[ ... ]

Il fut un temps où les îles Nua vivaient en paix, loin du tumulte d'Azthia et de ses riches cités, le peuple sauvage vivait au jour le jour, sans se soucier de ses lointains cousins de la terre. Si Titouan fut l'un des premiers à faire poser barque sur les rivages des îles Nua-Ty, il ne s'intéressa cependant que très peu à ce peuple indiscipliné et totalement livré à lui-même et ne parla même pas de la découverte de ses gens. Ce fut Tùtnesi qui rapporta la nouvelle de l'existence d'un peuple nouveau, totalement acculturé et in-civilisé mais le puissant ne vit pas là l'occasion d'étendre la culture Almer, bien au contraire, il trouva en ce nouveau peuple un moyen de favoriser les siens. Une main d’œuvre gratuite et totalement soumise, telle fut le destin des Nuas sous son règne. Nombreux furent ceux qui moururent sous les coups du fouet ou plus simplement des maladies apportées par ce peuple venu des terres. L'insupportable chaleur et le travail harassant eurent raison de nombreux autres et une haine profonde grandi entre ceux que l'on appelait les « sauvages » et ceux qui s'estimaient les « sauveurs ».

Telle était la situation lorsque le jeune Thétis fut nommé P'yra. Fort de son éducation et de la passion de sa mère pour les cultures étrangères à la leur, le jeune Almer n'avait pas la même aversion pour ce peuple dit sauvage venu des îles. Loin de pouvoir réparer l'erreur de son père, il avait cependant à cœur de faire mieux que lui, d'établir un climat de paix et surtout, d'avoir meilleure image car il était temps que l'esclavagisme appartienne au passé. Le peuple Almer était fort et fier et n'avait guère besoin d'une telle épine à son pied. Ce fut sans doutes la raison, entre autres bien plus politiques, qui poussa le jeune homme à prendre contact avec sa cousine, Cira. Première fille de sa tante, la jeune femme avait bercé son enfance d'histoires en tout genre jusqu'à son entrée à l'école du Bénu. Cira était également très proche du peuple Nua et pour diverses raisons d'ailleurs mais plus encore, elle adorait ces gens et les connaissaient mieux que quiconque. Il ne fallut guère longtemps au jeune P'yra pour voir en elle l'opportunité rêvée de racheter les fautes de son père. Se détacher de l'image de Tùtnesi semblait être une obsession pour lui si bien qu'il proposa son initiative au Tribunat quelques semaines plus tard, par un beau jour d'été. La première convaincue de l'intérêt d'une telle expédition fut bien entendu Nalween, Soren et Meliant ne voyant que peu leur intérêt là dedans. Eléa quant à elle se méfiait toujours du P'yra, parce qu'il était un homme mais plus encore parce qu'il était ambitieux et malin aussi demanda-t-elle que le Temple fut mis au courant et bien entendu, Thétis avait déjà pris les devants.

Nalween aurait très certainement rêvé d'y participer elle-même cependant, elle était consciente que ce n'était pas sa place aussi préféra-t-elle demander à la conteuse Coralynn de rejoindre l'expédition au nom de son peuple. La jeune femme lui était apparu en songe tandis que Silmaria elle-même tentait de la prévenir d'un danger aussi l'ancienne Grande Prêtresse avait-elle toute confiance en cette conteuse et quoi de mieux pour Coralynn que de nouvelles histoires à raconter ? La jeune femme, excitée, ne tarda pas à rejoindre la Lumineuse après avoir reçu la missive personnelle de l'Elfe (envoyée à Silmarie au domicile officielle de la conteuse bien entendu). Elle passa cependant par une boutique de fleurs de sa cité natale et y rencontra Elena. Les deux jeunes femmes repartirent vers la cité neutre. Au Temple, un jeune maître avait récemment ramené avec lui une petite Nua délivrée de son mauvais sort dans le désert. La jeunette, du doux prénom d'Heifara, était semble-t-il un peu sauvage certes mais très douce et gentille, sans doutes ne tarderait-elle pas à prendre son propre envol une fois remise. Mais voilà qu'une idée saugrenue passa par la tête de celui qui l'avait sauvée, puisqu'on cherchait un Templier pour encadrer une expédition Almer en direction des îles Nua-Ty, pourquoi ne pas y emmener la jeune fille ? Sans doutes rêvait-elle de retourner dans ses terres natales. Le Conseil trancha en sa faveur et le Templier prit la route avec sa protégée et sa jeune apprentie, Ashelia.

4 Soufflevent.
Le jour J, celui où tous ceux qui avaient été conviés devaient se retrouver au Tribunat. Thétis n'avait cependant pas souhaité les recevoir lui-même, conscient de l'intérêt de faire passer l'expédition pour une œuvre altruiste et surtout, désireux de ne pas renvoyer la même image que son père qui faisait toujours passer ses propres intérêts avant ceux des autres. Ainsi, ce fut dans un magnifique salon que furent conviés les quatre invités qui pour la première fois se rencontrèrent. Cira n'était pas encore présente et personne ne connaissait d'ailleurs son identité, tous n'ayant été convié que sur la proposition de Thétis pour les uns et Nalween pour les autres. Une bien belle aventure débutait !

[ Je pense faire deux à trois tours dans le Tribunat pour que tout le monde discute un peu avec tout le monde avant de partir ensuite pour les îles. Le voyage vers les îles ne sera pas joué en revanche. Pour ce premier tour, je vous laisse libre, la seule chose étant que Heifara et Ashelia ont fait le voyage ensemble avec le maître Templier (à qui tu devras donner un nom Ashelia).
Le premier tour consiste à décrire le voyage vers Erathia ainsi que le moment où vous apprenez la nouvelle jusqu'au moment où vous allez au Tribunat (sachant que dans ce premier tour, à la fin, vous pouvez converser avec ceux déjà présents dans le salon du Tribunat, c'est même le but). Le deuxième tour aura pour objectif que vous fassiez vraiment connaissance et j'introduirais Cira à la fin du deuxième tour je pense. Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! ]

[Navrée, le début est un peu HS, je me suis laissée emportée ^^']

Un dernier coup de pinceau trempé d’encre noir sur le cadre tendu de toile compléta finalement la représentation du temple d'Esra. Coralynn soupira, heureuse d'avoir enfin terminé, et contempla quelques instants sa nouvelle œuvre avant de ranger le bazar autour d'elle. Elle avait travaillé à partir d'esquisses, préférant éviter de poser son chevalet sur la place très passante devant le temple pour ne pas être dérangée, ni qu'un maladroit ne vienne la bousculer provoquant en déviant sa main un trait d'encre indélébile qui aurait massacré le tableau. C'est pour cela que la pièce ou elle travaillait était épinglée de nombreux croquis réalisés sur place représentant des détails d'architecture, la silhouette générale ou encore certaines des statues sur le parvis. On y voyait aussi plusieurs s des travaux préparatoires effectués par l'artiste pour affiner, simplifier au maximum l'image du bâtiment, cherchant à l'épurer tout en conservant son identité, à la manière des estampes Jinmen. Elle revenait en effet d'un long séjour d'un an et demi chez ce peuple où elle avait appris chez différents maitres les subtilités de cette technique. Elle avait adoré ce voyage, la culture de ce peuple, leur philosophie si différente de la leur, leurs contrés, et sans doute aussi le fait que tout reste à découvrir d'eux ou presque. Il avait cependant bien fallu les quitter un jour, le mal du pays se faisant un peu ressentir finalement, mais elle s'était juré d'y revenir et ce serait sans doute aisé grâce aux multiples tableaux qu'elle avait ramené de là-bas ainsi que sa maîtrise du voyage par image.

Elle avait maintenant fini de ranger et la pièce avait retrouvé son aspect initial. C'était un grand atelier aménagé sous les toits baigné par la lumière des nombreuses lucarnes qu'elle avait fait percer das la toiture. La charpente apparente et le parquet clair au sol lui donnait un air chaleureux. La conteuse accrocha alors la toile au fond de la pièce où elle sècherais mieux et recula pour l'admirer. Les courbes qui composaient l'ensemble étaient harmonieuses et elle trouvait sa contemplation étrangement apaisante. Peut-être l'apporterait-elle au temple en offrande...

C'est à ce moment là que tinta la cloche de l'entrée, annonçant l'arrivée d'un visiteur. L'elfe descendit à toute allure l'échelle de meunier qui conduisait à l'atelier et traversa sa maison à la hâte.
Sur le parvis de la maison se tenait un jeune coursier à l'air malicieux qui lui tendit une missive avec un sourire charmeur. Coralynn récupéra la lettre, remercia le messager en lui donnant un pourboire et le laissa s'en retourner d'où il venait tandis qu'elle fermait la porte et observait le courrier en tout sens. Le sceau cachetant l'enveloppe ne lui était pas inconnu : c'était celui de l'ex Grande Prêtresse Nalween. Que pouvait-elle bien lui vouloir ? Elle était désormais Tribun à Erathia ce qui faisait que les deux femmes ne s'étaient pas croisées depuis fort longtemps. Enfin, elle en saurait plus dés qu'elle aurait ouvert la missive. La conteuse se la décacheta d'un geste sec et se plongea dans sa lecture.

Elle en ressorti quelques instants plus tard avec un air jubilatoire : Nalween lui demandait si elle acceptait d'être la représentante des elfes au cours d'une expédition ayant pour but d'approfondir la connaissance de la culture Nua ainsi que de resserrer les liens entres les habitants des îles et ceux du continent.
Coralynn était aux anges : à peine avait-elle appris à connaitre chez les Jinmens un peuple fascinant qu'on lui proposait de faire de même avec un autre, et cela promettait d'être tout aussi intéressant.

C'est donc avec joie qu'elle rédigea une réponse enthousiaste à la Tribun pour lui indiquer qu'elle s'acquitterait de la mission confiée avec plaisir et qu'elle ne manquerais pas de lui faire un compte rendu détaillé du voyage et des différents évènements rencontrés.
Puis elle entrepris de préparer le voyage en question, la date de départ prévu étant assez proche et il lui fallait encore gagner Erathia. Ce n'étais certes l'affaire que de quelques jours, mais elle préférait prévoir une marge de sécurité, hors de question de rater le dpart simplement à cause d'un retardement quelconque.
Le lendemain de la réception de la missive donc, elle parti au marché acheter des provisions pour se rendre à Eratia, ou elle aviserais pour se procurer ce qui serait nécessaire pour gagner les îles, bien qu'elle suppose que ce genre de détails pratiques seraient probablement pris en charge par les organisateurs de l'expédition. Elle racheta aussi des carnets de croquis et du matériel de dessin de voyage afin de pouvoir croquer tout ce qu'elle verrait qui lui semblerait remarquable. Elle passa enfin dans une boutique de fleuriste/herboriste pour racheter quelques produits cosmétiques qui lui seraient nécessaire pour la durée du voyage. En discutant avec la propriétaire de la boutique sur les raisons de l'achat d'un si grand nombre de produit, Coralynne se retrouva à étaler son projet de futur grand voyage en terre inconnu. Elle appris ainsi que la sœur de la vendeuse, une certaine Elena, était une Nua , et la fleuriste pensait qu'elle pourrait grandement être intéressée par cette expédition. La conteuse ne pu s’empêcher d'offrir à la Nua en question de se joindre à elle et au reste de l’expédition, lui indiquant le jour et le lieu prévu pour le point de départ, ainsi que le jour et l'heure à laquelle elle-même comptait partir. Si jamais la jeune femme acceptait de se joindre à elle elle pourraient apprendre à se connaitre le temps de voyager jusqu'à Erathia. Et le temps passé à deux est souvent plus enrichissant que celui passé seul.

***

4 Souflevent ~
Au Tribunat, le grand jour était arrivé. Elena et Coralynn se tenait dans le grand salon réservé pour leur accueil et elles y attendaient les autres membres de l’expédition. L'elfe avait eu un bref entretiens avec Nalween la veille, où elle l'avait assuré de sa motivation et renouvelé ses promesses de la tenir au courant et de lui faire parvenir aussi régulièrement que possible des nouvelles du voyage. La Tribun l'avait en échange informé de ce qu'elle savait sr le déroulement de l'expédition, c'est à dire pas grand chose...
Actuellement, la conteuse rêvassait, songeant aux découvertes futures tout en contemplant attentivement les différents tableaux décorant la pièce d'un coup d’œil appréciateur. Elle ne sortie de ses pensées qu'à l'arrivée d'un homme qui se présenta comme étant le représentant des templiers, et de deux femmes qu'il présenta comme étant son apprentie dune part et une invitée (*Une autre nua ?* s'interrogea la jeune elfe).

" Enchantée de même de faire votre connaissance. Nayez crainte pour moi, le voyage est une habitude : je suis conteuse itinérante, mon nom est Coralynn de Cortavar et je suis ici en qualité de représentante du peuple elfe dans cette expédition. La demoiselle à mes cotés est avec moi."

Elle laissa à Elena le soin de se présenter elle même, puis s’avança et repris la parole :

" Savez-vous par hasard si nous attendons encore d'autres personnes ? Votre invitée est-elle la guide qui dois nous conduire en ces contrées ? "

[Elena, je te laisse libre de décider si nous avons fait le voyage ensemble car je n'ai pas décris ce passage.
Ashelia, juste pour info, Elena est Nua et n'a donc pas trop l'apparence d'une cydienne (cf fin de ton post)]

La soeur d'Elena, Danaë, était vraiment une excellente commerçante. Au delà de sa gentillesse et de sa patience exemplaires envers la clientèle, elle savait trouver les mots qui feraient qu'un simple acheteur occasionnel repassera sûrement dans sa boutique plus tard. Ce petit quelque chose qui plait aux clients et qui les incite à revenir, et même à devenir fidèles à la fleuriste. Il s'agissait de livrer une maman déjà chargée d'enfants, de citer quelques propriétés médicinales des plantes qu'un érudit viendrait d'acheter... de proposer à une itinérante que sa chère et tendre soeur l'accompagne à la découverte des îles nuas... Décidément, Danaë trouvait toujours le détail qui plairait aux clients. Elle était vraiment, vraiment trop serviable...

« Il est hors de question que j'aille me joindre à une bande d'inconnus pour faire du tourisme !
- Il ne s'agit pas de faire du tourisme mais d'entreprendre un voyage initiatique qui t'enseignera ce que tu es et d'où tu viens.
- Et il se trouve que je viens de Ptot Tàh ! Je ne sais pas si moi je sais qui je suis, mais visiblement toi, tu as du mal. Peut-être qu'il vaudrait mieux que tu fasses cette expédition pour en apprendre plus sur moi, finalement.
- Ne joue pas sur les mots, Elena ! Tu es peut-être née à Ptot Tàh, mais tu es Nua, enfin ! Tu n'es pas curieuse de connaître d'où vient ta famille ?
- Tu es vexante. Ma famille est là, sous ce toit, dans ce manoir, à Silmarie.
- Oh, mais je sais bien ma chérie, je sais bien ! Je voulais parler de tes origines. De ton sang.
- J'en ai rien à faire.
- Fais le pour moi, s'il te plaît... ? Je suis intimement persuadée que ça te ferait le plus grand bien. Fais moi confiance. Ou fais moi simplement plaisir. Mais vas-y.
- …
- Elena ?
- Ce que tu peux être insupportable ! »

Et voilà que la danseuse se retrouvait à boucler ses paquets en ronchonnant contre sa soeur et ses idées si géniales. Ce n'est pas parce que Danaë commençait à prendre racine dans sa boutique de fleurs qu'elle devait parcourir le monde à sa place ! « Fais moi plaisir,gnagnagna... » Puisqu'elle lui avait expliqué que ça ne l'attirait pas de voir les îles nuas ! Elle ne ressentait aucun besoin de connaître ses origines, c'était quoi cette nouvelle obsession de sa soeur ? Car ce n'était pas la première fois qu'elle essayait de l'envoyer en territoire nua. Elle et sa psychologie à deux Talents... Après le meurtre de Jilano, par exemple. Danaë avait tout à coup eu la brillante idée d'aller se ressourcer dans les îles... Aucun rapport avec le fait qu'Elena venait de tuer son maître et amant. Non, aucun, quelle question !

Il n'empêche qu'elle se sentait bien bête. Car malgré ses critiques envers sa chère soeur, Elena venait de terminer de préparer ses affaires de voyage et était sur le point de partir. Elle chargea sa charrette de paquets contenant des tenues de rechange, mais aussi des sacs de vivres, des couvertures et de quoi établir un campement. Danaë lui avait aussi un kit de survie. Rien à voir avec une trousse à maquillage (ça, c'était plutôt le kit de survie de la fleuriste !). Enfin, vous pouvez toujours vous passer du poison sur l'oeil, mais je ne vous garantis pas le résultat... L'attelage était fin prêt. Plus qu'à dire au revoir. Elle enlaça longuement Danaë, la maudissant une dernière fois, mais lui promettant d'être vite de retour et de lui écrire si elle pouvait. Voilà pour sa soeur. Maintenant ça se compliquait...

Le coeur lourd Elena monta le monumental escalier qui menait aux appartements de sa mère. Doucement, elle frappa le battant de la porte. Sans attendre de réponse – à quoi bon ? - elle pénétra dans la chambre de la malade.

« Mère ? »

Le visage d'Ambre resta inexpressif. Comme à chaque fois. C'est avec une boule dans la gorge qu'Elena entreprit un dialogue imaginaire avec sa mère :

« Je quitte le manoir, Mère. Je reviendrai bientôt, ne t'en fais pas. Je pars pour les îles nuas, comme je t'ai expliqué hier.
- …
- Oui, Danaë a eu le dernier mot.
- …
- Oui, je sais qu'elle obtient toujours ce qu'elle veut.
- …
- Ne t'en fais pas, je serai bientôt de retour. Je te promets d'apprendre des chants de là-bas. Ca changera de nos berceuses habituelles.
- …
- Bon, eh bien, prends soin de toi, surtout... »

Elle déposa un baiser sur sa joue cireuse.

« Je t'aime...
- …
- ... »


Voilà plusieurs heures qu'Elena et sa camarade de route avaient quitté Silmarie. Elle connaissait peu la conteuse, bien que leurs professions soient proches finalement. Et même si a priori leurs caractères semblaient bien différents, elle trouva Coralynn sympathique et la route promettait d'être très agréable. Elles échangèrent leurs expériences de voyage, la danseuse allant de ville en ville avec sa mère et sa soeur pour découvrir de nouvelles plantes, Coralynn contant ses histoires aux quatre coins d'Azthia. Et même en territoire jinmen ! Elena écouta l'Elfe avec la plus grande attention, buvant ses paroles, s'imaginant les décors et les coutumes qu'elle lui peignait. Décidément, cette fille avait un don pour les histoires ! Elles ne s'arrêtèrent de parler que pour monter le camp et préparer un repas simple mais chaud. Assises au coin du feu, le ventre plein, sous les étoiles des plaines arides, elles étaient bien. C'est alors qu'Elena lança :

« Tu ne voudrais pas nous jouer quelque chose ? »

La conteuse fut heureuse de se saisir de son luth et d'enchaîner quelques arpèges languissants, typiques de Silmarie. Elena se laissa envahir par la magie de la musique et, presque malgré elle, se mit à chanter un air sans paroles qui allait à merveille avec le morceau de Coralynn. Toutes deux se laissèrent entraîner, improvisant chacune de son côté pour ne former qu'une seule et même mélodie, mélancolique, un peu triste, mais profonde et puissante. Un frisson parcourut la chanteuse tandis qu'elle partait dans les aigus et que la musique accélérait. A l'unisson, elles conclurent ce moment unique qu'elles venaient de partager.

S'enchaînèrent ensuite des chants plus gais, certains aux consonances almers, d'autres plus rudes de Storghein. Et la soirée se termina dans un autre monde. Un univers où les mots n'ont pas leur place.

Elles dormirent à tour de rôle, par mesure de sécurité et repartirent le lendemain bien reposées. Jamais Elena n'oublierait cette soirée.


« Bonjour mesdames, nous représentons l'ordre des templiers dans cette expédition. »

Eh bien, l'ordre des templiers était plutôt bien représenté. Non pas que la gamine – une apprentie sûrement - ait quelque chose de particulier. C'était plutôt son maître qu'Elena avait repéré. Il faut dire que dans cette expédition en plus de porter les couleurs Tamawa, le prénommé Noctis représentait aussi le sexe masculin. Alors que depuis son départ de Silmarie Elena avait ravalé ses critiques à propos de ce voyage, voilà qu'elle en revint à maudire intérieurement sa soeur : presque pas d'hommes, Danaë ! Juste un ! Boudeuse, Elena ne prit d'abord pas la parole, laissant Coralynn se présenter et l'introduire. Elle saisit alors le relais, de mauvaise grâce.

« Elena Candel. Représentant simplement le hasard dans cette expédition. »

Elle servit aux nouveaux arrivés un sourire moqueur et elle profita du fait que Coralynn reprenait la conversation pour détailler un peu plus les adolescentes. La blonde portait une armure tandis que la rousse n'avait qu'une simple robe de coton, assez semblable à celle d'Elena finalement. A part que le rouge de la tenue de la danseuse attirait beaucoup plus le regard, mettant en valeur sa peau sombre et ses courbes, surtout avec un décolleté pareil. Installée dans un fauteuil avec un naturel déconcertant, elle dégageait une aura sauvage qu'il était difficile de cerner. Tout comme la réplique qui suivit :

« Oui, d'ailleurs elles ont perdu leur langue ces petites ? On ne va pas vous manger. Du moins, pas encore... »

Taquine, mais pas méchante. « Du moins, pas encore... »

[Je suis désolée, je me suis laissée aller, mes prochains posts seront plus courts !]

[Enfin guérie ! J'peux poster à nouveau ! xD ]

Bon, d’après Noctis, ils étaient au complet. Qu’attendaient-ils donc pour quitter ces lieux ? Coralynn avait hâte de se mettre en route, de partir à la découverte de ce nouveau peuple et de ce monde. N’étaient-ils pas comme elle rongés par cette soif d’aventure et de connaissance ? Visiblement… Pas tout à fait… soupira-t-elle intérieurement.

Puis Elena lança une pique, invitant les deux jeunes filles à sortir un peu de leur mutisme.
Ahlala…
Les piques d’Elena…
Pendant leur voyage, la conteuse avait eu nombre de fois affaire à elles, même quand elles n’étaient pas dirigée contre sa personne. Toujours bien placée, jamais ignorée, et visiblement une fois encore elle avait fait mouche, faisant réagir la jeune apprentie de maitre Noctis. Elle appris ainsi qu’elle se nommait Ashélia, n’attachant que peu d’importance au nom de famille. Les templiers avaient pour coutume de le perdre une fois adoubé de toute manière non ? Elle semblait attachée à profiter de la beauté des lieux plus qu’a faire leur connaissance. Elle avait raison après tout, ils auraient bien le temps de discuter sur le chemin qui les conduirait jusqu’à l’océan, puis aux différentes îles. Mais Coralynn ne parvenait pas a décider si son intérêt pour les lieux étaient du à la valeur culturelle des objets l’habillant ou si c’était tout simplement un amour du luxe… Auquel cas serait-elle peut-être mal à l’aise les prochaines semaines… Enfin… Elle verrait bien.

Quand la supposée guide, présentée par le maître templier sous le nom d’Heifara, pris la parole, Coralynn compris qu’il y avait sans doute eu incompréhension de la part des uns et des autres. Visiblement, Noctis était mal renseigné sur les capacités d’Heifara.

« Il me semble cher maître que vu ce que vient de dire votre charmante invitée, il faut se rendre à l’évidence : nous n’avons toujours pas de guide pour nous mener en ces terres, il doit donc manquer encore au moins un participant, si ce n’est plus. »

Elle s’adressa ensuite à la dénommée Heifara, prenant soin de parler lentement et de façon distincte, dans un Cydien assez simple, mais néanmoins clair en essayant de ne pas rabaisser la Nua :

« N’hésite pas à nous dire si tu trouve que nous parlons trop vite pour que tu comprennes, d’accord ? Y-a-t-il une langue que tu maitrise mieux que celle-ci ? Je peux traduire pour toi si tu veux. » Fit-elle avec un sourire, soucieuse du bien-être de la jeune femme « Quand à tes pouvoirs, merci de les signaler, ils seront sans doute utiles.
Pourrais-je reparler avec toi de ton Dieu plus tard ? Son histoire m’intéresse. »

Ça y est, Coralynn commençait à investiguer et à recueillir des informations… Chassez le naturel, il revient au galop.

Enfin ce n’était pas ça qui ferait venir leur guide… L’elfe s’interrogeait sur l’identité de celui-ci, pressée de faire sa connaissance, et surtout de se mettre en route.

[Détail corrigé, pardon Elena pour les écorchages de noms, je ferais gaffe la prochaine fois. ]

La réplique d'Elena eut le mérite de sortir l'apprentie de son mutisme. Si elle s'était fait discrète jusqu'à présent, elle répondit avec aplomb et assurance, faisant virevolter ses boucles blondes au passage. Cette gamine était vraiment jolie. Mais elle n'en restait pas moins une gamine aux yeux de la danseuse. Voilà qu'elle s'extasiait de la beauté des lieux et prétendait pouvoir en apprendre plus sur la Nua durant l'expédition. Tu peux toujours courir ma belle ! Ce n'est pas parce qu'elles allaient traverser Azthia ensemble qu'Elena allait parler chiffon, ou pire, se confier à elle. D'ailleurs, à y regarder de plus près, tandis que tous étalaient noms, prénoms, professions, rangs, origines et compagnie, elle s'était contentée de quelques mots pour se présenter. Non pas qu'elle tienne volontairement à entretenir le mystère. Elle avait passé l'âge de jouer aux coquettes. Seulement, elle n'était pas spécialement bavarde et si elle se régalait de dire tout haut ce que beaucoup n'oseraient même pas penser, elle ne parlait que rarement d'elle.

« Autre chose ? »

Ne serait-ce pas là une pointe d'insolence ?

« Oui ! Peut-être pourrais-tu continuer ta visite de ce magnifique Tribunat en allant te renseigner au sujet de l'absence d'un Guide dans cette expédition ? »

Car visiblement, le Templier s'était trompé : la jeune Nua n'était pas là pour les guider en territoire inconnu. Mais voilà qui était un peu bas de la part d'Elena : comme si son statut d'apprentie et le fait d'être plus jeune qu'elle – et même beaucoup plus jeune, malgré les apparences – faisaient d'Ashelia une simple servante. Cependant, sa voix grave était teintée d'ironie et n'avait rien du ton d'une maîtresse de maison commandant à une suivante. Une fois de plus, difficile de savoir si sa remarque désobligeante était mauvaise ou simplement taquine.

« Avez-vous d'ailleurs d'autres informations à nous faire part sur ce voyage, Maître Noctis ? enchaîna-t-elle aussitôt, sur le ton de la conversation. Savez-vous si le départ est pour bientôt ? Vous semblez bien renseigné sur le sujet... »

Elena ne s'était pas détachée de son sourire narquois et ses prunelles vertes se plantèrent dans celles du Templier. Il était rare que les hommes soutiennent son regard, beaucoup se détournaient, troublés. Cela l'amuserait de rendre l'Elfe mal à l'aise. Juste pour rire. Pour faire diversion...

Car cette démonstration d'ironie n'avait pas seulement pour but de gêner l'assistance où d'installer un climat étrange dans le salon coquet du Tribunat. Elle avait écouté avec un détachement feint le récit de Heifara, dans un Cydien un peu approximatif, mais touchant. Le meurtre et la captivité des siens. L'arrachement à sa terre et son asservissement. Et enfin sa liberté retrouvée et sa place dans cette aventure. D'ailleurs, un petit sourire échappa à Elena lorsqu'elle leur fit part de ses dons de guérisseuse. Peut-être aurait-elle à soigner une plaie ou deux de la danseuse, durant le voyage, qui sait ? C'est que la magicienne peut se montrer parfois si maladroite avec son poignard, et une blessure est si vite arrivée. Le sang a si vite fait de couler. Quel dommage... Tant de sang...

L'histoire de la Nua fit son chemin en elle. Y trouva un écho. Faible, imperceptible. Mais trop inquiétant pour l'ignorer. Cette histoire-là... N'était-ce pas sensée être celle de sa mère biologique ?

Elena pensait en avoir fini avec ses questions sur son passé et ses origines. Quel ne fut pas son étonnement de voir comment le témoignage de Heifara pouvait la toucher. Et quoi de mieux pour chasser son trouble que de faire diversion ?

Cela faisait bien longtemps que la jeune femme parlait des Nuas à son jeune cousin et si ce dernier semblait beaucoup plus à même de l'écouter que ne le fut son père, il ne paraissait cependant pas prêt à faire un pas en leur direction. Sans doutes Cira n'avait-elle pas usé des bons arguments pour se faire mais elle avait eu du mal à s'accoutumer à son jeune cousin. Elle avait côtoyé le père et avait également passé du temps avec le petit garçon lorsqu'il était enfant cependant, le destin les avait rapidement séparé. De près de neuf ans son aînée, la jeune Almer était vite entrée dans le cercle politique. Elevée par une aristocratie ne supportant que peu les esclaves, la jeune femme s'était vite ouverte à la cause Nua. Dévorant les ouvrages, n'hésitant pas à se rendre auprès d'eux, prétextant de ses dons de soin pour leur venir en aide, Cira avait découvert bien des choses que ce cher P'yra souhaitait taire.

La plupart des Almers voyaient comme Tùtnesi dans la personne des Nuas des bêtes, de la marchandise peu chère et qui plus est, une main d’œuvre gratuite qui n'était guère en mesure de se rebeller ou de chercher à s'en sortir seule. Sans aide, sans personne pour les faire sortir de cet engrenage, il était difficile pour eux de regagner vivant leurs terres et de rester en vie. La jeune noble avait donc vite compris qu'ils étaient maltraités mais que l'indifférence était le seul leitmotiv de son peuple … A l'âge de dix huit ans à peine, la jeune femme empruntait la première galère en direction des îles, bien décidée à comprendre comment vivait ce peuple pour les aider au mieux.

Tout cela remontait à loin désormais, certes, mais ce qu'elle avait vu là-bas l'avait laissée sans voix. L'équipage avait été payé dans l'unique but de récupérer des hommes vaillants et braves dans le village de Reoa. Vingt hommes et une seule femme, seul le statut privilégié de Cira l'avait protégée du pire, ça et son argent bien entendu. En y repensant, la jeune femme ne regrettait pas d'avoir pris autant de risques, même si l'histoire par la suite s'était envenimée. Le bateau avait été vu de loin et le petit village côtier s'était préparé. La mer ne tarda pas à se teinter de rouge sous l'attaque du peuple indigène. Cira se laissa approcher sans mot dire, sachant pertinemment qu'elle risquait sa vie au moindre faux pas, pour autant, lorsque l'un fit mine de s'approcher un peu trop, un énorme chien aux babines retroussées l'en dissuada. Dans un dialecte parfait, la jeune femme se souvenait avoir précisé :

« Je vous conseille de ne pas approcher, sans quoi, je serais obligée de le lâcher sur vous. Je ne suis pas votre ennemie, je viens vous aider »

Les hommes ne l'avaient cru qu'à moitié, mais étant donné qu'elle était une femme, ils semblaient plus à même de l'écouter. Il était vrai qu'en dehors de son énorme chien, elle n'avait pas l'air bien dangereuse … Cira obtint une petite chambre dans une case à l'écart, en permanence surveillée. Lorsqu'elle y repensait aujourd’hui, cela la faisait toujours sourire. Cira Ibn Tofal, née d'une riche famille Almer se retrouvait dans un village perdu des îles Nua-Ty pour sauver ces pauvres âmes de leur cruel destin. L'histoire était sans doutes risible, pourtant, elle avait plu à son jeune cousin. Elle était revenue depuis à peine un mois lorsqu'elle apprit que le jeune Thétis Ibn Moah Ibel était devenu P'yra. Intriguée, la jeune femme regrettait presque d'être partie depuis si longtemps mais sa tante ne tarda pas à la reconnaître et c'est ainsi qu'elle pu enfin revoir l'adolescent devenu roi de toute une nation. Inapo lui avait suggéré de rentrer au pays revoir sa famille et c'était ce qu'elle faisait environ une fois l'an, moins depuis que sa propre mère avait disparu.

L'Almer avait essayé de comprendre la psychologie de son cousin avant d'entrer en contact avec lui. Il était évident qu'elle avait fui la cité de Ptot Tàh à l'époque pour échapper à son cruel P'yra. Ivre de paranoïa, ce dernier avait refusé de l'écouter et avait attenté à sa vie, de longues années durant, elle avait vécu recluse dans les îles jusqu'à des nouvelles plus récentes, il y avait quatre ans de cela. Son histoire n'était que peu intéressante de toute façon si bien qu'elle l'avait tu en grande partie, insistant uniquement sur ce qui lui semblait essentiel. Thétis s'était montré sage, attentif et, contre toute attente, avait accédé à sa requête. Elle avait vu dans son sourire celui du gamin qu'elle gardait jadis enfant.

« Votre grâce » dit sa voix suave tandis qu'elle s'inclinait devant son cousin une ultime fois.

Ce dernier semblait inquiet pour elle, comme si elle prenait de grands risques finalement à rentrer chez elle. Il semblait également affecté par son départ, comme si à nouveau, il serait seul dans ce vaste palais … En dehors de sa mère, le jeune Tribun était seul, ce que déplorait Cira mais elle-même avait sa propre vie désormais et ne pouvait rien de plus que donner son affection à son cousin, dans la mesure où son rang le lui autorisait.

« Oui ! Peut-être pourrais-tu continuer ta visite de ce magnifique Tribunat en allant te renseigner au sujet de l'absence d'un Guide dans cette expédition ? »

Un sourire étira les lèvres de la jeune femme en entendant cela de derrière la porte. Elle ignorait totalement qui étaient ses convives et son cousin n'avait pas été en mesure de la renseigner. Tout au plus lui avait-il conté qu'elle serait en compagnie d'un Templier et d'un ou une Elfe. Les indications s'arrêtaient là mais la jeune femme ne fit pas réellement attention à ce problème. Elle pénétra dans la salle environ cinq à dix minutes après la fameuse réplique, se demandant ce qu'il adviendrait. La jeune Almer cherchait également à savoir si elle avait bien fait de convoquer cette assemblée, de proposer cela. En réalité, c'était son cousin qui avait suggéré une telle expédition, elle n'avait espéré pour sa part qu'une abolition officielle de l'esclavagisme … Après une légère hésitation, elle entra, Amour à sa suite. Le chien était imposant, plus gros qu'un loup, il possédait un pelage sombre comme la nuit, moucheté de gris. Ses yeux dorés lui donnait un air faussement doux mais il semblait avant tout particulièrement obéissant.

« Il ne sera pas utile d'aller me chercher » précisa-t-elle à son entrée, « Cira Ibn Tofal, enchantée » lâcha-t-elle ensuite à l'assemblée.

Sans attendre de réponse particulière, elle referma la porte derrière elle et observa l'assemblée, le chien à ses pieds s'assit, calmement, observant à son tour les convives comme un mime parfait de sa maîtresse. Ses pupilles noisettes passaient de l'une à l'autre des convives jusqu'à s'arrêter sur la plus jeune, la Nua. Un sourire chaleureux naquit sur ses lèvres tandis que dans son idiome, elle lui précisait :

« Sois la bienvenue mon enfant »

Elle reporta son attention sur les autres convives et repéra l'Elfe dont avait parlé son jeune cousin. Elle ne tarda pas également à repérer le Templier, plus vieux de l'assemblée, du moins lui semblait-il. Restait à savoir ce que faisait la jeune Nua en ces lieux ainsi que la blonde et la deuxième Nua. Sans plus attendre, elle reprit la parole :

« Le Tribunat nous confie la lourde tâche de découvrir les îles Nua et c'est à moi que reviendra l'honneur de vous y conduire et vous y guider. Cependant, j'ignore totalement qui vous êtes et si je me fis totalement à mon P'yra, je sais également par expérience qu'il vaut mieux suivre son propre instinct. Ma question peut paraître simple, mais ainsi la formulerais-je, qui êtes vous ? Pourquoi vouloir m'accompagner ? »

Elle parlait un Cydien parfaitement compréhensible, sans accent et d'un ton plutôt calme et doux malgré la rudesse de son regard. Il était évident que Cira ne voulait pas offrir ceux qu'elle considérait comme son peuple d'adoption à n'importe qui et cela expliquait sans doutes ses réactions et ses questions. Elle se tourna vers le Templier et ajouta à son intention :

« Vous me semblez être le Templier et si j'en crois ce que j'ai entendu, votre présence se justifie par la nature même de notre expédition, sachez néanmoins que je ne tolérerais aucun écart, aucune querelle tant que vous serez avec moi, tous autant que vous êtes. Je n'hésiterais pas longtemps entre votre existence et celle d'un Nua si vous souhaitez vous en prendre à eux. »

Le ton était amical, mais on sentait la vérité derrière ces menaces. Sans plus s'occuper de lui, qu'elle avait choisi exprès pour se permettre de mettre en garde tout le monde, puisqu'il était neutre et incarnait à merveille ce qu'elle venait de dire, à savoir la simple volonté de poursuivre un idéal juste et non l'envie de terroriser les autres, elle tourna ses yeux noisettes vers la jeune Astorg :

« Tu es Astorg n'est-ce-pas ? Que viens-tu faire ici ? Tu me paraît bien jeune pour une telle expédition. »

Tandis qu'elle scrutait le reste du groupe, elle remarqua l'Elfe et ajouta :

« Vous devez être l'Elfe envoyée par sa Grâce je suppose ? »

Puis, vers la plus âgée des Nua :

« Vous me semblez venir des îles Nua, laquelle, j'ai du mal à le deviner, mais puis-je connaître votre motivation ? »

Enfin, elle se tourna vers l''adolescente et, d'un ton extrêmement doux, ajouta en Nua cette fois-ci :

« Tu n'as pas à avoir peur de moi, je ne te ferais aucun mal et j'empêcherais quiconque de t'en faire. Raconte moi la raison de ta présence ici. »

Alors que le silence régnait, elle s'assit et, sans plus attendre, ajouta :

« Je vous écoute »

Là encore, le ton était doux, calme mais légèrement autoritaire. Cira était quelqu'un de bien, elle voulait avant tout protéger ceux chez qui ils comptaient se rendre. Les Nuas avaient suffisamment souffert de l'esclavagisme Almer pour leur infliger encore des dommages ! Si elle respectait la volonté de Thétis, elle était contente de voir qu'aucun Almer n'avait pris part à leur expédition, c'était préférable, pour eux comme pour les Nuas. De prime abord, aucun d'entre eux ne devait avoir quoi que ce soit contre le peuple libre mais au cas où, elle préférait s'en assurer. Le Bénu seul désormais pouvait les protéger !
Ils commenceraient leur voyage par le village de Takapolo, Cira y connaissait suffisamment bien le chef de village et sa fille pour pouvoir les y emmener en sécurité. Ils poursuivraient par le village de Reoa et la suite … ils avaient le temps d'y penser ultérieurement.

« Si vous avez des questions, j'y répondrais avec plaisir » ajouta-t-elle sans se départir de son calme.

[ Je pense qu'un tour devrait suffire, si vous avez des questions à lui poser, c'est le moment !
Désolée, j'ai essayé de bien faire avancer les choses dans ce post, si quelque chose n'est pas clair, n'hésitez pas à m'envoyer un mp ! ^^ ]

Après son bref "discours", qui aurait put être réellement bref si elle savait s'exprimer correctement, l'elfe tâcha de lui répondre en articulant bien tout en choisissant des mots simples. Aussi, Heifara n'eut aucun mal à comprendre :

"N’hésite pas à nous dire si tu trouve que nous parlons trop vite pour que tu comprennes, d’accord ? Y-a-t-il une langue que tu maitrise mieux que celle-ci ? Je peux traduire pour toi si tu veux." Disait t'elle avec un sourire. "Quand à tes pouvoirs, merci de les signaler, ils seront sans doute utiles.
Pourrais-je reparler avec toi de ton Dieu plus tard ? Son histoire m’intéresse."

La guérisseuse acquiesça avant de répondre directement dans sa langue natale. Elle estimait cela plus clair, de toute manière elle ignorait le nom que l'on donnait à sa propre langue. Les Nuas n'avaient jamais connus que leur propre idiome, donc, pourquoi s'ennuyer à lui trouver un nom?

"Je parle cette langue, même si j'ignore quel nom vous lui donnez. Les Nuas la parlent tous. Quand à Vairuna, je veux bien vous en parler... Mais moi même, je ne suis pas sûre de le comprendre - je doute d'ailleurs qu'être comprise soit sa volonté."

En effet, elle ne savait même pas si elle devait parler de Vairuna au féminin ou au masculin! Heifara observait la réaction de l'elfe pour voir si elle l'avait comprise. Elle s'était efforcée, elle aussi, de ne pas employer de mots trop complexes : malgré sa naïveté et son embarras dans une telle situation, la jeune femme n'en restait pas moins très intelligente. Quelques temps plus tard, la porte s'ouvrit à nouveau pour laisser rentrer une jeune blonde suivie d'un énorme chien.

"Il ne sera pas utile d'aller me chercher."Une jeune femme, qui appartenait au peuple d'esclavagistes qu'Heifara craignait tant, venait de faire son entrée avant de se présenter d'un : "Cira Ibn Tofal, enchantée!"

Heifara ne savait que penser de ce personnage et de son molosse inquiétant. Il lui était tout simplement impossible de camoufler l'angoisse que la seule présence de Cira lui inspirait. Elle n'eut pas le temps de réfléchir davantage que la jeune femme s'adressa à elle dans sa propre langue :

"Sois la bienvenue mon enfant."

Heifara ne savait point ce qui la rassurait le plus. Qu'elle parle aussi bien cette langue signifiait qu'elle était proche de son peuple. Elle n'avait de plus jamais été fouettée ou réprimandée par les femmes Almers. Inconsciemment, elle porta la main à son coeur tout en s'inclinant légèrement pour répondre à Cira, adoptant la conduite traditionnelle des Nuas se saluer.

"Puissent nos esprits se rencontrer."

La jeune Nua était encore troublée alors que Cira entamait de longs discours - en réalité quelques paroles pour faire sentir ce qu'elle attendait d'eux, mais de longs discours pour Heifara! Elle n'arrivait guère à suivre et fut soulagée de voir qu'elle s'adressait ensuite à chaque membre de l'expédition individuellement. De plus, elle ne semblait guère leur laisser le temps de répondre ou de s'exprimer...

"Tu n'as pas à avoir peur de moi, je ne te ferais aucun mal et j'empêcherais quiconque de t'en faire. Raconte moi la raison de ta présence ici." Elle alla enfin s'installer dans un fauteuil avant de les intimer à prendre la parole :"Je vous écoute."

On lui demandait donc à nouveau de se présenter. Les paroles et l'expression douce de Cira venaient de confirmer les derniers doutes d'Heifara : qui qu'elle soit, il lui paraissait assez évident qu'elle portait un intérêt culturel pour les Nuas. Après tout, les Almers ne devaient pas tous être des monstres, mais elle se méfierait tout de même... Aussi gentille et bienveillante qu'elle puisse paraître, Cira serait bien en mal de faire oublier les années d'esclavage encore récemment gravées dans l'esprit de la jeune femme. C'est donc sur un ton quelque peu intimidée qu'elle s'adressa à la jeune femme, toujours dans sa langue natale :

"Je m'appelle Heifara. Les... Personnes de votre peuple ont massacrés les habitants de mon île ou les ont fait prisonniers. L'homme qui est ici m'a libérée il y a quelques semaines et les autres - esclaves - ont été renvoyés sur les îles. Je n'ai pas pu les suivre : j'avais une blessure assez ancienne qu'ils ont du soigner, avant que mon bras ne meure complètement. Je sers la déesse Vairuna, qui m'a sauvée la vie par le passé et m'offre depuis ses dons. Je sais soigner par magie, mais pas moi-même."

Elle estimait s'être présentée assez correctement, une teinte d'amertume dans la voix alors qu'elle parlait du massacre de son peuple. Elle n'aimait pas les Almers et ils l'effrayaient : elle n'espérait même pas leur faire ressentir le contraire! Une nouvelle fois elle avait précisée ses dons : ses talents de médecin lui avaient plus d'une fois sauvés la mise, les esclavagistes rechignant à maltraiter une personne pouvant les sauver d'un quelconque mal. Comme elle ne trouvait pas d'équivalent en Nua, elle avait prononcé le mot "Esclave" en Almer, l'un des rares mots qu'elle comprenait dans cette langue là.

[ POST MJ A VENIR ]

[ Ashelia, rien ne dit que Cira est la cousine de Thétis (ou alors je me suis mal relue) ^^ ]

A peine était-elle entrée que la jeune Almer avait préféré annoncer la couleur de leur expédition. Il valait mieux éviter les problèmes dès le début et, plus encore, éviter les tensions inutiles. En sachant dès le début à quoi ils s'en tenaient, personne ne pourrait dire par la suite qu'il n'avait pas été prévenu et le sang qui coulerait, si sang il y avait, ne serait pas de sa faute mais bel et bien de le leur. Cira ne serait responsable en aucun cas de leur sort mais une chose était sure, elle serait la cause de leur trépas si ne serait-ce que l'un d'entre eux s'en prenaient aux malheureux Nuas. Depuis des années désormais, la jeune femme protégeait ces derniers de toute son âme et ce n'était qu'à la faveur de son cousin qu'elle avait bien voulu accéder à sa requête. Si Tutnesi était resté à la tête de l'empire Almer, jamais la jeune femme au teint de miel n'aurait accepté une telle escapade. Pour être honnête, si Cira s'était retirée sur les îles Nuas durant tout ce temps, c'était justement parce qu'elle avait compris qu'elle serait beaucoup plus utile là-bas que dans une cité où la vérité ne pouvait être dévoilée sous peine de mort. Tutnesi était un conquérant plus qu'un tyran, il avait compris que ce peuple indigène lui offrirait une main d’œuvre peu chère et totalement soumise, incapable de se défendre contre un peuple aussi « évolué ». En l'occurrence, il avait envoyé ses troupes là-bas dans l'unique but de promouvoir son propre peuple malgré tout, Cira en voulait à l'ancien P'yra pour son manque d'humanité. Il avait fermé les yeux trop longtemps sur la souffrance de ce peuple pour le seul bien du sien. Aux yeux de la jeune femme, nul ne devait souffrir pour permettre le salut d'un autre.

Cira avait plongé son regard dans celui de chacun de ses interlocuteurs. Elle les avait détaillé avec soin sans pour autant se montrer irrespectueuse. Sa vie dans les îles lui avait beaucoup appris mais pour autant, elle n'avait jamais vraiment oublié son éducation de bonne famille. Plutôt têtue dès son enfance, l'Almer avait toujours eu tendance à prendre la défense de son prochain et c'était d'ailleurs ce qui avait plu à son si jeune cousin pour la renvoyer dans ce qu'elle considérait désormais comme sa cité d'adoption. Ce fut étrangement le Templier qui reprit la parole le premier et Cira posa aussitôt son regard noisette sur lui. Intriguée, elle savait qu'il s'engagerait à maintenir l'ordre parmi le groupe et c'était d'ailleurs sur lui qu'elle comptait le plus pour l'aider en ce sens. La petite Nua était trop jeune pour être un problème, en dehors d'un danger pour elle-même, la plus âgée en revanche semblait mystérieuse et n'avait pas encore pris la peine de lui répondre. L'envoyée de sa Grâce, du moins vraisemblablement, semblait plutôt de nature calme mais Cira espérait que sa nature d'Almer ne poserait pas de problème, pour sa part, ses origines lui importaient peu. Restait l'Astorg qui elle lui semblait trop jeune pour venir avec eux. En somme, le Templier serait son atout de poids, y compris sur les îles Nuas.

D'un signe de la tête respectueux, elle salua en retour ce dernier et un sourire fugace lui fit comprendre qu'elle avait bien compris le message et qu'il devait en être de même de son côté. Il était impensable que l'expédition se déroule sous de mauvais augures tout comme il était impensable d'emmener une gamine aussi jeune, la Nua faisant exception. Lorsque le maître eut terminé de parler, la noble posa son regard sur la jeune nordique pour entendre ses motivations, suivant sa réponse, elle la refuserait parmi eux, plus exactement, elle avait déjà envie de la refuser, bien trop jeune qu'elle était pour suivre ce genre d'aventures mais avant de prendre sa décision finale, Cira préférait en juger par elle-même.

« Peu m'importe que tu sois Elfe, Almer ou Cydienne. » rétorqua-t-elle froidement, « Si ton seul but avait été d'accompagner ton maître, je t'aurais renvoyée au Temple sans même me préoccuper de ton sort. Sache qu'en ma compagnie, tu ne seras rien de plus qu'une adolescente curieuse et c'est pour cela et seulement pour cela que je t'accepte dans cette expédition. En revanche, si ta vie t'appartient, je ne veux pas en être responsable et si jamais tu venais à leur faire du mal, je te donnerais à manger à mon chien. » poursuivit-elle le plus sérieusement du monde avant d'ajouter avec un sourire taquin et complice, « Alors petite, cela te convient-il ? »

Cira fut au comble du bonheur bien qu'elle n'en montre rien lorsque l'enfant Nua la salua selon les coutumes de son peuple. Sachant qu'y répondre en de telles circonstances étaient plus que nécessaire et serait perçu comme un affront dans le cas contraire, elle adopta la même posture et la salua avec un sourire franc et sincère. Les enfants étaient le cœur d'un peuple, quel qu'il soit et aux yeux de la jeune femme, ils étaient le plus précieux des cadeaux. Elle laissa l'adolescente s'exprimer dans sa langue natale. Difficile à l'oreille de ceux qui ne connaissaient pas cette langue, Cira la trouvait pourtant particulièrement belle et chantante et ne se lassait pas de l'entendre prononcer.

Oui, les personnes de son peuple avaient massacré nombre de Nuas innocents au nom du progrès et du développement. On avait volé la vie à tellement d'enfants, emporté tellement de maris, de frères et de pères que Cira se demandait si les fautes de son peuple seraient un jour pardonnées … Et si elles pouvaient vraiment être pardonnées ! Dire qu'ils l'avaient acceptée elle, une Almer de la noblesse puante de la cité qui volait leurs enfants et leurs vies. Cira se sentait privilégiée même si elle ignorait pourquoi, au moins espérait-elle que ses actes suffiraient à laver ce genre de discours à l'avenir. Au fond d'elle, la blonde espérait sincèrement que cette expédition ouvrirait les yeux des peuples sur celui des îles et que tous parviendraient à s'accepter.

« Tant de vies ont été sacrifiées pour la gloire de Ptot Tàh, tant de sang a été versé au nom d'un peuple, je suis désolée que tu sois une enfant du massacre ma petite Heifara mais sois sure d'une chose, plus jamais cela ne se reproduira et je ferais en sorte de te reconduire chez toi saine et sauve. Rien ne pourra apaiser la peine que mon peuple a causé au tien, sache cependant que mon cousin n'a rien d'un tyran et qu'il saura apporter la paix sur vos îles, sinon, je lui botterais personnellement le cul ! » répondit Cira non sans rire sur la fin, « Tu es une enfant bénie des dieux, tâche d'user de tes dons avec sagesse, ils te le rendront en retour. » poursuivit-elle avec un sourire doux.

[ Désolée du retard ! Etant donné que vous ne savez rien de l'expédition, je suis un peu étonnée par contre que personne ne pose de questions ... ]

Cira n'était pas le genre de femmes à avoir la langue dans sa poche. Quand quelque chose n'allait pas, elle le disait et si la personne n'était pas contente, ce n'était pas son problème. Elle était grande gueule et l'assumait totalement, c'était un trait de caractère qu'il allait falloir vite appréhender et vite comprendre si les filles et le Templiers voulaient avoir la paix avec elle. La seule qui semblait exempter de tout cela était la jeune Heifara. Cira avait toujours été plus douce envers les « enfants » et très clairement, envers les Nuas, elle assumait d'ailleurs pleinement ce favoritisme et rétorquait à qui voulait l'entendre qu'elle réglerait cela avec lui au couteau si le cœur lui en tenait. Pour l'heure, personne n'avait osé se frotter à elle autrement que verbalement, et c'était déjà un cas.
Que la jeune apprentie soit Templier, Zélote, moine, druide ou ce qu'elle voulait, elle n'en restait pas moins une adolescente un peu trop curieuse capable de manier une arme. Qu'elle la garde bien gentiment rangée ou sa vie en dépendrait, telle était la leçon de Cira. Elle avait vu tellement de gamins porter des armes au non de tel ou tel idéal qu'elle savait ce que les sentiments pouvaient faire, surtout chez les jeunes. La passion, tel était le pire fléau de la jeunesse à ses yeux ! Voilà pourquoi elle avait mis en garde la jeune Astorg au même titre que les autres. Elle se foutait totalement de l'âge, de la race mais le premier qui esquisserait ne serait-ce qu'un geste envers un Nua serait mort avant d'avoir pu compter jusqu'à dix. Celui qui tenterait ne serait-ce que de jeter un froid entre eux serait jeter par dessus bord et point final. Peu importe l'âge, peu importe la race, c'était sa loi qui prédominait. L'Almer se doutait que la gamine ne se laisserait pas démonter et elle attendait ses questions de pied ferme. La jeunesse avait l'avantage que de poser des questions, en général pertinentes.

« Voilà une gamine bien curieuse, tu me plais toi ! » répondit-elle avec le sourire, avant de reprendre plus sérieuse, « Nous visiterons en priorité le village de Takapolo, où vit la … disons « princesse » Luana et nous irons ensuite au village de Reoa mais si les dieux avec nous, nous aurons le temps de visiter d'autres villages. »

Elle avait très clairement envie de revoir le village qui l'avait accueillie, mais elle avait surtout envie de revoir son époux et ses enfants. Cette partie de la mission n'était pas à dévoiler, ils l'apprendraient en temps et en heure et basta. La suite de ses questions était d'ordre beaucoup plus pragmatique mais cela ne dérangeait pas Cira. Au contraire, les questions permettraient aux derniers indécis de savoir si oui ou non, ils voudraient se joindre à elle ou non.

« Les rumeurs sont souvent idiotes et sans bien-fondé gamine, tu verras par toi-même à quel point. » commença-t-elle, une lueur taquine perlant dans sa voix, « Tu y trouveras le soleil, les plages de sable fin, mais également les pirates, les serpents des mers et les tigres. Je pense qu'il vaut mieux pour toi que tu découvres par toi-même la vie sur ces îles, je pourrais passer des heures à te les décrire, cela ne changerait pas la sensation qu'on peut avoir quand on foule le sable chaud, quand on part à la chasse aux lapins des sables ou à la pêche. La vie est plus sauvage qu'ici, ça c'est sur, mais plus simple aussi sans doutes. »

Il n'y avait pas de réponse parfaite à cette question. Tous les habitants d'Azthia voyaient dans les terres Nuas des terres sauvages et bestiales, ils n'avaient pas spécialement tord, les Nuas vivant très proches de la nature et très différemment d'eux certes, mais bien des images étaient erronées. Ils ne languissaient pas sur les plages de sable fin et en général, ils se bataillaient avec le village voisin pour un poisson ou un gibier volé … Comme sur Azthia dans une moindre mesure bien entendu !

« Par le Bénu, je pensais que c'était évident » s'exclama-t-elle en riant à demi, « Que pensez-vous que nous allons faire là-bas ? »

Elle était amusée par la question et se demandait sincèrement pourquoi son cousin avait voulu s'encombrer des Templiers. Comme si Amour et son couteau ne suffisaient pas à maintenir la paix ! Non mais franchement.

« Il me semble que notre peuple a le devoir de se racheter auprès de ceux qu'il a si longtemps opprimé. Mon très estimé P'yra a pris la sage décision de faire cesser cet esclavagisme qu'avait imposé Tùtnesi. Aujourd'hui, il tente de rendre leur image aux Nuas car si les Almers ne toucheront plus jamais à ce peuple, nombreux sont ceux qui ont vu une opportunité dans notre départ des îles. Il veut que le peuple d'Azthia soit à même de comprendre et de protéger ceux qui souffrent par notre faute. Quant à votre présence, je n'en ai aucune idée et comme je vous l'ai dit, je m'en fou totalement. Quant à mes raisons, là aussi j'aurais bien envie de vous dire … enfin bref. Disons que je n'ai jamais compris cet engouement des Almers à maltraiter leurs semblables. Pour une fois qu'un P'yra est suffisamment intelligent pour avoir un cœur, je ne me pose pas plus de questions que cela » consciente que cela ne suffirait pas à satisfaire sa curiosité et qu'il lui faudrait passer par là de toute façon, elle poursuivit, « J'avais dix huit ans à peine quand je suis montée sur la première galère. J'avais compris qu'il valait mieux fermer sa gueule à Ptot Tàh sans quoi Tùtnesi vous raccourcissait la tête avec joie. J'ai embarqué pour les îles Nuas en me disant que je serais plus utile là-bas, j'avais envie de voir si c'était comme dans les livres » elle sourit à Ashelia et lui adressa un clin d’œil complice, « C'était pas comme dans les livres, c'était différent mais je suis tombée sous le charme. Je ne suis revenue que parce que Thétis était monté sur le trône et je n'ai accepté ce voyage uniquement parce qu'il m'a semblé sincère. Il tente de laver notre honneur et de racheter nos crimes, tant mieux, le reste, je m'en moque. J'ai pas besoin de le savoir. »

[ On reprend le tour normal, à savoir Ashelia, Heifara, Coralynn, Elena. Coco, c'est donc à toi de poster ]