An 147 - Période indéterminée - Automne

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Le froid.
C’est ce que je commençais à ressentir tout autour de moi. La brise récemment levée tournoyait dans le petit bosquet, rafraichissant ma peau et provoquant également une sensation de picotement désagréable sur ma plaie. Je voulais trouver quelque chose pour pouvoir au moins rentrer à la maison sans me faire enguirlander, j’avais enfreint mon couvre-feu de plus d’une heure déjà. Officiellement je devais dormir, j’espérais simplement que mon père ou je-ne-sais-qui aurait la subtile idée d’aller vérifier ma présence. Enfin, je ne pouvais supporter ma maladresse, moi qui m’entrainais sans relâche depuis des années, voici que je m’ouvrais grossièrement le bras avec ma propre arme comme une gamine se couperait en triturant un couteau de cuisine n’importe comment. C’était inacceptable. Ma priorité était de trouver un moyen de panser cela, ou du moins d’éviter que la blessure ne s’aggrave. Je n’eus même pas le temps de m’atteler à la tâche qu’une jeune femme venait d’apparaitre d’entre les buissons. Elle devait avoir mon âge, enfin il me semble. Ses longs cheveux noirs lui donnaient un aspect mystérieux car je ne pouvais pas tout à fait apercevoir son visage, enfin, que faisait-elle ici ? Etait-ce une voyageuse ? Je ne crois pas, s’aventurer dans la forêt n’était pas sure et n’importe quel touriste le savait. De plus elle avait tout les traits d’une jinmen, elle le savait donc mieux que quiconque. Etait-ce une complice de ces fameux bandits qui rôdent dans la forêt ? Etait-elle une de leur prisonnière qui avait réussi par miracle à leur fausser compagnie ?
A priori, rien de tout ça, elle s’inclina pour me saluer, ce que je lui rendis par politesse, bien que méfiante. L’inconnue se dirigea vers mon mannequin d’entrainement de fortune dont elle effleura lentement les rubans. Que cherchait-elle ? Essayait-elle de me jauger ? De m’analyser ? Peut-être allait-elle profiter de ma fatigue accumulée pour m’attaquer ? Non je ne pensais rien de tout ça bien que l’idée m’ait effleuré l’esprit. Elle fixa ensuite mon wakisashi ne lâchant toujours pas le moindre mot. J’étais sur la défensive, inquiète, non franchement, j’étais complètement tétanisée en imaginant qu’elle puisse être de mèche avec des bandits. Non, c’était pour le moins improbable, alors pourquoi avais-je si peur ? Pourquoi étais-je en proie à l’effroi aussi facilement ? J’allais devenir samouraï, et voilà que j’avais peur d’une jeune femme de mon âge ? Quelle honte…
Je rengainai ma dague calmement, le filet de sang s’écoulant de mon bras avait coulé sur ma tunique et le long de la lame, mon bras me faisait mal et j’avais un peu de peine à le manœuvrer correctement à cause de la douleur. Si elle m’attaquait maintenant, je n’aurai que mon wakisashi pour me défendre, bien que je ne sois pas mauvaise en combat avec une seule arme, il m’était difficile de prendre le dessus sur un combattant un minimum entrainé sans mon deuxième bras. Je n’aimais pas la situation, elle me fixait sans m’adresser le moindre mot, j’ai l’impression qu’elle attendait ma réaction. Donc elle m’analysait, après tout ? Quel genre de personne pouvait-elle être pour s’incliner humblement puis n’adresser le moindre mot tout en la fixant d’un air relativement inquiétant ?

« - Qui… qui es-tu ? Et que fais-tu par ici ? »

J’avais baragouiné ces mots un peu brutalement, laissant transparaitre à la fois ma frustration et ma peur. En plus de perdre du sang et m patience, voilà que je commençais presque à avoir froid, je n’étais plus en mouvement et la brise venait agresser ma peau. Généralement je n’avais pas ce genre de problème, car j’étais constamment en train de faire quelque chose… Frapper, exécuter, remettre en place mon piquet d’entrainement, ce genre de chose qui permettait de conserver une température corporelle assez haute, malgré les quelques suées que cela pouvait entrainer. Quoi qu’il m’arrive maintenant, je pense que cela pourrait être difficilement pire que le sermon que je recevrai en rentrant, lorsque mon patriarche verrai ma tunique bleue tâchée de sang et dieu seul sait qu’il était difficile de lui mentir ou du moins de déformer ne serait-ce qu’un peu la réalité pour ma défense.

[HRP : C'est plus court qu'à mon habitude, j'ai plus de mal à écrire si je n'ai pas de dialogue pour m'orienter.]

Du fait de l'absence injustifiée de Latiya et à la demande de Karaleth, le sujet est clos. Merci de votre compréhension.

[désengagés : Karaleth, Latiya ]