[ Je précise que les bijoux au niveau de la tête sont l'apanage des familles royales, merci d'éditer ^^ ]

La petite demoiselle n'avait jamais vu la cité des neiges, mis à part dans les ouvrages de la bibliothèque de sa cité natale et les enluminures lui avaient toujours donné envie de visiter Storghein. Le bal organisé par les Astorgs avait constitué une excuse parfaite en ce sens cependant, Jelenna était tout à fait consciente que si ses rêves d'enfant se devaient d'être assouvis au maximum, elle ne pouvait pas se permettre de le faire n'importe comment en mettant en danger sa nation. Elle n'était certes pas la princesse héritière mais sa valeur intrinsèque en tant que réincarnation d'une déesse ou encore, en tant que catalyseur suffisait à mettre son existence en péril en dehors des fières murailles de chez elle. Philéa avait su déplacer des montagnes, ralliant à sa cause les peuples jusqu'à là opposés et tous avaient compris rapidement que l'une des rares failles de cette grande dame était sa précieuse « princesse bis ». Eléa partait dans des colères folles lorsqu'il s'agissait d'elle et la reine Amazone n'hésitait pas à tuer ou à manipuler les autres pour elle. Quoi qu'elle n'avait pas besoin d'être en danger pour que ces traits de caractère se montrent au grand jour chez sa mère.
Il avait donc fallu réfléchir au préalable à l'opportunité de se rendre à Storghein et c'était la souveraine en personne qui lui avait offert l'occasion d'assouvir ses désirs. Il était important aux yeux de sa mère que l'alliance unissant leurs deux cités soient confortées et en ce sens, elle avait trouvé opportun d'envoyer ses filles aînées la représenter, faute de pouvoir se déplacer elle-même. Eléa s'était montrée revêche, refusant de rendre hommage à la traîtresse qui organisait l'événement cependant, les arguments censés et prudents de Philéa n'avaient pas tardé à la convaincre d'agir comme elle l'exigeait si bien que les deux princesses avaient été envoyées en tant qu'ambassadrices de leur peuple.

Le bal n'aurait lieu que dans deux jours mais Philéa avait insisté sur la nécessité d'arriver avant afin de pouvoir converser avec l'Oblat si elle le souhaitait et pour profiter de l'événement également. Eléa avait décidé de mauvaise grâce de visiter la cité et les deux jeunes princesses avaient parcouru incognito les rues de Storghein. Elles avaient même pu prendre un chocolat chaud délicieux et un pain au miel dans une petite boulangerie du port de la cité. Jelenna n'avait pas pu retenir le prénom de la gérante à force de discuter avec sa grande sœur, ce qui était suffisamment rare pour privilégier l'instant, mais elle cependant retenu dans son Esprit son aura particulièrement lumineuse et pétillante qui correspondait à son caractère. Les deux jeunes femmes étaient rentrées aux environs de dix-sept heures et la petite fille devait bien avouer qu'elle avait hâte de ressortir le soir même pour voir la cité une fois la nuit tombée ! Eléa et elle avaient si peu de temps en commun contrairement au passé que ça en devenait difficile de partager des moments de la sorte si bien que Jel' comptait bien en profiter au maximum ! Loin de leurs obligations respectives, elles pouvaient enfin se laisser aller et reprendre leurs vieilles habitudes.

La petite adolescente fut surprise d'apprendre que l'Oblat en personne souhaitait s'entretenir avec elle, pensant que ce rôle tiendrait à son aînée plus qu'à elle. Eléa paraissait surprise à son tour mais elle s'abstint de commentaires, se contentant d'attendre derrière la porte, dans le salon d'attente. La demande de la reine des neiges la surprit, elle devait bien l'avouer mais elle accepta sans dire un mot, d'un sourire. Une révérence plus loin et elle était sortie de la pièce, perplexe. Kriisten n'avait pas été mise au courant de la trahison d'Ashelia, Philéa ayant jugé nécessaire de cacher cette information autant pour protéger l'ancienne ambassadrice que pour éviter les tensions. Il était évident que jamais les deux femmes ne se disputeraient pour quelque chose d'aussi futile mais la Reine Amazone estimait que le droit de mort sur la nouvelle membre du conseil de Kriisten revenait de droit à ses sœurs et non aux Astorgs.
Perplexe, c'était le mot car la petite fille devait cacher la demande de l'Oblat à son aînée au risque de causer un incident diplomatique. Il était évident que jamais Eléa ne permettrait à celle qu'elle voyait comme une traîtresse de recevoir une instruction de sa jeune sœur … L'adolescente prétexta simplement devoir aller à la bibliothèque, sachant pertinemment que son aînée lui préférerait la salle d'entraînement. Les Astorgs étaient réputés pour leur art combatif et jamais la princesse héritière n'aurait pu manquer cela ! C'était une occasion en or pour elle que de se perfectionner et de confronter sa propre maîtrise avec celles des hommes de la cité … ou des femmes. Jelenna la regarda, rapière à la main, s'éloigner avec un léger sourire et un profond sentiment de culpabilité.

En enfilant sa robe, la petite fille se demandait comment elle se devait de réagir face à la jeune Astorg. Sa cité lui ordonnait de la considérer en traîtresse mais l'Oblat lui demandait de la traiter en élève de noble sang … Ne pouvant trahir ni l'une ni l'autre, la jeunette demeurait perplexe. L'apprentie avait opté pour un vêtement sobre de couleur bleue nuit qui faisait ressortir à merveille sa peau de pêche et sa chevelure d'or. Ses cheveux retombaient en cascade de boucles sur ses épaules tandis qu'elle portait son éternel bijou de tête en or blanc serti d'une opale. A son poignet droit remontait un serpent en or, symbole préféré de sa mère. Les longues manches de sa robe étaient fendues au niveau des épaules et retombaient de part et d'autres le long de ses mains. Deux filins d'or ceinturaient sa taille et ressortaient sur la couleur sombre du vêtement. Elle opta pour des chaussures simples à fourrure immaculée.
Il était dix neuf heures et la demoiselle se demandait toujours comment faire, tiraillée qu'elle était entre ses devoirs et ses obligations. Il était évident qu'elle ne pouvait pas refuser la demande de l'Oblat mais elle ne pouvait pas non plus accepter d'instruire une traîtresse … Devait-elle réellement la voir ainsi ?

La bibliothèque royale était silencieuse et apaisante. Jelenna ne mit pas longtemps à voir la jeune femme, reconnaissant sa chevelure blonde entre milles. Elle portait une robe en satin aux teintes vertes et semblait l'attendre depuis un moment déjà. La princesse bis ignorait combien de temps elle avait mis entre l'annonce étrange de la reine des neiges et le moment où elle s'était présentée dans la bibliothèque. Tiraillée, elle avança à sa rencontre.

« Je suis ravie de vous revoir mademoiselle Ashelia » répondit Jelenna d'un ton affable avant de reprendre, « Je vous en prie, restez, la personne que vous attendez n'est autre que moi », elle hésita l'ombre d'une seconde avant de reprendre, « Sa Majesté l'Oblat m'a mandaté pour vous apprendre la langue Jinmen, elle m'a confié le projet qu'elle nourrissait et a insisté sur la nécessité pour vous d'en apprendre plus sur la culture de ce peuple et sur sa langue. Sa Majesté a estimé mes maigres connaissances suffisantes pour vous instruire. »

Le ton était doux, calme et posé et une ombre de sourire flottait sur les lèvres de l'enfant cependant, elle était « torturée » par ses questions et ses sentiments si bien qu'elle se sentit obligée de faire la part des choses avant de faire quoi que ce soit et pour se faire, elle devait mettre les choses au point avec la jeune femme. Avant toute chose, elle devait savoir si elle était une déserteuse pour se sentir libérée de sa culpabilité et de ses devoirs. Avec calme, la petite fille planta son regard dans celui de l'ancienne ambassadrice de sa cité et lui demanda :

« Pardonnez moi mademoiselle Ashelia, mais je suis dans une situation peu confortable, tiraillée entre mes devoirs envers ma cité et mes obligations envers Sa Majesté. Je me dois de vous demander pourquoi vous avez quitté notre cité car je me dois de rester fidèle aux lois de ma cité. »

[ Je précise que Jelenna te pardonnera d'être partie normalement hein mais je ne pouvais pas ne pas le souligner, il fallait que je reste logique avec son caractère XD Tu peux déjà lui poser des questions sur la culture Jinmen et la langue si tu veux à la fin de ton post comme ça on avancera plus vite
Ps : je croyais avoir posté xD ]

[ Je te rappelle que les bijoux au niveau de la tête sont l'apanage des familles royales, merci d'éditer. Qu'entends-tu par « intendant royal » ? De plus, c'est Philéa qui t'as obtenu un poste dans la cité et Kriisten qui te l'a concédé, il n'a jamais été question que ce soit une tâche héréditaire ^^ ]

Jelenna était tiraillée entre devoirs et obligations et elle savait que la seule la vérité pourrait l'éclairer et lui montrer le chemin à emprunter. Cependant, elle ignorait si la jeune femme lui ferait grâce de cette vérité ou si, au contraire, elle croirait opportun de lui mentir. Quoi qu'il en soit, la petite princesse se devait d'avoir le cœur net concernant cette histoire pour espérer se rendre utile et obéir ainsi à l'Oblat bien que cela l'embête tout de même un peu. Mentir à sa sœur aînée ne lui avait pas fait plaisir mais de cela, la jeune femme n'était responsable en rien. En son for intérieur, la petite fille demeurait convaincue que l'ancienne ambassadrice, si elle avait trahie sa cité d'adoption en rejoignant celle de ses ancêtres, n'avait pas agi de mauvaise augure mais simplement motivée par des raisons qui avaient échappé à l'ensemble de la communauté Amazone. Etait-ce pour cela que Philéa l'avait épargnée ? Car Kriisten traitait aussi inflexiblement les traîtres que la souveraine Amazone … La raison du choix de sa mère échappait encore à l'enfant, toute comme la justification du départ de l'Astorg. Elle avait besoin de réponse pour comprendre mais également besoin de temps pour accepter sans doutes.

Jelenna remarqua le trouble qui habitait le regard de la jeune femme comme si elle aussi se demandait sur quel pied danser. Il était évident que l'Oblat avait, à travers ce choix, tenté d'éprouver leur fidélité et la véracité des dires de sa vieille amie. A moins qu'elle n'ai trouvé amusant tout simplement de les confronter. C'était bien le genre de la reine des neiges que de s'amuser aux dépends des autres … Intriguée par l'attitude étrange de son interlocutrice, Jelenna se demandait de plus en plus ce qui l'avait poussée à les quitter et ce qui aujourd'hui, la poussait à agir ainsi vis à vis d'elle. Etait-ce de la peur qu'elle lisait dans son regard ? De l'appréhension en effet, comme si la jeune femme craignait que la petite apprentie ne la dénonce ou pire. Le cœur de l'enfant se serra, consciente qu'une telle réaction ne pouvait émaner que d'une coupable pourtant, elle était prête à l'écouter.
L'adolescente sourit timidement, gênée par des compliments qu'elle ne semblait pas en mesure de pouvoir accepter. Douce, beaucoup se prêtait à le dire mais nombreux étaient ceux qui le disaient en la comparant à sa sœur aînée sans savoir qu'Eléa était la plus douce des sœurs et des mères. Peu importait de toute façon, elle était elle-même et voilà tout. La petite fille suivit du regard les ouvrages mais la réplique suivante de son interlocutrice la désarçonna si bien qu'elle ne put s'empêcher de croiser son regard, interrogative. Pourquoi s'excuser si elle n'avait rien sur le cœur ? De telles excuses ne pouvaient venir que d'une femme sincère qui regrettait son geste. C'était du moins ce que voulait croire la jeune princesse.

La vérité, seule la vérité comptait aux yeux de l'enfant et tous s'accordaient à dire que depuis son plus jeune âge, elle jouissait d'un sens aiguë de la justice. Avec calme, elle posa son regard sur la jeune Astorg, prête à entendre ce qu'elle avait à dire pour sa défense. La remarque fit grimacer l'enfant, Muria était à ses yeux un havre de paix qui accueillait tout le monde et elle n'appréciait que peu qu'on critique ses sœurs mais la jeune femme admettait elle-même ne pas être parvenue à s'intégrer à cette immense famille et l'enfant ne savait que mieux ce qu'elle pouvait ressentir. Elle était une enfant cachée aux yeux du monde qui n'avait pu s'intégrer que par la grâce des dieux et de par son statut. Elle-même se sentait parfois « autre » dans cette cité … Si le reconnaître et l'entendre dire était douloureux, elle comprenait la position de la jeune femme.

« Mère avait confiance en vous et moi aussi, cela aurait du vous suffire. » répliqua avec calme l'enfant, non sans rappeler en plus calme sa sœur aînée dans le choix de ses propos, sentant la culpabilité de l'Astorg croître au fur et à mesure qu'elle parlait, « Mais il est vrai que Muria sait parfois se montrer silencieuse, même envers ses plus fidèles servantes ... » poursuivit-elle d'un ton plus doux, « Vous avez noble cœur mademoiselle Ashelia, et votre honnêteté me suffit. J'espère que vous trouverez le bonheur au sein de votre cité natale. Muria ne vous pardonnera sans doutes pas votre trahison, mais entre ces murs, vous ne risquerez rien ... »

La petite demoiselle aimait bien l'ambassadrice. Exubérante, étonnante, elle n'en restait pas moins quelqu'un de gentil et de profondément honnête. C'était avec sincérité qu'elle lui avait confié tout cela et avec d'autant plus de sincérité qu'elle se sentait coupable de son départ. Mais si Muria ne pouvait lui offrir refuge, alors Muria ne pouvait lui reprocher d'être partie.

« Soyez néanmoins prudente, si vos excuses me vont droit au cœur et si je puis les accepter, il n'en sera pas de même pour mes sœurs. La trahison ne connaît nulle raison loyale à leurs yeux et jamais Eléa ne vous laissera fouler cette terre sans crier vengeance. »

Mieux valait la prévenir même si la jeune fille se doutait qu'Ashelia était déjà au courant. Non qu'elle s'inquiète particulièrement pour elle, car si elle demeurait un noble cœur, elle n'en restait pas moins une déserteuse, mais elle souhaitait néanmoins lui éviter les problèmes … Certes Jelenna ne se mettrait-elle pas entre la justice de sa cité et l'ancienne ambassadrice mais au moins pouvait-elle la mettre en garde, au nom d'une amitié passée et toujours présente quelque part.

« Vous n'êtes point une traîtresse, ne vous laissez point dire le contraire, vous demeurez cependant une déserteuse mais rien n'empêche une princesse de s'entretenir avec une déserteuse » ajouta-t-elle avec malice, un léger sourire sur les lèvres.

Muria était sévère envers celles qui la trompaient mais jamais la loi de sa cité natale n'avait interdit de parler avec les déserteuse, au contraire, elle encourageait à les convaincre de revenir former les rangs !
Avec un sourire discret, l'enfant se concentra sur les questions de la jeune femme, bien décidée à lui transmettre son savoir avec autant de justesse et de délicatesse dont elle était capable. Maintenant que ses devoirs étaient satisfaits, elle devait s'attarder sur ses obligations qui, elle devait bien l'avouer, l'amuser un peu. Ce n'était pas tous les jours que l'apprentie devenait professeur ! La carte d'Oyashima était finement gravée en langue Jinmen si bien que l'Astorg ne pouvait pas vraiment savoir ce qu'elle désignait.

« Vous trouverez ici la capitale où vit la famille impériale dans son ensemble » débuta la petite fille en posant le doigt sur ledit point, « Hoshizora » elle marqua une pause avant de reprendre, « Elle est le fief du clan du Dragon, le clan de l'empereur actuel. », l'enfant déplace son doigt vers l'est pour rejoindre le deuxième point avant d'ajouter sur ce même ton doux, « Ici se trouve Amamizu, la cité côtière fief du clan de l'Hydre et là » elle déplaça son doigt sur le troisième point, « Arano, la cité désertique fief du clan de la Salamandre. » elle déplaça son doigt vers la dernière cité, celle proche des montagnes, avant d'ajouter « Et ici se trouve Koubaï, le fief du clan de la Licorne, c'est aussi la cité la plus proche des frontières d'Azthia ».

Elle observa la carte une seconde de plus avant de finalement repérer ce qu'elle cherchait. Avec un geste calme, elle posa son doigt fin sur la forêt située au nord du continent sur la carte avant d'ajouter d'un ton neutre :

« La légende raconte que le peuple Elfique vit dans les forêts du nord d'Oyashima, dans une cité nommée Isil, mais ils ne désirent aucune compagnie et ne laissent pénétrer personne dans leur cité. »

La petite fille délaissa la carte pour se focaliser sur la seconde question de son interlocutrice, à savoir celle concernant les clans d'Oyashima. Il en existait beaucoup certes, mais l'empereur avait su maintenir la paix entre les quatre principaux de la nation et c'étaient sur eux que la demoiselle comptait bien se concentrer. Elle réfléchit aux informations qu'elle avait pu lire elle-même, à celle que son père lui avait comptées et enfin, à celle que Eloween avait pu lui confier. Lorsque tout lui fut revenue, elle débuta son monologue d'un ton affable, ne quittant pas son interlocutrice du regard :

« Il existe énormément de clans mais seuls quatre ont su prendre l'ascendant et dominent en Oyashima. Les autres, dits clans mineurs, se sont ralliés avec le temps à l'un des quatre puissants pour espérer leur protection. Depuis le début du règne de l'empereur Kakita, la paix règne sur Oyashima et chaque clan gouverne sous l'égide du Clan du Dragon. » la petite reprit son souffle avant de poursuivre, « Le clan de la Licorne réside dans la cité de Koubaï comme je vous l'ai dit et il est très réputé pour le dressage des animaux et plus généralement, des chevaux, ses couleurs sont le bleu et le blanc. Si vous souhaitez rencontrer le chef du clan, il vous faudra demander la famille Hotori. Le violet et le noir représentent le clan de l'Hydre de la cité d'Amamizu, réputés pour être de féroces guerriers. Leur maniement des armes et leur flotte sont les plus craintes de l'empire ! Les Toyama dirigent le clan depuis des générations. Le clan de la Salamandre qui vit dans le désert d'Arano est connu pour ses habiles courtisans et il vous faudra vous adresser à la famille Doji si vous souhaitez les rencontrer. Il me semble que leurs couleurs sont le rouge et l'or. Le clan du Dragon est le plus ancien des quatre, caractérisé par le vert et l'or, il est le clan de la famille impériale et de l'empereur Kakita. »

L'enfant marqué à nouveau une pause, hésitant à continuer la leçon de peur de donner un trop plein d'informations à la jeune femme ou de se montrer barbante. Elle essayait de rendre le « cours » vivant autant que possible en ponctuant ses phrases avec soin et en cherchant dans le livre à chaque fois le symbole correspondant au clan dont elle parlait.

« Les quatre principaux clans ont été fondés selon diverses légendes en des temps immémoriaux et les familles à leurs têtes ont souvent été capables de bien placer leurs héritiers. Ainsi, vous trouverez à la cour la famille Toyama, la famille Doji et la famille Hotori. Si beaucoup de légendes entourent leur naissance, toutes s'accordent sur leurs devises, ainsi, le clan de l'Hydre a pour devise « Celui qui ne combat pas a déjà perdu », celui de la Salamandre », elle feuilleta un des livres jusqu'à le retrouver, « Qui prend un chemin différent de l'Ancien ne peut atteindre le même sommet, mais qui se satisfait de l'ordre établi ne peut dépasser l'Ancien », elle fit de même avec celui de la Licorne dont elle ne parvenait plus à se souvenir seule, « Qui s'instruit sans agir, laboure sans semer » et enfin, elle dit à la jeune femme, « Le clan du Dragon a pour devise « Ce que vous voyez n'est pas toujours ce que vous obtenez ». Ces devises sont très importantes pour les Jinmens, sans vous en souvenir par cœur, vous devrez être à même de les reconnaître si vous souhaitez éviter les erreurs et les ennuis. »

Elle sourit timidement, attendant de savoir si la jeune femme avait d'autres questions à lui poser.

[ J'ai volontairement fait l'impasse sur la hiérarchie au sein d'un clan pour permettre de faire le tour prochain et de ne pas alourdir mon post. Pareil, comme on l'a vu par sms, je n'ai rien dit de la religion, la crainte de la Maho, la famille impériale ou encore, la cérémonie du thé, les principes de respect, la langue en elle-même etc, tu es libre de lui poser les questions dans l'ordre que tu veux et d'en trouver d'autres si tu en as bien sur ! J'ai laissé pas mal d'ouvertures là sur les familles des clans, je n'ai donné que les chefs de clan pas les autres familles importantes et je n'ai pas non plus précisé en quoi les trois principales familles s'étaient bien placées à la cour Brefle, avec tout ça, il y a de quoi faire ^^ ]

[Oui excusez moi j'avais pas eu le temps de modifier ça ! J'ai mis à la place une broche, même si je ne suis pas sûre que ce soit possible mais qui ne tente rien à rien !]

La politicienne écoutait ce que l'amazone avait à lui dire et elle n'en fut que plus soulagée. La fillette lui avait pardonné mais elle ne pouvait néanmoins oublié ce qu'elle avait fait, entre ces murs elles étaient amies, mais à Muria elles ne seraient rien de plus qu'une déserteuse et une princesse. Jelenna conseilla à l'astorg de garder ses distances et de rester sur ses gardes bien que la jeune femme savait depuis bien longtemps à quoi s'en tenir pour ce genre de chose. Ses yeux pétillaient d'un mélange de tristesse et de soulagement, le bleu brillait à la lumière d'une bougie et la bouche de la comtesse s'ouvrit avec délicatesse.

"Je ne saurai jamais comment vous remercier princesse Jelenna. Votre pardon personnel me va droit au coeur, j'espère ne plus jamais vous décevoir par la suite. Vous avez toujours été là à me soutenir, déjà à mon arrivée lors de l'entrevue royale, ensuite dans cette taverne et encore maintenant. Vous êtes en quelque sorte mon ange gardien, bien que chez vous vous ne puissiez faire grand chose pour ma défense."

Ashelia se sentait plus légère suite à la réponse de la princesse face à son plaidoyer, une larme s'écoula le long de sa joue mais ce fut néanmoins la seule. L'astorg était une femme sensible bien que pleurer en face d'une grande personnalité ne lui plaise guère, elle n'allait pas s'attarder sur le passé et il était temps de s'intéresser au présent : elle avait du pain sur la planche pour être fin prête à partir en terre Jinmen. Elle avait questionné la fillette sur ce qu'elle avait aperçu dans le feuilletage des bouquins et n'attendait plus que ses réponses qui furent simplement mais clairement élucidé par la princesse. La conseillère voyait à travers ces explications une horde de nouvelles interrogations, le cours allait s'avérer intéressant tout compte fait.

"Hum, donc si je comprend bien c'est un pays dirigé par quatre cités, cités elles-même dirigées par quatre puissants clans. Mais expliquez moi, pourquoi chaque cité n'est elle pas indépendante comme en Azthia ? Pourquoi les trois clans se soumettent ils à un empereur et son clan ? J'aimerai également en connaître d'avantage sur leur alliance, vous m'avez parlé que les trois puissantes familles d'Oyashima s'étaient incrusté dans la cour impériale, c'est à dire ? Et puis comment différentes familles peuvent se soumettre les unes aux autres dans un même clan... Je ne comprend pas vraiment tout, excusez moi."

Les questions n'arrêtait pas de fuser dans sa tête, elle commençait à prendre plaisir à être ici et la culture Jinmen semblait lui plaire plus qu'elle ne s'y attendait. Elle arborait un sourire timide qui cachait difficilement sa fougue de savoir et sa joie d'en apprendre d'avantage sur le monde mais n'était ce pas une bonne chose ? On apprenait d'avantage en étant motivée qu'en ne l'étant pas et c'était bien connu même si le temps manquait pour permettre d'approfondir la plupart de ses interrogations.

"J'ai cru savoir que les nobles gens d'Oyashima ne s'appelaient pas comme nous. Ici, les gens de haute naissance sont comte, duc, baron ou prince mais comment se nomment ils là bas ? Parlez moi donc également de l'empereur et de sa famille. J'ai tant de questions qui me passent par la tête, ils sont si différents de nous que je ne sais pas par quoi commencer !"

La culture Jinmen s'avérait beaucoup plus compliqué que ce dont elle avait imaginé, elle n'avait pas pensé une seule seconde à quel point leur système politique pouvait être complexe. En effet, ils possédaient une hiérarchie bien précise et chacun avait sa place et se devait de se comporter comme l'exigeait son rang. Jelenna avait fait beaucoup d'effort pour que la jeune femme puisse comprendre assez aisément ce qu'elle lui expliquait et Ashelia s'en était bien rendu compte mais elle préféra ne pas lui en faire la remarque, ce n'était pas vraiment quelque chose d'honorable que de se voir expliquer les choses dans la plus grande simplicité bien qu'elle soit forcé d'avouer que sans cela, elle serait contrainte à redemander un tas de question qui ramènerait au même genre de réponse incompréhensible. Elle reprit dès lors ses interrogations qui s’amenuisaient au fil de sa conversation avec l'amazone.

"Hum, donc si j'ai bien compris les quatres clans dirigent Oyashima et l'empereur du clan du dragon à imposer sa domination en arrangeant un mariage avec chacun des clans pour posséder une armée plus que conséquente en cas de rébellion. Mais l'honneur Jinmen veut qu'aucun des seigneurs ne se révolte face à son empereur, donc cela n'a pas grand intérêt j'imagine. Ils sont bien compliqués mais bon, ils peuvent se flatter de vivre dans la paix tandis que nous... Même s'il n'y a rien d'ouvert des tensions persistent tout de même. Cette princesse ci s'appelle Ayane me dites vous ? Elle est belle mais elle ne nous ressemble pas beaucoup. Comment s'habille t'il là bas ?  Je pourrai sûrement adopter la tenue Jinmen si je m'y rendais.."

Ashelia aimait beaucoup parlé de robes et bijoux, cette question allait lui apporté une réponse bien utile au cas où elle ferait quelques dépenses durant son expédition mais elle ne savait pas si les Jinmens apprécieraient le fait qu'elle s'habille comme eux pour leur prouver une quelconque sympathie. Un serviteur vint frapper à leur porte pour leur apporter un plateau composé d'aliments Jinmens c'est à dire un service à thé et des gâteaux de riz maladroitement confectionnés mais pour un cuisinier astorg cela ne devait pas être simple à préparer. La conseillère bu une gorgée de la boisson qui avait un délicieux goût de citron vert puis elle questionna son enseignante sur cette spécialité d'Oyashima.

"Qu'est ce que le thé en soit ? Pourquoi est ce si important pour les Jinmens ? Et comment boivent ils cette boisson ? J'ai eu vent de rumeurs selon lesquelles ils n'ont pas de chaises pour manger là bas, mangent ils debout ?"

L'astorg avait entendu tout un tas de choses qui lui paraissait étrange à propos des Jinmens mais maintenant qu'elle en connaissait d'avantage à leur propos, plus rien l'étonnait vraiment car ils étaient sensiblement différents des azthiens. Ashelia jeta un coup d'oeil furtif sur le livre qui servait d'illustration aux explications de Jelenna mais elle n'arrivait pas à comprendre ce qui était inscrit, elle se rendit alors compte qu'elles n'avaient toujours pas parlé de la langue et des expressions de bases qui lui seraient utiles pour discuter avec un homme ou une femme provenant de l'Est.

"Que signifie les termes inscrits au dessus de l'image de la princesse Ayane ? Shugenja ? Qu'est ce donc que shugenja ? Je me demandais d'ailleurs comment l'on disait bonjour ou au revoir là bas, voir même les expressions de bases telles que : Comment allez vous ? Ou Enchantée de faire votre connaissance. Il y a tellement de choses à apprendre, c'est époustouflant ! J'espère ne pas être une trop mauvaise élève pour vous."

Il était vrai que tant de choses étaient encore à découvrir pour la politicienne mais elle en apprendrait d'avantage par elle même et sur place car il fallait avouer que la théorie ne valait jamais la pratique et cela valait tout autant pour l'apprentissage d'une langue. Ashelia espérait avancer assez rapidement pour apprendre tout ce dont Jelenna avait prévu en lui faisant ce cours mais elle espérait surtout qu'elle arriverait à se souvenir de tout ce qu'elle venait d'entendre pour être prête lors de l'expédition.

[Désengagée]

Jelenna commençait à prendre goût à ce petit cours même si elle doutait d'être réellement utile à la jeune femme. Il était à ses yeux bien délicats de partager toute sa connaissance sur le sujet quand elle même avait mis plusieurs années pour l'accumuler. De plus, elle se sentait légèrement coupable d'avoir menti à sa grande sœur à ce sujet et espérait qu'elle ne lui en voudrait pas trop si jamais elle l'apprenait … Et puis, était-elle seulement une bonne « institutrice » ? Il était quelque peu étrange que les rôles soient ainsi inversés, que la plus jeune confie son expérience tiré de divers ouvrages et des voyages de son propre père à la plus âgée. Si elle était du même âge qu'Eléa, la jeune Astorg semblait parfois plus « jeune », comme si elle était plus proche psychologiquement d'une adolescente. Jelenna la connaissait mal mais elle avait l'impression que c'était un genre que se donnait Ashelia pour se protéger et si elle ne comprenait pas pourquoi, elle devait bien avouer que c'était ce qui l'avait attirée et l'avait poussée à aider cette jeune fille. A ses côtés, sa grande sœur paraissait cruelle, froide et blessante, c'était sans doutes la raison pour laquelle elle avait acceptée de l'aider …

« C'est cela » répondit avec calme la petite fille, non sans se départir de son sourire, car, elle devait bien l'avouer, la jeune princesse appréciait ce rendez-vous et cet échange peu commun, « Ce sont plutôt les clans dans mes souvenirs qui ont imposer de tels mariages, pour assurer un espoir de dynastie peut-être. Quant aux armées, il me semble que le système est beaucoup plus complexe que cela et ne découle pas directement des mariages. »

La jeune fille se permit de réfléchir sur le point qu'avait souligné la comtesse sans parvenir à être d'accord avec elle. Azthia avait sombré à de nombreuses reprises dans des guerres sanglantes mais avait toujours su se départir des haines ancestrales pour répondre aux besoins de ses terres et les peuples s'étaient à maintes reprises unis face à l'envahisseur et ce, même si les alliances de la veille périssait une fois le danger passé.

« Les alliances sont éphémères, de notre côté comme du leur » répondit-elle songeuse.

Les peuples s'étaient alliés pour la sauver, elle, petite Amazone de la cité perdue … Les peuples avaient combattu sous la même bannière pour offrir la paix sur Azthia et si des tensions persistaient encore aujourd'hui, cela ne signifiait pas pour autant que leur terres et leurs cœurs étaient à jamais perdus …

« Des tensions persistent également chez eux, les mariages comme les alliances ne font jamais disparaître les rivalités d'après Mère ... » débuta-t-elle avant de se rendre compte que cette conversation était déplacée et qu'elle n'avait pas à porter de jugement sur les choix des uns et des autres, ce n'était pas son rôle … « Elle est la deuxième héritière après les jumelles d'après ce qui est écrit là, en somme, elle n'a que peu de chance de régner un jour mais un mariage lui offrira certainement gloire et honneur ! » la petite demoiselle marqua ensuite une pause et poursuivit, cherchant à répondre au mieux à ses questions, « Les vêtements de cérémonie d'après mon père sont les yutaka en été, c'est … une sorte de … enfin ils appellent cela des kimonos ! Ce sont leurs tenues traditionnelles. »

La petite fille réfléchir à la question réelle dont son interlocutrice souhaitait obtenir la réponse. Les vêtements faisaient partie du folklore Jinmen, il fallait donc mieux lui expliquer certains points, surtout que, d'après son père toujours, leur façon de concevoir le corps comme l'habit était très différent d'Azthia. Jacen avait même dit que Eléa se trouverait bien malheureuse dans ces contrées …

« Les Jinmens conçoivent très différemment de nous le corps et l'habit. Les décolletés sont à proscrire pour les femmes ainsi que les bijoux, elles se montrent humbles en toute circonstance car telle est la loi du Tao de Shinseï. Il en va de même des hommes mais rien n'interdit de se parer des plus belles soieries et des plus belles armes. Si vous êtes invitée chez un Jinmen, je vous suggère de vous habiller comme eux, cela montrera que vous êtes digne de confiance et respectueuse. C'est important d'après mon père ! »

La jeune fille essayait de répondre au mieux aux questions de la jeune femme tandis qu'un serviteur du palais apporta quelques victuailles Jinmens, ce qui ne manqua pas de la faire sourire. La maladresse du pâtissier était adorable mais elle n'avait pas faim aussi ne toucha-t-elle point aux mets proposés.

« Plus qu'une boisson, le thé est un art chez les Jinmens, mon père m'a souvent dit qu'il n'avait jamais rien vu de plus beau que la cérémonie du thé ! Et oui, ils mangent sur des tables basses, assis à genoux sur des coussins que papa estime peu confortable. Tout cela répond encore une fois à leur volonté de vivre humblement d'après lui ! »

Elle sourit, se rappelant du mécontentement de son père lorsqu'il s'était plains de ses articulations douloureuses ! La petite fille s'étonna qu'elle parvienne à lire le mot et n'hésita pas à le faire savoir à voix haute.

« J'ignorais que vous saviez lire le Jinmen » elle réfléchit avant de répondre, « C'est en effet noté Shugenja, ce sont … comment vous expliquer … des prêtres, des élémentaires qui travaillent dans l'administration. Ce sont comme nos élémentaires mais chez eux, ils ne travaillent pas pour le corps armé, uniquement pour l'administration. »

Elle ignorait si elle était claire et précise comme le souhaitait la jeune femme mais espérait que ses explications suffiraient à la satisfaire et à lui faire comprendre l'essentiel de cette si complexe civilisation ! Elle-même rêvait en secret de se rendre « de l'autre côté » pour voir tout cela de ses propres yeux !

« Ohayô veut dire bonjour et Konban signifie bonsoir. Pour dire au revoir, il s'agit de Sayônara, enchantée se dit Hajimemashite »

Jelenna s'employa de son mieux à répondre à la suite de ses demandes, lui apprenant quelques bases de langage et de politesse pour qu'elle puisse s'en sortir un minimum si elle venait à rencontrer des natifs. Il était difficile de partager son savoir en une soirée mais elle espérait que cela suffirait à la demoiselle pour comprendre les bases et la pousserait à apprendre d'elle-même le reste. Certes la langue était difficile mais la petite fille était persuadée que la conseillère n'aurait aucun mal à l'apprendre !

Le temps fila à une vitesse démesurée si bien que la demoiselle ne se rendit pas compte de l'heure qu'il était lorsqu'enfin, les questions de la jeune femme se firent plus rare. Il était étonnant de voir à quel point c'était difficile d'enseigner quelque chose même si la chose en question nous passionnait ! Pour autant, Jelenna n'était pas mécontente d'avoir pu aider la conseillère même si une pointe de culpabilité naissait dans son for intérieur lorsqu'elle repensait au mensonge qu'elle allait devoir servir à sa sœur aînée. Elle réprima un bâillement et ce dernier lui fit prendre conscience de l'heure qu'il était. Il allait falloir qu'elle trouve une bonne excuse, sans quoi, Eléa ne serait jamais satisfaite et risquait de lui en vouloir ! Ou même plus simplement de s'inquiéter pour rien. Sans doutes la jeune femme fulminait-elle déjà ... Peu importait en somme maintenant. La demoiselle fixa son "élève" avant d'ajouter tranquillement :

« Je suis au regret de devoir vous quitter, ma sœur n'apprécierait guère ces entrevues, mieux vaut donc que j'évite d'attiser sa curiosité par une absence trop longue. Si vous le souhaitez, je vous retrouverai ici demain à la même heure. Je vous souhaite une bonne soirée mademoiselle Ashelia. »

Avec un doux sourire, la jeune princesse se leva et quitta les lieux d'un pas calme. La tempête attendait surement au dehors.

[ Désengagée ! Compétence connaissance des langues validée miss !
Tu es libre de poster à la suite pour te désengager ou non. Pense cependant à éditer le titre ]