Joris en personne t'avait convoqué. Cela n'augurait sans doutes rien de bon. Avais-tu quelque chose à te reprocher ? Avais-tu fait quelque chose de mal ? Nul n'aurait pu le savoir mieux que toi mais peu importait de toute façon, on ne fait pas attendre le Consort et encore moins quand il s'appelle Joris. L'homme te fit simplement part de l'objet de ta visite, un idiot s'amusait à trafiquer avec les armes dans sa propre cité et son nouveau titre l'empêchait très clairement d'aller lui botter le derrière directement. En somme, ton supérieur te demandait de protéger Kriisten et ça, pour un Compagnon, c'était juste l'honneur le plus grand qu'on pouvait te faire.

La seule chose que tu avais pu dégoter du Consort était que le trafiquant se trouvait dans le quartier du port et qu'il opérait sous le nom de « Sora Meian ». Ta mission consistait donc à obtenir suffisamment de preuve pour le coincer en flagrant délit ou pour le coincer tout court d'ailleurs. Joris partit, il ne te restait pas trente six solutions, et d'ailleurs tu n'en avais choisi qu'une seule : il te fallait te rendre sur le port pour obtenir des informations sur ce Sora. Quoi de mieux pour trouver un truand que d'aller dans un repère de truand ? Sans doutes les bars étaient-ils ta meilleure chance d'obtenir des informations sur notre gentil trafiquant …

[ Je te laisse choisir le bar dans lequel tu vas et la façon dont tu y fais ton entrée Je te laisse également engager la conversation par contre, arrête toi au moment où la personne te répond ^^
La partie 2 sera dédiée à Joris ]

[Shy'm- Et alors?]

En arrivant au port, Siana se questionna sur sa façon d'approcher les choses. Il était évident qu'elle ressortirait d'un bar bredouille si elle entrait dans un repère de malfrat en signalant à tout le monde qu'elle était une compagnon de la reine. Elle allait jouer la comédie, chose que, depuis Annabeth, elle s'était entrainée à faire. Elle s'était perfectionnée sur un rôle en particulier, et elle comptait pour la première fois la mettre en oeuvre lros d'une véritable mission. Siana Fenris allait user de ses courbes, de ses beaux cheveux et de son jeu d'actrice qui se voulait fait sur-mesure pour le plus idiots des garçons. Elle cacha donc soigneusement sa lame derrière une pile de sac de patates, et, habillée en civile avec une belle robe de satin noire et un manteau de fourrure, elle entra dans l'établissement. Elle n'avait même pas fait attention au nom de l'établissement, chose qu'une belle cruche aurait fait. Elle avait déjà commencé son petit jeu.

Elle entra dans le bar avec un sourire des plus niais, en se trimbalant comme une trainée jusqu'au comptoir pour s'y asseoir, en riant bêtement. Elle commanda une chopine de bierre et regarda autour d'elle, sans garder son petit masque niait. Plusieurs hommes, réchauffés au possible, la regardait d'un regard qui en disait long. C'état bon signe, sa comédie semblait fonctionner. Si bien qu'un vieillard vint lui proposer une chopine qu'elle refusa poliement. Bien entendu, elle sortit un truc de pétasse du genre 'Mais je veux me souvenir de ma nuit torride, demain, mon chou!' ce qui semblait faire monter la libido du gaillard qui était assis à côté d'elle. Finalement, elle se décida à en choisir un, à savoir son voisin qui ne semblait malheureusement pas encore assez saoul pour tout balancer... Si il savait quelque chose!

- ''Ahahaha! Bon sang, s'qu'il fait chaud, dans cet endroit! Hihi!'' Dit-elle avec un sourire des plus niait en tanguant de chaque côté, ôsant même poser la tête sur l'épaule de l'homme un bref instant, avant de continuer ''Dis donc... j'en ai vu des hommes virils, et j'en ai emmené dans mon lit... mais toii'' Elle le regarda avec un air de tigresse en prenant une grande respiration sensuelle ''Toi moi chou, t'es pas mal du tout!''

Bon, la soirée commençait. Elle commença par entretenir une conversation sur tout et rien (en inventant un truc du genre 'j'ai sept autre soeurs et un frère, mais ce sont tous des laidrons hihi') et en posant des questions annodines, par dessus questions idiotes qu'une fille trop saoule s'amuserait à dire, en faisant attention de ne pas boire trop. L'autre, par contre, riait aux larmes des anecdotes (fausses) qu'elle racontait en buvant choppes par dessus choppes. Finalement, elle tenta de l'aborder.

- ''Dis-moi, mon coeur... Tu connais quelqun qui vends des armes? Tu sais, moi, les gars qui savent se défendre avec autre chose que des poings, moi ca me rend...'' Elle se mordit la lèvre inférieur et continua ''On m'a dit qu'un certain... Umm... Sora? Hmmm... Sora meian! C'est ça! On m'a dit qu'un certain Sora en vendait... Tu le connais, toi?'' dit-elle avec un sourire espiègle

Bien entendu, que le gars allait vouloir se remonter et allait être jaloux. Et c'était le but, il allait lui dire tout les méfaits que Meian faisait, et peut-être allait-il même laisser échapper une information qui permettrait à Siana de le retrouver, qui sait?

Le rôle que Siana jouait commencait à lui tomber sur les nerfs, à elle-même. Tout ces hommes la regardaient avec tellement de désir et de... luxure qu'elle en aurait vomis, si elle n'avait pas à faire comme si elle ne s'en rendait pas compte et surtout comme si elle aimait ça. Eurk! Mais l'important c'était que l'autre gars semblait à avoir de la difficulté à se concentrer, et c'était tant mieux. Qu'il lui balance tout ce qu'il sait, et vite, comme ça elle pourait sortir d'ici! C'est alors que l'autre était sur le point de parler qu'un gros lard (oui bon, musclé ou pas...) avait mis sa sale main sur l'épaule de la compagnon. Si elle ne jouait pas la fille intimidée, elle aurait saisi le couteau de son voisin et lui aurait planté dans la main, mais s'abstint. Elle alla même jusqu'à ricanner comme une cruche alors qu'il lui parlait.

- ''Mademoiselle, pas de ça ici.''

Pas de quoi, ici? Il l'a prenait pour une catin? Ah! Eh bien, on dirait que le rôle de la demoiselle marchait mieux que prévu! Avait-elle l'air d'une trainée à ce point? Par chance, aucun de ses camarades ne la verrait comme ca, car elle aurait été la risée des compagnons, si ils ne savaient pas qu'elle était en fait en mission. Elle dû finalement abandonner son petit jeu, finalement montrant son vrai visage: un regard dur et froid, dénudé d'émotions et de compassion. C'était la vrai Siana, qui selon elle, représentait tout ce que tu devais ressentir pour être un bon compagnon. Ne jamais montrer ses émotions, car ca pouvait se retourner contre sois-même.

- ''Si on peu pas jouer les connes dans un endroit pareil...'' Marmona-t-elle, en vidant sa choppe de bierre

L'homme avait de quoi en intimider plus d'un. Il la dépassait de deux têtes au moins et ses muscles étaient éxagérément gros. Mais... Siana restait de marbre, en le fixant. Aussi fort pouvait-il être, il ne pouvait rien contre les compagnons de la reine. Si on apprenait qu'elle avait été tuée, il allait avoir de sérieux problèmes. De toute façon, elle était surprise qu'on ne l'ait pas reconnue plus tôt dans le bar... L'alcool pouvait vraiment rendre con le plus honorable des hommes, on dirait bien.

- ''Tu lui veux quoi à Meian gamine?''

Siana détestait qu'on l'appel gamine. On l'appelait comme ça, quand elle était enceinte. Quand elle était jeune mariée, et quand elle était veuve. Mais étrangement, depuis son entrée aux compagnons, c'était la première fois qu'on l'appelait ainsi. Elle n'en fit aucun cas et répondit à la proprio aux cheveux de flammes.

- ''Il à de gros problèmes.'' Mentit-elle ''Et pas qu'avec moi.''

Elle fixait la patrone de ses yeux dénudés de sentiments. La dame n'avait pas l'air des plus stupide; elle ne gagnait rien à défendre un type comme lui. C'était la justice de Storghein, conte Meian le contrebandier. Le choix était simple non? Enfin, c'est ce que la compagnon se disait...

Ton petit numéro n'avait pas eu l'air de plaire aux patrons, sans doutes parce que la victime de ce dernier n'était autre que leur propre fils et que, visiblement, ils espéraient mieux pour le garçon qu'une jeune femme aguicheuse et visiblement trop bourrée pour se tenir droite et rester décente. La patronne t'observait, non pas d'un mauvais œil mais avec une simple curiosité, se demandant sans doutes ce qu'une fille comme toi faisait par ici. Ton changement de comportement ne lui échappa pas et elle ne mit pas longtemps à adopter une stature défensive. Ce n'était pas très malin de dévoiler ainsi le fait que tu les prenais pour des idiots ! Peu importait, le patron resta derrière toi et sa femme quant à elle te pressa du regard pour que tu répondes enfin. Ce fut lorsqu'enfin tu ouvris la bouche qu'elle se mit à sourire pour finalement ricaner à son tour.

« De gros problèmes hein ? » dit-elle en riant avant de reprendre, sérieuse, son ton tranchant clairement avec le précédent, « Je crois que c'est toi qui en a gamine. »

Il y eu comme un mouvement général dans la salle et toutes les conversations se turent soudainement. Les cheveux de flammes de la patronne se mirent à tournoyer tandis qu'elle longeait le bar et venait se planter devant toi. Avec un sourire non plus accueillant mais cruel, elle t'annonça de but en blanc :

« Les Compagnons ne sont plus ce qu'ils étaient ma p'tite Fenris, je doutes que notre chère Oblat elle-même apprécierait ton comportement. Alors t'es gentille, tu prends tes affaires et tu dégages de chez moi ! Oh pas la peine de me menacer, l'Oblat elle-même protège cet établissement, la prochaine fois, tu vérifieras tes infos avant d'venir emmerder les braves gens. Quant à Meian, tant qu'il me fou la paix, je ne veux pas savoir ce qu'il fait. Allez, dégage ! »

Le patron te saisit par les épaules et, sans autre forme de procès, te flanqua dehors. Etant donné le public que tu avais eu la chance d'avoir dans cette auberge, tu t'étais plus ou moins grillée mais fort heureusement, le Mj est toujours clément voyons ! Une petite silhouette se dessina à la fenêtre de la chambre à l'étage et, lorsqu'elle s'ouvrit, tu pus reconnaître le gamin du bar. Il te fit signe de l'attendre et, avec force d'acrobatie descendit jusqu'à toi.

« Vous cherchez Meian pas vrai ? »

Il avait un ton clair et un regard calme. Plutôt de taille moyenne, le gamin avait dix sept ans environ. Des prunelles bleues et les cheveux de sa mère, il avait une fine silhouette musclée et la peau relativement pâle. Il reprit d'un ton calme et assuré :

« Je peux vous amener à lui mais avant tout, je veux savoir ce que vous lui voulez. Il a des problèmes ? Je vous aiderais à le trouver mais je veux que vous m'assuriez que rien ne lui arrivera de mal. Je l'aime bien, j'aimerai bien devenir comme lui plus tard ! Et puis, vous devez me promettre aussi que vous ne direz rien à mes parents ! Vous êtes d'accord ? »

Il marqua une pause avant de reprendre, malicieux :

« Je veux être payé pour mes informations, j'ai entendu ma mère dire que vous étiez Compagnon, je vous donnerais tout ce que je sais en échange ! Emmenez-moi avec vous, je veux être Compagnon ! »

Allez, c'était l'heure des négociations. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elles soient fructueuses parce que visiblement, il était ta seule chance d'arriver à Meian. Allais-tu essayer de lui soutirer les informations par la force ? Il n'était pas bien malin sans doutes, il suffirait de l'assommer au pire une fois devant la planque quoi que s'il connaissait le Meian, il pouvait t'être utile non ? C'était à toi d’échafauder le plan et de voir ce que tu lui répondais.

- ''De gros problèmes hein? Je crois que c'est toi qui en a gamine.''

Siana n'aimait pas qu'on la traite de gamine, ni qu'on la menace. Deux choses qui aurait tôt fait de faire passer la patrone de cet établissement à travers la fenêtre la plus proche, si il n'y avait pas eu ce gros gorille et cette foule de gens. Oh, oui, oui, la mission! Elle l'avait presqu'oubliée... Elle était trop occupée à regarder la dame aux cheveux roux d'un air faussement absent, en serrant un peu trop fort la poignée de sa choppe. Toute fois, elle resta calme. Qui sait? L'autre était peut-être assez folle ou idiote pour lui réveler des informations en essayant (malheureusement en vain) de mettre la compagnon plus de mauvais poil qu'elle ne l'était déjà. L'autre longea le bar et alla se mettre devant Siana... Qui se retint de passer un commentaire du genre 'Tu m'fais dl'ombre'. Et ce ne fût qu'alors que la patrone lui parlait qu'elle se rendit compte que toute la taverne s'était tu, et semblait regarder en sa direction. C'était mal barré.

- ''Les Compagnons ne sont plus ce qu'ils étaient ma p'tite Fenris, je doutes que notre chère Oblat elle-même apprécierait ton comportement.'

Qu'est-ce qu'elle en savait? À croire qu'elle la connaissait plus que la compagnon elle même. Son comportement n'avait rien avoir avec ce que Kriisten voulait. L'oblat donnait la mission, et Siana l'executait, un point c'est tout, peu importe la façon. Les compagnons? Plus ce qu'ils étaient? AH! Du point de vue de l'astorg, ils avaient faillis à leur mission et, même si ils étaient morts honorabement, ils n'en restaient pas moins faibles. Le jour où celle-ci sera sur le point de mourire, elle acceptera les critiques des prochains compagnons, qui la traiteront de faible à son tour. C'était la dur vérité.

-''Alors t'es gentille, tu prends tes affaires et tu dégages de chez moi ! Oh pas la peine de me menacer, l'Oblat elle-même protège cet établissement, la prochaine fois, tu vérifieras tes infos avant d'venir emmerder les braves gens. Quant à Meian, tant qu'il me fou la paix, je ne veux pas savoir ce qu'il fait. Allez, dégage! ''

Alors qu'elle se faisait mettre dehors à grand coup de pied dans les fesses, elle soupira. Sa mission avait-elle échouée? On dirait bien que si! Siana n'était pas du genre à abandonner, mais quant une situation n'a aucune issue, c'est du réalisme que d'admettre notre défaite. Elle irait voir Joris, et lui compterait tout. Sa première mission échouée... Bah! De toute façon, c'était la faute du consort! Bah oui! Pour qui la prenait-elle? Une négociatrice? Il aurait pu l'envoyer DÉTRUIRE cette foutu taverne, au moins! ÇA, c'était dans les cordes de l'astorg! Mais bon... À peine sortit dehors, qu'elle entendit une voix.

- ''Vous cherchez Meian pas vrai?''

Elle leva les yeux vers le jeune homme qu'elle avait faussement draguée plus tôt. Bon, au moins, il n'était pas si laid. Elle hocha la tête, simplement. Son regard toujours aussi vide et sans émotions. Son masque habituel, quoi!

- ''Je peux vous amener à lui mais avant tout, je veux savoir ce que vous lui voulez. Il a des problèmes ? Je vous aiderais à le trouver mais je veux que vous m'assuriez que rien ne lui arrivera de mal. Je l'aime bien, j'aimerai bien devenir comme lui plus tard ! Et puis, vous devez me promettre aussi que vous ne direz rien à mes parents ! Vous êtes d'accord?''

Pour les parents, Siana pouvait jurer sans problèmes. Après tout, la prochaine fois qu'elle parlerait (si jamais elle lui reparlait) à cette rouquine serait le jour où sa taverne de truand ferait faillite et qu'elle serait dans la rue à quémender des Talents pour le plaisir des violeurs qui rôdaient la nuit. La compagnon était-elle si cruelle? Non. Elle ne souhaitait pas à la dame de mourire ou de se faire violer, mais la crise financière, ça, par contre, c'était suffisant pour elle.

- ''Je ne dirai rien à tes parents... Quant à Sora, je ne compte pas le tuer, si c'est ce que tu veux dire. Il joue un jeu des plus dangereux, en revendant des armes de sa propre cité. Je suis là pour arrêter son commerce, coûte que coûte. Oui, si possible, sans violence.''

Jamais, au grand jamais, Siana mentirait-elle. Elle se devait de rester honnête et de respecter ses engagements, et elle le faisait toujours.

- ''Je veux être payé pour mes informations, j'ai entendu ma mère dire que vous étiez Compagnon, je vous donnerais tout ce que je sais en échange ! Emmenez-moi avec vous, je veux être Compagnon!''

Quoi?! Mais... Il venait de dire qu'il voulait être comme le truand qu'était Meian quelques secondes plus tôt! Il... Il se fichait d'elle, oui? Et pourtant, Siana réfléchissait sérieusement à accepter. Pourquoi? Car il n'y avait rien chez une personne aussi... peu droite que ce garçon qui ne pouvait être corrigé, et que Siana n'avait jamais eu d'apprenti avant. Mais... c'était trop hatif, trop simple! Si elle prenait quelqun comme apprentis à chaque fois qu'elle désirait obtenir quelque chose, elle aurait une vingtaine de morveux comme lui sous son aile! De toute façon, le garçon ne semblait pas se rendre compte de ce que signifiait être compagnon de la reine. C'était donner sa vie, c'était aller à des endroits lugubres, et tomber dans des embuscades. Ce n'était pas qu'un simple titre qu'on exhibait à tout le monde pour plaire aux gonsezes et effrayer ceux qui nous énervent! Siana eut un petit plan.

- ''D'accord. J'ai terminé mon jeu de petite pétassse facile.'' Dit-elle en se rapprochant de lui avec un léger sourire au visage ''As-tu une idée de l'effet et de l'influence que tu as?... Tu n'es pas celui que j'aurais dû essayer de charmer...Ma propre tentative qui se retourne contre moi! pff!'' dit-elle, son ton devenant de plus en plus mieleux''Si tu me dit ou se trouve Meian, je peux te promettre de bien belles choses, mon grand...''

Pour augmenter l'effet, elle détacha ses cheveux qui cascadèrent le long de sa nuque jusqu'au milieu du dos. Certes, ils étaient ternes et cassants, mais elle n'en restait pas moins très jolie quand ils étaient à l'air libre. Elle se doutait que ce simple petit jeu ne fonctionnerait pas sur lui une seconde fois. Aussi tenta-t-elle de le mixer à son rôle de compagnon pour lui donner plus de réalisme.

- ''Je suis compagnon de la reine, pas une prostituée... Ce que je fais, je le fais quand j'en ai envie.'' son visage s'était rapproché de celui du garçon alors qu'elle posait une main sur son torse ''Dis-moi ou est Meian, jeune homme... Et je te garantis que tu verra mon vrai visage avant la fin de cette soirée.''

Le gamin t'observa avec attention, visiblement conscient de ce qu'il te demandait mais pour autant, il ne voulait surtout pas revenir en arrière. Cette carrière de Compagnon, il en avait rêvé depuis trop longtemps pour laisser sa chance lui échapper aussi bêtement. Qui ne tente rien n'a rien, telle était la devise de l'établissement et sa mère le poussait toujours à se faire plus « couillu » que les autres. D'ordinaire, le gamin échouait, n'aimant que peu se mettre en avant mais aujourd'hui était différent et il crevait d'envie d'entrer dans cette prestigieuse élite tant pour rabattre le caquet de ses parents que pour son émancipation personnelle. S'il échouait, il avait toujours la solution de rejoindre l'équipe de Meian, ce dernier lui ayant déjà proposé de s'occuper de quelques boulots. Ses cheveux de feu jouaient dans le vent léger de ce début d'automne tandis qu'il s'accrochait à l'espoir d'une réponse positive. Et enfin, tu repris la parole.

Il te détaillait, très clairement, ses yeux se posant avec une espèce d'envie, non sexuelle mais plutôt jalouse, sur chacune de tes courbes, sur chacun de tes vêtements. Il aurait aimé être à ta place, c'était évident et c'était sans doutes ce sur quoi il fallait jouer avec lui pour obtenir ce que tu voulais, à savoir, la planque de Sora Meian. Il sembla rassuré d'apprendre que tu ne voulais pas tuer Sora, c'était une bonne chose pour lui bien que la suite de ton discours le fit douter un instant de la véracité de tes propos. Il sourit calmement en entendant tes propos mais ne répliqua pas. Pour lui, la seule chose qui comptait était de ne pas trahir Meian, si tu ne lui voulais aucun mal, il ne voyait pas où était le problème d'organiser une rencontre … loin des entrepôts toutefois. Il n'était pas non plus stupide au point de faire tomber le commerce de Sora, et de toute façon, il savait ce qu'il en coûtait d'espérer le faire.

La suite de son discours le surprit quelque peu mais il ne dit rien, se demandant plus simplement où tu voulais en venir et si, enfin, tu allais accepter son offre. Etre Compagnon de la Reine était un grand honneur, un destin fabuleux pour tous les gamins suffisamment cultivés comme lui pour en comprendre l'ampleur. Protéger au péril de sa vie une reine aussi belle et forte que Kriisten était un rêve pour les gamins comme lui et un honneur.
La suite l'étonna sincèrement. Alors que tu détachais tes cheveux, il fit un pas en arrière, peu certain de bien comprendre ce qu'il se passait devant lui. Certes tu étais jolie et tu lui plaisais un minimum mais il ne comprenait clairement pas où tu voulais en venir. Il était sérieux ! Il avait envie de devenir Compagnon sans quoi il devrait accepter le travail proposé par Meian ! Non qu'il n'aimait pas Sora, loin de là, il ne considérait comme un grand frère, toujours protecteur et attentionné envers les siens, mais il rêvait d'aventures et de gloire.

« J'vous ai jamais pris pour une pute » dit-il en reculant, « Et je ne me ferais pas avoir deux fois. De bien meilleures que vous ont déjà essayées. Vous ne verrez Meian que si vous me garantissais ne pas lui faire de mal et que si vous jurez de me prendre sous votre aile. », il marqua une pause avant de reprendre, « Je me fou de votre vrai visage, je veux devenir Compagnon. »

Son regard était déterminé, il allait te falloir rattraper le coup et jouer sur un autre plan pour convaincre le gamin, sinon, Meian te passerait sous le nez ! Le charmer ne fonctionnait pas, le menacer non plus sans doutes car Sora avait de meilleurs arguments que toi, lui offrir ce qu'il voulait ? Les mots n'étaient que du vent, rien ne t'engageait après tout non ? Tout ce qui comptait était Meian, et ton devoir de Compagnon.

- ''J'vous ai jamais pris pour une pute. Et je ne me ferais pas avoir deux fois. De bien meilleures que vous ont déjà essayées. Vous ne verrez Meian que si vous me garantissais ne pas lui faire de mal et que si vous jurez de me prendre sous votre aile. Je me fou de votre vrai visage, je veux devenir Compagnon.''

L'agacement. C'était ce qui fit soupirer Siana et ronchonner. Elle parru y penser sérieusement, et c'était ce qu'elle faisait. Et si elle le prenait sous son aile, ce morveux? Bof! Elle n'avait rien contre le fait d'avoir un éventuel apprenti, et c'était probablement le problème. L'Astorg n'était pas négligente envers son travail, mais craignais de l'être envers le malheureux qui voudrait bien l'avoir comme tutrice. Et si elle n'avait aucune patience? C'était évident que non, en fait, mais en aurait-elle un peu plus pour son protégé ou au contraire, sera-t-elle plus exigeante que la normale? Tant de questions! Elle ne pouvait accepter ainsi, mais elle se devait de soutirer des informations.

- ''D'accord. Une fois que tu m'aura emmené à Sora Meian, je m'engage a voir tout ce que je peux faire pour te prendre sous mon aile, ca te va?''

Son ton était toujours aussi agacé, mais cette fois-ci faussement. Si l'autre gobait ça, c'était joué, sinon, la mission échouait forcément. Siana ne mentait pas, elle respectait tout ses engagements. Mais il fallait faire attention à ceux-ci, car en effet, l'autre garçon était sur le point d'être dupé: Elle a dit qu'elle s'engageait à VOIR tout ce qu'elle peux faire, pas qu'elle allait faire quoique ce soit. Elle allait donc, une fois la mission terminée, demander des précisions sur l'acceptation d'un apprenti compagnon, mais n'allait pas le prendre. C'était sa dernière chance, et si le garçon voyait la supercherie, elle n'aurait aucun autre choix que d'accepter. Elle ne voulait pas, en plus, il ne semblait pas honnête du tout. Un coeur vide, et ignorant, Siana saurait s'en occuper. Mais un coeur corrompu et manipulateur, ça, non. Si l'autre ne serait-ce qu'envisageais de travailler avec Meian, c'était de la graine du mal, selon elle. Elle ne pouvait pas faire grand chose pour lui, mais bon. De toute façon, sa mère est une vieille harpie et elle la détestait!

Elle le pointa du doigt, le regardant avec un visage des plus froids et... menacant, et l'avertis.

- ''Mais si tu me trahis, ma promesse se concrétisera: tu verra mon vrai visage avant la fin de ce soir, et tu le regrettera. On est d'accord?''

Il voulait être un Compagnon, pourquoi pas, c'était toujours mieux que truand écumant les rues de la cité non ? Après ce n'était pas non plus une raison pour lui confiance n'est-ce-pas, car le gamin, en plus d'être têtu, semblait aussi savoir ce qu'il voulait et semblait bien loin d'être idiot. Si ça se trouvait, ce gamin avait juste décidé d'infiltrer l'élite de la cité des neiges pour mieux servir Sora ou quelqu'un d'autre, mais peu importait pour l'heure, réfléchir à tout cela était inutile car seules comptaient les informations qu'il pourrait te donner. Mais pour les obtenir, il allait falloir mettre un peu d'eau dans son vin. Le gamin te regardait, visiblement perplexe de te voir réfléchir autant. Craignait-il que tu ne le refoules une nouvelle fois ou craignait-il au contraire que tu acceptes ? Quelque chose dans son regard semblait indiquer qu'il était déterminé à suivre la voie des Compagnons mais un petit quelque chose semblait également préciser qu'il n'avait pas l'air tout à fait prêt à emprunter cette voie. Quoi qu'il en soit, il n'en démordrait pas tant qu'il n'aurait pas entendu ce qu'il souhaitait entendre, quand bien même était-il incertain.

Un sourire fugace apparut sur ses traits tandis que tu lui accordais enfin ce qu'il voulait entendre. Ce simple « d'accord » faisait naître en lui bien des choses si bien qu'il sembla réfléchir une bonne fois pour toute à ce qu'il devait faire. La réponse ne lui allait pas jusqu'au bout mais c'était une bon début, s'engager pour un Compagnon avait sûrement une autre valeur que pour lui, pauvre gamin du peuple.

« D'accord » conclut-il, « Si vous ne tenez pas votre parole, l'Oblat le saura, je peux vous le garantir »

Il semblait sérieux. Il était vrai que Kriisten serait certainement sensible à ce genre de choses, un Compagnon qui ne tient pas parole, ce n'était pas pour plaire à la dame, sans parler du fait que sa jeune mère avait bien dit qu'elle était sous le protectorat de l'Oblat en personne. Bluff ou pas, le gamin savait négocier, c'était plutôt bon signe non pour toi non ? Parce qu'il était évident que Meian flairerait tout de suite le problème et qu'il te faudrait quelqu'un à l'intérieur pour t'aider, ce gamin en l'occurrence maintenant que tu l'avais dans la poche.

« Je ne compte pas vous trahir, tout comme je n'ai pas peur de vous. » répondit-il, à son tour menaçant.

Il était le fils d'aubergistes, autant dire que les drogués, bourrés ou autres truands, il avait l'habitude de les côtoyer et avait vite appris à les gérer. Du haut de son jeune âge, il avait sans doutes eu autant de mal que toi à faire son trou dans ce monde et visiblement, il défendait chèrement sa place. Il te fit signe de le suivre maintenant que le contrat était conclu et se faufila dans les ruelles, ne cherchant pas spécialement à savoir si tu le suivrais ou non. Une fois devant un entrepôt, il s'arrêta, te fit signe de te taire et d'attendre. Il disparut quelques minutes avant de revenir, suivi d'un jeune homme. Ce dernier leur fit signe d'entrer et c'est de fil en aiguilles que tu réussis à pénétrer dans l'entrepôt en question. Plongé dans la pénombre, il était difficile de voir si ce dernier était peuplé ou encore, ce qu'il y avait à l'intérieur mais quelques bruits réguliers indiquaient que d'autres personnes se trouvaient là. L'homme vous laissa en plein milieu avant de s'éclipser tandis qu'une voix demandait :

« Salut gamin, tu m'as amené qui ? »
« Je ne connais pas son nom, mais elle a dit qu'elle voulait te rencontrer »
« Ah oui ? Alors, vous êtes qui ? Vous me voulez quoi ? »

La seconde ou ce gamin remua les lèvres pour former un 'D'accord' Siana eu envie de rire. Elle ne se rappelait pas que les jeunes idiots comme lui étaient aussi naïfs! Et elle ne pu retenir un sourire alors qu'il la menaçait en retour. Aussi influent ses parents et lui pouvaient-ils être, c'était elle qui maniait Queen Saw, et c'était elle qui servait l'oblat, pas lui. Elle comptait bien tenir parole, mais au sens propre. Ça lui apprendra! Si on doit faire affaire à Siana, il vaudrait mieux trouver un notaire pour être sûr qu'aucune faille dans la promesse qu'elle vous fera ne pourra être exploitée... Sinon, ce qui allait arriver à ce gamin allait vous arriver à vous aussi. Bref, pour l'instant, elle ne fit qu’acquiescer et, se retournant pour saisir Queen Saw de derrière les poches de patates, elle lui emboîta le pas.

Ruelle après ruelle, ils s'enfoncèrent dans les quartiers les plus sombres de Storghein. Ah, voilà bien un endroit ou la dame devrait se tenir plus souvent. Il fallait bien l'admettre, elle était assez sadique pour volontairement attirer les violeurs et les voleurs. Elle adorait les entendre supplier, oh que oui. Parfois, pour la forme, elle leur laissait leur langue, parfois, quand ils ne la surveillaient pas assez, non. Tout dépendait de son humeur. Déjà, elle voyait des personnes de plus en plus douteuses à chaque pas autour d'elle, qui la regardaient comme des requins autour d'un bout de viande. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que le bout de viande et empoisonné. Le garçon s'arrêta devant un entrepot, ou il lui dit d'attendre.

Si il revenait avec deux ou trois hommes, Siana se ferait un plaisir de les éventrer sous ses yeux et de l'étouffer avec ses propres trippes. Mais il n'en fit rien. À la place il revint avec un jeune homme, et ils purent donc entrer. Elle se trouvait dans un entrepôt sombre et crasseux, et elle ne voyait pas grand chose. Qu'importe, son attention se reporta vers l'homme qui prit la parole.

- ''Salut gamin, tu m'as amené qui?''
- ''Je ne connais pas son nom, mais elle a dit qu'elle voulait te rencontrer.''
- ''Ah oui ? Alors, vous êtes qui ? Vous me voulez quoi?''

Dire son identité? Mais bien sûre, et pourquoi pas lui demander de la tuer tout de suite? Elle était entourée, et elle devrait jouer un petit jeu. Elle allait commencer par éviter la question de l'identité, et si il insistait, elle devrait songer à en inventer une.

- ''Sora Meian, c'est cela? J'ai beaucoup entendu parler de votre commerce.''

Dit-elle, simplement. Son ton était monocorde, presque ennuyé. C'était une tactique bien simple: faire croire à l'homme qu'elle n'avait pas que ça a faire et qu'elle en avait vu d'autres. Ce n'était pas 100% faux, mais tout de même. Que le plan marche comme sur des roulettes? Mais non! Elle allait évoluer en essayant de prévoir le plus de réactions de la part de l'homme possible, et allait jongler avec. Qui sais? Cette mission pourrait bien être plus simple que prévue...

- ''Dites m'en plus.''

[ Tu es prié de relire les post Mj notamment en ce qui concerne les parents du gamin car si j'ai précisé qu'ils étaient en lien direct avec Kriisten ce n'est pas pour rien et c'est censé influencer ton personnage en faisant notamment en sorte que tu ne l'insultes pas dans chacun de tes posts. De plus, les Compagnons ne sont pas la milice de la ville, ils n'ont en aucun cas à traiter avec les voleurs et les violeurs et encore moins à les torturer. ]

L'homme qui parlait ne s'était pas encore montré, sans doutes parce qu'il se doutait de quelque chose ou peut-être plus simplement parce qu'il savait que la survie dans ce métier consistait à se montrer prudent. Quoi qu'il en soit, pour l'heure, seul le gamin qui t'avait accompagné se trouvait à côté de toi et, si tu avais eu l'Esprit, tu aurais sans doutes été quelque peu affolée par le nombre de personnes dans cet entrepôt. Silencieuses, telles des ombres, elles se mouvaient en silence, entrant et sortant en permanence des lieux pour vaquer à leurs occupations tandis que l'homme qui parlait se mit à rire.

« Mon commerce vous intéresse jeunette ? Dites moi ce que vous en savez dans ce cas, nous verrons si on peut faire affaire. »

La voix était acérée, visiblement habituée aux négoces et encore plus à de sombres choses qu'il valait mieux ne pas trop révéler. Il semblait plutôt « âgé » si tant est que l'on puisse connaître l'âge de quelqu'un sans le voir, simplement en l'écoutant parler. Quelqu'un sembla bouger sur le côté gauche mais il était impossible de déterminer si c'était Sora ou non.

« Qui es-tu ? » répéta la voix, cette fois menaçante, « Qu'est-ce-que tu me veux ? »

Meian n'était pas un idiot, encore moins un imprudent et les filles comme toi, il en avait vu de toutes sortes. Celles qui draguaient ses hommes pour l'argent, celles qui le faisaient pour un autre ou encore, celles qui venaient ici dans l'espoir de l'arrêter. Toutes finissaient les tripes à l'air, évidées dans un canal dans un coin de la cité. Il n'était jamais responsable, pour cela, il avait suffisamment d'hommes mais aucune n'avait obtenu satisfaction alors ma chère amie, il était peut-être temps de jouer sur un autre plan et d'utiliser l'ensemble des atouts en ta possession !

- ''Mon commerce vous intéresse jeunette ? Dites moi ce que vous en savez dans ce cas, nous verrons si on peut faire affaire.''

Elle esperait maintenant que ce Sora oublie qu'elle ne lui avait pas dit son nom. Peut-être en formulant une réponse assez complexe, il abandonnerait l'idée de savoir qui elle était et se pencherait plus sur la question du 'ce qu'elle savait' et du 'ce qu'elle voulait'. Quoi qu'il en soit, elle se devait d'être convainquante. Elle avait déjà commencée à formuler un début d'excuse pour ce désir de le rencontrer.

- ''Ce que j'en sais? J'en sais que vous vendez des armes, et pas de la camelotte. C'est d'ailleurs pour faire affaire que je suis venu vous voir aujourd'hui, sieur Meian.''

Elle resta polie, étant persuadée que c'était à Sora qu'elle s'adressait en ce moment. Elle savait bien qu'avoir l'air d'une mégère ne lui ferait pas gagner bien de points. Non, ce qu'elle voulait, c'était faire croire qu'elle était sérieuse, responsable, et qu'elle n'essayait pas de conclure cette... eventuelle vente sur un coup de tête. Bien sûr, elle n'acheterait pas vraiment. Pas sur place, mais elle 'schédulerait un rendez-vous convenable et lui impartirait un temps convenable à l'acquisition de la marchandise'. Il restait à savoir si ceci était dans les méthodes de Meian. Cependant, et malheureusement, il ne lâcha pas l'affaire, lui demanda son identité une seconde fois.

- ''Qui es-tu? Qu'est-ce-que tu me veux?''

Elle soupira. Temps d'inventer!

- ''Je suis madame Thõrs, et je suis ici au nom de mon employeur, qui souhaite rester anonyme pour des raisons... Personelles. Nous souhaiterions commander des armes en contrebande, et on m'a dit que c'était vous, qui possediez le monopole par ici. Est-ce vrai?''

Cet air de secretaire blâsé lui allait horriblement bien. Elle en aurait presqu'eu peur elle même. Elle allait essayer d'enquêter le plus possible, en savoir le plus possible et conclure cette fausse vente. Si il demandait l'argent maintenant? Elle lui disait qu'elle ne l'avait pas, et qu'il n'avait pas à faire quoique ce soit avant de l'avoir eu. Ça lui éviterait peut-être les foudres du contrebandier? Qu'importe. Si son plan foirait, elle allait vendre chèrement sa peaux. Elle n'en oubliait pas la promesse faite au jeune garçon prêt d'elle. En revenant de mission, si elle revenait, elle irait demander des informations sur comment avoir un apprentis à Sigfried.

Il n'était pas né de la dernière pluie, ça c'était sur, mais il était intrigué en même temps par ta présence et par tes questions. Nombreuses avaient été les demandes de l'Oblat en personne – enfin, par personnes interposées – de calmer le jeu et d'arrêter son petit trafic mais l'homme s'en foutait totalement, il n'avait rien à craindre, son statut en lui seul le protégeait de tout et de tout le monde alors quelque part, qu'avait-il à craindre de toi ? Il sentait que tu cachais quelque chose mais il avait bien envie de te laisser faire un petit peu, juste comme ça, pour le fun.

« Bien informée » lâcha-t-il, sa voix trahissant volontairement son amusement.

Il avait bien envie de voir jusqu'où tu comptais le mener en bateau avant d'essayer d'en venir aux faits. Bon pour la politesse par contre, tu repasserais, de là où il venait, on lui donnait pas du sieur mais du « monseigneur » enfin ça … tu étais censée l'ignorer et visiblement, c'était le cas. Arf … la parfaite excuse mais qui pouvait être crédible jusqu'à ce que le gamin ne lâche le morceau !

« Elle a dit qu'elle s'appelait Fenris enfin ma mère l'a appelée Fenris ! Sora j'te jure que ... »
« La ferme » l'ordre claqua sèchement, « Un employeur hein ? S'appellerait pas Kriisten Fridèn ton employeur ma jolie ? » demanda-t-il moqueur à présent.

La lumière fut soudain aveuglante et lorsque tes yeux purent à nouveau voir se tenait devant toi un homme. Son aspect physique ne faisait aucun doute, il était Jinmen. D'aspect juvénile, il ne devait pas avoir plus de trente ans. Ses yeux en amande faisaient sans doutes craquer bon nombre de femmes ainsi que ses lèvres charnues et son corps fin et musclé. Mais tu n'étais pas là pour cela n'est-ce-pas ?

« Sora Meian, pour vous servir, alors ma jolie, comment vas-tu négocier la vie sauve maintenant ? Toujours intéressée par mes armes ? »

Il souriait, sans avoir l'air d'être vraiment offensif. A tes côtés, le gamin semblait impressionné, incapable de dire quoi que ce soit. Heureusement, tu avais ton arme n'est-ce-pas ? Et ce gamin sous la main … Ah ah, à toi de jouer !

Ça augurait mal. Siana avait beau être une femme d'action, elle n'était pas comme ces bourrins n'écoutant que le bruit d'une lame contre une autre. Elle savait bien ce que le ton de ce Meian était celui de quelqu'un qui voulait s'amuser. Était-elle si mauvaise comédienne? C'en était presque désolant! Au fait, elle n'avait pas du tout pensé à un plan B, la pauvre! Aussi, lorsque ce stupide gamin, qu'elle avait d'ailleurs depuis le début envie d'égorger comme un poulet, éclata comme une petite bombe à retardement, projetant à gauche et à droite les informations qu'il était tenu de garder, elle raffermit sa poigne sur le manche de Queen Saw.

- ''La ferme. Un employeur hein ? S'appellerait pas Kriisten Fridèn ton employeur ma jolie?''

Son ton moqueur, elle lui aurait fait bouffer. Il fallait mettre ça tout de suite au clair, Siana ne faisait pas exception à la fierté Astorg. Il avait l'air de se foutre d'elle, et le pire était qu'en y voyant rien, il avait rai-... Ah bah voilà! La lumière fut! Elle plissa les yeux au départ, la trouvant un peu trop vive pour être normale, puis accoutuma ses yeux. Un Jinmen, comme Katsuya. Il fallait l'avouer, il allait être dur à tuer, celui-là. Elle les voyait à des lieux à la ronde, les frimeurs qui se croient forts simplement parcequ'elle est une femme. Pas lui. Lui, il frimait parcequ'il était en contrôle de la situation, et il avait raison. Elle regarda autour d'elle encore une fois, cette fois pour y découvrir... rien. Il était seul? Elle n'en croyait pas un mot! Un homme important comme lui dans la pègre Astorg ne se promènerait jamais sans deux ou trois gardes-du-corps! Elle ferma les yeux, alors que lui, chantait le baratin habituel du 'Fais tes prières!' D'ailleurs, c'est précisément ce qu'elle faisait.

- ''Sora Meian, pour vous servir,- *Ô Krom, dieux de la guerre et des batailles, aujourd'hui se dresse devant moi un adversaire puissant...* - alors ma jolie, comment vas-tu négocier la vie sauve maintenant?- *... Donnes-moi la force de vaincre, donnes-moi le courage de combattre...* Toujours intéressée par mes armes?-'' *... Car mon ennemi est ton ennemi!*

Elle rouvrit les yeux, sentant la faveur divine de son dieux l'atteindre. Si affrontement il devait y avoir, elle offritait une farouche résistence et s'assurerait d'emmener le petit merdeux qui l'avait vendu, ainsi que Meian si possible, dans la tombe avec elle. Puis, elle eu une idée. Ça n'était pas tout à fait loyal, mais après tout, elle n'aurait qu'a prétendre l'utiliser comme bouclier humain pour se sentir moins coupable. De toute façon, elle n'avait pas d'autre choix, malheureusement. Bien qu'elle faisait face à la mort depuis son entrée chez les compagnon et qu'elle l'avait acceptée il y à des années de cela, elle ne voulait pas mourir. Elle voulait se rendre le plus utile possible à sa chère Oblat.

D'un geste brusque, rapide et on-ne-peu-plus brutal, elle projeta sa main gantelée à sa gauche pour agripper le collet du jeune à côté d'elle. Puis, d'une seule main, elle plaça sous son cou son immense lame, du côté dentelé. Tout le monde l'ayant combattu était témoin: Le côté dentelé de Queen Saw était conçu pour faire mal plus que pour tuer. Ça signifiait, bien que son regard restait impassible, que Siana n'était pas contente. Pas contente du tout.

- ''Ça vous dérange, que je l'égorge avant d'être tuée?'' dit-elle nonchalement

Lui montrer une once de panique était quelque chose d'inconcevable pour Siana. Inconcevable. Le sarcasme était une arme fantastique pour camoufler qu'elle ne savait pas du tout ce qu'elle faisait. Une chose était sûr, si le gamin bougeait, elle ne se gènerait pas. Restait à savoir si Meian tenait à lui. Bien entendu, elle n'y comptait pas, mais elle était à cours d'idée. Elle devait improviser.

- ''Je crois qu'on partage, vous et moi, une haine viscérale envers les mouchards. Je me trompe?''

Tout ce qu'elle disait, bien sûr, elle l'adressait à Meian. Le petit rouquin n'avait pas son mot à dire dans cette histoire, selon elle.


[J'espère que ça suffira! ^^'']

[ Je précise que tu n'étais pas censé avoir ton arme sur toi mais j'ai fait avec ^^ ]

Il y avait dans la fidélité quelque chose de gratifiant et de particulièrement rassurant et le jeune Astorg venait de faire preuve de plus de fidélité que jamais envers Meian. Voilà qui t'apprendrait très certainement à ne pas te moquer impunément des autres et à ne pas chercher à les manipuler car ce dernier venait de te jouer un mauvais tour. Sora était quelqu'un de malin, de prudent mais surtout, d'influent, ce qui expliquait sans doutes pourquoi le gamin l'avait choisi lui plutôt que toi, Compagnon certes, mais totalement seule dans l'antre du lion. Il avait compris également compris plus simplement que, quand bien même t'en sortirais-tu, tu ne lui offrirais pas ce qu'il désirait. C'était l'impression qu'il en avait eu dès le début, et plus encore lorsqu'il avait compris que tu comptais faire du mal à son ami. Si Meian n'était pas un saint, cela il le savait parfaitement, il n'était pas non plus un monstre et ne méritait pas la mort. Voilà pourquoi le gamin avait agi et avait mis à mal ton plan ...

Le Jinmen était quelqu'un de malin, d'intelligent et vif d'esprit. Il avait très vite compris qu'en ayant Kriisten Fridèn dans la poche, il pourrait faire ce qu'il voulait et agir à sa guise. C'était bien pour cela qu'il avait rappelé à la jeune femme ses origines, le statut de son clan et surtout, ce qui lui arriverait si elle osait le toucher. Car « Sora Meian » n'était qu'un nom parmi tant d'autres, en réalité, l'homme se nommait Mayura Doji, de la célèbre famille qui siégeait à la cour même de l'empereur. Kriisten n'avait pas le choix, il ne faisait pas spécialement de mal et de toute façon, ses origines si prestigieuses l'empêchait de faire quoi que ce soit d'officiel et de cela, il en était parfaitement conscient et en jouait.

La suite des événements, le Jinmen ne s'y attendait pas vraiment, il avait cru s'amuser en paix et au lieu de cela, il se retrouvait avec un otage. Bon après, ce n'était pas tant qu'il s'en foutait mais en même temps, qu'est-ce-que ça pouvait lui faire que tu tue le gamin ? Il n'était ni son frère, ni son cousin ni rien pour lui. Certes il l'avait « sauvé » sur ce coup mais et alors ? Meian n'avait rien demandé alors le môme, tu pouvais en faire ce que tu voulais, ce n'était pas son problème. Quoi que, quand il regardait les yeux apeurés du gamin, il avait un doutes. Tout petit le doutes mais quand même.

« Vous êtes une menteuse ! » criait le gamin, la voix totalement marquée par la peur.

Meian de son côté réfléchissait. S'il se foutait du gamin, il devait bien avouer qu'il l'aimait bien. Collant, un peu casse pied, l'adolescent n'en restait pas moins utile et plutôt sympathique pour le jeune homme.

« Ca m'étonnerait que sa mère soit d'accord avec vous » déclara-t-il, un sourire aux lèvres, « C'est que la dame n'est pas commode, je serais vous, je ne la chercherais pas. »

Il avait fait un pas en avant et s'apprêtait à agir. Rien pourtant ne trahissait une telle chose. Il avait une petite idée de ce qu'il devait faire mais ne tenait pas à ce que le gamin fasse tout foirer. Il avait tendance à toujours porter la poisse et ce n'était clairement pas le moment !

« Et puis, la vue du sang m'insupporte, si vous pouviez éviter de faire ça ici » répondit-il tout aussi nonchalamment.

Il n'était pas du genre à répondre aux menaces, après tout, il était en position de force et son métier l'obligeait à ne pas se laisser avoir par ce genre de choses. Non, très clairement, ce n'était pas son truc que de se laisser faire par des menaces aussi basses. C'était lui qui était censé les réaliser, pas l'inverse !

« J'ai tendance à détester les menteurs également, je devrais donc vous détester en toute logique non ? » lâcha-t-il avec un sourire, « Cela signifie que je devrais vous tuer ? »

Toujours ce même sourire, ce même air nonchalant et surtout, ce ton agaçant si sur de lui. Visiblement, s'il tient au gamin, il n'est pas près de le montrer. Il pose un regard sur ce dernier et lui intime du regard de se taire comme de ne pas bouger. Est-ce là une expression de sa volonté de le sauver ? Aucune idée car il ne se départit pas de son sourire.

« Relâchez-le, tout ceci est idiot. Vous ne m'avez pas l'air d'une tueuse, et à la base, ne veniez-vous pas pour moi ? Reprenons, vous me voulez quoi ? Et pas de mensonge cette fois, sinon, vous serez morte avant de l'avoir touché. Et si vraiment vous voulez vous battre, alors relâchez-le, et je vous ouvrirais les portes de la mort moi-même. »

-''Vous êtes une menteuse!''

La voix et le visage apeuré du gamin n'était pas ce qui fit tréssaillir la compagnon, mais bien ce qu'il venait de dire. Une menteuse? Elle? Les menteurs étaient ce qu'elle répugnait le plus, et bien qu'elle ait souvent envisagé la nécéssité de mentir pour se sortir d'une situation aussi précaire que la sienne en ce moment, elle espèrait ne jamais devoir y recourir. Hors, elle avait bel et bien menti, et elle se sentait coupable. Très coupable, au point ou elle remettait en question même son appartenance aux compagnons. Kriisten méritait mieux qu'une menteuse dans ses rangs! Le bref éclair de culpabilité qui illuminait les yeux de l'Astorg disparu aussi rapidement qu'il était venu. Non, Kriisten ne l'avait pas choisie pour son honnêtetée mais parcequ'elle la croyait apte à la défendre. Par tout les moyens. Elle plongea son regard d'un bleu exagéré dans celui du gamin. Si elle était une menteuse, elle était utile à l'oblat. Lui, il était menteur et inutile. Beau, mais inutile à la reine de Storghein. Le petit numéro de sa mère 'j'ai des alliés puissants', elle l'avait entendu krom seul sait combien de fois! Elle n'y croyait pas un mot. Elle pensait sérieusement à l'égorger quand Sora intervint.

- ''Ca m'étonnerait que sa mère soit d'accord avec vous. C'est que la dame n'est pas commode, je serais vous, je ne la chercherais pas.''

Tout ce petit jeux commençait à l'irriter. Elle détestait être en position de faiblesse comme maintenant, et elle détestait aussi se faire dire à quel point quelqu'un est puissant. Cette rengaine, chaque bourrins ou violeurs lui sortait avant de se prendre la raclée de leur vie. Parfois, quand l'autre se précipitait un peu trop, il lui arrivait de laisser une cicatrice... permanante sur le membre virile. Si bien sûr il en restait. Vous l'aurez deviné, Siana est arrogante et déteste être sous-estimée. Encore plus quand les gens, comme ce Meian présentement, peuvent se le permettre. Il s'approcha d'un pas, et Siana eut le réflèxe d'appuyer Queen Saw sur le cou du jeune. Oh que non, si elle pouvait au moins emmener ce morveux dans la mort avec elle, elle le ferait.

- ''Et puis, la vue du sang m'insupporte, si vous pouviez éviter de faire ça ici.''

Elle roula les yeux. Et maintenant, il se permettait de faire le clown! Mais elle ne dit rien, et tenta de rester le plus impassible possible. Mission réussie, comme toujours. Elle avait l'air d'une statue: froide et indestructible. Psychologiquement parlant, bien sûr. Le ton du Jinmen était probablement ce qui lui donnait le plus envie de répendre le sang- et pourquoi pas les entrailles, aussi?- de son otage. Mais quelque chose lui disait que ce Meian n'en avait pas 'rien à faire', de ce gamin. Si c'était le cas, il aurait écourté le dialogue et le petit gîserait présentement dans une marre de sang... À côté d'elle, probablement.

- ''Relâchez-le, tout ceci est idiot. Vous ne m'avez pas l'air d'une tueuse, et à la base, ne veniez-vous pas pour moi ? Reprenons, vous me voulez quoi ? Et pas de mensonge cette fois, sinon, vous serez morte avant de l'avoir touché. Et si vraiment vous voulez vous battre, alors relâchez-le, et je vous ouvrirais les portes de la mort moi-même.''

La deuxième option étant que peu envisageable, elle le fixa intensément pendant une bonne minute. Elle savait quoi faire, bien entendu, mais elle tentait de lire en lui. Savoir si il tiendrait parole, lui, ou si il- ou ses hommes- sauterait dessus dès qu'elle le relâchait. N'obtenant naturellement rien d'autre qu'un regard moqueur et un sourire en coin, elle soupira, poussant violemment le rouquin loins d'elle. Elle n'oublia pas de lui décocher un regard qui ne traduisait pas la moitié du mépris qu'elle lui vouait. Puis, reportant son attention vers Meian, elle ne pu s'empêcher de répondre.

- ''On m'a souvent dit que je n'avais pas l'air d'une tueuse...'' commença-t-elle, calmement ''... Mais les gens qui savent la vérité ne sont plus ici pour vous la conter.''

Puis, abaissant finalement son arme, qui toutefois ne quittait pas sa main et son poignet (car elle n'avait pas oublié de l'attacher!) en signe de... Elle détestait dire 'obéissance', et donc, le mieux qu'elle réussis à trouver était 'ouverte au dialogue'. Elle poursuivit.

- ''Bref, j'imagine que je n'ai pas grand chose a perdre. C'est Ser Joris, qui m'envoit. Le consort, vous avez probablement entendu parler de lui. Il se trouve qu'il m'a envoyé pour des informations sur vous, et votre commerce, pour mieux vous coincer.''

[J'espère ne pas faire de boulette en révélant tout ça! ^^"]

[ No soucy, la mission touchait à sa fin de toute façon ^^ ]

Mayura soutint ton regard aussi longtemps qu'il le fallait pour que tu comprennes que rien ne pouvait l'impressionner. Il y avait bien longtemps que tout ceci ne lui faisait plus peur, surtout depuis qu'il avait quitté son pays natal pour trafiquer par ici sous couvert diplomatique. Bien entendu que Kriisten savait qui il était et ce qu'il faisait, bien entendu qu'elle regrettait cela mais finalement, il ne faisait rien de vraiment répréhensible, pas assez du moins pour qu'elle ne se permette de mettre en péril les quelques relations qu'elle tentait d'établir sainement avec le continent Jinmen.

Sora Meian ne te quittait pas du regard, se disant qu'il n'avait rien à perdre, bien au contraire, et que le jeu était plutôt amusant au final. Vendre des armes était un simple hobby qui avait pris un peu trop d'ampleur mais cela ne le gênait pas au final. Il trouvait son compte, reversait l'argent à des nécessiteux contrairement à ce que l'on pourrait penser et rachetait à sa façon les choses. C'était un jeu, un terrain favorable où il pouvait exploiter son talent, son charisme et plus encore, où il pouvait créer des relations suffisamment importantes pour prendre la place qui lui prévalait selon lui de l'autre côté. Tout cela ne t'intéressait guère certes mais peu importait, il y avait quelqu'un là bas qu'il ne voulait pas décevoir … Une fois le gamin libre, il se précipita derrière Meian qui fit rempart de son corps entre lui et toi. Un sourire se dessina sur les lèvres du Jinmen quand tu pris la parole.

« Vous n'avez pas l'air d'être une tueuse » répéta-t-il calmement.

Le gamin haletait derrière lui mais tu n'étais plus en mesure de le voir, ne restait dans ton champs de vision que Mayura et son regard impénétrable. Son sourire demeurait, comme si la situation l'amusait encore plus depuis qu'il avait réellement pris possession du jeu.

« J'ignorais que Joris avait ce titre ou le moindre pouvoir en cette cité, je pensais plus qu'il était un gentil pantin aux basques de cette magnifique créature qu'est votre Oblat. Kriisten sera sans doutes ravie d'apprendre qu'il vous a envoyé contre son avis, vous, son fidèle Compagnon. J'ignore si ta chère Oblat sera à même de lui faire à nouveau confiance si elle apprend qu'il a manipulé ses Compagnons sans son accord. Mais nous avons un point en commun, l'envie irréfutable de nous entretenir avec ce cher Joris. Je vous suis donc. »

L'invitation était lancée, le bal allait pouvoir commencer. En silence, le Jinmen comme le petit te suivirent dans les rues malfamées de la cité. En silence toujours, ils accueillirent la rixe, l'un protégeant l'autre de son mieux tandis que tu te battais toi-même pour sauver ta vie. Sans un mot, le gamin rendit l'âme, une flèche dans le cou. Dans un soupir, Mayura décapita le brigand qui avait tenté de prendre sa vie et para l'attaque du second tandis que tu te battais toi-même contre deux attaquants. Tu ne vis rien de plus que le corps agonisant de Mayura. Un mauvais coup, une mauvaise passe, peu importait, tu avais tué l'un de tes adversaires, lui aussi, et les deux autres avaient filé.

« Je suis sur qu'ils ne vont pas apprécier ... » débuta péniblement Meian avant de reprendre, « Joris ne pouvait pas deviner, il ne pouvait pas savoir … Je m'appelle Mayura Do...ji. Ne dites pas à … Maÿra … à mon … père. »

Il mourut là, aux côtés du gamin qu'il avait tenté de protéger. L'enfant quant à lui avait les yeux vides, à jamais ouvert sur un monde qui n'était plus le sien. Deux morts.

[ … ]

Cela faisait maintenant deux jours depuis la terrible nuit. Deux jours où Joris attendait ton rapport et il allait maintenant falloir lui dire la vérité car le meurtre du Jinmen comme du gamin allaient poser problème. Il fallait avouer au Consort que le truand qu'il avait cru vouloir bon d'arrêter était en réalité la même personne que Mayura Doji, le rejeton d'une riche famille Jinmen venu à la cour Astorg pour assurer une « alliance » avec la cité ou en tout cas assurer une présence dans la cité. Quoi qu'il en soit, il allait falloir lui dire, et c'était maintenant …

«Vous n'avez pas l'air d'être une tueuse.»

Son sourire fit regretter Siana de ne pas avoir égorger comme un porc le jeune qui se précipitait derrière lui. Quelle honte! Il se cachait derrière Sora alors qu'il était lui-même un homme fait! L'Astorg savait bien qu'il mentait au sujet de son désir de rejoindre les compagnons, mais elle avait envi de vomir à la simple idée d'avoir une mauviette comme lui comme apprenti. Si elle avait un apprenti, ça serait un homme, un jeune homme, mais un homme. Quant à Meian, il avait de la chance qu'elle ne l'ait pas écoutée, car, bien qu'elle soit du genre à garder son sang froid et à ne rien faire, et bien qu'elle serait morte en essayant, elle lui aurait sauté dessus. Bref, elle se la ferma et dévisageait le petit. Elle le regardait d'un regard si froid et dénudé d'émotion humain qu'on aurait dit qu'elle voulait le manger. Non, littéralement. Elle le regardait comme on regarde un bout de viande trop cher derrière une vitrine. On aimerait l'avoir, mais on l'a pas. Finalement, elle le perdit de vue derrière le Jinmen et reporta son regard sur lui, un clair mépris dans les yeux. Pourtant, elle ne l'exprima pas. Elle ne dit rien.

«J'ignorais que Joris avait ce titre ou le moindre pouvoir en cette cité, je pensais plus qu'il était un gentil pantin aux basques de cette magnifique créature qu'est votre Oblat. Kriisten sera sans doutes ravie d'apprendre qu'il vous a envoyé contre son avis, vous, son fidèle Compagnon. J'ignore si ta chère Oblat sera à même de lui faire à nouveau confiance si elle apprend qu'il a manipulé ses Compagnons sans son accord. Mais nous avons un point en commun, l'envie irréfutable de nous entretenir avec ce cher Joris. Je vous suis donc.»

Ça l'aurait bien ébranlée, et fait tressaillir si elle n'avait pas eu quelques années d'entrainement. Quoi?! Contre son gré?! Ça voulait dire qu'elle avait désobéi à l'Oblat? Elle chassa cette idée de sa tête. Elle se voyait comme un outil... un outil que Joris avait 'volé' à Kriisten, et qui s'en était servi contre son accord. Ça n'était pas elle qui allait être punie, si? Si l'outil avait des émotions et des pensées, le punirait-on pour s'être laissé dérober? Finalement, Meian avait raison: elle avait vraiment envie de s'entretenir avec Joris le Consort. Cela, cependant, la troubla quand il décida tout bonnement de la suivre. Si ça avait été si facile, elle n'aurait jamais même pris le petit en otage. Elle se le répétait depuis des années, et se le répétais encore aujourd'hui: elle n'avait rien d'une gentille femme. Elle protégeait l'Oblat, aussi sombres ou mal vu puissent ses moyens l'être. Dans la rue, tous les fixaient en silence, et elle vit presque venir l'embuscade qui s'en suivit. Elle se battit, et se battit, pour, du coins de l'oeil, voir le gamin se prendre une flèche dans la nuque. Elle en aurait ri, si elle n'avait pas un principe d'or: la mort n'est jamais drôle. Profitant de cette légère baisse d'attention, elle eu à peine le temps d'éviter l'épée de son adversaire, qui vint faire une jolie petite entaille sur sa joue. Le combat continua, et finalement, l'ennemi se prit Queen Saw dans le ventre. En plein dans le ventre alors qu'il lâcha son épée avec un petit cris, la bouche arrondie par la surprise. Il la regarda, les yeux grands ouverts, elle, son regard désormais effrayé par la mort rencontrant celui de l'Astorg, glacé. Non sans brutalité, elle lui extirpa l'arme du bide, un flot de sang en surgissant, et le laissa agoniser par terre. La mort n'est pas drôle, mais la souffrance, elle, c'était une autre histoire. La souffrance était, selon elle, un moyen de prouver qu'elle avait vaincu, et qu'elle était plus forte. Un moyens de dire 'Tu souffres parce que j'ai gagnée. Moi, tu vois, je ne souffre pas''. Elle se précipita ensuite au près de Meian après avoir vu les deux autres s'enfuir à toute jambe.

« Je suis sur qu'ils ne vont pas apprécier ... Joris ne pouvait pas deviner, il ne pouvait pas savoir … Je m'appelle Mayura Do...ji. Ne dites pas à … Maÿra … à mon … père. »

Doji. Ce nom ne lui était pas familier, et le simple fait de savoir qu'elle avait laissé mourir un membre de cette lignée, qui était venue ici comme des 'ambassadeurs' lui glaçait le sang. C'était terminé. Elle ne dit rien à Mayura, avant sa mort, mais elle ne lui offrit pas ce même regard qu'elle offrait aux autres, qu'elle avait offert au bandit qui gisait mort un peu plus loin. Elle lui offrit un regard désolé. Quant au gamin, il était trop tard.

[...]

Deux jours. Ca faisait deux jours que Siana, pour la première fois de sa vie, avait prévenu Siegfried qu'elle ne serait pas à l'entrainement parce qu'elle était malade. Elle ne l'était pas, mais elle avait besoin de temps pou réfléchir. Comment annoncer à Joris une telle chose? Mayura Doji était Sora Meian, et il était mort. Oh, et il à aussi dit que vous m'aviez envoyée contre la volontée de l'Oblat, c'est vrai? Je ne suis pas sûre, car vous voyez, avant de mourir, il à dit de ne pas le dire à son père, et que vous ne pouviez pas savoir''. Non, ça n'allait pas du tout. Néamoins, ne parvenant simplement pas à se préparer, elle attacha ses cheveux, s'habilla de son armure habituelle, et sortit pour aller rencontrer le Consort. Elle lui raconta tout, du début jusqu'à la fin.

«... Et avant de mourir, il à dit qu'il s'appelait Mayura Doji, fils de... Maÿra Doji, je crois.»

Elle se mordit la lèvre inférieure, anxieuse, pour finalement ôser une question.

«... Et... Est-il vrai que vous m'avez envoyée sans l'autorisation de l'Oblat, messire?»

C'était une mission de la plus haute importance, du moins c'est ce que Joris t'avais dit avant de t'envoyer la remplir. Pourtant, désormais, elle semblait futile et morbide vu le résultat. Le gamin était mort, et il était évident que sa disparition poserait d'énormes problèmes. Sa mère était un dragon, mais un dragon dans une cage dorée que Kriisten avait appris à contrôler et à manier à sa guise. Sa précieuse progéniture partie en fumée, surtout vu son jeune âge, elle risquait de ne plus se montrer aussi docile … Quant au jeune Jinmen, sa perte était certainement un mauvais présage. Jeune, de haute lignée, son départ allait très certainement attirer des ennuis à la cité, peut être même plus que son trafic d'armes. « Doji », l'une des familles préférées de l'empereur, autant dire qu'il allait être difficile d'annoncer à la cour que l'héritier était décédé.

Deux jours avaient été nécessaires pour rapatrier les corps au palais et les préparer pour leur dernier voyage. Bientôt, ils seraient brûlés suivant les coutumes de la cité mais avant, il allait falloir faire ce fameux rapport, plus encore, il allait falloir prendre des dispositions pour prévenir le père Doji, cette fameuse Maÿra et enfin, la mère de l'adolescent. Joris se faisait colérique, attendant le rapport après avoir appris la nouvelle. Il était évident qu'il était au courant, tu n'avais pas eu le choix de toute façon. Siegfried avait accepté l'excuse de la maladie certes, mais tu avais du lui confier la vérité sur les morts que recelait la morgue au sous sol du palais. En tant que supérieur, il avait prévenu Joris et ce dernier, s'il ne s'était pas directement manifesté, attendait de savoir comment tout cela s'était déroulé.

Le Consort écouta en silence, ravalant avec difficulté sa colère, sachant pertinemment que cela ne servait plus à rien. Les morts ne revenaient jamais à la vie et les événements lui avaient échappé dans tous les cas. Il avait tenté de mettre fin à cet épineux problème et voilà que désormais, un nouveau problème, encore plus gênant, en découlait … Il marqua une temps de réflexion et finit par prendre la parole d'une voix lointaine où perlait la colère et l'indignation.

« Mayura Doji ... » sa pause était lourde de sens, « Son père est Hiro Doji, frère de l'épouse secondaire de l'empereur. Quant à Maÿra, il s'agit de sa jeune sœur, prétendante du jeune prince Isami. La mort de son frère risque d'être très problématique ... »

Il marqua de nouveau une pause, réfléchissant à ce qu'il devait faire. Il était évident qu'envoyer un carton « votre fils est mort » ne suffirait pas à calmer la douleur de ses parents, leur déshonneur ou encore, à apaiser la souffrance de sa protégée qu'était Maÿra. Car si Joris ignorait qui était réellement Sora Meian, il connaissait très bien Mayura Doji comme ambassadeur à la cour … Il savait que sa jeune sœur était faible de constitution et qu'il la protégeait plus que tout. Il était peu au fait des traditions Jinmen mais savait que sa mort serait problématique. Quant au gamin, c'était encore plus gênant. Sa mère était très utile sous contrôle mais redoutable une fois ses chaînes brisées !

La dernière question le surprit, tout à sa réflexion, il ne s'était pas attendu une seule seconde à ce que tu puisses répondre de la sorte. Il foudroya du regard celle qui fut jadis sous ses ordres directs mais pris sur lui pour ne pas hurler et pour ne pas la décapiter sur place.

« Kriisten m'a demandé de régler ce problème, c'est désormais chose faite. Je suis et demeure libre de choisir les moyens pour parvenir à mes fins. Quoi qu'il en soit, vous n'avez désobéi à personne, la suite ne relève pas de vos fonctions. »

[ Terminé,
Félicitations pour la mission ]