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Eléa
Nombre de messages : 5382 Âge : 34 Race et âge : Cydienne - 31 ans Cité : Muria Métier : Fleuriste-Gladiatrice Feuille de personnageCompétences: Manipulation de la nature / Soin / Esprit Compétences bonus: Manipulation du feu, dressage d'une bête, Spécialisation (rapière)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: [FA] Il y aurait eu tant de choses à écrire (terminé) Mar 7 Mai - 13:04 | |
| Le monde avait bien changé depuis la bataille des Rois. En réalité, les mois s'étaient écoulés sans que je n'y prenne vraiment gare. Plus encore, j'avais désormais l'impression que le temps s'était écoulé sans moi et que je n'avais été qu'une spectatrice de cette situation. A vrai dire, je ne savais pas ce qui était le plus frustrant, de savoir que je n'avais aucune prise sur le temps, sur mon avenir et sur ce destin que les dieux me réservaient ou le fait de savoir que j'avais tout oublié. Au fur et à mesure, mes sentiments s'étaient tus, ma peine, ma douleur avaient laissé place à la solitude et au souvenir. Il ne restait de nous que peu de choses. Qu'une petite fille aux yeux d'ange et aux lèvres de vivantes. Cette enfant que nous avions espéré avoir dans ces heures de folie communes. Il me semble aujourd'hui que tu étais beaucoup plus impatient que moi à l'idée d'un jour être père. Ces souvenirs de nous qui n'existent plus que dans ma tête, aujourd'hui, je regrette de ne pas avoir pu partager cela avec toi. Je suis sure que tu aurais aimé la voir grandir, que tu aurais aimé son sourire, ses questions enfantines qui t'auraient certainement gêné.
Je suis sure que tu aurais qu'elle t'appelle « papa ».
Le temps a passé tellement vite, je me demande encore si tout cela a été un jour réel et pourtant, elle est là chaque jour pour me le rappeler. Il ne se passe pas une seconde depuis que tu es parti où elle te rappelle à moi. Je n'ai aucune emprise sur le temps, pas plus que je n'en ai sur mes propres sentiments. J'ai mis tellement de temps à comprendre ce qu'ils signifiaient qu'aujourd'hui plus que jamais je regrette de ne pas avoir eut le courage d'y réfléchir avant. C'est en la voyant elle que j'ai compris à quel point nous avions pu nous aimer. Nos différences, nos histoires, nos caractères, il y a de tout cela dans cette enfant. Il y a ton sourire, il y a ma moue boudeuse qui te faisait tellement sourire et qui ne manquait pas de me faire remarquer à quel point j'étais parfois gamine. Je crois qu'aujourd'hui, j'ai un peu grandie par rapport à cette époque là. Je crois même que je suis devenue quelqu'un de bien. Je ne suis pas sure … Je crois qu'au fond, tu aurais certainement aimé être là, dans cette famille qui semblait te tenir tellement à cœur.
Je crois que tu t'es senti toujours trahi.
A vrai dire, tu avais raison, je crois que je t'ai trahi à la seconde où nous nous sommes vus. Je n'ai jamais su exprimer ces sentiments qui naissaient en moi. Je détestais tellement les hommes. Plus que tout, j'étais terrorisée à l'idée de souffrir une nouvelle fois par leur faute. Et tu étais là. A chacun de mes faux pas, à chacune de mes maladresses, ton sourire et tes yeux étaient là pour me soutenir. Je me suis sentie tellement perdue quand ils m'ont quitté. A vrai dire, je crois que j'avais peur d'affronter le monde et plus encore, j'avais peur que tu me vois le faire. Je n'étais sure de rien, je voulais juste la protéger.
Jelenna a toujours été tout pour moi.
Avant toi. Avant même notre propre existence. J'aurais brûlé Muria toute entière pour elle. J'aurais fait pareil pour toi. C'est idiot, il a fallu que tu disparaisses pour que je me rende compte à quel point j'aurais pu t'aimer. A quel point je t'aimais. Oui, je crois que j'ai toujours eu peur, et aujourd'hui encore, je suis terrorisée. Je crois que rien ne comptais plus pour moi que l'image que je pouvais te renvoyer. Celle d'une femme sure d'elle quand les doutes et les remords la rongeaient de l'intérieur mais tu étais malin, et ça me faisait peur. Tu comprenais tout, tu lisais en moi comme dans un livre ouvert. Tu sais, à l'époque, je parvenais à te comprendre mieux que quiconque.
Je t'ai trahi la première.
Je savais quels étaient tes rêves, plus encore, tes ambitions. Tu rêvais d'une cité en paix, où nos enfants auraient pu grandir sains et saufs. Je savais qu'en liant nos destins, je ne t'offrirais que le sang et les larmes. J'ai gardé les larmes et tu as choisis le sang. Je t'en ai voulu, c'est idiot, tu as toujours été ainsi. Je t'ai aimé pour cela. Je crois même que j'ai aimé ton charisme, tes silences, ton humeur, ta folie. Cette folie des derniers jours qui m'a fait tellement peur. Au fond, je t'en voulais, et je t'en veux encore. Je suis sure que mon père et ma mère se foutraient de moi s'ils me voyaient écrire ainsi à un défunt. Et alors ? J'ai besoin de coucher ces mots sur ce papier, il brûlera sans doutes comme tous les autres mais j'en ai besoin. Qui sait ? Peut-être que tu es là près de moi et que tu lis ces lignes au fur et à mesure que je les écris …
Ton absence m'a fait tellement mal.
Elle me fait toujours mal au fond. Malgré les années, malgré le temps passé, je pense toujours à toi. Peu importe qui partage ma vie, je ne peux m'empêcher de me rappeler que tu es celui qui m'a tendu la main et qui m'a sauvé. Sans toi, je n'existerais pas, je ne serais jamais devenue celle que je suis aujourd'hui. Je ne serais pas une mère, une femme, une amie, une amante. Je suis celle que tu as aimée et celle qui t'a aimée. J'ai cherché à échapper à cela mais au fond, je crois que je ne pourrais pas. Je suis tellement la même. Avec mes peurs, mes doutes, ils sont toujours là. Toujours ancrés en moi mais je n'ai plus si peur que ça. J'avance dans le noir en m'accrochant à cette lumière que tu as fait naître en moi. Parce que quoi qu'il arrive, il y aura toujours cette petite flamme qui m'appellera « maman ».
Je me sentais perdue.
Je crois qu'aujourd'hui, je ne le suis plus. J'ai beau réfléchir, je me dis que tu me manques. Elle est tellement jolie, tellement mignonne dans sa robe aux couleurs d'automne. Avec ce sourire qui me rappelle tant le tien. Je n'ai pas eu l'occasion de partager grand chose avec toi c'est vrai mais au moins je l'ai. Peux-tu la voir de là haut ? Je l'espère. Je suis certaine que tu serais fière d'elle. Je me demande aussi si j'aurais un jour le courage de garder ces lettres avec moi. Au fond, je me demande encore pourquoi je t'écris.
Je n'ai pas tellement changé depuis cette bataille.
Je revois encore cette tragédie parfois la nuit. Je m'entends pleurer, comme si j'étais étrangère à mon corps. Je tremble et j'oublie que je ne suis plus seule. J'ai toujours peur du noir sans toi … Je ne t'aurais finalement jamais dit la vérité. J'ai pris mon courage à deux mains pour écrire cette lettre, plus encore, j'ai pris mon courage à deux mains pour saisir la plume et poser sur le papier ce que je voulais te dire. J'ai longtemps regretté et aujourd'hui, les regrets ont laissé place aux souvenirs. Je suis enfin capable de me rappeler ces moments avec une pointe de mélancolie. Je n'ai qu'une envie finalement, poser ces émotions. Je crois que j'ai longtemps voulu exorciser tout cela. Aujourd'hui que lui aussi m'a quitté, je me sens plus que jamais seule. Ma mère m'a dit une fois que c'était lorsqu'on perdait l'être aimé qu'on se rendait compte à quel point on pouvait l'aimer. Je sais à quel point désormais cela peut faire mal … J'ai mal.
Je crois que je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie.
J'ai vu ce qu'il restait de mes illusions s'évanouir avec lui. Avec toi. Il ne me reste que peu de choses de ce bonheur fugace. Je pensais me reconstruire, je pensais que les souvenirs deviendraient doux avec le temps, mais je me rends compte qu'il n'a fait que réveiller de vieilles blessures … Je suis tellement désolée. Je n'ai pas changé finalement … Je suis toujours en proie à ces sentiments. Es-tu vraiment sur que j'étais faite pour aimer ? Tu m'as dit un jour que je ne devais pas avoir peur, que tu serais toujours là et que si jamais le destin en décidait autrement, que quelqu'un saurait m'aimer à son tour et me protéger. Vous avez disparus tous les deux désormais. Je croyais trouver la voie, aujourd'hui je sais que j'avais tord. Ô combien je suis perdue. J'ai l'impression d'être un lampion qui attend qu'une bougie l'effleure une dernière fois. J'aurais aimé changer. J'aurais aimé être celle que vous avez su aimer mais je ne suis finalement que l'ombre de celle que j'aimerai être. Je n'ai jamais pensé devenir quelqu'un d'important mais pour autant, je crois que j'avais envie de l'être à vos yeux. Et je comprends aujourd'hui que je l'étais. Mais c'est trop tard, je n'aurais finalement que des regrets. Est ce que tu penses que l'on peut vivre avec des regrets ? Sans doutes que oui, sinon, il y a bien longtemps que je ne serais plus de ce monde. Je pense également que sans vous, jamais je n'aurais pu devenir celle que je suis … C'est tellement compliqué aujourd'hui.
J'ai l'impression de ne plus être moi même, de m'être totalement perdue.
Je crois que je me suis perdue. Je souris, je la vois grandir en chantant. Je lui raconte de belles histoires où son père est un héros qui a donné sa vie pour sauver celle de sa mère. Je lui dis tout, sans fioritures. Elle est jeune certes mais elle comprend. Elle sait que sa mère est forte, elle veut croire qu'elle la protégera toute sa vie durant et pourtant, elle sent que le destin peut en décider autrement. Elle protège au lieu de détruire, de cela elle tient de toi. Je crois qu'elle est ce que j'ai accompli de mieux dans ma vie. Je n'aurais jamais pensé pouvoir faire quelque chose d'aussi bien, quelque chose d'aussi beau. Pourquoi sans toi ?
J'ai l'impression que je suis partie en même temps que toi. Peut être que ce n'est pas tout à fait faux au fond. Peut être que ce jour là, je suis vraiment partie. Il ne reste de moi ici que ce que tu as bien voulu laisser. Je ne sais pas ce que tu as laissé. Je ne comprends pas ce que tu as laissé … Je crois que je n'arrive plus à comprendre. Je pose ces mots sur ce papier et pourtant, je ne parviens même pas en m'en sentir soulagée.
J'ai trop de regrets.
Est ce que tu me pardonnerais ?
Pardonnerais-tu ma peur ? Mes doutes ? Mes mensonges ?
Je crois pourtant que je connais la réponse. J'en suis persuadée aujourd'hui. Tu me pardonnerais, tu m'as déjà pardonnée je crois. Ce jour là, dans ce dernier regard, dans ce dernier sourire, tu m'avais tout pardonné. C'était la plus belle déclaration d'amour qu'on ne m'ait jamais fait. Pourquoi les hommes mes les font-ils uniquement quand ils meurent pour moi ? Je n'avais pas demandé cela. Je n'avais pas voulu cela.
Je ne voulais pas que vous disparaissiez de ma vie.
Je suis seule aujourd'hui. Je suis tellement seule que je ne sais pas comment faire face. Je me dis que les regrets deviendront des souvenirs, comme le reste. Comme si des années étaient passées. Je me disais aussi que ce ne serait pas si simple. Le temps a beau passé, j'ai toujours autant de mal. Je n'ai pas changé. Est-ce-que tu m'aimerais toujours malgré tout ? Sans doutes que oui.
Je profite de ces quelques lignes pour avouer toutes ces faiblesses mais je dois aussi avouer les choses que je n'ai jamais su te dire, vous dire. Je vous ai aimé. De toute mon âme. J'aurais volontiers offert ma vie pour vous, je vous aurais volontiers avoué mes faiblesses. J'aurais voulu vous avoir à mes côtés à jamais. Je n'ai désormais plus que des souvenirs jusqu'à la fin de mes jours et une fillette à protéger. Je vous demande pardon, pour ma lâcheté, pour cette ultime trahison. Je vous demande une dernière fois de me pardonner, de m'accepter. Je n'avais jamais avoué jusque là tout cela à quiconque. Je crois qu'il était temps que je le fasse. Il est plus facile finalement de vivre avec des regrets que des remords …
Si mes mots brûlent aujourd'hui, sache que mon âme brûlera toujours pour toi.
[ désengagée ] |
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