Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [Terminé !][DA - 155] Le crépuscule de la solitude, l'aube d'une nouvelle vie... [PV' Auween]

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   [Terminé !][DA - 155] Le crépuscule de la solitude, l'aube d'une nouvelle vie... [PV' Auween] EmptyLun 10 Sep - 15:11

Combien de temps ? J’avais laissé quelques affaires m’éloigner de mon habituel rituel d’été, à présent les feuilles tombaient et je n’avais toujours rien fait. Quelle honte, J’étais devenu tout ce que je haïssais, un type froid, distant, incapable de trouver l’amour. Les seules femmes que j’avais aimées n’étaient plus et bien que j’avais la fâcheuse manie d’attirer les regards, aucune d’entre elles ne faisait chavirer mon cœur. Enfin, là n’était pas la question, je n’étais plus loin de Tamawa, il devait me rester une dizaine de minutes de route, à tout casser avant d’arriver. J’avais de la chance d’avoir conservé mon endurance, je voyageais assez aisément, je trouvais le sommeil encore à peu près normalement bien que ma lubie ne passait pas depuis toutes ces années, ma haine envers ma mère avait grandit, je nourrissais une rancœur sans limite envers les zélotes et j’avais été trop incompétent pour retrouver l’ordure qui m’avait séparé d’Elenwë. En parlant de cette dernière, c’était justement pour elle que j’allais à Tamawa, pour lui rendre hommage, comme je le faisais chaque année depuis que cette chienne de vie m’avait privé de son sourire. Appuyé sur mon bâton, qui était aussi le manche de mon arme, je devais avoir l’air particulièrement idiot aux yeux des gens, étant emmitouflé dans ma veste habituelle, capuche rabattue et appuyé comme un vieillard sur mon arme. Tout compte fait, je crois que j’en avais perdu, de mon endurance, mais bon, j’arrivais aux portes, il était temps.

J’arpentais la ville avec un seul objectif en tête, me rendre sur la sépulture de ma défunte amie. J’avançais dans les rues sans me soucier des regards des autres, des quelques murmures que je provoquais, après tout j’étais assez mal vu depuis que j’étais devenu un templier crépusculaire. Les récents évènements ne jouaient pas non plus en ma faveur, des rumeurs circulaient que des templiers crépusculaires avaient foutus un bazar pas possible dans les environs, surement des ivrognes ou des conneries racontées pour nous nuire, aucune idée. Enfin, je passais devant les principales boutiques, je notais d’ailleurs dans un coin de mon esprit que j’aurai à faire dans cette boutique tout particulièrement. Quelle boutique ? Une boutique d’armement, j’avais quelque chose que j’avais laissé trainé trop longtemps. La ville était globalement bien agitée, plus que dans mes souvenirs, mais bien moins qu’Erathia, selon moi. Par soucis de tranquillité, je préférai passer loin des quelques templiers que je voyais, je n’avais pas réellement envie de discuter et encore moins d’en découdre, sait-on jamais. Je m’arrêtais chez un fleuriste rapidement, ressortant avec un petit bouquet de roses rouges légèrement violacées. Rien qu’en les regardant je me remémorais de bien tristes souvenirs, des souvenirs que j’avais enfouis, ou plutôt que j’avais essayé d’enfouir, mais je me sentais si coupable de n’avoir rien pu faire qu’il m’était encore plus insupportable de me savoir incapable de tirer au clair cette affaire.
J’arrivais dans l’allée principale du cimetière, après avoir croisé un homme qui m’avait grommelé une vague insulte en astorg. Vaguement, en effet, le pauvre bougre était complètement ivre et n’arrivait que de manière très bancale à tenir debout. Je connaissais ce chemin par cœur bien malgré moi, quel genre de type serait fier d’avouer qu’il connait par cœur le chemin qui le mène à la tombe de sa meilleure amie ?

Cette pensée m’aurait fait rire en temps normal, tellement elle était idiote, malheureusement j’étais là, face a la stèle érigée en la mémoire d’Elenwë. « Tombée au combat, morte avec les honneurs » Certes, je sais qu’elle était fière d’être templière de l’aube, mais je ne trouvais aucun honneur dans sa mort, elle avait été souillée, personne d’autre que moi n’a cherché à comprendre, ou peut être qu’ils s’en foutaient, tout simplement, qu’en penser, je n’en savais rien après tout. Je déposais le bouquet de roses sur la sépulture, c’était ses fleurs préférées. Je sortis ensuite de ma poche la pierre brisée de sa rapière, que je serrais dans mes mains en lâchant une prière en elfique à la déesse Silmaria. J’avais beau ne pas être elfe, je connaissais cette prière depuis le jour ou je l’avais vue la faire avant de partir vers sa première mission. Elenwë était pieuse, aimable, soucieuses des autres, douce… POURQUOI DIABLE DEVAIT-ELLE MOURIR ?

Ce puissant sentiment qu’est le chagrin m’envahit, les premières larmes coulaient tandis que je revivais dans ma tête le moment où je le tenais dans mes bras, la serrant avec tendresse tandis que la vie s’échappait de son corps à une vitesse déconcertante.
Quelques minutes de sanglots ponctuèrent le léger tremblement de mes mains puis je remis la pierre brisée dans ma poche, séchant mes larmes et reprenant mon bâton laissé au sol quelques instants avant de me relever et d’entamer un monologue.


« - Je suis désolé de ne pas être venu plus tôt, vraiment, j’ai manqué à tous mes devoirs une fois de plus. Cela fait trop longtemps que tu es partie, trop longtemps que nous sommes séparés, on était comme les deux doigts de la main, tu t’en souviens ? Un véritable tandem de choc, je ne cesse de me remémorer ces moments ou nous avons rit et pleurés ensemble, tout ces petits moments que je regrette maintenant de ne pas avoir vécu comme toi tu les avais vécus. Je t’ai négligée tout ce temps, je sais que c’est pas en le disant maintenant que les choses changeront, mais je n’avais jamais eu l’occasion de te dire que j’étais si désolé de ne pas avoir comprit plus tôt…
Je tiendrais ma promesse El’, je retrouverais l’ordure qui t’as fait ça. »


Ce n’était plus des larmes qui coulaient, mais la haine qui reprenait le dessus. Seulement j’avais appris avec le temps que le calme était la meilleure posture à adopter, le masque ultime qui se briserait au moment opportun. Quelques minutes supplémentaires passèrent, après avoir promis de repasser, je prenais tout doucement le chemin de la rue commerçante, l’air légèrement abattu.

Je pense qu’il n’était pas nécessaire de maitriser l’esprit et de me sonder pour comprendre que j’étais passablement dégouté en ressassant tout ces souvenirs, mais j’estimais indispensable de me torturer un peu plus, trouver une motivation, un truc, n’importe quoi, qui m’orienterait dans le bon chemin. J’avançais lentement sans me soucier des quelques templiers et autre passants, nobles, marchands, mendiants, mercenaires que je croisais. J’arrivais finalement devant la boutique d’armes que j’avais repérée plus tôt et y entrait en notant cependant une impression malsaine non loin.
Une bien petite boutique mais tellement garnie. Il y avait de tout, pour tout les goûts, mais j’étais ici pour quelque chose de bien précis, m’approchant du comptoir je rendais son salut à l’artisan avant de m’exprimer en almer, sa langue natale, tout en posant les pièces détruites de la rapière d’Elenwë.


« - Je cherche une rapière, quelque chose de bien précis cependant, il me faudrait la réplique exacte de ce manche et si possible une pierre qui s’en approche au plus possible, c’est très important.
- Et bien je vois que monsieur est un véritable expert en la matière, vous avez de la chance, j’ai justement des armes dans ce style et avec des pierres runiques de couleur très similaire, mais vous savez, trouver une pierre jumelle est extrêmement difficile, les couleurs sont infinies !
- Je le sais, mais j’ai confiance en votre talent, vous me trouverez surement celle qui y ressemble le plus.
- Pas la peine de me flatter mon garçon, je suis l’meilleur de la ville en matière d’armes runiques, juste un instant. »


Je me souviens être venu ici dans le temps, ce vieil homme était déjà quelqu’un que je trouvais extrêmement sympathique et terriblement doué, l’homme de la situation. Il se passa pas moins de 3 minutes qu’il revenait déjà avec une arme ressemblant presque parfaitement à la rapière d’Elenwë. Je saisis l’arme une instant et lâcha mon énergie pour matérialiser l’arme, la lame était d’un éclat violet resplendissant, si semblable à la lame qui jaillissait de l’ancienne pierre maintenant brisée.

« - Elle est parfaite, je la prends. »

J’avais beau ne pas rouler sur l’or, j’avais mis suffisamment de côté pour pouvoir me permettre cet achat, et pas n’importe quel achat. Un au revoir rapide après avoir réglé mon du et je repartais le cœur déjà moins lourd, comme si j’avais retrouvé une raison de me réjouir du temps qui passe. J’étais sur le pas de la porte du magasin, tournant directement vers la sortie, j’ai bien faillit rentrer dans la demoiselle qui scrutait les armes de la boutique, comme fascinée. Fort heureusement, j’avais stoppé mon geste et ne l’avait pas renversée, je m’en serais voulu à coup sur d’une telle bourde. Elle avait sursauté légèrement, une elfe, une très jolie elfe.

« - Ahh ! Désolé, j’avais la tête ailleurs, ça va ? »

J’avais machinalement parlé en elfique, bien que je restais intrigué devant la beauté de la jeune femme, je crois que c’est bien la première fois que je ressentais un truc pareil. Je restais à la fixer, mon bâton en main droite et la rapière en main gauche, je me figeai un instant puis j’ôtais mon capuchon de la main gauche, moins encombrée tout en me sentant ridicule de ne pas avoir fait ça plus tôt, mes bonnes manières allaient elles me lâcher maintenant ?

Elle était plutôt petite, probablement jeune en même temps, la vingtaine je dirais, ou pas loin, les cheveux courts et châtain plutôt foncé, je dirais, ses yeux verts émeraude étaient absolument envoutants. Je sentais mon cœur battre plus vite, je me sentais idiot face à elle qui me regardait avec un regard que je ne saurais décrire sur le coup. C’était donc ça, le coup de foudre ?
D’un coup j’étais moins pressé de partir, j’avais enfin trouvé une demoiselle qui faisait fondre l’enveloppe de glace qui bloquait mon cœur. Elle était vraiment très mignonne, bien qu’elle ne semblait pas très disposée à parler sur le coup, j’avais bon espoir de pouvoir converser un peu avec elle, la courtiser peut être ?

Par Callista, qui aurait cru que cette journée si mélancolique devienne si soudainement joyeuse ?


Dernière édition par Ethiann le Dim 16 Sep - 15:00, édité 1 fois
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   [Terminé !][DA - 155] Le crépuscule de la solitude, l'aube d'une nouvelle vie... [PV' Auween] EmptyMar 11 Sep - 3:27

Souffler. J’ai besoin de souffler. Voilà des mois que ne suis pas retournée à Tamawa pour faire quelques achats ou simplement contempler les armes de mon magasin préféré, trop absorbée par mon apprentissage... et surtout par le fait d’avoir tué mon propre père et d’avoir avoué cela à Ewan ensuite en plus d’avoir affronté un autre « déjà-mort », Templier du Crépuscule qui plus est ! La haine qu’il nous a porté à Aerin et moi simplement parce que nous maîtrisons un élément m’a comme qui dirait traumatisée et, malgré la curiosité que ces gens pouvaient attiser en moi précédemment avec des questions comme « Qu’est-ce qui les pousse à quitter le Temple ? » ou « Pourquoi une haine tellement profonde envers les Zélotes ? », je m’en tiens maintenant à distance et ne m’y intéresse plus. Certes, ces questions continuent de me prendre la tête, d’autant plus depuis cette histoire, mais rester loin d’eux est la meilleure chose à faire pour le moment. J’en ai peur car j’ai failli mourir en dépassant mes limites, mon frère également en combattant au corps à corps et Aerin aussi en laissant l’ennemi approcher trop près de lui. J’étais tellement soulagée que Maître Jacen arrive et finisse le travail... aurais-je supporté de tuer encore ? Bon, en même temps... est-ce que tuer un mort n’est pas simplement le tuer mais le renvoyer de là où il vient, là où est sa place ?

Quoi qu’il en soit, je ne mets pas longtemps à arriver à la ville. Ewan prétextant un entraînement avec Maître Iréa pour ne pas venir avec moi et supporter mes élans de passion pour les armes, je me retrouve seule dans cette ville que j’apprécie. Et finalement, ce n’est pas plus mal. Je vide mon esprit en entrant dans toutes les échoppes, en saluant les Templiers que je croise sur ma route et en profitant des derniers jours de beau temps avant l’arrivée de la pluie incessante de l’automne. Voilà déjà un bon mois que la saison a commencé mais nous voilà gâtés par la nature. Me fait-elle une faveur en m’offrant ces petits bonheurs pour me remonter le moral après ces épreuves difficiles ? Je ris toute seule en pensant à cela... la nature ne fait plaisir à personne ! Elle se contente de vivre au jour de jour comme elle l’entend, faisant parfois défaut aux Hommes et à leurs caprices. Et elle a bien raison. J’aimerais pouvoir agir sauvagement, des fois, sans peur de blesser les gens que j’aime, sans peur de l’extérieur alors que mon apprentissage est maintenant bien avancé.

Enfin, j’arrive devant chez le forgeron et enfin je peux m’approcher de la fenêtre presque trop haute pour moi, collant mon visage contre celle-ci pour tromper les reflets et admirer les armes fraîchement exposées sur les murs. J’aperçois de nouveaux modèles mais j’hésite quelques instants avant d’entrer. Bien que je sois émerveillée par ces bouts d’acier, il est rare que j’entre dans la boutique. Comme je n’achète jamais rien, le commerçant, bien qu’amusé les premiers temps, m’a vite fait comprendre que mon comportement ne lui plaisait pas. Il pourrait se contenter d’être flatté que j’aime son art à ce point, non ? Franchement... les commerçants ! Du coin de l’œil, j’aperçois alors un homme entrer dans la boutique : il est encapuchonné et a l’air d’un vieillard, avec son bâton à la main. Malgré tout, sa démarche m’indique qu’il ne doit pas être si âgé que cela... Je profite de sa présence pour entrer à mon tour : occupé avec ce client, le forgeron ne fera pas attention à moi tout de suite.

Et c’est comme si j’entrais dans une cave au trésor, celle que les pirates convoitent tant dans les livres. Je regarde tout, touche tout mais fais attention à bien nettoyer l’arme ensuite avec un bout de ma robe... encore que l’autre me reprocherait de faire des traces de doigts sur ses bijoux ! Pendant que les deux hommes discutent, j’admire les épées, les arcs et même les boucliers. Ils sont bien trop lourds à porter pour moi mais je me plais à m’imaginer en utiliser un pour me protéger de toute la haine du monde. Alors que je traverse la pièce pour admirer le deuxième mur, je ne vois pas le client se diriger vers la sortie d’un pas décidé et manquer de me percuter. Je fais un pas en arrière et sursaute. Levant la tête vers lui, malgré le contrejour, je peux voir sous sa capuche, qu’il enlève par la suite, apparemment embarrassé... je remarque donc que cet homme est loin d’être vieux. Oh, il est plus âgé que moi, probablement, mais pas de beaucoup. Et il est fort charmant... son regard sombre et pensif est captivant. C’est un cydien à première vue. Sa voix et sa maîtrise parfaite de l’elfique me captive et je n’ai pas le temps de lui dire que ce n’est rien, que le forgeron s’approche de nous.


- Dis donc, demoiselle ! Ça faisait bien longtemps que je ne te voyais pas ici et je ne m’en portais pas plus mal ! Tu viens encore regarder et toucher partout sans acheter le moindre petit couteau... tu sais ce que j’en pense, non ?

Quel grognon, celui-là ! Il me sort par les trous de nez ! L’inconnu me fixe toujours, apparemment peu conscient de ce qu’il se passe, captivé par je ne sais quoi... tellement captivé qu’il ne pense pas à prendre ma défense. Un beau jeune homme si peu gentleman, c’est bien dommage. Mais peut-être a-t-il d’autres qualités ?

- Hey, je te parle, tu m’écoutes ? répète le rabat-joie en m’attrapant par le poignet. Je ne veux plus te revoir ici, tu entends ? Si tu n’as pas d’argent, reviens avec un adulte qui...
- ... pourra te payer ce que tu veux m’acheter. Ce n’est quand même pas possible, tout ça, hein ! continue-je sur un ton arrogant en dégageant mon bras. C’est le même discours depuis toujours, vous ne pouvez pas changer ?
- Si tu m’obéissais, je n’aurais pas à te le répéter !
- Personne ne me donne d’ordres à part Maître Jacen et vous n’êtes clairement pas de la même trempe, Monsieur-je-râle-tout-le-temps !

Je lui tire la langue et finis par saisir la main du bel inconnu, le tirant vers la sortie.

- Allez viens, j’ai une rapière à dévorer du regards, moi ! Oui, celle que tu viens d’acheter... au moins, TOI, tu me laisseras la voir sans que je te paye ! Pfff... ces vieux...

J’entends l’autre abruti taper du pied et j’accélère le pas pour éviter qu’il ne me courre après. Oui, parce que c’est déjà arrivé ! Je me dirige finalement vers une jolie fontaine, invitant mon complice à s’asseoir sur son rebord large en pierre, lâchant enfin sa main. Me plaçant à côté de lui, à la lumière du jour, je peux enfin contempler ses traits vraiment harmonieux. Il y a bien des cydiens au Temple mais je n’avais jamais remarqué qu’ils pouvaient être si beaux.

- Je te pardonne pour la presque-bousculade du magasin ! dis-je en riant légèrement. Je m’excuse à mon tour de t’avoir enlevé mais ce vieux chnoque m’enquiquine à chaque fois que je mets les pieds dans sa boutique. C’est vrai que je n’achète rien mais les armes runiques coûtent cher et mon sabre me convient parfaitement pour le moment, je n’ai pas besoin d’autre chose. Quoi que... je demanderais bien à Aerin de m’apprendre le tir à l’arc un de ces quatre. Mais pour le moment, je ne tiens plus à me battre, j’ai été dégoûtée et ce n’est pas vraiment mon truc. Ewan est plus doué que moi pour ça, il a vraiment assuré la dernière fois. C’est bien pour ça qu’on est dans des divisions différentes.

Le cydien semble surpris par mon débit incroyable et déconstruit. J’espère ne pas l’avoir effrayé, j’aimerais faire connaissance, il m’intrigue. Enfin bon, il semble décidé à rester puisqu’il me fixe toujours avec autant d’insistance. J’ai quelque chose sur le nez ?

- Bref ! dis-je finalement pour le laisser parler un peu en répondant à ma question. Je m’appelle Auween. Et toi, comment t’appelles-tu ?

Je lui offre un sourire. Ce tour en ville me fait plus de bien que je ne le pensais.


Dernière édition par Auween le Mar 11 Sep - 10:38, édité 1 fois
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Comment dire… Tout s’est passé sacrément vite. J’avais capté un peu tard que l’artisan enguirlandais la demoiselle qui captait toute mon attention. Je sortais un peu de mes pensées pour prendre la défense de la belle, mais elle semblait avoir la langue bien acide et tout à fait capable de se défendre. Je n’avais même pas le temps d’aligner le moindre mot qu’elle l’avait déjà rembarré et me saisissait la main pour m’entrainer dans sa fuite. Allons bon, je me demandais d’une part pourquoi je ne cherchais pas à résister, jusqu’au moment ou je me disais qu’il était idiot de ma part de vouloir résister. Après tout j’avais peine à décrocher mon regard d’elle depuis que j’avais faillit la bousculer, alors qu’elle m’emmène quelque part, n’importe où, je m’en fichais, bien au contraire.

Elle n’avait pas la langue dans sa poche, je dois dire que c’est la première fois que je croisais une jeune fille si pleine de vie, et à juste titre, puisque toutes les personnes qui m’avaient été chères avaient tous quitté ce monde trop tôt, à croire que j’étais maudit, enfin c’est ce que je pensais jusqu'à ce que je la croise. Elle m’entrainait près de la fontaine non loin, ou elle m’invitait à m’assoir avant de commencer son long speech.


« - Je te pardonne pour la presque-bousculade du magasin ! Je m’excuse à mon tour de t’avoir enlevé mais ce vieux chnoque m’enquiquine à chaque fois que je mets les pieds dans sa boutique. C’est vrai que je n’achète rien mais les armes runiques coûtent cher et mon sabre me convient parfaitement pour le moment, je n’ai pas besoin d’autre chose. Quoi que... je demanderais bien à Aerin de m’apprendre le tir à l’arc un de ces quatre. Mais pour le moment, je ne tiens plus à me battre, j’ai été dégoûtée et ce n’est pas vraiment mon truc. Ewan est plus doué que moi pour ça, il a vraiment assuré la dernière fois. C’est bien pour ça qu’on est dans des divisions différentes.
Bref ! Je m’appelle Auween. Et toi, comment t’appelles-tu ? »


Tout était sorti si vite, si abruptement. J’avais peine à retenir toutes les infos du premier coup, heureusement j’avais tout de même une assez bonne mémoire et encaisser toutes ces infos ne me demandais qu’un peu de temps. Donc cette demoiselle s’appelait Auween, un joli prénom, typiquement elfique, ce qui ne m’étonnait guère. Ma seule réelle surprise était de constater qu’une demoiselle si mignonne pouvait parler autant, et de choses si différentes en même temps. Elle m’en arracha un petit rire sincère tandis que je reprenais doucement tout le flot d’informations qui venait de m’être envoyé. Alors, la dénommée Auween était du genre bavarde, pleine d’entrain, visiblement. Elle avait mentionné Maître Jacen, elle était donc apprentie Templière ? Je me demandais quel genre d’opinion elle pourrait avoir des crépusculaires. Par la même occasion, elle me parlait de son arme runique, un sabre. Ainsi que d’un dénommé Aerin, et d’un certain Ewan, inconnus au bataillon, ils devaient être eux aussi des apprentis ou des connaissances à elle, j’étais parti depuis trop longtemps pour pouvoir être informé des nouvelles têtes en ville, j’avais déjà du mal à me tenir informé des grandes catastrophes en cours…

Enfin, je la fixai toujours comme un abruti, il était peut être temps que je réponde avant qu’elle ne s’imagine être en compagnie d’un pervers cinglé.


« - Je m’appelle Ethiann. Auween, un fort joli prénom que voilà ! Ne t’inquiètes pas pour m’avoir emmené, ça m’embêtais un peu de voir une si jolie demoiselle se faire réprimander. M’enfin, c’est plutôt à moi de demander pardon à nouveau, j’aurai pu, non, j’aurai du dire quelque chose. »

Je me sentais idiot, c’est triste comme sentiment. Elle semblait avoir compris que je me sentais un peu con-con de n’avoir rien fait, à vrai dire n’importe qui aurait pu le comprendre en me regardant, j’avais un air désolé sur le visage et ce n’est pas ce petit sourire charmeur que j’avais fait un peu plus tôt qui aurait pu occulter un tel air. J’étais toujours curieux à son sujet, je voulais en apprendre un peu plus, et par méfiance, ou peut être peur, je ne voulais lui dire que j’étais un templier crépusculaire, j’espérais d’ailleurs qu’elle ne pose pas plus de questions sur le sujet. Quoi qu’après tout, j’avais été dans la division des piliers, il était peu probable qu’elle y soit, sauf si je jouais encore de malchance.

« - J’ai cru comprendre que tu étais templière, pour s’intéresser autant aux armes runiques et en posséder une… Plutôt surprenant, j’ai cru comprendre aussi que tu connaissais Maitre Jacen également, il doit pas avoir loin des quarante années maintenant… »

Un petit rire de plus, plus court mais tout aussi franc que le précédent. Je lâchais mon bâton pour le laisser se reposer contre mon épaule, prenant soin de ne pas montrer sa pierre runique à la demoiselle, je rabattais d’un geste furtif ma veste sur le manche. J’avais parlé sans trop réfléchir, tellement de souvenirs qui jaillissaient si soudainement, toutes ces bonnes années passées au temple en compagnie de tout le monde, ça me manquais un peu mais j’avais quelque chose à faire. Devant l’air quelque peu perplexe de ma partenaire, j’aurai voulu trouver une excuse pour changer de sujet avant qu’elle ne m’en pose au sujet du temple, et sur mon arme si jamais elle avait été assez vive pour remarquer la petite pierre verte au milieu du manche du bâton. Remarque, elle avait déjà vue la rapière, je crois que je n’allais pas y couper.
Je me souvenais à nouveau des noms Aerin et Ewan, mais je crois que je n’allais pas poser de questions à leur sujet maintenant.


« - Dis, je me demandais, tout à l’heure tu me parlais de ne plus avoir envie de te battre, que tu étais dégoutée, quelque chose ne va pas ? »

Je doutais fortement qu’elle me répondrait même si j’avais dit ça avec un air naturellement inquiet, un peu comme si je m’adressais à quelqu’un que je connaissais depuis toujours. Je me sentais bien à parler avec elle, j’avais l’impression que rien ne nous empêchait de communiquer librement, de parler de tout et de rien, mais peut être n’était-ce pas réciproque. Après coup, je me rendit compte qu’elle allait peut être mal prendre ma phrase précédente, et c’était bien la dernière chose que je voulais. Je m’empressais d’ajouter avant qu’elle ne me réponde… Ou pas.

« - Ah euh ne te forces pas à me répondre hein, j’ai tendance à m’occuper de trucs qui me regardent pas forcément, désolé, loin de moi l’idée de te faire du mal mais j’ai eu l’impression que ça te préoccupais et si il y a bien quelque chose qui me tracasse, c’est de voir une demoiselle en proie à la tristesse. »

J’aurais bien osé un sourire mais je ne pouvais pas, j’étais un peu inquiet de savoir ce qui lui était arrivé pour qu’elle dise une chose pareille. Je ne sais pas si ça se voyait, mais la seule chose qui m’importait au moment c’était de revoir son si joli sourire encore une fois et en même temps, je dois dire que j’aurais été heureux qu’elle se confie à moi, c’était un signe de confiance non négligeable après tout…
Enfin, le silence se posa une nouvelle fois entre nous, pour un coup instant je l’espérais…

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« - Je m’appelle Ethiann. Auween, un fort joli prénom que voilà ! Ne t’inquiètes pas pour m’avoir emmené, ça m’embêtais un peu de voir une si jolie demoiselle se faire réprimander. M’enfin, c’est plutôt à moi de demander pardon à nouveau, j’aurai pu, non, j’aurai du dire quelque chose. »

Des compliments... il m’a fait des compliments ?! Un joli nom, une jolie demoiselle... il aurait dû dire quelque chose... Je me sens rougir, j’espère qu’il ne le voit pas, je baisse la tête pour le dissimuler. Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Je ne suis pas timide de nature et je suis plutôt sociable en temps normal. Pour ses compliments me troublent à ce point ?

- Ah mais euh... non ce... je me suis débrouillée, tu vois ? articule-je un peu confuse. Ton prénom est... très joli aussi...

Nous sommes deux à l’être, apparemment, puisqu’il arbore un air un peu désolé ainsi qu’une gêne que je peux, sans utiliser l’Esprit, facilement décrypter sur son visage. Mais il semble se détendre lorsqu’il trouve d’autres questions à me poser. Et moi aussi, du coup...

« - J’ai cru comprendre que tu étais templière, pour s’intéresser autant aux armes runiques et en posséder une… Plutôt surprenant, j’ai cru comprendre aussi que tu connaissais Maitre Jacen également, il doit pas avoir loin des quarante années maintenant… »

- Effectivement je suis Templière, mais... encore Apprentie. Cependant, j’ai fait beaucoup de progrès ces derniers temps, peut-être que j’achèverai bientôt ma formation, qui sait ? Je lui fait un petit clin d’œil, toujours de bonne humeur malgré ce sentiment étrange qu’est la timidité ayant soudainement pris possession de moi. Et effectivement, je le connais, c’est lui qui m’a appris l’Invocation et le Soin ! Je... j’y tiens beaucoup, à Maître Jacen.

C’est un sourire sincère qui s’imprime sur mon visage, assaisonné d’un brin de mélancolie. Je ne passe plus autant de temps avec lui, maintenant. Mais je n’ai que des bons souvenir avec lui, il m’a vraiment aidée à grandir, évoluer et à penser à moi surtout. Lorsque je regarde de nouveau ma nouvelle connaissance, je le vois poser son bâton contre son épaule mais j’ignore pourquoi il en cache un bout avec sa veste. Je réalise finalement qu’à part son prénom, le fait qu’il fréquente aussi le Temple et qu’il maîtrise les armes runiques, je ne sais rien de ce garçon. Et sa question suivante me file des frissons. J’ose imaginer l’imaginable. Et s’il était aussi un Templier Crépusculaire ? Il est gentil, pas agressif en tout cas et ne semble pas me vouloir de mal. Pourtant, je n’ai jamais remarqué sa présence au Temple et s’il y était encore, sûrement l’aurais-je ne serait-ce que croisé. Mais rien. Je me voile la face en me disant qu’il est sûrement en vadrouille, parti recruter les petits nouveaux ou tout simplement souvent en mission. Oui, c’est sûrement ça.

« - Ah euh ne te forces pas à me répondre hein, j’ai tendance à m’occuper de trucs qui me regardent pas forcément, désolé, loin de moi l’idée de te faire du mal mais j’ai eu l’impression que ça te préoccupais et si il y a bien quelque chose qui me tracasse, c’est de voir une demoiselle en proie à la tristesse. »

Il a l’air tellement sincère. Mais la boule qui prend naissance dans ma gorge à l’instant m’empêche de répondre immédiatement. Il est gentil, je sens qu’il s’inquiète vraiment. Mais pourquoi ce doute et cette horrible crainte qu’il soit de la même trempe que l’autre Templier Crépusculaire ? Pourquoi cette peur qu’il me juge, comme l’autre l’a fait, sur quelque chose qui fait partie de moi ? Je me force à sourire mais il voit probablement que quelque chose ne joue pas. Je perds ma joie, je me rappelle du combat... c’était dur, tellement dur de blesser, de voir mon frère s’épuiser contre l’ennemi, de voir Aerin tétanisé devant l’attaquant et d’utiliser toute cette énergie, tout ce que j’avais en moi pour l’arrêter. Horrible... c’était horrible, je m’en rends compte maintenant. Imprudente, je laisse échapper quelques émotions : probablement a-t-il pu ressentir ma peur, mon stress, mon angoisse de revivre ça... peut-être même mes doutes. Je ne suis plus sûre de moi.

- Si ça ne te dérange pas... commence-je, la voix tremblante. Je préfère effectivement qu’on passe sur ce détail, c’est... encore trop récent.

Je le regarde à nouveau timidement. J’espère qu’il ne sera pas contrarié... il n’en a pas l’air. Il est beau. Pas seulement physiquement, je peux voir et sentir que c’est quelqu’un de bien. Comment ai-je pu penser qu’il puisse avoir des secrets si sombres que celui-ci ? Après tout, libre à lui de me cacher certaines choses, cela ne fait que dix minutes que nous parlons, quinze que nous nous sommes rencontrés. Nous avons tout à découvrir l’un de l’autre et, pour le moment, c’est le positif qui m’intéresse. Je me lève, m’étire de tout mon long pour me détendre enfin, remettre mon Esprit en place et continuer de parler normalement. Il n’a pas posé cette question dans le but de me faire du mal, je le sais. Et peut-être ne m’en fera-t-il jamais... pour l’instant, je me contente de me retourner vers lui avec un nouveau sourire.

- Au fait, qu’est-ce qui t’amène à Tamawa ? Tu es venu jusqu’ici pour acheter une arme runique ? N’en forge-t-ils pas à Cydonia ? C’est... bien là-bas que tu habites ?
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J’avais touché la corde sensible. S’il y avait bien une chose que je n’aimais pas, c’était de faire mal aux gens, enfin ça dépendais des gens, mais Auween en l’occurrence devait être la dernière personne à qui je souhaitais du mal. Ma question l’avait frappée aussi brutalement qu’un astorg sur la tête d’un cydien, si fortement qu’elle n’avait pu filtrer ses émotions correctement. J’avais compris que le simple fait qu’y repenser provoquait chez elle la peur et l’angoisse, je ne pouvais probablement pas imaginer les horreurs qu’elle avait pu voir, entendre et subir. Inconsciemment cela me mettait hors de moi d’imaginer si jolie femme en proie à de grands dangers, mon côté protecteur avait resurgi pour elle, que je connaissais depuis quoi ? Quinze ou vingt minutes ? Chose rare, pour ne pas dire exceptionnelle, la dernière personne que j’avais gratifiée des mêmes sentiments avant elle était…

Je dois dire que je me surprenais moi-même, si j’avais cru un jour ressentir autant d’attachement pour une personne que je ne connaissais visiblement pas. Qu’aurait dit Ferris ou Elenwë en voyant cela ? Oh elles m’auraient surement charrié quelques temps, c’était leur façon à elle de me faire comprendre qu’elle me faisait confiance malgré tout. Enfin voila, j’avais en face de moi une apprentie templière avec déjà un lourd passé et moi avec mon tact légendaire je venais d’appuyer sur une plaie encore ouverte, finalement je me demandais si un jour j’arriverai à faire quelque chose de bien dans ma vie.
Ne voulant pas que la discussion se finisse sur des fausses notes et la voyant s’étirer un instant, une idée me venait. Je me levai à mon tour, rangeant le manche de la rapière dans mon petit sac et empoignant mon bâton, toujours en faisant en sorte de masquer sa pierre, avant de saisir la main d’Auween de ma main droite avant de lui annoncer calmement, avec un sourire très franc.


« - Je comprends, on a tous des souvenirs plus ou moins douloureux que l’on aimerait oublier, ne parlons plus de ça alors, viens, je connais l’endroit idéal pour retrouver le sourire ! »

A vrai dire je n’inventais rien, à mon époque déjà beaucoup d’apprentis se rendaient là ou j’emmenais Auween, qu’ils soient seuls, entre amis ou même en couple, Tamawa était une cité vraiment idéale pour oublier ses petits soucis. J’emmenais donc la belle vers le petit parc près de l’enceinte est de la ville, un petit coin de paradis où j’avais l’habitude d’aller pour lire les lettres de Ferris à l’époque. C’était pour moi l’endroit le plus sympa de toute la ville, un sanctuaire de la quiétude. Nous en avions pour une poignée de minutes en marchant tranquillement, je tâchais donc de répondre à ses questions.

« - Je suis à Tamawa pour… Rendre visite à une amie… Bien que j’aurais préféré que cela se fasse dans des circonstances plus joyeuses. Je suis né à Cydonia, mais je dois dire que cette partie de mon histoire n’est pas franchement joyeuse, loin de là. J’habite à Erathia depuis quelques années et régulièrement je viens ici voir mon amie… Donc je suis passé prendre cette rapière par la même occasion, excuse moi de ne pas t’en dire plus, mais comme je parlais d’un endroit pour retrouver le sourire, il me semble bien idiot de ma part de te donner des détails, tu vois ce que je veux dire… »

Bien sur qu’elle le voyait, j’avais retrouvé mon air sombre et triste un instant et on aurait pu entendre à quinze lieux le ton troublé de ma voix. En plus de ça j’avais moi-même laissé quelques sentiments m’échapper, la douleur d’avoir perdu ma sœur et ma meilleure amie, la haine que je portais aux zélotes et finalement le chagrin que j’avais ressenti et que je ressens toujours en repensant à ma totale impuissance. Ces émotions ne parurent qu’un instant, j’avais vite rétablit mon Esprit afin de ne pas la troubler plus que nécessaire, elle était peut être apprentie mais quand même, elle me semblait plutôt accomplie et à priori elle était vers la fin de sa formation, l’Esprit ne devait pas avoir de secrets pour elle.
Mais je pense que si le temps nous le permet, un jour viendra ou je lui raconterai mon histoire, en espérant aussi savoir ce qui la tracasse autant. Peut être pourrais-je l’aider, peut être pas mais j’aurais au moins le mérite d’essayer de mon mieux.

Nous arrivions au parc en question, toujours aussi joli que dans mes souvenirs. L’automne avait beau être une saison mortellement triste à mes yeux, le fait d’y venir accompagné suffisait à me combler. Je la regardai encore un moment, la fixant droit dans les yeux avec ferveur avant de lui sourire à nouveau et de finalement lâcher sa main. Je m’accroupissais près de la terre meuble et légèrement humide du sol pour y placer ma main droite. J’avais dans l’esprit quelque chose que je n’aurai jamais pensé refaire avant longtemps : L’énergie afflua dans le sol et au bout de quelques instants, un petit plant sortit, il poussa et poussa encore, jusqu'à atteindre la taille d’une tulipe. Le bourgeon commençait à éclore et j’en venais au moment le plus dur pour moi et ma médiocrité en magie élémentaire. Le résultat final me décevait quelque peu, la tulipe était blanche avec des reflets verts plutôt prononcés à la base de la fleur mais qui se perdaient vite sur le chemin qui séparait la base du bout des pétales. En fin de compte le résultat n’était peut être pas si mal, je prenais la petite fleur puis, me retournant vers Auween et la fixant à nouveau dans les yeux, je finis par glisser la petite fleur entre ses doigts, délicatement avant de lui murmurer.


« - Cette fleur n’est pas aussi jolie que toi mais j’espère qu’elle te plait. »

C’est un énième sourire, bien plus marqué de timidité qui prenait place, on pouvait surement lire l’embarras au travers de cette expression. Je me sentais mal d’un sens, c’était la première fois que je faisais un truc pareil, en même temps c’était la première fois que je tombais amoureux…
Je lui laissais le temps de regarder ce modeste présent mais peut être ne lui avais-je pas vraiment laissé le temps d’exprimer quoi que ce soit, je la menais un peu plus loin, vers le centre du parc ou les ruines d’une ancienne tour de guet avait été jadis présent ici, maintenant il ne restait que quelques pierres réassemblées pour former un genre de petit banc sur lequel je prenais place et lui faisais signe de faire de même. Je ne parlais pas pendant quelques secondes peut être même une minute entière, je ne sais pas, trop de souvenirs me submergeaient en même temps, je me perdais un moment, avant de finalement lui dire sur un ton quelque peu nostalgique mais joyeux.


« - Je venais souvent ici quand j’étais plus jeune, j’y venais pour oublier tout mes soucis, mes craintes, mes douleurs les plus profondes. Beaucoup d’apprentis du Temple venaient également dans les environs, certains chamaillaient, d’autres se défoulaient un peu de leur longue journée d’entrainement… D’autres se promenaient en amoureux… »

Il n’est pas impossible qu’inconsciemment, j’ai laissé passer de nouvelles émotions : L’amour, le bonheur et la sérénité. Tous étaient destinés à Auween et lorsque je me rendis compte de ce qu’il s’était passé, mon premier réflexe fut de passer ma main dans mes cheveux, avec un air complètement détaché, en priant Callista que la jeune femme ne me prendrait pas pour un fou ou quelque chose du genre. Malheureusement il me semblait presque évident qu’elle associe ses sentiments à sa présence près de moi, ou peut être à ce que je venais de dire, je dois avouer que la situation était assez ambigüe. Cependant, le fait que mes joues viraient au rouge laissait comprendre que j’avais le béguin pour Auween. J’aurai bien prié une nouvelle fois pour espérer avoir une chance de courtiser un peu plus la jeune femme qui m’intriguais toujours autant et alimentait mon intérêt pour elle à chaque seconde qu’elle passait près de moi. D’ailleurs, que pensait-elle de cet endroit ?
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   [Terminé !][DA - 155] Le crépuscule de la solitude, l'aube d'une nouvelle vie... [PV' Auween] EmptyMer 12 Sep - 2:49

Cette fois, c’est lui qui prend ma main, acceptant aisément qu’on ne parle pas de mon passé (passé pas si lointain mais passé quand même). Je remarque maintenant que c’est réconfortant, qu’ignorer ses problèmes peut faire du bien. Tenir la grande main chaude et douce d’un autre homme que mon frère est agréable et je profite de l’instant. Son sourire fait rater un battement à mon cœur... j’ai déjà entendu parler du coup de foudre et, sans oser me l’avouer, je pense que j’en suis la proie à l’instant. Si ce n’est pas le cas, on pourrait traduire ça en disant que j’ai carrément craqué ! J’aime être avec lui et les craintes que je peux avoir s’estompent au fur et à mesure que je le laisse me raconter sa vie. Rendre visite à une amie dans des circonstances plus joyeuse... vivre loin de chez soi parce qu’on y a vécu de mauvaises choses... Malheureusement, son histoire et les raisons qui l’amènent ici ont l’air tout aussi triste que ma propre vie et, même si je suis terriblement curieuse d’en savoir plus, je respecte son envie de me remonter le moral absolument et garde le silence jusqu’à l’endroit en question. Les émotions qu’il « perd » en route me perturbent cependant au plus haut point : douleur, haine et chagrin... c’est bien ce que j’ai ressenti toute mon enfance à Silmarie. Je doute cependant que nous ayons vécu les mêmes choses et Ethiann semble ne pas encore avoir dépassé tout cela.

Le parc est vraiment joli. Je connais cependant déjà l’endroit, passant souvent à Tamawa quand j’en avais encore le temps et affectionnant particulièrement les jardins de cette envergure. Beaucoup de gens s’y rendent et je ne peux pas m’empêcher de rougir lors qu’Ethiann s’arrête en face de moi, me regardant intensément et souriant, et j’imagine alors tous ces couples qui passent parfois des heures ici... À quoi est-ce que je peux bien penser, franchement ? Pour le peu que j’ai pu entendre parler d’amour ou de sentiments, ça fait souvent bien plus souffrir que ça fait du bien. Et puis, même si certains garçons du Temple sont fort charmants et ont déjà tenté quelques approches, je n’ai jamais pensé à aimer, à entamer une relation, simplement parce que ça me semblait secondaire. Le seul amour que j’aurais voulu avoir est celui de mes parents, celui que je veux garder est l’amour que mon frère me porte et l’affection que ce dernier et Maître Jacen m’apportent est suffisante. Du moins, c’est ce que je pensais jusqu’à maintenant. Pourquoi ça me fait quelque chose quand Ethiann me prend la main ? Pourquoi ai-je envie de mieux le connaître ?

Je n’ai pas le temps de pousser ma réflexion plus loin, que me voilà captivée et intriguée. Je rêve ou il a posé sa main à terre pour faire pousser une fleur ?! J’écarquille les yeux en voyant ça : un autre élémentaire ! Il possède le même don que moi, en plus ! Je ne peux pas exprimer ma surprise qu’il se relève, la glisse entre mes doigts et me redit doucement que je suis jolie. Et j’ai l’impression que je vais me liquéfier à l’instant. Je dois probablement être rouge tomate à l’heure qu’il est et je mets un moment avant de trouver les mots justes pour lui parler correctement... et je doute que j’y arrive, finalement. J’articule mal, je bafouille et j’ai de la peine à soutenir son regard. Finalement, il ne me laisse pas le temps de parler et m’entraîne vers une autre zone du parc. Nous nous installons sur les restes d’une tour de guet et, apparemment nostalgique, il me dit :


« - Je venais souvent ici quand j’étais plus jeune, j’y venais pour oublier tout mes soucis, mes craintes, mes douleurs les plus profondes. Beaucoup d’apprentis du Temple venaient également dans les environs, certains chamaillaient, d’autres se défoulaient un peu de leur longue journée d’entrainement… D’autres se promenaient en amoureux… »

Mon cœur rate un autre battement lorsque je croise son regard plein de sous-entendus. Et je me sens bouillir mais, étrangement, je frissonne et ce qu’il laisse transparaître comme sentiments, bien que cela soit un peu effrayant, me rassure. Je me sens sereine et, alors qu’il rougit aussi, je ris timidement. Une fois un peu plus à l’aise, moins rouge et respirant un peu plus normalement, je me décide à parler, mon regard passant de ses yeux sombres à la fleur qu’il m’a offerte, pleine de lumière.

- On dirait que la Nature fait bien les choses... c’est ma fleur et ma couleur préférée que tu m’as offert, là. Ce petit dégradé, ça donne à la fleur un côté unique que j’aime beaucoup. Un sourire, puis je continue. Moi aussi j’ai appris à maîtriser cet élément, tu sais ? Celle qui me l’a enseigné était vraiment douée et grâce au Soin, j’ai réussi à apprendre très vite et bien. C’est une transfert d’énergie qui se ressemble : c’est redonner vie, créer ce qui a disparu ou réparer ce qui est cassé. La Manipulation de la Nature, c’est un don de soi sans douleur, à la différence du Soin. Je me retrouve bien là-dedans. Je trouve que c’est un pouvoir merveilleux, il donne bonheur, réconfort et protection aux gens. Tu ne trouves pas ?

Je finis par coincer la tige de la fleur entre mes cheveux et mon oreille et, après avoir regardé un peu autour de moi, je lui souris encore et continue de lui parler. Juste avant mes premiers mots, je saisis sa main avec les deux miennes, celle qu’il a précédemment passé dans ses cheveux.

- Ta main m’apprend plein de nouvelles choses, même si on ne se connaît pas. Elle m’apprend que tu es beau tout entier parce qu’elle est belle, elle aussi. Elle m’apprend que tu es gentil et rassurant parce qu’en enveloppant la mienne tout à l’heure, elle m’a rendue heureuse. Ta paume m’apprend que tu as combattu avec une arme probablement peu habituelle et elle m’apprend aussi qu’elle est capable de grandes choses car tu maîtrises bien cet art. Et puis ta main m’apprend la jeunesse, parce que tu l’es, comme moi... et elle m’apprend tes souffrances, même si je ne les connais pas en détail.

M’agrippant à sa main puis à son bras, je m’avance vers lui, rapprochant mon corps et mon visage du sien. Et je ne vois plus que lui. C’est la première fois depuis longtemps que je n’ai plus envie de parler, simplement de regarder et d’apprécier. Pourtant, j’arrive à souffler une phrase, sur un ton montrant bien que je suis conquise.

- Ta main m’apprend aussi que je veux m’y accrocher pour la journée... au moins.

Je lui souris, un sourire bien différent de celui d’avant. Je ne peux pas encore parler de désir car j’ignore ce que cette sensation peut provoquer mais je sais en tout cas que je ne veux pas le quitter, pas tout de suite, pas plus tard... Il m’hypnotise, je veux encore être avec lui. Alors que j’attends sa réaction, c’est une fraction de secondes qui s’écoulent et qui gâchent le moment. Je reçois une balle de cuir bien dure en pleine tête : ma fleur tombe sur le sol, complètement aplatie et ma stupéfaction laisse place à la colère quand je trouve le gamin qui a provoqué tout ça. Un peu plus loin, il semble confus et il remarque rapidement que je veux sa peau. Je me détache d’Ethiann, me relève et commence à marcher vers lui, rouge de haine cette fois.

- Sale mioche, tu vas voir ce que ça fait de contrarier Auween Räfalnïr !!! T’as cassé ma fleur, t’as osé me déranger là ! Non mais où est-ce que tu te crois ?!
- Mais j’ai crié « attention » z’avez rien entendu !
- Je m’en fiche que t’aie crié, tu vas voir ce que c’est de vraiment crier, gamin ! Prépares-toi à souffrir !

Il commence à courir pour me fuir et je pars à sa poursuite, laissant ma nouvelle rencontre patienter comme il le peut, peut-être un peu confus de ma réaction. Ai-je fui la situation, effrayée de mon comportement si inhabituel ? Peut-être... oui, j’ai sûrement peur de l’aimer. Il est tôt, après tout. Mais je sais que je n’aurais pas peur longtemps... du moins, je l’espère. Après cinq bonnes minutes à courser l'enfant, j'abandonne et reviens épuisée vers Ethiann. Complètement essoufflée, je ne peux rien dire pour le moment. Mais peut-être répondra-t-il à mes avances.
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Quelle surprise. Je ne sais pas si je devais cette chance à un coup de pouce que m’offrait Callista ou si Silmaria avait eu pitié de moi, mais arriver à trouver à la fois la bonne fleur et la bonne couleur, c’était quelque chose d’insensé. Enfin j’étais heureux de savoir qu’elle l’aimait, surpris d’apprendre qu’elle maitrisait elle aussi un élément, je savais bien malgré moi les quelques réticences de certaines personnes vis-à-vis des templiers élémentaristes. Nous étions assez semblables aux zélotes, nous nous battions armés et nous étions des mages, mais je me refusais à une telle comparaison, nous n’étions pas des traitres.
Auween avait la particularité d’être une elfe, je crois qu’elle passerait plus facilement inaperçue que moi, un cydien armé de ma faux et d’un tel pouvoir. Du moins en Cydonia les regards m’accableraient moi et non elle, je dois dire que si un jour cela devait arriver je les affronteraient avec bravoure, fier de pouvoir éviter des désagréments à la femme qui a volé mon cœur. Enfin on en était pas là tout les deux, même si j’avais l’impression que le courant passait bien entre nous, j’avais toujours ce nœud au cœur en imaginant la réaction qu’elle pourrait avoir en apprenant que j’étais un templier crépusculaire. Je n’avais toujours pas d’infos concernant les rumeurs que j’avais entendues mais les réflexions sur nous étaient toujours aussi mauvaises…


« - Moi aussi j’ai appris à maîtriser cet élément, tu sais ? Celle qui me l’a enseigné était vraiment douée et grâce au Soin, j’ai réussi à apprendre très vite et bien. C’est un transfert d’énergie qui se ressemble : c’est redonner vie, créer ce qui a disparu ou réparer ce qui est cassé. La Manipulation de la Nature, c’est un don de soi sans douleur, à la différence du Soin. Je me retrouve bien là-dedans. Je trouve que c’est un pouvoir merveilleux, il donne bonheur, réconfort et protection aux gens. Tu ne trouves pas ?
- Je dois dire que je n’en sais rien, je suis très mauvais dans la maitrise de mon élément, je n’ai jamais eu de véritable formation et le peu que je sais je l’ai appris par moi-même. Quand au soin, et bien je ne me suis jamais orienté vers ça, j’dois dire que je n’avais jamais envisagé la possibilité d’aider les personnes que j’aime avec un tel talent, c’est peut être pour cela que j’ai rejoint la division des piliers… »


Je ne terminais pas cette phrase, probablement parce que j’avais l’impression d’en avoir trop dit, je ne voulais pas qu’elle fasse le rapprochement ou qu’elle s’imagine des choses et prenne peur ou me haïsse ou je ne sais trop quoi d’autre. Un bref instant de silence s’installa avant qu’elle ne prenne ma main dans les deux siennes pour ajouter :

« - Ta main m’apprend plein de nouvelles choses, même si on ne se connaît pas. Elle m’apprend que tu es beau tout entier parce qu’elle est belle, elle aussi. Elle m’apprend que tu es gentil et rassurant parce qu’en enveloppant la mienne tout à l’heure, elle m’a rendue heureuse. Ta paume m’apprend que tu as combattu avec une arme probablement peu habituelle et elle m’apprend aussi qu’elle est capable de grandes choses car tu maîtrises bien cet art. Et puis ta main m’apprend la jeunesse, parce que tu l’es, comme moi... et elle m’apprend tes souffrances, même si je ne les connais pas en détail. »

Que dire… Ses déductions m’auraient presque fait peur si elles n’émanaient pas d’une si belle jeune femme. Elle avait deviné pas mal de choses juste en se concentrant sur ma main, je me battais bien avec une arme peu conventionnelle, j’excellais bel et bien dans un art particulier et, bien que cela soit assez évident, j’étais jeune. Ce qui m’interpellais plus particulièrement c’était le fait que je le rende heureuse juste en prenant sa main, j’étais touché, j’étais heureux, ému, je ne savais pas vraiment peut être tout ça en même temps ?
Elle se rapprochait de moi, m’agrippant maintenant le bras, rapprochant son corps et son visage du mien, me fixant en silence avant de murmurer une petite phrase qui me fit clairement comprendre rien qu’avec le ton qu’elle employait, que quelque chose se de fort était entrain de naître entre elle et moi.


« - Ta main m’apprend aussi que je veux m’y accrocher pour la journée... au moins.
- Tu pourras t’y accrocher aussi longtemps que tu le désires princesse, rien ne pourrait me rendre plus heureux. »


A cet instant ou nous étions si proches, j’aurais voulu l’embrasser et la serrer contre moi mais je n’étais pas certain de savoir ce qu’elle en aurait pensé. Je crois que la chose qui me ferait le plus souffrir à présent était le fait qu’elle me rejette, j’étais si bien auprès d’elle, tellement que j’en avais laissé mon bâton sur le côté ainsi que mon sac de voyage, le tout rendant toujours aussi mystérieuse mon arme. J’avais profité de m’être débarrassé de tout cela que je passais mon autre bras derrière son épaule pour la serrer un peu plus contre moi. Un instant si rapide mais si intense que nous partagions qui fut réduit à néant par le geste maladroit d’un gosse un peu plus loin. Auween venait être frappée par la balle en cuir de l’enfant en plein visage, percutant au même instant la petite fleur que je lui avais offerte. La stupeur nous avait frappé au même moment et je le restais tandis qu’elle affichait maintenant un air furibond, cherchant du regard le malheureux qui avait osé perturber ce si bel instant. J’aurai pu lui en vouloir également, mais c’était un gosse, il ne pensait surement pas à mal, bien que je sois tout de même déçu de ce qu’il venait de se passer, ma principale préoccupation était de voir si Auween était blessée. Je n’avais pas vraiment eu le temps qu’elle s’était déjà levée, haineuse et marchais vers lui. J’étais assez loin pour ne pas pouvoir retenir toute la conversation, bien qu’Auween s’entendais plutôt bien, le gosse protesta quelque chose, je lui lâchais rapidement une phrase par télépathie.

**- J’te conseille de courir gamin, elle est plutôt furieuse au cas où tu l’aurais pas remarqué… **

Il m’avait jeté un œil surpris pendant qu’Auween le menaçait et détala comme un lapin. Elle le suivi au pas de course, me laissant seul un instant. La scène m’amusait, bien que je m’inquiétais toujours de savoir si Auween n’avait rien ou pas. Certes le choc avait été dur mais fort heureusement il ne s’agissait que d’une balle en cuir, j’imagine que l’impact avait du sembler être une très grosse claque.
Une poignée de minutes passait et je revoyais Auween au loin, qui marchait cette fois. Elle était essoufflée, le gamin semblait avoir eu raison de son endurance. Elle semblait exténuée et pas vraiment disposée à aligner le moindre mot cependant je devais tuer ce doute qui me rongeait.
Je me levais, parcourant les quatre mètres qui me séparaient d’elle et, dans un élan de folie, je la soulevais du sol pour la prendre dans mes bras, la portant comme une véritable princesse avant de la poser sur le petit siège de pierre blanche. Je n’avais que faire de ce qu’elle pensait à cet instant, ma seule préoccupation était l’endroit ou le projectile avait frappé. Je savais pertinemment que tout au pire elle aurait un vilain bleu ou une petite bosse mais je ne pouvais supporter ceci. Je me posais à genou en face d’elle et pris son visage entre mes mains avant d’orienter légèrement sa tête sur le côté pour regarder. Je passais délicatement la main sur l’endroit, prenant garde de ne pas appuyer sur la zone endolorie ou de provoquer la moindre douleur. La zone était rouge, elle allait surement donner un petit bleu qui passerait probablement inaperçu, rien de grave, comme je m’en doutais, mais je me sentais rassuré d’en être certain. Je poussais un petit soupire de soulagement avant de lui dire calmement.


« - Je suis rassuré que tu n’aies rien, j’ai eu peur sur le coup, mais ce n’est qu’un vilain bleu. C’est étrange, certains diraient que tu es effrayante quand tu t’énerves… »

Je me coupais un moment avant de poser un petit baiser sur sa main, tel un gentleman.

« - … Mais je crois que je pourrais traiter de fous ces gens. Ce qui est effrayant en revanche c’est la vitesse à laquelle tu peux poursuivre quelqu’un, je crois que ce gamin à eu la peur de sa vie. »

J’éclatais un rire spontané et franc pendant un instant avec de fixer la belle un moment encore. Je me demandais ce qui pouvait lui trotter dans la tête en ce moment, probablement encore énervée après le garçon ? Un peu vexée d’avoir perdu la face devant moi peut être ? Peut être s’en voulait-elle de s’être emportée ainsi ? Non je ne pense pas, elle était franche, du moins de ce que j’avais pu voir d’elle, c’était une chose que j’appréciais beaucoup, la franchise.
Je dois dire que je n’étais pas franc avec elle… Et je m’en voulais un peu pour ça. Malheureusement j’avais ce lourd choix entre le fait d’être près d’elle encore un moment ou risquer qu’elle me rejette pour une simple affiliation. Je crois cependant que si elle me posait la question, je lui répondrais en toute honnêteté même si pour cela je devais souffrir des conséquences, je voulais cependant lui dire quelque chose.


« - Auween, je vais te dire quelque chose de très important et je veux que tu le gardes à l’esprit aussi longtemps que je vivrai : Je ne te mentirais jamais, je ne te tromperais jamais et je crois que la pire chose qui puisse m’arriver aujourd’hui serait de te décevoir. Je te dis tout cela pour te prévenir que, malgré tout ce que je suis, je tiens énormément à toi bien que je ne te connaisse que depuis peu de temps. Je crois que seul le temps nous apprendra plus l’un de l’autre, mais si tu as la moindre question, j’y répondrais, aussi douloureuse puisse t’elle être pour toi comme pour moi. »

Je ne sais pas vraiment pourquoi j’avais tout lâché comme ça, mais au moins c’était clair. Par contre je redoutais certaines questions, mais je m’engageais à y répondre, je le ferai, parce que je ne voulais pas qu’elle garde de moi l’image d’un homme que je ne suis pas, mentir était quelque chose que je ne faisais quasiment jamais, en tout cas jamais pour les personnes qui m’étaient chères.
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Une fois que nous nous sommes rejoints, je m’attends à ce qu’il parle, puisque j’en suis juste incapable à l’instant. Mais Ethiann en décide autrement et décide de me porter sans prévenir, telle une princesse, vers le petit banc où nous étions assis précédemment. Inutile de dire que je rougis encore, malgré que je me sente en grande sécurité dans ses bras. Il semble préoccupé par l’impact que la balle a eu sur ma tête alors que je suis encore attristée de voir ma si belle fleur écrasée sur le sol, commençant à faner. Une fois qu’il s’est assuré que tout allait bien, il soupire de soulagement avant de me confier son contentement de voir que je n’ai rien. Je m’apprête à le remercier mais, alors qu’il embrasse ma main, je me sens toute chose. Il se passe bien quelque chose pour qu’il me complimente ainsi, je n’ai plus de doute, maintenant. Je suis gênée, oui, mais c’est bien parce que je ne suis pas habituée à tant d’attentions, surtout de cette sorte. Maintenant que « c’est » là, il est compliqué d’agir naturellement car c’est sûrement un des domaines où je me sais maladroite. Cela n’a cependant pas l’air de le déranger plus que ça et son rire me fait du bien. C’est étrange à quel point les gens au lourd passé peuvent offrir de la lumière à ceux qui les entourent, malgré les épreuves de la vie.

Sa promesse me touche et m’intrigue en même temps. « Malgré tout ce que je suis... ». Chacun a ses secrets, ses méfaits accomplis, ses hontes. Et c’est à cette instant que j’ai un mauvais pressentiment. Et si, finalement, il avait fait des choses impardonnables ? Et si, finalement, il n’était qu’un homme en quête de vengeance ou de meurtre et que son côté séducteur ne servait que de passe-temps occasionnel ? Sûrement repartira-t-il, alors, me laissant seule ici, avec mon passé et mes liens bancals créés au Temple malgré les années passées à vivre là-bas. Enfin, jamais je ne serai seule, puisque mon frère sera toujours là pour moi mais je sens bien que ce n’est pas à ce genre de solitude que je pense. Maintenant que je l’ai connu, j’ai bien l’impression que je ne vais plus pouvoir me passer de lui, il est encore trop mystérieux pour cela. Mais est-ce bien le moment de lui poser des questions, malgré le fait qu’il me dise qu’il me répondra ? Une seule envie m’envahit, alors qu’il est encore agenouillé en face de moi, me regardant intensément comme tout à l’heure.

Je m’avance alors sur le banc, approche mes mains de son visage et frôle doucement sa peau, avide de le toucher encore, avide de me rapprocher de lui. Alors que l’une se retire, je fais passer l’autre dans ses cheveux et tire tendrement sa tête vers moi en même temps que je descends du banc pour m’agenouiller aussi. Mais c’est à quelques centimètres de ses lèvres que je me résigne et me contente de laisser tomber mes bras, pour mieux l’enlacer après. Me blottissant contre Ethiann, j’entends alors son cœur s’emballer et le mien raisonner dans ma tête. Lorsqu’il me rend mon étreinte, j’ai l’impression que la plus grande des guerres ne pourra pas nous atteindre. La vérité ne m’effraye pas, d’ordinaire et pourtant, j’ai bien la boule au ventre alors que je ressasse sans arrêt les questions que je pourrais lui poser. Parce que oui, j’en ai un beau lot : pourquoi cacher ce bâton que tu transportes partout ?, pourquoi avoir quitté le Temple (puisque visiblement il n’y est plus depuis un bon moment, déjà) ?, pourquoi cet air triste ?, qui est réellement cette amie et pourquoi n’es-tu pas heureux de venir la voir à Tamawa ?, pourquoi cet air abattu, malgré ce magnifique sourire ? Je nie intérieurement et essaye de me convaincre que lui demander tout ça ne servirait qu’à nous éloigner parce que sa vérité pourrait me blesser, d’après ses dires.

Je ne peux m’empêcher de le serrer plus fort contre moi en pensant à tout ça. Je ne le connais de nulle part et je ne connais pas ce que sont l’amour, les sentiments, l’attirance et la vie de couple. Ma seule ambition jusqu’ici était celle de devenir Templière pour rendre mon frère heureux et Maître Jacen fier de moi. Peut-être aussi pour trouver enfin cette reconnaissance que je n’ai jamais eue. Mais les hommes, je ne connais rien d’eux et je doute légèrement de moi à l’instant : aurais-je fait confiance à n’importe quel premier venu ? Si ce n’était pas Ethiann mais un autre homme sincère, peut-être même sans secrets, aurais-je eu la même facilité à le prendre dans mes bras ? Aurais-je accepté sa promesse ou aurais-je eu la même envie de mieux le connaître ? J’aurais très bien pu tomber sur un détraqué dans ce magasin... même les fous achètent des armes. Je me perds dans mes doutes et devient tremblante. Mais je me raisonne : rester dans le secret n’amènera à rien si ce n’est à une rupture brutale et douloureuse. Je ne veux pas que cette rencontre me laisse un mauvais souvenir. C’est malgré tout résignée, arrêtant enfin d’avoir peur, que je lui pose cette question, sur un ton presque froid, en desserrant mon étreinte et le fuyant du regard.


- Ethiann... tu veux bien me parler un peu plus de toi ? De ta vie au Temple comme ici ? J’ai vraiment envie de savoir qui tu es.


[HRP : mouhahaha, j’ai réussi à répondre avant d’aller en cours ! x) Tu m’as dit vouloir faire un tour de plus avant les révélations donc tu peux faire trainer les choses, si tu veux. Wink]
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Difficile d'y couper, c'est ce que je me disais. Je savais qu'il me serait difficile de lui raconter certaines phases de ma vie, j'y pensais encore et plus que jamais depuis que je lui avais dit que je le ferais. Peut être étais-je un brin masochiste quelque part. Mais je me sentais bien avec elle, à mes yeux elle faisait partie des personnes qui ne méritaient pas de rester dans le doute à mon sujet, ces personnes que j'affectionne, ces personnes que j'aime. Les êtres que mon cœur avait élu et décrété qu'ils seraient ceux qui auraient le droit de connaître le moindre de mes secrets.
Elle me tira de mes songes au moment ou elle posa ses mains sur mon visage avant que l'une d'entre elle ne s'aventure dans mes cheveux, me tirant doucement vers elle. Je crois qu'à ce moment nos pensées entrèrent en collision. Elle était de nouveau si proche de moi, le baiser n’était retenu que par notre brève hésitation et finalement elle se résigna aussi, comme je l'avais fait plus tôt. Finalement elle se blottissait contre moi en m'enlaçant, mon cœur s'emballait mais j'étais encore assez maître de mes émotions pour lui rendre cette étreinte tendre.

Ce moment me rendais d'autant plus triste en imaginant les ravages que pourraient causer mes aveux. Quelque chose semblait la troubler également, elle resserrait son étreinte, comme si elle ne voulait pas me voir partir. Peut-être se torturait-elle l'esprit avec les possibles questions qui affluaient dans sa tête ? Peut être s'imaginait-elle des choses à mon égard, des choses tristes ? Des choses douloureuses ? Aucune idée, mais ce silence qui se posait entre nous deux devenait lourd, angoissant.


« - Ethiann... tu veux bien me parler un peu plus de toi ? De ta vie au Temple comme ici ? J’ai vraiment envie de savoir qui tu es. »

La question était posée, non sans mal. J'avais senti cette hésitation, ce stress qui l'avait prise avant de finalement formuler sa question si simplement. Je ne m'attendais pas à cette question, je dois dire que d'une part j'étais presque rassuré. Presque oui, parce qu'ainsi je pouvais lui expliquer et peut être comprendrait-elle bien plus facilement qu'un simple « Oui ». Cependant il allait m'être difficile d'entrer dans certains détails qui pour le moment étaient encore, même pour moi, bien mystérieux.
Je prenais un moment pour rassembler mes pensées, la tenant toujours dans mes bras, je ne pouvais pas me retenir d'afficher ce petit air sombre et attristé de plus tôt mais comme je me sentais bien après d'elle, j'arrivais tout de même à garder un timbre de voix neutre.


« - Très bien, je vais te conter mon histoire. Je suis né à Cydonia, dans une famille assez aisée. J'étais le premier et, maritalement parlant, l'unique enfant de la famille. Mes parents m'aimaient beaucoup, j'étais un gosse pourri gâté. Un soir mon père rentra avec une petite fille dans ses bras, ma sœur, enfin ma demi-sœur sur le principe, mais pour moi elle était une sœur. Ma mère ne l'aimait pas, mon père la traitait comme une moins que rien, elle qui était une métisse Elfe-Cydienne, était devenue le mouton noir de la maison. Mais moi j'aimais ma sœur, nous étions très proches, tellement proches que mes parents décidèrent de m'éloigner d'elle, prétendant qu'elle avait une mauvaise influence sur moi, parce que je prenais sans cesse sa défense. Lorsque j'ai développé le don de l'Esprit, j'ai découvert les horreurs qui habitaient la maison, je savais ma sœur en danger et je n'aimais pas ça. Au fur et à mesure que je me révoltais, mes parents décidèrent finalement que je ne devais pas rester avec elle, ils m'ont envoyé au temple. »

Je fis une pause, jusqu'à présent j'étais sur la partie triste mais pas encore rebutante de mon histoire. Cependant Auween avait une certaine quantité d'informations à digérer. En même temps j'en profitais pour réfléchir encore une fois à la manière de formuler la suite, les souvenirs que je ressassais devenaient douloureux et il n'est pas impossible qu'Auween l'ait ressenti. Je reprenais mon monologue avec la voix teintée de tristesse cette fois-ci :

« - Mon oncle me conduisit au Temple donc, me promettant de me faire parvenir les lettres de ma sœur et inversement, grâce à lui j'ai pu avoir régulièrement des nouvelles de ma sœur, Ferris. Ma formation au temple commençait, tu vois sans doute de quoi je parle. Seulement ma formation au temple fut ponctuée de mauvaises nouvelles, j'ai appris le décès de mon père peu de temps après. Sachant ma sœur en danger seule avec ma mère qui la haïssait plus que tout, j'étais déterminé à terminer ma formation au plus tôt. Malheureusement une autre mauvaise nouvelle surgit peu de temps après, ma sœur m'écrivit un autre lettre dans laquelle elle m'annonçait que ma mère avait jugé bon de l'envoyer au Monastère Zélote, elle venait de fêter ses douze ans, moi mes quatorze. »

Une nouvelle pause, plus longue qui marquait aussi le fait qu'évoquer ce souvenir me faisait mal. Instinctivement je la serrais un peu plus fort contre moi, cela me rassurais et me permettait de remettre mon Esprit en place et reprendre aussi mon calme. J'allais arriver au premier grand choc de ma vie, je me préparais mentalement en fixant Auween, observant sa réaction avec attention, je crois qu'elle ne s’imaginait pas du tout à quelque chose comme ça. Peut être ne me croyait-elle pas ? Je dois dire qu'a sa place, une telle histoire me laisserait dubitatif. En fait non, je crois que je regarderais la personne et lui dire « Tu te moques de moi ? » et pourtant, tout ce que je lui disais était vrai, tout ce qu'il y a de plus vrai. Les émotions qui m'avaient échappées étaient bien trop réelles pour qu'Auween puisse songer un seul instant à un mensonge, mentir c'est facile, tromper les émotions c'était autre chose.
A son air, je comprenais que tout ce que je lui avais raconté chamboulait son esprit, je crois qu'un peu de temps pour digérer tout ça allait être nécessaire.
Je relâchais mon étreinte, la regardais encore avant de détourner le regard triste avec lequel je la regardais, j’aurais voulu continuer à parler. Lui parler, lui raconter parce que je le voulais, je ne voulais pas lui cacher mon histoire, je le lui avais promis de plus. Mais je ne sais pourquoi, je ne trouvais pas les mots pour continuer…

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Nous nous regardons une fois qu’il a fini de me raconter tout ça. Il en reste encore, je le sais, je le sens hésiter, réfléchir. Je le sens aussi terriblement triste mais aussi angoissé de me raconter son histoire. Effectivement, elle est loin d’être joyeuse pour le moment et, alors qu’il détourne son regard de mes yeux, je sais que le pire reste à venir. Étrangement, je me sens proche de lui : une sœur détestée par ses parents, tout comme Ewan a pu l’être des nôtres. Oh bien sûr, ils ne m’aimaient pas non plus mais je suis convaincue depuis toujours que s’il n’était pas né, les choses auraient probablement été différente car cette superstition idiote n’aurait pas eu lieu d’être. Cependant, je ne veux et ne peux pas blâmer mon frère pour quelque chose que nos parents auraient dû voir et accepter. Avec le temps, il n’est pas venu à l’esprit de nos géniteurs de nous séparer, voyant notre complicité accrue, une sorte d’alliance contre eux. Heureusement, d’ailleurs... je pense que sans mon frère, je serais morte à l’heure qu’il est. Ethiann et moi sommes toujours à genoux et, décidée à l’entendre continuer et surtout à le voir sourire, je l’invite à se relever avec moi. Je saisis ensuite son visage entre mes mains pour que nos yeux se retrouvent et je lui offre un petit sourire en coin.

- Si cela peut t’aider, je veux bien te raconter une partie de mon histoire aussi.

Je lis dans son regard qu’il a besoin de temps pour avaler sa tristesse. C’est donc sans attendre sa confirmation que je commence mon récit, mon sourire s’envolant, laissant la place à la nostalgie. Une mauvaise nostalgie.

- Moi aussi j’ai un frère, un jumeau... Ewan, c’est son nom. Et je comprends lorsque tu parles de complicité et d’amour. Quand les parents n’en font qu’à leur tête et nous rendent malheureux, notre frère ou notre sœur est bien tout ce que nous avons, n’est-ce pas ? J’ai aussi eu des parents peu scrupuleux, distants, haineux parfois. Et j’ai ressenti aussi ce que ce genre de foyer pouvait contenir, une fois en proie à l’Esprit. Nos géniteurs nous détestaient simplement parce que nous étions jumeaux et nés un jour sans lune. Cette superstition incroyable nous a gâché la vie, a gâché l’amour que nos parents avaient à nous offrir de notre naissance à maintenant. Ils nous ont rejetés jusqu’à nos 12 ans, sans scrupule, sans jamais aucun geste d’affection.

Je parle lentement et sans réelle émotion. Cette partie de ma vie, je la raconte comme si c’était écrit quelque part, de façon neutre, comme si ça ne nous concernait plus. Mais ça fait bien partie de nous, pourtant.

- Heureusement, Ewan et moi avons pu rester soudés et c’est évènements nous ont indéniablement rapprochés. C’est ensemble que nous avons été envoyés au Temple, lorsqu’un Maître est venu nous chercher à la maison. Le début d’une nouvelle vie, de nouveaux apprentissages, d’une libération. Aujourd’hui, Ankdor est un peu comme notre foyer... non... c’est bien notre maison. Je vois Maître Jacen comme une sorte de père, mon frère comme l’un de mes uniques soutiens dans les moments de doutes et de peur. Nous avons choisi des chemins différents mais nous restons toujours en contact par l’Esprit. Oh mais ne t’inquiètes pas, je suis rien qu’avec toi, maintenant.

Je souris encore, tendrement. Caressant sa joue d’une main, je saisis la sienne du bout des doigts de mon autre main.

- Je... je m’excuse de t’avoir demandé de me raconter ton histoire, j’imaginais bien qu’elle était triste et qu’elle remuerait un passé douloureux. Si tu ne veux pas m’en dire plus, je comprendrai... même si je dois bien t’avouer que je suis très curieuse ! Mais la curiosité est un vilain défaut, elle fait souvent souffrir ceux qu’on aime...

Je rougis légèrement. Je ne sais pas ce qu’est l’amour, je ne sais pas si ce que je ressens pour Ethiann en est ou si c’est simplement une attirance qui ne mènera nulle part. Mais je secoue doucement la tête, pensant que je suis bien bête de penser ainsi. Nous nous confions nos vies en les narrant, en revivant ces choses horribles... ça ne peut pas être quelque chose qui ne mène nulle part. Quoi que devienne notre relation par la suite, je sais que nous resterons liés. C’est un peu effrayant car, à part avec Ewan, je n’ai jamais été si attachée à quelqu’un. Je me demande d’ailleurs ce qu’il en pensera : mon frère est possessif et jaloux, surtout quand les garçons s’approchent de moi. Au Temple, il n’hésitait pas à leur faire des remarques... c’est peut-être pour cela aussi que je n’ai plus tellement pensé à des relations, voyant que cela attristait Ewan. Mais cette fois c’est différent. Je n’ai pas envie de penser à lui, je ne pense qu’aux yeux et aux souvenirs d’Ethiann, remplis de tristesse et de douleur. Ce n’est plus mon frère que je veux aider, c’est un homme blessé auquel je porte une attention particulière.

- Je veux... j’aimerais t’aider, tu sais ? dis-je doucement à Ethiann, attendant ensuite qu’il continue son récit.
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Elle partageait ma peine, elle semblait comprendre ce que je ressentais. J’appris bien vite que c’est parce que nos passés étaient similaires en de nombreux points. Elle avait pris ma tête entre ses mains après que nous nous soyons relevés, elle ne voulait pas que nos regards fuient. C’était un signe de franchise, de confiance. Elle m’énonçait son histoire, lentement, d’un air détaché, comme si elle n’avait pas vraiment vécu tout cela. Elle semblait mettre à part tous ses ressentiments envers ses parents. D’un côté, c’était une manière comme une autre de s’éloigner de la tristesse, de se fortifier, de caparaçonner son esprit. De l’autre cela semblait étrange de l’écouter ainsi, qui pourrait raconter d’un air si détaché un passé aussi sombre ? Auween était forte, je l’admirais pour ça, j’aurais aimé être capable de m’éloigner pareillement de ces sentiments.
Mais ce n’était qu’une façade, je le sais, elle le sait aussi. Personne au monde ne peut effacer son histoire et l’oublier comme il le désire, personne, pas même la plus forte des personnes au monde, pas même les dieux. Je prenais Auween dans mes bras pendant son récit, je connaissais donc l’identité de ce fameux Ewan, son frère… Jumeau ? Quel genre de parents rejetteraient leurs enfants à cause d’une superstition ? A vrai dire je pense que ça aurait pu être encore pire, les elfes n’étaient pas des sauvages cependant, mais d’autres peuples auraient probablement tué leurs enfants sans la moindre hésitation. Je ne pouvais imaginer ce qu’elle avait traversé, elle et son frère, mais j’imagine que la venue d’un Templier s’est révélé être pour eux le début d’une nouvelle vie. Justement elle venait de souligner le point que je venais de m’énoncer il y a quelques secondes. Maitre Jacen en tant que père ? Je dois dire que l’idée me faisait intérieurement sourire, je crois que moi aussi, j’aurai aimé avoir un père comme lui. D’ailleurs, je me demande à quoi aurait ressemblé ma vie si j’avais été son fils, il est difficile d’imaginer le destin qui ne peut être vécu.

Je concevait aisément le lien qui unissait Auween et son frère, un lien si fort que j’aurais moi aussi aimé avoir avec Ferris, mais le lien télépathique nous avait et nous aurait toujours été impossible, ou bien à sens unique, ce qui n’était pas vraiment pratique. Elle venait de me saisir la main tout en passant son autre main sur ma joue, un geste si tendre et chaleureux, chose que je n’avais jamais vraiment connue. J’étais certain de savoir ce que je ressentais pour elle à présent, aussi clair que troublant dans mon esprit, si bien qu’une autre flopée d’émotions s’envolèrent, je pourrais prétendre que c’était involontaire, mais c’était faux, je voulais qu’elle sache mais je n’avais pas le courage de le lui avouer verbalement, j’avais toujours peur de ce que je m’apprêtais à faire et encore plus de sa réaction.
Elle s’excusait à présent, pourquoi ? Pourquoi devait-elle se sentir coupable de me rappeler que je vis, que j’avais vécu, bien que cela eut été des évènements malheureux. Ce passé douloureux me hanterait peut être tout le temps mais je ne devais pas baisser les bras pour autant.
J’attrapais sa main posée sur ma joue avant de lui dire calmement.


« - Ne t’excuse pas, je t’ai promis de répondre à tes questions, de ne jamais rien te cacher, parce que je te fais confiance. Toi aussi tu as vécu des choses difficiles, je crois que toi mieux que quiconque peut comprendre mes sentiments vis-à-vis de tout ça. »

Je marquais une autre pose, relâchant ses mains et m’éloignant un peu d’elle, je savais que j’allais devoir faire face à l’imprévu. Avant cela je posais de nouveau ma main sur la terre pour me concentrer de nouveau, faisant sortir deux autres plantes du sol, chose difficile pour moi qui était tout particulièrement mauvais en la matière. Cependant j’étais en pleine forme et ce n’est pas un peu d’énergie dépensée ainsi qui allait me tuer. Je cueillais les deux fleurs, l’une étant similaire à la petite fleur accidentée de plus tôt, l’autre était un genre de rose, toute menue aux pétales légèrement bleutés et blancs. Je posais la tulipe fraîchement née à l’endroit ou Auween avant accrochée la première avant que le gamin ne lui envoie sa balle et je lui donnais la rose, prenant garde de la placer entre ses doigts sans qu’elle ne se blesse. J'étais dans un état tel qu'il lui était facile sans l'esprit de savoir que j'allais mal, je n'osais imaginer ce qu'elle pouvait ressentir en ce moment avec son empathie.

« - Cette rose symbolise ce que je suis, un être vivant qui s’est entouré d’un genre de carapace, pour se protéger du reste. Ce n’est pas pour rien. Vois-tu lorsque j’avais appris que ma sœur avait été envoyée au Monastère zélote, je n’avais qu’une idée en tête : La sortir de là. J’en voulais énormément à ma mère d’avoir délibérément, je pense envoyée ici, me sachant au temple. Ma sœur était talentueuse en magie, elle aurait été une grande élémentaire, envoyer une personne si frêle au milieu de ces brutes était une punition, pour elle comme pour moi. Je faisais de mon mieux pour avancer ma formation, devenir Templier et pouvoir aller la chercher. Ma motivation se renforçait à chaque lettre qu’elle m’envoyait, pour le peu qu’elle parvenait à m’envoyer. J’avais dix-sept ans lorsque j’appris sa mort. Elle avait été tuée par l’un de ses « camarades » zélote, ils ont dit que c’était un « tragique accident » et que ses blessures étaient trop graves. Je croyais que le monde s’effondrait autour de moi, j’avais l’impression de mourir en même temps qu’elle. Je crois qu’il n’est pas nécessaire de te dire que je déteste profondément les zélotes pour ce qu’ils ont fait à ma petite sœur… »

Je marquais encore une pause, je savais bien que mon discours, tout particulièrement la fin, lui avait surement laissé pensé au crépuscule. Son regard avait changé, ce n’était pas le même, je la sentais presque s’éloigner de moi et en même temps je la savais proche, c’était difficile à expliquer. Je repris mon histoire avec un ton plutôt neutre, bien moins angoissant que la fin de ma précédente réplique.

« - C’est à ce moment que j’ai rencontrée cette amie. Elle avait senti mon désespoir et m’avait aidé à me reconstruire, j’ai repris l’entrainement, plus déterminé que jamais. Elle s’appelait Elenwë, une jeune elfe très douée avec une rapière. Avec son aide et celle de Maitre Ilya, je remontais la pente, laissant de côté mon aversion pour les zélotes et le peu d’estime que j’avais encore pour ma mère. Je devins finalement Templier de l’aube, un jour heureux car bien que je savais ma sœur dans l’autre monde, je savais qu’elle aurait été fière de moi. Elenwë et moi devinrent des amis très proches, des meilleurs amis, des confidents. Elle-même était devenue templier peu après moi car nous avions deux années d’écart. En devenant templier, je savais que le destin qui m’attendait pourrait être dangereux voir mortel à chaque instant. En entrant dans la division des piliers, mon rôle était de protéger et assister les autres tandis qu’Elenwë était dans le division des Pilleurs, qui étaient plus axés sur l’offensif, mais ça tu le sais probablement déjà.
Enfin, tout les deux nous étions un tandem de choc, nous nous entrainions à combler nos lacunes au combat tout les deux… »


A nouveau je détournais le regard, rien que le fait de penser à la suite me rongeais d’un chagrin infini mais aussi d’une rage noire incommensurable. Je serrai le poing avant de finalement reprendre avec le même air sombre et abattu que celui qui avait alerté Auween sur le chemin plus tôt. Mon esprit ne retenais plus aucune émotion, enfin quasiment plus, Auween pouvait lire dans mon coeur comme dans un livre ouvert, je ne lui cachais rien, plus rien, je ne lui avais rien caché en même temps.

« - Un jour, elle fut envoyée en mission vers un petit village voisin, une petite expédition, je ne sais plus exactement combien ils étaient. En chemin ils ont été attaqués par je-ne-sais-quoi seul deux d’entre eux sont revenus, parmi eux, Elenwë était blessée, très gravement… Fatalement. La chose qui les a attaqués l’avait quasiment tranchée en deux, les soigneurs ne pouvaient rien faire pour elle, j’étais à son chevet, impuissant. Je la tenais dans mes bras lorsqu’elle à quitté ce monde, en m’accordant un ultime sourire et me murmurant ses derniers mots : « Je t’aime ». Elle ne me l’avait jamais avoué, elle m’aimait d’une manière tout autre que moi, qui la considérait comme ma meilleure amie. Je venais de perdre un autre être cher, j’ai imploré Silmaria en personne de me la rendre, malheureusement je ne n’eus rien d’autre que des regards compatissant des autres templiers. Sa mort et la révélation faite sur son lit de mort m’avaient changé, j’avais une envie de vengeance qui m’habite encore maintenant, une envie de justice, je veux retrouver la chose ou la personne qui lui à fait ça et la trainer devant la justice, en priant pour que je ne la tue pas moi-même… En partant du temple ainsi, je suis devenu un Templier crépusculaire. Cette rapière que tu as vue aujourd’hui est un identique de celle que maniait mon amie. Cela fait bientôt trois ans que je recherche sans relâche le moindre indice qui me permettrait de retrouver une piste. »

Je m’arrêtais en voyant Auween changer littéralement d’expression, qu’était-ce ? De la peur ? Du dégoût ? Du rejet ? Je ne savais pas vraiment mais ce que je lui avais dit l’avait changée, j’étais toujours avec mon air attristé mais en la regardant cet air se transforma en inquiétude de nouveau, je me demandais ce qu’il se passait, je ne m’empêchais d’ailleurs pas de le lui demander, avec un timbre de voix emplit d’inquiétude.

« - Auween, qu… qu’est-ce qui t’arrives, tu vas bien ? »

J’approchais à nouveau d’elle, tendant mes mains pour prendre son visage, elle semblait affolée, qu’est-ce qui se passait ? Etait-ce bien ce que je pensais, allait-elle me détester à cause du fait que je suis un crépusculaire ? D’ailleurs, je me demandais toujours ce qui avait bien pu se passer avec ces prétendues rumeurs…

[HRP : Et voila, c'est le drame...]
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Il me prend dans ses bras alors que je raconte mon histoire et je crois que c’est la première fois que je me sens aussi bien alors que je raconte les horreurs de mon passé. Il y a pire, c’est vrai, mais vivre cela au quotidien peut faire penser que c’est la pire des choses qui peut nous arriver. Je ressens ce qu’il me laisse toucher avec l’Esprit et ces nouveaux sentiments qu’il me semble ressentir également me troublent. Suis-je prête à accepter tout cela ? Je ne le connais pas et, même s’il me jure de tout me raconter, ne risque-je pas de découvrir quelque chose qui pourrait compromettre notre relation ? Je souris, me moquant de moi-même. Je parle déjà d’une relation alors qu’une étreinte ne veut rien dire. Mais ce qu’il me transmet par l’Esprit est bien réel et je comprends tout à fait chaque sentiment. Alors pourquoi je me pose tant de questions lorsqu’il saisit ma main ?

Il s’éloigne ensuite de moi, fait encore pousser deux fleurs. La première est déposée où l’ancienne avait pris place, avec délicatesse. La deuxième finit dans mes doigts, précautionneusement pour ne pas me blesser. Je regarde Ethiann, un peu perplexe, mais surtout perdue dans le flot de sentiments qu’il laisse échapper alors qu’il commence son récit. Je l’écoute avec attention, ne pouvant détacher mon regard du sien, m’attardant cependant quelques fois sur sa bouche. Mais quelque chose fait naître une boule dans ma gorge :


« - J’avais dix-sept ans lorsque j’appris sa mort. »

Mon cœur rate un battement. Sa sœur, la personne de laquelle il était le plus proche, de laquelle il a été séparé de force... sa précieuse sœur qu’il voulait protéger et qu’il avait l’ambition de retrouver a été tuée par un camarade. Je me surprends à comprendre sa haine : comment peut-on tuer une faible jeune femme par accident ? Cependant, je ne le rejoins pas à un point... j’en aurai personnellement voulu plus à ma génitrice qu’aux Zélotes en général. Éventuellement à ce camarade en question, car c’est bien lui le responsable en question.

« - C’est à ce moment que j’ai rencontrée cette amie. »

Je ne sais pas pourquoi, j’ai un pincement au cœur. J’imagine une personne salvatrice et c’est bien comme cela qu’il la décrit, Elenwë. J’imagine une relation amoureuse, quelque chose de solide et pourtant il ne parle pas tout de suite de ce genre de lien. Il n’est pas heureux lorsqu’il parle de cette amitié et je me demande bien pourquoi jusqu’à ce qu’il m’énonce la vraie raison de tout ce désespoir le saisissant pendant le récit de son histoire. Mon cœur se serre lorsqu’il me dit qu’elle aussi est morte d’une bien cruelle façon, en lui laissant pour seul souvenir un « je t’aime » jamais avoué. J’avais deviné leur lien avant qu’il ne m’en parle mais j’aurais aussi aimé savoir s’il pensait la même chose d’elle. Tout ce que je peux percevoir à cet instant, c’est la haine, la frustration, la tristesse et l’envie de vengeance. Et c’est lorsqu’il continue encore que je me rends compte que j’ai probablement fait une erreur en tissant un lien avec un étranger. Jeune homme charmant mais étranger quand même.

« En partant du temple ainsi, je suis devenu un Templier crépusculaire. »

J’écarquille les yeux et tout en moi se fige. Je ne sens plus rien, n’entends plus rien, ne comprend plus rien. Je n’ai la force de faire un pas en arrière qu’après quelques secondes. Je n’écoute plus ce qu’il me dit, je ne veux plus écouter. Un Templier Crépusculaire... ça aussi, je l’avais deviné. Mais pourquoi ai-je continué à lui parler ? Pourquoi ai-je continué à tisser des liens en lui demandant de me raconter sa vie ? J’avais peur qu’il me révèle des choses horribles et bien les voilà. Ma réaction est physique : je commence à trembler, la peur me saisissant toute entière et je laisse tomber la rose qu'il m'a offerte à l'instant. Plus tôt, je lui ai révélé maîtriser la Nature également. Qu’a-t-il pu penser de cela ? Bien sûr, il la maîtrise aussi mais peut-être est-ce une ruse pour mieux nous éliminer. J’ai soudainement peur pour ma peau et, même si la beauté d’Ethiann me fascine encore, même si son histoire m’a émue et m’a donné envie de l’aider, je ne peux pas m’empêcher d’entendre ces mots raisonner dans ma tête. Un Templier du Crépuscule, non mais quelle idée. Sa haine contre les Zélotes aurait dû m’alerter plus tôt. Ces mêmes soldats qui maîtrisent un élément, ces mêmes soldats qui sont détestés par Ethiann et tous ces semblables... ceux-là même qui nous ont reproché d’être nous-même à Aerin et moi. Il avance ses mains vers mon visage et je laisse échapper certains mots que je regretterai quelques jours plus tard :

- Ne me touche pas, tu... tu me fais peur !

Son visage se transforme : de l’inquiétude, son expression passe à l’incompréhension puis à la tristesse... mais cette tristesse fait bien partie de l’instant et non plus du passé. Je suis alors tiraillée entre le fait de me jeter dans ses bras – car mon attirance pour lui et mon intérêt envers sa personne est bien sincère – et entre le rejet et la peur que je ressens face aux choix qu’il a faits. Et c’est malheureusement de cette peur, pulsion bien incontrôlable, dont les mots si blessants parfois sont générés.

- Un autre apprenti et mon frère ont failli perdre la vie, pas plus tard que la semaine passée, à cause d’un Crépusculaire ! Je m’oublie dans le lot et j’oublie aussi le fait qu’il nous ai traités d’abominations mon ami et moi parce qu’on maîtrise un élément, comme ces Zélotes que tu détestes ! Dé... détestes-les si ça te chante, je crois que je ne peux pas comprendre cette haine. D’accord, la tienne diffère mais pensais-tu qu’en quittant le Temple, tes problèmes allaient se régler ? Les tuer, tuer les gens qui ont tué tes proches va-t-il permettre de les ramener ? Sois-en sûr, jamais... La vengeance n’amène rien, si ce n’est la peur et le désespoir.

Il tente à nouveau de s’approcher de moi mais je n’entends plus rien... je suis butée et j’ai peur. Je serre les dents et recule encore, manquant de trébucher. Ma gorge se noue, mes larmes prennent naissance au coin de mes yeux et je cache mon visage dans mes mains.

- Ethiann, je suis désolée... je crois que... je crois que la nature ne fait pas si bien les choses, en fin de compte. Je le voulais sûrement autant que toi mais là... là je ne sais plus.

Je réussis à le regarder à nouveau ; il est resté à distance, décontenancé. Les yeux et les joues pleins de larmes, je lui dis finalement avec regret :

- Reste loin de moi pour le moment, je t’en prie.

Je me retourne avec peine, luttant pour ne pas lui accorder de dernier regard, et m’en vais en courant. Je voulais y croire, je voulais penser que je pouvais être une femme avant d’être une future Templière. Je voulais croire que quelqu’un d’autre pouvait m’aimer, quelqu’un d’autre qu’Ewan. Je voulais croire que j’étais capable d’aimer aussi... mais mes peurs ont pris le dessus. Je ne lui ai rien laissé le temps de m’expliquer, j’ai fui comme une lâche, effrayée d’en entendre encore plus, effrayée de pouvoir passer outre cette crainte énorme, ayant pris racine récemment dans mon cœur. Au fond de moi, j’aurais aimé qu’Ethiann me rattrape, qu’il lutte à ma place contre cette peur. Mais je sais que, comme je lui ai demandé, il ne me poursuivra pas... pas tout de suite. Du temps pour réfléchir, du temps pour me calmer, j’en ai besoin, maintenant. Le temps règle les soucis, les fantômes du passé s’envolent. C’est en courant que je prie pour la première fois : Ô Divinités d’Azthia... je vous en prie. Faites-moi vite revenir près de lui.


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   [Terminé !][DA - 155] Le crépuscule de la solitude, l'aube d'une nouvelle vie... [PV' Auween] EmptyDim 16 Sep - 14:59

Je me doutais bien que c’était ma faute. Je le savais, je savais que dire ce que j’étais était dangereux pour cette relation naissante, mais qu’aurais-je du faire ? Mentir ? Plutôt mourir. J’avais une règle d’or que je ne trahissais jamais pour les gens que j’appréciaient : Toujours dire la vérité.
Malheureusement, Auween n’était pas prête à accepter cette vérité, visiblement. Tandis que j’approchais mes mains d’elles, elle avait reculé d’un pas, laissant s’échapper la rose, me fixant avec un regard emplit d’effroi. Que diable les crépusculaires avaient pu lui faire ? Je n’avais même pas posé la question qu’après m’avoir esquivé et lancé une première réplique plutôt blessante, la réponse à ma question suivit.


« - Un autre apprenti et mon frère ont failli perdre la vie, pas plus tard que la semaine passée, à cause d’un Crépusculaire ! Je m’oublie dans le lot et j’oublie aussi le fait qu’il nous ait traités d’abominations mon ami et moi parce qu’on maîtrise un élément, comme ces Zélotes que tu détestes ! Dé... détestes-les si ça te chante, je crois que je ne peux pas comprendre cette haine. D’accord, la tienne diffère mais pensais-tu qu’en quittant le Temple, tes problèmes allaient se régler ? Les tuer, tuer les gens qui ont tué tes proches va-t-il permettre de les ramener ? Sois-en sûr, jamais... La vengeance n’amène rien, si ce n’est la peur et le désespoir. »

Je n’aurai jamais imaginé un truc pareil. Un crépusculaire qui s’en prenait aux autres Templiers ? Pourquoi les avoir traités d’abominations ? Parce qu’ils maitrisent un élément ? Quel genre de débilités était-ce là ?
La colère m’envahissait, non contre Auween, mais bien contre celui qui lui avait fait du mal. On ne choisissait pas son affinité avec la magie, tout comme on ne choisissait pas son affinité avec l’esprit. On nait avec, on grandit avec, on meurt avec. Libre à nous de choisir de fructifier ce pouvoir…
Enfin, je prenais sa réplique comme un coup de couteau en plein cœur, au fond de moi je savais qu’elle avait raison, tuer les assassins d’Elenwë ne me la ramènerait pas mais justice serait faite. Quand aux zélotes, je les haïssaient, mais je n’en avais encore pas croisé pour savoir si je lui sauterais à la gorge où si je tenterais de discuter avant. En même temps je m’en foutais un peu, les zélotes avaient fait preuve de tellement de traitrise en se retournant contre leur propre ville que ce simple fait n’aidait pas à les aimer.
Je voulais à nouveau la toucher, me sentir en contact avec elle, c’est cependant mon seul regard dépité qui parvint à l’atteindre tandis qu’elle reculait encore d’un pas lorsque j’approchais, elle avait même manqué de trébucher. Sa peur l’animait avec une telle puissance qu’elle allait même se mettre à pleurer, chose que je ne supportais pas. A mes yeux, faire pleurer une femme était l’une des pires choses que je puisse faire.


« - Ethiann, je suis désolée... je crois que... je crois que la nature ne fait pas si bien les choses, en fin de compte. Je le voulais sûrement autant que toi mais là... là je ne sais plus. »

Je ne prononçai toujours rien, j’étais même resté là ou j’étais, espérant qu’elle ne reculerait pas plus, qu’elle ne s’enfuirait pas. Mais je crois qu’elle avait compris que je souffrais de la situation au moins autant qu’elle, peut être même plus. Tandis qu’elle m’adressait encore un regard, les larmes coulantes sur ses joues elle me lança une ultime phrase au visage, comme un coup de grâce.

« - Reste loin de moi pour le moment, je t’en prie. »

J’aurai presque eu envie de pleurer moi aussi, mais je me retenais, je ne voulais pas l’admettre mais tout ce qu’elle me disait depuis ces deux dernières minutes déchiraient mon âme, meurtrissait mon cœur et me laissait un sentiment amer qui s’apparentait à du dégoût. Du dégoût dans le sens où j’aurais espéré tout venant d’elle, mais pas ça, j’aurai préféré qu’elle me gifle plutôt que de me lancer tout cela. Mais d’un sens je la comprenais, il était dur de faire confiance après un tel traumatisme. Moi-même j’étais passé par là et encore maintenant je ne faisais confiance qu’a peu de gens, en réalité à seulement deux personnes : Mon oncle et Auween. Malgré tout ce qu’elle m’avait dit, je lui portais toujours un grand intérêt, une confiance et un amour qu’elle ne s’imaginait probablement pas. Je ne bougeais pas tandis qu’elle partait en courant, j’aurai voulu lui courir après, l’attraper et lui montrer que je n’étais pas un salopard comme l’ordure qui lui avait fait du mal, à elle, son frère et son ami. Mais je ne pouvais enfreindre sa volonté qui m’interdisait de l’approcher… Pour le moment.
Pardon ? Pour le moment ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Entrevoyait-elle la possibilité de me revoir un jour ? Accepterait-elle de me retrouver un jour face à elle, que nous puissions discuter ou je ne sais quoi ?
Cette étincelle d’espoir me consolais un peu, mais pas suffisamment pour que je puisse enfin laisser couler quelques larmes en baissant la tête. Je me désirais devenir celui qui la chérirait jusqu'à ce que la mort nous sépare, celui qui la défendrait contre tous les dangers comme ce templier qui l’avait blessée, l’homme qui la ferait sourire, qui lui remonterait le moral…
Mais pour le moment cela m’était impossible, ma seule pensée s’échappa a destination de l’esprit d’Auween, en priant qu’elle y prête attention.


**- Je te prouverais que je ne suis pas comme celui qui t’as fait du mal, que je ne suis pas comme les autres crépusculaires d’Azthia…**

Finalement je laissai mourir ma télépathie entre deux sanglots, me demandant toujours pourquoi le sort s’acharnait sur moi. Etais-je destiné à perdre toutes les femmes qui étaient proche de moi ? La vie m’avait enlevé Ferris et Elenwë, pourquoi devait elle me priver d’Auween…
J’aurai bien prié Callista pour le lui demander, mais comme il était d’usage, je n’aurai pas eu de réponse. Je ne pouvais qu’espérer que le temps permette à Auween de comprendre que je n’étais pas son ennemi, bien au contraire. Je le lui avais laissé comprendre que je tenais à elle, bien que ma timidité m’avait empêché de le lui dire directement, elle l’avait senti, je le savais en la regardant rougir sur chacun de ces moments. Je me posais encore sur le banc de pierre, le temps de reprendre mes esprits, de sécher mes larmes et tuer ma tristesse avant qu’elle ne me pousse encore à faire quelque chose de stupide.
Ce n'est que dans un ultime sanglot que je laissais sortir un mot, un seul, celui qui allait me hanter pendant longtemps.


«- Auween... »


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