[Terminé - D.A - PV Scarlett] Patibulaires présents de l'Automne.

A chaque saison, Illusio, en bon hôte, va accueillir le nouveau venu.
Il part en éclaireur, allongeant son habituelle ballade pour s'adapter aux changements imposés par le soudain invité. Tout doit être connu et tâté pour qu'une fois le soir, la nature, son terrain de jeu criminel, ne lui réserve aucune surprise malgré les caprices de la saison nouvelle.

Automne. Saison de la mort. Une saison peu appréciée par Illusio. Les vertes feuilles, cachètes aériennes, tombent lentement laissant nus les sommets des grands arbres, et visibles ses occupants. Une fois qu'elle touchent terre, les feuilles finissent leurs agonies en poussant de gémissants craquements qui compromettent à la discrétion d'un pas mal placé. Automne est la plus indiscrète et donc dangereuse des quatre invitées de la nature.

Vacant ainsi et là, l'acrobate passait d'arbre en arbre à l'aide de sauts périlleux dans le silence le plus total, à l'exception des petits grelots surmontant son bonnet d'arlequin, qui semblaient mal supporter cette voltige vertigineuse. Peu importe, il continuait de plus en plus rapidement sa course singesque. Tranchant l'air de sa fine silhouette, chaque bond était plus léger et soluble que le précédent. Mais une morte branche céda, et interrompit brusquement l'acrobate en l'entraînant dans sa chute. Il se rattrapa en plantant ses doigts dans une large cavité du tronc décharné. Les mains, râpées par l'écorce, contenaient le corps frôlant le sol, et Illusio agacé essayait de remonter en poussant violemment sur ses membres. Les grelots eux riaient désormais, une moquerie vengeant les folles voltiges subies quelques temps auparavant. Visiblement agacé, l'acrobate lâcha prise et toucha tranquillement le sol, cimetière des feuilles détachées.

Puis il s'assit lourdement sur les tombes végétales, et soupira. Depuis un certain temps quelque chose n'allait pas. L'étrange rencontre qui avait clos l'été le perturbait. Et il était épris d'une fatigue inhabituelle, qui entravait sa concentration. Et le pire, c'est qu'il sentait que plus les choses allaient passer, moins elles allaient s'arranger. Il pensait que son destin, las de la vie scrupuleusement répétée par l'acrobate, avait décidé de pimenter un peu la chose, et compter surenchérir à chaque instant, amusé par les péripéties que subiraient l'almer.

Des étranges formes sombres plantées au milieu du paysage l'arrachèrent de ses pensées. Illusio, intrigué, et dont l'envie de s'entraîner avait pris congé, alla voir ce que cacher ces imperceptibles choses.
Des ruines avaient germée du sol stérile. Cet amas de pierre se présentait simplement: un mur rocheux un peu plus grand que l'almer s'élargissait sur quelques mètres, et cachait les restes de ce qui semblait être autrefois une bâtisse imposante.
L'acrobate s'aventura dans l'enceinte approximativement délimitée par des dalles témoins d'un ancien temps. Vide de biens et d'objets, la seule chose que remarqua Illusio en cet endroit fut une gravure qui recouvrait tout le mur franchi. Une gravure profonde et acharnée, qui avait rongée le minéral pourtant indestructible pour y former un immuable nom. « AZAEL ».

Azaël. Illusio avait déjà entendu ce son parmi le flot de paroles qui déferlaient dans la Lumineuse. C'était une sorte de démon ou de dieu, qui avait été vaincu à Erathia il y a quelques années, peu de temps avant l'arrivée de l'acrobate.
Car oui, et cela frappa soudainement Illusio, il n'était arrivé que récemment en Erathia. Il semblait avoir oublié qu'il était natif d'ailleurs, de la cité des Almers. Et il ne pouvait lui donner que ce nom, car, et cela fut encore plus choquant pour l'homme, il avait oublié comment on la nommait. Après tout, il n'y avait jamais réellement vécu, jamais intégré au sein même de la communauté, vagabondant dans ses lieux, vivant dans ses alentours, enfermé dans sa caravane. Et ce depuis l'âge qui lui permettait d'avoir des souvenirs, sans doute même avant. Aussi, quand, après avoir suivi un groupe de migrants almers fuyant Maladie, il avait finalement rejoint Erathia, il s'était senti plus dans son foyer. Car la Lumineuse était cité des vagabonds, et il se sentait plus vagabond qu'almer.
Il n'avait pas la moindre idée de ce qui avait motivé la guerre en Erathia. La guerre ne l'intéressait pas. Quand on entend parler de la guerre, les mots ne sont pas assez forts pour la faire vivre. Elle ne reste qu'une notion abstraite, rien qu'un alignement de mots dont le sens est dénué. Mais là, Illusio était confronté à un de ses visages fantôme: la destruction. Alors qu'auparavant il avait entendu maintes fois sans réagir les terribles destructions provoquées par la Guerre à travers une précision qui montrait du doigt une horreur impitoyable, il lui suffisait de voir de ridicules cailloux pour être soudain interpellé. Et il se rendit compte, aussi bête que cela soit, qu'il n'aimait pas la guerre.
Lui mettait fin à la vie de gens dont la malhonnêteté puait tellement qu'elle attirait inévitablement la mort. Mais ces batailles massives apportaient une destruction éternelles de tant de choses, mauvaises comme bonnes. Peu lui importait d'ailleurs le caractère de la chose détruite, seul comptait l'attachement qu'il lui apportait. Et il pensait à Erathia, son foyer, faisant parti des rares qui avaient le droit à une bribe de son affection, et qui avait dû, du moins il le croyait arbitrairement, être menacé par cette guerre, et le serait de nouveau par ces fanatiques aveugles et sourds à l'écoute d'un Dieu invisible. Fanatiques qui ne se battaient que pour un être idéalisé, car si les Dieux étaient réellement immortels et invincibles, comment Azael aurait pu être défait? L'avait-il d'ailleurs était réellement?
La guerre et la foie, épicentre même des pensées des hommes depuis l'ère de leur création, Illusio les avait ignoré jusqu'ici. Et elles jaillissaient d'un coup vif dans son âme, percutant, tourmentant et perforant ses avis neutres, jusqu'ici laissées en paix et qui devaient soudainement assumer leur responsabilités de subjection.

« Si Azael est ce que les murmures prétendent, qu'il m'envoie un signe de sa puissance ou me laisse en paix! »

Ce cri s'était soudainement échappé de la gorge de l'acrobate, emportant avec lui les étranges pensées qu'il venait d'avoir. Perturbé, il ne réfléchit même pas à ce qui venait de se passer, de peur d'entrer à nouveau dans l'antre de ses pensées déchirées et folles qui se combattaient en secret dans son âme.

Il décida qu'il était temps de rentrer pour lui de se reposer, et pour conclure cette épisode d'une manière plus rassurante, il ironisa.
« Heureusement que le signe quémandé n'est pas venu »

Il avait tort.

Storm Corrosion - Drag Ropes

[Terminé - D.A - PV Scarlett] Patibulaires présents de l'Automne. Lhomic13

e temps était sans nul doute la force la plus puissante de ce monde. Il donnait la mort, il faisait les ruines et connaissait tant le passé que le futur, les ruines aux abords d'Erathia n'en était qu'une infime représentation. La plus redoutable des puissances siégeait ici, mais cette époque était désormais révolue. Les temples avaient été remplacés par des ruines, les erathiens n'existaient plus et Azaël n'était plus celui qu'il était. Scarlett était venue dans la région en apprendre d'avantage sur son dieu et sûrement se reposer dans ces lieux bénis d'un aura divinement maléfique.

Elle s'était assoupie le long d'un mur d'où elle pouvait contempler une gravure d'Azaël menant les troupes d'Erathia. Ce devait être une bonne époque pensait la jeune femme, mais cela faisait désormais partie du passé. L'élémentaire avait prit la décision de faire renaître la gloire passé du dieu des morts et elle ne manquait pas d'idées pour mettre à bien ses sombres projets. Des pas annoncèrent l'arrivée d'un intru dans les parages, qui cela pouvait être ? Elle n'allait pas tarder à le savoir mais cet invité surprise venait de perturber son repos, il valait sûrement mieux pour lui qu'il en vaille la peine.

La jeune femme tentait de rester discréte, elle préférait rester dans l'ombre pour le moment. De là où elle se trouvait, elle arrivait à voir un homme portant un drôle d'accoutrement. Encore un artiste pensa t'elle, Cydonia en raffolait. Mais il n'avait pas l'air d'être natif de Cydonia, un almer était plus problable si l'on se référait à la proximité d'Erathia. Il s'amusait à faire toute sorte d'acrobatie, était ce un imbécile atteint d'une maladie ? Il en avait bien l'air, mais elle préféra rester sur ses gardes, ce n'était qu'une supposition. L'acrobate sûrement pris de folie parlait seul, sa voix résonnait dans les ruines et ses paroles parvinrent jusqu'aux oreilles de la cydienne.

"Si Azael est ce que les murmures prétendent, qu'il m'envoie un signe de sa puissance ou me laisse en paix! "

Il se tut un instant, pensant sûrement que le dieu allait agir. Mais rien ne se passait, la jeune femme était pensive. Elle hésitait à intervenir, elle n'aimait pas vraiment discuté quand elle pouvait s'en passer. Mais le garçon fit ce qu'il n'aurait jamais dû faire, il porta atteinte à la divinité en ironisant ses quelques paroles.

"Heureusement que le signe quémandé n'est pas venu"

Scarlett ne pouvait tout bonnement pas laisser cela passer. Elle fit le tour de l'ancien bâtiment et elle se présenta à l'entrée, prenant au dépourvu le mystérieux inconnu. L'obscurité commençait à tomber sur les plaines arides d'Erathia, la nuit n'allait sûrement pas être longue.

"Que sais tu d'Azaël vagabond ? As tu la connaissance universelle pour parler de lui en cette façon ? Serais tu malade au point de blasphèmer sur la plus redoutable des divinités ?"

Elle s'avança vers lui, la main sur le pommeau de son arme. Elle ne comptait pas se battre, mais on ne savait jamais à quoi s'attendre. Il faisait sombre dans la pièce et elle avait du mal à identifer d'avantage cet homme, elle claqua dans ses mains. Des torches abandonnées depuis la chute d'Erathia s'allumérent aux claquements de ses mains. La situation était désormais plus ouverte à la discussion.

"Azaël n'a pas dit son dernier mot. Son courroux maléfique reviendra sur Azthia et je compte bien l'y aider. Je suis son arme, il est mon âme. Je ne puis qu'agir en sa faveur, il ne fait qu'hanter les esprits tel une âme errante mais bientôt sa gloire passée rappelera à tous qui est le plus puissant. La vie et la mort ne sont rien, juste des idéaux donnés aux idiots de ce monde. La vie symbole du bien, mais n'est ce pas la vie qui donna naissance aux pires atrocités de ce monde ? Et la mort que l'on relie au mal vous a pourtant sauvé à de maintes reprises. Tout est question de point de vue. Pour moi, la mort est la solution à toutes questions. Regarde toi manant, tu crois au pouvoir du bien et de la vie n'est ce pas ? Mais n'est ce pas eux qui te font vivre une pauvre vie pathétique et infernale ? Je n'irai pas plus loin mais toi non plus. Tu resteras ici en vie ou non à mon bon vouloir car nul n'a le droit de porter atteinte à mon dieu sans en payer les conséquences."

La gardienne avait fini son discours, il n'était certes pas trés explicite mais la jeune femme annonçait bien ses intentions. Elle ne comptait pas le laisser partir comme si de rien n'était, il était pris au piége.

Surgissement soudain.

Un petit bond retentit dans le corps d'Illusio. Ce n'était pas la peur, mais la surprise qui venait de le traverser de tout son long.

Au dehors, le crépuscule tombait. Ni rayons de soleils qui aveuglent, ni obscurité qui cache, ainsi est le crépuscule. Il permit ainsi à Illusio de déchiffrer la silhouette qui avançait tranquillement vers lui, offrant peu à peu des formes et un visage.
Une dame, dans une tunique militaire délicatement tachetée de sang, le fixait avec un air agréablement sinistre et cruel, en dégageant un doux parfum de mort. L'almer hésitait entre être charmé ou effrayé, mais finalement l'étonnement conserva le règne de son esprit.

En effet épris d'une forte confusion, Illusio ne réagit point, et semblait attendre que le temps décide pour lui de ce qu'il devait faire. Ce fut la voix de la dame qui le tira de son état vaporeux.
"Que sais tu d'Azaël vagabond ? As tu la connaissance universelle pour parler de lui en cette façon ? Serais tu malade au point de blasphèmer sur la plus redoutable des divinités ?"

Un ricanement nerveux crissa dans la tête de l'acrobate. Oui, son destin avait décidé de s'amuser, il lui envoyait désormais la deuxième étape de ses ennuis, qui semblait déjà bien plus patibulaire qu'un fou en robe et que son juvénile apprenti.

La dame s'avança de nouveau vers lui déchirant une distance qui lui semblait déjà trop courte. Elle porta la main au pommeau d'une épée que la distraction de l'almer avait caché, et de l'autre elle claqua des doigts. Et de nulle part, la lumière fut.

"Azaël n'a pas dit son dernier mot. Son courroux maléfique reviendra sur Azthia et je compte bien l'y aider. Je suis son arme, il est mon âme. Je ne puis qu'agir en sa faveur, il ne fait qu'hanter les esprits tel une âme errante mais bientôt sa gloire passée rappelera à tous qui est le plus puissant. »

Ces nouvelles paroles finirent de vidanger le cerveau d'Illusio de son atonie , qui analysa enfin ce dont il était témoin hébété. Ainsi, par une malchance ineffable, l'acrobate était tombé sur une sorte de mage-guerrière qui consacrait sa vie à Azaël. Sur l'échelle du danger, il pensait avoir dépassé les cieux. Peut être était-ce d'ailleurs la cause d'un courroux divin?

« La vie et la mort ne sont rien, juste des idéaux donnés aux idiots de ce monde. La vie symbole du bien, mais n'est ce pas la vie qui donna naissance aux pires atrocités de ce monde ? Et la mort que l'on relie au mal vous a pourtant sauvé à de maintes reprises. Tout est question de point de vue. Pour moi, la mort est la solution à toutes questions. Regarde toi manant, tu crois au pouvoir du bien et de la vie n'est ce pas ? Mais n'est ce pas eux qui te font vivre une pauvre vie pathétique et infernale ? Je n'irai pas plus loin mais toi non plus. Tu resteras ici en vie ou non à mon bon vouloir car nul n'a le droit de porter atteinte à mon dieu sans en payer les conséquences."

La femme ne semblait pas vouloir se combattre. Du moins pas tout de suite. L'almer se laissa donc interpellé par ses paroles. Il semblait il y avoir une logique à tout cela, et le débat était intéressant. Mais le temps coupait court à tout idée de creuser la chose. Il devait caresser cette farouche bête dans le sens du poil, puisqu'elle sentait vouloir décider du destin d'Illusio, destin qui désormais était pris à son propre jeu dangereux. Et il ne pouvait compter que sur la spontanéité hasardeuse de ses mots.

« Pour répondre à la première des questions, je ne sais rien d'Azaël, à part des paroles venant de gens peu crédibles ou recommandables. Aussi, mon cri n'étaient pas blasphème, mais une frustration imprégnée d'une curiosité envers le Dieu.
Je me demandais en effet si Azaël était réellement immortel, ou définitivement défait comme l'aime dire ces soldats trop fiers et orgueilleux que l'on croise dans les cités. En votre présence, je ne peux que constater qu'une partie d'Azaël demeure toujours.
Quant à vos dernières idées, elles sont fortes intéressantes. Mais l'inconnu repousse, vous comprenez. Les gens, qu'ils aient une vie confortable ou hideuse, savent ce qu'elle vaut et ses conséquences, et n'osent pas faire le grand pas vers la mort sans savoir ce qu'elle offrira de son côté.
Quant à moi, je n'ai pas d'avis là dessus. Je ne sais pas si j'aime la vie, si j'ai peur de la mort, et qui des deux vaut le plus. Je sais juste que tant qu'une respiration m'est offerte, je fais en sorte de l'exploiter au maximum.
Enfin, il semble que je dois vous convaincre pour être libéré. Mais je ne compte pas vous amadouer en vous promettant de vénérer à jamais votre Dieu. Je respecte et reconnais désormais sa puissance, mais ça ne va pas au delà. Et après tout, si vous jugez que cela n'est pas assez, ma mort sera plus efficiente qu'une promesse de piété. »

La foule aurait scandé au fou. Paradoxalement il ne pouvait faire plus lucide et simple. Illusio devait convaincre une guerrière dangereuse de ne pas le tuer, et il avait bêtement livré ses pensées dans la sincérité la plus profonde.
Et pourtant, Illusio avait encore fait tout cela dans son intérêt. Il semblait être face à une personne intelligente, et préférait donc la convaincre avec des paroles sincères plutôt que des remontrances criardes qui n'auraient jamais pu la tromper.
Toutefois si cela ne suffisait pas, Illusio ne comptait pas mourir. Comme il l'avait fait tant de fois auparavant, il essayerait de sauver sa vie. Mais quelque chose avait changé depuis qu'il avait rencontré cette femme.

Il ne savait pas pourquoi, dans quel but et dans quel intérêt il passait chacune de ses journées à s'acharner à ça. Il ne savait pas pourquoi il voulait vivre.

e jeune homme semblait euphorique lorsque la gardienne se présenta à l'entrée du vestige. Il l'écouta faire son discours laissant une certaine anxiété l'envahir tout au long de ses paroles, la peur pouvait se lire sur son visage. L'homme n'inspirait qu'à une seule envie, celle de s'enfuir mais il restait là, à l'écouter. N'importe qui d'autre se serait déjà enfuis mais lui ne partait pas, sûrement était ce parce que Scarlett bloquait la seule issue de la pièce et qu'il ne pouvait qu'user de la force des mots pour sauver sa peau. Il la regardait d'un air perplexe et dans un mélange de mots plus ou moins hasardeux il s'exclama.

"Pour répondre à la première des questions, je ne sais rien d'Azaël, à part des paroles venant de gens peu crédibles ou recommandables. Aussi, mon cri n'étaient pas blasphème, mais une frustration imprégnée d'une curiosité envers le Dieu.
Je me demandais en effet si Azaël était réellement immortel, ou définitivement défait comme l'aime dire ces soldats trop fiers et orgueilleux que l'on croise dans les cités. En votre présence, je ne peux que constater qu'une partie d'Azaël demeure toujours.
Quant à vos dernières idées, elles sont fortes intéressantes. Mais l'inconnu repousse, vous comprenez. Les gens, qu'ils aient une vie confortable ou hideuse, savent ce qu'elle vaut et ses conséquences, et n'osent pas faire le grand pas vers la mort sans savoir ce qu'elle offrira de son côté.
Quant à moi, je n'ai pas d'avis là dessus. Je ne sais pas si j'aime la vie, si j'ai peur de la mort, et qui des deux vaut le plus. Je sais juste que tant qu'une respiration m'est offerte, je fais en sorte de l'exploiter au maximum.
Enfin, il semble que je dois vous convaincre pour être libéré. Mais je ne compte pas vous amadouer en vous promettant de vénérer à jamais votre Dieu. Je respecte et reconnais désormais sa puissance, mais ça ne va pas au delà. Et après tout, si vous jugez que cela n'est pas assez, ma mort sera plus efficiente qu'une promesse de piété."

L'élémentaire dévisagea son interlocuteur et d'un geste elle bascula sa capuche et mit à découvert son visage. Un teint halé et des lèvres rouges sang faisaient ressortir une beauté certes meutrière mais sensuellement attirante. Elle s'approcha du saltimbanque et lui répondit avec un sourire dissimulé et une euphorie déconcertante.

"Haha ! Tu es intelligent saltimbanque. Parlons veux tu ! La présence de cadavres est certes apaisante mais ils ne sont guère bavards. Que fais tu ici ?"

Scarlett marchait dans la pièce, elle réfléchissait. Cet almer l'intriguait au plus haut point mais elle ne savait pas quoi faire de lui. Elle aurait aimé l'avoir dans ses rangs mais il n'avait pas l'air de vouloir coopérer. Elle passa délicatement la main dans ses cheveux et le dos au mur, elle reprit parole.

"La mort est la solution à tous nos problèmes. Mais la vie amène de nombreuses solutions à un seul et même problème. Je te laisse la vie pour le moment mais dis moi, comment te nommes tu ? Tu me sembles bien plus rusé et malin que peux l'être un simple danseur itinérant, qui es tu donc ?"

Elle replongea dans ses réflexions et reprit sa marche pensive. Le garçon était vraiment intéressant mais il était trop intelligent pour être piégé aussi facilement, il fallait le convaincre si la gardienne le voulait. Scarlett ne parlait pas souvent préférant la parole des armes que celle des mots mais elle savait user de son charme mortel et de sa fine langue pour obtenir ce qu'elle souhaitait.

"As tu un rêve ? Un souhait cher à ton coeur ? Si oui, je suis celle qui te permettra d'y accéder."

Le silence soulagea quelque peu l'esprit d'Illusio, agité après tant d'inquiétude et de paroles. Désormais il attendait avec appréhension la réaction décisive de son vis à vis, toujours aux aguets d'une possible attaque.
Au lieu de cela, la femme laissa son visage nu, donnant une vision passionnément glaçante d'une beauté sombrement lumineuse entourée par un halo de morbide séduction qui atteignit dangereusement Illusio lorsqu'elle s'approcha de nouveau de lui. Il frissonna d'interdiction et de fascination.

"Haha ! Tu es intelligent saltimbanque. Parlons veux tu ! La présence de cadavres est certes apaisante mais ils ne sont guère bavards. Que fais tu ici ?"

D'un mouvement, ses muscles tendus se relâchèrent, les crispations de son visages s'apaisèrent et toute la nervosité insoupçonnée de son être s'envola brusquement et sans bruit. Il eut même envie de rire lorsqu'il apprit qu'il était intelligent, alors que quelques jours encore on lui soutenait hautement qu'il était fou. Toutes ces qualifications spirituelles étaient si éphémères et subjectives. Elles perdaient tout sens par la diversité de ce bas-monde.
La touche d'humour dans cette même phrase démystifia quelque peu l'interlocutrice d'Illusio. Partiellement soulagé, il lui répondit toute de fois avec précaution et imprécision.
« Je marche et découvre »

Mais déjà la femme et son âme semblait vagabonder ailleurs. L'air pensive, elle lui tourna le dos et reprit la parole:
"La mort est la solution à tous nos problèmes. Mais la vie amène de nombreuses solutions à un seul et même problème. Je te laisse la vie pour le moment mais dis moi, comment te nommes tu ? Tu me sembles bien plus rusé et malin que peut l'être un simple danseur itinérant, qui es tu donc ?"

Les énigmatiques dires prononcées intriguèrent Illusio, mais il ne put réellement y réfléchir car la femme attaqua plus vivement la couche protectrice qui cachait l'identité de l'acrobate. Elle brisa alors aussitôt le charme du mal qu'elle avait émané. Illusio n'y voyait plus que menace, mais il devait la laisser s'immiscer pour ne pas la contrarier, sans lui laisser réellement savoir.

« Mon nom est Julian. Et si je ne suis qu'un simple artiste des rues, c'est que ce monde, avant d'entendre le fond des pensées, regarde la situation de l'homme. Personne ne s'est jamais réellement intéressé à moi que pour l'acrobatie, et selon me convient car au fond, c'est ce que j'aime faire. »

Il ne lui avait donné son nom, peut être à cause d'une prudence instinctive due à cette intrusion désagréable. Il ne savait si il avait eu raison de le faire. D'autant plus qu'il falsifiait avec un vrai nom, celui de l'homme qui l'avait tant énervé quelques jours auparavant. Quoi qu'il en soit, il avait dit avec une telle spontanéité qu'il s'était surpris lui même, et il pensait que le ton avait dissimulé le mensonge.
Puis il avait enchaîné avec ses pensées faciles qui se voulaient critiques, qu'il aimait tant formuler, et qui lui avait sauvé des griffes de cette harpie.

Elle continuait d'ailleurs à happer dans son univers de songes, et Illusio fit de même en attendant sa réponse. Son regard fut attiré par la lumière des torches, comme ces sombres idiots d'insectes qui s'en approchent tant qu'ils finissent par y mourir. Inconsciemment il en prit une dans la main, et commença à la faire tourner discrètement et machinalement autour de son bras, à l'aide d'un mouvement souple du poignet, et sans la lâcher du regard. Elle lui rappelait quelque chose.

"As tu un rêve ? Un souhait cher à ton coeur ? Si oui, je suis celle qui te permettra d'y accéder."

L'harpie se métamorphosait serpent. Et les hommes se laissaient tant de fois bercer par ses sifflements délicieux qui cachaient un venin incurable. Sans doute pour la première fois, le désengagement d'Illusio par rapport à l'avenir et aux rêves lui sauva la vie. Il comprit alors qu'en croyant s'être échappée de la tombe, il était entrée vivant dans le monde des morts. Le serpent, au lieu de le mordre, s'était enroulée tout le long de son corps, et l'étreinte étouffante se resserrerait mortellement lorsque son désir se sera réalisé. Mais quel était ce désir?
Pour le moment, Illusio ne pouvait le décrypter. Il devait répondre judicieusement et rapidement, pour empêcher le serpent d'avoir une emprise totale sur lui, sans se faire mordre. Lui montrer de la réticence sans mais lui laisser de l'espoir.

« La liberté »

Deux mots qu'il lâcha presque au hasard, sans lui même savoir réellement le sens qu'il y portait. Il continuait alors à faire tourner sa torche de plus en plus rapidement, la faisant basculer entre chacune de ses mains, et sans porter attention à son adversaire, comme un enfant qui détourne le regard de son maître, de peur de s'y confronter, mais aussi pour marquer une distance presque hautaine.

Ca y est, ça lui revenait. Cette lueur acrobatique était celle que son père aimait tant faire danser, et dont Illusio admirait les mouvements délicieux et gracieux. On dit souvent que pour se connaître soit même, il fait remonter à ses origines. L'acrobate n'avait vu là qu'une maxime bien pensante et dénuée d'intérêt. Pourtant, tout n'y était pas faux.
Cette belle flamme, qu'on avait jusque là laissé tranquille, exécutait désormais de périlleux mouvements, qui, en fonction du vent qu'elle brassait et combattait, lui permettrait de croître ou de s'affaisser. Jusqu'à qu'elle s'éteigne. Et il ne fallait pas qu'elle s'éteigne. Brûle.

e ton que commençait à prendre cette conversation ne plaisait pas du tout à la jeune femme. Le saltimbanque semblait se moquer impunément d'elle comme si de rien n'était mais ce genre de chose, la gardienne ne le laissait jamais passer. Pour une fois qu'elle se montrait clémente et "gentille", on venait bafouer ce privilège ! Pour qui se prenait ce vulgaire vagabond ?! Scarlett qui était à de rares occasions d'humeur pacifique changea rapidement de ton. Ses remarques se firent plus secs et elle exclua la moindre marque d'ironie dans ses propos. Le garçon s'amusait à danser avec les flammes d'une torche, c'était un spectacle certes intéressant à regarder mais la cydienne n'était désormais plus d'humeur à être sympathique.

"A trop jouer avec le feu on se brûle saltimbanque."

Elle regardait les flammes rougeoyantes qui flottaient dans les mains de l'acrobate, elle claqua dans ses mains. Le feu prit alors plus d'ampleur et s'étala sur toute la torche jusqu'à attendre les mains de l'almer. Et oui, ne jamais se moquer d'une élémentaire car l'on ne sait jamais ce qu'il peut arriver "malencontrueusement". De l'eau qui vous tombe sur la tête, une branche qui apparait miraculeusement devant vos pieds ou encore un feu qui devient subitement incontrôlable, tout cela peut arriver si vite.

Elle s'approcha de lui, la main posait sur le pommeau de sa lame. Elle était maintenant sur la défensive, même un peu plus sur l'offensive mais ce n'était qu'un détail. Ces années passées à travailler dure pour être ce qu'elle est maintenant, bafouer par ce manant, elle ne pouvait se permettre un tel deshonneur pour la gloire de son dieu.

"Tu n'es qu'un crétin mêlé à un bas vagabond, tu n'es d'aucune utilité et ta présence m'est désormais fortement désagréable. Maintenant crève et soit esclave d'Azaël !"

Elle s'avançait avec une certaine grâce, l'arme à la main et lui pour cible. Elle comptait mettre court à cette conversation et la mort sera l'une des issues probables. Le feu aux alentours commençait à grandir en même temps que la colère montait en la gardienne, ce qui n'était pas vraiment une bonne chose quand on voyait les lieux. Les flammes brûlèrent les murs, tout crépitait autour d'eux, la seule sortie était encore loin des flammes mais allaient ils avoir le temps de sauver leur vie ? Scarlett savait son destin dans les mains d'Azaël et acceptait la mort lorsque celle ci devait se montrer mais elle devait savoir que ses jours ne se finiront pas ici. Elle avait un rôle bien plus important à jouer et rien n'avait encore vraiment commencé.

[Asturias - Version Guitare Classique]

Il avait demandé le feu. Il le vit dans toute sa splendeur, infâme et dévorante. La flamme lui embrocha violemment la main, et la consuma aussitôt. Touchant l'apogée de ses souffrances, Illusio d'un mouvement souple dont seul les acrobates ont le secret, mit sa main sous le pied, et l'écrasa de toutes ses forces. Ses os se brisèrent sous cette puissance nourrie par la douleur, mais elle n'arrivait pas à cesser la lave nébuleuse. Il n'était plus question de sauver sa main désormais digérée par le feu, mais il voulait préserver les autres membres de son corps. Vainement.

Alors il se concentra sur son adversaire. Un moment d'inattention lui avait valu une main, le prochain lui volerait la vie. Pour la première fois, il allait livrer un combat en sa défaveur, où il était la proie surprise par le prédateur.
Il fonça alors sur elle pour montrer qu'il n'était pas impressionné, et d'un bond agile il laissa le souffle de l'épée passer sous ses pieds. Il en profita pour lui asséner un coup de son autre main.

Alors que pour chacun de ces crimes, la chorégraphie était libre, il devait ici danser en suivant la baguette tranchante du chef d'orchestre. Seulement, les coups de la femme de plus en plus rapides et précis le fatiguèrent, et il fut très vite dépassé par ce tempo inhumain. Et lui, malgré quelques gestes bien placés ou atteintes rapides, ne ralentissait pas le métronome furieusement opiniâtre.
Le tranchant réussissait maintenant à le toucher. Se fut d'abord le tissu du vêtement, puis l'épiderme jusqu'à presque atteindre les muscles.

Dans le noir de ce lieu cloitré, on aurait pu croire qu'une humaine énervée chassait une luciole. Cette loque luisante connaissait un tel degré de tourments qu'Illusio ne pouvait plus la ressentir.
Et les murs tapissées de flammes dégageaient une chaleur asphyxiante, qui serait à terme provocatrice d'une morte lente et particulièrement désagréable qui le rongerait impitoyablement.
Il comprit alors ce qu'il devait faire.

Alors que l'épée s'apprêtait à infliger un coup fatal, il mit sa main de cendres en opposition. Elle se détacha si violemment qu'elle partie à la volée, et atterrit devant le mur où les cinq lettres gravées du Dieu de la mort avaient prises feu, et faisaient briller son nom face à l'insignifiante patte calcinée et soumise de l'acrobate.
Mais le temps que la lame prit à traverser le membre meurtri permit à l'almer d'infliger un magistral coup de pied au niveau du thorax, qui communiqua toute la douleur vive et brute infligée par la mutilation.

L'acrobate s'était rendu à l'évidence, ce sacrifice était nécessaire pour ralentir la cadence folle de la tueuse et asséner une riposte efficace. Il fonça alors à son opposé, avec une idée fixe en tête. Puisque la seule sortie était désormais scellée par un mur de feu, il en forgerait une autre de toutes ses forces. Peut être en lui couterait-elle la vie. Mais d'une mort abrégée, et qui pourrait aussi entraîner celle de la femme.

De sa main restante, il prit une énorme pierre qu'il souleva avec quelques difficultés. Il puisa alors au plus profonde de son être, creusant le moindre recoin qui cachait encore l'énergie primordiale à la vie. Et il l'utilisa pour faire entrechoquer la roche sur la colonne centrale de la ruine. Cette colonne, déjà brisée par les fissures du temps, et miraculée des batailles d'antan, n'attendait qu'à s'écrouler, comme toutes les ruines, témoignages tourmentés et plaintifs d'un temps de haine. Et c'est ce qu'elle fit.

Dans un vacarme assourdissant, le plafond de pierre, jusqu'alors tenu par cette unique tige, s'effondra à son tour. Illusio, qui avait épuisé toute vigueur dans cette dernière épreuve, n'eut pas même la force de se dégager.
Il fixa tout simplement l'énorme pierre qui tomba sur lui.

[Terminé - D.A - PV Scarlett] Patibulaires présents de l'Automne. Ehomic10

loignés de tout, ils se ruaient l'un sur l'autre. Ridicule ! Voilà ce qu'était ce combat. Ce vulgaire vagabond ne savait pas vraiment se battre, il se débattait comme un canard ou une oie, elle ne pouvait plus le supporter. Scarlett était las de tout ça, elle perdait son temps à parler à ce genre de choses, à quoi bon perdre son temps lorsqu'on le sait si précieux ? La gardienne n'était qu'une femme complexe qui ne savait pas ce qu'elle voulait, c'est ce qu'elle aimait faire croire en tout cas car l'élémentaire était assez intelligente pour savoir quoi faire quand il le fallait.

Le combat était sanglant, le garçon y perdait beaucoup de sang et se voyait réduire en état de loque mais il ne s'avouait pas vaincu. Ils continuèrent sans s'arrêter cette funeste danse qui coùutait beaucoup plus à l'homme qu'à la femme qui n'avait de cesse de le mettre en loque. Dans un excés de colère et sûrement d'un manque de défense de la part Julian, elle lui coupa la main, il n'avait plus qu'une seule et unique main. C'était bien fait pour lui, il ne viendra plus extropier les honnêtes gens par de ridicules spectacles sans intérêts. Tandis que Scarlett continuait de pourchasser le saltimbanque, le feu ravageait l'édifice et la chaleur asphixiait tout l'air alentour, une odeur de mort se dégageait au plus grand bonheur de la cydienne. Le sang s'évaporait au fur et à mesure que la chaleur emplissait la pièce, un savoureur cocktail de saveur pour une fervente d'Azael.

Une lueur d'espoir brillait dans les yeux de Julian, une lueur d'espoir qu'il n'hésita pas à prendre car dans une extrême détresse il s'élança sur la gardienne pour lui asséner un magistral coup de pied qui la paralysa l'espace de quelques secondes, elle n'avait plus de souffle et tout semblait s'être arrêté autour d'elle. Le vagabond quand à lui cherchait un échappatoire mais à son plus grand désarroi, une colonne de pierre s'écroula sur son corps le bloquant dans ces ruines en flamme. Il gémissait, ou essayer de gémir car il n'avait désormais plus la force de quoique ce soit.

Scarlett n'avait qu'une envie, elle voulait lui porter ce coup fatal qui mettrait fin à ces jours mais ce n'était lui accorder que trop d'importance et le soulager d'un handicape. Aprés s'être remis de l'offensive, elle claqua dans ses mains comme pour féliciter le garçon de ce qu'il avait accompli. Elle n'était vraiment pas bien dans sa tête mais bon, c'était comme cela qu'était la redoutable gardienne et rien ni personne n'allait pouvoir y changer quoique ce soit.

"Bravo, bravo Julian. La mort est un honneur que je ne compte pas te donner, vois tu la souffrance est plus réjouissante pour ma part que de t'offrir l'apaisement et le repos éternel. Maintenant vis et remercie moi ! Je t'offre la vie, la vie m'entends tu ? Tu vis, tu seras heureux ! Haha, tu souffriras toute ta misérable vie et tu remercieras Silmaria de ma part. La vie n'a pas de prix, mais tu sauras mieux que quiconque qu'elle a le prix de la souffrance et de la douleur désormais. Tu ne mouriras pas aujourd'hui, il est trop tôt... Passe une bonne nuit et adieu Julian l'Acrobate."

La cydienne d'un geste de la main écarta les flammes qui vascillaient sur son chemin puis d'un claquement de doigts l'intensité se fit de plus en faible. Elle n'était pas n'importe qui, elle était l'élue d'Azael et elle se plaisait à le montrer aux yeux de ce monde affaibli par cette catin de Silmaria, les elfes la vénéraient mais que leur avait elle donné ? Le sacrifice de toute une armée ? La mort vaut beaucoup que la vie, personne ne sait ce que l'on perd mais l'on sait ce que l'on trouve : le repos éternel.

[Désengagés !]

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[Terminé - D.A - PV Scarlett] Patibulaires présents de l'Automne.

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