Sans doutes aurait-il du se maudire d'être aussi peu soigneux de son entourage, surtout dans une cité qui n'attendait qu'un faux pas de sa part pour déclarer une guerre ouverte, une cité où bon nombre de ceux qui l'entouraient ne rêvaient sans doutes que de répandre son sang pour mettre de l'huile sur le feu entre Cydonia et Tamawa. Entre le Monastère et le Temple. Tel devait être son devoir, maintenir la paix par sa seule présence, par sa seule captivité et, en agissant ainsi, assurer le bonheur de ceux qui n'avaient rien demandé. Celyween avait lutté toute sa vie durant contre un Monastère qui avait su attiser sa haine, Jiven quant à lui défendait bec et ongles une paix que l'enfant savait presque révolue. Ici, il n'y avait qu'à voir comment le traiter les gens, les Zélotes en particulier car ils étaient parmi les rares à savoir qui il était réellement. « Celui dont la mère avait mis fin à la vie de Lymion » … Il lisait dans leurs yeux la haine, l'incompréhension mais surtout, le dégoût. Peu importait, il était seul certes, mais uniquement en apparence. Sa mère était toujours là, Thémis veillait sur lui et, de loin, Jelenna et Eloween le protégeaient à leur tour. Rien ni personne ne pourrait lui faire du mal, mis à part Ilith peut-être mais il en doutait. Pour l'heure, la déesse avait encore besoin de lui.
Sa maladresse était décidément fatigante. Comment comptait-il protéger la princesse Amazone s'il n'était même pas en mesure de protéger ses propres arrières ? Certes il ne risquait rien dans le Joyau, le statut de sa protectrice lui évitant le moindre mal mais peu importait, il DEVAIT être prudent. Il ne dit rien en la sentant approcher, pas plus qu'il ne lui adressa un regard. Depuis son arrivée dans la cité, il n'avait eu aucun mal à comprendre qu'il fallait laisser les autres avancer et non faire le premier pas. Les Cydiens étaient des gens fiers, plus que tout, ils étaient relativement capables de vous tuer d'un regard pour peu que vous leur adressiez la parole et qu'ils connaissent vos origines aussi le gamin avait-il vite compris qu'il valait mieux se taire et attendre. Comme si de rien n'était, Estal posa sa main sur la tête de la louve tandis que dans le coin supérieur de la pièce, la faucon piaillait.

« Toujours prêt à te battre pour ta survie » lui avait enseigné sa mère et, bien qu'il cache la vérité à son père à ce sujet, Aerin était toujours prêt à se servir de ses atouts. A tout moment. Conscient sans doutes mieux que quiconque que les tensions n'allaient pas en s'arrangeant entre les uns et les autres, il avait décidé de se prémunir et de faire en sorte de toujours avoir un échappatoire, une arme, quelque chose pour s'enfuir, pour survivre. S'il était capable de sauver sa propre existence, il saurait en faire de même pour celles de ceux qu'il aimait. Pour Jelenna.
Oui, pour elle, il était prêt à donner sa vie, à donner jusqu'à son âme. Il l'avait plus ou moins fait, en mentant à la déesse qu'il avait juré de protéger de son existence, il avait entamé un jeu dangereux qui ne se résoudrait que par son trépas. Peu importait, cela sauverait celle de sa princesse Amazone. « Amour », ce mot qu'il croyait interdit lui avait été offert par les yeux et le sourire d'une belle petite Cydienne née de l'union du juste Jacen et de la forte Philéa. Sur son âme, il s'était juré de protéger le Guide qu'elle était, sur son esprit, il avait juré de protéger sa vie, sur son cœur, il avait juré de tout lui offrir. Là était la réelle raison de sa présence ici, aujourd'hui. S'entraîner pour devenir plus fort, toujours, encore, éternellement pour un jour être à la hauteur de son destin.

« Je m’entraînais, désolé, j'ignorais que cette salle était prise, je pensais que mon mentor l'avait réservée. » avança-t-il d'un ton relativement neutre avant de poursuivre, répondant aux diverses questions de la jeune femme avec calme, « Je m'appelle Aerin et voici ma louve en effet. »

Il n'avait pas spécifié la présence du faucon, certes la jeune femme ne tarderait pas à la voir mais pour l'heure, si les choses évoluaient mal, mieux valait éviter d'attirer son attention sur elle. Namarië était hors d'atteinte et qui plus est, elle serait là en cas de problème, bien plus à même de prendre par surprise la jeune femme que la louve à ses pieds.
La demoiselle marqua un temps d'arrêt avant de reprendre la parole si bien que le gamin se détendit. Il ne percevait d'elle aucune menace et décida de fermer son Esprit pour l'instant. Il était idiot d'épier les Zélotes, en général, il n'y trouvait pas grand chose d'intéressant à laisser son Esprit ouvert si ce n'était de la haine et d'autres sentiments du genre si bien qu'il s'épargnait des souffrances inutiles en rompant le contact et en dressant de solides barrières mentales dans sa tête. Jelenna lui avait appris comment faire ainsi que son père et il s'était révélé très doué dans ce domaine, tout comme dans celui de la télépathie. La jeune fille reprit la parole et il se détendit instinctivement, la louve en faisant de même à ses côtés.

« Mila Swad », ce nom lui disait quelque chose mais il dut prendre une bonne minute pour y réfléchir sérieusement et trouver qui elle était. Il l'avait vu quelques fois avec Thémis, c'était une jeune fille Almer dans ses souvenirs non ? Il en doutait à voir cette jeune femme qui se disait être sa sœur. Il tenta de se rappeler le visage de la jeune fille avec qui il avait parfois discuter sans trop oser l'aborder de son plein gré. Mila était quelqu'un de gentil, il se souvenait même qu'elle parlait l'Elfique mais au final, il ne s'était que peu lié à elle. Il s'entendait plus par exemple avec Flynn, le meilleur ami de son mentor ou encore, avec Lyes, qui avait sensiblement le même âge que lui. Cependant, même avec ce menu détail en moins, il était persuadé que la demoiselle était Almer !

« Je … je la connais oui » répondit-il sur la défensive sans savoir vraiment pourquoi, « Je lui ai parfois parlé mais j'ignorais qu'elle avait une sœur. »

Il trouvait la jeune femme plutôt jolie et elle faisait plus âgée que Mila cependant, il ne parvenait pas à voir en elle un lien de parenté et se demandait si elle cherchait à l'embrouiller ou si elle était sérieuse. Elle reprit la parole sans lui laisser le temps de faire le point sur ces différents éléments si bien qu'il délaissa ses pensées pour se concentrer sur ce qu'elle lui disait.

Il aimait la maîtrise de l'eau. Dans un premier temps certes l'avait-il détestée, elle était après tout le symbole de ce que détestait sa propre mère mais au fil du temps, au fil des leçons, il avait appris à l'aimer et en avait vite compris son intérêt à savoir la maîtriser. L'eau était comme l'élément qui dort, sage et douce jusqu'à ce qu'elle explose et dévaste tout. De tous, il pensait sincèrement qu'elle était l'élément le plus dangereux, dépassant largement la puissance du feu qu'elle savait dompter.


« L'eau est l'élément de la vie mais aussi de la destruction, c'est la première leçon qu'on apprend ici » répondit-il calmement, « Thémis est mon mentor et ma protectrice. » lâcha-t-il ensuite.

L'adolescent plongea son regard dans celui de son interlocutrice, se demandant ce qu'elle lui voulait au fond et finit par comprendre qu'elle ne lui voulait tout simplement pas de mal. Il hésita encore un ultime instant avant de se décider à reprendre la parole, ne souhaitant pas laisser s'installer le silence plus longtemps entre eux. Puisqu'elle avait fait le premier pas, il était temps pour lui d'entamer le second.

« C'est elle qui m'a recueillie lors de mon arrivée dans cette cité et c'est aussi elle qui m'apprend à faire danser l'eau. Tu maîtrises l'eau toi aussi ? » demanda-t-il avec curiosité, « Je sais que Mila est très douée dans ce domaine mais, je ne lui ai que peu parlé, les gens ne me parlent que peu ici. », il marqua une pause avant de reprendre, « Comment t'appelles-tu ? »

Il était étonnant de l'entendre parler autant et surtout, d'avouer ce genre de choses si bien qu'il s'en rendit compte lui même et se reprit aussitôt, soudain plus sérieux, moins doux et beaucoup plus calme à la fois, son visage se fermant sur une expression calme mais indéchiffrable.

« Tu avais réservé cette salle peut-être ? J'avais terminé l'entraînement de toute façon, je pense que Nam' et Nym' ont suffisamment travaillé pour aujourd'hui. », puis, poussé par la curiosité, il demanda alors, « Excuse moi de te déranger mais, je pensais que Mila était Almer, enfin, nous avons parfois discuté de Ptot Tàh et de notre désir de revoir le désert un jour ... »

Sa phrase resta en suspend. Au fond de lui, il venait de se souvenir de ce que sa mère lui avait toujours appris. « La curiosité est un vilain défaut mon fils », oui, elle l'était, tout comme la plupart des traits de son caractère.

La voix de sa mère trottait encore dans sa tête telle une mise en garde. Il fallait se montrer intelligent et ne pas être trop curieux sans quoi, on s'attirait bien vite des ennuis. Certes, il s'en souvenait très bien mais pour l'heure, il ne voyait pas tellement comment s'en sortir dans cette cité hostile sans en apprendre plus sur les autres. Sa mère avait passé sa vie à détester les Zélotes et lui ne parvenait pas à comprendre pourquoi cette haine quasi-viscérale avait animé Celyween toute sa vie durant. Il ne voyait chez eux que ce qu'il pouvait trouver partout ailleurs, des gens biens comme des gens mauvais. Des personnes ambitieuses comme totalement soumises aux ordres aussi ne comprenait-il que peu la colère de la Crépusculaire à leur égard. Certes était-il conscient que cette colère devait être en partie due à un événement passé dont il ignorait tout mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus et si sa protectrice avait promis de l'aider à ce sujet, elle se faisait depuis bien silencieuse … Thémis avait-elle découvert la vérité et estimait-elle qu'elle était trop dure pour le gamin ?
Toutes ces pensées ne le confortaient que peu. Il n'avait pas envie de paraître impoli, d'autant plus qu'au Monastère, il n'était pas réellement « chez lui », pour ne pas dire qu'il ne l'était pas du tout. Nombreux étaient les regards étonnés voire même méchants à son égard mais peu importait, il avait un rôle à jouer et s'il l'avait imaginé plus serein, il ne comptait pas se laisser faire et rebrousser chemin aussi vite. Plus de trois ans après son arrivée dans la cité, il n'était pas prêt à se laisser mettre dehors sans mot dire.

D'un geste calme mais pleins de douceur, il tendit sa main. Avec élégance, le faucon se posa dessus dans un bruissement d'ailes. Il y avait beaucoup de choses dans ce simple geste. Dans un premier temps, on pouvait y lire l'expérience, l'oiseau n'ayant pas hésité une seconde à se poser sur le bras de son maître pour remonter ensuite sans mal et sans peur vers son épaule. Il n'avait pas non plus blessé ce dernier avec ses serres, preuves que le cuir était solide certes, mais aussi, qu'il avait l'habitude de le faire. On pouvait également y lire une mise en garde, avec son faucon sur l'épaule et son loup à ses pieds, Aerin devenait un peu moins chétif et beaucoup plus dangereux. Enfin, on pouvait tout simplement voir dans cette parade une volonté de faire le premier pas, de montrer qu'il n'avait rien à cacher et que la demoiselle n'avait en conséquence rien à craindre de ses compagnons. Il n'était guère dans sa tête, elle déciderait donc seule de ce qu'elle voudrait bien voir dans son comportement.

Son interlocutrice reprit la parole et son ton n'augurait pas spécialement quelque chose de bon. Ni agressive ni gentille, elle semblait comme … décalée ? Elle avait l'air dans ses pensées et en même temps, pas tout à fait avec lui non plus, comme s'il dérangeait quelque part. Comme si elle n'avait pas vraiment écouté ce qu'il lui avait dit car pour sure, il connaissait Thémis Clari sur le bout des doigts, il vivait avec elle et elle était son plus précieux professeur. Sans parler qu'il lui avait déjà donné son nom, qu'attendait-elle de plus ?

« Aerin » répondit-il évasif.

Il se demandait pourquoi elle l'interrogeait sur son nom alors qu'il le lui avait déjà donné. Ne le connaissait-elle pas ? Visiblement non. Elle ne savait donc pas qui il était ? Le fils de Celyween, celle qui avait tué Lymion en personne. Apparemment, cela ne semblait pas l'effleurer, et ce n'était pas pour lui déplaire. Ou alors, la jeune femme se jouait de lui, sachant parfaitement qui il était mais ne cherchant qu'à se moquer de lui, le forcer à avouer son patronyme. « N'ai jamais honte de qui tu es mon fils ». La phrase retentit de sa mémoire, comme un cheveu sur la soupe dans sa réflexion. Ce n'était pas sa mère mais bel et bien son père, Jiven, qui le lui avait dit lorsqu'il était arrivé au Temple, peu de temps après le drame. « N'ai jamais honte de qui tu es » … Il était le fils des Templiers, le fils de Jiven Estal, directeur du Temple et de Celyween Felden, Crépusculaire de renom et assassin du légendaire Lymion, tombée au combat contre le cavalier de la Mort en personne !

« Je me nomme Aerin Estal » reprit-il non sans une pointe de fierté dans la voix.

De ses origines métissées, si rares entre le peuple Almer et le peuple Elfe, il ne pouvait qu'être fier. De ses parents, il ne pouvait qu'être fier. Certes sa mère était un assassin mais peu importait, il savait lui qui l'avait connu qu'elle était bien plus que cela et qu'elle n'avait agi au final que pour sauver Jade ce jour-là. Que le monde la voit en héros ou en martyre ou tout ce qu'ils voudraient d'autre, ce n'était pas son problème, lui la voyait comme sa mère, celle qui l'avait aimé et protégé jusqu'à donné sa vie pour cela.

« Thémis est la personne la plus gentille que j'ai jamais rencontré. » ajouta-t-il avec un sourire. « Les gens ici préfèrent m'éviter, la plupart du moins. » continua-t-il, se sentant obligé de s'expliquer, « Je pense qu'il ne voit en moi que le fils de Templiers et non celui que je suis réellement. »

Il savait qu'il était dangereux d'avouer tout cela mais dans le Joyau, ce n'était pas un secret d’État que de savoir qui il était, surtout pas au Monastère ou à l'école des élémentaires ! Et puis au moins comme ça, les choses étaient dites, si elle voulait se moquer de lui, c'était le moment opportun et si elle avait agi jusque là pour le lui faire avouer, elle était servie. Il avait parlé d'un ton calme en tout cas, nullement agressif ou autre.
La demoiselle reprit la parole pour lui proposer un entraînement. Pourquoi pas … Disons qu'il préférait éviter la plupart du temps et que Thémis l'avait mis en garde mais la jeune fille n'avait pas l'air méchante … Et il devait bien avouer que la solitude commençait à lui peser.

« Il paraît que Ptot Tàh est impraticable et que la Maladie y sévit encore … mon père ne veut pas y retourner bien que la tombe de mes grands parents et de ma tante soit là-bas. Un jour, j'aimerai avoir l'occasion de voir cette cité, on dit qu'elle était comme léchée par le soleil à longueur de journée et que le soleil couchant l'embrasait totalement ! » reprit-il pour lui permettre de faire le point dans ses propres pensées.

S'il n'avait que peu parlé avec Mila, force était de constater que cette demoiselle devait être sa sœur mais pour autant, il ne voulait pas prendre de risque, il continua donc :

« Mila est ta … demie sœur je suppose non ? Tu n'as pas l'air d'être Almer c'est pour ça ... » il était clairement hésitant mais peu importait, « Tu as d'autres frères et sœurs ? »

La louve derrière lui bailla bruyamment si bien qu'il prit conscience de la perte de temps mais aussi et plus encore, des risques qu'il prenait à poser autant de questions et se dévoiler presque tout autant. Il lui tardait de revoir Jelenna ou Eloween et d'échapper à cette pression, plus encore, il lui tardait de rentrer chez lui.

« Je ne suis pas sur d'être à ton niveau, mais pourquoi pas. »conclut-il.

Décidément, Aerin se sentait plutôt mal à l'aise en présence de cette jeune fille, comme si au fond, elle parvenait un peu trop facilement à lire en lui ou au moins, à appuyer là où ça faisait mal. Quoi qu'il en soit, il aimait aussi paradoxalement que ce soit, discuter avec elle. Le temps semblait filer un peu plus vite en sa présence, preuve sans doutes qu'il appréciait leur rencontre, aussi fortuite soit-elle. Le jeune Almer se demandait simplement ce qu'il en ressortirait, en général, il ne se mêlait pas vraiment aux autres. « Prudence est mère de survie » sonnait dans sa tête comme une rengaine si bien qu'il évitait les problèmes autant que les gens. A tord ou à raison, là n'était pas la question de toute façon.

La tension fut quelque peu palpable lorsqu'elle rebondit sur sa remarque. Il ne l'avait pas dit en ce sens … en réalité, Aerin était simplement très fiers de ses parents, mais en aucun cas ne se vantait-il d'être leur fils. Il ne se sentait pas à la hauteur de ces deux « grandes personnalités » comme le disait si bien Rosa … Jiven Estal s'était depuis des années déjà fait remarquer pour ses incroyables capacités en tant que Templier mais plus encore en tant que fin politicien et fine lame. Grand illusionniste, il se faisait anguille sur le champs de bataille et était redouté de tous. Placer son fils dans les entrailles de la trahison lui avait paru le meilleur choix et si tous l'avaient pris pour un fou, force était de constater qu'il avait eu raison. Par sa seule présence, le gamin avait su calmer les tensions entre les deux Ordres, ou tout du moins les tensions ouvertes. Plus encore, il pensait que cela tenait plus du génie de son père et de sa réputation que de lui-même. Celyween quant à elle était une femme … extraordinaire. Tous ne l'avaient connus que comme une sanguinaire ne souhaitant que la chute des Zélotes mais l'Elfe n'était pas que cela. Elle était douce, aimante et attentionnée envers ceux qu'elle aimait. Plus encore, elle était fine stratège, toute aussi fine lame peut-être même plus que son amant mais surtout, têtue et fière. Elle aurait tout fait pour protéger les siens et avait donné jusqu'à sa vie pour protéger sa cité natale. Une grande dame, meurtrière certes, mais pour de bonnes raisons. Enfin … ça, il finissait par en douter. Tuer Lymion était-il un acte juste ?

La fin de la phrase surprit le jeune apprenti. « Ami », ce mot, il ne l'avait que peu entendu et en général, ce n'était pas pour l'être mais pour se moquer de lui. Rosa était-elle seulement sérieuse ? A bien la détailler, elle n'avait pas l'air de rire ni même de se moquer de lui d'une quelconque façon que ce soit et il lui était inutile d'user de son don de l'Esprit pour pousser la recherche plus encore … Alors pourquoi se sentir à la fois heureux, soulagé et … coupable ?

« Ma mère a tué le directeur du Monastère tu sais … Ca ne te gène pas ? »

La vérité résidait dans ces quelques mots. Celyween était quelqu'un de bien, il en restait convaincu, mais elle demeurait un obstacle entre les Zélotes et lui aussi longtemps que son ombre planerait au dessus de sa tête. Aerin aimait sa mère, plus que tout au monde sans doutes, Nyméria exceptée, mais il craignait de ne froisser la jeune fille. Etait-elle seulement consciente qu'elle proposait d'être amie avec le fils de la plus grande Crépusculaire ? Qui dans ce Monastère n'avait pas rêvé de la tuer ?

« Je … Merci » se contenta-t-il de répondre, s'attendant à ce qu'elle retire toutefois sa proposition.

Le jeune métisse espéra sincèrement que la tournure de la conversation éloignerait l'ombre de Celyween même si quelque part, il était heureux de voir qu'elle continuait à « vivre » dans le cœur des autres, même si ces derniers ne faisaient que la détester.
A nouveau, la remarque le surprit. Sa mère avait-elle tord sur toute la ligne ou Rosa se jouait-elle de lui ? Incapable de trancher dans un sens ou dans l'autre, il demeura silencieux. Des années durant, toute son enfance en réalité, il avait entendu Jade et Celyween maudire les Zélotes et les traquer, il avait entendu qu'ils étaient de la pire espèce mais aujourd'hui, le petit rejeton commençait à en douter très sérieusement … Rosa était l'exemple parfait que les Zélotes n'étaient pas tous mauvais. Et que dire de Thémis Clari ? Quand bien même n'était-elle pas une Zélote, elle restait une élémentaire, fille du Consul de surcroît ! Celyween avait-elle pu avoir tord ? L'enfant avait de plus en plus envie d'y croire …

La discussion changea fort heureusement de sujet, permettant au jeune apprenti de ne plus vraiment chercher de réponse là où seules des questions demeuraient. Quoi qu'il fasse, quoi qu'il pense, il n'en restait pas moins perdu, totalement incapable de savoir quoi faire …

« Je ne savais pas que tu avais autant de frères et sœurs » avoua-t-il, impressionné.

Aerin était fils unique, s'il considérait Jade comme sa grande sœur, cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait pas vu et il allait jusqu'à ignorer si elle était encore en vie ou non … Triste, perdu sans elle, il avait néanmoins appris à vivre sans sa présence rassurante. Il craignait de répondre, de peur que la jeune femme se sente coupable ou autre. C'était quelque part un peu stupide puisqu'elle avait posé la question mais le seul fait de savoir qu'elle était orpheline de mère le mettait mal à l'aise. Le jeune homme réfléchit calmement, posément jusqu'à finalement répondre :

« Ma mère rêvait d'avoir une petite fille mais … disons que son apprentie a tenu ce rôle toute sa vie durant. Jade n'était pas ma sœur de sang, mais elle était ma sœur quand même. »

Parler de sa famille le mettait toujours mal à l'aise. « Nyméria » était le prénom voulu par sa mère au cas où elle tomberait enceinte d'une petite fille mais de mémoire, jamais Aerin n'en avait entendu parler. Il était fils unique, seul et Jade avait disparu, tout comme sa mère … ne lui restait finalement que des souvenirs et un père qu'il ne connaissait que très peu. En somme, sa famille se résumait à des bribes de souvenirs, des mensonges, des tragédies etc.

La jeune femme avait bien envie de faire cet entraînement et si cela n'enchantait pas tellement Aerin, il était néanmoins curieux de la voir se battre et de savoir s'il pourrait lui tenir tête. A ses côtés, Nym' grogna en observant la demoiselle se mettre en garde mais, posant la main droite sur sa tête, le gamin tenta de l'apaiser.

« Tout va bien Nym', reste avec Namarië »

Sa voix était posée, calme, comme s'il sentait qu'il n'avait rien à craindre. Sans crainte réelle, il se mit en garde tandis que la louve, si elle s'écartait des lieux, ne lâchait pas la Zélote du regard. Comme si quelque part, elle murmurait « Tu le touches, j'te bouffe ». D'un geste ample, Aerin reproduisit les mouvements que son mentor lui avait appris puis, calmement, il envoya la première salve sur son « adversaire ».

Plus le temps passait et plus l'adolescent avait l'impression de toujours revivre les mêmes événements. Au sein de Cydonia et plus précisément, du Monastère, les jours se suivaient et se ressemblaient tous, ou presque. Les entraînements se suivaient et si Thémis faisait tout son possible pour lui apprendre les choses et le former de son mieux, le jeune métisse se sentait toujours aussi peu à sa place parmi les Zélotes et les élémentaires du Joyau. Avec calme cependant, il arborait un masque de tranquillité susceptible de le laisser en paix et de lui éviter les ennuis. Le jeune homme avait tendance à croire que s'il ne se montrait pas hostile, personne ne le serait envers lui. Certes la présence quasi quotidienne de la louve à ses côtés n'aidait parfois en rien à rester pacifique aux yeux des autres mais elle avait l'avantage de lui procurer un sentiment permanent de sécurité. Sans Nyméria à ses côtés, il se sentait totalement dépassé et presque « nu ».

La jeune femme avait sans doutes cru lui faire plaisir en lui proposant un entraînement mais en réalité, le jeune Almer en avait assez de toujours combattre pour des raisons futiles. S'entraîner lui apparaissait important, mais il préférait le faire seul ou avec Thémis qui ne lui imposait jamais de combat. De son jeune âge, Aerin ne comprenait pas cette nature humaine qui poussait les gens à toujours vouloir combattre, à toujours vouloir se mesurer aux autres. Celyween avait perdu la vie pour cette raison, pour une vengeance dont il ignorait tout mais qui lui apparaissait futile au fur et à mesure des jours qu'il passait au Monastère en compagnie des ennemis de feu sa mère. Pourquoi avait-elle décidé de le quitter pour un combat futile qui lui avait pris la vie ? Sans doutes ne serait-il jamais en mesure de le comprendre bien qu'il se sache capable de faire de même s'il fallait protéger Nym', Jel' ou Elo' … Tout en contradiction, il se prépara néanmoins à l'assaut, se disant que cela pouvait toujours servir de s'entraîner contre quelqu'un de plus expérimenté même s'il n'en vouait pas totalement l'intérêt au fond. Rosa avait été l'une des rares personnes à lui adresser la parole sans a priori et pour cette raison, elle méritait toute son attention.

Aerin n'était pas quelqu'un de spécialement violent, pour ainsi dire, il n'avait jamais tué personne et les rares fois où il avait du combattre, il avait senti le doutes et la peur s'immiscer dans ses entrailles. Sur le champs de bataille des rois, il avait senti l'horreur, vu la mort et ressenti la peur … Plus jamais il ne voulait revivre cela et pourtant, il s'était promis de tout faire pour protéger la jeune Amazone. S'il ne serait jamais en mesure de lui avouer les véritables raisons de son comportement, il se savait capable d'offrir son existence pour elle sans hésiter. Etait-ce ce que Celyween avait ressenti ce jour-là ? Avait-elle estimé nécessaire d'offrir sa vie pour celle de son peuple et de son fils ? Aerin n'avait pas la réponse et ne l'aurait sans doutes jamais …
Il encaissa les coups, se forçant à rester loin de son adversaire sachant pertinemment qu'il n'était pas de taille en combat au corps à corps. Il était entraîné pour la distance et ses précieux compagnons assuraient sa défense de prêt. Telle était sa stratégie combative depuis qu'il avait commencé l'entraînement, quelques années auparavant. Sa mère l'avait exercé dès son plus jeune âge à l'arc, estimant qu'il le protégerait plus sûrement que d'apprendre à combattre avec une épée ou à mains nues. Quelque part, Aerin préférait cette solution. Un archer pouvait s'enfuir plus facilement qu'un épéiste et se dissimuler beaucoup plus simplement !

Avec calme, il mettait en pratique tout ce que Thémis avait pu lui apprendre. Par exemple, lorsque son adversaire lui opposait un jet d'eau, plutôt que de l'éviter et se fatiguer à créer à son tour l'eau, il se forçait à manipuler celle envoyée par Rosa et à la contrer pour en prendre le contrôle. Thémis avait insisté pour qu'il maîtrise cette technique et s'il avait eu beaucoup de mal, il ne se débrouillait pas trop mal pour un apprenti !

La remarque de la jeune femme le surprit. Non, il n'était pas du genre à tuer, pas du genre non plus à faire souffrir inutilement voire même tout court et en prime, l'enfant n'était pas du tout du genre à vouloir le mal. S'il regrettait l'attitude des Zélotes envers lui, il ne leur en tenait pas spécialement rigueur non plus. Auprès des Clari, il avait trouvé sa place et cela lui suffisait. Il avait également compris que la vision de sa mère avait été erronée, du moins à son sens, et cela lui suffisait.

« Mort n'est pas un dieu, ma mère est morte en protégeant tout un peuple ... » il rageait presque de se souvenir de cela, impuissant qu'il était alors et qu'il était encore aujourd'hui, « Et moi, je ne veux tuer personne ! »

La mort était une fin selon certains, le commencement d'une nouvelle existence selon d'autres. Pour sa part, l'Elfe considérait que ce n'était ni l'un ni l'autre. Il ne souhaitait à personne de vivre sans ceux qu'ils aimaient et plus encore, il ne voulait infliger à personne sa propre peine … Jamais il ne serait capable de tuer du moins espérait-il qu'il n'y serait jamais obligé.

Le gamin tenta de se concentrer sur l'assaut plutôt que sur la discussion, il n'était pas à l'aise de parler de sa mère de la sorte et il avait l'impression de prendre pour une attaque personnelle chacune des réflexions qu'elle faisait sur sa mère. Ce n'était pas la faute de Rosa, simplement, Aerin avait grandi auprès de sa mère exclusivement et sa disparition l'avait tant déstabilisé que de se retrouver parmi ceux qui la détestaient ne lui permettait pas de pleinement se reconstruire et de pardonner totalement. Il préférait donc se focaliser sur le « combat » pour éviter des réflexions qu'il regretterait.

A nouveau, la question le surprit. Il baissa sa garde pour répondre, profitant de la pause pour se reposer. Il était fatigué par son propre entraînement et Rosa ne le ménageait pas. Il réfléchit sur l'opportunité de pouvoir lui répondre, se ravisa puis se dit que de toute façon, avouer ce détail de sa vie ne changerait pas grand chose.

« Jade était l'apprentie de ma mère, elle avait grandi à Muria avant de la rejoindre. Elle était plus âgée que moi et vivait avec nous, elle n'était pas ma sœur de sang mais c'était tout comme car j'ai toujours grandi avec elle, d'aussi loin que je me souvienne. Depuis que maman n'est plus là, je ne l'ai jamais revue. »

Il avait le cœur lourd mais il préféra l'oublier dans la reprise du « combat ». Il se calma et reprit sa concentration, cherchant une faille comme le lui avait appris son mentor. Fatigué, il n'était cependant pas de taille à lutter contre la jeune femme et en était pleinement conscient. Il reçut de plein fouet la vague d'eau et Nym' ne fut pas sans réagir. Instinctivement, elle montra les crocs et grogna. Aerin, gêné de s'être laissé avoir si facilement et de la réaction de sa compagne, prit la parole pour calmer la louve :

« I'm fine Nym', don't be afraid ! »

Il avait parlé en elfique, conscient que c'était la langue qu'elle comprenait le mieux mais aussi parce qu'elle était sa langue natale. Son refuge. Il saisit de quoi se sécher sans protester et la louve se rassit, toutefois méfiante, ne quittant pas la Zélote du regard. Son pelage crème était hérissé même si elle ne grognait plus et ne montrait plus les crocs. Il sourit timidement à la demoiselle en réponse à son rire.

« Je suis loin d'être aussi doué que toi … » répondit-il avec calme, cherchant ses mots, ne s'attendant pas du tout à ce compliment, « Tu vas bientôt devenir Zélote pas vrai ? »

C'était sa façon à lui de la complimenter.

« Thémis est beaucoup plus douée que moi, j'espère un jour la rendre fière de moi, c'est important pour moi, pour la remercier ... »

Il se tut, se rendant compte qu'il avait un peu trop parlé de lui et qu'il s'était un peu trop ouvert à la jeune femme. La Cydienne était certes étrange mais gentille mais cela ne devait pas l'empêcher de se montrer prudent … ! Le gamin fut tellement surpris de la tournure des événements qu'il ne réagit pas, ne sachant pas quoi faire. Il avait l'impression d'être retombé en enfance l'espace d'un instant si bien qu'il n'arrivait pas à savoir ce qu'il devait faire. Il rougit imperceptiblement et se raidit soudain, conscient de la situation. L'embarras le gagna non parce qu'il était gêné mais parce que l'espace d'un instant, il s'était sentit protégé comme par le passé …

« Pas … pas de soucis ! » bredouilla-t-il tant bien que mal.

Le contact lui avait rappelé celui de Jade et l'évocation peu de temps avant de sa présence n'avait pas manque de le troubler. Il capta sans le vouloir le trouble de la jeune Cydienne et ne put s'empêcher de la trouver gentille. Il ne savait pas exactement comment réagir et ce fut Nyméria qui s'approcha pour renifler la main de la jeune femme et souffler. Elle venait de l'accepter.

« Je crois … je crois qu'elle t'aime bien finalement » répondit-il timidement, « Tes frères et sœurs doivent beaucoup te manquer ... »

Aerin n'avait jamais spécialement été quelqu'un de désagréable, enfant déjà, sa mère lui disait bien souvent qu'il se montrait trop gentil, notamment envers celle qu'il considérait comme sa « sœur », Jade. Si l'ancienne Amazone n'était pas spécialement méchante envers lui, pour ainsi dire jamais même, elle se montrait parfois un peu trop curieuse ou même, un peu trop arrangeante et Celyween n'aimait pas tellement cela, d'autant plus quand son fils se laissait faire, laissant la jeune femme utiliser l'Esprit par exemple pour le sonder. Certes il ne ressentait aucune douleur, mais sa mère n'avait jamais apprécié qu'il se laisse ainsi manipuler et plus encore, qu'il n'apprenne pas à se défendre un peu mieux que cela. La vie s'était heureusement, ou malheureusement, chargée de le lui apprendre. En grandissant, le caractère du gamin était resté doux, jovial et plutôt enthousiaste, ce qui tranchait nettement avec son caractère d'aujourd'hui, en tout cas pour le commun des mortels car il se montrait sous son vrai jour avec la petite princesse, la Grande Prêtresse, Thémis Clari et son père. Les autres échappaient à cette règle et ne le voyaient sans doutes que comme un gamin aigri, abattu par une vie qui ne lui avait fait aucun cadeau. A Cydonia, il était perçu comme le fils des Templiers, pire encore, comme le rejeton de celle qui avait mis un terme à la vie du si respecté et aimé Lymion … L'image qu'il renvoyait de lui était celle d'un enfant plutôt solitaire – ce qu'il avait toujours été par la force des choses -, plutôt discret et peu enclin à s'attirer des ennuis. Sa louve se chargeait ensuite d'éloigner les curieux ou les belligérants.

Rosa semblait ne pas voir tout cela, elle semblait se moquer totalement de ce qu'il pouvait représenter en tant que « fils de » et encore plus, elle semblait n'en avoir rien à faire de ce que ses parents avaient pu faire, décider, ou dire. Pour l'apprentie Zélote, il n'était rien d'autre qu'un gamin avec qui elle pourrait s'entraîner et discuter, point final. Cela perturbait quelque peu l'adolescent car il n'était pas du tout habitué à ce comportement. En général, les gens le fuyaient comme la peste ici lorsqu'ils apprenaient son nom et s'ils ne le faisaient pas, ils le dévisageaient d'un air mauvais, d'un air curieux ou encore, montraient à quel point ils auraient bien mis un terme à sa présence dans la cité. La Zélote quant à elle s'en moquait, qu'il soit Aerin Estal ou Aerin tout court, rien ne semblait la perturber et il fallait bien l'avouer, si cela le déstabilisait, le jeune apprenti appréciait ce comportement. En réalité, il devait même avouer qu'en cela, Rosa ressemblait beaucoup à sa jeune demi-sœur, Mila Swad. L'Almer était venue lui parler, lui demandant si elle pouvait s’asseoir à côté de lui parce qu'il n'y avait plus de places ailleurs. Il avait grommelé qu'elle était libre de faire ce qu'elle voulait et cela avait beaucoup fait rire la gamine qui s'était assise les deux jours suivants à ses côtés, jusqu'à ce qu'il se décide à lui parler. Ils n’étaient pas les plus grands amis du monde, mais Aerin avait tendance à retrouver un peu de Mila dans Rosa. Comme elle, Mila se moquait de son nom ou de ce que ses parents avaient bien pu faire.

Le gamin ne sut pas quoi répondre à sa première réplique. A vrai dire, il était évident que la jeune femme semblait prête à tout pour devenir Zélote, il avait senti sa détermination dès le premier instant, dès qu'elle avait posé son regard sur lui. Qu'elle veuille briller aux yeux des autres ne le gênait pas plus que cela, après tout, c'était également ce qu'il tentait de faire. Rien ne l'aurait rendu plus heureux que de briller aux yeux de son père ou de Thémis même s'il savait que ce ne serait sans doutes jamais le cas.

« J'aimerai devenir le meilleur à mon tour mais … enfin j'aimerai que mon père soit fier de moi. Un jour. » répondit-il, n'osant avouer qu'il aspirait plus à devenir Templier qu'élémentaire ou même Zélote.

De toute façon, la voie des Zélotes lui était interdite, outre ses parents, il n'était pas Cydien. Seuls les Cydiens, à de rares exceptions près, étaient admis dans ce corps d'élite et Aerin leur laissaient bien volontiers la rigueur et la rudesse de leur entraînement ! Il aurait bien aimé en revanche devenir Templier, pour donné un sens à sa vie mais également pour reprendre le flambeau laissé par sa défunte mère sauf que cela, il ne pouvait bien évidemment pas l'avouer à l'apprentie Zélote.

« Tu es très douée, je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas atteindre ton rêve » se contenta-t-il de répondre, ne sachant pas vraiment comment exprimer sa pensée.

Aerin regarda la jeune femme se diriger vers la fenêtre de la salle, comme en proie à des réflexions qui lui échappaient. Certes il aurait pu satisfaire sa curiosité en visitant les pensées de la demoiselle mais le garçonnet s'y refusait. Il était des choses qui devaient rester de l'ordre intime selon lui et sa mère comme son père partageaient ce point de vue. Sans doutes était-ce pour cela d'ailleurs qu'il le partageait lui-même. Le gamin fut quelque peu « nerveux » lorsqu'elle lui avoua qu'il ressemblait à ses frères et sœurs mais il tenta de ne pas prendre cela au sérieux.

« Je te comprends, je n'ai pas revu ma sœur depuis longtemps … tu en as combien ? »demanda-t-il calmement, essayant de faire fi de ce qu'il venait d'avouer.

Il n'avait plus jamais reparlé de Jade depuis … depuis longtemps. Depuis qu'ils s'étaient revus à Silmarie ce jour-là et qu'il lui avait avoué qu'il savait maîtriser un élément. La jeune femme l'avait mal pris, comme s'il trahissait quelque chose, une vieille promesse ou un vieux serment dont il n'avait aucun souvenir. Depuis, la Crépusculaire n'était plus jamais revenue. A son tour, le gamin observa la lueur du soleil par la fenêtre sans oser approcher pour autant.

« Euh je » répondit-il d'abord, surprit encore une fois qu'elle lui demande de l'accompagner comme si de rien n'était, « Tu es sure ? » se risqua-t-il à demander puis, voyant la bonne humeur et le regard en proie au doutes qu'elle arborait, il répondit simplement mais timidement, « D'accord »

Il attrapa sa main et se releva. Il se dirigea ensuite vers la fenêtre pour l'ouvrir péniblement, leur entraînement ayant mangé un peu plus de force qu'il ne le pensait de prime abord et Namarië en profita pour filer au vent, sûrement pour aller chasser. Il fit signe à Nyméria de le suivre, sachant pertinemment que la louve irait à son tour chasser dans une forêt alentour, passant par des chemins qu'il ne connaissait pas du tout et qui lui importaient peu tant qu'elle revenait à lui saine et sauve chaque soir.

« Où m'emmènes-tu ? » hasarda-t-il ensuite.

Sans doutes que si sa mère avait encore été à ses côtés, elle lui aurait dit qu'il était totalement inconscient de faire confiance aussi facilement à une apprentie Zélote mais Celyween était partie et désormais, il faisait ses choix seul, aussi difficiles soient-ils. Il y a quelques mois encore, jamais il n'aurait accepté de suivre la jeune femme et encore moins de s'entraîner avec elle de peur qu'elle ne cherche à se venger sur lui de ses origines un peu trop célèbres. Thémis l'avait mis en garde sur ce point à son arrivée, il devait éviter de faire confiance trop facilement aux autres et surtout, il devait se fier à son don hérité de ses parents pour avoir l'occasion de déterminer qui valait la peine ou non. Aerin n'aimait pas tellement cette méthode mais il avait réussi à échapper aux mauvaises intentions de plusieurs personnes grâce à cela. Avec le temps, il avait appris à reconnaître ceux qui méritaient sa confiance de ceux qu'il devait éviter. Instinctivement, le jeune métisse comprit qu'il pouvait faire confiance à Rosa. Elle se moquait du nom, elle se moquait totalement des origines, tout ce qui comptait pour elle était tout simplement la personne qui se tenait en face d'elle. L'apprentie Zélote était quelqu'un de gentil, quelqu'un de plutôt à l'écoute et surtout, une personne qu'il avait envie de respecter car elle maîtrisait très bien son élément et le combat rapproché. Il était encore bien loin de son niveau et, plus encore, il savait qu'il ne l'atteindrait qu'au prix de nombreux efforts. Il était logique qu'elle soit meilleure que lui mais le gamin avait senti en elle une force qu'il était loin de posséder.

Tandis qu'il suivait la jeune femme, il se posait encore la question de savoir si c'était raisonnable. Rosa était quelqu'un de gentil et d'agréable mais, si Aerin connaissait bien sa sœur, ou en tout cas plus que depuis quelques heures, il avait plus de mal avec l'aînée. Elle avait une distance qu'il ne semblait pas en mesure de franchir et en même temps, elle était capable de se montrer très proche de lui. Il remarqua rapidement qu'elle les menait vers le sud de la cité et le souffle commençait à lui manquer. Entre l'entraînement avec Nam' et Nym', celui avec l'apprentie Zélote, le jeune élémentaire avait du mal à suivre et se demandait en prime ce qu'elle voulait lui montrer. Il remarqua le sourire sur les lèvres de la jeune femme et ne put s'empêcher de penser que ça lui allait vraiment bien, mieux en tout cas que l'air sérieux qu'elle affichait depuis le début de leur rencontre. Rosa n'était pas aussi simple à comprendre qu'elle n'y paraissait.

Il comprit ce qu'elle voulait lui montrer lorsqu'ils arrivèrent sur le port de Cydonia, là où les plages de sable indiquaient le début de grandes aventures. Il fut subjugué par le coucher de soleil. Depuis combien de temps n'avait-il pas pris la peine d'en voir un ? Longtemps. La réponse était évidente et il la chassa de son esprit.

« C'est tellement beau » souffla-t-il, sous le charme naturel des lieux.

Il se sentait quelque peu flatté par l'attention de la jeune femme même s'il ne comprenait pas pourquoi elle avait voulu le partager avec lui tout particulièrement. Il était tout de même heureux d'être là et plus encore, de voir un si beau spectacle. En réalité, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de faire quoi que ce soit.

« Je … je suis très touché. Pourquoi tu ne viens plus ici avec Mila ? » hasarda-t-il.

De nature curieuse, l'adolescent n'avait jamais vraiment pris la peine de faire attention aux questions qu'il posait jusqu'à récemment. Il avait senti chez sa tutrice quelques réticences à lui répondre parfois malgré ses sourires et en conséquence, il avait eut tendance à évoluer. Il fut surpris par sa question, il ne s'attendait pas du tout à ce qu'elle lui demande ça. Se moquait-elle de lui ? Elle ne semblait pas pourtant … pourtant il était vexé par ce qu'elle venait de dire.

« Je ... » il se ravisa pour réfléchir.

C'était une décision « importante » à ses yeux car l'amitié n'était pas un jeu à ses yeux. C'était important pour lui et il ne se disait pas ami pour le jeu. Il réfléchit une seconde encore avant d'ajouter, la main tendue vers elle :

« J'accepte avec plaisir, amis ? » il souriait et attrapa la main de la jeune femme pour la serrer, « Je t'apprécie aussi tu sais. »

Il se tut un instant avant de finalement ajouter, très timidement :

« Tu sais, ma mère n'était pas une criminelle, je crois qu'au fond, elle avait juste peur. »

[ Tu veux qu'on se désengage ? ^^ ]

L'orangé du ciel s'assombrissait peu à peu, un signe qu'il était temps de rebrousser chemin en direction du temple et de tirer un trait sur cette journée fort intéressante. La vie savait se montrer cruelle mais selon toute évidence, la bonté ne lui était pas non plus inconnue et cela n'était pas sans rassurer la jeune zélote. Cette rencontre était bien plus qu'une simple ballade entre deux camarades, une amitié venait de naître sous les yeux endormis du soleil malgré les réticences qu'auraient pu émettre Rosa, cependant elle n'était pas comme tout le monde, elle était beaucoup plus proche du fils de Jacen que de ses autres collègues. Elle aussi avait été abandonnée, elle aussi avait perdu sa mère sans jamais vraiment la connaître, les zélotes ne la repoussait certes pas mais son père s'en chargeait à merveille et c'est en ce sens qu'elle était capable de savoir la souffrance que faisait endurer l'abandon et l'exclusion. Ce garçon était une part d'elle, elle n'avait jamais aimé parler d'elle même à ses confrères mais pourtant, elle sentait le besoin de se confier à lui et ce sans le moindre détour, elle ne savait pas pourquoi mais elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance et son instinct ne la trompait jamais.

"Ne t’inquiète pas, même les plus grands criminels ont une noble cause à défendre par le biais de leur action, je suis sûre que ta mère avait une bonne raison d'agir ainsi et je ne lui en veux pas, je ne la connais pas. Ta mère devait sans doute être une grande personne, en tout cas assez grande pour avoir ôté la vie du maître du monastère. Je te demanderai juste d'éviter d'en parler en ces lieux, l'ordre zélote a encore du mal à se remettre de cet incident mais je pense qu'il ne faut pas haïr, il faut apprendre de nos échecs pour ne pas commettre les erreurs du passé. Malgré ce qu'en disent certains zélotes, je trouve que c'est une bonne chose que de t'avoir chez nous, j'espère que tu resteras longtemps parmi nous car c'est le seul moyen de te faire gagner la confiance des nôtres et permettre d'imposer la paix entre nos deux institutions."

La noble Swad prononçait ces mots avec tant d'innocence qu'il était presque impossible de croire à un mensonge de sa part, son petit sourire destiné au garçon ne faisait qu'accentuer cette hypothèse. Derrière ses habits de guerrière, elle avait pour utopie la paix entre les différentes puissances mais était-ce suffisant d'y croire ? Non, elle travaillait corps et âme pour atteindre un niveau d'exception et gravir les échelons de son ordre afin d'avoir assez d'importance pour imposer ses idées mais ce plan n'était pas sans risque, qui disait que la jeune fille était assez douée pour devenir une femme et qui plus est, une zélote d'exception ? L'on disait bien trop souvent aux élèves que le talent résultait d'un entraînement intense mais l'apprentie savait plus que quiconque que la réalité était tout autre, certes il était nécessaire de s'entraîner des heures durant mais le véritable talent sommeillait dans les veines, une continuelle perpétuité de l'injustice de la vie.

"Fait moi confiance, j'ai l'ambition de partir à la recherche d'un idéal de paix, s'il n'existe pas en ce monde, je ferai tout pour parvenir à le créer. Les 5 cités parlent de paix, est-ce seulement la paix que de se haïr en silence et de se tuer dans l'ombre ? Je ne pense pas, ils se voilent tous la face derrière leurs discours plus grandioses les uns que les autres mais aussi vides de contenu et de sincérité. C'est triste mais fait moi confiance, je ferai tout ce qu'il m'est possible de faire pour changer les choses."

La lumière du monastère se distinguait au loin, l'heure du souper n'allait pas tarder à sonner et ils devaient se dépêcher de regagner les lieux, cependant, aucun des deux n'avaient envie de se séparer, ils voulaient rester encore un peu plus ensemble mais ils ne pouvait réchapper à leur destin. Rosa voyait en ce jeune homme un petit frère, un être qu'elle se devait de protéger de la vie mais elle n'osait lui avouer, c'était peut être trop tôt mais se fut comme une révélation, un choc qui la transperça de plein fouet. Ils arrivèrent là où leur chemin devait se séparer, le dortoir des femmes à gauche et celui des hommes à droite, c'était là une fatalité mais elle n'était pas mortelle, la jeune femme était persuadée qu'elle reverrait Aerin et puis ce dernier ne devait pas attacher énormément d'importance à la jeune femme. Elle le prit une dernière fois dans ses bras, en guise d'au revoir, et elle ne sut retenir ses larmes alors qu'elle le savait dans la même école, mais un pressentiment la prévenait de prendre les devants et de lui faire ses au revoir avant qu'il ne soit trop tard.

"Tu vas me manquer Aerin, porte toi bien et saches que je serai toujours là pour toi. Comme une mère ou une soeur, je sais qu'elles te manquent énormément, tout comme moi, mais je suis là si tu as besoin... Un jour nous nous retrouverons, et ce jour là j'espère que nous serons alliés Aerin, je l'espère de tout mon coeur. Prend ce bijou, c'est une boucle d'oreille que je tiens de ma mère, j'ai la deuxième boucle avec moi mais prend ce présent comme une preuve de notre amitié, si tu as besoin de force, pense fort à moi et je t'aiderai."

Et se furent sur ces mots que les deux amis se quittèrent, sans vraiment savoir la date exacte où ils allaient de nouveau pouvoir partager des moments d'affection mais ils savaient avec pertinence qu'ils allaient se revoir, le contraire n'était pas probable pour eux. Cette journée allait être gravé dans la mémoire de la zélote, elle avait pour la première fois retrouvé le véritable sourire, celui que l'on porte quand l'on est heureuse et ce n'était pas rien pour cette femme emplie de malheur.

[Désengagée ! J'ai essayé de faire quelque chose qui me tenait à coeur, si ça te dérange je modifierai ! :3 Merci de ce rp !]

[ Je précise que j'ai écrit le RP en deux fois donc ce n'est peut-être pas cohérent.
Ps : Jacen a beaucoup d'enfants mais pas d'autre fils que Luckàs. ^^ ]

Le gamin était quelqu'un de plutôt calme, de plutôt solitaire également. La solitude était quelque chose que l'enfant affectionnait tout particulièrement parce qu'il craignait essentiellement d'être blessé. Dans cette cité, il savait qu'il ne pourrait avoir confiance en personne mise à part Thémis Clari. Ceux qui ne le prenaient pas pour un ennemi du Joyau avaient néanmoins tendance à se rappeler de sa mère et bien entendu, de ce qu'elle avait fait ou n'avait pas fait selon les échos, pour la cité. Celyween était une femme pleine de défauts, comme tout à chacun, mais ces quelques défauts faisaient partie du quotidien Cydien et ils n'avaient retenu d'elle que cela. Ses mauvaises actions. Qu'elle ait eu tord ou raison, cela n'entrait pas en ligne de compte, seul comptait au final le meurtre de Lymion et de quelques uns des Zélotes de la cité. Qu'elle ait pu offrir sa vie pour sauver celle des Elfes de Silmarie importait peu. Qu'elle ai combattu durant sa jeunesse et œuvrer pour la paix, tous semblaient l'avoir oublié. Alors la solitude était une arme infaillible pour celui qui n'était que le fils de l'Assassin. Telle une étoile perdue dans le ciel parmi les autres, il n'aimait pas se lier spécialement aux autres. Bien entendu, il y avait des exceptions. L'enfant aurait tout donné pour sauver Thémis ou ses enfants des périls, il l'avait déjà prouvé par le passé d'ailleurs, lorsque ce fou d'Ithilion avait enlevé la belle métisse. Il avait payé ce crime de sa tête et si Aerin dédaignait la violence, il fallait bien reconnaître que Soren avait mis un terme définitif à toute invective contre sa femme. Méthode radicale et respectée visiblement.

Le gamin regarda le ciel, perdu dans ses pensées. Il aimait bien la présence de Rosa, ce n'était pas le problème, mais il se demandait encore s'il avait le droit d'accorder sa confiance à quelqu'un dans cette maudite cité … Il aimait son père, peut-être pas autant qu'il avait pu aimer sa mère certes, faute de le connaître aussi bien qu'il avait connu la Crépusculaire, mais il lui en voulait néanmoins quelque part d'avoir permis cet échange. Il n'était qu'un prisonnier parmi tant d'autres, vivant mieux que la plupart mais vivant dans une cage dorée.
Le ciel se faisait plus orangé, plus sombre également, comme si un feu mystique embrasait ce dernier. Il était plutôt agréable de voir que la nature poursuivait sa vie quoi qu'il arrive. Rien ne semblait pouvoir altérer le court du temps. La nature était une roue infernale qui jamais ne prenait fin. Quelque part, c'était plutôt rassurant que quelque chose perdure dans un tel climat de tensions et de doutes.

Le silence s'était installé entre eux et sans même s'en rendre compte, Aerin s'était contenté de profiter de l'instant, de regarder le ciel se teindre de mille et unes couleurs sans même penser au lendemain, à la suite logique des choses. Non, tout ce qui lui importait en ce moment précis était l'instant qu'il passait en compagnie de l'apprentie Zélote et ce, même si cela défiait toute logique voire tout bon sens. La voix de la jeune femme le surprit, comme si elle brisait l'instant magique qui naissait entre eux mais pour autant, il ne lui en voulait pas. C'était dans l'ordre naturel des choses et il écouta avec calme ce qu'elle avait à répondre.

« Ma mère a offert sa vie pour Silmarie, pour une Grande Prêtresse qui n'avait que faire d'elle … ».

Le gamin parlait avec rancœur de Nalween mais comment lui en vouloir ? La jeune femme n'avait jamais fait preuve de la moindre compassion à son égard et dans son esprit, c'était de sa faute si Celyween avait donné sa vie pour protéger la cité des brumes … Le temps n'avait pas encore fait son œuvre.

« Je n'aspire pas à la paix comme mon père mais si ma présence peut permettre d'éviter les tensions entre vos deux ordres, j'en suis satisfait. »

Le gamin était sincère, il n'avait jamais souhaité la paix, la prospérité ou ce genre de choses. Jelenna et Eloween le faisaient très bien à sa place et il ne souhaitait pour sa part que trouver sa raison de vivre. Il n'était pas loin de la démasquer sous son grand voile noir, il en était persuadé. Mystérieuse, calme, la voie qui s'offrait à lui semblait lui promettre un avenir bien plus heureux que celui qu'il avait envisagé jusque là. L'Elfe était conscient que son destin l’appellerait bientôt ailleurs. Il savait que sa vie ne serait pas à Cydonia même s'il le déplorait car après tout, il aimait sincèrement Thémis, Elios et Erys. Sa présence serait sans doutes un trop lourd fardeau pour la cité que sa mère avait meurtrie.

« Tu aurais du naître à Tamawa », répondit-il non pas pour l'offenser mais parce qu'il le pensait sincèrement.

La cité neutre avait toujours été le berceau de la paix et si Rosa avait de l'ambition, ce n'était pas ce qui manquait à son propre père par le passé et qu'il avait toujours en lui aujourd'hui malgré le poste qu'il occupait. Il était amusant d'entendre la perception qu'avait l'apprentie Zélote des choses. Le monde était pourri de l'intérieur. « Tout le monde ment », c'était bien connu. Les sourires, les faux semblants, tout ça n'était que poussière une fois la lame enfoncée dans la gorge de son ennemi.

« Tu ne seras pas seule dans cette tâche » se contenta-t-il à nouveau de répondre, songeant à ses deux amies qui malgré leur jeune âge, agissaient déjà en ce sens.

Le temps avait filé beaucoup plus vite qu'il ne l'avait pensé de prime abord. Thémis ne tarderait pas à s'inquiéter s'il ne rentrait pas rapidement et elle ne se priverait certainement pas de lui dire que le dîner était froid et qu'il allait être infect. La seule pensée de la voir s'agacer de la sorte lui tirait un sourire. La démonstration de tendresse de la jeune femme le surprit un peu même s'il se laissa faire. A vrai dire, il n'avait pas pour habitude d'être pris dans les bras de quelqu'un, hormis la fille du Consul qui le considérait comme son propre fils et à qui il faisait totalement confiance. Cela signifiait-il qu'il était parvenu à faire confiance à quelqu'un d'autre dans cette cité ? Tout à ses pensées, il ne comprit pas dans une premier temps la référence qu'elle faisait. Le gamin ne savait pas quoi répondre, il était visiblement touché mais incapable de formuler quoi que ce soit.

Il regarda la boucle au creux de sa main ainsi que la silhouette de la jeune femme qui s'éloignait vers le chemin du Monastère. Tandis que l'Almer retrouvait le chemin de sa demeure, il réfléchissait et se rendit compte qu'il appréciait vraiment Rosa. Il se rendit compte en poussant la porte des Clari qu'il avait passé une bonne journée et surtout, qu'il s'était fait une amie. Il serra la boucle d'oreille dans sa paume et, tandis qu'il passait le pas de la porte et que la dame de la maison allait le gronder, il lui demanda avec un sourire charmant si elle voulait bien lui percer l'oreille.

[ Désengagé ]
[ Merci pour le RP miss ! ^^ ]