J'écarquillais les yeux devant la forêt verte et resplendissante, pleine de vie. Moi qui adorais autrefois me prélasser au soleil des heures et des heures, je me souvenais avoir mis du temps à m’accommoder au climat de Storghein, mais je ne me rendais compte à quel point la chaleur m’avait manqué que lorsque je la retrouvais. D’ailleurs, cela marchait pour beaucoup d’autres choses. Le soleil perçait des trouées de lumières à travers les branchages, l’air était chargé d’odeurs florales qui venaient titiller mes narines. Je me rappelais les légendes qui circulaient, la rumeur disant qu'une Forêt d'Azthia abritait peut-être la cité cachée des Amazones, Muria. Pourtant, je me fichais pas mal de chercher son emplacement, à supposer qu'elle se trouve dans cette forêt et pas dans une autre, personne n'en savait rien. Savoir qu’elle était là, quelque part, me suffisait, et ne faisait qu’ajouter du mystère (et un peu de danger, il faut l’avouer), à la beauté envoûtante de ces bois. Je ne me souvenais même plus pourquoi j’étais ici. Pour me procurer des ingrédients, peut-être ? Non, inutile, ma mère m’avait déjà envoyé son colis habituel. Mmm… c’était peut-être… si, ça me revenait, maintenant ! Comme c’était mon jour de congé (enfin, étant la patronne et unique employée de la Feuille d’Or, c’est mon jour de congé quand bon me semble, mais bon), j’avais scellé Crépuscule, franchi les murailles, puis m’étais dirigée vers l’ouest, car les montagnes givrées de l’est ne me convenaient pas et je m’étais de toute manière promis de les explorer un jour. Oh ! et puis zut ! J’y étais, j’y étais, pas la peine de se casser la tête à se rappeler comment. Pourtant, je n’avais même pas vu le temps passer, mais apparemment ma jument, elle, avait accumulé chacune des lieues parcourues. Je mis pied à terre, lui flattai l’encolure puis la laisser brouter l’herbe qui vu son étendue ne manquerait à personne. Je n’avais pas peur de la voir s’éloigner, car mes parents l’avaient si bien dressée qu’elle revenait toujours vers son cavalier, moi en l’occurrence.
J’entendis avant de le voir l’écoulement d’une rivière et sourit. Livena avait toujours adoré se baigner, même si elle ne savait pas nager. Il y aurait pu avoir une tempête de fin du monde dans l’océan que cela ne l’aurait même pas empêché de se baigner !
Je me penchai au-dessus de l’eau et sourit à mon reflet, qui me rendis ce sourire vrai et pas celui charmeur ou aguicheur que j’abordais habituellement. Je voyais une jeune femme déterminée, qui en avait vu de toutes les couleurs pour arriver là où elle était, et qui pourtant se laisser emporter par les souvenirs et les émotions avec une facilité déconcertante. Mes cheveux dorés dont les reflets roux étaient ravivés par le soleil estival cascadaient dans l’eau cristalline malgré le bandeau censé les retenir. J’ôtai mes bottes blanches ainsi que mes manches évasées, puis dénouai la ceinture qui enserrait ma taille, la posai près du bord avec le reste et me glissait dans l’eau en projetant des éclaboussures autour de moi. La rivière n’était pas très profonde, mais pouvoir me baigner en toute tranquillité, loin des tourments du commerce, était un luxe que je ne m’étais pas accordé depuis longtemps. J’étais tellement détendue que je n’étais presque plus attentive aux sons alentours.
Presque.
Un bruit ténu, si discret que je faillis ne pas le percevoir, me fis relever la tête. Je promenai mon regard rose à travers les arbres, mais ne vis rien. Tout ce que j’entendais, c’était les piaillements des oiseaux. Avais-je rêvé ?
Je m’apprêtai à faire un petit plongeon lorsque Crépuscule releva à son tour la tête et poussa un hennissement contenu. Elle ne faisait ce bruit que lorsque…

« Eh ! oh, il y a quelqu’un ? »

Une phrase stupide et prévisible. Bien qu’il y avait quelqu’un. Mais il ne se montrerait pas après ce genre de réflexion. Qui osait troubler ce moment de tranquillité ?! Un peu de calme après une semaine aux fourneaux n’était pas trop demander, si ?!
Je bondis hors de l’eau, tirai ma courte épée de sous mon tas de vêtements et me relevai, tout cela en un seul mouvement. J’étais habituée, lors de mes sorties nocturnes, à me sentir épiée, et à reconnaître lorsque je ne l’étais pas vraiment. Sauf que maintenant, j’étais épiée. Et je détestais ça. Ne sachant d’où provenait le danger, je pointant ma lame ambrée à droite, à gauche, debout en tenue pas très couvrante et dégoulinante de l’eau de la rivière. Crépuscule dressa les oreilles et vint à moi au trot, puis plongea sa tête près de l’eau pour se désaltérer, me tirant un cri faussement outragé.

« Eh ben merci ! Je m’en souviendrai ! »

Je repoussai derrière mon oreille une mèche trempée qui barrait mon visage, puis clamai d’une voix dépourvue de toute appréhension :

« Qui est là ? Montre-toi si t’es un homme ! … ou une femme, ça dépend. »

« Bonjour, je me baladais quand j'ai soudainement entendu du bruit »

Un jeune homme sortit des fourrés, un peu plus à la gauche de là où je pointai mon épée. Certainement astorg, il semblait être un peu plus âgé que la vingtaine (trop pour moi, hélas, grrr…), et se déplaçait avec une discrétion remarquable. Son visage ne m’était pas inconnu, mais je n’arrivais pas à me rappeler où je l’avais vu et en déduisis que je l’avais sûrement croisé dans les rues de Storghein. Hé bien oui, après tout, je ne passais pas tout mon temps à ma boutique, il m’arrivait aussi de prendre l’air pour faire des courses ou… pour faire la course. Contre les charmants inconnus qui traînaient prés des bars en titubant, par exemple. Passant outre cette reconnaissance, je m’avançai vers lui sans me départir de mon expression guerrière. Un seul mouvement brusque et il pouvait aller espionner les jeunes femmes en train de se baigner ailleurs. Non mais.

« Attendez, je ne vous veux aucun mal, vous êtes la responsable de la Feuille d'Or, n'est-ce pas ? Que viens-tu faire dans ce bois ? »

Bon, apparemment je n’étais donc pas la seule à avoir l’impression de l’avoir déjà vu. Il ne me semblait pourtant pas l’avoir servit un jour à la Feuille d’Or, mais après tout je ne me souvenais pas de tous mes clients. Ou bien alors ma réputation m’avait précédée (mes chevilles vont très bien, merci, mais on ne peut pas écarter cette hypothèse bien qu’elle soit peu probable), mais j’étais certaine qu’il ne figurait pas parmi mes habitués. J’hochai la tête et baissai ma lame pour lui faire comprendre que nous n’avions plus aucune raison de se méfier l’un de l’autre.

« En effet, c’est bien moi. Appelez-moi May. Je suis navrée de vous avoir ainsi accueilli, mais avouez que la situation exigeait un minimum de prudence. *Prudence, tu ne devrais même pas avoir le droit de prononcer ce mot, songeai-je en ricanant intérieurement.* Comme vous avez pu le voir, je me rafraîchissais. Savez-vous à quel point il fait chaud derrière les fourneaux ? J’y passe mes journées, mais j’avais besoin de tranquillité et je n’étais pas désespérée au point de me baigner à Storghein. Je ne veux pas finir en cône vanille, non plus, ajoutai-je en lui lançant un sourire complice. »

NON, je ne drague pas ! Je viens de dire que je passais mes journées à travailler ! Comment ça, la séduction c’est aussi mon travail ?! C’est un passe-temps, et puis d’abord j’y passe plutôt mes nuits, pas mes journées.
…
BEN QUOI ?! En temps que presque adulte (j’ai l’air d’avoir 20 ans, c’est pareil, non ?), je garde le droit de choisir moi-même mes victimes. Je veux bien admettre avoir une réputation d’allumeuse par le passé, mais les gens changent ! Il y a d’autres priorités dans le vie que collectionner les garçons et les afficher sur son tableau de chasse (mon Dieu, est-ce bien moi qui ai pensé ça ?). La preuve, ma réputation quoique peu développée encore, ou pas assez, était maintenant celle d’une cuisinière ! (Soit dit en passant, il n’y a pas que les aliments que je cuisine… ben oui, les gens changent, mais pas totalement, ce serait affreusement ennuyeux !)

« Je suis flattée que vous me connaissiez, en revanche pardonnez-moi mais je ne garde aucun souvenir de vous, avouai-je avec un sourire gêné. Pourriez-vous me rappeler votre nom, s’il vous plaît ? »

Après cette question, je me penchai pour enfiler les manches, et caressai la crinière de ma fidèle Crépuscule qui venait m’apporter mes chaussures, lui pardonnant totalement d’avoir bu à la rivière au lieu de s’en faire pour ma sécurité.

« Si vous vous baladez dans les parages depuis un certain temps, repris-je en enfilant mes bottes blanches, vous avez dû m’entendre pester contre ma jument. Je suis désolée que vous ayez assisté à une scène de ménage, malheureusement cela arrive souvent entre Crépuscule et moi, fis-je en éclatant de rire. »

The cab~Can you keep a secret?

« Ne vous inquiétait pas pour ça. Vous avez l'air en parfaite harmonie, vous deux, je me trompe ? Ah, oui ! Clemens ! C'est ainsi que je me nomme. »

Je faillis éclater de rire, mais je me retins car je ne voulais pas qu'il se vexe. Pour une fois que j'avais de la compagnie, en dehors de ma tête de mu... euh, de jument, je n'allais pas faire la difficile! Surtout qu'il n'y avait pas de quoi: enfin, c'était tout de même un charmant personnage ce Clemens, quoiqu'un peu âgé pour moi... mais sa manie à dire tout haut ce qu'il pensait tout bas me rappelait ma petite soeur Livena, qui était si mignonne lorsqu'elle se rendait que tout le monde avait entendu ce à quoi elle pensait... et qui s'était d'ailleurs souvent attiré des ennuis car il faut dire qu'elle l'ouvrait un peu trop souvent... Je sais, je sais, c'est l'hôpital qui se moque de la charité.

Il avait un sacré sourire aussi, il faut bien l'avouer. Un sourire charmant qui incitait à la confiance.

« Cela ne vous dérange pas si je reste un peu ? »

Parce que m'espionner en train de me baigner ne lui suffisait pas? Curieux le bonhomme... en même temps ce n'est pas comme si j'allais me plaindre, mais bon... cela faisait longtemps que je n'avais pas vécu d'aventure digne de ce nom, dans les deux sens du terme. C'est sûr que faire cuire des petits pains et servir des clients toute la journée, c'est vraiment une péripétie épique et palpitante! Encore, quand il faut foutre à la porte des BBB (bourrins bourrés à la bourre) bien costauds (dans le sens négatifs, j'entends) ivres comme des trous et qui arrivent au moins deux heures après la fermeture en demandant si c'est encore ouvert "pour une aventure passionnante", je cite, là je suis preneuse... pour leur fournir un aller simple vers la flotte. C'est fou le nombre de co... de crétins que l'on peut retrouver sur la plage de bon matin. Même la mer ne veut pas d'eux, c'est ignoble et ça empoisonne le poisson. Vous imaginez, de la morue à l'alcoolo? Beurk.

Clemens eut soudain l'air très gêné (il y avait de quoi), et tenta de se rattraper du mieux qu'il pu.

« Enfin.. Je ne veux pas vous paraître voyeur ou quoi que ce soit, désolé pour ma maladresse, je pense vous laisser ici ! »

Les mains toujours sur les hanches, je soulevai les sourcils, assez étonnée. Je fus même tellement surprise que je penchais légèrement la tête de côté, un tic refilé par Livena, encore et toujours elle. J'aurais pu le trouver impoli, mais ce jeune homme m'intriguait assez. Bon, soit, sous ses grands airs de gentleman il était un peu timide, soit il avait entendu parler de mon autre réputation et craignait pour sa vie à juste titre. Ce qui était un peu dommage, car à première vue il n'avait pas l'air d'un gars à se dégonfler si facilement. Pas du tout le genre ballon de baudruche, si vous voyez ce que je veux dire. Y eux à qui il suffit de montrer une aiguille et puis POUF! Et puis en temps que fille de couturière, des aiguilles, j'en avais vu pas mal. Mais je m'égare. Comment convaincre Clemens de rester sans avoir l'air de trop insister? La subtilité, c'était un peu mon fort, mais dans les situations délicates, j'appliquai plutôt la méthode classico burrito: on fonce dans le tas, on frappe et on s'explique après! Oui, je sais, aucun rapport avec les burritos.

« Tu ne me parais pas voyeur ou quoi que ce soit dans le genre. Enfin si c'est ce que tu veux, tu peux, bien sûr, mais ne te sens pas obligé de partir parce que le coin n'est plus si tranquille et solitaire... je sais que je déménage, mais je sais me faire discrète! *Ah! bon, t'es sûre???* Et puis, sauf quand je sers des habitués, je suis un peu seule à Storghein... *Et j'aurais besoin d'un peu de compagnie de temps à autre, mais ça, hors de question de le lui dire.* »

Trop brutal pour être subtil, trop fin pour être classico burrito. Quel progrès... au moins, je savais faire dans la demi-mesure, ce qui était déjà pas mal. Je n'avais pas envie de me retrouver toute seule à me disputer avec ma seule amie se trouvant être une jument, comme une fille de 18 ans qui en paraît 20 avec un âge mental équivalent à 8. Argh, que des maths, ça fait mal à la tête... J'attendais la réponse de Clemens, en espérant qu'il ne se défilerait pas comme tant d'autres trompés par ma réputation basée sur des faits (plus ou moins) vrais. Mes mains étaient toujours sur mes hanches, mais cette position ne se voulait plus maligne désormais; avec mes yeux roses presque anxieux et ma bouche à demi-ouverte comme une carpe, j'avais l'air de tout sauf d'une croqueuse d'hommes. La rivière était derrière moi, mais je le savais au hennissement légèrement moqueur de Crépuscule, qui devait en cet instant bien s'amuser. Stupide canassonne!

« Un travail récompensé : votre nourriture est délicieuse. Le peu de fois que j'y suis allé, je fus ravis.
-Je ne suis satisfaite que quand mes clients le sont aussi, alors ça tombe plutôt bien! répondis-je en souriant. Un compliment sur ma cuisine fait toujours plaisir. »

Si j'avais commencé à cuisiner quand j'étais petite, c'était pour pouvoir aider ma mère et pour qu'elle soit fière de moi, ce qui avait, du moins de mon point de vue, plutôt réussi. Eh oui, nulle sur un pupitre face à une opération, mais devant une marmite c'était autre chose!! Je suivais toujours mon intuition pour cuisiner, et la plus belle récompense qu'on puisse me faire pour m'en récompenser, (outre un joli pourboire) c'était juste le sourire des clients sur leurs visages. Et puis savoir cuisiner était un atout quand on vivait seule, et je pouvais manger autant de viennoiseries que je le voulais... enfin en évitant de ressembler à une patate pelée par Livena. C'est vrai, elle pelait toujours atrocement les patates, c'était vraiment horrible de devoir faire cuire ces espèces de boules jaunes avec des lambeaux de peau brunes et... brrr, je vais changer de sujet avant de vomir.

« Vous travailler dans la Feuille d'Or depuis longtemps ? »

Je m'assis au bord de la rivière en laissant mes jambes dériver dans l'eau claire, remballait Crépuscule qui éclaboussait les alentours sans faire attention à autre chose, et répondis à Clemens en lui adressant mon plus beau sourire:

« Pas tellement, vous savez. J'ai ouvert la Feuille d'Or au début de l'année, avant je travaillais à un hôtel de Storghein histoire de réunir assez d'argent pour monter ma propre entreprise; mais j'ai appris à cuisiner avec ma mère à... zut, 11 ans ou 12? Je ne me souviens plus très bien... »

Moi qui étais une inconditionnelle bavarde, j'avais presque l'impression de trop parler sans lui laisser le temps d'en placer une. Je sursautai en réprimant un cri de fillette quand ma jument détrempa mon haut à l'aide sa queue.

« Espèce de... cannassonne! Diablesse rousse! On avait convenu que tu ferais plus ça, traîtresse! Non mais arrosée par un cheval, vous vous rendez compte?! Tu vois pas que j'étais en train de parler avec quelqu'un, là?! Et ne me regardes pas avec cet air supérieur s'il te plaît! Tu crois peut-être que je ne me rends pas compte que tu te fiches de moi, hein?! »

J'avais de la peine pour le pauvre Clemens qui devait se sentir de trop das une dispute entre une blonde enflammée et une jument farceuse, mais c'était plus fort que nous, on ne pouvait jamais s'empêcher de nous disputer. Et puis franchement, elle avait vraiment l'air de hennir de rire!!!

« Vous formez un joli couple, vous deux ! »

Je m'arrachai à ma querelle avec Crépuscule pour hausser un sourcil étonné à l'attention de Clemens. Bon d'accord, on ne rencontre pas tout les jours des blondes intelligentes se disputant avec leur monture pour une paires de bottes et deux trois éclaboussures, mais de là à avancer que nous formions un joli couple... fallait être un peu dérangé parce que je ne voyais pas du tout quel raisonnement il avait suivi pour en arriver à cette conclusion. Surtout que nous étions deux filles. Et ça se voyait, quand même!! C'est bien connu, les filles se disputent toujours entre elles!

« Euh, je suppose que je dois vous remercier, mais je me demande si j'ai très envie de finir ma vie avec cette ingrate pour seule compagnie, répondis-je en souriant à mon tour. »

A peine eus-je prononcé ces mots que l'intéressée me fouetta le dos avec sa queue rousse. Mais que-ce qu'elle m'énervait cette... !!!!

« Aïe!! Vous voyez? Ingrate, mais pas sourde, ça c'est sûr!
-Il ne va pas tarder à faire nuit. Il faut prendre une décision, on peu encore rejoindre la lisière de la forêt avant de ne plus rien voir. Ou rester ici pour la nuit. Comme vous voulez. »

Je réfléchis un instant à sa proposition. Cela faisait longtemps que je n'avais pas dormi à la belle étoile, surtout dans un cadre si agréable. La compagnie était plutôt bien aussi (je parle de Clemens, pas de Crépuscule, celle-là je me la tape 24h/24...), bien qu'il y avait chez le jeune homme une espèce de zone d'ombre qui lui donnait une part de mystère... mais bon, tout le monde avait ses secrets, non? Oui bon, ça c'est une réponse de mangeuse d'homme, mais désolée les habitudes ont la vie dure. Cependant, il avait raison car la nuit tombait et si je ne voulais pas arriver trop tard à Storghein je devais me mettre en route tout de suite... voyager dans le noir dans les plaines enneigées de Storghein n'était pas le plus conseillé pour une jeune fille, même armée.

« Pour ma part, je pense que je vais me mettre en route. J'ouvre assez tôt et je dois passer à l'écurie avant de mettre un peu d'ordre dans mon établissement. Merci de votre proposition, mais je vais devoir refuser, ajoutai-je avec un sourire poli. En tout cas, je suis ravie d'avoir fait votre connaissance, j'espère vous voir un de ces quatre à la Feuille d'Or! »

Comme tout bon marchand terminait toujours une première conversation avec un peu de publicité, je montai Crépuscule puis reparti vers la lisière après avoir adressé un dernier signe vers Clemens. Un drôle de gaillard... une proie un peu trop dangereuse et expérimentée pour moi, si vous voulez mon avis!