fait rapidement prendre une décision : je dois y aller.

*Et Ewan ?* ai-je envie de dire à mon père.

Mais je me retiens car, même s’il acceptait que nous ayons le chercher, je ne voudrais pas. Je m’étais pourtant juré d’arrêter de le protéger... mais rien à faire. Ewan reste ma famille, mon attache dans ce monde plus barbare de jour en jour, même s’il semblait s’être adoucit. Oh oui, qu’il était doux ce monde au Temple auprès de gens comme Maître Jacen. Cette pensée pour lui me fend le cœur ; je n’ai normalement pas le droit de quitter le Temple sans son accord. Et j’espère sincèrement qu’il ne m’en voudra pas d’avoir voulu gérer seule mes histoires.

Un silence de plomb s’installe rapidement. La nuit est silencieuse et affreusement noire. Cette absence de lune me fait penser qu’il est étrange que mon père ait choisi cette nuit pour venir me chercher. La maladie de Mère n’a pas pu se déclarer d’un coup. Pourquoi donc une nuit sans lune ? Du coin de l’œil, je le vois concentré sur le chemin à prendre pour arriver à bon port. Ses mains sont crispées sur les rênes, prêt à réagir si le cheval se fait trop lent. J’ai peur, mais cette question me brûle les lèvres. Après les avoir mordillées plusieurs fois, je me lance, essayant de soutenir mon regard dans sa direction, sentant ma voix perdre de sa puissance à chaque mot.

- Père, pourquoi ce soir ? Si Mère est si malade, pourquoi ne pas m’avoir avertie avant ? En plus, ce voyage a dû vous épuiser... si j’avais su, j’aurais pu moi-même faire le déplacement à Silmarie ! Maître Jacen m’aurait sûrement autorisée à aller voir mes... parents. Et Ewan, quand allons-nous le prévenir de son état ? Nous n’allons quand même pas partir sans lui ?

Je regrette ma dernière question. Je le sais, je viens de mettre mon frère en danger... mais égoistement, j’aimerais qu’il soit là pour m’aider à affronter cet instant avec son courage naturel et son calme rassurant. Ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas sentie si seule...

[HRP : pardon, ma réponse n'est pas terrible et je n'ai pas décrit grand chose... Sad

]

Le soulagement pouvait se lire sur les traits de l'elfe lorsque tu te décidas à monter dans la charrette. Il n'était plus certain d'avoir la patience de continuer cette discussion ici. Le temps pressait. Le temps était si précieux. On ne savait jamais quand la fin allait arriver, vous prendre votre dernier souffle et vous laisser à jamais dans le noir – noir comme ce ciel sans lune. Ce soir, plus que jamais, il était pressé. Pressé d'en finir avec tout ça, d'accomplir l'objectif qu'il s'était fixé. C'était son contrat, pour pouvoir continuer encore un bout de chemin dans ce monde et ne plus avoir de regrets. Vous, ses enfants, étaient l'un des ses plus grands. Mais toute cette mascarade allait prendre fin dans peu de temps. Juste un peu. Juste un bout de route et la nuit d'après, la lune brillerait de nouveau. Il voulait l'admirer encore une fois ; ne pas terminer dans les ténèbres. C'était là sa volonté et sa plus grande force. Les choses allaient se dérouler comme prévu. Sa femme l'attendait, là-bas, à Silmarie, les larmes aux yeux, alors il fallait faire vite.

La charrette avançait à vive allure. L'elfe avait conscience que la monture était fatiguée, qu'elle venait de faire un long voyage et n'avait pas eu assez de temps pour se reposer, mais ça n'avait pas d'importance. Il devait la forcer, juste un peu, le temps d'arriver à destination et là... Elle aura tout le temps de se poser.
Les torches sur le véhicule étaient étrangement disposées. Il y en avait une, qui brulait à côté de toi, éclairant la route et l'autre, qui aurait dû se trouver au même endroit, mais à côté de ton père, avait été placée plus loin, comme si ton géniteur avait peur de se bruler en faisant un mouvement brusque. Ou peut être que, fatigué, il n'avait pas fait attention en les plaçant. Ça n'avait pas vraiment d'importance, en fin de compte.

Comme tout à l'heure, l'elfe ne te répondit pas tout de suite. Une expression douloureuse, se peignit sur ses traits. En y faisant un peu plus attention, tu pourrais y voir de la colère.
Il n'avait pas prévu de te revoir si tôt. Il n'avait pas prévu de te revoir tout court. L'homme ne s'était pas attendu à ce que les choses prennent une telle tournure. En même temps, qui peut bien se préparer à ça. C'était survenu si vite... Il secoua la tête, ne voulant pas se remémorer ce moment là. C'était trop dur. Il avait certes eu le temps d'accepter plus ou moins sa condition, mais ça n'en restait pas moins étrange. Ses mains tremblèrent légèrement, mais il se reprit, c'était une faiblesse qu'il ne pouvait se permettre maintenant. Il se devait de tenir fermement les rênes et avancer, toujours et encore.

« Nous ne savions pas que son état allait s'aggraver. Je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle se retrouve condamnée. Son état a évolué si vite et... Et je n'ai pensé qu'à elle. Au début, ce ne furent juste que quelques douleurs à la poitrine, puis elle perdit l'usage de ses jambes, mais nous avions encore espoir, que le soigneur a brisé il y a quelques jours. »

L'homme se tu, comme bouleversé par ce souvenir. Ce n'était qu'un demi-mensonge. Il puisait dans ses souvenirs, les arrangeant pour le bien de son objectif. Il avait tout préparé, s'attendant presque à chaque question que tu pouvais te poser. Il se les était posées aussi. L'elfe s'était mit à ta place, se demandant comment tu pourrais réagir – comment lui aurait réagit – si un fantôme du passé venait brusquement resurgir dans ta vie.

« Je ne vous ai pas écrit, car je n'étais pas certain que vous viendriez. Nous vous avions fait tellement de mal, qu'il aurait été naturel que vous ignoriez ma missive. Je voulais être certain que ma femme vous verrait une dernière fois. Tu comprends ? »

Pour ce qui était d'Ewan, son tour viendra bien assez tôt. Il aurait été difficile pour lui, si vous vous étiez retrouvés tous les deux dans cette charrette. L'elfe bifurqua, prenant une route que peu de gens fréquentaient, surtout la nuit. Il était rare de croiser quelqu'un dans ce chemin sinueux et caillouteux. Un choix un peu étrange, en somme, mais pas totalement fou. Le temps de trajet restait inchangé, même en passant par ici.

« Pour Ewan, tu lui écriras, lorsque nous serions rendus. Nous n'avions pas le temps de le chercher. On m'avait informé qu'il n'était pas au Temple. Si c'est toi qui lui envois le message, il acceptera plus facilement de venir. Je suis désolée, Auween, mais le temps presse. »

Le trajet continua ainsi. Tes questions, ses réponses, toujours si facilement données, comme si il savait par avance ce que tu pourrais lui demander. Puis d'un coup, l'elfe immobilisa la charrette. L'endroit était désert. Même pas de quoi abreuver le cheval. Étrange choix pour faire une pause.

[Tu me dis, si tu n'as pas assez d'éléments pour faire une réponse. T'es libre de descendre, continuer à l'interroger, toussa quoi.]

Invité

Nous allons vite, trop vite. Le cheval est épuisé et j’ai bien envie de dire à mon géniteur de ralentir la cadence car il n’arrivera pas à Silmarie ainsi, mais j’ai peur que mes propos ne soient déplacés. Il y a urgence... J’ignore encore pourquoi vraiment, car quelque chose me dit quand même que l’état de santé de Mère cache quelque chose de grave. Jamais je ne l’ai vu si pressé, si touché par l’état de sa femme. Malgré qu’il s’agisse de ceux qui m’ont donné la vie, je ne ressens rien à leur égard, je ne peux pas partager l’urgence et le sentiment d’impuissance que doit ressentir Père à cet instant. Ils m’ont fait tant de mal, tant de mal à Ewan aussi. Mais pourquoi je le suis, alors ?

L’emplacement des torches retient mon attention quelques secondes, lorsqu’il répond à ma question. J’ai l’impression qu’il a tout appris par cœur, qu’il anticipe chacune de mes questions... peut-être en est-il capable, après tout. Peut-être me connaît-il mieux que ce que j’aurais pensé, malgré que j’aie énormément changé. Père tremble et son impatience grandissante me fait frémir. Après quelques mots, nous passons dans une rue que personne n’emprunte. Tout mon corps se tend, je ne sais pas où il m’emmène, pourquoi il a tant cherché à me revoir... tout s’embrouille dans ma tête. Il a répondu à tout ça. Pourquoi je ne peux m’empêcher de remettre en question ses propos.

Je m’efforce de lui poser quelques questions comme « le village se porte-t-il bien ? », « la brume est toujours si présente ? » ou encore « qu’avez-vous fait de notre chambre ? » simplement pour tenter de gagner du temps. Du temps pourquoi, je l’ignore. Il répondu du tac au tac, à chaque fois, sans aucune hésitation mais toujours concentré sur le trajet, sur son sombre objectif. Puis la charrette s’arrête brutalement, sous ses ordres. Le cheval tente de reprendre son souffle et aurait bien besoin de boire, mais il n’y a rien aux alentours. Tout est désert et tout ça me glace le sang. Brièvement, je regarde mon géniteur et j’ai un mouvement de recul. On dirait vraiment qu’il est...

Paniquée, je rétablis le contact avec mon frère, sans rien lui transmettre pour le moment. Je me sens perdue lorsque je descends de la charrette, manquant de trébucher. Ma respiration s’accélère, je sens mon pouls raisonner dans mon cou, dans ma tête et je tourne sur moi-même dans l’espoir de trouver quelqu’un. Je sens qu’il va se passer quelque chose, mais quoi ? Je m’éloigne un peu de la charrette pour y revenir quelques secondes après. Père y est encore assis, mais il me fixe du regard. Avalant la boule que j’ai dans la gorge, je réussis à dire faiblement, la voix tremblante :

- Qu’est-ce que vous voulez vraiment ? P... Père, pourquoi s’arrête-t-on ici ?

Discrètement, je glisse ma main dans la petite poche de mon sac, prête à dégainer si un danger approche.

Il t'observa pendant quelques instants, te laissant descendre de la charrette, s'amusant de tes réactions, de cette inquiétude – peur ? - qu'il lisait dans ton regard. Le moment était venu. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Il avait attendu tellement longtemps cet instant, que maintenant, il hésitait un peu de passer à l'acte. Non. Il ne fallait pas se méprendre. Il n'avait aucun scrupule à faire ce qu'il s'apprêtait à faire. C'est juste que c'était presque irréel, cette nuit sans lune, sa fille qu'il n'avait pas vu depuis des années et ce pacte, cette nécessité de le faire pour rester en vie.

« Ce que je veux vraiment, Auween ? »

L'elfe sourit, d'un sourire presque fou, impatient. Il se leva et descendit de la charrette, pour venir doucement vers toi. Le pas était lent, assuré et tu pu voir, sous la lueur des flammes, une lame briller. L'homme la tenait fermement dans sa main, comme s'il était décidé à l'utiliser tôt ou tard. Il te regardait, l'air avide. Cette jeunesse, ce corps plein de vie. Pourquoi toi et pas lui. Il t'en voulait pour ça, pour cette fraicheur. Tu n'avais pas le droit d'être ainsi, tu étais le malheur de sa vie, tout comme ton frère.

« Tu le sais très bien. Tu le sens au fond de toi, n'est-ce pas ? C'est toi que je veux, Auween, alors laisse toi faire. Tu nous dois bien ça, à ta mère et moi ! »

Il approchait, toujours et encore, le regard éteint et un sourire fou aux lèvres. Il était temps. Cette nuit sans lune avait assez duré. L'elfe voulait vivre plus que quiconque et te sacrifier était la seule solution. Il releva la main, tenant la lame et l'observa quelques instants. Elle était neuve, vierge de toute trace, mais cela n'allait pas durer. Bientôt, elle sera souillée de ton sang. Le Maître sera content et lui... Il pourra continuer à exister un peu plus longtemps.

« Il est temps de nous rendre ce que qu'on t'a donné. Il est temps de nous rendre ta vie, Auween. »

L'homme se jeta sur toi, son arme pointé vers ton cœur. Ce n'était plus ton père, mais un monstre, plus plus effrayant qu'avant. Il voulait du sang, il voulait t'entendre pousser ton dernier soupir. Tu ne devais plus exister. Tu n'en avait pas le droit. Jamais il n'aurait dû te permettre de naître ! Enfin, ce n'était pas grave. L'erreur du passé allait être réparée dans quelques instants.

[Tu as le droit de le blesser si tu veux. L'interroger sur le pourquoi du comment et toussa. 'fin, t'fais comme tu veux, quoi. ^^]

Invité

Son sourire et sa phrase me glace le sang. C’est donc bien ce que j’imaginais... il n’était pas revenu pour le plaisir, pour que mon frère et moi revoyons notre mère avant qu’elle meurt... même ça ce n’était pas vrai, sûrement. Ma main se crispe sur ma pierre runique, ainsi que le reste de mon corps. Il descend de la charrette et je peux voir qu’il tient une lame. J’imaginais bien qu’il voulait régler des comptes, mais pas aussi radicalement ! Après m’avoir donné la vie et m’avoir détestée ainsi qu’Ewan, voilà qu’il voulait nous donner la mort... drôles de façons de gâter ses enfants, quand même !

« Tu le sais très bien. Tu le sens au fond de toi, n'est-ce pas ? C'est toi que je veux, Auween, alors laisse toi faire. Tu nous dois bien ça, à ta mère et moi ! »

* Comme si je leur devais encore quelque chose... * pense-je en faisant un pas en arrière.

Son regard fou et la façon dont il scrute son arme, avide de mon sang, de ma mort me fait paradoxalement frémir. Finalement, cette rencontre sera bel et bien l’occasion pour moi de régler les choses, même si je n’imaginais pas les choses si violentes. Maître Jacen m’a plusieurs fois expliqué que les Templiers prônent la neutralité et n’aiment souvent pas se battre... j’ai appris à adopter cette philosophie tout au long de mon séjour au Temple. Malheureusement, alors que je sens la haine et l’adrénaline me conquérir toute entière, j’oublie les Templiers et leurs si belles paroles. Je ne suis pas Templière à cet instant... je suis Auween, fille de Meneldil et Tinúviel Räfalnîr, parents abominables et non-aimants m’ayant détruite de l’intérieur.

Il se jette sur moi, visant directement le bon endroit. Rapidement, sans trop savoir comment, j’arrive à invoquer mon sabre et à parer le coup. Sa lame étant plus petite, il a un mouvement de recul et son regard haineux s’intensifie... le mien aussi.

- Être infâme... dis-je suffisamment audiblement pour que je l’imagine rire à pleine dents.

Mais il ne rit pas et recommence ses assauts, sans pouvoir me toucher pour le moment, grâce à mon agilité accrue. Je cherche au fond de moi le courage de lui retourner ses coups, mais j’ai beau être terriblement en colère, je n’y arrive pas. Suis-je donc trop sentimentale pour me concentrer à mettre fin à ses jours pour enfin passer à autre chose et à guérir ? Un moment d’inattention manque de me faire perdre un œil mais j’arrive à esquiver la lame, qui vient entailler ma joue. Je recule en sautant et cherche à empêcher le sang de couler en appuyant sur l’endroit avec ma main. Son sourire ne me rassure pas vraiment mais, malgré cela et la douleur, je réussis à reprendre du poil de la bête. Essuyant ma main sur un pan de ma tunique, je prends mon sabre à deux mains et, criant, j’avance sauvagement en courant vers ce démon.

- Pour Ewaaaaan ! Pour nouuuuus !

Je ferme les yeux, mais sens ma lame glisser sur son corps. Je recule finalement et arrive à voir, malgré la nuit, que j’ai réussi à le toucher à la poitrine ; du sang, beaucoup de sang s’écoule, mais cela semble encore l’amuser. Là aussi, j’ai manqué de courage. Lui planter directement mon sabre dans le corps aurait facilité les choses. Mais tant pis, je m’acharnerai jusqu’au bout, quitte à perdre des membres, des parties de moi-même. Nos lames se croisent encore et encore et je me demande tout de même si cet affrontement a réellement du sens.

Être infâme. Tu allais un peu fort. C'était vous, ton frère et toi, qui étiez les monstres non désirés. C'était vous qui aviez apporté le malheur à leur famille. Tout allait si bien jusqu'à ce que vous naissiez et maintenant... Tu osais inverser les rôles ? Dans l'esprit de l'elfe, tu ne méritais pas de vivre. Tu ne valais pas plus qu'un misérable microbe. Tu avais perdu cette bataille d'avance, parce que l'homme avait un grand avantage sur toi. Tu ne le savais pas encore, mais tarderais pas à le découvrir.

Ça le faisait rire, tes hésitations et ton manque de répondant. Tu parais plus que tu n'attaquais. Si gentille, si humaine, mais tout cela ne t'excusait en rien. Il était devenu ce qu'il était maintenant à cause de vous, l'homme en était persuadé. Tes esquives commençaient à l'agacer de plus en plus. Il avait assez de jouer au chat et à la souris. Il voulait prendre ta vie et en finir avec toute cette comédie.
L'elfe eu un sourire satisfait lorsque sa lame t'entailla la joue. Du rouge ! Encore du rouge ! Plus de rouge ! Il voulait te voir te couvrir de carmin, parce que ça signifierait la fin de son devoir en ce lieu et que le tour d'Ewan était venu.

Ta lame s'enfonça dans sa chaire, mais ton père ne ressentait rien. Encore un détail qu'il t'enviait. Il y avait juste ce froid dans lequel il était plongé perpétuellement. Il voulait se réchauffer et ton corps semblait si brulant, ton sang si chaud. Pourquoi ne voulais-tu pas mourir et lui transmettre toute ta chaleur, hein ?
L'homme s'immobilisa enfin, sa main courant sur sa blessure. Tous ces efforts que tu déploies pour sauver ta vie. C'est risible et totalement inutile. Ne vois tu pas ? Ne vois tu pas que tu combats en vain ? Laisse toi faire et ton père mettra enfin fin à cette nuit sans lune. Plus jamais tu ne seras tourmentée par elle dans l'au-delà. Il souffle, son regard posé sur toi, prêt à riposter si tu esquisses un mouvement d'attaque.

« Que crois-tu faire, Auween ? Tu ne peux rien contre moi ! Tu n'as aucune chance. »

Il regarde le sang souiller peu à peu sa tunique claire, la teindre doucement de carmin, et le sang s'écraser goute à goute sur le sol. Il sourit, parce que ça n'a pas d'importance. Il sourit, parce que tu es impuissante.

« Tu ne peux pas me tuer, Auween, parce que je suis déjà mort. Accepte juste que ton heure soit venue et laisse toi faire, ma chérie. Peut être que Maître acceptera que tu reviennes, tout comme moi. »

L'elfe avait décidé d'essayer la manière douce, la forte ne fonctionnant pas. Après tout, tu savais te battre, mais ton père, lui, n'avait jamais été un guerrier. Il tendit la main et te fit signe d'approcher.

« C'est ton destin, ne lutte pas contre lui. Approche et laisse toi faire. Tu verras, la mort est parfois si jolie. »

Invité

« Que crois-tu faire, Auween ? Tu ne peux rien contre moi ! Tu n'as aucune chance. »

* Malheureusement, je commence à le réaliser... * pense-je, essouflée.

« Tu ne peux pas me tuer, Auween, parce que je suis déjà mort. Accepte juste que ton heure soit venue et laisse toi faire, ma chérie. Peut être que Maître acceptera que tu reviennes, tout comme moi. »

Quoi ?! Déjà mort ? Comment est-ce possible ? Avec qui a-t-il pu passer ce genre de pacte ? Comment est-il décédé ? Pourquoi a-t-il voulu revenir ? Mon cœur rate un battement et je relâche la pression sur mon sabre. Mon esprit est empli de questions insensées qui n’avaient jamais pris racine dans ma tête jusqu’ici car elles me semblaient bien trop irréalistes... Mais tout concorde : sa froideur et le fait qu’il ait éloigné la torche, son regard vide et sa mine si pâle, son manque de sensations et même son envie de prendre ma vie. Sans entendre parler de ce genre d’agissement, je peux déduire qu’il n’y a que comme ça que je peux arrêter cet affrontement... Mais je n’en ai pas envie.

- Père, qu’avez-vous fait ? dis-je tellement doucement qu’il ne m’entend pas.

Il me demande d’approcher, de lui donner simplement ma vie, comme il me l’a donnée dix-huit ans auparavant. Je laisse mon sabre s’en aller, redevenir une pierre que je range de mon sac. Du coin de l’œil, je vois que nous nous sommes à nouveau approchés de la charrette et une idée de me traverse lorsque je fais mine de lui tendre aussi la main. Il sourit face à mon acte, sans rien présager et, soudain, je bondis vers l’une des torches et la brandis dans sa direction. Geste désespéré qui risque de n’avoir aucun effet... un sentiment d’impuissance me gagne alors que je ne le vois plus, caché derrière les flammes. Je ne peux pas faire autrement que comprendre la situation pour trouver une autre solution. Je ne veux pas qu’il meurt pour de bon car je ne veux pas mourir.

- Quelles sottises me racontez-vous ?! Comment pouvez-vous être mort et vous tenir devant moi, vouloir ma vie et m’attaquer ?!! Qui est donc ce Maître dont vous parlez ? Quelle bêtise avez-vous fait en vous accrochant ainsi à la vie ? N’était-elle pas gâchée par notre naissance, de toute manière ? Je n’ai pas l’intention de mourir, Père ! Il doit y avoir une autre solution et, s’il n’y en a pas, j’en inventerai une car j’ai encore la vie devant moi et ce n’est pas vous qui me l’enlèverez !

Je tremble mais j'aurai le courage de tout affronter. Reste à savoir si j'en aurai la force...

L'elfe sourit, te voyant ranger ton arme et t'avancer vers lui. Il se sentait à cet instant si puissant. Bientôt la fin de cette histoire, la chaleur allait le gagner de nouveau. Il avait si froid, le comprenais-tu ? Le dernier souffle de ta vie allait peut être lui rendre ses sensations. C'était étrange, de ne ressentir aucune douleur, alors que le sang s'écoulait de sa blessure, et en même temps, ce n'était pas plus mal.
Viens, approche mon enfant, semblaient dire ses yeux. Sa folie paraissait d'un coup moins grande, peut être à cause du proche dénouement. Encore quelques pas et sa dague transpercera ton cœur. Juste quelques instants de patience, ne pas faire de gestes brusques, ne pas te faire fuir. Il croyait vraiment avoir réussi son coup, après tout, tout ce qu'il avait dit était parfaitement logique. Ta vie lui appartenait, que croyais-tu ? Le père, le géniteur, sans cet homme, jamais tu n'aurais vu le jour. Allez, un pas de plus et tout sera terminé. Ne veux tu pas mettre fin à ce cauchemar ? Bien entendu, tu n'attends que ça !

« Qu'est-ce que tu fais ?? »

Son cri raisonna dans la nuit, tandis qu'il s'éloignait du feu. Comment osais-tu lui faire ça ? L'elfe bouillonnait. Il aurait dû te planter dès qu'il en avait eu l'occasion, quand tu t'avançais vers lui. L'homme s'était montré trop confiant. Son visage était maintenant déformé par la colère, une pointe de crainte aussi, pointait le bout de son nez, animant légèrement ses orbes éteints.
Pourquoi faisais-tu ça ? Tout allait se terminer et toi ? Tu gâchais tout ! Pourquoi se raccrocher à une vie que tu ne méritais pas, contrairement à lui ?

« Petite insolente ! Tu ne sais rien ! Ce n'est pas par pur plaisir que je suis revenu vers toi ! Si ma vie ne s'était pas arrêtée d'un coup, jamais je n'aurais eu besoin de revoir le fardeau que tu es ! Maître m'a offert une nouvelle chance, celle de vivre un peu plus ! »

Le prix à payer n'avait aucune importance. Il te haïssait ! Il voulait te voir morte ! Pourquoi c'était si compliqué ? Tu ne pouvais pas tout simplement te laisser faire ? Cette discussion était une perte de temps, mais il était trop en colère pour s'en rendre compte pour le moment.

« Je ne suis pas le seul ! D'autres sont revenus et ce n'est pas fini ! Maître fera renaître de leurs cendres bien des hommes ! Tu crois être la seule à vouloir vivre ? Idiote ! J'ai fait ce que j'avais à faire ! J'ai signé et ferais tout pour ne pas retourner à la poussière ! »

Il fat un pas en avant, aveuglé par sa rage. Il n'y avait plus de peur.

« Il n'y a pas d'autre solution ! Meurs ! »

Et il s'élança vers toi, son poignard brandit en avant.

[Je pense clore au prochain tour. =)]

Invité

Mais de quoi parle-t-il, bon sang ?! Sa vie s’est arrêtée d’un coup ? Je ne sais pas comment il est mort (je n’arrive pas à le réaliser, d’ailleurs) mais ça a dû être terriblement frustrant de ne pas pouvoir dire au revoir à sa femme... ni à personne. Bien qu’ils soient méchants avec Ewan et moi, je sais que mes parents ont beaucoup d’amis et s’attirent facilement la confiance des autres à Silmarie. Mais à part un meurtre ou une maladie fulgurante, je ne vois pas ce qui l’aurait empêché de quitter ce monde paisiblement. C’est sûrement cette frustration et cette haine envers nous qui l’a fait conclure ce contrat absurde avec ce Maître... mais d’où vient-il et qui est-il ? Si d’autres ont conclu le même accord, j’ignore encore combien, et qu’ils reviennent se venger... alors Tamawa... non, tout Azthia est en danger !

« Il n'y a pas d'autre solution ! Meurs ! »

Il se jette sur moi et mon dernier réflexe est de brandir la torche vers lui. Avec son poids, je trébuche et cogne violemment ma tête sur le sol. Complètement étourdie, ayant perdu la lumière des flammes maintenant éteintes, je ne vois plus où il est et je tente de me relever comme je peux... Écoutant attentivement, me frottant les yeux, je peux entendre quelque chose crépiter, finalement. Je me ressaisis et retrouve la vue malgré la douleur, puis je le distingue plus loin. C’est ce que je pensais... enfin pas tout à fait. Mon Père s’avance doucement vers moi, alors que son corps est entièrement en feu. Il n’émet aucun son à présent, c’est comme si quelque chose le contrôlait, comme si son instinct était encore opérationnel... comme si quelque chose lui dictait encore de me tuer pour vivre. Je refoule une boule naissante dans ma gorge, mais je ne peux plus retenir mes larmes.

- J’aurais pu... commence-je en chuchotant, puis je continue en haussant la voix. J’aurais pu vous soigner, j’en suis sûre ! Même si vous nous détestiez Ewan et moi, nous ne demandions que l’amour... nous aurions pu vous aider, rester à vos côtés, Père !

Et je pleure, ne sachant pas que faire à part reculer. Mais je sais déjà d’un grand danger nous guette et qu’il faudra que je prévienne quelqu’un une fois ce carnage terminé.

[HRP : j’espère que je n’ai pas pris trop de libertés ! Dis-moi et je changerai, sinon. Wink

]

Le feu l'enrobait tout entier. Il avançait sans vraiment savoir pourquoi, comme mu par une force invisible qui le poussait à finir ce qu'il avait commencé. Il marchait vers toi, mais il était déjà trop tard. L'homme n'avait su prendre ta vie à temps, il n'avait su vivre un peu plus longtemps. Les souvenirs de sa femme en larmes à son chevet lui revenaient doucement en mémoire : l'elfe aurait voulu la revoir une dernière fois ; passer la main sur son visage fatigué et marqué par le temps ; lui dire qu'il avait fait tout cela pour elle ; s'excuser d'avoir échoué et s'en être allé avant elle. Pour la première fois depuis qu'il est mort, il ressentait la chaleur, la brulure de la flamme sur son vieux corps. Il avait été fou d'avoir signé ce pacte, de s'être embarqué dans cette histoire. Tout cela ne comptait plus. La fin était proche. L'homme allait s'éteindre pour la seconde fois, il avait moins peur.

Le regard de l'elfe se porta sur toi. Il ne t'entendait pas, il ne t'entendait plus. Il voyait simplement ton visage d'enfant et les larmes ruisseler sur tes joues pales. Pourquoi pleurais-tu ? Pourquoi le regardais-tu avec tant de désespoir ? N'étais-tu pas soulagée de voir s'éteindre l'être que tu avais tant haïs, qui t'avait fait tant souffrir ? L'homme ne comprenait pas la raison de ces ruisseaux salés, ni pourquoi ça faisait d'un coup si mal. La première fois qu'il s'était trouvé aux portes de la mort, il vous avaient blâmé, toi et ton frère, rejetant la faute sur vous ! A cet instant, c'était différent. La culpabilité et le regret rongeaient son âme. Tout ce temps pour réaliser... Tout ce temps perdu !

Ton père tendit sa main en feu vers toi en un effort surhumain. Il n'y avait plus la lame, juste ses doigts tendus. Il voulait te toucher une dernière fois, son enfant, sa fille. L'elfe aurait voulu que tu les saisisses, espoir fou et vain. De toute façon, le feu ne lui laissa pas le temps de subir un éventuel refus.

« Je suis désolé, Auween. »

Les mots raisonnèrent quelques instants dans le silence imposé par la nuit. Le corps de ton père redevenu poussière fut emporté par une brise légère. C'était fini. Il n'en restait plus que toi et tes larmes. Ton père était mort, puis revenu en monstre, mais c'est en homme qu'il repartit.
La terre avait reprit ce qui n'aurait jamais dû la quitter et comme pour punir cette aberration de la nature, l'âme de Meneldil restera à jamais tourmentée et prisonnière.

Demain la lune brillera de nouveau.

Invité

Il tend sa main vers moi et je vois en cela un geste désespéré... mais pourquoi ? Et j’hésite à tendre la main à mon tour, mais je ne peux pas le toucher comme ça, après tout le mal, après toute la haine... c’est plus douloureux que les flammes.

« Je suis désolé, Auween. »

Comme un poignard, c’est exactement l’effet que ça fait. Un père qui nous fait comprendre qu’il nous aime, finalement, après 18 ans d’existence... qui transmet autre chose que la douleur. Ça soigne... mais ça blesse puisqu’il s’en va, en fait. Et là, il ne reviendra pas, il ne pourra plus témoigner ce qu’il n’a jamais donné. J’ignore où il va, mais lorsque ses cendres s’envolent, je ne peux qu’espérer qu’il soit en paix, maintenant. Il m’a aidée à me sentir mieux avec moi-même et je sais qu’Ewan sera le premier à être au courant que notre père nous aimait, à la fin... à la toute fin...

Je finis de pleurer, seule et, une fois vidée de mon énergie, je décide de marcher péniblement vers Tamawa. J’aurais pu prendre la charrette, mais je me suis contentée de libérer le cheval et de laisser cet affreux souvenir derrière moi. J’ai tué mon père une seconde fois. J’aurais pu accepter, me laisser convaincre de donner ma vie pour sauver la sienne. Mais qui suis-je pour juger de l’importance d’une existence ? Je suis moi-même, voilà la réponse... et je voulais vivre, plus que jamais en le voyant comme ça, si désespéré. J’aurais aimé que nous vivions tous les deux, mais je sais très bien que c’était impossible.

Soudain, je repense à ce qu’il m’a dit... qu’il n’était pas le seul à avoir fait ce pacte. Et je repense au danger que tout le monde court. Si les morts reviennent vraiment à la vie, peut-être que ceux qui les affronteront n’auront pas la force de faire ce que j’ai pu faire. Et sûrement qu’il y a des monstres plus forts que ce qu’étaient devenu mon père... Sans m’en rendre compte, j’accélère le pas vers le Temple et m’empresse d’aller avertir Maître Jacen. Il saura forcément comment agir, quoi faire et comment arranger la situation. Du moins, je l’espère du fond du cœur...

[Désengagée. Merci pour ce RP ! ]

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