«E-Euh... Oui. Oui, je peux...»

C'est pas pour autant que j'allais le faire! Cette fille parle le Jinmen, EST une Jinmen et n'est pas seule. En effet, il y avait un autre garçon avec elle. Mais bon, je ne m'y attardai pas vraiment, et je finis par me résoudre à nager jusqu'à la berge. Je finis par sentir le fond et d'un bond, je me levai. La femme, d'environ une trentaine d'année, plus au moins, était un peu plus grande que moi. Plus imposante et malheureusement, évidemment plus forte. Si elle voulait me détrousser, elle pourrait bien le faire, accompagné de son ami qui faisait broutter les chevaux. Je me devais donc de rester polie et le plus évasive possible. Mais bon, j'étais trempée jusqu'aux os et je commencais déjà à grelotter.

«Mon nom c'est... Minatsuki. Tomoe Minatsuki.» dis-je

Et moi qui m'étais promis d'en dire le moins possible et d'être le plus évasive possible! Comme quoi je ne peux pas me faire confiance moi même! D'ailleurs, je crois que la dame le remarqua, vu l'air exaspéré que j'arborait tout à coup. En plus, mon plan de lavage de cheveux était repoussé à mon retour au temple! J'ai toujours été dotée d'une certaine pudeur, mais me laver avec une autre femme dans les parages ne m'aurait pas vraiment dérangé. Mais salir mon honneur en laissant un garçon assister à cette scène? Alors ça non! J'allais me laver les cheveux à mon retour au temple, point! Par contre, j'avais le temps de confectionner la brillantine.

Je m'assis donc sur le même tronc d'arbre que tout à l'heure, et je sortis mon kit d'herboristerie malheureusement tout mouillé. Ça ne changeait rien, en fait, qu'il soit trempé, mais bon... Je sortait déja les ingredients, c'est à dire la fleur des sages, mes deux roses et une violettes, avant de me rappeler de pourquoi la femme Jinmen et son ami étaient venue à ma rencontre: j'avais criée à l'aide. Je levai les yeux vers elle et m'éfforcai de lui sourire gentiment.

«Pardon pour tout à l'heure, j'étais attaquée par les abeilles!» dis-je, en pointant la grosse ruche plus loin

D'ailleurs, les piqûres me faisaient très mal... TRÈS mal. Mais je tentai de l'ignorer du mieux que je pouvais. De toute façon, je ne voulais pas avoir l'air d'une pleurnicharde, bien que mon plus grand envie était de chialer, en ce moment. Puis, je commençai à broyer les pétales de la rose, que je venais de soigneusement arracher. Pour être honnête, j'adore broyer des trucs dans mon petit bol (j'en oublie toujours le nom!) pour en faire de la purée. Ça me donne l'impression que je suis toute puissante, et le simple fait de savoir que cette purée, tout dépendant de la fleur utilisée, à un effet sur quelqu’un, me fait sentir encore plus puissante. Je suis très très curieuse de découvrir, un de ces jours, une nouvelle recette! Mais pour l'or, j'avais besoin de ma brillantine. J'entendis l'autre Jinmen se déplacer, mais je ne levai pas la tête, j'étais complètement absorbée dans ce que je faisais. Voilà, j'ai la purée de rose. Je pris ensuite la fleur des sages et commençai à mélanger son suc avec la petite purée rouge qui devint rose, pour finalement y intégrer la tige d'une violette. Et je broie et je broie et je broie de toutes mes forces pour finalement en faire une pâte d'une couleur douteuse. Jusqu'ici, tout fonctionne. Il ne me restait plus qu'à attendre deux heures pour finalement y ajouter la... blanchette! Zut de zut! Je l'avais complètement oublié!

«Bon... maintenant, j'ai besoin d'une blanchette.» pensai-je à voix haute, en me relevant

Je regardai aux alentours. Il me semblait en avoir vu quelques unes, plus tôt. Peut-être la nouvelle arrivante pourrait-elle m'aider? Je finis par me tourner vers elle. Oh oh... J'avais tout a coup un vent de curiosité qui soufflait dans ma tête. Ca allait barder.

«Au fait! Vous venez d'ou? Vous allez ou?» Je m'adressai en cydien cette fois, mais poursuivis, cette fois-ci à l'intention de la dame, en Jinmen «Tu viens d'Hoshizora? Moi aussi! Qu'est-ce qui t'amène par ici?» Je ne lui laissai pas le temps de continuer, je repris en Cydien «Dites, vous n'auriez pas vu des blanchettes, par hasard?»

Ainsi, elle venait d'Amamizu. Je ne suis jamais allé dans cette ville, ni même rencontré quelqun, avant elle, y ayant mis les pieds. Il faut dire que le petit village dans lequel j'ai grandit n'était pas du genre à attirer des touristes. Soit! Le fait qu'elle me dise d'ou elle venait et ou elle allait me mit dejà plus à l'aise. Je comprenait très bien qu'elle, cependant, ne me fasse pas confiance... J'avais l'air d'une véritable mendiante prête à tout pour vendre des informations et me faire un peu d'argent. Bah quoi? Y'avait qu'à jetter un oeil à mes cheveux! Bref, je lui souris le plus amablement... jusqu'à ce qu'elle me parle de ces fameuses blanchettes.

Mon regard changea de 'amical' à 'horrifié' alors que je voyais l'un des canassons machouiller une blanchette. La dernière. Zut de crotte! Juste sous mon nez et il a fallu que leurs chevaux viennent manger MES fleurs! Je fis une moue exagérée en retournant la tête vers... Au fait, elle ne m'a pas dit son nom!

- ''Ah! Au fait... C'est quoi, ton nom?'' dis-je, retrouvant mon sourire enfantin

Je ne l'écoutai qu'è moitié, un peu occupé à bien envelopper mon bol-sans-nom pour que le mélange survive un peu plus longtemps, pour prêter attention à sa réponse. Néamoins, je restai polie et lui en dis un peu plus sur ma situation.

- ''Crois-le ou non, je suis venue ici dans l'espoir de trouver les fleurs nécéssaire pour faire mon shampoing! Tu m'as vu les cheveux? Leur état est allarmant!'' Pas vraiment... ''Et puis en allant cueillir mes violettes, là-bas, je me suis fait attaquée par ces grosses abeilles!'' m'exclamai-je

Alors seulement réalisai-je que j'avais de grosses piqures et qu'il me fallait au moins extraire le dard. Or je n'avais pas la dexterité requise pour retirer ceux coincés dans ma nuque! Je soupirai. Quelle horrible journée, décidément!
- ''J'ai été piquée sur la nuque, le coude, l'avant bras et la main.'' dis-je, la regardant encore avec cette même moue éxagérément attristée ''Ca fait maaal.'' dis-je d'un ton suppliant

Cette fille était vraiment étrange. Je ne crois pas qu'elle ai grandit suffisamment longtemps en Oyashima. Elle était beaucoup plus expressive et gardait moins de réserve envers un aîné. Je me fichais aussi de ces règles, depuis que j'étais partie et que plus rien ne m'y obligeais. Mais j'avoue avoir laissé m'échapper un léger sourire en imaginant que cette jeune fille se serait adressée à moi au milieu d'Amamizu, elle aurait très bien pu recevoir une correction qui la bas était justifiée.. Enfin, je n'avais que trop subis de remontrance pour ce genre de comportement, c'était juste un souvenir comme un autre.

Elle me demanda à présent mon nom, je croyais le lui avoir dit, ou peut être ne me l'avait elle pas demandé avant, enfin bref !

- Mon nom , Mitsu Zawa.

Lorsqu'elle me dit pourquoi elle était ici, j'eu du mal à le croire. De plus, cela paraissait totalement.. dingue, en faite non, une action étrange pour une fille étrange, tout allait bien..
Elle continua de parler tout en jouant les comédiennes dans ces actes, pourquoi n'agissait elle pas normalement ? Owen n'intervenait pas et regardait de loin la situation avec un sourire amusé en coin de lèvres.
Enfin, c'était moins grave qu'un coup de lance à travers l'estomac certes, mais ce genre de piqûres pouvaient néanmoins être très néfaste, et je ne perdais rien à aider une jeune fille, de chez moi qui plus est.

- Viens voir par ici Owen . Envoyais-je à travers la clairière. La jeune fille observait le Cydien en approche. Je lui dit brièvement que c'était un ami et qu'il n'y avait rien à craindre, et qu'il était plus compétent dans ce genre de chose que moi.
Ce dernier s'adressa à la jeune Jinmen en Cydien.

- Ne crains rien, tu vas juste sentir un léger tiraillement au moment d'enlever le dard.

Après quelques secondes d'hésitation et encore une fois quelques comédies, Owen pu lui enlever ces dards, il lui appliqua un onguent aux différents endroits ou elle avait été piquée.
En revanche l'heure avançait malgré tout et nous ne pourrions plus arriver en ville en début de soirée..

- Dit moi, Minatsuki hein ? je t’appellerai par ton prénom. Vis tu loin d'ici ? Pourrais tu peut être nous héberger pour la nuit si c'est le cas ? Notre journée fût longue et le temps ne nous permet plus d'arriver à bon port avant la nuit.

«Mon nom, Mitsu Zawa.»

Bien entendu, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me dise que je la connais! Mais Mitsu était gentille, et c'était l'important selon moi. J'avais bien vu la façon dont les deux me regardaient, et ça ne faisait que m'encourager à agir... normalement, encore plus. Car oui, je ne le dis pas à tout le monde, mais la tarée que Mitsu voyait en ce moment, c'était la moi sans retenue, sans filtre. Minatsuki Tomoe, la cinglée à la brillantine. C'est un joli surnom que je ne tarderai pas à acquérir, si ça continue. Soit! De toute façon, quand je sortais de Tamawa, ou même du temple, je n'avais aucune envie de retenir mon caractère étrange! Ça devenait alors le problème des autres, si ils n'aimaient pas ça!

«Viens voir par ici Owen.»

H-Hein? Je vis le Cydien s'approcher, et j'eu un certain mouvement de recul, presque imperceptible. Je n'avais pas l'habitude d'être touchée de cette façon par un inconnu, et un garçon qui plus est. Je n'étais pas une de ces féministes bornées, mais... c'était... Mon honneur en prenait un coup! Un homme qui soigne une femme, c'est très inhabituel, et c'est très mal vu, d'ou je viens! Cependant, je me rappelai que je n'étais plus en Oyashima, et donc, que je ne perdais rien. Enfin... sauf si cet homme me voulait du mal, alors là je risquais de perdre gros. Pas touche à ma brillantine, toi!

«Ne crains rien, tu vas juste sentir un léger tiraillement au moment d'enlever le dard.»

Léger tiraillement? Oui... oui... léger. Je grimaçai à chaque dard qu'il extirpait, et j'essayai à tout bout de champs de lui faire croire qu'il n'y en avait plus. Finalement, Owen les avait retirés et avait appliqué un onguent qui me fit soupirer instantanément. Comme c'est bon! Puis, je reportai mon attention sur Mitsu.

«Dit moi, Minatsuki hein ? je t’appellerai par ton prénom. Vis tu loin d'ici ? Pourrais tu peut être nous héberger pour la nuit si c'est le cas ? Notre journée fût longue et le temps ne nous permet plus d'arriver à bon port avant la nuit.»

Ah, je sentais maintenant mes joues devenir écarlates. Pourquoi? Ca n'avait rien d'embarassant, mis à part le fait que je n'avais plus d'autres choix que de lui réveler que j'étais templier de l'aube, mais qu'une simple APPRENTIE pour l'instant. De quoi me faire perdre de l'importance et me faire passer pour une gamine! Héberger au temple? Rien de me ferait plus plaisir, mais malheureusement, je n'avais aucune idée si il était vraiment possible de faire ça. Il allait falloir demander à maître Jiven ou maître Jacen!

«B-Bah c'est que... j-je suis apprentie templier de l'aube et je... j'ai pas trop de pouvoir là-dessus, tu comprends?» dis-je embarassée «Mais si tu veux, je te promet de demander et de supplier arrivée au temple!»

Mon sourire revint, et comme pour me venger et nous mettre sur un pied d'égalité (bah quoi!) je décidai de faire détourner le sujet un peu. Je regardai Owen, puis Mitsu, puis Owen encore, puis Mitsu. Un sourire espiègle se dessina sur mon visage.

«Dites, euh... vous...» Je ponctuai ma phrase d'un geste de main qui voulait tout dire «Vous vous aimez?»

«Voila une question surprenante. On peut dire que nous nous aimons mais pas dans le sens auquel tu penses à mon avis. Tu sais, tu peux demander à ton temple, mais ce n'est pas la peine de les supplier.»

Et elle me sourit amicalement. FLUTE! Je suis presque sûre que j'aurais pu la faire rougire ou un truc dans le genre, mais vraiment rien! Mitsu était beaucoup plus forte que ce que je croyais! Je devrais peut-être m'acharner sur ce Owen, à la place. Hé oui, ces deux là ne le savaient peut-être pas encore, mais ils étaient tombés sur une petite Jinmen tenace! Gentille, bonasse sur les bornes, mais tenace! J'allais harceler ce Owen jusqu'à ce qu'il soit embarassé. Malheureusement, je ne voulais pas que Mitsu se rende compte de mon petit stratagème, aussi eux-je une idée. L'esprit. Je ne l'utilisais presque jamais, mais j'entendait toujours un paquet de choses interessante. Je ressentais les émotions d'autrui, et étant moi même, je les aggravais plus d'une fois! Il allait y goûter, héhé! Qu'il ne me réponde pas? Mais bien sûr, qu'il ne me répondra pas par l'esprit! Mais ca serait vachement marrant de lui faire piquer une crise ou il avouerait ses sentiments pour Mitsu! Ahhh oui, ca serait trop chou! Et moi je serais la petite Minatsuki qui forme des couples!

«À ce que je vois tu es venue à pied. Veux tu monter avec moi ? Quand tu seras prête nous poursuivrons la route jusqu'à ton temple.»

À cheval? Mais bien sûr! J'avais laissé Yuu dans son enclot croyant que je n'irais pas bien loin, mais maintenant que me l'offre, un retour éclair à cheval, ca ne se refuse pas! Je sourit amicalement à mon tour et hochai la tête vivement. Puis, je tournai la tête vers Owen, plus ou moins discrètement, pour lui envoyer mes pensées. Bien entendu, je pris soin d'utiliser le Cydien.

*Et toi, Owen? Tu l'aimes bien, Mitsu? Allé, quoi, je sais que tu l'aimes bien!*

Puis je montai, avec l'aide de mon amie Jinmen, sur le cheval derrière elle. La pauvre ne se doutait pas qu'en m'emmenant, elle condamnait Owen à un véritable harcèlement eum... cognitif! Bien sûr, je ne faisait pas ça pour le plaisir, je le faisais pour leur future couple! Qu'ils seraient chou ensemblent, ces deux là! Je ne croyais pas un mot de ce que Mitsu disait: Elle devait forcément avoir eu au moins une arrière pensée avec Owen un de ces jours! Nous commençâment à galoper, sortant de la forêt et se dirigeant vers Tamawa. Encore une fois, je tournai la tête vers Owen et lui envoyai une autre pensée.

*Réveilles-toi, Owen! Ca se voit bien que toi et Mitsu vous vous aimez bien! Allez avoue!*

Je me sentais diabolique... mais gentiement diabolique. On pourrait peut-être me qualifier de petite peste?

Il faut dire que je n'ai jamais vraiment pu croire en une telle chose, L'amitié garçon-fille pour moi, c'est une façade. J'ai naïvement tentée d'en vivre un, et ça s'est terminé avec une personne morte. Quand Owen me disait qu'il ne ressentait rien de plus que de l'amitié pour Mitsu Zawa, ça me faisait presque peur. Il était inconcevable qu'il ne veuille être que son ami, comme il était inconcevable, avec le recul, que Shimeji soit homosexuel. Tout n'était qu'une façade à mes yeux, mais au moins, je pouvais rendre le service de ne pas m'en mêler au Cydien. Qu'il en soit ainsi, mais si j'apprenais que l'un des deux à tuer quelqu’un par amour pour l'autre, je ne me le pardonnerai jamais.

«Je ne te crois pas...»

Mon regard alla se déposer vers le sol, qui parfois laissait paraître des mauvaises herbes, mais la plus part du temps du sable. On appelait pas cet endroit les plaines arides pour rien. Néamoins, je ne m'en rendit même pas compte. Ces plaines deviendraient moins arides, maintenant que mes larmes commençaient à les arroser. C'était ma faute, je n'aurais jamais dû me poser une telle question à propos d'eux. Maintenant qu'Owen tentait de m'assurer qu'il ne l'aimait pas, j'avais l'impression de revivre une scène de mon passé. Voilà pourquoi maintenant je pleurait en silence. Mon réflexe fut de tourner la tête pour regarder à droite, pour que le Cydien ne voit pas mes larmes. Puis, incapable de me retenir, je commençai à sangloter.

Jamais je n'aurais pu imaginer avoir une telle saute d'humeur. Pourtant, ce qu'il venait de dire me chagrinait vraiment, profondément. Je ne lui en voulait pas, c'était bien normal qu'il m'ait dit ça, mais... c'était trop pour moi. Ça m’effrayait. En même temps, si on incluait la possibilité que Mitsu et lui puissent vraiment n'être amis, ça aurait simplement voulu dire que mon amitié avec Shimeji, elle, n'avait pas été assez forte. En gros, j'étais un peu jalouse. Des sanglots de plus en plus forts faisaient tressaillir le petit corps chétif qu'était le mien, et si ça continuait, mon amie Jinmen s'en rendrait compte. J'essuyai donc violemment les larmes qui traînaient sur mes joues maintenant rougies, tout comme mes yeux, et j'essayai de ravaler ma peine. Échec total. Un autre torrent de larmes m'envahit, et je retint un petit gémissement... Malheureusement pas assez. Si j'avais un peu de chance, Mitsu le prendrait pour un geste de fatigue, mais ça m'étonnerait.

C'était injuste. Pourquoi Mitsu et Owen pouvaient être amis ainsi, sans ne jamais avoir de problèmes de coeur alors que moi et Shimeji non! Je lui en voulais tout a coup. Pourquoi fallait-il qu'il m'aime? Je n'avais jamais rien demandé! Et c'est en tombant amoureuse de Kusari que j'ai reussi à tout gâcher! Finalement, je vint à un point ou trouver un coupable était impossible. J'étais triste et frustrée, point.

- «Qu'y a t'il?»

Et voila, tout étant joué. J'allais maintenant devoir fournir des informations (probablement fausses cette fois, étant donné que ce qui me faisait vraiment pleurer était une raison, a mes yeux, de bébé), et me faire sois consoler a mort, sois réprimander pour mon caractère faible. Cependant, une chose était sûr: dans les deux cas, j'allais continuer de pleurer et me ridiculiser. Je n'avais donc rien a perdre a montrer mon visage aux joues maintenant rouge, et aux yeux d'un argenté encore plus scintillant maintenant que les larmes venaient y accentuer la couleur. C'est vrai, ce que tout le monde disait: j'avais des yeux des plus magnifiques lorsqu'ils étaient emplis de larmes. Mais tout comme un paysage d'automne enchanteur, ce n'était beau qu'en apparence. Plus jeune, j'avais été horrifiée de découvrir que les feuilles rouges et jaunes par terre étaient morte, et que l'arbre les perdait l'une après l'autre sans pouvoir rien changer. Je trouve encore aujourd'hui cela horrifiant. Étrange non? C'est ainsi que la nature est faite, j'en suis consciente. Mais... Nous ne somme pas la nature, nous les humains.

Puis, j'entendit Owen m'expliquer quelque chose. Le passé de Mitsu? Je risquai un regard vers (du moins l'arrière de la tête de ma nouvelle amie), toujours aussi chagrinée. Avait-elle vraiment tuée celui qu'elle aimait? C'était horrible. Et pourtant, mon histoire était loin, à mes yeux tout du moins, d'être aussi mélancolique et dramatique que la sienne. Mes deux amis s'étaient (en quelque sorte) entre tués, Kusari physiquement, et Shimeji psychologiquement. J'étais égoïste, de m'être enfui ainsi de ce petit village que j'appelais maison. Parfois je me réveillais en pleine nuit et je me demandais si mon passé n'était pas qu'un simple cauchemars. Un cauchemars très long qui venait de prendre fin. Mais mon chagrin, ma colère et ma frustration, je les gardais à l'interieur. Personne n'avait envie de voir a quel point mon coeur était brisé à l'interieur, et personne n'avait envie de voir une Minatsuki qui ne souriait jamais. Je sourie tout le temps. Je souries quand je suis contente, je souris quand je suis fatiguée, quand je suis frustrée. Comme ça, je garde cette image de moi même. Je finis par me convaincre que je vais bien.

Finalement, mon sourire revint. Encore un autre débordement d'émotions que je venais de cacher. M'endormir en pleurant? Ca ne m'était jamais arrivé. Jamais. Ma vie est belle, et je regarde de l'avant.

«Oh... je vois! Je comprend, alors!» Dis-je avec un sourire, tout en essuyant le reste de mes larmes

Je ne comprenais pas du tout. Nos situations étaient différentes, à moi et Mitsu, mais le résultat de notre passé était similaire: On avait perdu celui qu'on aimait, toutes les deux. Je n'étais pas follement amoureuse de Kusari, mais je devais avouer que la nuit du... meurtre, j'avais réussi a imaginer mon future aux côtés de Shimeji. Or lui, je l'avais perdu aussi. Même si il n'était pas mort depuis le temps, je n'avais plus aucune chance de le revoir.

Un aboiement soudain. C'est ce qui m'extirpa finalement de mes pensés. Je levai la tête alors que Mitsu et Owen s'arrêtaient pour faire face à trois hommes qui étaient sortis de nul part. Des bandits? Oh non! Qu'allait-il arriver? Je ne doutais pas de la force de mes amis, mais ces quatre là semblaient sérieux, et qui plus est, ils étaient en avantage numérique! Quatre contre deux! Mon coeur se serra. Je sentais qu'il y aurait du sang, et des morts. Chose que je refusais. J'étais templier de l'aube, apprentie ou pas étant secondaire dans ce cas ci, et de ce fait je voulais préserver la paix. Pourtant, Mitsu et Owen descendirent de leur chevaux en brandissant leurs armes. Un véritable bain de sang se préparait, je le sentais. Une légère brise fit virevolter mes cheveux, que je tentai avec acharnement de maintenir loin de mon visage. Je gardais les yeux rivés, grands ouverts, sur la scène, ironiquement prête à les fermer si quelqu'un venait à être tué.

- «Mina, si sa tourne mal, galope avec mon cheval jusqu'à chez toi.»

J'hochai la tête lentement, et pourtant je me promettais de ne pas le faire. Si Mitsu croyait que j'allais abandonner l'une des miennes, et deux amis qui plus est, elle avait beaucoup à apprendre sur moi. Le combat se préparait, et incapable de dire un mot, la peur sans hésitation, je déglutit. Puis finalement, le combat commença. Mitsu fut rapidement encerclée par deux ennemis qui, aussi lâches étaient-ils, se battaient assez bien. Inutile, cependant, et ils apprirent à leurs dépends que les Jinmens n'étaient pas à prendre à la légère, femme ou pas. L'un se prit une taillade à l'épaule, chose qui me fit directement détourner de le regard un instant. Le deuxième, du moins c'est ce que j'ai cru voir, parvint à la blesser avec sa hache. Instantanément, je laissai échapper un 'AH!' de peur. Heureusement, mon amie n'avait pas faibli, loin de là. Et malheureusement (pour l'homme comme pour moi, car je détestais la mort), Mitsu lui enfonça son sabre dans l'abdomen. Je le voyais, je le savais, il était fini.

Je reportai mon attention sur Owen. Oh non! Son ennemi était sur le point, du moins c'est ce que je voyais, de lui porter le coup de grâce! Je vis Mitsu reporter son regard sur moi un bref instant, puis alors qu'elle le détournait, je sautais au sol en accourant vers l'homme. Je ne pensa pas une seule petite seconde à ce que je faisais, mais je n'avais même pas sorti mon petit manche de Shirasaya. Je ne fis que courir vers l'ennemi pour, avec mon petit 1m50 et des poussières, essayer de le renverser. Bien entendu, c'était un échec lamentable, mais au moins ça donnait un peu de temps à Owen... à mes dépends.

Le reste fut flou, de la mort, du sang. Du sang, je voyais du sang. Mes muscles se tendaient alors que je me sentais engourdie. Je ne voulais pas de douleur, plus de douleur! Tant de souffrance pour quoi? Pour en finir avec un 'Vous n'aviez qu'a ne pas nous chercher'? C'était innacceptable et contre mes principes, autant que contre ceux des templiers de l'aube. Je n'en voulais pas à Mitsu ni à Owen, mais je n'en voulais pas plus aux malheureux qui avaient eu la malchance de tomber sur eux. La plupart des gens pensaient à ''Combien de gens ils ont tués''. Moi, je ne m'arrêtais pas là. J'allais chercher le pourquoi de ces actes. Aucune méchanceté était sans raison, jamais. Ceux là, qui sais? Peut-être ont-ils une famille qu'ils voulaient nourrir en faisant les bandits? C'était selon moi aussi possible qu'ils aient seulement besoin d'argents pour se payer du luxe. Quoi qu'il en était, je ne pouvais les laisser mourir ici. Moi, je voulais aider, je voulais voir les gens sourire et rire, je voulais les voir pleurer et je voulais les voir en colère. Je voulais qu'ils vivent, pas qu'ils meurent! J'allais sauver tout ceux qui peuvent être sauvés, moi, Minatsuki Tomoe!

Alors lorsque Mitsu vint vers moi, tentant d'être rassurante, je ne réagis pas. J'étais sous le choc, c'était un fait, mais mes yeux étaient rivés sur le pauvre homme ayant reçu l'épée de mon amie Jinmen dans l'abdomen. Il n'en avait pas pour très longtemps, sans mon aide, et ses amis n'étaient très certainement pas en état de l'emmener ou que ce soit.

- «C'est fini, on va te ramener chez toi comme prévu et tout ira bien comme il y a peu.»

Je tréssaili. Tout ira bien? Rien n'ira bien! Je sentis sa main sur mon épaule, une main rassurante s'accordant à un ton tout aussi rassurant. Pourtant, je n'étais pas rassurée, non. Je secouai la tête vivement, et sans dire un mot, j'accouru vers l'homme, m'agenouillant près de lui. Je n'avais que faire des dangers qu'un homme blessé pouvait représenter, et probablement les ignorais-je pour la plus part. Tout ce qui comptait, maintenant, c'était de lui sauver la vie. Cydien, Astorg, Elfe, Almer, Nua, Jinmen... Allié ou ennemi, personne ne méritait de telles souffrances!

J'examinai la plait, ne disant rien sur le coup. Tout ce sang... tellement de sang... Ca coulait à flot! Ma phobie méritant son nom, j'eu envie de pleurer et de m'enfuir en courant. Heureusement, je n'en fis rien.

- «J-Je vais t'aider, tu m'entends? Je... Tu ne mourras pas!» m'exclamai-je, en regardant l'homme droit dans les yeux

Premièrement, j'allais avoir besoin de voir comme il le faut, et donc sans avertissement, je retirai (et même déchirai) ces vêtements couvrant son torse. Cette blessure était profonde, et si ce n'était pas la perte de sang qui le tuait, ça aurait été l'infection. J'en eu un haut-le-coeur, que je réussi à cacher, en même temps que ma peur, avec une habilité que j'ignorais. J'allais devoir le calmer, d'abord. Je reportai mon regard vers le sien, et je commençai par lui envoyer des messages pour le calmer, dans sa tête. L'esprit se montrait fort utile... quand on avait une émotion qu'on peu transmettre! Ça n'était pas le cas, en ce moment, et après plusieurs respiration profonde, je réussi à lui envoyer un semblant de calme. Voilà...

J'appliquai mes mains sur sa blessure, doucement, calmement. Je le sentis tressaillir sous la douleur, mais il devait tenir. Il le devait. Je commençai à le soigner, et de mes paumes jaillir une douce lumière, une lumière bienveillante, douce. J'adorais cette lumière. Je reportai mon attention, sans toutefois détourner le regard, vers Mitsu. Je sentais déjà la douleur de l'homme se déssiner sur mon ventre, et je ne devais pas trop y penser.

- «Mitsu je... Je suis apprentie templier de l'aube, tu comprends? Mes convictions à moi sont peut-être différentes des tiennes, mais... Mais ennemi ou ami, je ne laisserai jamais un homme devant la mort comme ça! Je les aiderai...»

La douleur s'intensifiant, mon ton prit un peu de force, et mon visage devint un rictus de douleur. Des larmes chaudes coulèrent le long de mes joues alors que je commençais à sangloter. La douleur? Oui. Autant physique que psychologique. Je voyais la blessure de l'homme, et je réalisais la chose la plus horrible du monde: Je n'y arriverai pas.

«... Et je... Je sais qu'un jour je faillirai, que ça me coûtera la vie!...» M'exclamai-je «Mais... Mais chacunes des secondes que je viverai, je veux les vivre en sachant qu'une personne dans ce monde à la chance de sourire et de...de...»

Je commençai à respirer plus fort, alors que la sueur perlait déjà sur mon front. J'y mettais tout ce que j'avais, tout. Je voyais la blessure de l'homme commencer à ce refermer... mais si lentement! Les larmes coulèrent de plus belle, alors que la douleur, maintenant lancinante, m'arracha une plainte bruyante. J'allais l'aider... L'aider du mieux que je pouvais. Il n'avait pas un mauvais fond, personne n'a un mauvais fond, selon moi! Finalement, ma vision commença à se dédoubler, puis à s'embrouiller. J'y étais presque. Finalement, je vis la douleur diminuer alors que ce qui restait de la blessure ensanglanté de l'homme disparaissait, pour ne devenir qu'un vague souvenir sous forme de cicatrice. Enfin... c'est ce que je vis, avant que ma vision ne s'obscurcisse. Plus rien, j'étais tombé dans les vapes, exténuée. Pourtant, j'avais un léger sourire sur les lèvres.

[désengagée]

La jeune fille se précipita vers notre adversaire, elle était, bouleversée si je puis dire. C'est avec étonnement que je la vue essayer de le soigner. Ignorance ? Jeunesse ? peut être ces mots la pouvaient m'expliquer sa réaction, comme elle me le fit bien comprendre dans les secondes qui suivirent, elle était une Templier de l'aube, je devinais peut être plus ou moins ce que cela signifiais donc. Mais je ne crains que son empathie ait pris le dessus sur ses fonctions.

En tout cas je me rapprochais de l'individu en gardant à nouveau une main sur mon fourreau, les fourbes je n'aimais pas ça, et un regard que je lui lançait lui permit de comprendre que un faux pas et il retournerait sur le billard.
Cette jeune fille était pleine de bonnes intentions et je l'écoutais attentivement malgré ses efforts elle arrivait à tenir ses phrases. C'était de l'idéalisme, de l'inconscience à mon goût. La vie est cruelle la plus part du temps, j'en savais quelque chose. Et si je ne ferai jamais une chose, c'est tuer par plaisir. Or, la société faisait passer un être de vie à trépas pour n'importe quoi, les gens jouaient avec la vie des autres. Toutes les décisions de ce monde influent la vie des uns et des autres. Les exemples sont légions. Une guerre part de décisions, un combat comme celui ci aussi, l'envie, la convoitise, l'honneur, l'orgueil, le courage ou la peur. Autant de défaut que de qualité menant toujours au même chemin, la mort.

Je jetais à présent un oeil sur le blessé, il était.. comment dire, étonné ou incroyablement choqué, non pas de sa blessure, mais de cette situation. Il me regardais apeuré, et plein de honte, ainsi que plein de gêne envers Minatsuki. Il était un peu comme moi en ce moment même, dans l'incompréhension.

Quand elle eu finit je la vis vaciller et je m'abaissais pour l'attraper avant qu'elle heurte le sol dur. La tenant dans mes bras je dis d'un regard dénué de compassion envers le bandit.

- Il n'y a qu'a elle que vous devez la vie, je vous aurez laissé pourrir ici. Soigner votre ami, et changeait de métier. La perte de deux de vos camarades devraient vous faire réfléchir.. Admettez que si nous nous recroisons dans ce genre de circonstance, cette petite ne sera pas avec moi et ta vie sera mienne. Cherchez la voie de l'honneur et de l'honnêteté.

L'homme ne répondit rien. Tant mieux je ne voulais pas l'entendre parler. Je déposais délicatement la jeune fille sur Hikara ma belle jument et je marchais à présent à côté d'elle afin de rejoindre Owen et je l'espère. Arriver enfin chez cette jeune fille.

Il ne restait donc qu'une vingtaine de minutes de chevauchés pour arriver à l'entrée du temple. Une fois que nous étions à proximité de ce dernier, la jeune Minatsuki émit quelques grognement indiquant qu'elle se réveillait.


[désengagé]