[Flashback DA] Le thé au plein coeur de la victoire [Intrigue Ayane - Zuckho]

C'était un après midi des plus normaux pour le Joyau cydien, la douceur automnale envahissait les ruelles et les boutiques se remplissaient de clients prêts à vider leur bourse pour se faire plaisir. Les pavés étaient chauds sous le soleil prenant de la cité et les allers et venus des habitants, c'était plutôt agréable de se balader dans cette ville où le confort était le quotidien d'une majorité de la population. Les artistes pullulaient dans ce quartier disait on d'ici et là d'Azthia, l'adolescente était tentée de découvrir la culture cydienne mais elle n'avait pas vraiment le temps pour ce genre d'activité, bien qu'elle ne savait vraiment pas quoi faire d'autre en attendant une éventuelle opportunité de rencontrer un dirigeant de cette si belle nation. Une boutique aux allures si alléchante se présenta au bout d'une allée et la princesse ne put retenir son désir, elle y pénétra les yeux éblouis et les oreilles bien tendues.

"Un homme de l'Est serait en ville à l'heure qu'il est, tu sais ce que cela veut dire non ? Il faut le faire venir ici et lui faire débourser quelques menus talents, je ne sais pas ce qu'il compte faire mais il paraîtrait richement vêtu. Enfin ce ne sont que des rumeurs mais les faits rapportés me paraissent assez plausible pour tout t'avouer."

"Laisse tomber, qu'est ce qu'un noble jinmen viendrait faire ici ? Arrêtes d'écouter aux porte, je ne cesserai jamais de te le répéter."

Enfin, cela aurait pu être une après midi normal pour le commun des mortels mais pas pour la jeune princesse, l'un de ses proches avait été vu dans les rues de Cydonia et de nombreux bruits couraient à son sujet parmi le petit peuple : Zuckho était arrivé depuis peu et il était nécessaire pour l'adolescente de s'entretenir avec lui si elle voulait avoir une chance dans cette course au trône. En effet, le prince consort n'était pas l'un des fils de l'empereur mais il était l'un de ses favoris et plus encore, il était prédestiné à devenir le mari de la princesse Maya si elle revenait un jour étant son fiancé. Il était presque sûr et certain que s'il ne les retrouvait pas, ses prétentions au trône d'Oyashima serait mises à mal et qu'il lui faudrait trouver un meilleur parti pour rejoindre le pouvoir Jinmen, l’hypothèse de s'allier avec la jeune fille pourrait dés lors devenir intéressante. Si les jumelles n'étaient pas retrouver, c'était Isami du clan de la Salamandre qui hériterait du trône et le clan de la licorne n'aurait rien à gagner si cette éventualité se produisait cependant, si c'était Ayane qui prenait le pouvoir, le jeune prince pourrait se voir échoir le titre promis lors de ces fiançailles avec l'une des deux disparues s'il prenait parti pour la princesse de l'Hydre.

"Luné, il faut le retrouver. Retournons à l'auberge et charge toi de me l'amener, c'est un ordre. L'avenir de notre aventure en dépend, si je veux un jour avoir l'honneur d'accéder au trône, je dois m'associer à lui."

Les deux femmes retournèrent à leur lieu d'escale avant de se séparer, l'une préparant judicieusement sa rencontre avec Zuckho et l'autre étant parti chercher ce dernier. La nuit n'allait pas tarder à tomber et si la militaire ne le retrouvait pas à temps, il ne serait plus qu'une vaine illusion d'imaginer pouvoir s'allier à lui et sa maîtresse ne le verrait pas d'un très bon oeil, bien que ce ne soit pas le genre de princesse à être ingrate et cruelle. Elle croisa des dizaines de gens aux apparences nobles mais aucuns ne semblaient jinmens, ni même ressembler au fiancé mais elle persistait tout de même à aboutir aux exigences de la shugenja, n'était ce pas son rôle après tout ? La nuit était tombée, il était maintenant trop tard pour espérer quoique ce soit de la part des esprits, c'était peine perdue. Elle reprit dés lors le chemin du retour, anxieuse de la réaction d'Ayane mais elle n'y pouvait rien, l'information n'était pas sûre et puis rien ne prouvait sa véritable présence si ce n'était... Il se trouvait là, en compagnie de la jeune shugenja à discuter à l'intérieur même de l'auberge. Zuckho venait donc d'arriver et selon toute vraisemblance, il avait pris séjour dans la même taverne que l'adolescente.

"Mes respects Zuckho. Je suis Ayane Toyama, princesse du clan de l'Hydre et j'aurai besoin de m'entretenir avec vous. Que diriez vous d'un bon repas et d'une bonne tasse de thé pour se faire ?"

Luné avait raté sa mission mais il lui semblait que cette défaillance de sa part serait vite oublié par la jeune fille, elle avait obtenu ce qu'elle voulait et la militaire n'avait plus qu'à se faire discrète tout en veillant sur la sécurité de sa protégée, qui dans une telle situation ne devait pas craindre grand chose.

Le séjour du prince consort jinmen dans Cydonia ne fut pas aussi profitable qu'il ne l'aurait escompté, pas plus qu'à Erathia ou à Stroghein d'ailleurs. Si son voyage en ces terres mystérieuses avait été pour lui l'occasion de faire plusieurs rencontres aussi curieuses qu'intéressantes, aucune d'entre elle ne lui avait permis d'atteindre son véritable but, pas même de s'en approcher. Voilà plusieurs semaines qu'il avait quitté les terres de l'Orient, qu'il visitait, sous couvert d'un voyageur inconnu, les grandes cités de ce continent. Une à une il les visitait, parcourait leurs rues, découvrait leurs charmes, y cherchant un indice même infime, mais il n'avait toujours rien trouvé. Pas la moindre trace des sœurs héritières, pas la moindre nouvelle de sa promise. Et bientôt, le voyage prendra fin. Bientôt, il devrait rentrer en terres jinmens, afin de reprendre sa place au côté de son professeur et empereur. Au moins, se disait-il, il aura vue de belles choses.

Ainsi repensait-il à son aventure en terre inconnue, allongé sur sa couche dans une chambre d'auberge cydienne. Ce monde est bien différent du sien, songeait-il. Et bien curieux. Il avait passé trop peu de temps pour en déceler toutes les subtilités, mais certaines différences sont frappantes. L'architecture, d'abord. Les gens de ce monde font si peu cas de l'esthétique des bâtiments, se contentant de fixer les pierres les unes aux autres, et ajoutant un toit par-dessus. Si bien que leurs villes tranchent fortement avec le paysage, sans aucune harmonie. En ce sens, seule Cydonia, dit le joyau, se rapprochait, de son point de vue, des cités de son peuple. Le prince-consort s'y sentirait presque chez lui, en un sens. Dans cette ville si animée, si riche, si belle. Avec ses échoppes de luxe, avec ses auberges de mets délicats, et avec ses rues animées. Il se souvint s'être surpris, au début de son séjour dans le Joyau, à admirer les amusements d'une troupe de saltimbanques itinérants, dirigée par une femme à la peu brune dénommée Jilian. L'on disait, dans les rumeurs de la foule, qu'une jinmen aux talents incroyables faisait partie de la troupe. Mais aussi longtemps qu'il observa les saltimbanques, le jinmen n'y vit aucune de ses compatriotes.

Le doux piaillement d'un oiseau sorti le jinmen de ses songes, le ramenant à la réalité du présent. Se rendant compte qu'il avait passé l'après-midi à rêvasser dans sa chambre, il se gronda de n'avoir pas été plus productif. Alors il commença par se débarbouiller, s'aidant d'une petite bassine d'eau et d'un linge mis à sa disposition. Puis il s'habilla, se coiffa, et se rendit dans le couloir. Là il retrouva Feng, son fidèle garde du corps, qui n'avait pas bougé du couloir. Alors les deux jinmens se dirigèrent vers la salle principale de l'auberge, d'où l'odeur alléchante des mets servis s'y échappait déjà.

Quelle ne fut pas la surprise du prince consort quand il perçu, parmi le lot des clients, un visage familier. Non pas qu'il la connaissait personnellement, mais il était si rare de croiser des jinmens en ces terres que le simple fait d'en apercevoir un donnait à cette personne un aspect familier. Il observe la jeune jinmen et, alors que cette dernière s'approche de lui, il lui reconnaît les traits d'une femme qu'il a déjà rencontrée à la cour de l'empereur.
"Mes respects Zuckho. Je suis Ayane Toyama, princesse du clan de l'Hydre et j'aurai besoin de m'entretenir avec vous. Que diriez-vous d'un bon repas et d'une bonne tasse de thé pour ce faire ?"
Ainsi, elle l'a reconnu. Il est visiblement plus facile de passer pour un jinmen commun parmi les étrangers que face à une représentante de son propre peuple.

" Mes respects, Ayane-chan. Vous ressemblez tant à votre mère qu'il aurait été inutile de vous présenter, savez-vous ? "
Cette question n'était que rhétorique et ne demandait aucune réponse, mais la courte pause qu'il marqua lui permit de faire signe à son garde du corps de rester un peu en retrait. Ainsi Zuckho pourrai partager son repas avec la jeune fille de l'Hydre sans que personne ne vienne les déranger.
" Avec plaisir, prenons donc place à cette table. "
La table désigné par le prince-consort était une table installée en coin de salle éclairée par des chandelles murales. De là il pouvait voir presque toute la salle, et peu de monde circulaient à côté. C'était pour cela qu'il prenait cette même table chaque soir depuis son arrivée, et ce soir-là n'avait aucune raison d'être différent.

Les échanges de banalités échangées et lorsque les plats furent servis, Zuckho s'assura de ne plus avoir besoin de la serveuse avant d'entrer dans le vif du sujet.
" Vous disiez vouloir vous entretenir avec moi, avant que nous ne prenions place. Est-ce en rapport avec votre présence en ces terres ? "

La vie était un entremêlement de coïncidences et de surprises, celui dont elle cherchait la trace s'était présenté à elle sans crier gare, il résidait dans les mêmes locaux que la jeune fille et c'était plutôt une bonne chose, elle n'allait pas à avoir à courir après lui pour le retrouver. C'était un homme charmant, elle espérait de lui qu'il fasse preuve de bonne volonté mais elle ne se faisait cependant pas de faux espoirs, il était promis à l'une des deux disparues et son devoir était de la retrouver coûte que coûte tant que rien ne prononçait la mort des deux héritières. Le rosée de ses lèvres faisait ressortir une certaine pureté de sa blancheur de peau, elle n'était encore qu'une adolescente qui ne connaissait pas grand chose de la vie mais pourtant, elle était partie accompagnée de son fardeau afin de faire honneur à tous ceux qui lui faisaient confiance, c'était son devoir.

"C'est gentil de votre part Zuckho-Chan mais je suis loin d'égaler la beauté de ma mère."

Le promis avait toujours eu pour réputation de se montrer d'un naturel galant, il se montrait délicat et doux avec toutes les femmes qu'il croisait et c'était en ce sens qu'elle comprit qu'il ne le faisait pas seulement pour la politesse, la politique était un jeu prenant et il fallait savoir se mettre dans la peau de son personnage pour réussir et le noble jinmen en avait tous les attraits, c'était certain. D'un sourire calme et réservé, elle prit place à ses côtés afin de prendre commande et d'entamer un semblant de discussion, elle avait réfléchi à ce moment là toute la nuit mais elle ne savait plus quoi dire maintenant qu'elle se trouvait en face de cet homme si charismatique, était-elle celle qu'il fallait à l'Empire pour le diriger ? Mère plaçait tant d'espoir en sa fille qu'elle même commençait à douter de ses capacités, elle n'était pas douée en politique, elle n'était qu'une enfant et qui plus est pourrie gâtée ce qui ne lui permettait pas un large choix d'arguments. Elle n'était qu'une simple adolescente en quête de pouvoir qui ne lui sera sans doute jamais accordée mais elle n'était pas décidée à abandonner, maintenant qu'elle se trouvait là, elle allait aller jusqu'au bout.

"Je vois que votre clairvoyance est à l'égale de la réputation qu'on lui prête, la raison de mon entretien avec vous explique entre autre ma présence en ces lieux Zuckho-Chan. Je n'avais jamais voyagé de ma vie, à ce jour j'ai presque parcouru tout Azthia et ce tout en découvrant des gens plus formidables les uns que les autres, cette nation est magnifique ne trouvez-vous pas ?"

La jeune fille essayait selon toute vraisemblance de gagner du temps, elle s'autorisa une gorgée de vin afin de se rafraîchir la gorge mais surtout pour se donner du courage, elle avait déjà entendu dire que cette boisson apportée courage aux guerriers, qui nombreux la buvaient sans vergogne. Ayane n'était pas sûre des qualités que l'on lui prêtait mais qui ne tentait rien à rien et puis le tout était d'y croire, l'impossible est possible du moment que l'on persiste à croire en cet espoir, cette étoile qui brille pour nous. La princesse n'avait de cesse de prier les kamis et les dieux d'Azthia pour obtenir ce qu'elle souhaitait le plus au monde, elle n'était pas sûre de l'obtenir mais elle mettait toute sa ferveur à contribution.

"J'imagine que ce doit être la pagaille au palais, la disparition de l'Impératrice a dû beaucoup attristé mon père et mes soeurs ne doivent toujours pas être revenues. Va t'il bien ? Il me manque beaucoup vous savez, j'aurai aimé hérité de sa sagesse d'esprit mais faut-il croire que je n'ai que des défauts. Quoi qu'il en soit, j'ai une demande à vous faire, Zuckho-Chan. Si les jumelles ont vraiment disparues, seriez-vous prêt à vous allier à moi ? Père vous porte dans son coeur comme un fils, il mise de nombreux espoirs sur vous et j'ai besoin de vous, tout comme vous avez besoin de moi. Zuckho-Chan, ce n'est pas sans regret que je m'autorise à faire cette demande mais je réitère ma proposition, seriez vous prêt à me prêter main forte ?"

La shugenja n'avait jamais été aussi sérieuse de toute son existence, elle regardait son interlocuteur avec un regard digne et déterminé, elle n'était plus la gamine qu'elle était bien que cet exercice auquel elle se prêtait n'en était pas un et qu'elle pouvait échouer à tout moment, une phrase ou ne serait-ce qu'un mot pouvait avoir toute son importance et il reposait désormais sur elle la tâche de manier ces mots avec justesse, prestesse et sagesse. Sa proposition était osée, mais il fallait bien entrer dans le vif du sujet tôt ou tard et elle avait choisi de le faire maintenant, c'était là où tout allait se jouer.

Cet entretien inattendu l'était autant de par son lieu et son moment que par son fond. Et plus la jeune fille parlait, plus elle intriguait le prince consort. Elle disait avoir parcouru les terres d'Azthia de part et d'autre, presque entièrement, et avoir découvert de formidables choses et gens. Certes ce pays était magnifique, ne serai-ce que de par sa différence avec Oyashima, mais il ne fallait pas être malin pour deviner que les raisons véritables du voyage de la princesse issue de l'hydre étaient toutes autres. Lesquelles? Zuckho l'ignorait encore, mais il ne tarderait pas à le découvrir.
" J'imagine que ce doit être la pagaille au palais, la disparition de l'Impératrice a dû beaucoup attrister mon père et mes soeurs ne doivent toujours pas être revenues. Va t'il bien ? Il me manque beaucoup vous savez, j'aurai aimé hérité de sa sagesse d'esprit mais faut-il croire que je n'ai que des défauts. Quoi qu'il en soit, j'ai une demande à vous faire, Zuckho-Chan. Si les jumelles ont vraiment disparues, seriez-vous prêt à vous allier à moi ? Père vous porte dans son coeur comme un fils, il mise de nombreux espoirs sur vous et j'ai besoin de vous, tout comme vous avez besoin de moi. Zuckho-Chan, ce n'est pas sans regret que je m'autorise à faire cette demande mais je réitère ma proposition, seriez vous prêt à me prêter main forte ?"

Malgré son relativement jeune âge, la jeune apprentie shugenja s'était montrée convaincante et inspirée dans ses paroles, et il était évident qu'elle restait prudente. Cependant, l'aspirant consort avait appris à lire entre les lignes, et s'il pouvait parfois se tromper dans son interprétation, cette fois il compris la véritable teneur de la proposition. Il ne répondit pas de suite, portant sa coupe aux lèvres afin de s'hydrater quelque peu la gorge. Son regard tantôt sur la jeune princesse, tantôt sur la salle, il réfléchissait.

Ayane ne l'avait pas dit clairement, mais ce dont elle parlait était bel et bien l'héritage de l'empire. Etait-elle aussi ambitieuse que le disait la réputation de son clan ? Une alliance, comme elle le proposait, aurait certainement pour objectif de faire d'elle la future impératrice. Et cela signifierait, en d'autres termes, agir contre les traditions ancestrales. Car si les jumelles n'étaient jamais retrouvées – Zuckho se refusait à accepter cette possibilité – Ayane ne serait pas l'héritière de l'empereur. Pour ce faire elle devrait prendre la priorité sur Izami, son frère aîné, et c'est pour cela qu'elle avait besoin de l'aide de l'aspirant consort. Et si ce dernier n'aimait pas l'idée d'aller contre les traditions, il ne pouvait se permettre de rejeter la proposition de la princesse. D'une part parce que cette alliance pourrait lui servir autant qu'à elle (on a toujours besoin d'alliés), et d'une autre parce qu'ainsi il en apprendrait plus sur les intention du clan de l'Hydre.

" Une alliance ? " Répéta-t-il lentement. " Et quels en seraient les termes ? "
Il but une gorgée de la liqueur contenue dans sa coupe, et reprit avant qu'elle n'aie répondu.
" Ce que vous me demandez-là, Ayane-san, est délicat. Mon devoir est avant tout de servir l'empereur, votre père, et le peuple. Dans le respect des traditions que les kamis nous ont insufflées. "
Il marqua une courte pause, observant la jeune aspirante shugenja, avant de reprendre.
" Cependant, l'on m'a élevé depuis l'enfance afin que je devienne consort. Et si, par malheur, Miki et Maya n'étaient jamais retrouvées… Il me faudrait rentrer à Kubaï, mais là n'est pas ma place. Alors j'écoute votre proposition, Ayane-san. Que gagnerai-je à vous aider ? "

Avidité corrompue, telle pouvait être le qualificatif de la demande précédemment faite au futur prince consort et ce n'était pas sans une pointe de dégoût qu'elle avait été formulée, mais Ayane était contrainte de se trouver des alliés au sein même de sa propre patrie. Ici elle était seule, là bas seul son clan pouvait la soutenir, mais malgré leur réputée puissance il n'avait pas la détermination d'agir à la vue et au su de tous : Ayane était donc dans l'impossibilité de se reposer sur cette unique alliance. Dans cette discussion qui prenait une drôle de tournure, elle prit le temps d'une courte réflexion, le prince n'était pas débutant en politique et face à la jeune fille, il avait tout d'un maître. Elle devait faire attention à la moindre de ses paroles, chaque mot devait être pesé avec justesse afin de ne pas faire d'erreur malencontreuse et ce n'était que la base d'une discussion dont les enjeux étaient aussi grands.

"Les termes de cette alliance ? C'est plutôt simple, si j'accède au trône, vous devenez mon prince consort. L'empereur vous avez promis un mariage, et bien ce que vous deviez avoir en vous mariant à mes sœurs, mais que l'on ne peut plus vous offrir désormais, je vous l'offre. Ou tout du moins, je vous le concède à condition d'avoir votre soutien dans cette quête."

Interminable conversation, la princesse allait devoir s'habituer à ce genre d'entrevue car quelque soit son avenir, elle allait sûrement être contrainte à vivre et revivre ce genre de moment dans l'habitude quotidienne qu'offrait son noble titre. La vie au palais d'Hoshizora n'était pas sans délecter ses occupants d'une douceur impromptue et d'un confort de vie sans égal mais le quotidien était d'un barbant, réunion sur réunion et sacre après sacre, l'empereur n'avait pas une vie des plus guillerettes mais tel était le chemin qu'Ayane devait prendre. Les kamis l'avaient aidé durant son périple en ces terres, elle pensait par conséquent qu'ils s'étaient rangés à ses côtés mais ce n'était qu'une affirmation comme une autre.

"Pensez-vous qu'il est dans l'intérêt collectif que de mettre mon jeune frère à la tête de notre père ? J'ai certes le même âge que lui mais je suis bien plus qualifiée que lui dans ce rôle et de plus, si nous concluons cet accord, je vous aurai à mes côtés et ce n'est pas un atout à négliger. Vous êtes talentueux Zuckho, ne vous écartez pas d'un destin qui vous était destiné."

C'était avec ce sourire qui lui était propre et qui faisait sa réputation dans sa terre natale qu'elle s'adressait au noble du clan de la licorne : pour une jeune fille timide, elle ne manquait pas de cran. Dans sa candeur, il semblait surprenant d'entendre de tels mots sortir d'une bouche pourtant si innocente mais bien que cela puisse sembler improbable, tout provenait de sa propre volonté. Elle désirait montrer à sa mère l'étendue de ses compétences, elle n'était certes pas la meilleure de toutes les princesses mais c'est à force de volonté et de détermination que même les plus nuls peuvent espérer atteindre la réussite.

"Si vous m'aider, nous nous marierons. Moi impératrice, vous empereur. Je réitère la proposition de mon père mais j'en change certaines conditions, la mariée sera moi. A vous de voir si ce marché vous semble bon, je ne pense pas abuser de votre gentillesse avec de telles conditions mais seul vous êtes à même de juger."

Le temps que prit la jeune aspirante shugenja à penser à sa réponse, le prince consort l'usa pour se rafraîchir la gorge. Les boissons de ce pays n'étaient pas aussi raffinées que celles d'Hoshizora, mais au moins elle n'étaient pas imbuvable.
" Les termes de cette alliance ? C'est plutôt simple, si j'accède au trône, vous devenez mon prince consort. L'empereur vous avait promis un mariage, et bien ce que vous deviez avoir en vous mariant à mes sœurs, mais que l'on ne peut plus vous offrir désormais, je vous l'offre. Ou tout du moins, je vous le concède à condition d'avoir votre soutien dans cette quête. "
Un léger sourire se dessina sur les lèvres du jinmen.

Il ne s'était donc pas trompé, elle venait de clairement le lui confirmer. Elle souhaitait son soutien afin d'accéder à trône du dragon, et lui promettait la place à laquelle il était destiné. Si la situation avait été autre, il aurait catégoriquement refusé la proposition, se serait même indigné qu'on lui propose une telle chose. Cependant Miki et Maya n'étaient toujours pas retrouvée, et ce malgré ses recherches. Et si elles ne l'étaient pas – il eut un pincement au cœur, juste en y pensant – qu'adviendrait-il de lui ? Il pourrait probablement obtenir un poste de conseiller, les enseignements de Sun-Liang et de l'empereur le lui permettraient. Mais quand les Kamis appelleraient l'empereur à eux – que cela arrive dans encore longtemps, espère-t-il – ce serait alors, probablement, Izami qui lui succèderait. Serait-il un bon seigneur ? Qui sait peut le dire ? Zuckho a quelques doutes à ce sujet. Par ailleurs, qui sait ce qui peut arriver à Izami d'ici-là ? S'il venait à disparaitre…

Par contre si Zuckho offrait son soutien à Ayane, comme elle le lui proposait, il serait alors assuré d'avoir la place qui lui fut promise depuis son enfance. Il pourrait alors s'assurer que le bien de l'empire et de ses habitants passe avant tout le reste. Un mariage il aurait perdu, et un mariage il gagnerait. Les choses seraient alors, il le pensait, tel que l'empereur le voulait lorsqu'il l'avait choisi comme futur gendre. Mais pouvait-il faire confiance à la jeune fille de l'hydre ? Après tout, ce clan est plus réputé pour son goût du pouvoir que pour sa droiture. Cependant cette proposition restait, aux yeux du jeune prince consort, une alternative convenable si le pire venait à se réaliser. Aussi prit-i sa décision, et la parole du même fait :
" Ayane-san… Vous me paraissez plus maline et plus adroite que votre jeune âge ne le laisse paraître. J'ai été promis, il est vrai, à devenir consort. C'est mon destin, ce pourquoi j'ai toujours été élevé. Vous seriez sans aucun doute une meilleure succession au trône du dragon que votre frère ne le serait, malgré tout le respect que j'ai pour lui. Et c'est pourquoi, Ayane-san, vous aurez tout mon soutien. "
Le prince consort se tut un court instant, juste le temps de déceler les quelques signes de satisfaction sur le visage de sa compatriote, avant de reprendre.
" Cependant… Si vos sœurs venaient à reparaître, je veux que vous me promettiez de ne rien attenter à leur encontre. Et vous comprendrez que leur légitime héritage sera pour moi une priorité. Et par égard envers notre arrangement, je ferai ce qui est en mon pouvoir afin que vous obteniez une place majeur parmi la cour impériale. Cela vous convient-il, Ayane-san ? "
Une proposition audacieuse s'il en est, considérant qu'elle est faite à une ambitieuse. Cependant Zuckho voyait en cet échange une opportunité de se faire une alliée de poids, et d'alliés l'on en a toujours besoin. Bien sûr il n'était pas naïf au point de croire qu'elle respecterait la dernière partie de cet accord, mais cela lui permettait de garder une certaine marge de sécurité. Après tout, il serait bien idiot d'abandonner un mariage certain pour un autre probable, et il comptait sur la faible probabilité de voir réapparaitre les princesses jumelles pour qu'Ayane accepte sa part de conditions.

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