Imaginez vous une cité forteresse calée entre montagnes et mers, emmitouflée dans ses remparts desquels ne dépassent que les toits ouvragés des bâtiments les plus imposants de la ville. Imaginez vous Storgein, Citée des glaces, Citée des armes et des bras forts pour les manier. Imaginez vous à ses pieds.

Si vous passez la porte des remparts tout juste ouverts en cette heure matinale et que vous vous enfoncez dans la ville jusqu'à en gagner le coeur, vous tomberez sur une place immense entourée de bâtiments imposants, quelques dizaines de mètres à peine avant les portes du Palais des Glaces.

Vous êtes sur la place des temples, haut lieu de culte où tout le Panthéon Astorg trouve sa place. Au centre, un ensemble de statues des différents Dieux et Déesses, disposés en cercle dos à dos les uns aux autres, chacun faisant ainsi face au lieu de culte lui étant dédié.

L'esplanade pavée de pierres claire est ce matin peu fréquentée. La majorité des habitants s'attelle en effet en début de journée à des taches plus prosaïques que la prière ou les offrandes.
Une pèlerine cependant attire votre attention : vêtue d'une grande cape tombant jusqu'à ses pieds, son visage dissimulé par une capuche dont seules s'échappent quelques mèches de cheveux blancs, un luth accroché à son dos, elle s'apprête à gravir les marches du temple d'Hilina que l'on reconnait à son fronton orné de groupuscules pratiquant divers arts ou sports ainsi qu'aux instruments de musique délicatement sculptés sur la porte monumentale.
La voilà prête à en pousser le battant, suivons là, vous voulez bien ?

L’intérieur du temple est sombre et silencieux. Il faut quelques instants à vos yeux pour s'habituer à la lumière vacillante des bougies éclairant l'espace.
Lorsqu'enfin la pénombre vous a apprivoisé, vous découvrez l'elfe au pied de l'autel. Elle a retiré sa capuche, de telle sorte que vous pouvez voir l'expression recueillis qui recouvre son visage. A quoi peut-elle bien penser ? Que vient-elle chercher ici ? Il faudrait le lui demander...

Respectueusement, la voilà qui s'incline devant la statue de la déesse avant de récupérer son luth dans son dos, de le déshabiller et d'entonner sur ses cordes une mélodie étrange, aux accents célestes et aux accords rapides qu'elle exécute avec l'habileté d'un virtuose.

Difficile de ne pas être charmé par cette mélodie... Seulement, ce que les gens ignorent, c'est qu'il s'agit de celle qu'elle a entendu lors de cette nuit si spéciale, il y a quatre ans de cela, lors de sa première rencontre avec sa Déesse. Celle qu'on connait là bas sous le nom d'Esra et que présente aujourd'hui les traits d'Hilina. Ainsi, c'est sa manière à elle de la saluer.

Mais doucement, quelqu'un vient. Sans savoir vraiment pourquoi le spectateur invisible se plaque derrière un pilier, épiant dans l'ombre la scène qui va se dérouler.

[J'ai ressorti un mode de narration façon MJ, j'espère que ça reste clair. Dis moi si tu as le moindre soucis.
Je te laisse décrire l'intérieur du temple, c'est quand même toi la mieux placée pour cela ]

« Ave Esra, gartia plena... »

Après avoir interprété sa chanson d'introduction auprès de sa Déesse, Coralynn enchaînait à présent avec des prières plus traditionnelles qu'elle interprétait cependant de tout son coeur en guise d'offrande. Elle n'était en effet pas bien riche et ne pouvait se permettre d'offrir grand chose d'autre.
Une bonne partie de son répertoire y était passé. Elle était à présent assise sur un siège non loin de l'autel et continuait à jouer en fredonnant juste l'air des paroles. Son esprit se détachait peu à peu de ce qui l'entourait, s'élevant dans la prière au gré des harmoniques. Bientôt, elle cessa complètement de chanter, se contentant de laisser les doigts pincer machinalement les cordes de son luth pour en tirer une mélodie d'ambiance simple et propice à la méditation.

Plongée dans ses pensées, l'esprit de la conteuse était tout entier tourné vers la propriétaire des lieux : Hilina, nouveau nom d'Esra, sa déesse à elle, si semblable et pourtant si différente. Elle s'était souvent demandé les raisons de ces divergences... Cela commençait par la représentation. Logiquement, en arrivant dans le panthéon Astorg, Esra avait pris l'apparence d'une des femmes de ce peuple, mais Coralynn ne retrouvait pas sur les traits de la nouvelle Hilina l’appétit de la vie et de ses plaisirs qu'elle avait perçu chez Esra lors de ses visions. Hilina semblait si douce, compréhensive, gentille... Elle ne savait comment justifier ce ressenti, mais sur les représentations, c'est comme si on avait cherché à gommer les défauts de l'ancienne déesse, sans se rendre compte que cela la rendait... mièvre ? ce n'était pas le terme exact, mais l'elfe ne voyait pas lequel utiliser à sa place. Il faudrait qu'elle discute de cela avec un prêtre, ou au moins avec quelqu'un plus proche d'Hilina qu'elle.

Alors qu'elle était ainsi absorbée, elle n'avait pas réalisé que ses doigts s'étaient finalement tus, replongeant les lieux dans le silence depuis quelques instants déjà. La prise de conscience de ce fait lui fit reprendre pied dans le monde réel. Pas un bruit autour d'elle, le temple était silencieux et vide ; enfin peut-être avait elle jugé trop vite. A quelque pas d'elle s'était silencieusement installé une femme qui priait dans une attitude recueillis. La conteuse reconnu Kerliah Arnketil, la haute gardienne de ce temple.

D'abord gênée car tout ce bruit avait pu gêner ses méditations, elle se rassura en se disant qu'après tout, si elle l'avait perturbée, la gardienne aurait certainement pris la peine de lui demander ce cesser. Néanmoins, des excuses ne pouvait pas faire de mal. Elle remballa son luth et s'approcha doucement, chacun de ses pas résonnant sur le sol avertissant de son approche.

« Veuillez m'excuser ma Dame, je n'avais as vu que vous étiez ici. J'espère que mes chants ne vous ont pas trop dérangés. »

Elle se tint silencieuse quelques instants à ses cotés, attendant une éventuelle réponse lorsque son interlocutrice aurait fini ses prières, et songea soudain que la Haute gardienne du temple était peut-être bien une personne apte à répondre aux questions que l'elfe se posait.

« Je ne suis pas habituée à prier Hilina comme vous avez pu l'entendre. C'est moi, on la connait sous le nom d'Esra et il m'est difficile de changer mes habitudes, même pour m'adapter au lieu et à leur moeurs. On dit que ces deux Déesses ne sont qu'une seule et même personne, elles me semblent... différentes. Peut-être est-ce leur histoire qui en est la cause... En connaitriez vous les détails ? Sauriez vous comment et pourquoi Esra est arrivée jusqu'ici et s'y fait vénérer sous le nom d'Hilina ? »

Elle se tut brusquement, consciente d'être un peu trop volubile.

« Je suis désolée, je vous perturbe dans votre prière avec mes questions bizarre. Si je vous importune, n'hésitez pas à me le dire. » fit-elle avec un sourire. »

La musique s'arrêta finalement, au regret de la Gardienne qui aurait volontiers apprécié une suite. Mais de toutes façons, il ne fallait pas qu'elle reste a prier trop longtemps: que son recueillement soit la porte ouverte à un indésirable...Elle frissonnait rien que d'y penser.
C'était drôle, les chants étaient dédies a Esra, et non pas a Hilina, qui tout en étant une seule et même déesse possédait quand même deux aspects bien différents. La chanteuse devait donc être elfique , et non pas Astorg. Ou alors, un autre représentant d'un autre peuple un peu fantaisiste.

L'hypothèse la plus simple étant souvent la meilleure, deux oreilles pointues apparurent dans le champ de vision de Karliah , accompagnées d'une magnifique cascade de cheveux blancs et de tout ce qui pouvait faire une belle jeune femme . Pincement au coeur, vite atténué par le silence du temple. La demoiselle en face d'elle avait visiblement l'intention de lui adresser la parole, et l'Astorg se leva, déployant son corps imposant dans la salle. Puis l'elfe lui demanda si ses chants ne l'avaient pas dérangé, et Karliah réprima un sourire. Au contraire, cela lui avait été très agréable. Une telle musique, c'était un véritable don du ciel, et elle était royalement enchantée d'avoir eu la chance d'en profiter. Dans un grand mouvement d'éloquence, elle tendit légèrement le bras et dit :

"Un chant d'une telle pureté, Mademoiselle, ne peut être qu'une immense plaisir".

Ce qui n'était qu'un pale reflet que de tout ce qu'elle avait pu ressentir. Mais déja, elle avait fait une phrase complète, et c'était plutôt pas trop mal, compte tenu de sa moyenne quotidienne. Elle se demanda un court instant si elle n'avait pas mis la jeune elfe mal a l'aise, avec sa franchise brut de décoffrage, mais se retint de faire la réflexion. Elle en avait déja pas mal dit. Mais l'elfe ne partait pas, et avait visiblement d'autres choses a demander. Karliah se demandait bien ce qui pouvait lui passer par la tête, mais attendit sagement la fin de la question.
Ah, ainsi, elle demandait des précisions sur Hilina/ Esra? La gardienne serait enchantée de l'éclairer dans la limite du possible.
Elle s'éclaircit la gorge.

"La première version connue de notre déesse est Esra, la soeur de Silmaria, que vous connaissez bien. Mais Silmaria était tellement adorée par les elfes que sa soeur ne comptait que très peu d'adeptes: elle a donc entamé un long périple afin de trouver un peuple qui l'adorerait. Elle s'est ainsi installée chez les Astorgs, qui l'ont peu a peu assimilée a leur culture, tout en modifiant son apparence et en se focalisant sur un aspect de sa personnalité afin de se retrouver en elle. Elle prit ainsi le nom d'Hilina, et est devenue une déesse du Panthéon Astorg, même si a présent, elle représente aussi les elfes parmis les dieux."

Karliah pointa les fresques murales du doigt.

"Mais un dessin vaut mieux qu'un long discours. Tous les bas reliefs du temple, en commençant par là bas, relatent le voyage d'Esra jusqu'a notre peuple. Certains points sont un peu flou, mais il s'agit quand même d'un résumé assez précis."

Dernière remarque de l'elfe.

"Et il est toujours bon de voir au sein du temple des artistes aussi doués que vous. C'est très agréable, pour prier. Est-ce que le chant est votre métier?"

C'est ce qui semblait le plus probable, au vu du luth et de la qualité de l'instrument. Karliah l'observa quelque peu de son regard gris.
Voila un instrument dont le rendu avec sa voix serait étrange. Son chant était bien plus adapté aux grandes batailles.

[Tout d'abord, désolée pour le temps d'une part (la rentrée m'a joué des tours) et la qualité de la réponse. (je suis crevée mais je me suis jurée de répondre à au moins un truc ce soir...) Promis, j'essaye que ça ne se reproduise plus. Si il y a des problèmes dans le post, n'hésite pas à me le faire savoir.]

Ainsi donc, c'était cela l'explication, ou plutôt le début de l'explication. La déesse avait l'apparence que lui donnait ses fidèles et leur apparaissait probablement sous la forme que leur esprit se représentait. Un instant, elle se demanda quelle était sa forme réelle avant de se dire que ce n'était certainement pas le plus important et de reléguer cette interrogation dans la catégorie des questions secondaires.

Les fresques sur les murs l’intéressaient au plus haut point. Toute source d'information était bonne pour y boire, et l'elfe avait soif d'en apprendre plus sur sa déesse. Elle s'approcha des fresques, escortée de la gardienne et se mit à observer attentivement les scènes sculptées, les effleurant respectueusement du bout des doigts pour en ressentir les détails parfois presque invisibles à l'oeil, mais toujours avec délicatesse pour ne pas risquer d'abimer les œuvres.

Lorsque l'Astorg la complimenta, Coralynn, flattée, sourit et inclina la tête pour la remercier, puis elle repris l'étude des murs tout en répondant à la question posée :

" Oui, effectivement, je chante sur les routes et dans les auberges pour vivre..."

Elle s'interrompit un instant, plongée dans la contemplation de la scène représentant Hilina choisissant de se diriger vers Storgein, tout en se faisant une réflexion à haute voix :

" C'est quand même étrange que la déesse des arts, de la musique et du chant ait dédaigné Cydonia pour se rendre dans le nord, non ?"

Coralynn écoutera l'éventuelle réponse de la gardienne toujours plongée dans l'observation des bas reliefs, avant de repartir sur le sujet précédent.

" J'aime chanter en fait, et aussi le sentiment de participer un peu à répandre l'information, la culture, d'apprendre aux peuples à mieux connaitre les autres par leur légendes, mythes et traditions. De la compréhension naitra peut-être la paix, qui sait... En tout cas, j'essaye pour cela d'en apprendre le plus possible sur les différentes nations. J'ai été chez les Nuas il y a quelques années, et actuellement, je reviens juste d'un voyage chez les Jinmens. Un peuple vraiment fascinant. J'ai encore tellement à découvrir chez eux... Vous avez déjà eu l'occasion de visiter ces contrées ? "