[DA] Fuite [pv: Xialan] (fini)

Le bateau revenait enfin vers le port avec une vitesse modérée. Sans savoir pourquoi, Vaiarii trouvait relaxant, presque divin l'impression de monter et descendre sur les flots à chaque fois que la coque heurtait une vague.

A l'arrière se trouvait une cargaison de poisson raisonnable ainsi que plusieurs pécheurs impatients de rentrer à la maison. Faut dire que passer une semaine en mer n'était pas pour déplaire, mais le bruit de la ville, le braillement des gosses en rentrant manquaient aux marins. Pour Vaya c'était le contraire, il allait certainement rester dans la cabine ou il attendrais le prochain départ, de toute façon personne ne l'attendait à sa maison et il n'avait pas l'habitude de rendre visite à sa mère. "Quand on coupe le cordon c'est pour de bon" aimait il se rappeler. Pour lui, revenir à la maison signifiait une défaite, une demande d'aide car il ne savait pas s'occuper de lui-même.

Ils arrivaient; les mats d'autres embarcations entouraient leur navire tandis que le jeune-homme s'affairait tantôt à plier les voiles, tantôt à laver la cuisine. Il mettait son honneur en jeu sur ce dernier point, une cuisine crade signifiait soit un manque d'organisation, soit un personnel qui en avait strictement rien à foutre de faire cuire une viande dans un jus de poisson vieux de trois jours.

Leur emplacement réservé était toujours en parfait état; l'ancre était prête à être larguée, le pont nickel, les matelots à leur postes, le comité d'accueil.....un comité? En rentrant de mer personne ne les attendait alors pourquoi tout ce beau monde?
En regardant de plus près Vaya reconnut le mage qu'il avait flanqué à l'eau quelques jours auparavant. Celui-ci était entouré d'une bande de malabars et armé d'un sourire carnassier.

-Mon bras à couper qu'il va essayer de se venger, ricana t'il.

-Bien sur cerveau de poulpe! Bon sang tu réfléchis jamais avec de flanquer un coup à un client toi?! Répondit Sven, un marin de l'embarcation.

Le jeune homme se prépara au combat, s'armant de ses meilleurs couteaux de bouchers, il avait déjà un plan en tête. Le navire s'arrêta, baissa le pont et laissa monter cette "garde royale" qui visiblement n'était pas là pour vérifier l'état des poissons.

-Je t'avais bien dis que j'étais important minus, dit le mage en sa direction; j'ai amené quelques copains qui aimeraient bien te saluer

*Des copains ouai...j'vais passer un sale quart d'heure*

En terme de force le cuisinier avait peut-être sa chance, mais les armes des gardes allaient certainement faire toute la différence. Vaya prêt à lancer une vanne baissa les yeux pour voir un chien. Attaché à une laisse en cuir, l'un des hommes à bord semblait être ton maitre. Le toutou vit le cuisinier et commença directement à baver, aboyer, visiblement prêt à le dévorer.

-Ah un animal hein? dit Vaiarii se craquant les phalanges, son regard était dur, impitoyable, dangereux, vous savez ce que je fais quand j'me fais attaquer par un animal? Grand silence, Je cours!!!!!!

Décidément, lui et les animaux.... sous les yeux ébahis de la garde et du mage qui s'attendaient à une résistance et sous le rire puissant de ses compagnons marins qui connaissaient très bien la phobie du jeune-homme; Vaya se jeta par-dessus bord la tête en première pour atterrir dans l'eau. Sans perdre de temps il rejoignit la berge, se hissa et pris ses jambes à son cou en entendant: "Choppe max, Choppe le!".

Un chien à ses trousses? Les poils hérissés, Vaiarii courra le plus vite possible pour aller dans le marché du port, il fallait absolument qu'il s'échappe de cette poursuite. Si il se faisait attraper, il aurait certainement le droit à une séance de torture offerte de la maison ou pire, à une morsure de ce clebs! Sous les yeux surpris de marchands il courra vers la ville ou peut-être il trouverait refuge à l'abri du flaire du chien.

-Merde merde merde merde; j'vais mourir!

L’heure du départ approchait, Xialan avait réussit à se séparer de ses deux juments lors de son séjour à Cydonia.
La jeune fille avait été émerveillée par l’effervescence, la modernité et la mixité des peuples qui vivaient dans la cité. Arrivée à la mi-soufflevent, elle décida de ne reprendre la route du retour qu’à la fin de ce même mois. Décidément, ce voyage aura été riche en découvertes et en rencontres. Quelles histoires merveilleuses elle pourra narrer à sa mère ! Elle qui n’avait jamais voyagé refuserait sûrement de la croire. Et pourtant, tout cela était bien vrai et se déroulait à l’instant même sous les fenêtres de sa chambre . Elle s’approcha de la fenêtre afin de contempler le port qui se trouvait près de son auberge. Sentir les embruns et percevoir au loin l’agitation des hommes qui embarquaient et débarquaient lui faisaient étrangement du bien, malgré qu’elle n’ait jamais mis le pied sur un bateau.
Il faisait doux aujourd’hui, elle était vêtue d’un pantalon ample en lin et de petits chaussons de toile noire qu’elle troquerait pour des bottes fourrées lorsqu’elle approcherait de Storghein. Son haut se nouait dans le cou découvrant ses omoplates et ses bras, tenue qu’elle ne s’autorisait que lorsqu’elle était seule. Même face à sa mère elle était gênée d’arborer ce triste souvenir. Quelqu’un frappa légèrement à la porte et demanda l’autorisation d’entrer. Xialan attrapa son boléro aux larges manches et l’enfila rapidement avant de laisser entrer la personne.

« Excusez-moi de vous déranger Mademoiselle, je dois préparer cette chambre pour les clients qui arrivent.
- Bien entendu, je suis désolée d’avoir trop tarder. »

La jeune jinmen attrapa son baluchon et sortit de la pièce en adressant un sourire d’excuse à l’employée qui semblait à la fois gênée et ébahie de voir une personne venant d’horizons si éloignés.
Une fois sortie de l’auberge, Xialan se dirigea vers les écuries afin de retrouver son fidèle compagnon. Le soleil automnal lui caressait doucement le visage, une fois à l’ombre des écuries la fraîcheur qui y régnait la fit légèrement frissonner. Elle sella en hâte Xuehua, pressée de retrouver un peu de chaleur. Son paquetage avait grandement diminué au fil des lieues. Il ne lui restait que sa chaude cape de fourrure et ses bottes fourrées, quelques couvertures et provisions pour le trajet jusqu’à Storghein, là-bas elle pourrait refaire le plein pour tenir le coup jusqu’à Koubaï.

Alors qu’elle s’éloignait du port en direction des portes nord de la ville, une étrange agitation éclata. Elle vit un jeune homme poursuivit par un chien en train d’hurler malgré qu’il soit armé de couteaux de boucher. La jeune femme trouva la scène assez cocasse.

« -Merde merde merde merde; j'vais mourir! »

Alors que la demoiselle s’engagea sur la route, le chien passa dans les pattes de Xuehua qui se cabra en hennissant ce qui mit l’animal en fuite. Des voix en colère continuaient de s’amplifier comme si un groupe se rapprochait.

*Cela ne me concerne pas, il est temps de partir.*

Elle fit faire volte-face à son étalon et partit vers la sortie de la ville.

L'animal toujours à ses trousses, le jeune-homme perdait un peu son sens d'analyse. Plus il courrait et plus il ressemblait à un animal sauvage pris en casse par des attaquants, il ne pensait plus à une cachette convenable, ni à une façon de se perdre dans la foule, tout ce qu'il faisait c'était courir dans tous les sens si bien qu'à plusieurs reprises il échappa de justesse aux gardes qui semblaient maitriser la situation mieux que lui, saleté de chien.

Se retrouvant au milieu de la place de la cité, il aperçut au loin la sortie, les portes de la ville. Sans savoir pourquoi il se précipita dans cette direction. Oui c'était stupide, une ligne droite, sans cachettes et bien sur si il s'échappait ou irait il? Vers une autre ville? Laissant son navire derrière lui? Même si il acceptait cette séparation il se ferait vite rattraper sur les plaines. Continuant à courir il vit une cavalière entre lui et les portes; les chevaux non plus ne tenaient pas une grande place dans son coeur mais à tout choisir, il préférait passer à côté de la monture plutôt qu'une morsure. Il passa non loin du cheval en direction des portes.

-Fermeture!

Quoi? Un cri venait d'en haut de la muraille; pourquoi fermaient-ils les portes? Il n'était pas l'heure .....la réponse était simple, ce foutu magicien, bien que pitoyable, avait certainement pensé à tout et interdisait le passage à tout le monde uniquement pour avoir sa vengeance. C'est à ce moment-là que Vaiarii réalisa son erreur; dans ce bas monde les faibles peuvent avoir beaucoup de pouvoir selon leur statut et le magicien jouait certainement un peu trop du sien.

*Vite, que faire? Retourner au bateau? Innutile ils savent ou c'est; chez ma mère? Non, vaut mieux pas lui causer d'ennuis; se cacher ici? A quoi ça servirait? Ils finiront bien par me trouver...*

Ne trouvant pas de solution possible, il sa chance s'emparer de son destin...et ça marcha! Apellez le un miracle si vous voulez, mais le chien lâcha sa proie du regard un instant suite à une bousculade qu'il créa avec un cheval.

*Parfait*

Profitant de cette inattention, le jeune-homme plongea derrière un stand sur le côté pour se cacher derrière des caisses et une table; ce n'était pas grand-chose, mais ça suffirais pour l'instant. Le chien releva la tête confus de la disparition du cuisinier. Alors bien-sur , il aurait pu le retrouver avec le flair, mais la cité basée près d'un grand port sentait la mer dans chaque rue et les habitants avaient cette odeur de sel sur leurs habits, comment distinguer un fugitif à un vendeur dans ces cas là?

Le chien immobile attendit un peu ses maîtres qui arrivèrent en courant dans la rue. Il ne fallait pas être un grand penseur pour comprendre ce qui venait de se passer, de ce fait, les hommes commencèrent à tourner deux ou trois minutes dans les environs afin de trouver le cuisinier. Laissant rapidement tomber la recherche, la seule façon pour le mage de se sentir mieux était forcement d'accuser quelqu'un d'autre.....et bien sur qui de mieux placé que cette cavalière en plein milieu du chemin?

-Toi! Cria le mage, fatigué et en colère d'avoir raté sa cible, c'est de ta faute! Ton cheval à désorienté mon chien! Ou même pire, si ça se trouve tu as aidé à cacher ce sale garnement.

Vaiarii toujours caché comprenait à peu près la situation: Le ou la cavalière (il n'avait pas eu vraiment le temps de voir) se retrouvait coincé dans une situation peu agréable. Le mage portait la faute sur cette nouvelle personne qui ne pouvait plus fuir (pour cause des portes fermés) et qui avait peut-être même vu ou Vaya s'était caché. Le jeune homme n'aimait pas ça mais il fallait se rendre à l'évidence, tant qu'il y avait ce chien il ne pouvait pas faire grand-chose.

*Esperons que les hommes se calment et qu'ils continent leur recherche pus loin sans lui faire de mal*

-Je suis sur que tu es dans l'affaire, cria un garde en retirant son épée du fourreau et la pointant vers la personne à cheval.

*Autant pour cette idée...*

A peine Xialan s’était-elle qu’une voix furibonde l’interpella dans son dos et de façon grossière qui plus est.

« Toi! C'est de ta faute! Ton cheval a désorienté mon chien! Ou même pire, si ça se trouve tu as aidé à cacher ce sale garnement. »

La jeune femme inspira profondément, les yeux fermés, afin de maîtriser sa colère. Ses sentiments incendiaires se déversaient dans l’esprit de Xuehua qui s’agitait en frappant du sabot. Puis le dos raide, la Jinmen fit faire demi-tour à son étalon afin de faire face à ce personne on ne peut plus outrancière. Alors qu’elle manoeuvrait, un homme armé prit à son tour la parole.

« Je suis sûr que tu es dans l'affaire !»

Les prunelles de la jeune femme se durcirent et son regard se fit tempête. Intérieurement elle essayait tant bien que mal de se contenir.

*Xialan, prends sur toi, tu n’es pas à Koubaï ici, les gens ne te connaissent pas et ne te respecte pas. Cet idiot ne sait pas encore qu’il s’adresse à une étrangère. Si tu t’emportes, tu risques de gâcher tes chances de pouvoir faire du commerce ici à l’avenir, pense à ce que maman dirait. Elle te dirait de cesser de faire ta tête de mule et de te montrer plus intelligente.*

Soit, il fallait répondre à ces accusations sans fondement. L’agacement qui la gagnait renforçait son accent bien qu’elle parlait couramment le cydien.

« Cessez de me menacer et de me hurler dessus cher monsieur. Je vous signale que je ne suis en rien responsable de votre conflit avec ce jeune homme ni même de sa fuite. J’aimerai également que vous me témoigniez un peu plus de respect alors que votre chien enragé aurait pu me blesser moi ou pire ma monture. Est-ce que vous vous rendez compte du prix d’un tel étalon ? Je ne pense pas… »

Puis avant même que le mage ait pu de nouveau placer un mot, elle enchaîna.

« Par ailleurs, sachez que nos deux pays viennent tout juste de débuter leurs relations, je ne pense pas que le fait qu’une ressortissante Jinmen soit blessée en Azthia puisse être la meilleure idée qu’il soit. A moins bien sûr qu’un conflit diplomatique ne vous importe peu? Mais je pense également que les autorités Cydienne n’apprécieraient pas qu’un de leurs concitoyens se permette de provoquer un conflit avec de possibles partenaires commerciaux. »

Bien sûr, il y avait une part de bluff dans les propos de Xialan, mais aussi une part de vérité. Que ce soit en Azthia comme à Oyashima, on savait que les relations diplomatiques naissantes entre les deux pays étaient encore fragiles et qu’il aurait fallut de peu pour que la méfiance s’installe. Malmener une Jinmen, à plus forte raison une « fragile » jeune femme, n’était vraiment pas ce qu’il y avait de plus intelligent à faire.

*J’ai bien fait de cacher mon arc dans des linges au moins comme ça on pense que je me fais attaquer alors que je suis désarmée, je ne pense pas que cet homme bête et imbu de lui-même irait aussi loin*

Haussant un sourcil, elle reprit une dernière fois la parole mais cette fois sensiblement plus fort afin que tous les curieux assistant à la scène puissent profiter de ses propos. La pression collective peut parfois faire flancher les plus têtus.

« Peut-être devrais-je rentrer dans mon pays et faire savoir à tous combien il est dangereux de commercer avec Azthia ? De commercer dans un pays où une femme seule est menacée par des hommes armés juste à cause d’une coïncidence ! Quelle déception, moi qui pensais raconter à quel point Cydonia est merveilleuse…Mais finalement il semblerait que ce soit un repère de bandits où l’on accuse les gens sans raisons… »

Ces derniers mots, elle les avait prononcé avec des larmes dans la voix bien qu’elle ne perdait en rien son aplomb, perchée sur le dos de Xuehua. Elle cessa alors sa tirade afin de laisser aux gens le temps de digérer l’information et d’attendre la suite des évènements.

*Cette fois, ou ça passe ou ça casse. Espérons que cet homme soit suffisamment intelligent pour renoncer à ce conflit.*

« Cessez de me menacer et de me hurler dessus cher monsieur. Je vous signale que je ne suis en rien responsable de votre conflit avec ce jeune homme ni même de sa fuite. J’aimerai également que vous me témoigniez un peu plus de respect alors que votre chien enragé aurait pu me blesser moi ou pire ma monture. Est-ce que vous vous rendez compte du prix d’un tel étalon ? Je ne pense pas… »

Vaiarii se tapa le front avec sa main, cette pauvre femme qui avait du subir une colère qui ne lui était pas dirigée à la base répondait avec politesse. A quoi servait les bonnes paroles dans une situation comme celle-ci et surtout, à quoi servait la discussion avec les hommes qu'elle avait en face? Les personnages mesquins étaient certainement fils de dirigeants ou bien d'hommes haut placés, ils ne craignaient rien et surtout pas une chevalière armée de sa bonne conscience. Le cuisinier se mordit les doigts en espérant que la mort de l'inconnue serait rapide et sans douleur. Culabilité? Oui il en ressentait un peu, mais dans l'occurrence comme tout être humain il pensait à sa sécurité avant tout.

Donc plié en deux dans sa cachette, le jeune-homme attendait patiemment des bruits de bataille; mais il se passa une chose assez innatendu; la femme à cheval, dans une grande mise en scène, arriva à faire douter le mage ainsi que ses hommes. Elle utilisait des propos comme l'alliance diplomatique, le commerce, la bonne réputation de cette ville qui risquait d'être ternie, et je dois vous avouer que Vaiarii était bouche bée. Un jeu de bluff comme ça était tout simplement splendide! Même le plus crétin des imbéciles n'aurait pas idée de lever la main sur la jeune femme après sa tirade; de plus certains commençants se rassemblaient en masse pour assister au spectacle ou du moins pour voir d'où provenait ces cris et ces accusations.

Surpris, Vaiarii assista à une scène peu commune. Les hommes se calmèrent avec une vitesse affolante, rangeant leurs armes et leurs poings ; le mage, bien forcé de faire bonne figure et d'accepter sa défaite cuisante, fit une révérence (quoique avec un peu de moquerie histoire de garder un semblant d'ego pour lui-même) et s'excusa platement avant de faire demi tour le plus loin possible de cette femme démone avec des mots puissants. La foule se dissipa lentement pour laisser la rue dans son état habituel: plutôt vide sans compter la cavalière et Vaya.

Le jeune-homme se leva (maintenant sur d'être hors de vue du mage) et s'approcha doucement de la dame. Il s'inclina humblement en essayant de montrer tout le respect dont il était capable.

-Merci madame; je m'excuse de vous avoir mis dans une situation pareille, mais je ne peux qu'applaudir votre façon de répondre.....c'était tout bonnement magnifique, si vous voulez mon conseil vous auriez dû faire diplomate.

Ca se sentait, il ne savait pas sur quel pied danser; ses phrases étaient sérieuses, mais avec un ton de plaisanterie dissimulé. En fait le cuisinier ne savait pas la réaction qu'allait avoir cette femme, de la colère, du dégout, du mépris peut-être ou bien de la froideur? Dans tous les cas il ne voulait pas savoir, si lui savait faire des plats succulents il savait pertinemment qu'une insulte de la cavalière serait rude et ne lui laisserais pas la chance de répondre.

Ne voulant pas trainer plus longtemps devant cette personne qu'il considérait comme dangereuse, il s'inclina une deuxième fois.

-J vous remercie encore; mon nom est Vaiarii, et si vous avez besoin de provisions je vous en ferais cadeau, mais si vous êtes pressée je ne vous embêterais pas plus longtemps, les portes seront de nouveau ouvertes dans peu de temps j'imagine.

Le cuisinier attendit patiemment devant l'inconnue en essayant de faire abstraction du cheval qui lui faisait réellement peur. Si cette chose décidait de l'approcher.......il se figerais sur place; bien sur il pouvait courir ou se défendre, mais pas contre cette femme qui avait été mise dans le pétrin par sa faute.

Finalement, les mots de la jeune femme semblaient avoir visé juste. Les hommes qui lui faisaient face se départirent de leur attitude menaçante et rangèrent leurs armes. Semblant se tasser sur eux même, ils furent bien obligés de présenter leurs excuses à la Jinmen qui se tenait toujours aussi raide, les regardant de haut. Le ‘chef’ alla même jusqu’à s’incliner, en faisant toutefois sentir clairement que cela n’était pas une véritable marque de respect, ce qui entraîna une légère crispation dans la mâchoire de Xialan.

*Reste calme face à ces imbéciles, ils veulent sauver la face mais tu as déjà gagné. Ne ravive pas le feu de la confrontation.*

Elle les laissa donc partir et pu enfin se détendre un peu. Au moins, elle avait évité le combat. Bien qu’elle aurait pu en abattre un ou deux, elle n’aurait jamais fait le poids face à toute cette troupe, de plus tuer des gens n’est pas bon pour le commerce.
La place se vida peu à peu de la masse de curieux qui s’était attroupée. Certains riaient, d’autres débattaient mais qu’importe, elle allait partir bientôt et ne reviendrait pas dans la cité portuaire avant plusieurs mois, voire années. Cependant, cette agitation lui rappela soudainement qu’elle n’avait rien avalé ce matin et que la veille elle ne s’était pas réellement alimentée. Elle se sentit un peu chancelante mais tenait bon. C’est à ce moment-là qu’elle aperçu une silhouette sortir de derrière un tonneau et s’approcher d’elle l’air à la fois effrayée et penaude. Quand celle-ci s’approcha encore, elle reconnu l’homme grâce à qui elle s’était retrouvée dans un tel pétrin.

*Il va falloir que je le remercie celui-là !*

Xialan essaya de reprendre contenance malgré son estomac qui la torturait et se composa un visage de marbre dans le but d’intimider le nouveau venu quand celui-ci prit la parole :

« Merci madame; je m'excuse de vous avoir mis dans une situation pareille, mais je ne peux qu'applaudir votre façon de répondre.....c'était tout bonnement magnifique, si vous voulez mon conseil vous auriez dû faire diplomate. »

De la flatterie… L’éleveuse ne répondit rien attendant que l’homme finisse ses excuses.

« Je vous remercie encore; mon nom est Vaiarii, et si vous avez besoin de provisions je vous en ferais cadeau, mais si vous êtes pressée je ne vous embêterais pas plus longtemps, les portes seront de nouveau ouvertes dans peu de temps j'imagine. »

Le malaise de Vaiarii était palpable ce qui donna à Xialan un semblant de satisfaction, au moins il semblait sincèrement désolé et même effrayé. Quand ce dernier prononça le mot de ‘provisions’ l’estomac de la Jinmen se manifesta timidement. Une petite réprimande s’imposait toutefois.

« Sachez monsieur, que lorsque l’on se met dans le pétrin, on évite d’impliquer les autres. De plus on évite de se comporter comme un lâche alors que ladite personne se retrouve manifestement en danger de mort ou d’emprisonnement. J’ai parcouru tant de lieues pour venir commercer avec les cydiens et voilà que j’ai failli perdre le bénéfice de ce voyage et des dangers que j’ai bravé à cause d’un petit voyou qui ne sait assumer la conséquence de ses actes ! »

Xialan détestait se montrer hautaine cependant, à ses yeux, cet homme sans honneur l’avait bien mérité. Elle marqua une pause avant de poursuivre d’une voix un peu moins tranchante.

« Toutefois, vous avez eu le courage de venir vous présenter à moi et de faire face à mes réprimandes. J’accepte donc votre offre, ou plutôt je vais vous demander un service en retour. Je voudrai que vous m’offriez un petit-déjeuner digne de ce nom car toutes ces émotions m’ont mise en appétit ! Mais gare à vous si la pitance que vous me proposez ne me convient pas ! Je pourrai très bien rappeler cet individu qui a osé m’accuser pour qu’il vous règle votre compte… »

Ces derniers mots elle les avait prononcé en retenant un sourire, imaginant la terreur du gredin face au retour possible de ses poursuivants. Sadique ? Pas du tout, ces péripéties l’avaient seulement mises d’une humeur massacrante…

Vaiarii n'appréciait en rien les réprimandes car dans ces moments-là il se sentait comme un enfant perdu face à tant de gronderie; pourtant il acceptait sa faute et essayait de se mettre dans la situation de la jeune-femme. A sa place il serait peut-être devenu violent ou aurait fui les gardes pour satisfaire son désir d'aventure, finalement, se faire "gronder" n'était pas si mal que ça compte tenu des circonstances.

Remarquant lui aussi l'estomac de la femme gronder un peu, il sourit en se disant qu'elle était finalement humaine elle aussi.

« Toutefois, vous avez eu le courage de venir vous présenter à moi et de faire face à mes réprimandes. J'accepte donc votre offre, ou plutôt je vais vous demander un service en retour. Je voudrai que vous m'offriez un petit-déjeuner digne de ce nom car toutes ces émotions m'ont mise en appétit ! Mais gare à vous si la pitance que vous me proposez ne me convient pas ! Je pourrai très bien rappeler cet individu qui a osé m'accuser pour qu'il vous règle votre compte... »

Son diner? Ne pas satisfaire quelqu'un? C'était un défi qu'il aimait et il s'imaginait déjà les plats qu'il devrait proposer; en ce qui concernait sa menace il n'avait pas vraiment peur; si le mage revenait sans le chien il aurait pu s'en occuper à sa façon , il n'y avait pas de quoi stresser. Poli, le jeune-homme lui fit signe d'avancer vers le port en marchant à ses côtés. Tendu d'être à côté d'une bête qui pouvait mordre de l'avant ou bien faire une ruade de l'arrière, il calculait ses pas pour se trouver pile-poil au niveau des flancs de la bête. Il jeta un coup d'oeil au visage de la cavalière qui ne passa pas inaperçu et attrapa une cigarette dans sa poche pour faire semblant d'être occupé.

-Vous n'etes pas d'ici tout comme moi, et pour le commerce soit vous venez d'un commerce géant soit vous êtes là pour les chevaux....chose qui ne m'intéresse pas du tout, fit il en rigolant, j'aime pas ces bêtes là, ou peut-être dans un plat au pire.

Ses paroles ne cherchaient aucune réponse, mais tendaient plutôt au but de faire passer la marche de cinq minutes un peu plus rapidement, par contre il était réellement intéressé par le voyage qu'elle avait accompli.

-Si vous acceptez, en mangeant vous pourrez me raconter d'où vous venez, j'suis curieux dans le domaine du voyage, lâcha t'il arrivé au port

Plusieurs bateaux étaient encrés flottant avec les rares vagues de la mer. Le sien se trouvait un peu plus loin à gauche, le dernier. Bien sur il n'était pas digne d'un navire de guerre, ne possédait pas quatre voiles et des canons, mais il faisait l'affaire en ce qui concernait la navigation, était assez rapide et aménagé pour satisfaire aux goûts de tous. Vaiarii mena la jeune-femme à son embarcation tout en jetant un regard dans les alentours pour être sur de ne pas être suivi.

-Je suis désolé, mais pas de dada à bord, ordonna t'il en regardant le cheval qui n'avait rien demandé à personne, je peux éventuellement lui donner des restes.....ou du pain si c'est plus pour son...euh...régime.

Sans laisser le temps de répondre, il fonça vers le centre de son embarcation pour aller dans la cuisine.

-Allez dans la cale! Prenez un sac et des provisions !

Face à ses réprimandes, Vaiarii ressemblait à un enfant prit en faute ce qui fit sourire Xialan. Par ailleurs, il semblait très mal à l’aise mais la jeune Jinmen, au premier abord, n'arrivaient pas à deviner pourquoi. Puis, les coups d’oeils répétés du jeune homme vers Xuehua lui donnèrent un début de réponse qui fût confirmé par les propos de ce dernier.

« Vous n'êtes pas d'ici tout comme moi, et pour le commerce soit vous venez d'un commerce géant soit vous êtes là pour les chevaux....chose qui ne m'intéresse pas du tout, j'aime pas ces bêtes là, ou peut-être dans un plat au pire. »

Il parlait beaucoup mais laissait peu de temps à la jeune femme pour s’exprimer. Elle se contenta donc d’un langage corporel. Elle acquiesça quand il parla de commerce et de chevaux mais fronça les sourcils quand il parla de mettre son étalon dans un ragoût quelconque.
Alors qu’il continuait à papoter, un petit navire à l’allure proprette et simple apparut devant eux. Xialan nota la méfiance du Vaiarii qui vérifia qu’ils n’avaient pas été suivis avant de s’engager sur le pont. Aux vues des aventures de la journée, cela sembla un peu censé. Par ailleurs, ce dernier ordonna à la jeune femme de laisser sa monture dehors, ce qui la fit tiquer d’autant qu’il voulait lui donner à manger ses restes. Xuehua avait été nourri à l’auberge ce ne serait pas la peine de lui offrir à manger et qui plus est de mauvais grâce. Elle le laissa donc au pied de la passerelle qui permettait de rejoindre le pont non sans lui avoir accordé une caresse pleine de douceur avant de grimper à la suite de ce drôle d’énergumène.

*Décidément il fait un beau froussard, il y a des choses bien plus dangereuses qu’un simple cheval !*

Elle fût interrompue dans ses pensées par l’intervention de Vaiarii qui s’enfonçait déjà dans ce qui devait être la cuisine :

« Allez dans la cale! Prenez un sac et des provisions ! »

La Jinmen se rendit donc dans la cale mais ne prit presque rien malgré que celle-ci soit bien fournie. Quelques pommes et carottes pour Xuehua qui après tout avait bien le droit à une petite récompense puisque c’était lui qui avait mis le chien en fuite, puis elle prit également un peu de viande séchée et des baies pour elle-même. En remontant sur le pont, l’air chargé d’iode lui caressa le visage, le temps clément lui donna envie de rester un peu pour profiter de cet instant car elle ne savait pas quand elle pourrait revenir à Cydonia.
Au bout d’un petit instant, un fumet agréable vint lui chatouiller les narines. Son estomac se réveilla alors et elle se dirigea vers la cuisine. En entrant, elle déposa le sac de provision et s’installa confortablement.

« Voilà une odeur bien alléchante, que nous avez-vous préparé ? Vous semblez plus à l’aise avec la chair morte des animaux qu’avec ceux encore pleins de vitalité. »

Son rire enfantin empli alors la pièce, lorsqu’elle se tût seuls les bruits des casseroles se faisaient entendre.

Spoiler:

La jeune femme partit dans la cale tandis que Vaiarii s'affairait dans la cuisine; il savait quoi préparer et avait pile poil de quoi faire sa recette. Du riz, beurre, poissons, sel, poulpe, c'était aussi simple que ça. Sa main passa sur le manche du poil et son rituel se mit en place. Travaillant rapidement, le jeune-homme ne laissait pas son esprit divaguer à autre chose, il n'y avait que lui et sa recette.

La poile fut mise à chauffer sur un jet de flammes puissant, le riz fut lavé plusieurs fois et les poissons étalés devant lui qui avait un couteau à la main. Un oignon sur le côté fut littéralement déchiqueté d'un coup de lame et balancé au fond de la poile qui commençait déjà à faire fondre le beurre et à faire un bruit aiguë semblable à celui d'un insecte qui cri (les légumes étaient brulants).

Son esprit filait à toute allure tandis que d'une main il versait du riz dans l'ustensile de cuisine en remuant et de l'autre coupait le poisson en lamelles ainsi qu'un petit poulpe qu'il avait acheté le matin même. L'odeur du riz harmonisé avec celle des autres ingrédients lui satisfaisait pleinement et il jeta le saumon frais dans le feu ainsi que quelques légumes trouvés accrochés devant lui.

« Voilà une odeur bien alléchante, que nous avez-vous préparé ? Vous semblez plus à l'aise avec la chair morte des animaux qu'avec ceux encore pleins de vitalité. »

Tiens, elle était revenue. Il ne répondit pas, bien trop occupé à ne pas se cramer la figure. Les flammes montaient maintenant au niveau de son menton et envoyaient une chaleur digne des entrailles de l'enfer, une mauvaise manipulation de la poile et ses cheveux risquaient de prendre feu. Il conta plusieurs secondes dans sa tête et d'un coup d'oeil rapide constata que les légumes et le poisson avaient une couleur parfaite, c'était bon.

Faisant un geste automatique, il attrapa une assiette dans un placard et versa la nourriture à l'intérieur pour résulter à une portion bien généreuse. Il envoya la poile vide dans l'évier en allumant l'eau et se dirigea vers le pont, la cavalière était là et semblait bien plus petite maintenant qu'une bête géante n'était pas en train de la porter.

-Vous allez pouvoir manger, dit il avec un sourire, veuillez bien me suivre.

Comme avec un vrai client, il l'installa à l'extérieur avec une table , un verre de vin des couverts, de l'eau et enfin son assiette avant de lui tirer la chaise pour qu'elle prenne place.

-Riz marin pour vous, dit il simplement avant de s'asseoir en face avec du vin aussi. Il n'avait pas faim, donc a défaut d'avoir à manger, il s'alluma encore une autre cigarette, avant de le regarder en souriant.

-Pour revenir à ce que vous disiez, l'animal est imprévisible, instinctif, et au final complètement con. Il lui jeta un coup d’œil pour voir sa réaction, Un cheval reste un cheval et un chien aussi, d'ailleurs c'est pour ça que beaucoup de gosses se font bouffer le visage, ils embêtent l'animal domestique qu'ils connaissant depuis des années et celui-ci mords, retour à l'envoyeur, mais façon sauvage. Au moins dans un plat on est sûr qu'ils ne peuvent pas nous attaquer, fit il avec un sourire en coin. Bon, dites-moi ce que vous faites là vraiment et ou vous voulez aller, ça m'intéresse.

Vaiarii ignora superbement le compliment de Xialan, totalement absorbé par ses manipulations qui semblaient particulièrement délicates. De longues flammes venaient presque lécher son visage. Cet homme qu’elle avait pris pour un simple écervelé était-il plus passionné et intéressant que ce qu’il avait laissé paraître lors de leur périlleuse rencontre ? N’était-il dans son élément qu’à bord d’un bateau devant des fourneaux brûlants comme les feux de l’enfer ? Malgré ces réflexions intérieures, Xialan était admirative face à la dextérité et la précision de ses gestes, elle qui était piètre cuisinière ne savait faire que des choses très simples. En deux trois mouvements, le plat était dans son assiette. Vaiarii se diregea vers Xialan afin de lui montrer le chemin.

« -Vous allez pouvoir manger, dit il avec un sourire, veuillez bien me suivre. »

Ce fût à cet instant que la Jinmen s’aperçu qu’elle devait lever la tête pour regarder le Cydien dans les yeux. Elle le suivit docilement tandis qu’il l’installait sur le pont.

« -Riz marin pour vous. »

Le plat fumant laissait échapper une odeur des plus alléchantes. Xialan saliva à l’idée d’entamer le repas. Elle prit une bouchée et une explosion de saveur se répandit dans sa bouche. Tout en mâchant elle savourait ce qu’elle dégustait. D’un point de vue culinaire, Vaiarii n’avait rien à n’envier à personne. Elle n’avait rien mangé d’aussi bon depuis un moment.

« Humm, ce plat est un vrai délice ! Merci beaucoup. »

Elle lui souria gentiment, bien loin de ce masque froid et sur la défensive qu’elle lui avait montré face aux poursuivants du cuisinier.

*Peut-être que je l’ai mal jugé finalement.*

A peine avait-elle formulé cette pensée, que le jeune homme se lança dans sa diatribe contre les animaux. Son discours déçu la Jinmen qui haussa l’un de ses fins sourcils en signe de scepticisme. Décidément cet homme était irrécupérable. Elle ne répondit pourtant pas à ses propos sachant que la discussion entre eux sur ce sujet était inutile, leur opinion étant radicalement différentes. De toute façon celui-ci ne voulait pas endébattre selon toute vraisemblance, car déjà il changeait de sujet questionnant de nouveau la demoiselle.

« Bon, dites-moi ce que vous faites là vraiment et ou vous voulez aller, ça m'intéresse. »

Elle prit le temps de mastiquer ce qu’elle avait dans la bouche avant d’avaler sa bouchée, une gorgée de vin vînt adoucir le tout. Puis, elle se cala dans son siège avant de commencer à parler.

« Et bien, comme vous avez dû l’entendre lors de ma conversation avec l’autre goujat, je suis marchande. Marchande et éleveuse de chevaux pour être exacte. Je viens d’Oyashima et plus précisément de Koubaï, j’ai hérité du commerce de mon père il y a quelque temps déjà. J’ai donc entrepris un voyage commercial pour vendre mes bêtes mais aussi pour me faire connaître en Azthia. J’ai à présent terminé mon voyage, je comptais donc rentrer auprès de ma mère afin de poursuivre mon commerce. J'étais d'ailleurs sur le départ quand toute cette affaire à débuter aujourd'hui.»

Xialan se tût et regarda le Cydien. Avait-il vraiment envie de savoir cela, lui qui était si désinvolte ? Peut-être était-ce une simple forme de politesse ? Elle l’examina à nouvaeu avec son regard suspicieux.

« Et vous alors, vous ne ressemblez en rien à un cuisinier et encore moins à un marin ! »

Elle avait dit ce dernier mot en faisant un large geste embrassant l’ensemble du petit bateau.

« Racontez-moi donc un bout de votre histoire. Enfin si vous le voulez bien, évidemment ! »

Après tout cet homme lui avait offert un plat délicieux, elle ne pouvait pas se montrer désagréable avec lui-même si les ascenseurs émotionnels qui lui faisaient subir ne lui plaisaient qu’à moitié. En effet, avec Vaiarii, Xialan ne savait sur quel pied danser.

Vaiiri voguant vers d'autres contrées, le RP est en conséquence terminé. Si le jeune homme retrouve le chemin de nos terres, il vous suffira de contacter un admin pour relancer le sujet si c'est possible.

[ Désengagés Vaiiri, Xialan ]

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