Finalement, ça n'avait pas raté : A force de sautiller de salle en salle à la recherche d'âme qui vive, cette jeune cydienne avait fini par se sentir mal devant l'autel. Ce n'était pas très malin d'avoir voulu s'activer aussi rapidement après une blessure , mais cela semblait être son style... Non pas qu'elle paraissait bête. C'est plutôt qu'elle donnait une impression de … Tension. Le moindre de ses mouvements trahissait un certaine impatience. Elle possédait des manières irréprochables (sûrement un fruit de son éducation au monastère), semblait un peu fatiguée et pourtant, on continuait à sentir dans ses gestes une vivacité plus que certaine. En outre, elle restait à l’affût du moindre bruit. Quand Félicie avait esquissé un mouvement pour se lever durant sa prière, elle avait immédiatement tourné la tête : Comme si elle restait en permanence sur ses gardes. Sûrement faisait-elle un métier physique … Soldat, peut être, élémentaire à la rigueur, mais avec une solide connaissances des armes. Ce n'était pas le genre de fille que Féli aurait vu dans un métier calme et paisible. Non, plus elle la regardait, et plus elle en avait la certitude. Et puis de toute façon, où aurait-elle eu toutes ses petites blessures à la main dans ce cas ? En se coupant avec la feuille d'un livre ? En tout cas, quand Rosa finit par lui apprendre qu'elle était apprentie zélote, Félicie ne fit pas vraiment de commentaires.

Mais ce n'était pas vraiment la question à ce moment précis. Elle semblait vraiment mal, et aurait sûrement besoin d'aide pour regagner sa couche. Félicie en fut un peu agacée : Elle se sentait vidée de toute énergie, et à cette heure-ci, elle aurait préféré faire la sieste dans « sa » chapelle. Mais bon, c'était ça ou expliquer aux autres prêtresses la présence de la patiente agonisante dans ce lieu. Félicie la prit donc sous les aisselles et la souleva d'un mouvement peu délicat. Puis, en la prenant par les épaules, elle la balada de couloir en couloir jusqu'à la salle commune, où dormaient tous les autres visiteurs arrivés cette nuit.

"Dites moi Félicie, pourquoi êtes devenue prêtresse ? Pourquoi avoir choisi cette vie de dévotion ? Et pourquoi Abyss ? Il s'est montré à de nombreuses reprises si bienveillant envers moi, mais qu'à t'il fait pour vous ?"

Eh bien, elle était directe. Elle venait à peine de se rencontrer, et déjà, elles en étaient à parler de leurs vocations ! C'était quoi la prochaine étape ? S'avouer mutuellement leurs blessures interieures respectives ?

Félicie n'avait pas très envie de répondre. Et que pouvait-elle dire à propos de ça de toute façon ? Ce n'était pas une vocation incompréhensible, ce n'était pas comme dans les livres de piété, où les pures et blanches prêtresses se retrouvaient sauvées des flots par Abyss, et lui promettaient alors de consacrer leurs existence toute entière à leur dieu chéri, sacrifiant ainsi amour, famille et avenir doré. Félicie n'avait jamais aimé ses histoires abracadabrantes, ces héroïnes si parfaites et si douces, au point d'en devenir presque transparentes. Elle ne s'y était jamais retrouvé. Après tout, elle n'était qu'une fille ordinaire, un peu perdue. Elle n'avait plus vraiment de maison, elle n'avait jamais eu de but incroyable qui l'animait. Elle avait choisi d'être prêtresse parce que … parce que ça s'était présenté à elle, voilà. Et que de toute façon, elle voyait mal dans quoi d'autre s'engager. Certes, elle aimait les épées, les combats : Mais elle ne se faisait pas d'illusions, face à d'autres entraînes depuis l'enfance, elle ne ferait pas long feu. Quelque part, ça la désolait un petit peu. Un petit peu seulement. Elle n'avait jamais rêvé être prêtresse petite, c'est sûr. Mais s'il y a une chose dont elle était sûre, c'est qu'elle ne s'était pas trop trompée en embrassant la voie d'Abyss. C'était étrange à dire : Mais finalement, le métier ne la rebutait pas tellement, maintenant qu'elle était dans le concret. Certes elle aurait préféré un métier plus palpitant, elle aurait aimé pouvoir vraiment changer les choses. Mais... mais ça n'avait pas d'importance.

Elle était heureuse dans cet endroit, heureuse de se sentir proche de son dieu à ce point là. Ce n'était pas une impression très facile à raconter, elle tenait plutôt une intuition. Quelque part, elle avait toujours su qu'il était là, qu'il y resterait. Qu'il l'aimerait et la guiderait quoi qu'il arrive. Quand elle priait, elle sentait sa présence auprès d'elle: Et cela, c'était déjà quelque chose d'important pour Félicie.

Mais il n'était pas question d'aborder tout ça avec cette Rosa, qu'elle venait à peine de rencontrer. Ce n'était pas une question de répulsion à l'égard de cette dernière, au contraire. Elle trouvait cette jeune fille un peu... remuante pour quelqu'un levé à 5h du matin, mais il y avait quelque chose en elle qui la lui rendait sympathique. Pour autant, Félicie ne voulait pas vraiment lui répondre dans les détails, la foi était pour elle quelque chose dont elle ne parlait pas volontiers à la première venue. C'était trop... personnel. Alors comme d'habitude, elle se retrancha dans ses vieux réflexes : à savoir répondre à une question sérieuse par une réponse on-ne-peut-plus-irritante.

« Oh... Je me suis dit qu'apporter la zizanie dans l'ordre d'Abyss, puis pousser les autres prêtresses à l'anarchie, pouvait être un but amusant dans la vie »

Elle regretta vite cette phrase. Après tout, Rosa n'avait pas mérité un ton aussi froid. Elle se hâta de répondre alors :

« Plus sérieusement, je ne dois pas la vie à Abyss. Il ne m'a pas sauvé d'une mort atroce, si c'était ça le sens de ta question. A une époque même, je lui en ai voulu... Je n'ai pas très bien vécu le fait d'aller vivre dans ce monastère parce que tout le monde avait décidé que je ferai une formidable prêtresse. Je dirai même que je leur en ai fait voir de toutes les couleurs ! sûrement que tu n'as fait que me croiser, tu ne t'en souviens pas je suppose. Mais bon, plus tard, je me suis aperçue qu'il m'avait beaucoup apporté sur le point de vue spirituel, alors... Alors finalement, à l'âge adulte, je me suis dit « pourquoi pas prétresse d'Abyss alors ? Mais pas dans un monastère ! ». C'est aussi prosaïque que ça, désolé de te décevoir. Et toi ? Comment es-tu devenu zélote au juste ? Ce n'est plus un métier très courant, il n'a pas très bonne presse, mais ça, tu dois déjà t'en douter »

[Hors RP : Désolé pour le retard! J'espère que c'est pas trop le dawa, de toute façon, je vérifierai demain, quand je serai plus fraiche ]