[ Auween, tu es censée avoir validé ta compétence Manipulation de la Nature dans ce topic, tu peux donc l'utiliser ^^
Aerin vient juste de revenir au Temple après son agression par un Zélote. ]

Le temps était venu de pardonner, d'oublier, et enfin, d'avancer. Si Aerin était d'accord avec ce principe, il n'était pas encore prêt à avancer. Il avait essayé, les années durant, les mois passant, le petit Almer tentait de toutes ses forces de pardonner mais alors qu'il se sentait enfin chez lui, alors que les dieux semblaient lui offrir la vie, la paix intérieure auprès de ce qu'il considérait comme une seconde mère, voilà qu'ils lui avaient tout repris. L'adolescent avait alors tout perdu, Thémis en personne l'ayant ramené au Temple et confier à son père. S'il n'avait rien contre Jiven, bien au contraire, le gamin avait supplié la jeune femme de le garder auprès d'elle mais cette dernière lui avait assuré que sa place n'était plus à Cydonia, que là-bas, elle ne serait plus en mesure de la protéger et qu'elle ne pouvait pas se permettre de laisser une guerre éclater en son nom. Alors l'enfant, une nouvelle fois, s'était senti trahi. Et seul. Si seul dans ce Temple où personne ne pouvait le comprendre.
Thémis était reparti deux jours après leur arrivée à Tamawa et la jeune femme lui manquait cruellement. Il savait qu'il valait mieux éviter de la voir pour l'instant et elle lui avait de toute façon promis de revenir mais quand bien même, elle lui manquait. En quelques années, la jeune Cydienne avait su combler le vide laissé par Celyween et pire que tout, il en était venu à un tel point qu'il se sentait comme chez lui … qu'il se sentait comme un fils qui a enfin trouvé sa place. Mais il avait tout perdu, à nouveau, il recommençait à zéro et si Namarié permettrait d'avoir des nouvelles aussi souvent que possible de la métisse, il savait que son ancien maître et lui n'auraient plus jamais la même relation.

A ses pieds, Nyméria gronda pour le tirer de ses sombres pensées et il lui sourit timidement. Jacen conduisait la petite troupe vers Silmarie, la cité des brumes où reposait sa mère. Jiven avait estimé qu'il était temps pour Aerin d'avancer, d'aller de l'avant et de s'ouvrir aux autres aussi avait-il demandé à son vieil ami d'enfance de les accompagner pour que son fils se recueille une bonne fois pour toute sur la sépulture de sa mère et cesse de ruminer le passé. Jacen avait accepté par amitié comme par compassion mais il avait décidé d'emmener également Ewan et Auween, estimant qu'il serait d'autant plus profitable pour eux de rentrer au pays.
Le voyage fut long mais étrangement, Aerin était tellement perdu dans ses pensées qu'il s'en moquait. Il repensait à Jelenna, seule dans sa cité cachée, à Eloween qu'il allait bientôt revoir, à sa mère à qui il avait tant de choses à dire, tant de questions à poser pour lesquelles il n'obtiendrait jamais de réponses et enfin, il pensait à Thémis Clari. Aux années qu'il avait vécu de paix et d'amitié à ses côtés. Dès le début, elle l'avait pris sous son aile …

Lorsqu'il arriva devant la tombe, il demanda à être seul et tous furent visiblement soulagés de ce choix. Il n'était pas de très bonne compagnie, il en était conscient … Il s'assit devant la pierre et posa sa main dessus, comme pour établir le contact et il parla. Longtemps. A ses côtés, la louve au pelage clair s'était couchée et avait posé sa tête sur ses genoux. Il lui raconta son attaque, lui expliqua qu'il ne fallait pas pour autant en vouloir aux Zélotes, qu'ils n'étaient pas tous mauvais, qu'il y avait Thémis, Soren, Kyle … Tous ces gens qui au fond d'eux étaient honnêtes et droits. Mais il n'était pas si convaincu … pourquoi l'avoir attaqué dans ce cas ? Lui le gamin otage de la cité ? Quel intérêt si ce n'était de déclarer la guerre ? Il comprenait la position de la fille du Consul mais il la détestait en même temps de l'avoir abandonné. Troublé, il était bien incapable de savoir quoi faire. Il finit par se taire et enfin, il finit par abandonner l'idée de comprendre.

« Tu me manques maman » se contenta-t-il de dire tandis que la louve se mit à hurler.

Un chant long, mais dénué de tristesse, porteur d'espoir. Ce chant ne mit pas longtemps à tirer un sourire au petit apprenti. Il était vivant, c'est ce qu'elle voulait lui dire. Il devait aller de l'avant. Enfin.
Il n'en avait pas envie. Il était lasse. Chaque fois qu'il l'avait fait, chaque fois, on l'avait trahi. Il avait tout perdu. Mais il n'avait pas envie de se battre contre elle, pas encore alors il se leva, déposa un baiser sur la pierre tombale avant de dire au revoir à sa mère. Il reviendrait demain, il avait encore beaucoup de choses à lui dire, à élucider. Alors il reviendrait.

« Je t'aime maman »

Des mots qu'il n'avait pas prononcé depuis longtemps, mais ça lui faisait du bien. Il les pensait, il les avait toujours pensé. Et il les avait dit. Il laissa Nyméria se diriger vers la forêt pour chasser et retourna quant à lui vers l'auberge où ils retrouveraient ses trois compagnons pour le déjeuner. Une fois ce dernier pris, il pesa le pour et le contre. Il ne connaissait pas Ewan et Auween et son père lui avait reproché, comme beaucoup avant lui, de ne pas se lier aux gens en dehors de la princesse et de la Grande Prêtresse. Trahis trop souvent, Aerin ne voulait surtout pas connaître à nouveau ce sentiment ce qui expliquait son comportement. Il tergiversa jusqu'à la fin du repas avant de demander timidement, fuyant leur regard :

« Vous avez l'intention de vous entraîner aujourd'hui ? »

Il avait posé la question d'une voix faible, douce et presque infantile. Ils n'étaient pas ses amis, peut-être le détestaient-ils … pire que tout, ils ne savaient même pas quoi faire. Alors voilà, il leur donnait les clés ...

[ Petite précision les loulous, Aerin est un métisse Almer-Elfe, pas un Cydien ]

Il avait posé la question d'une voix faible, douce et presque infantile. Ils n'étaient pas ses amis, peut-être le détestaient-ils … pire que tout, ils ne savaient même pas quoi faire. Alors voilà, il leur donnait les clés ... Et visiblement, ils étaient prêts à les saisir pour ouvrir la porte. Mais laquelle ? L'enfant l'ignorait encore mais peu importait, Aerin avait simplement envie de partager ne serait-ce qu'un entraînement avec eux de façon à être moins seul, à se sentir plus intégré. En avait-il vraiment envie ? Peut-être pas mais pour le moment, tout ce qu'il voulait, c'était un entraînement en leur compagnie. Rien de plus.

Son sourire.
Il y avait bien longtemps qu'on ne lui avait pas souri de la sorte, et bien longtemps que, spontanément, il n'avait pas répondu, quand bien même son sourire fut-il des plus timides. Aerin se sentait étrangement rassuré par cette simple attention si bien qu'il ne s'offusqua pas de la bonne humeur de la jeune Elfe là où il était plutôt à la morosité. Si parler à sa mère lui avait fait le plus grand bien, il se sentait cependant attristé et totalement incapable d'éprouver de la joie de vivre. Mais pour autant, il ne dit rien et bien au contraire, écouta la jeune demoiselle s'exprimer tout aussi bien que son frère, beaucoup plus réservé.

Auween était excitée et de mémoire, le jeune Almer se demandait encore s'il l'avait vu calmée et reposée ne serait-ce qu'une fois depuis leur rencontre et leur départ pour Silmarie. Visiblement, non ou en tout cas, il ne parvenait pas à s'en rappeler. Pour autant, il devait bien avouer que ça lui faisait le plus grand bien que de l'entendre parler, remplir la pièce de sa voix fluette et la vider de toute la tension accumulée par le pesant silence qui s'était installé durant le repas. Enthousiaste, exubérante, la jeune Elfe avait tendance à ne voir que par son jumeau ce qui quelque part gênait Aerin. En effet, lui si seul se sentait parfois jaloux de cet étrange lien entre eux. Dans un premier temps, le jeune métisse crut comprendre qu'elle souhaitait partir seule avec son frère mais fort heureusement, la demoiselle se rappela de lui et l'invita à son tour. Il répondit à nouveau par un timide sourire.

« Nous ne reviendrons pas trop tard » précisa le jeune adolescent à l'attention de Jacen.

Quelque part, dans son regard, Aerin cru déceler une espèce de fierté, à moins que ce ne soit simplement du soulagement ? Quoi qu'il en soit, après leur avoir recommandé de faire attention et de se montrer prudents, il les laissa filer. Le gamin était excité, pour sur, mais il était également inquiet. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eut l'occasion de s’entraîner et ses dernières disputes avec Jelenna ne l'aidaient guère à retrouver son calme.
Il suivit Ewan sans un mot, baissant les yeux. Dans son esprit, il chercha le contact réconfortant de Nyméria mais cette dernière semblait être partie en chasse dans les bois alentours si bien qu'il ne perçut qu'une envie de liberté, une féroce envie de manger et rien de plus. A contre cœur, il laissa l'animal à sa partie de chasse et reporta son attention sur la scène présente.

Une fois encore, l'Elfe se sentit quelque peu « de trop », observant, gêné, la scène. Ewan avait pris sa sœur dans ses bras et si cela était sûrement naturel pour eux, Aerin ne s'en sentait que plus seul et ne leur en voulait que plus de se comporter ainsi. Il s'abstint de commentaires cependant et fit attention à ne surtout pas ouvrir son Esprit aux deux autres pour ne pas les blesser. Lorsque le garçon reprit la parole, Aerin répondit d'un ton calme mais pourtant perplexe :

« Il y a un terrain d’entraînement près des portes de la cité où les soldats vont parfois, on pourrait peut-être y aller ? »

Il ne voulait rien imposer, bien au contraire car après tout, ils étaient venus ici que pour l'accompagner aussi se sentait-il quelque peu gêné d'imposer ses propres choix. De plus, il avait l'impression que les deux jeunes Elfes n'avaient pas l'air d'aimer beaucoup cette cité bien qu'elle fut leur cité natale visiblement. Bien qu'il se demande pourquoi, il préférait ne pas aborder la question.

« Cela fait longtemps que vous êtes apprentis Templiers ? » hasarda-t-il.

Il ne savait rien d'eux, et quelque part, peut-être était-ce mieux ainsi mais Aerin ne supportait plus pour autant le silence pesant qui s'était installé entre eux. Son père lui avait parlé de ces deux jeunes et il avait déjà entendu parler d'Auween par son parrain, Jacen, mais pour autant, il ne savait rien d'eux et encore moins depuis combien de temps ils avaient quitté la cité.

[C'un fouilli pas possible mon post juste au dessus ! Oo Je corrigerai pour l'Almer et mes balises qui se pointent un peu partout... (: Désolée du retard et de la médiocrité de ce post.... Révisions, poignet en moins et fatigue ne font pas bon ménage. ^^']


Auween sembla se calmer lorsque son jumeau la retint en la serrant contre lui. Puis le benjamin du petit groupe suggéra une un terrain vague non loin de l'entrée de la ville. Le jeune homme acquiesça avant que sa sœur ne le prenne par la main pour se mettre en marche, cependant, elle le lâcha peu après pour se placer de l'autre côté du gamin. Le petit voulait faire connaissance avec eux. Ewan n'avait rien contre mais il n'avait pas l'envie de se lancer dans un résumé de lui enfance sachant que la jeune fille s'en occuperait. La templière se jeta dans une longue tirade alors que lui se perdait dans ses souvenirs conter par sa jumelle. Il écoutait en se laissant bercer par le fot d'images qui lui parvenait. Ses parents, leur chambre, ce qu'ils ressentaient. Puis d'un coup elle finit son discours. Ewan tourna les yeux vers elle. Il savait qu'elle avait arrêté de sourire en racontant leur histoire mais elle le retrouva bien vite avant de reprendre. Un demi sourire aux lèvres, il reconnaissait bien sa jumelle. Qui pouvait paraître distraite au premier abord mais qui ne perdait pas le nord. Sa division ? La meilleure ? Il n'en croyait pas ses oreilles. Les meilleurs sont les Pilleurs. Tout le monde le savait. Un brin de vantardise intérieure n'avait jamais tué personne. Alors pourquoi s'en priver ?

« Auween, tu t'égares ! Depuis quand ta division est-elle meilleure que les autres et surtout en quoi l'est-elle ? »

Un petit sourire s'était placé sur ses lèvres. Il avait appris tellement de choses en six ans qu'il se demandait comment il avait pu vivre pendant douze ans sans remarquer son potentiel ? Ses yeux saphirs se posèrent un instant sur la poignée de son cimeterre. Puis il commença à se questionner sur le petit Almer. Lui aussi n'avait pas eu une vie facile, il n'y avait qu'à regarder sa façon de se tenir... Comme s'il portait tout le malheur du monde sur ses épaules. Seulement, Ewan avait déjà du mal avec son propre fardeau... Si on venait lui ajouter celui d'un pur inconnu il se noierait ! Il sourit avant de réfléchir. Parlait-elle à Aerin ou à lui ? Il décida de laisser le plus jeune répondre. Après tout, ses entraînements au corps à corps et son acharnement à vouloir devenir ambidextre ne les intéresseraient sans doute pas. Et puis, lui aussi voulait en savoir plus sur l'Almer. Peut-être que lui serait plus bavard que ce que pouvait être Ewan. Il observa un moment sa sœur, se perdant dans sa contemplation tout en faisant la comparaison l'Auween d'aujourd'hui et celle d'hier avant de s'en détourner pour regarder autours de lui. Alors c'était à cela que ressemblait sa ville natale ? Elle qui paraissait si sombre dans sa mémoire était aujourd'hui plus resplendissante que dans ses rêves éveillés pourtant il se sentait nostalgique. Le jardin du temple lui manquait certainement plus que la brume de Silmarie. Il se perdit dans les méandres de ses pensées qui allaient toutes vers Iréa et un peu aussi vers sa camarade Siobhan. Tellement pris qu'il en oublia la conversation avec les deux apprentis avec lesquels il marchait.

Le jeune garçon a du mal à suivre la conversation, certes c'est lui qui se montre timide mais le lien entre les deux jumeaux lui fait perdre le fil des évènements. Ewan et Auween ne s'en redent guère compte mais ils se parlent sans même se regarder, liés sans cesse l'un à l'autre. Inutile de parler quand on sait ce que pense l'autre, inutile aussi de suivre ce qu'on se dit … tant et si bien que l'Almer essaye de suivre mais n'y parvient pas. Il les regarde, quelque peu jaloux de cette complicité bien malgré lui, mais s'abstient de commentaires. A voir comment Eléa se comporte avec Jelenna, il ne trouve pas cela si choquant que les deux adolescents soient autant sur la même longueur d'onde et ce, même si ça l'exclut quelque peu.
Ainsi, en les écoutant parler, l'enfant apprend qu'ils sont au Temple depuis six ans en somme, il en déduit facilement qu'ils auront bientôt terminés leur formation. Dans un an, deux tout au plus, ils seront nommés à leur tour Templier et, à l'image de Jacen ou d'Iréa, ils formeront les générations de demain. La sienne peut-être. Pour sa part, le gamin n'est au Temple que depuis peu, certes durant son séjour à Cydonia a-t-il suivi des cours au Temple, prenant l'excuse de venir rendre visite à son père mais ces cours avaient surtout vocation à lui permettre de voir sa précieuse princesse bis. L'Esprit est encore rudimentaire dans la façon dont il se prête à l'employer. Calme, dévoué et patient, Aerin apprend cependant relativement vite si bien qu'il parvient déjà à isoler les sentiments des autres des siens ou encore, à parler normalement par l'Esprit la plupart du temps. Ce ne sont que les bases mais le jeune homme se sent soulagé de les maîtriser un tant soit peu correctement.

La petite demoiselle insiste sur le fait qu'ils ne se sentaient pas très bien à Silmarie et le gamin ne peut s'empêcher de trouver cela dommage. Il n'ose pas demander ce qui se passait pour qu'elle en vienne à parler avec autant de nostalgie et même de tristesse dans la voix mais il se prend à penser au pire. Pour lui, Silmarie est la ville de son enfance et si son métissage est clairement prononcé envers la race Almer, il n'a jamais eu de problème dans la cité des brumes. Celyween y était suffisamment connue pour que son fils y soit toléré. Et puis … qui oserait s'attaquer à un enfant n'est-ce-pas ? Beaucoup de gens à vrai dire n'hésitent pas à s'attaquer aux plus faibles. Cydonia a pu le lui montrer à merveille lorsque ce fou s'en est prit à lui. Pourtant, Aerin avait l'habitude des moqueries et les laisser filer mais ce que ce Zélote lui avait dit avait éveillé une colère sourde, froide et violente en lui tant et si bien que le combat en était devenu inévitable malgré ses efforts. Et bien entendu, il avait perdu.

Sans même y repenser, le petit métisse tourne son visage vers l'Elfe mais ne sait pas quoi répondre. Il a beau la regarder, la trouver plutôt mignonne bien que les amourettes ne soient pas encore de son âge, il ignore cependant ce qu'il doit faire. Aussi, quand elle prend le parti de lui raconter son enfance, il ne sait pas du tout quoi dire. Dans sa plus tendre enfance, malgré l'absence de son père, Aerin s'estimait chanceux car Celyween s'était toujours montrée douce et aimante avec lui. Elle était une mère attentionnée et n'aurait jamais hésité à se sacrifier pour lui. Ce qu'elle avait fait d'ailleurs. Aussi était-il difficile pour lui de concevoir l'ignorance de la part d'un père ou d'une mère envers sa propre chair.

« Je … je suis désolé » se contenta-t-il de formuler timidement.

Il aurait aimé dire plus mais sans savoir quoi. Il n'était qu'un enfant et si la vie n'avait pas été gentille à son égard, il était tout à fait conscient qu'elle ne l'était pas non plus à l'égard des autres. Si ce genre de phrases ne l'avaient guère aidé par le passé, il ne trouvait pas mieux aujourd'hui à son tour.

« Je n'aurais pas eu à partir si ma mère n'était pas … enfin, je suppose que c'est mieux ainsi. Mon père dit toujours que le temps soigne les cœurs blessés, je suppose qu'il a raison quand je vous vois. »

Il sourit, d'abord timidement puis, plus naturellement. Il trouvait la situation plutôt étrange mais peu importait, il se sentait bien en leur compagnie et c'était tout ce dont il avait besoin en ce moment même.

« Euh … je … je ne sais pas encore vers quoi je me dirigerais. » lâcha-t-il piteusement.

Si le choix de son mentor avait été prononcé, ce n'était pas le cas du choix de sa division. Obstinément, l'enfant se refusait à choisir car il avait peur que son avenir soit tout tracé en agissant ainsi ou plutôt avait-il peur de décevoir son père en se révélant tout sauf à la hauteur de son choix alors il laissait courir, incapable de savoir ce qu'il voulait. Quelque part, Aerin espérait que Jiven choisirait à sa place.

La conversation se poursuivit jusqu'au petit terrain d'entrainement dont il avait parlé quelques minutes auparavant. Bordé à l'est par la forêt, il permettait de choisir les activités que l'on voulait exercer. Les trois jeunes se mirent d'accord pour s'exercer à l'invocation. Aerin n'avait jamais été doué pour cela et il commençait à peine les cours à ce sujet aussi espérait-il que le contact avec les deux jeunes gens l'aiderait-il à comprendre cette difficile technique ...

[ … ]

Ewan et Auween avaient beau lui expliquer, plus ou moins patiemment, la technique en question, les heures avaient défilées et ils avaient abandonnés l'idée de lui apprendre au bout de trente minutes à peine. Pour eux, il était simple d'utiliser une telle technique mais pour lui, c'était un charabia dont il ne parvenait pas à saisir les tenants et les aboutissants. Au final, une séance d'entrainement classique était beaucoup mieux. La première partie, Aerin resta spectateur, regardant les deux jeunes jumeaux s'affronter en silence, tentant à son tour de comprendre comment ils agissaient, essayant également de percer leurs défenses, de comprendre leurs attaques. Ce réflexe lui venait de sa mère et jamais il ne l'avait vraiment quitté, tout jeune soit-il quand elle le lui avait appris. La seconde partie l'opposa à Auween. La jeune femme souhaitait s'entrainer à la maitrise de la Nature si bien que le petit en profita à son tour pour essayer de parfaire sa maitrise de l'eau. Ils enchainèrent les mouvements tandis qu'Ewan s'entrainait de son côté. L'ensemble leur prit environ trois heures et, au bout de ce temps, ils étaient fatigués. Tous les trois. Mais étrangement, le gamin se sentait « heureux » et apaisé.

Tandis qu'il détachait avec patience ses flèches des cibles sur lesquelles il avait tiré, les deux apprentis discutaient ensemble en buvant dans la gourde qu'il avait rempli d'eau avec sa magie élémentaire. C'était un des premiers tours que Thémis Clari lui avait appris et, en l'utilisant, il avait senti son cœur se serrer à son souvenir. C'était une des raisons pour lesquelles il s'était éloigné, prétextant devoir ranger ses projectiles dans son carquois. Les deux jeunes gens n'étaient sans doutes pas dupes mais le petit Almer avait besoin de calme pour ne pas sombrer. Une nouvelle fois.

Ce fut dix minutes plus tard que tout bascula, tandis que, pour faire plaisir à Auween ou Ewan, il ne se souvenait plus exactement, il leur montra un tour que Thémis lui avait appris au Monastère. Exécutant tant bien que mal avec la fatigue les mouvements, il créa de toute pièce une statue d'eau qui représentait Erys, la petite fille de la jeune femme à la perfection. Ce fut à cet instant précis que quelqu'un s'approcha et, sans crier gare, qu'une flèche s'abattit entre les trois jeunes gens, les obligeant à reculer d'un pas sous l'effet de la surprise. Aerin, qui se trouvait dos au nouvel arrivant, entendit simplement ce qu'il disait.

La voix, froide, caverneuse, les agressa aussi durement que la flèche l'avait fait quelques secondes plus tard :

« Abominations ! »

Une flèche apparut sur l'arc de l'homme, invoquée par ce dernier. Il tira sans sommation et tous ne durent leur salut qu'à l'intervention de la louve du gamin qui, hurlant et sautant sur l'assaillant, lui avait fait manqué sa cible.

Aerin, incrédule, incapable de bouger, voyait défiler devant lui toutes sortes d'images. Cette scène, il l'avait déjà vécu, pire, il l'avait déjà subi. Pourquoi l'attaquait-on encore ? Parce qu'il était Almer ? Nyméria fit un bond de côté et, d'un puissant coup de mâchoires, mordit la main de l'inconnu, ce dernier en lâchant par là même, outre un hurlement, son arme. Sans hésiter, la louve le saisit et le serra entre ses crocs. En deux bonds, elle fut prêt du petit groupe. En face d'eux, l'homme sortait déjà son sabre dont la lame, vert pomme, indiquait qu'il était un Templier. Son Esprit irradiait de haine et de colère et il ne fallut pas longtemps au groupe pour comprendre ce qui l'animait. Si son Esprit irradiait, lui n'apparaissait dans celui des gamins que sous la forme du néant, d'une ombre qui s'y déplaçait. Auween savait ce que cela signifiait car elle avait déjà connu cela, une nuit sans lune, il n'y avait pas si longtemps de cela … Elle prit le parti de protéger le gamin, pourquoi ? Aucune idée.
Sans hésiter, elle lui demanda d'aller chercher maitre Jacen alors qu'elle aurait pu le contacter par l'Esprit. Aerin hésita, craignant le pire pour eux mais obtempéra. Sabre à la main, il ne serait pas utile avec ses flèches sauf pour blesser ses amis. La peur au ventre, il hésita une ultime seconde tandis qu'Ewan avançait déjà, prêt au combat, qu'il soit verbal ou physique. Le temps pressait, Aerin prit son courage à deux mains et, sans hésiter, encocha une première flèche qui se ficha dans le bas ventre de l'homme. Plus jamais il ne laisserait les gens qu'il aimait derrière lui. Plus jamais il ne fuirait, sous aucun prétexte.

Ce dernier la retira sans broncher.

« Il ... »

Le gamin n'en croyait pas ses yeux.

[ Désolée, j'ai du faire avancer les choses pour finir au plus vite mais je ne suis pas parvenue à grand chose de satisfaisant. L'homme est un Templier, ça se devine facilement, mais, comme vous l'aurez deviné, il est mort. Je suis désolée d'avoir manipulé vos personnages (j'ai essayé de le faire le moins possible) mais c'était nécessaire pour en arriver au bon moment. ]

Le cœur serré, l'enfant regardait celui qui les avait attaqué, l'âme en proie au doute et à la peur. Depuis qu'il avait été attaqué à Cydonia, Aerin se demandait sincèrement si le monde était aussi cruel que ce que sa mère le lui avait décrit toute son enfance durant. Totalement perturbé, il n'avait cependant pas hésité une seule seconde à tirer sa flèche pour protéger ses nouveaux amis. L'Almer était un enfant délicat, difficile suivant certains instructeurs du Temple mais si tout cela était vrai et qu'il n'était pas en mesure de le nier, il était également évident que le gamin avait un cœur en or qui saignait d'un trop plein de gentillesse. Si sa confiance était plus ou moins difficile à obtenir, il avait néanmoins le mérite de toujours protéger ceux qu'ils estimaient. Pourquoi Auween et Ewan à ce moment précis ? Pour leur passé difficile à l'image du sien ? Pour leur honnêteté ? Pour cette journée passée ensemble ? Sans doutes y avait-il beaucoup de tout cela mais surtout, Aerin ne voulait pas que quelqu'un d'autre connaisse sa souffrance. Plus que tout, il s'était promis de protéger Silmarie et, plus encore, ceux qui croiseraient sa route. Voilà ce qui avait motivé sa flèche.

« Il ... »

Le gamin ne fini pas sa phrase. L'homme en face de lui vient de retirer sa flèche sans sourciller, sans même hurler ou esquisser un signe de douleur. Rien. L'homme qui lui faisait face était insensible, totalement incapable de la moindre émotion. L'Esprit guidait Aerin et il sentit à quel point il n'émanait rien de cet individu. Aucune émotion, aucun sentiment, rien, comme si le vide était synonyme de cet homme. Un courant froid fit frissonner l'échine du jeune homme, plus encore sans doutes lorsque Auween reprit la parole et, dans un souffle, lâcha qu'il était déjà mort.

Mort ? Impossible. Les morts ne revenaient pas hanter les vivants. Les morts ne revenaient jamais … jamais … Il le savait, il l'avait appris. Il … Il mentait. Jelenna, la petite princesse bis, lui avait parlé un jour de sa rencontre avec une certaine Lika Nagaza, une Amazone qu'Eléa avait elle-même enterré dans le désert. Il se souvenait encore du trouble qui avait animé sa jeune compagne lorsqu'elle lui avait conté cette histoire. « Elle était morte » lui avait-elle avoué et pourtant, il ne l'avait pas cru. C'était sans doutes la première et la seule fois qu'il ne l'avait pas cru. Force était de constater qu'il avait eu tord .. Il resta bouche bée, incapable de dire quoi que ce soit, totalement déboussolé. Des mensonges et de la vérité, il était incapable de déceler ce qu'il devait suivre ou pas. Les morts étaient morts, jamais il ne pouvait revenir parmi les vivants … Oui d'accord, ce principe était peut-être bon en temps normal mais là, l'apprenti sentait que sa jeune amie avait raison.

La jeune fille reprend la parole et nulle peur ne transparaît. Son courage est tout ce dont Aerin a besoin pour se sentir libérer, en partie, de sa propre peur. Elle s'adresse à l'homme en connaissance de cause, en sachant pertinemment visiblement qu'il est mort et en prenant ce fait en compte. Tandis que le métisse se préparait à attaquer de nouveau, il ouvrit une nouvelle fois son Esprit et chercha le contact avec Jacen.

« Abominations ... » répéta l'homme d'une voix caverneuse, « Vous n'êtes que des abominations ! Vous n'avez rien de Templiers, vous n'êtes que des traîtres ! »

Tandis qu'il l'entendait, que sa voix lui glaçait le sang, il chercha dans la précipitation Jacen tandis qu'Ewan lançait le premier assaut. Aerin se savait inutile en combat au corps à corps cependant, il pouvait se rendre utile, tandis que la jumelle ne tarderait sans doutes pas à rejoindre son frère dans le combat.

** Maitre Jacen ! **

Le Templier établit un contact beaucoup plus stable et intima le calme au gamin tandis que de son côté, Nyméria se lançait à son tour dans le combat, mariant chacun de ses gestes à ceux des combattants, mordant et griffant l'adversaire quand bien même cela ne servait à rien. L'enfant mit une minute à se calmer et expliqua la situation au maître tandis que ce dernier lui promettait de se dépêcher d'arriver. Jacen était sorti de la cité pour rencontrer quelqu'un, il lui faudrait un peu de temps pour les rejoindre … en d'autres termes, ils allaient devoir combattre. Aerin rompit le contact et ses yeux se posèrent sur la scène. Le Templier dominait clairement la situation, malgré leur force et leur agilité, ni les deux apprentis ni la louve ne parvenaient à l'atteindre durablement et à le tuer.

« Auween, comment peut-on le tuer ? » hurla à moitié l'apprenti.

Jelenna le lui avait dit, il en était persuadé, mais il était tellement peu à même de l'écouter ce jour-là qu'il ne parvenait pas à s'en souvenir. Il fouilla sa mémoire tandis que Nyméria hurlait. De son arme, l'homme venait de lui lézarder une partie de l'épaule gauche. D'un bond, elle recula prudemment et montra aussitôt les dents. Les jumeaux quant à eux présentaient les premiers signes de fatigue. L'homme était impressionnant, la mort faisait des miracles, elle empêchait la fatigue, repoussait la faiblesse … La louve repartit à l'assaut et dans la tête de l'enfant martelait la douleur de sa précieuse amie. Il était inutile, sur ce champs de bataille, il n'était rien de plus qu'un boulet, un être faible et sans importance. Qu'il soit là ou non, cela ne changeait rien.

« N'oublie jamais qui tu es Aerin, sans quoi le sacrifice de ta mère aurait été inutile. »
La douce voix de Thémis Clari se fit entendre et dissipa sans mal son trouble. Elle avait raison, il était là, il était là et foutrement utile. Peu importait comment tuer ce truc, il avait son arme, il avait sa propre force et surtout, il avait Nym. Déterminé, le gamin fixa avec attention son adversaire. Toute l'après midi durant, il avait tenté d'apprendre l'invocation sans succès mais peu importait quand on avait encore des flèches pas vrai ? Il en décocha une, puis deux, sans jamais toucher à ses compagnons mais en faisant mouche à chaque fois. S'il n'avait guère le talent de la princesse Amazone pour le tir à l'arc, il était en revanche suffisamment doué depuis sa plus tendre enfance pour que sa mère lui ai offert son arc personnel. La pierre runique qui y dormait, couleur ambre, ne s'était jamais allumée depuis qu'il le possédait mais il ne désespérait pas. Il était tout ce qu'il lui restait d'elle après tout …
La troisième fit mouche une nouvelle fois et chaque seconde que l'homme perdait en maugréant « abominations » pour les enlever était une seconde de gagner pour ses compères. Sauf que quand il voulut tirer une quatrième flèche, son carquois était vide. A force de s'entraîner, le carquois s'était vidé et il se retrouvait sans flèche désormais …

Une fois, deux fois, Aerin tenta d'invoquer des flèches mais il n'y parvint pas. Si la pierre runique émettait quelques éclats, elle ne s'éclairait jamais suffisamment pour parvenir à invoquer les flèches … Ewan lui avait pourtant expliqué de longues heures durant comment faire mais il ne parvenait pas à établir un lien suffisamment stable avec l'Esprit pour parvenir à faire quoi que ce soit. Tandis qu'il essayait vainement, Nyméria émit un cri et se dégagea péniblement, la patte désormais en sang. La plaie précédente s'était méchamment ouverte et la douleur envahit l'esprit du gamin. Le stress, la peur de la perdre mais surtout, la vengeance animèrent chaque fibre de son corps. La colère fut telle que ses envies de meurtres devaient sûrement se sentir à des kilomètres à la ronde. Après avoir repoussé l'attaque des jumeaux, l'homme se précipita sur la louve à terre en hurlant « Abomination ».

« NOOOON »hurla le fils des Templiers.

L'homme hésita une seconde, le temps que Nyméria fasse un bond en arrière et se mette hors de portée. La flèche vola en plein cœur. Si cela était inutile, elle bloqua néanmoins la course de l'homme qui paru étonné. La pierre runique ambrée sur l'arc du gamin brillait de mille feux tandis qu'il gueulait :

« Tu te crois mieux que nous ? Touche pas à ma louve espèce de taré ! », l'homme allait reprendre la parole lorsqu'il ajouta avec colère, « Touche pas Nyméria ! »

Le gamin vibrait de colère et à nouveau, il posa la question :

« Auween, comment peut-on le tuer ? »

Il ne tremblerait pas, cette fois, il ne tremblerait plus. Fixant l'homme, Aerin tenait son arc en main, la pierre toujours vivante, vibrant en lui. C'était un peu comme si sa mère elle-même était là pour le protéger. Comme si, à travers sa colère, Celyween renaissait une ultime fois pour protéger sa progéniture. Sauf que la progéniture en question n'avait aucune idée de comment tuer ce truc alors il préféra continuer à poser des questions :

« Pourquoi tu t'en prends à nous ? Qui t'envoie ? »

Il ne comprenait pas grand chose à ce qu'il se passait mais au moins, Nyméria était en sécurité, en effet, elle avait réussi à revenir derrière lui. Blessée, il valait mieux qu'elle reste là, ce qu'elle fit, léchant sa plaie non sans inquiétude pour son jeune maître. Et en effet, il valait mieux être inquiet ! L'homme en question se dirigeait désormais droit sur Aerin, près à le tuer, à n'en pas douter. D'un pas lent mais près à tout. Sans hésiter, parce qu'il fallait protéger Nyméria, l'Almer tira une flèche, s'accrochant à ce lien invisible qu'il pouvait avoir avec sa mère par le biais de l'arc. Elle était là, elle allait l'aider, elle allait le protéger pas vrai ?

« Pourquoi tu fais ça ? », une flèche, « Qui est l'abomination ? »

La mort avançait à grand pas et pourtant, pour la première fois de sa vie, Aerin y faisait face.

[ Auween > Je t'ai manipulée mais j'ai essayé de ne pas trop être restrictive. Je te laisse libre de déterminer où tu trouves le bûcher pour le tuer ^^ Normalement, je clos au prochain post ! Par contre, j'ai énormément galéré pour ce post, désolée ... ]

Le temps est une notion étrange, quand certains événements se devraient de durer toujours, il semble filer à toute vitesse et quand on voudrait fermer les yeux pour que ça passe, rien n'y fait, le temps s'écoule au compte gouttes … Une bataille était quelque chose de différent, de totalement insensible au temps. Tantôt on avait l'impression qu'elle durait depuis des heures voire des années, tantôt la mort se faisait si proche qu'on avait l'impression de vivre à la seconde près. Au moment où le défunt s'approchait de lui, tandis qu'en arrière plan, la jeune Auween était au sol et que son jumeau tentait de l'aider tout en ralentissant l'avancée du bourreau, Aerin se sentit dans ce genre d'état. A la fois le temps semblait passer trop vite, permettant à l'homme de se rapprocher inexorablement de lui et d'un autre côté, il semblait vouloir s'arrêter dans l'instant. Auween était-elle blessée ? Ewan ? Nyméria l'était en tout cas derrière lui et le petit bonhomme n'aurait pour rien au monde permis que quelqu'un puisse lui faire du mal. La louve était sa plus précieuse compagne de vie, il l'avait sauvée d'une mort certaine sans même réfléchir et si depuis, les rôles s'étaient inversés, le gamin ne laisserait personne lui faire du mal et s'en prendre à elle.
Son regard se posa sur le défunt, sa colère animait toujours la pierre runique et la chance faisait qu'il lui restait suffisamment d'énergie, n'ayant au final que peu participer à l'entraînement des deux autres. Tirer des flèches était moins fatiguant que s'exercer à l'Esprit, l'Invocation ou à toute manipulation de quelque élément que ce soit ! Le jeune élémentaire visa et successivement, il n'hésita pas à embrocher le mort. Ce dernier n'arrêta pas pour autant sa marche mais cela le ralentissait et permit notamment à Ewan de lui porter un coup qui le détourna un instant. Etait-ce la fin ?

Si c'était le cas, alors qu'à cela ne tienne. Au final, peu de choses le rattachaient à cette vie et si son dernier acte pouvait sauver Nyméria et ses nouveaux amis – étaient-ils ses amis ? Le percevaient-ils aussi de la sorte ? - alors il se sacrifierait. Il fut un temps où, égoïstement, l'enfant voulait se suicider mais il avait compris par la suite que la mort de sa mère n'était qu'un acte d'amour et non un suicide et que, s'il venait à disparaître aussi stupidement, beaucoup le regretterait et il n'en sortirait au final que de mauvaises choses. Mais aujourd'hui, sa mort pourrait être utile et donner le temps d'agir aux deux jumeaux … Son père serait sûrement fier de lui … La voix de la jeune fille le fit sursauter si bien que sa flèche atteignit l'épaule et non le cœur comme il le souhaitait. Il l'écouta avec attention, se sentant soudainement honteux de ses morbides pensées.

Le gamin regretta de ne pas avoir appris à maîtriser le feu, si seulement il avait pu savoir le faire … Ils auraient pu le tuer. Auween voulait prendre les risques, très bien, dans ce cas, il l'aiderait, il tirerait autant de flèches qu'il le faudrait pour cela et userait de l'eau pour ralentir la progression de cette homme.

** Je ferais de mon mieux ** répondit-il dans la précipitation, se préparant déjà à invoquer son prochain projectile.

Alors que le Crépusculaire allait poser sa main sur le garçonnet, des racines se mirent à sortir du sol et à l'entraver. Tandis que le mort se débattait, le fils des Templiers se retournait déjà et ordonnait à la louve de se mettre à l'abri. Elle jappa mais il tint bon et, après un pénible effort pour se lever, elle s'éloigna tout aussi péniblement de la scène, s'affalant quelques mètres en contrebas. Rassuré car il sait que l'homme ne s'acharna plus sur elle, l'enfant se met à poser des questions, se disant que cela leur permettra peut-être de gagner du temps !

« Pourquoi faites-vous cela ? »

D'autres questions mais aucune réponse si ce n'est l'éternelle « abominations » qui sort de ses lèvres, comme s'il ne savait que dire cela. Le prisonnier râlait, prit au piège dans les racines, essayant vigoureusement de s'en défaire tandis que la jeune élémentaire tentait de l'y maintenir et que son frère, péniblement, obéissait à ses directives.
Ewan courrait dans leur direction, deux torches à la main mais tandis qu'il allait les lancer sur sa cible originelle, Auween s'effondrait sur le sol, épuisée par l'effort qu'elle venait de fournir ces dernières minutes. Ni une ni deux, Ewan lassa tomber sur le sol les précieuses armes et vola au secours de sa jeune sœur tandis que le cœur d'Aerin faisait un bond. Il était trop loin pour récupérer les flambeaux mais il avait senti la présence de leur sauveur. Jacen arrivait enfin et, sans même se préoccuper des deux autres, il interpella Aerin par l'Esprit, lui ordonnant de maintenir l'homme au sol. Obéissant sans réfléchir, l'Almer planta ses flèches judicieusement, une dans le dos pour l'immobiliser un peu, l'autre attrapant sa manche dans les racines. Jacen jetta sans état d'âme les flammes sur le monceau. Un cri immonde s'éleva, emprisonnant de peur le gamin qui alla se réfugier près de l'adulte. Ils regardèrent tous les quatre, même si Auween était encore inconsciente, le végétal brûler avec son prisonnier.

« Tu protèges les abominations Jacen ! » hurla la voix dans un cri de démence, « Ils sont le mal, ils ne sont pas Templiers, ils portent le mal en eux ! Nous luttons contre eux et tu les protèges ! Traître ! Abominations ! » , il semblait comme reprendre sa respiration et, d'un doigt tremblant, il désigna Aerin, « Tu défends cette engeance Jacen, traître ! Sa mère luttait contre eux, elle voulait le tuer, elle aurait du ! Elle tuait les gamins comme lui ! Traître ! Abominations ! »

Le feu eu raison de ses dernières paroles. Une odeur de chair brûlée s'éleva et bientôt, le silence se fit. Seule la chaleur, étouffante, régnait et imposait une lourde atmosphère. Lorsque le corps fut totalement calciné, Jacen demanda au petit d'éteindre l'incendie, et, avec le peu de force qu'il lui restait, Aerin s'exécuta sans broncher. Lorsqu'il ne resta que de la fumée, l'ambiance était tellement lourde que le métisse hésita longuement avant de demander à son parrain quoi que ce soit mais, lorsque ce dernier eu soigné la jeune Auween qui finalement et fort heureusement n'était que fatiguée par l'effort et qu'il eu soigné tantôt l'un et l'autre garçon, il se décida à demander :

« Maître … Il a … Nyméria est blessée … pourriez-vous la soigner ? »

Jacen sourit avec peu de conviction et entraîna l'enfant en direction de l'animal qui agonisait. La blessure était profonde mais fort heureusement, le Templier était le meilleur de sa catégorie. Bientôt, elle ne fut plus qu'un bref souvenir. La tension était palpable dans l'Esprit du gamin qui ne parvenait même plus à fermer ce dernier si bien que son parrain l'invita à parler mais ce dernier coupa court la conversation.

« Maman n'était pas comme ça. »

Non, sa mère n'avait rien d'une meurtrière. Elle... Le gamin préféra ne pas y penser même si les larmes qui roulaient sur ses joues disaient le contraire. Aujourd'hui, il était un Templier, peu importe ce que disait ce fou, il était désormais dans la tombe.

« Maître, vous le connaissiez ? »
« Il fut un temps où Alister et moi étions amis puis un jour, son chemin croisa la route de ta mère et il embrassa le Crépuscule. Celyween était quelqu'un de bien, qui luttait pour ses propres convictions, Alister quant à lui pensait que ceux qui maîtrisaient les éléments étaient des hérésies et il n'hésitait pas à les assassiner, mais jamais il ne s'en était pris à des enfants. »

Un court silence suivit.

« Malheureusement, Alister n'était pas seul. » conclut-il.

Ainsi, une guerre nouvelle s'était ouverte sous leurs yeux et comme par le passé, elle promettait d'être sanglante … Fort heureusement, ils avaient emportés l'affrontement et personne n'avait été sérieusement blessé. Auween se réveillait déjà lorsqu'ils retournèrent auprès des jumeaux. Timidement, Aerin lui sourit. Il était conscient qu'elle venait de lui sauver la vie et l'en remerciait, sans elle, qui sait où ils seraient tous à l'heure présente ? La jeune apprentie venait de leur sauver la vie, et au fond de lui, le gamin était persuadé qu'elle serait une excellente Templière.

[ Désengagés ]