[FA-155] L'hydre et la sorcière [pv: Scarlett]

Le soleil poursuivait sa course inexorablement et nul trace de Lucius. Elle avait parcouru la carrière de long en large sans trouver quoi que se soit. Il faut dire qu'elle n'était pas forcément la plus qualifiée pour cette tâche, elle n'était pas enquêteuse et n'avait pas une connaissance suffisante de la langue et du fonctionnement des cydiens pour deviner où une bande de malfrat pouvait décider de se planquer. Pourtant il fallait qu'elle se hâte, plus le temps passait plus les chances de survie du sénateur s'amenuisait. Son départ avec sa protégée ne pourrait pas attendre indéfiniment non plus.

La jinmen était encore surprise de la façon dont Rin lui avait parlé. Elle devenait adulte et défiait l'autorité. Seulement Meïan s'était engagé à la protéger, quand bien même se serait contre elle-même. Elles trouveraient Muria et pourrait y commencer une nouvelle vie sans crainte de se faire assassiner à tout moment.
C'était en ruminant ces pensées qu'elle s'était dirigée vers la salle de garde de la vaste demeure du sénateur Lucius. D'ordinaire c'est là que les garde du corps n'étant pas en service ainsi que les gardes de la demeure se reposaient. Ce jour là il n' y avait personne, elle décida donc d'attendre. Il lui fallait ses gages pour entamer son voyage et elle ne se voyait pas partir sans prévenir son employeur, question de respect. Ce fut finalement Zev qui fit son entrée, l'almer porta la main à la hache qui pendait à sa ceinture et se ravisa comme s'il se rappelait qu'il ne faisait pas le poids contre le samuraï. Il pointa un doigt accusateur sur elle et lui cria:
« Tu as tué Lucius! »
La jinmen accusa le coup, incrédule, son employeur était mort et l'on soupçonnait qu'elle soit l'assassin, comme si les choses n'allaient pas assez mal. Le grand brun sembla remarquer sa surprise et fronça les sourcils tandis que la jeune femme lui répondait d'une voix ferme:
« Moi pas tuer Lucius-sama!
- Les gardes pensent que si! Ils disent que t'as dessoudé des types de ton peuple et qu'avant de prendre la fuite tu as tué Lucius pour prendre son argent!
- Moi pas tuer lui!
- Ouai ça va, j'ai compris! Change de disque!»
Tout s'imbriquait, avec les assassins qu'elle avait supprimé la veille, les gardes du corps avaient vite fait le rapprochement avec la seule garde du corps jinmen de la cité. Comme par hasard c'était ce moment qu'avait choisi Lucius pour se faire lui même supprimer, le raccourcis était très vite pris:
« Lui mort comment?
-On leur est tombé dessus alors qu'ils sortaient d'une échoppe. Finlay et Esop se sont fait dessoudés sans pouvoir faire grand chose. Aucune trace de Lucius, on en a conclu quet tu l'avais entraîné quelque part pour le faire cracher son pognon.
- Moi pas...
- ... Tuer lui!" il singeait sa façon de parler: " Je te crois."
-Nous devoir trouver lui!
-Quoi! Mais t'es malade! Oublie ça! Ceux qui ont fait ça savaient ce qu'ils faisaient!
-Si nous pas le retrouver, qui engager nous après ça? »
L'argument sembla faire son chemin dans la tête du mercenaire, il était évident que sa réputation en prendrait un coup après cette affaire, mais de là à jouer les justiciers:
« Bon d'accord... Mais par où doit-on commencer?
-Le lieu de l'attaque! »

Ils se retrouvèrent donc sous le soleil d'automne à chercher des indices parmi les traces de sang de leur confrères garde du corps. Les corps avaient été évacués et nul garde ne subsistait dans les parages. Zev, parti interroger les commerçants et autres badauds revint au bout d'un moment:
« J'ai trouvé deux trois gus qui sont persuadés qu'il s'agit d'un coup de l'alliance Ecarlate, certains ont vu des gens cagoulés se faufiler sur les toits avant l'attaque. »
L'alliance écarlate, vivant ici depuis bientôt quatre ans, la jinmen avait entendu parlé de cette organisation à plusieurs reprises. Les rumeurs voulaient que cette secte ne soit qu'un repère de petites frappes malsaines, de terroristes illuminés. Jusqu'au récents évènements, nul n'aurait alors pensé que le réseau soit suffisamment dense et organisé pour être capable d'occuper une cité et d'organiser des opérations pointues comme ce fut le cas ces derniers temps. Une chose était sûre, si c'étaient eux les responsable du kidnapping, cela ne devait pas être une question d'argent:
« Et toi, tu as découvert quelque chose?
-Des empreintes et des morceaux de terre, couleur pas ordinaire par ici.
-Fais voir... hum... de l'argile, on en trouve dans les faubourg, qui jonchent le mur d'enceinte, il y a une carrière d'argile, pas loin à l'Est
-Eux se cacher là bas... peut-être.
-Ca vaut le coup de regarder! S'ils ne l'ont pas encore tué, ils doivent avoir trouvé un coin tranquille pour le cuisiner, un coin où l'on ne risque pas d'entendre les cris. »

Et c'est ainsi qu'ils s'était mis en route et étaient sortis des enceintes de la ville. Meïan ne pouvait s'empêcher de regarder autour d'elle s'attendant à voir surgir des zélotes près à la cueillir, mais rien de cela ne se produisit. Les faubourgs de ce côté de la ville étaient malfamées, mal conçus et ses ruelles étroites servaient de plaque tournante pour la contrebande et autres trafics suspects. C'était un moyen comme un autre pour éviter que la glorieuse Cydonia abrite ce genre de commerces que de le tolérer partiellement ici. On soupçonnait même l’existence de tunnel passant sous les murs de la ville et donnant sur des quartiers peu recommandables de la cité. Mais le fait n'était pas avéré. Bien évidemment il arrivait régulièrement que la garde fasse une descente dans les faubourgs, réalisent de sacrées prises et emprisonnent quelques trafiquants, afin de rassurer la population mais tout cela faisait parti du jeu.
Cet agglomérat de taudis venait finir sa course non loin de la carrière d'argile que Meïan était en en train d'explorer de long en large. Mais elle ne trouvait pas le moindre indice. Pourtant il était vital qu'elle trouve Lucius, non seulement pour se sortir de la situation dans laquelle elle se trouvait, car si les gardes ne s'embêteraient pas à lancer une traque pour quelques jinmens morts, ce serait autre chose pour un sénateur. Pire encore, cet évènements pourrait entraîner des représailles contre la minuscule communauté jinmen installée en ville, des actes de violence pourrait vite éclater contre les ressortissants de son peuple. Il fallait qu'elle le retrouve!
Ce fut finalement Zev qui fit bonne pêche, il s'était éloigné un peu de la carrière pour chercher de son côté, il revint tout content de lui mais peu rassuré et lui dit sous le ton de la confidence:
« Lorsque j'ai vu des mecs louches surveiller un entrepôt abandonné, ça m'a mis la puce à l'oreille, en soudoyant un type dans un bar alentour, j'ai appris que les locaux avaient été empruntés par des gars de l'alliance Ecarlate depuis quelque temps...
-Nous avons eux.
-Ils ont l'air nombreux en revanche... »

Mais Meïan n'écoutait plus, elle avait enfin une piste sérieuse. Son katana venait d'être remis à neuf et sa lame pouvait lui permettre de faire rentrer la situation dans l'ordre, elle n'en demandait pas plus! Si les choses avaient pu être aussi simples concernant sa disgrâce en ses terres natales! Il ne fallait pourtant pas qu'elle perde de vue que sa mort n'était pas une option, car si elle disparaissait maintenant, Rin serait assez folle pour vouloir rentrer à Hoshizora!

Modération Zihark : Attention, même si tu le joues très bien, je trouve que ton personnage pratique un peu trop le cydien à mon goût. Tu n'as pas Connaissance des Langues. De fait, même si tu as des notions, tu ne peux pas comprendre aussi bien ce que te dis ton camarade. Je laisse passer cette fois-ci parce que je trouve le tout bien agencé, mais fais attention à l'avenir. Wink

La confiance était un bien cher payé, l'appât du gain attirait les moins bons tandis que la couardise incitait les autres à dénoncer ce qui pouvait les sauver, après tout qui pouvait se prévaloir d'une fidélité sans limites mis à part les héraldiques ? Les politiciens étaient pour la plupart corrompus jusqu'au cou et Lucius n'échappait notamment pas à la règle, un homme perfide et cupide qui jouait de ses positions pour faire fortune plus ou moins légalement mais qui ne possédait pas la moindre once de courage en son sein. Il avait été l'un des mécènes de la jolie gardienne fut une époque mais il avait changé de bord, préférant soutenir l'éradication de l'Alliance Ecarlate plutôt que le soutien politique et militaire, cette dernière possibilité étant la plus houleuse des deux et la plus coûteuse politiquement parlant. Le vent de la chance tournait le dos au vieil homme, celui de la vengeance semant le trouble dans son esprit et plus encore dans celui de la gardienne, elle était déterminé à lui faire payer le prix de son affront, quitte à se déplacer elle même à Cydonia. La nuit étincelait d'un milliers d'étoile, un feu d'artifice pour les yeux mais la fête qui s'annonçait n'allait pas plaire à tout le monde, la confrérie réputée depuis la conquête de Tamawa comptait rendre visite au noble Lucius, une simple visite en tout amitié et en pure courtoisie, Scarlett possédant sa propre version de l'amitié et de la politesse soit dit entre nous. Il traînait là sur les docks, comme à son habitude, voguant de maisons closes à trafiquants en toute liberté, l'air guilleret il flirtait avec les catins de la maison "Aux 7 Mains" mais la suite n'allait sûrement pas être à son goût mais la gardienne s'en fichait, qu'il souffre davantage et elle porterait en elle un soulagement vouée à calmer sa colère montante.

"A vous de jouer mes fidèles compagnons, la chasse à commencer !"

L'eau des ténébreuses abîmes fit son entrée, non moins splendide, dans un fracas de vague et d'humidité, la noirceur du magicien avait fait son effet et le politicien était entre les mains de la confrérie, ou plutôt de ses eaux. Dark Rivers était un expert en magie et était l'un des pions essentiels au bon fonctionnement des attaques de la cydienne, elle l'appréciait et il le lui rendait plutôt bien. La prison aquatique formée par l'elfe tenait le politicien en place, il ne restait plus qu'à s'occuper des deux gardes qui le suivaient, un peu pris au dépourvu certes mais plutôt décidés à sauver leur patron ou plutôt à récupérer leur dû. La feuille du printemps Jinmen vint à se présenter, d'un coup net et précis elle trancha ce qui semblait l'un des deux hommes, elle avait perdu la vue mais son ouïe en avait été renforcé à juste titre et c'est pourquoi elle arrivait toujours à atteindre ses cibles, ou en tout cas celle que l'on lui désignait comme telles. Sakura Yang était la fine lame qui accompagnait l'élémentaire sans se soucier de la mission qui lui avait été confié, c'était une suiveuse et elle vouait une réelle affection pour celle qui l'avait recueilli quand le monde l'avait elle aussi délaissé. Elle offrit la mort au second des hommes et c'est au plus profond des eaux troubles qu'ils trouvèrent la paix, l'élémentaire aquatique étant du genre suspicieux et prévoyant.

"Scarlett nous attend, faisons vite. Suis les gouttelettes d'eau et rentrons à l'entrepôt, les larbins s'occuperont du reste. Notre mission touche à sa fin."

L'incarnation même de la mort se trouvait assise dans un semblant de sofa, à l'intérieur d'un vieil entrepôt de meubles appartenant au séquestré, elle se reposait et préférait rester sous couverture, du moins un temps assez long pour faire payer le prix de sa bêtise au sénateur. Un fracas, un sourire et des pas annoncèrent la réussite de la manœuvre et l'arrivée du politicien en berne, la joie pouvait se lire sur son visage mais elle avait une bien autre idée en tête que d'en finir tout de suite avec le traître.

"Lucius, mon vieil ami ! Que me vaut une si charmante visite ? Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas revus, que deviens-tu ? Pour ma part, tout se passe plutôt bien, mis à part un petit détail qui m'interpelle. Est-il vrai que l'homme corrompu que tu es, s'insurges des récents évènements et appelle à la guerre pour me châtier de mes crimes ?"

La tentation était trop forte, beaucoup trop forte pour ne pas être satisfaite. Elle se leva et d'un regards reniant tout respect et toute dignité, elle décocha un sulfureux coup de pied à l'homme agenouillé devant elle, qui demandant pardon, récolté la juste sanction de la traîtrise. Elle n'allait pas gaspiller davantage de son énergie à lui infliger sa sentence, elle souhaitait désormais obtenir les explications nécessaire à son jugement final.

"Nous naissons pour mourir, la seule volonté des dieux permet à tout un chacun de vivre plus ou moins longtemps. Si je suis là aujourd'hui, c'est pour te faire comparaître contre la sainte cour de la justice d'Azael, dont je me ferai la juge bien évidemment. J'ai prié quelques uns de mes hommes de se rendre à ton domicile afin de prouver ta disparition par une quelconque tromperie, je me permet d'ailleurs de faire comme chez moi, ta cave était beaucoup trop garnie pour un homme seul comme toi, tu m'en excuseras. Deux opportunités s'ouvrent à toi, la coopération et l'on n'oubliera tous les deux ce petit incident, ou dans le cas contraire, ta chute de la politique cydienne et de son aristocratie. Tu seras désavoué et jeté en prison, tout comme tu as cherché à mettre en déroute mes projets, je piétinerai les tiens. Coopères donc, il en est dans ton intérêt."

Un grognement sourd s'échappa de l'homme tandis que sa vie s'enfuyait lentement, guidée hors de son corps par la lame acérée du samuraï. Elle relâcha l'emprise sur sa bouche alors qu'il exhalait son dernier soupir et accompagna son corps dans la chute afin qu'il ne fasse pas de bruit. Zev avait bien essayé de la dissuader de tuer les gardes, que quelqu'un remarquerait forcément leur disparition ou qu'on les entendrait crier, mais Meïan avait fait la sourde oreille. Elle ne faisait pas cela de gaieté de coeur, prendre une vie n'était pas un acte anodin, mais leur neutralisation était indispensable pour l'exécution de leur plan. Elle avait brisé la nuque du premier garde sur le toit en se disant qu'au moins ceux-là méritaient leur sort.

Elle progressa à pas de loup sur la structure en bois, surplombant la porte de derrière, en dessous d'elle se trouvait deux mendiants. Du moins, c'est ce qu'ils auraient aimé que l'on croit d'eux, mais leurs manteaux camouflaient avec peine leurs armes. En un bond elle fut sur eux, transperçant d'un geste sûr le torse du premier garde qui se révéla être une femme, des gargouillis sourds furent sa seule réponse tandis que ses mains cherchaient dans un geste maladroit le manche de son arbalète. Le deuxième allait donner l'alarme quand le revers de la main de la jinmen vint percuter sa gorge, étouffant dans un hoquet sa vaine tentative. Il fit l'erreur de vouloir dégainer plutôt que se battre à mains nue, laissant une belle ouverture à son assaillante qui lui administra un violent coup au sternum, avant de lui envoyer une paume dans le nez. La vitesse d'exécution était impressionnante, il n'eut le temps que d'esquisser un geste vers son visage qu'elle lui frappait le genoux violemment de son pied lui faisant perdre l'équilibre. Elle en profita pour se glisser derrière lui et glissa son bras autour de son coup. L'étau se resserra brutalement, le privant d'air jusqu'à l'évanouissement et ses vaines tentatives pour s'extraire de cette emprise implacable ne changèrent rien à la donne. L'almer sortit de sa cachette aussi discrètement que s'il avait attaché des casseroles à ses chausses, il semblait à la fois surpris et presque peiné pour les pauvres bougres à ses pieds:
« Et bah putain, tu déconnes pas toi quand tu t'y mets! Rappelle moi de pas te mettre en colère!
- Toi mettre tenue eux, moi mettre le feu et passer par toit...
- Ouai ouai écoute, le plan est pas mal c'est sûr mais je suis pas certain que ce soit une bonne idée de foutre le feu. Tu comprends? Feu pas bien?
- Si feu bien! Comme ça eux... Panique? Panique! Et toi frapper eux quand eux sortent!
-Oui mais on risque de perdre le sénateur pendant ce temps. Sénateur en danger! Tu comprends danger! Ok ok! J'ai une meilleur idée. C'est moi qui prend la corde, toi tu mets leur bure et tu t'introduis à l'intérieur." Il accompagnait le geste à la parole comme elle fronçait les sourcils "Tu libères le sénateur pendant que moi je te couvre avec ça! » il ramassa l'arbalète tombée à terre et la brandit pour appuyer son propos: « Je tire sur eux" Il imita le geste de tirer pour se faire mieux comprendre "...puis je te balance la corde par la fenêtre, te hisse et le tour est joué! » Il montra la dite corde qu'il avait trouvé dans une cabane en ruine et dont on pouvait douter de la solidité. Elle n'avait rien compris mais hocha la tête, visiblement il allait tirer sur les gens à l'intérieur pendant qu'elle sortirait le sénateur.

Le toit étant composé d'une avancée assez large pour un homme, donnant sur les fenêtre qui étaient légèrement surélevés, son plan était tout à fait viable, aussi acquiesça t-elle. Le feu était une bonne idée aussi mais autant faire discret puisqu'ils le pouvaient, nul ne pouvait savoir combien d'autres membres de l'alliance Ecarlate traînaient dans les environs.
Un simple coup d'oeil au sang imbibant la tenue de la femme et elle choisit d'enfiler celle toute mitée de l'homme, un capuchon pouvait se rabattre ce qui lui serait pratique pour masquer son visage. Elle sortit de la poche de la femme un vieux parchemin qu'elle plia et le fourra dans sa manche et tenta de pousser la petite porte en bois mais celle-ci était fermée de l'intérieur. Elle frappa discrètement et un type à la face vérolée passa sa tête par la porte entrebâillée d'un air méfiant:
« Qu'est-ce tu veux?
-Message! » Répondit-elle en brandissant fièrement le parchemin plié
-Donne moi ça! »

Elle n'avait pas prévu qu'il ne lui laisse pas le porter elle-même, elle dû improviser faisant mine de lui donner le papier, elle l'agrippa et lui écrasa le visage contre la paroi en bois de l'édifice, elle profita qu'il soit sonné pour ouvrir la porte et lui administrer un coup de genou dans les parties génitale, avant de l'étrangler comme son collègue, jusqu'à l'évanouissement. La pièce où elle était devait faire office du bureau, mais elle était à présent presque vide, il n'y avait personne, mais à mesure qu'elle pénétrait à l'intérieur, des voix lui parvinrent de la salle d'à côté, celle d'une femme, forte et assurée, ainsi que celle d'un homme, suppliante, brisée... Lucius! Il n'était plus qu'à quelques pas d'elle et de sa libération.
Étrangement la jinmen était assez sereine, malgré l'adrénaline, elle s'apprêtait à combattre, chose à laquelle elle était préparé depuis ses plus jeunes jours. Pourquoi aurait-elle été paniquée à l'idée de faire son travail? Elle espérait juste que Zev remplirait sa part du contrat, la fuite risquait d'être précipitée. Lorsqu'elle pénétra dans la grande pièce, elle analysa très vite la situation, trois ennemis, dont une jinmen avec un bandeau sur les yeux et... A en juger par le trône et la façon dont elle se comportait cette superbe femme devait être leur chef. Ceci était une information plus qu'intéressante, dans bien des situations, abattre le chef, c'était gagner la partie. Elle décida de changer ses plans alors que cette dernière se tournait dans sa direction d'un air intérrogatif. Lucius était là aussi, à genoux tout tremblant, offrant un spectacle pathétique.

Elle tendit à nouveau son message factice sans dire un mot, son jinmen étant trop reconnaissable et avança en le tendant de la main gauche dans la direction de la brune aux yeux bleus dont le regard semblait pouvoir voir à travers le lourd capuchon que Meïan avait enfilé pour masquer son identité. Mais alors qu'elle était à quatre pas d'arriver à sa hauteur, la jinmen aux yeux bandé dégaina sa lame et trancha. Le bruit des lames s’entrechoquant résonna dans la pièce comme le samuraï avait dégainé et paré dans le même geste. Comment l'avait-elle percé à jour, c'était un mystère. Mais la réaction de Meïan fut extrêmement rapide, d'un geste elle envoya son déguisement au visage de l'elfe qui était en train de magouiller un truc avec ses mains. Et elle esquiva le coup suivant de la jinmen, en effectuant une roulade qui l'amena à portée de la reine de l'alliance, son katana en suspens contre sa gorge.
Tout le monde se figea, excepté la jeune femme qui semblait très amusée de la situation en dépit de la lame posée contre son anatomie, elle n'avait d'ailleurs pas esquissé le moindre geste en direction de sa propre épée. Cet excès de confiance mis à mal la conviction de Meïan en son plan improvisé, elle comptait en faire son otage. Du moins jusqu'à ce que Zev intervienne et élimine un de ses ennemis, à deux contre un, elle aurait ses chances, surtout que Zev après avoir rechargé pourrait à nouveau l'aider. Elle énonça sa façon de voir les choses avec son accent à couper au couteau et sa prononciation défaillante, mais sa détermination était visible:
« Vous liberer sénateur! Tout de suite! »

Les choses pouvaient se dérouler très simplement, seulement, l'expression étrange qui se lisait sur le visage de la brune était peu rassurante, elle ne semblait pas intimidé du tout, au contraire le spectacle avait l'air de la ravir.

Chaos, destruction et tyrannie étaient sans compter les plus affables des adjectifs utilisés pour décrire la jeune gardienne mais elle n'avait pas démérité ces qualificatifs, elle était la reine de la Mort et celle qui avait mis à ses pieds Tamawa. Tous tremblaient à son nom désormais mais peu la connaissaient véritablement, elle était bonne envers ceux qui la servait et punissait ceux qui entravaient sa sainte croisade pour la reconquête de l'Ancien Empire. Elle se délectait d'être la joueuse et d'enfin pouvoir manipuler ses pions pour gagner la partie, on ne lui avait jamais laissé l'opportunité et elle avait plutôt l'air de bien se débrouiller pour le moment. Néanmoins, les pions n'avaient de valeurs que s'ils s'avéraient utiles et l'élémentaire ne possédait pas un jeu des plus garnis, une bande d'imbéciles plus incompétents les uns que les autres peuplait le gros de son armée et leur faiblesse n'avait de cesse de la décevoir, une intrusion dans son repère venait de se produire mais elle n'était pas en reste, c'était plutôt réjouissant de rencontrer un tant soit peu de difficulté et puis elle ressentait le besoin de manier sa lame, l'appel du fer résonnait au fin fond de son coeur.

"Qui es-tu ? Une camarade de notre très estimée Sakura ? Tu me plais bien mais ne crois pas ta victoire acquise. Je suis Scarlett, Gardienne d'Azael et Reine de Tamawa !"

Elle inversa la situation avec une grâce digne des plus grands, la fourberie étant l'instrument du pouvoir, elle prenait à coeur son titre et faisait de son mieux pour en porter haut les couleurs mais sa vocation pour l'obscurité et la terreur s'alliait bien plus à la dictature. La nature préconisait aux hommes de se montrer prudents et sages, Scarlett réfutait ces conseils et préférait la provocation qui convenait davantage à son tempérament de fougueuse solitaire. Un carreau d’arbalète vint se poser dans la cuisse de la Jinmen, lui imposant une certaine déstabilisation et le sourire en coin, Scarlett offrit à son hôte le spectacle de sa lame, pas après pas elle s'approchait de l'adversaire et la lumineuse plaque de métal allait faire tinter de son courroux sanguinaire.

"Puissante est la force de l'habitude, espérons que je n'ai pas perdu la main ! Souviens toi que comme tout mortels, un jour tu périras de la main d'un dieu. Je suis l'épée d'Azael et je transperce les ennemis de son ordre, de la mesure en tout chose j'apporte. "

La terreur incarnée par la brune aux deux pupilles bleues n'allait pas faciliter la mission presque suicidaire de son interlocutrice. Elle entama le combat dans un cliquetis de ferrailles entraînant parades et contre attaques fulgurantes, l'élémentaire avait toujours autant de talents à la manipulation de l'épée et elle s'en sentait comme rassurée. La créature née des entrailles de la terre sentait le combat trop long à son goût, il était de mettre un terme à cet amuse bouche de choix et il n'y avait pas trente six solutions, elle allait devoir tirer sa carte Joker.

"En changeant ce qui doit l'être, j'arrive à changer de nombreuses issues. Celle de ce combat risque de te déplaire mais je ne peux faire autrement, j'ai à faire et la vulgaire punaise que tu es me fait perdre de mon temps, si précieux puisse t'il être. Je suis non inégal à plusieurs, saches t'en souvenir à l'avenir. Grant, finissons en veux-tu."

Un second carreau venu d'on ne sait où vint se planter dans l'épaule de la Jinmen, elle était hors d'état de nuire pour le moment et la cydienne allait pouvoir poursuivre son entrevue avec le vieux sénateur corrompu. Grant Longuefois étant sans aucun doute l'unique conteur de la confrérie mais il était le favori de la gardienne, c'était en tout cas ce qu'elle se plaisait à lui faire croire pour préserver l'amour que l'almer vouait à sa tendre gardienne bien aimée.

L'intervention qu'elle attendait de Zev ne fut pas celle que Meïan avait escompté. Elle ne fit pas immédiatement le rapprochement entre la douleur vive qui venait de se manifester dans sa cuisse ainsi que le choc provoqué par l'impact et son comparse. Ce n'est qu'en posant les yeux un bref instant sur le carreau fiché dans sa jambe qu'elle comprit la duperie. Depuis le début ce scélérat la baladait, il avait dû voir qu'elle ne lâcherait pas le morceau et avait prévu de lui tendre un piège plutôt que d'attendre qu'elle leur tombe dessus par ses propres moyens. Pas bête mais tout sauf digne d'un vrai guerrier.

La femme avait profité de ce moment d'inattention pour dégainer sa lame et faire opposition à la sienne, durant ce laps de temps elle n'avait arrêté de palabrer, seulement voilà si en temps normal quand Meïan pigeait un mot sur cinq, on pouvait s'estimer heureux, dans ces circonstance c'est tout l'étendu de la prose de la sorcière qui lui passa au dessus. Si bien que la jinmen ne put conclure autrement que par:
« Toi parler trop! Bouche être porte de désastres»

Et elles entamèrent le combat sur ces belles paroles très spirituelles, difficile de traduire littéralement ce proverbe jinmen tout en gardant son sens, mais il n'était pas très important que ses interlocuteurs l'aient compris. Meïan constata avec soulagement que les autres combattants ne se joignaient pas à la danse. Cependant force lui fut d'admettre que la reine de l'alliance Ecarlate savait s'y prendre avec une arme. Avec le carreau fiché dans sa cuisse qui limitait ses mouvements, elles faisaient jeu égal. A chacun de ses gestes, il venait se rappeler à son bon souvenir et entravait la fluidité de son escrime. Si bien qu'elle conclue qu'il allait falloir le retirer afin de pouvoir la vaincre. Elle devrait faire vite car alors son sang allait couler plus abondamment et l'hémorragie ne mettrait pas longtemps à lui faire perdre connaissance. Mais si elle jouait bien son coup elle pourrait se débarrasser de plusieurs adversaires avant que cela n'arrive. Elle allait profiter de l'occasion comme la brune se remettait à parler de manière théâtrale, saisissant le carreau à pleine main. Mais alors qu'elle allait tirer d'un coup sec, un autre trait vint la percuter à l'épaule et elle tomba à genoux sous le choc, la respiration coupée. Zev... S'il y a une formulation que la jinmen avait appris très tôt après son arrivé à Cydonia, c'est bien celle qui lui vint à l'esprit à cet instant:
« Zev! Sale fils de p*** ! »

Quel que soit l'endroit où l'on vient habiter, ce sont toujours les insultes que les autochtones croient bon de vous apprendre en premier, Cydonia, malgré son image de ville raffinée ne faisait pas exception. Déjà plus personne ne faisait attention à elle, la lueur d'espoir qu'avait suscité son apparition chez le sénateur avait cédé à une peur panique à la vue du sang et de la déconfiture de sa plus fine lame. Il se ratatina littéralement quand les yeux bleus se posèrent à nouveau sur lui:
« C'est bon! Je... Je ferais tout ce que vous voudrez! Pitié! Ne me faites pas de mal, je vous obéirais! Laissez-moi partir de grâce! Pitié, ne me faites pas de mal!»

Son laïus ne semblait pas vouloir en finir, de son côté Meïan, peu désireuse de s'avouer vaincu tenta de se relever, mais alors que ses mains quittait le sol et qu'elle reprenait pied, sa compatriote ayant remarqué son manège, lui administra un coup de pied retourné qui la renvoya au sol manu militari. Visiblement, ils n'avaient pas l'intention de la tuer tout de suite, ils en avaient eu l'occasion et n'en avaient pas profité. La jinmen avait entendu que son employeur était en train de supplier leur chef de l'épargner mais elle n'avait pas vraiment comprit la nature de leur relation ni ce que l'alliance Ecarlate attendait de lui. Pour tout dire elle s'en fichait, sa mission était de protéger cet homme et elle avait échoué. Pourtant, elle ne prenait pas comme un déshonneur sa défaite car elle avait été vaincu de manière déloyale, en revanche cela la peinait de mourir sans avoir mis Rin à l’abri. Elle lui avait apprit à se défendre et espérait qu'elle irait à Muria sans elle, ainsi la mission de Meïan serait accomplie.

Cette proie avait été plutôt simple à mettre hors d'état de nuire pour tout dire, elle avait certes subis la sournoiserie de la cydienne mais qui ne pouvait l'être en pareil situation ? Elle n'avait pas le temps de jouer et tous les coups sont permis lorsqu'il s'agit de mettre à bien une mission d'une si grande importance, ce cloporte avait ébranlé les projets de la jeune femme et elle comptait bien lui rappeler ses devoirs s'il tenait au peu de vie qu'il lui restait. Scarlett n'était pas venue le tuer mais cette option n'était pas à négliger, elle souhaitait simplement le remettre sur le droit chemin pour éviter toute récidive. Le vent de la peur soufflait comme un courant d'air sur les épaules du sénateur, il ne savait plus quoi dire et sa langue pourtant si fourchue peinait à se délier, c'était une scène des plus amusantes pour la terreur noir de Tamawa.

"J'hésite entre ta tête ou tes pieds à vrai dire. Que pourrai-je couper ? Ta tête m'horripile mais ma bonté souhaite simplement t'empêcher de courir à tous les coins de rue pour nous dénoncer. Dit moi que faire, dois-je donc être bonne après tout ce que tu m'as fait ? Tu nous as trahis, ce n'est pas honorable de ta part."

Un sourire endiablé digne de la pire des succubes se dessinait sur le contour des lèvres de la jeune femme, elle aimait le pouvoir et elle en abusait en toute occasion. La gardienne s'épanouissait dans ce rôle qui lui allait si bien, la prestance d'une reine lui était accolée et elle animait d'une force maléfique ses troupes de sortes qu'ils soient motivés en toute situation. Elle se débrouillait pour survivre en toute circonstance, elle avait le sens de la répartie et la fibre de l'éloquence s'imprégner en elle jours après jours, être reine était une fonction qu'elle arborait avec un plaisir non dissimulé.

"Grant, amène moi la piètre guerrière que tu as amoché je te prie. J'aimerai en savoir plus à son sujet, servir un homme tel que lui, j'en rigole encore au plus profond de moi !"

Sa chevelure noir comme la nuit descendait en cascade sur ses épaules, c'était une belle femme à y regarder de plus près, un visage frôlant la perfection mais une raison si impie la tendait vers l'imperfection, selon les points de vue bien évidemment. Sa victime était amenée de force au pied de la grande reine, on ne lui avait pas laissé le choix et puis après tout c'était normal, elle était prisonnière et coupable d’agression envers la haute personnalité qu'était Scarlett.

"Je suis déçue de l'accueil que tu m'as réservé demoiselle. T'attaquerais-tu à ton empereur d'une telle façon ? Je ne pense pas, alors saches qu'ici l'on se doit de respecter les dirigeants en fonction. Enfin ça dépend des personnes mais j'imagine que tu es ce genre de guerrière honorable en tout point, non ? Je réfléchis encore à ta peine, mérites-tu la pire des sanctions ou trouverais-tu un moyen d'obtenir mon pardon ? Mon coeur balance, saches peser les choses pour amener cela en ta faveur."

L'élémentaire avait reprit place dans son semblant de trône, elle y était confortablement installée et se plaisait à observer sa cour du haut de son piédestal. Personne ne la dépassait, Grant n'était certes pas plus petit mais il était assez pour ne pas faire d'ombre à sa maîtresse et cela réjouissait la cydienne qui avait soif de pouvoir, après tant d'années de soumission auprès d'une injuste société qui ne l'avait jamais accepté.

L'homme politique, blême, ouvrait et refermait la bouche sans qu'un son n'en sorte, tétanisé à l'idée de mourir ou de voir son intégrité physique atteinte de la sorte. Une bête effrayé, n'ayant plus rien d'humain déformé ainsi par la peur, voilà ce qu'était devenu le brillant orateur. Sa sueur perlait à grosses gouttes et il dût réunir tout son courage pour articuler sans bégayer son plaidoyer pour la vie:
« Oh... Puissante Reine, pardonnez-moi, je ne savais... Je me suis égaré... Mais je vous jure que je vous servirais à présent.. Je serais votre plus loyal serviteur, de grâce! Vous ne le regretterez pas, je vous offrirez le sénat sur un plateau!»

A en juger par sa physionomie, il aurait vendu père et mère en cet instant pour sauver sa peau et ses genoux, mais comment savoir qu'il ne retournerait pas sa veste ultérieurement? La peur de revivre cet instant? Probablement... En tout cas pour l'heure, difficile de douter de son honnêteté. La volonté de cet homme n'était plus. Il sembla encore plus fébrile lorsque la reine reporta son attention sur la rien du tout qu'il avait engagé comme garde du corps, il voulait qu'elle le regarde et qu'elle lui accorde son attention sinon comment la convaincre, il puait la peur et faisait peine à voir en cet instant.

Contrastant nettement avec son employeur, le regard de la jinmen semblait tout sauf vaincu, c'est avec de la haine à l'état pure qu'elle considérait celui qu'elle pensait être son allié quelques minutes plus tôt. Celui qui l'avait trahi, la fauchant dans le dos. Une telle lâcheté ne pouvait que révolter cette âme guerrière imprégnée de codes et de rituels faits pour donner la mort de la manière la plus noble qui soit. Alors qu'il l'amenait vers Scarlett, elle l'interpella en jinmen, se moquant qu'il comprenne sa phrase ou non:
« Tu devrais me tuer Zev. Car par ma foi, je m'engage à te traquer et à te donner la chasse! Nulle cachette ne te protégera de mon courroux! »

Elle aurait bien joint les actes à la parole, mais elle était désarmée, blessée et il la maintenait avec une poigne de fer. Sa force était bien supérieur à celle de la guerrière, impossible d'échapper à son étreinte. Et déjà la Reine Ecarlate la noyait sous un flot de paroles dont une sur deux dépassèrent sa compréhension du Cydien. Elle était impériale et la toisait comme on contemple un vulgaire insecte. Malgré sa beauté, son air dédaigneux et hautain rendait son visage abjecte. Meïan comprit qu'elle lui demandait quelque chose en échange d'avoir la vie sauve. Quoi? Elle ne l'avait deviné, mais cela importait peu, la samuraï ne quémandait pas pour vivre, pas plus qu'elle ne marchandait avec les lâches et les criminels.

Tout ce qu'elle avait fait, c'était accomplir son devoir, elle avait été engagé comme mercenaire pour protéger le sénateur et s'était bien gardée de se mêler de ses affaires ou de s'intéresser aux histoires de corruptions l'environnant. Elle était payée pour veiller à sa survie et c'est en réalisant cette tâche qu'elle était tombé, de ce côté aucune honte pour elle, mis à part qu'elle avait échoué. Et le fait que ses chances de réussite étaient nulles ne rentrait pas en ligne de compte. Elle aurait dû être plus attentive et se rendre compte de la duperie de Zev, ou Grant, enfin peut importait son nom finalement. Elle ne détourna pas les yeux alors que la fanatique la transperçait du regard, bien au contraire, elle le soutint, puis elle répondit d'une voix ferme:
« Je pas rechercher pardon! Je préférer mourir que de salir moi!
-Idiote! Ferme la! Tu vas nous faire tuer tout les deux! Ne l'écoutez pas ma Reine, elle fera ce que vous désirez! Ce n'est qu'une mercenaire! Je ferais en sorte qu'elle obéisse!
-Moi pas servir criminels! »

Meian n'avait jamais eu de griefs particuliers pour son patron, il payait bien et ne lui avait jamais rien demandé de déplacé. Mais en cet instant c'est avec mépris qu'elle le dévisagea, ne masquant pas le dégoût qu'il lui inspirait. Elle ne pouvait pas concevoir que l'on puisse se rabaisser plus bas qu'une limace pour conserver sa tête, cela lui paraissait aberrant. Bien sûr, la jinmen avait peur tout comme lui, mais elle savait se tenir et masquer ses émotions, elle ne voulait certainement pas donner cette joie à son adversaire que de lui montrer son désarroi. Elle se dégagea de l'étreinte de Grant qui, sentant qu'elle devenait de plus en plus faible, ne l'avait plus estimé dangereuse, ayant envoyé son wakizashi rejoindre son katana au sol. Elle fit un pas en avant et de sa main valide, elle écarta légèrement les pans de son kimono dévoilant son coeur. Ces fous servaient selon eux le dieu de la mort, et bien elle était prête à le défier pour prouver son courage et sa volonté de demeurer incorruptible.

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