Iréa traversa la cour baignée de soleil sans vraiment regarder où elle allait.
Elle ne pouvait pas vraiment dire qu’elle ne s’y attendait pas…
Elle n’avait pas oublié la conversation qu’elle avait eu avec le directeur du Temple seulement quelques mois auparavant, au beau milieu de la nuit dans la salle d’entraînement, alors que le sommeil les fuyait tous les deux.
« Dis-moi, Iréa, prendras-tu bientôt un jeune élève pour le former ? »
Elle savait aussi que l’ordre avait souffert de la bataille récente ; des Templiers de tout âge avaient péri sous les coups des Erathiens.
Malgré tout, quand on lui avait dit que le maître voulait la voir, elle…ne s’y attendait pas !

Ewan Räfalnïr.
Un jeune Elfe qu’elle connaissait à peine.
A vrai dire, elle ne l’avait jamais aperçu qu’avec sa sœur jumelle, Auween, et la fille, enjouée et bavarde, éclipsait un peu son frère, calme et introverti.
Ils étaient au Temple depuis quelques années déjà, mais l’apprentissage d’Ewan venait de se voir brutalement écourté par la mort de son maître au pied des remparts d’Erathia.
Maintenant que l’ordre retrouvait un peu de calme après l’agitation qui avait immédiatement suivi la bataille, et que le premier choc était passé pour le garçon, il était temps que quelqu’un reprenne sa formation en main.
Et ce quelqu’un, ce serait elle, Iréa Halin.
On lui laissait le choix des armes – enfin, façon de parler… – et de la manière de procéder. Mais on lui avait tout de même signalé que ces derniers temps, Ewan se mêlait encore moins aux autres apprentis que d’habitude.
Sa première épreuve était donc de maître…euh, de mettre la main sur son nouvel élève.
Mais la chance était avec elle. Puisque le soleil commençait à se montrer franchement et que même elle qui avait grandi sous un soleil de plomb trouvait la journée agréable, la jeune femme avait décidé de commencer ses recherches par le jardin du Temple et y trouva Ewan assis sur un banc, le regard perdu dans le vague.
Absorbé par ses pensées, il ne l’avait pas entendue arriver et elle en profita pour le détailler – fin, mais pas maigre, des traits délicats et deux oreilles pointues qui clamaient son origine elfique, des cheveux bruns mi-longs, souples et indisciplinés – s’imprégnant également de la présence qu’il dégageait afin de savoir reconnaître son esprit. Son aura était calme et sereine, mais obscurcie de douleur et de tristesse, tant en surface qu’en profondeur.
Son examen terminé et puisqu’il ne réagissait toujours pas, elle s’approcha.

« Ewan ? »

Sans daigner sursauter, il braqua sur elle d’incroyables yeux bleu saphir. La Templière s’assit à côté de lui, juste à la bonne distance, pour qu’il se sente accompagné mais pas étouffé.

« A quoi pensais-tu ? »

Elle ne voulait pas lui annoncer de but en blanc qu’elle allait être son nouveau maître, et qu’il se sente en quelque sorte contraint. Elle préférait commencer par apprendre un peu à le connaître, mais il n’était pas sûr qu’il accepte de se livrer. De ce qu'elle savait, il n'avait pas la confidence facile.
Iréa attendit sa réponse, dégageant une présence apaisante. Elle était là pour l’aider, juste pour l’aider, s'il voulait bien la laisser faire...

[Le lapsus "maître/mettre" est purement authentique et j'ai donc décidé de le laisser. X)]

Mon bras préservait mes yeux des rayons inquisiteurs du soleil, bien décidés à me démontrer qu'il était plus que tant de me lever. Je repoussai mes draps à l'aide des mes jambes. Là. Un long soupire glissa entre mes lèvres. Je ne faisais plus grand chose pour me ménager depuis sa mort... Lui qui avait su me dompter. Il lui fallut clairement un certain temps mais il y était parvenu et personne d'extérieur à ma bulle n'avait atteint ce cœur qui battait en moi aussi bien que lui. Il me manquait affreusement. C'était détestable, j'aurai préféré me faire amputer d'un bras et d'une jambe plutôt que de l'avouer. Je tendis mon Esprit pour effleurer Auween d'une caresse en signe de bonjour. Je n'attendais pas vraiment de réponse, pas aujourd'hui, m'affligeant une gifle psychologique pour me sortir de mon lit. Une fois vêtu, je me glissai hors de la bâtisse pour flâner dans le parc. Mon entraînement avait cesser d'être en même temps que mon Maître. Selon les autres, j'étais déjà bien remis du choc dut à sa mort mais ce n'était pas totalement vrai. Il m'avait fallu du temps pour l'accepter et m'ouvrir à lui, et maintenant, on me l'avait enlevé. Je ne pensais pas que cela pouvait être si dur de perdre quelqu'un et l'effroyable pensée de perdre ma sœur me glaça le sang.

L'astre du jour réchauffait doucement mes avant-bras découverts de son chatoiement doux. Je n'avais pas la moindre idée de l'heure qu'il puisse être et cela n'avait que peu d'importance. Les fragrances entêtantes des fleurs de début d'été m'agaça. Même sans lui le monde continuait de tourner. Puis, le sourire d'Auween dans mon esprit chassa mes mauvaises pensées, m'apaisant doucement. Je ne marchais pas, je déambulais parmi la flore et le bourdonnement des insectes. Comme tombé du ciel, un banc se trouvait non loin de là et je m'y rendis nonchalamment. Un groupe de garçons passa un peu plus loin, je priai pour qu'ils continuèrent leur route, ce qu'il firent. Cela me parut fou à quel point les prières insignifiantes étaient plus écoutées que celles de la plus hautes importance. Mon regard était posé sur l'horizon et le ciel bleu. Mes pensées vagabondaient d'ici et de là, sans file conducteur précis. Si bien que je ne sentis ni n'entendis l'arrivée d'une Templière.

« Ewan ? »

Je tressaillis en écho au son de sa voix avant de poser mes iris saphirs sur elle. Je l'examinai plus attentivement. Une peau hélée, des yeux bruns et de cheveux de la même couleur, quoiqu'un peu plus foncés. Halin Iréa. Une Almer si mes souvenirs ne me faisaient pas défauts. Elle prit place à une distance respectable mais proche malgré tout. Je me détournais bien rapidement d'elle pour reprendre ma contemplation du paysage. Je la connaissais que de vue, et encore. J'ignorais où avais-je appris son nom, cela était il important finalement ? Comme je dédaignai lui répondre et elle continua sur sa lancée.

« A quoi pensais-tu ? »

Pourquoi cet intérêt soudain pour moi ? Que voulait-elle ? Que cherchait-elle à gagner en tendant un aura de paix autour de nous ? Une demande particulière ? Simplement me tenir compagnie ? Par pitié ? Parce qu'elle n'avait personne d'autre avec qui passer son temps libre ? Je pris mon temps pour trouver une réponse convenable. J'étais dubitatif quant à sa soudaine envie de bavasser avec moi. Moi, Ewan Räfalnïr, perpétuellement en compagnie de ma jumelle ou de ma meilleure amie solitude depuis la dernière bataille. Je plissai les yeux, pesant le pour et le contre. Fouillant dans ma tête les raisons qui auraient pu la pousser à venir me trouver.

« Cela n'est pas la raison qui vous a amenée à ma rencontre, n'est-ce pas ? »

Je plissai légèrement le nez en plaçant mes bras derrière ma tête tout en me laissant aller contre le banc, mes yeux rivés vers la voûte éclairée. Des oiseaux babillaient dans l'arbre dans mon dos. Je n'étais pas parvenu à déterminer exactement le fondement de son déplacement mais je n'allais pas tarder à savoir. Je me fermai inconsciemment à tout contact avec la jeune femme, et ce quelqu'en soit la nature.

« Cela n’est pas la raison qui vous a amenée à ma rencontre, n’est-ce pas ? s’enquit-il, son regard à nouveau fixé devant lui. »

Il s’était exprimé dans un cydien formel, presque incongru dans la bouche d’un garçon de son âge. Sans aucun doute une façon de maintenir la distance entre eux, de lui montrer qu’il ne se laisserait pas apprivoiser aussi facilement. D’ailleurs, elle sentit son esprit se fermer.
Tant pis. Elle aurait essayé…

« Pas tout à fait, non. Mais ce n’y est pas étranger. Maître Jiven m’a demandé de poursuivre ta formation, annonça la Templière après une pause. »

Au fur et à mesure qu’Iréa parlait, elle sentait l’humeur de l’adolescent s’assombrir. Son contrôle de l’Esprit était encore imparfait et, si elle avait du mal à percevoir des sentiments précis, la jeune femme avait une idée assez réaliste de son état émotionnel global.
Ce n’était guère positif. Et instable, aussi.
Il n’avait pas cru que sa question soit désintéressée, soit. Mais la réponse qu’elle venait de lui donner n’était pas de celles qu’il avait envisagées ; elle l’avait perturbé.

« Je n’ignore pas les raisons de ce changement, continua-t-elle avec sa douceur coutumière.Mais tu ne peux pas rester comme ça indéfiniment, sans rien faire de tes journées. Il ne faut pas laisser la douleur te dévorer, Ewan. Je ne prétends pas la faire disparaître d’un coup de baguette magique ; c’est un combat, et toi seul peut le mener, même si les gens autour de toi sont là pour t’aider quand tu faiblis.
Au début, il te semblera sans doute atroce de te lever tous les matins et de continuer à vivre avec cette douleur, mais à force, elle s’estompera et un jour, tu t’apercevras que la blessure n’est plus qu’une cicatrice, un souvenir toujours un peu douloureux, mais juste un souvenir.
Le piège de la souffrance, c’est de croire qu’elle n’a pas de fin. »

L’Almer avait pensé chacun des mots qu’elle avait prononcés, puisant dans sa propre expérience. Seulement, son nouvel apprenti était encore jeune, et blessé. Il pouvait céder et s’ouvrir, ou se braquer et se fermer encore plus. Mais les doutes qui hantaient Iréa encore quelques minutes avant cette conversation avaient disparu, et elle était sereine. Quelle que soit la réaction d’Ewan, elle se sentait en mesure d’y faire face. Ils avaient au fond des caractères assez semblables, calmes, réfléchis, assez secrets. Et même s’il réagissait mal maintenant, elle se promettait de trouver le chemin qui lui permettrait de s’épanouir.

[Post assez bref mais...difficile d'aller plus loin sans tes réactions. Par contre, fais attention, même si on poste en fin d'été, dans le RP c'est au printemps. ]

Comme je regardais au loin ses mots me troublèrent. Comment ?

« Pas tout à fait, non. Mais ce n’y est pas étranger. Maître Jiven m’a demandé de poursuivre ta formation. »

Déjà ? Mais... Plaît-il ? Non, je ne voulais pas... Je refusais de ton mon être. Je n'avais pas la moindre envie de le remplacer mon Maître. Je n'avais même pas encore totalement cicatrisé de sa mort. Je me sentais faible. Troublé, je passai une main sur mon visage. Je dus me faire violence pour garder mon calme et continuer à respirer de façon mesurée. Elle m'acheva en continuant son exposer de la chose.

« Je n’ignore pas les raisons de ce changement. Mais tu ne peux pas rester comme ça indéfiniment, sans rien faire de tes journées. Il ne faut pas laisser la douleur te dévorer, Ewan. Je ne prétends pas la faire disparaître d’un coup de baguette magique ; c’est un combat, et toi seul peut le mener, même si les gens autour de toi sont là pour t’aider quand tu faiblis. 
Au début, il te semblera sans doute atroce de te lever tous les matins et de continuer à vivre avec cette douleur, mais à force, elle s’estompera et un jour, tu t’apercevras que la blessure n’est plus qu’une cicatrice, un souvenir toujours un peu douloureux, mais juste un souvenir.
Le piège de la souffrance, c’est de croire qu’elle n’a pas de fin. »

Je m'enfermais dans un silence blessé. Je ne voulais pas continuer de vivre. Je ne voulais pas essayer de m'attacher à quelqu'un d'autre. J'appuyais mes coudes sur mes genoux et posais mes doigts contre mes lèvres. Pensif. J'avais besoin de réconfort. Je tendis mon Esprit vers ma sœur... Sa réponse se fit sans tarder. J'avais l'impression que ses bras se refermaient sur moi et que sa joue se collait à la mienne. Une étreinte psychologique qui me fit me redresser. C'était ce lien qui me permettait de survivre. Je me redressai. Calculant le poids de chacun de ses mots. Son ton doux. Elle se voulait rassurante. Je la déraillais rapidement. Tout son être inspirait la délicatesse, elle ne souhaitait que m'aider c'était ce que je ressentis mais pas ce que je cherchais. Ma souffrance me convenait pour le moment. Je réfléchissais. Je n'avais pas envie de dire des bêtises sorties à la hâte. C'était un sujet important. J'avalais ma salive. Auween me poussait à m'ouvrir et je savais que trop bien que c'était ce qu'aurait souhaité Zack. Que je vive avec ou sans lui. Que je le rende fier. Mort ou vivant. Je devais lui faire honneur et cesser de me morfondre. Je me tournais vers Iréa. Impassible. J'ouvris la bouche pour m'exprimer de façon maîtrisée. Évitant soigneusement le sujet de mes sentiments.

« Je comprends les décisions qui ont été prises. En effet, je deviens mou à force de stagner. De l'exercice me ferait le plus grand bien. »

Je n'avais nullement l'intention de la remercier. Je n'avais pas à le faire car je repoussais l'idée de me détacher de lui. Je posais mon regard sur mes mains. Puis je pris la ferme initiative de le rendre fier de moi. J'espérais de tout cœur qu'il se pencherait sur moi et qu'il regarderait mes exploits de là où il se trouvait. J'ébouriffais mes cheveux de mes deux mains. Levant la tête vers le ciel. Je souriais. Enfin, c'était ce qu'il me sembla.

[Oui désolée ! >.< tu veux que je corrige ma Gaufrette à moi ? ]

Sa tirade suscita chez Ewan un flot de sentiments agités, quoiqu’il s’efforçât de les contenir et y réussît plutôt bien. Après un moment de silence, il se tourna finalement vers Iréa, le visage exempt de toute émotion.

« Je comprends les décisions qui ont été prises. En effet, je deviens mou à force de stagner. De l'exercice me ferait le plus grand bien. »

Encore ce cydien formel, presque choquant quand on songeait qu’il avait seulement quatorze ans. La jeune femme comprit que, malgré le temps qui s’était écoulé, la blessure était encore à vif et le sujet sensible. Et il se comportait comme un animal blessé, qui se réfugie dans un coin et utilise ses dernières forces pour décourager ceux qui approchent.
La Templière décida de ne pas insister…du moins, pour le moment.

« Je ne prétends pas le remplacer, précisa-t-elle tout de même. Ce que vous avez vécu tous les deux t’appartient, je n’ai pas l’intention de te le reprendre. Et ce qui commence aujourd’hui est quelque chose de différent ; de semblable mais bien distinct. »

Physiquement, l’adolescent ne broncha pas. Emotionnellement, des sentiments contradictoires s’agitèrent à nouveau en lui.
Ce n’était pas gagné…Cela lui rappelait un peu sa rencontre avec Aerin l’année passée, alors que l’enfant, orphelin de mère, avait cessé de s’exprimer, à part quelques mots d’elfique. Ewan parlait, mais il ne lui facilitait guère plus la tâche.
Cela dit, l'Almer n'avait pas l'intention de renoncer. Il ne se laisserait pas amadouer facilement, d'accord. Mais prendre un peu de temps et des chemins détournés n'était pas un problème.

« Parlons un peu de ton entraînement, maintenant. Je verrai bien comment tu te débrouilles mais je voudrais avoir ton avis d’abord. Y-a-t-il quelque chose qui te pose vraiment problème ? Un domaine où tu te sens à l’aise ? Qu’est-ce qui t’intéresse le plus, pour le moment ? »

Ainsi, elle pourrait le cerner un peu mieux et il serait sans doute moins réticent sur ce sujet que sur celui de son ancien maître et de ses sentiments. Et puis, cela l’aiderait à savoir comment elle organiserait sa formation.

[Je tente un post à la troisième personne du singulier, c'est un test ! (8]

« Je ne prétends pas le remplacer, précisa-t-elle tout de même. Ce que vous avez vécu tous les deux t’appartient, je n’ai pas l’intention de te le reprendre. Et ce qui commence aujourd’hui est quelque chose de différent ; de semblable mais bien distinct. »

Ewan devait réfléchir longuement avant de parvenir à s'exprimer dans un cydien aussi correct que strict bien trop concentré à contenir tout ce qu'il avait en lui. L'effort qu'il fournissait était épouvantablement épuisant, il n'allait pas tarder à tout relâcher, mais il avait encore le temps, le temps de trouver les bons mots pour s'éloigner d'elle, pour s'abandonner à ses sentiments. Pour dire vrai, le jeune homme cherchait à maintenir une barrière entre elle et lui, s'adressant à la jeune femme de façon distante. Pourquoi vouloir débuter quelque chose de différent, si même les choses déjà instaurées n'avaient pas abouties ? Ewan préféra ne pas approfondir le sujet. Désormais, elle serait son Maître. L'Elfe s'était à nouveau mis à songer, commençant par essayer de penser à différentes suites logiques. Il débuta par ce qui lui sembla le plus logique : Iréa Halin pouvait toujours essayer, elle ne le remplacera jamais. Et maintenant, qu'allait-elle lui annoncer ? Physiquement, le gamin resta de marbre, silencieux comme une tombe, tandis qu'il menait un débat intérieur avec ou contre ce qu'il ressentait, démêlant précautionneusement les files de ses sentiments qui avaient formés un nœud au tréfonds de son être. Comme le jeune garçon ne parvenait pas à trouver le moyen de calmer le flot émotionnel en lui, il ne restait plus qu'à émettre des hypothèses.

Le questionnerait-elle sur ses origines elfiques ? Rien que d'y penser un frisson remonta le long de son dos pour le parcourir froidement, un mélange de ressentiment et de tristesse l'envahit doucement. Ses parents et toute leur haine n'avaient que rendu Ewan un peu plus fragile, il le savait et cela l'insupportait, puis il ressentit au fond de lui toute la douceur dont sa jumelle avait fait preuve. Qu'aurait été sa vie si il n'avait pas vu le jour..? Il pensait un bref instant à la lettre qu'il lui avait adressée sans jamais avoir eu le courage de la lui remettre, il écarta cette pensée affligeante en secouant la tête. Dans les brumes de la mélancolie, il se surprit à se demander si il reverrait ses parents un jour, si il reverrait la cité qui avait vu le jour maudit de leur naissance. Balloté par la nostalgie, il redressa la tête pour ne pas se noyer dans le sang de la plaie béante qu'avaient violemment infligée les géniteurs du gamin. À quoi bon attendre quelque chose des adultes, si tous finissaient par le blesser. Il reporta sa colère sur son défunt Maître : lui aussi l'avait abandonné à son propre sort ! Pourtant il n'avait rien fait pour, les mécanismes de la vie s'acharnaient à lui faire endurer les pires épreuves. Ewan fit claquer la langue contre son palais, las de ce sujet. Iréa allait peut-être parler de sa sœur ? Sa jumelle, son tout. La vie n'allait pas la lui arracher. Il irait contre la mort, au delà d'elle si il le fallait pour garder ce qu'il avait de plus cher. Rien, personne, aucuns êtres vivants ou morts ne pourraient le séparer de ce qui le rendait complet ou il la suivrait dans son trépas. L'horreur qu'il ressentit à l'idée de vivre dans un monde où elle n'existerait plus le fit frémir. Il n'y arriverait pas de toute façon. Nous lui avions tout enlevé, son enfance, l'amour auquel il aurait dû avoir droit, amis et famille. Il ne perdrait rien ni personne d'autre, il en prit la ferme décision... Il se battrait corps et âme pour ceux qu'il aimait désormais.

Ewan s'était raidi, il avant pâli aussi, il fessait tout ce qui était en s'en pouvoir pour ne pas faire déborder tout cela sur l'Almer qui était assise si près de lui mais qu'il lui semblait tellement éloignée. Il faisait beau, alors à quoi bon se torturer ainsi, à quoi bon penser, si ce n'était que pour souffrir du passé ? Le garçon se redressa, tout lui parut difficile, respirer lui demandait autant d'efforts que de bouger. Non, le plus probable était qu'elle le questionne sur son apprentissage, ce qu'il avait apprit et ce qu'il souhaitait apprendre. En voilà une question à laquelle les réponses étaient simples. Faciles à trouver ou à inventer. Il avait commencé à apprendre à Invoquer son arme, un cimeterre, cela n'était pas très laborieux, mais il se donnait de la peine, vraiment. Il n'était sûr de rien.  Il fronça les sourcils.

« Parlons un peu de ton entraînement, maintenant. Je verrai bien comment tu te débrouilles mais je voudrais avoir ton avis d’abord. Y-a-t-il quelque chose qui te pose vraiment problème ? Un domaine où tu te sens à l’aise ? Qu’est-ce qui t’intéresse le plus, pour le moment ? »

Au moins l'une de ses théories était juste. La fatigue commença à le prendre. La concentration et l'énergie qu'il employait pour protéger ses pensées de l'Esprit d'Iréa lui donnèrent le tournis. Il ne devait pas relâcher maintenant. Le jeune Elfe se laissa aller contre le banc, fermant les yeux. Il n'aimait pas perdre le contrôle sur se qu'il ressentait, cependant, il ne pouvait plus rien contenir. Résigné, Ewan laissa finalement le torrent émotionnel se déverser autour d'eux. Tel un voile fin et délicat, il vint se déposer, les enveloppant tous deux dans la tourmente de ses sentiments. Une seconde ? Une minute ? Une heure ? Il ignorait combien de temps il lui avait fallu pour retrouver des forces, l'adolescent se reprit tant bien que mal. Tout semblait lui échapper, il sentait que quelque chose bougea en lui. Le poids de ses souffrances se serait-il apaiser en se dévoilant à la jeune femme ? Ewan se raccrocha à l'aura d'apaisement de son nouveau Maître pour ne pas diffuser tout ce qu'il cachait aux yeux de tous, parfois même à sa sœur.


Il Réajusta sa position sur le banc avant de reprendre, surpris, par son réflexe et par le fait qu'il ne s'était pas adressé à elle avec sa bouche.

« Je suis désolé, il se racla la gorge, je crois que je me débrouille bien pour l'Invocation pour un novice... J'aimerais... J'aimerais pouvoir maîtriser les choses que je renvois, choisir les sentiments que je souhaite renvoyer aux autres ou non... »

Il ébouriffa ses cheveux avec ses deux mains avant de secouer la tête pour les replacer plus ou moins aux bons endroits. Ewan essaya de se souvenir comment il avait eu vent de son identité. Puis le souvenir d'un après-midi à flâner dans les écuries lui revint. Il s'était arrêté devant un cheval bai. Il en était devenu fou, il avait sans douter demander à quelqu'un qui se trouvait là par la même occasion le nom de son propriétaire. Maintenant, il y avait autre chose dont il avait envie... Il se concentra un bref instant sur l'ambiance que diffusait son Maître plaçait autour d'eux. Il hésita, puis il se souvint de la monture d'Iréa : il l'avait vue, il savait qu'elle en prenait soin et une question brûlait ses lèvres, sur lesquelles il passa d'ailleurs sa langue. Le malaise de tout à l'heure s'envola à l'idée de "toucher" un cheval... Malgré la dévorante passion que l'Efle avait pour ces animaux, il n'avait jamais osé en caresser un.... Simplement parce qu'il avait peur de s'approcher d'un animal qui ne lui appartenait pas ou bien parce qu'il avait peur d'être déçu après tout ce qu'il avait lu sur ces créatures qui hantaient ses rêves les plus fous. Mais... Mais si son Maître en possédait un, Ewan pourrait peut-être s'en occuper un peu ? Nouvelle hésitation.  Le garçon fixait toujours l'horizon, pesant le pour et le contre, malgré tout, son désir de pouvoir apprendre davantage de sa passion le poussa à parler. Si bien qu'il en oublia de réfléchir. Il se tourna vers Iréa, le regard pétillant de vie.

« J'ai vu votre cheval ! Je pourrai le caresser ? Vous pouvez m'apprendre à monter ? On peut aller le voir, hein ? S'il vous plaît, Maî-... Maître... Maître Iréa..? »

Le jeune Räfalnïr bouillait d'impatiente, et l'adolescent qu'il était reprit le dessus sur la méfiance naturelle d'Ewan à l'idée d'approcher un cheval. Ses yeux saphirs se plongèrent dans le brun se ceux de la jeune femme. Il s'était levé, il avait plutôt bondit. Tendant la main à l'Almer. Un sourire enfantin aux lèvres. Sans doute dégageait-il un aura de pur bonheur. Oubliant momentanément toute souffrance, quoi qu'en fusse son origine.

Iréa avait à peine fini sa phrase que le garçon se laissa aller contre le dossier du banc, lui qui était resté si tendu jusqu’alors.
Il ferma les paupières et elle sentit céder les barrières qu’il avait érigées autour de lui ; ses sentiments lui devinrent tout à coup clairement perceptibles.
Il y avait la douleur, celle d’avoir perdu quelqu’un à qui l’on tenait, et que la Templière connaissait bien pour l’avoir ressentie maintes fois au cours de l’année précédente.
La peur aussi, celle de subir encore des pertes.
Et puis la colère, l’impression d’avoir été abandonné.
Mais au milieu de tout cela, il y avait une merveille, une immense tendresse dont elle pensait deviner la destinataire. Tous ceux qui connaissaient les jumeaux lui avaient dit que le frère et la sœur étaient très proches. Tôt ou tard, il lui faudrait rencontrer Auween aussi.
La jeune femme laissa à son élève le temps qu’il lui fallait pour se remettre, sans le presser ou le brusquer, sans l’abreuver de sermons ou de paroles réconfortantes.
Elle se contenta de maintenir son aura douce et le lien discret d’Esprit qui existait entre eux.
Elle ne pouvait pas mieux lui faire comprendre qu’elle était là, avec lui.
Elle serait toujours là, chaque fois qu’il en aurait besoin, chaque fois qu’il le voudrait, qu’il le demanderait.
L’Elfe finit par se redresser et ouvrir ses yeux bleus. Il commença par s’adresser à elle par télépathie, avant de se reprendre.

« Je suis désolé… Je crois que je me débrouille bien pour l'Invocation pour un novice... J'aimerais... J'aimerais pouvoir maîtriser les choses que je renvois, choisir les sentiments que je souhaite renvoyer aux autres ou non...
-Ne t’en fais pas pour ça, Ewan. Je comprends, tu sais, j’ai déjà vécu des choses semblables. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile, de vivre entouré d’empathes, même si chacun s’efforce de respecter l’intimité des autres. Nous travaillerons cela, au rythme qui te conviendra. »

L’Almer était contente qu’il ait fini par se laisser un peu aller, même s’il ne parlait toujours pas beaucoup. Pour l’instant, elle s’en satisfaisait ; le reste viendrait avec le temps.
Mais l’adolescent, lui, décida, à sa grande surprise, de ne pas en rester là. Alors qu’elle se demandait comment elle allait bien pouvoir relancer la conversation, il se tourna vers elle, les yeux brillants, contenant difficilement son excitation.
Rien à voir avec le garçon calme et secret qu’il était encore deux minutes auparavant !

« J'ai vu votre cheval ! s’exclama-t-il. Je pourrai le caresser ? Vous pouvez m'apprendre à monter ? On peut aller le voir, hein ? S'il vous plaît, Maî-... Maître... Maître Iréa..? »

Emporté par son enthousiasme, il s’était levé et lui tendait la main, un grand sourire aux lèvres. Il ressemblait enfin au jeune Elfe qu’il était. Sur le moment, Iréa se sentit débordée devant cette spontanéité aussi soudaine que surprenante, mais cela ne dura pas. Cet accès de joie enfantine, ce « Maître Iréa » bégayant mais sincère, cette main tendue, tout cela lui réchauffait le cœur. La distance qu’Ewan s’efforçait de maintenir jusque là venait de voler en éclat. De plus, c’était la preuve qu’il ne voyait pas encore tout en noir, comme une assurance qu’il parviendrait à se sortir de cette mauvaise passe.

« T’apprendre à monter ? répéta-t-elle sur un ton encore un peu étonné. Puisque tu en as envie, pourquoi pas ! Après tout, c’est aussi ici que j’ai appris… »

Elle se leva à son tour, sans prendre sa main. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas, au contraire.
Juste qu’elle ne pouvait pas.
Elle savait qu’elle ne maîtrisait rien et elle ne voulait pas impliquer Ewan là-dedans. Il n’y avait nul besoin de compliquer encore davantage leur relation.
Faute de pouvoir le toucher, elle ébouriffa ses cheveux châtains, le décoiffant un peu plus.

« Allez, en route jeune homme, lui lança-t-elle avec un sourire. Nous allons faire les présentations tout de suite. »

Ils atteignirent rapidement les écuries, d’abord parce qu’elles n’étaient pas très loin, ensuite parce que le garçon, excité comme une puce, ne la laissait pas traîner en chemin. Cependant, elle n’eut pas besoin de lui dire de se calmer pour ne pas effrayer les chevaux ; une fois arrivés aux écuries, il se tint tranquille, même s’il semblait aussi un peu anxieux.
Iréa se souvint avec nostalgie de la première fois où elle avait vu un cheval de près. Elle n’était alors guère plus âgée qu’Ewan.
Celui-ci ouvrait de grands yeux émerveillés tandis qu’ils remontaient l’allée centrale, entourés par les animaux. La jeune femme s’arrêta devant le box de Gwynt et l’étalon hennit pour la saluer.

« Bonjour, mon beau, dit-elle doucement en le caressant entre les yeux et en flattant son encolure. Je t’ai amené quelqu’un aujourd’hui. »

La Templière s’écarta de sa monture pour faire un peu de place à son élève qui s’approcha ; il avait l’air de ne pas croire à sa chance.

« Gwynt, voici Ewan. Il est mon élève à partir d’aujourd’hui, et vous risquez de vous côtoyer pas mal aussi. Ewan, Gwynt. Tu peux le toucher, ajouta-t-elle en voyant que l’Elfe ne savait pas trop sur quel pied danser. Tant que tu ne le confonds pas avec un doudou, mais je ne pense pas que tu le feras, il te laissera faire. Frotte un peu entre les yeux, c’est ce qu’il préfère. »

Sur ces mots, elle laissa le garçon et le cheval faire un peu connaissance, légèrement à l’écart, veillant à ce que tout se passe bien.

Iréa laissa son élève se reprendre et finir sa phrase avant de s'exprimer. Chose qu'Ewan apprécia profondément. Il n'aurait pas réagis aussi bien si la jeune femme aurait tenté de le calmer. Il ne voulait pas d'aide, pas tout de suite. Pas dans l'immédiat. Il écouta sa réponse plissai légèrement les yeux.

« Ne t’en fais pas pour ça, Ewan. Je comprends, tu sais, j’ai déjà vécu des choses semblables. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile, de vivre entouré d’empathes, même si chacun s’efforce de respecter l’intimité des autres. Nous travaillerons cela, au rythme qui te conviendra. »

Elle pouvait comprendre en effet. Tous les Templiers avaient dû passer par là à un moment donné. Bien que cela le rassura un peu. Au moins, elle avait entendu sa demande, ce qui était déjà un bon point. Puis son esprit vagabonda un moment juste avant qu'il ne se tourne vers elle pour déverser un flot de joie et d'excitation sur elle à l'idée d'aller aux écuries. Au premier abord, elle parut surprise, ce qui n'avait rien de très étonnant. N'importe qui aurait eu la même réaction face à un changement d'humeur aussi brusque, seulement le jeune Elfe ne maîtrisait rien lorsque l'on parlait d'équidés. Mais la jeune femme sembla touchée par le geste tendre de cette main tendue. Elle le regarda encore un instant et parut satisfaite d'enfin rencontrer l'adolescent qu'était Ewan. Celui-ce trépignait devant son maître, l'impatience le rongeait avec une vivacité peu commune. Sans doute le problème des personnes passionnées.

« T’apprendre à monter ? répéta-t-elle sur un ton encore un peu étonné. Puisque tu en as envie, pourquoi pas ! Après tout, c’est aussi ici que j’ai appris… »

Puisqu'il en avait envie..? Mais il en mourrait d'envie plutôt ! Il gigota davantage face à cette réponse positive. Et cela ne faisait qu'accroître l'ardent feu de sa passion dans son cœur. Halin Iréa se redressa mais ne pris pas sa main, main qu'il ramena le long de son corps. Ce geste qui aurait pu être blessant pour le fragile gamin fut irradié à l'instant même où elle ébouriffa sa chevelure brune et déjà bien négligée. Il se dégagea en se glissant sur le côté, protégeant sa tête à l'aide de ses deux bras, un sourire amusé aux lèvres avant de répondre vivement.

« Bien sûr que j'en ai envie ! »

Les saphirs de ses yeux ne quittèrent plus l'Almer. Il attendait le signal de départ comme si cela allait lui sauver la vie, comme si cela devais être le signal de départ d'une course dont il serait le seul coureur. Il répondit au sourire de son Maître écoutant sa réponse avec une grande attention. Il n'avait, pour ainsi dire, plus rien d'autre en tête que cet étalon.

« Allez, en route jeune homme. Nous allons faire les présentations tout de suite. »

Il arrêta de trépigner pour se mettre en marche d'un bon pas. Il savait que les écuries n'étaient pas très loin, alors ne pas perdre de temps en route. Il se retournait de temps en temps pour voir ce que faisait son Maître et dès que celle-ci ralentissait il lui lançait des encouragements... Inutiles certes, mais Ewan était plus que fiévreux en arrivant aux portes de l'étable. D'après ses lectures, les personnes énervées ou stressées communiquaient ce genre de conditions aux chevaux. Il prit une grande inspiration avant de suivre l'Almer à l'intérieur. Bien qu'il n'avait pas oublié de respirer il ne parvenait pas à le faire normalement. Il y en avait tellement ici... avec des robes toutes tellement différentes les unes des autres. Il resta silencieux, dégageant sans le vouloir un aura de plénitude. La Templière s'arrêta devant le box d'un étalon bai, qui hennit à leur arrivée. Fasciné, il le scruta méticuleusement de ses yeux brillants d'intelligence. Elle caressa son chanfrein, puis son encolure en lui parlant, Ewan pencha légèrement la tête sur le côté puis la secoua, un mouvement si délicat qu'il n'était pas sûr de l'avoir fait. La jeune femme avait dit quelque chose mais il était tellement occupé qu'il n'était pas certain de ce dernier point. Elle fit d'ailleurs un pas sur le côté pour lui laisser de la place et s'approcher de l'animal. Il écarquilla les yeux, venant se placer en face du cheval. Ewan n'avait été aussi proche de ses créatures uniquement à deux reprises : quand les Templiers les avait sorti de Silamarie et aujourd'hui.

« Gwynt, voici Ewan. Il est mon élève à partir d’aujourd’hui, et vous risquez de vous côtoyer pas mal aussi. Ewan, Gwynt. Tu peux le toucher. Tant que tu ne le confonds pas avec un doudou, mais je ne pense pas que tu le feras, il te laissera faire. Frotte un peu entre les yeux, c’est ce qu’il préfère. »

 L'Elfe avait du mal à en croire ses yeux et ses oreilles. Voilà pourquoi il tendit sa main à plat pour laisser le cheval le renifler, une fois fait, il la glissa doucement sa main sur son ganache plus finalement caresser sa joue. Un sourire ébahit et de bonheur brute aux lèvres. Il allait passer pas mal de temps ensemble ! Elle l'avait dit ! Gwynt dressa les oreilles dans sa direction. Ewan murmura un « Bonjour... » en grattouillant derrière l'oreille de l'étalon. La première fois qu'il touchait l'un de ses rêves d'aussi près. Il posa sa deuxième main sur l'autre joue du cheval avant de se tourner vers son Maître, l'air émerveillé.

« Merci Maître Iréa. »

Il passa une dernière fois ses doigts sur le chanfrein de Gwynt avant de s'approcher de la jeune femme. Et maintenant ? Qu'allaient-ils faire ? Monter un peu, apprendre un peu plus à maîtriser ses émotions, revoir les bases de l'Invocation ? Ewan ne savait pas, il laissait son Maître choisir. Persuadé que les choix de cette dernière serait meilleurs que le sien. Il la regardait, bouillant intérieurement de sa rencontre avec l'étalon qu'il raconterait sans le moindre doute à sa jumelle dès qu'il la croiserait. Il n'avait pas encore capter le maigre lien que se liait d'ailleurs avec l'Almer. Peut-être était-ce mieux ainsi pour le moment.

La rencontre se passait bien : Ewan avait l’air presque aussi heureux que si son maître l’avait emmené au paradis, et elle était aussi émue que lui lorsqu’il la remercia. Visiblement, il attendait la suite des réjouissances.

« Gwynt n’est pas un cheval très nerveux, mais il n’a pas l’habitude d’être monté par quelqu’un d’autre que moi, lui expliqua-t-elle. Je préfère qu’il s’habitue bien à toi avant que je ne t’apprenne vraiment à monter. Je veux que tu viennes le voir souvent, l’idéal serait une fois par jour, que tu passes un peu de temps avec lui mais aussi que tu vérifies qu’il est en bonne santé. Si tu as un cheval plus tard, ou même si tu es simplement amené à en monter un, il faudra que tu saches en prendre soin. Tu n’auras pas beaucoup de travail, les chevaux sont bien soignés ici, et tant que je reste au Temple, Gwynt passe la plupart de son temps aux écuries, mais tu apprendras quand même les bases. »

Iréa montra rapidement à son élève comment brosser sa monture, vérifier l’état de ses fers, quels ustensiles utiliser, et lui enjoignit aussi de vérifier qu’il ne manquait pas d’eau.

« Si tu as un problème, une question ou quoi que ce soit, tu peux t’adresser au maître d’écuries, il sera ravi de t’aider. Je te laisse venir le voir quand tu veux ; quand tu arriveras aux écuries, demande si Gwynt a déjà été soigné. Si ce n’est pas le cas, ce sera à toi de le faire. »

Avec un léger sourire, elle regarda son apprenti légèrement incrédule qui s’efforçait d’assimiler toutes ces instructions.

« En ce qui concerne l’équitation, ce sera tout pour le moment, ajouta-t-elle. Si tu te sens d’attaque, je t’emmène encore faire un tour en salle d’entraînement pour voir comment tu te débrouilles. Le vrai travail commencera demain. »

L’adolescent acquiesça et ils quittèrent les écuries pour pénétrer à l’intérieur des bâtiments. La salle d’entraînement était déserte ou presque, ils avaient donc toute la place qu’il leur fallait.
Iréa fit d’abord exécuter quelques enchaînements à son élève, combattit contre lui avec des armes de bois puis lui demanda d’invoquer son arme runique aussi longtemps qu’il le pouvait, sans pour autant l’épuiser.

« Bien, dit-elle après que la lame du même bleu que ses yeux se fut éteinte, nous avons fini pour aujourd’hui. Tu as bien mérité de te reposer un peu. Je vais réfléchir encore ce soir pour savoir à quelle sauce je vais te manger, mais je pense que nous commencerons par affiner ta maîtrise de l’Esprit. Sans perdre le reste de vue, bien entendu. Rendez-vous demain matin à neuf heures dans le jardin du Temple, au même endroit qu’aujourd’hui. »

Ils sortirent ensemble de la salle et se séparèrent dans le couloir.

« Passe une bonne soirée, lui dit Iréa avec un sourire. A demain. »

[La fin n'est pas terrible, désolée. Désengagés.]