Finalement la soirée, bien que mélancolique, s’était bien passée, j’avais cependant peut être trop parlé et certaines questions avaient probablement jaillies dans l’esprit des deux femmes. Mais d’autre part, elles aussi avaient exprimés beaucoup de choses qui avaient provoqué la même sensation chez moi. Nous ne nous connaissions pas et pourtant nous avions tous ouvert notre cœur les uns aux autres autour de ce petit feu de camp faiblissant chaque secondes.
Nous avions tous connu des moments particulièrement difficiles et je commençais à comprendre que je n’étais pas le seul à avoir été abandonné par les divinités pendant un temps. En effet, j’avais toujours pensé que, malgré tous les malheurs qui caractérisent ce monde, j’avais fait parti des plus délaissés par le bonheur. Encore une pensée certes un peu égoïste, peut être ma façon à moi de passer pour un martyr. Cependant elle n’était pas fausse, je devais l’avouer, ma vie n’avait été qu’une succession d’échecs et déceptions entrelacées de malheur. J’en avais oublié jusqu'à la définition de bonheur jusqu’au jour ou j’ai rencontré Auween.
Je ne savais quel genre de sombre passé dissimulais Lunielle, qui pour moi restait la plus énigmatique des deux. Ahina semblait pouvoir parler de son passé avec plus de détachement, on comprenait bien en l’écoutant que le passé était ce qu’il était et qu’elle avançait dans son présent, que cela soit douloureux ou non. Lorsque finalement j’avais pu dévier la conversation sur le sommeil et la journée de demain, Lunielle exprimais finalement son souhait de devenir amie avec moi. Chose inattendue et pourtant qui ne me surpris pas tant que ça. C’est tout naturellement que je lui avais répondu doucement :

« - Seul des amis sont capable de discuter de choses aussi troublantes et partager leur mélancolie de la sorte, tu ne penses pas ? »

Je n’eus pas de réponses mais je voyais clairement en la regardant qu’elle partageait mon avis cette fois ci.

Finalement nous nous décidèrent de la manière dont seraient assurés les tours de garde. Je prenais donc le premier et serait chargé de réveiller Lunielle pour qu’elle prenne le relais. Ahina assurerait donc le dernier tour. Pour ma part je ne dormais jamais beaucoup et le peu que j’arrivais à cumuler en sommeil me suffisait, tout comme Lunielle d’après ce que j’avais compris. Chacune des deux femmes s’en allait donc se reposer. Le premier tour de garde commençait alors avec moi, la nuit froide et hostile du désert me convenait plus que l’enfer sableux de la journée. Plus poignée d’heures passèrent sans que rien ne survienne. J’aurais du réveiller Lunielle depuis déjà presque une heure mais je préférais lui épargner d’avoir à se lever plus tôt tandis que je n’étais moi-même pas atteint par la fatigue encore. Elle avait beau le dire, j’étais persuadé que cette petite heure de sommeil supplémentaire lui ferait le plus grand bien. J’étais habitué aux voyages depuis le temps et même si je n’étais pas un grand expert de la survie en milieu sauvages, j’avais assez bataillé dans ce désert pour en connaitre une bonne partie de ces dangers. Finalement je me décidais à éveiller un remuant très légèrement son épaule afin de ne pas la brusquer, pour lui laisser la suite.
M’installant non loin de la tente d’Ahina, je ne parvenais cependant pas à trouver le sommeil et pouvais même voir la silhouette de l’elfe au travers de la fine toile de ma tente, répercutée par la petite source de lumière faiblissante qu’était devenu notre feu de camp. C’est finalement après avoir tourné encore deux bonnes heures que je parvenais à m’assoupir jusqu'à l’aube.

Le trajet reprit ensuite pendant deux longues journées bien moins agréables que la première. C’est finalement arrivé non loin du puits en question qu’Ahina s’arrêta nette avant de nous préciser que nous allions surement y trouver du monde. Encore une fois nous étions soumis aux problèmes de la probabilité : 50% de chances de tomber sur des connaissances à elle et 50% de chances de tomber sur de parfaits inconnus probablement armés et dangereux, bien que le fait qu’ils aient pu être des connaissances n’enlevait en rien le côté armé et dangereux de mon esprit.
Je n’eus pas vraiment le temps de donner mon avis sur la situation que Lunielle avait déjà pris la parole, nous annonçant qu’elle allait faire de son mieux. Sur le coup je n’avais pas saisit l’intégralité de ses mots, ce n’est qu’en la voyant commencer à se déshabiller que, après avoir bien entendu tourné la tête par pudeur, je découvrais que la forgeronne était une métamorphe. Elle venait de prendre la forme d’un faucon, c’était bien la première fois que j’assistais à une chose pareille. Elle décolla et commençait déjà à survoler la zone qu’Ahina avait décrite, elle en fit le tour plusieurs fois, donnant l’impression qu’elle traquait une proie. J’avais les yeux figés sur elle, me demandant quelles sensations ont pouvait ressentir ainsi. Je fus rapidement tiré de mes songes en constatant que son vol devenait irrégulier, comme si quelque chose n’allais pas, elle perdait de l’altitude à vitesse grand V.

« - Quelque chose cloche. »

J’avais balancé ces quelques mots sans même avoir réfléchis et je me précipitais déjà vers l’endroit ou je pensais qu’elle allait s’écraser. A priori j’avais toujours le compas dans l’œil, j’atteignais l’endroit ou elle venait de tomber juste quelques secondes plus tôt. A priori son aile, enfin son bras, venait d’amortir le choc mais je ne savais si la blessure était grave ou pas. Voyant qu’elle reprenait forme humaine et n’ayant pas oublié qu’elle était dévêtue, je posais machinalement ma veste sur elle afin de cacher son corps. Le petit cri qu’elle poussa en tentant de bouger son bras indiquait qu’il était salement touché. Par cette même inquiétude qui m’animait à chaque fois que je voyais une connaissance en proie à la souffrance, je ne pus m’empêcher de saisir délicatement son bras et de le bouger tout doucement. C’est au moment où je faisais mine de lui faire tendre qu’elle semblait ressentir à nouveau la douleur, la bonne nouvelle c’était que l’os n’était pas cassé. Tout au pire, elle s’était fait un vilain claquage. Elle sentirait un peu son bras pour les heures à venir, plus si on n’appliquait pas un peu d’eau fraîche sur le muscle.

« - Plus de peur que de mal on dirait. Je pense que ce n’est qu’un claquage, le fait de pousser ses muscles à l’effort sans préparation est parfois très brutal… Si nous avions un peu d’eau fraîche, la douleur s’évacuerait un peu plus vite. »

Je n’étais certes pas un expert en médecine, mais les douleurs musculaires étaient un point sur lequel je finissais bien malgré moi à connaitre sur le bout des doigts. Je ne comptais plus les fois ou je m’étais fait le même genre de blessure pendant un entrainement un peu excessif mal préparé. Lunielle se releva, ma veste était bien courte malgré la fait que j’étais un peu plus grand qu’elle et je détournai une nouvelle fois le regard pendant qu’elle se rhabillait avec un peu de difficultés. La métamorphose était une capacité intéressante mais en même temps assez contraignante. Le temps de changement de forme était a priori assez long aussi, ou peut être Lunielle n’était pas encore en parfaite maitrise de ce don.
Elle nous fit état de ce qu’elle avait vu, deux hommes armés et équipés, donc probablement des nomades ou des bandits qui connaissaient très bien la zone, mauvais signe au premier abord. Ahina en revanche semblait assez enjouée, elle en avait sorti une dague, la jumelle de celle qui avait été décrite et calma alors mes doutes sur les risques que nous avions de tomber sur des ennemis.

Si elle les connaissaient, nous devrions faire confiance à ses talents de diplomate. Pour ma part, rester en arrière aussi longtemps qu’ils ne montreraient aucun signe d’agressivité ne me gênais pas. Néanmoins cette dague m’intriguait, j’avais déjà vu un ouvrage similaire auparavant. Où en revanche, je n’arrivais plus à mettre le doigt sur ce détail et cela me chiffonnais légèrement. Ahina insistait sur le fait qu’ils ne devaient pas savoir que j’étais Templier et en effet, je pense que c’était préférable, le peu de fois ou nous étions intervenus dans le secteur, des affrontements avaient eu lieu et les Templiers n’étaient pas les bienvenus sur les terres des bandits, par définition.
Ils n’étaient peut être pas respectable mais je ne l’étais pas pour autant non plus, aussi nous étions sur un pied d’égalité, même si ça me faisait du mal de l’admettre.

« - Aussi longtemps qu’ils ne me donnent aucun motif pour brandir ma lame contre eux, je ne ferais rien, mais au moindre signe d’agressivité, je ne promets plus rien. Je peux juste vous assurer que si un affrontement devait éclater, je tâcherais de faire couler le moins de sang possible, après tout si ce sont des connaissances il n’y a normalement aucune raison qu’ils soient si… Belliqueux.
Officiellement je serais donc votre guide, je ne suis pas templier. »

C’était plutôt évident au premier abord, mais les bandits étaient fourbes et beaucoup oubliaient très vite leurs affinités si cela pouvait leur rapporter plus de rétributions. Je détachais ma rapière pour la fourrer au fond de mon sac, Lunielle et Ahina allaient surement se demander pourquoi je me désarmais de la sorte, étant donné que j’avais toujours parfaitement dissimulé la pierre runique sertie dans mon bâton. De toute manière, qu’ils fussent assassins, bandits, voleurs, marchands ou je-ne-sais-quoi, un simple bâton me suffirait pour lutter. Nous arrivions au pied du lieu, Ahina avait déjà pris contact avec ces deux hommes. L’un comme l’autre étaient louches, leurs vêtements de bonne qualité dépareillés pour qu’ils aient été acquis ainsi, me laissait penser que ces deux hommes étaient des bandits plutôt habiles et dont les délits devaient s’entasser comme la poussière dans un grenier. Enfin, mon but n’était pas de faire courir des risques inutiles a Ahina et Lunielle, d’autant que les deux hommes, bien que mauvais légalement parlant, étaient plutôt accueillants.

Ils nous invitèrent à nous installer près du point d’eau et de nous y rafraichir, l’un d’entre eux semblait s’intéresser a Lunielle, je pouvais sentir quelques émotions non pas malsaines mais je dirais qu’elles étaient quelques peu déplacées pour une rencontre qui venait de se faire il y a à peine quatre-vingt minutes. L’homme était plutôt du genre charmeur mais ne semblait pas méchant. L’autre était bien plus neutre dans sa façon de parler, il était plus dur à cerner que le séducteur.

« - Effectivement, nous savons pourquoi Ahina est là... Encore une de ses lubies de chercheur, même si nous espérions qu'elle abandonnerait ça après le départ de Resshio... Mais comment en êtes-vous arrivé à l'accompagner dans notre enfer personnel ? »

C’était le genre de réaction que j’escomptais. J’avais même presque prévu chacun de ces mots, il me semblait évident que sa première préoccupation serait de se demander d’où je venais, les bandits réfléchissaient souvent sur un procédé plutôt sexiste qui consistait à penser que les femmes étaient généralement les moins dangereuses dans un groupe. Son attention s’était dés lors directement fixé sur moi, bien qu’il n’a pas pu déceler la moindre arme sur moi étant donné que ma rapière était encore enfouie et mon bâton n’était, comme son nom l’indique qu’un simple appui pour le voyage. J’avais d’ailleurs appuyé ce dernier sur mon épaule en m’accotant au pied d’un palmier. J’avais cependant gardé ma capuche qui, masquant une partie de mon visage, laissait un certain mystère planer sur mes potentielles réactions. Je lâchais par télépathie à l’attention de Lunielle et Ahina :

** Il n’est pas impossible que la situation soit tendue, je peux sentir quelques émotions contradictoires et j’ai bien l’impression que c’est ma présence qui les provoque. Si par malheur, ces hommes ont connaissance de mon identité, bien que les chances en soient infimes et que nous ne le savons pas, vous risquez un danger probable. Si jamais la situation venait à dégénérer, je veux que vous vous placiez derrière moi sur le champ et que vous fassiez en sorte d’y rester pendant toute la durée du trouble. **

Je répondais ensuite au dénommé Arlan avec un ton détendu qui se voulait convaincant, dans un langage plutôt argotique.

« - S’trouve que m’dame Ahina m’a engagé pour la guider au travers des steppes, y’a des rumeurs qui courent que les bestioles du désert s’en prennent d’plus en plus aux gens d’la région. »

Son air dubitatif laissait place à une expression fermée indescriptible, je ne sais pas si il m’a cru ou pas. Je n’étais pas spécialement charismatique ou éloquent mais j’étais quand même capable de mentir en faisant preuve de la plus grande sincérité au monde, parfois ça marchais, parfois non.
Je prenais une autre gorgée d’eau calmement avant d’ajouter, sur le ton de la rigolade.

« - Mais pour l’moment, on n’a pas croisé d’bestioles, j’pense bien que les types qui répandent ces rumeurs passent trop d’temps dans les tavernes et pas assez dans l’désert ! »

Par la même occasion je m’interrogeais toujours sur cette fameuse dague. J’étais presque certain d’en avoir vu dans le même style il y a peu, ces armes étaient caractéristiques d’un clan de bandit et pourtant celle-ci n’y ressemblait pas vraiment. La forme et les ornements étaient presque similaires mais en même temps il y avait un détail, un point particulier qui les différenciaient et je n’arrivais à mettre le doigt dessus. Ahina m’observais du coin de l’œil, je sentais bien que je devais mesurer mes réactions car elles seraient probablement celles qui pourraient avoir le plus gros impact sur la situation, découvrir un templier au milieu du territoire des bandits, ça serait le comble. Ses craintes avaient beau être justifiées, elle semblait aussi me faire confiance. Lunielle était en prise avec le séducteur et c’est d’ailleurs sur ce détail que je portais mon attention avec un petit sourire amusé.

L’un comme l’autre n’avaient été dupes à mon petit cirque. Mais aucun d’entre eux ne s’intéressaient à ma véritable identité alors ce n’était pas plus mal. Visiblement d’autres problèmes bien plus importants les préoccupaient. Les deux hommes n’étaient pas vraiment comme la plupart des bandits que j’avais pu rencontrer et pourtant aux yeux de la loi ils n’en étaient pas moins des criminels. Ma foi, il y avait des exceptions à chaque règle.
Les deux hommes étaient vraisemblablement inquiets pour Ahina et les explications qu’elle leur fournissait ne semblaient guère les rassurer. Inconsciemment, je me sentais curieux vis-à-vis de cette mystérieuse dette. Mon intérêt pour ces problèmes de bandits venait de croitre même si j’étouffais un petit rire en les entendant parler de justice et de loi.
Sur mon timbre de voix normal je finissais finalement par exprimer sur un ton sombre.

« - Si je peux aider Ahina, je le ferais cependant je pense qu’un minimum d’explications serait nécessaire. »

L’idée de rendre service a des criminels ne m’enchantais guère mais j’avais dit a Ahina que je les aideraient dans leur expédition, peu importe ou elle mènerait. Si elle décidait que nous nous y aventurerons, je la suivrais et je n’avais qu’une parole. De plus je n’avais pas prévu de mourir au milieu d’un camp de bandit alors autant en profiter pour glaner quelques informations au passage. Les bonnes adresses sont toujours bonnes à prendre et je me disais également que, peut être et malgré le fait que notre direction ne concorde pas, j’obtiendrais surement des informations sur les assassins d’Elenwë. Aussi me souvenais-je de la dague, ou plutôt de ce qu’elle m’avait inspiré. Ses ornements me faisaient très vaguement penser à un emblème que j’avais vu il y a longtemps. Malheureusement ils n’avaient surement aucun lien entre eux, déjà que leur ressemblance n’était que très vague. Dommage.
Lunielle était également revenue de son petit tour et s’était également excusée d’avoir été si rude avec le charmeur. Etant donné que tout le monde était revenu et que nous étions installés calmement, je décidais de reprendre la conversation avec un ton sérieux qui ne m’allait pas si on se fiait aux apparences mais se voulait tellement sincère qu’il percutait toujours autant mes interlocuteurs.

« - Ahina, cette dette est-elle si importante au point que tu t’aventures face à des ennemis pour la corriger ? Rien ne t’obliges à me répondre je le sais bien, sache que quoi que tu décides, je te suivrais. J’ai promis de vous protéger dans cette expédition et c’est ce que je ferais. »

Surveillant sa réponse je pris cependant la peine de répondre a Lunielle qui avait réussit à communiquer avec moi en utilisant la télépathie, peut être l’avait elle déjà fait avant, cette aptitude qu’était la communication entre esprits était à mon sens mille fois plus importante que l’empathie puisqu’elle me permettait de garder contact avec ma chère et tendre.

**Je finis par être habitué au danger et si ça peux enlever une épine du pied d’Ahina, pourquoi pas…**

Ma seule crainte dans l’affaire était qu’elles soient blessées d’une manière ou d’une autre dans les possibles affrontements qui pourraient survenir. Lunielle avait la capacité de changer de forme et en tant que Forgeronne elle s’y connaissait en armes, mais Ahina n’avait pas l’air d’être une combattante. Peut être cachait-elle certains talents pour les grandes occasions…

Au fil de la conversation, je comprenais que cette histoire de dette semblait plus ou moins gêner Ahina, néanmoins elle me répondit tout de même :

« - Pour pouvoir expliquer la dette que j'ai envers ces deux malandrins, il faut d'abord que je vous raconte un peu ce que mon Maître peut parfois faire... C'est quelqu'un d'indubitablement passionné, mais tellement peu préparé. La logistique n'est peut-être pas mon point fort, mais elle et lui font au moins deux. Il use et abuse de son charme naturel pour se sortir de toutes les situations, et cela fonctionne la plupart du temps. Mais quand on est dans le désert, sans puits à proximité et rien à manger avec un mulet…
Il faut donc comprendre qu'à ce moment-là, notre situation était plutôt complexe, voire désespérée. Puis nous sommes tombés dans le traquenard de deux bandits. Mais au lieu de nous dépouiller, ces grands seigneurs nous ont amenés ici, nous ont offert des vivres et, finalement, nous ont sauvé la vie. C'est pour cela qu'Oren dit qu'il s'agit de la faute de mon Maître, même si j'ai également bénéficié de leurs largesses. Donc je pense que oui, cette dette vaut que je fasse ce que je peux contre ces bandits... »

J’en déduisais que l’organisation d’Ahina et sa précaution d’emmener plus de vivres que nécessaires venait probablement de ce genre d’aventures qu’elle avait pu vivre avec son formateur. Peut être qu’au final, ce genre de péripéties avait eu un impact plutôt positif sur la jeune femme.
De son coté Lunielle n’en démordais pas, elle était vraiment déterminée à agir. Toutes deux attendaient mon verdict final, pour je ne sais quel raison étant donné que j’avais déjà dit que j’étais de la partie. Je ne pus néanmoins étouffer un petit rire amusé.

« - Je vois je vois, pour ma part je suis également très à cheval sur les dettes, je n’aime pas trop les accumuler, si vous voyez ce que je veux dire. Soit, dans ce cas nous irions au devant des bandits. »

Soudainement, je jetai un œil à Lunielle qui massait encore un peu son bras probablement encore endolori par son atterrissage fulgurant de tout à l’heure. Ne voulant pas attirer trop l’attention, puisqu’après tout ça n’aurait servi à rien, je me contentais de demander à Lunielle par télépathie :

**Et pour ton bras, ça ira ?**

Avant de finalement me retourner vers les deux bandits, les fixant avec ce même regard sérieux pour leur demander :

« - Est-ce qu’il est au moins possible d’avoir des bribes d’infos, une vague description du lieu ou même la présence d’éventuels pièges, le nombre d’adversaires présents ou peut être un point qui pourrait les faire faiblir moralement parlant, une tête pensante à abattre en priorité, peut être ? »

Appuyant mon bâton contre mon épaule tout en buvant une nouvelle gorgée d’eau, avant de reprendre là ou je m’étais arrêté.

« - Et, éventuellement, si on avait une idée sur leur armement… Parce que bon, si c’est pour tomber sur un groupe d’archers, ça deviendrait vite du suicide. »

J’avais parlé avec un ton complètement détaché et ironique tout en affichant un sourire béat laissant planer un vague air de plaisanterie afin de détendre un minimum l’atmosphère puisqu’après tout, c’était des points sérieux et pas forcément très gais qui allaient être évoqués. Jetant un regard à Ahina puis à Lunielle, observant leurs réactions, elles avaient toutes deux compris qu’il serait nécessaire d’élaborer un semblant de plan avant de nous aventurer là bas.