[FA] Les pouvoirs d'une Geisha (Mission Kaoru)

Le temps était particulièrement clément en cet fin d’Automne. Bien que les rayons du soleil se fasse le plus clair du temps désiré, rien n'aurait pu mettre en péril les activités de l'homme présent ici. Son activité était somme toute florissante et la jeune femme savait bien qu'ici elle ne manquerait pas de travail. Elle n'était pas très vieille, à peine une vingtaine d'année depuis quelques jours seulement. Mais aujourd'hui, elle jouait sa vue et surtout sa carrière. Elle aimait depuis toute petite la danse ainsi que les grande parures. Le métier de Geisha était donc tout destiné pour notre jeune jinmen.

Elle était née dans une famille relativement pauvre, sa mère était morte en couche et son père n'en avait que le titre. Très vite, elle avait du se faire à l'idée de se débrouiller seule. Heureusement pour elle, son voisin avait prit soin d'elle depuis qu'elle était petite, mais il était temps que cela cesse. Maintenant qu'elle avait terminé sa formation, il était temps pur elle de prendre son avenir en main et elle le fit lorsqu'elle entendit par le bouche à oreille qu'une certaine personne avait sûrement une place pour elle. Elle avait donc laissé une lettre à son tuteur et était partit le lendemain avec son maigre ballotin d'affaire qu'elle possédait. Quelques robe plutôt très belle, dont une réellement magnifique qu'on lui avait donné après son apprentissage, ainsi qu'une parure de bijou qui avait jadis appartenu à sa mère et qui ne la quittait jamais.

Le chemin n'avait pas était très long en soi, pourtant elle n'avait pas encore osé pousser la porte de la maison de thé devant laquelle elle était arrivé depuis pas loin de dix minutes, et elle n'arrivait pas encore à se décidé. Après tout, la suite des événements allait décidé de son avenir et elle espérait que tout se passerait bien et qu'il l'accepterait. Notre jeune Geisha inspira profondément et couvrit les derniers mètres qui la séparait de la maison de thé. Elle entra avec grâce et s'inclina.

« Bonjour, on m'a dit qu'ici je pourrais trouver du travail. Je me nomme Ishisachi Ami. »

Le propriétaire de la boutique, Kaoru, se retrouva nez à nez avec une jeune fille aux long cheveux noir ébène et aux yeux d'un vert émeraude étincelant. Qu'allait t-il faire face à ses yeux et cette voix ferme et déterminé ?

Le retour d'Azthia vers Arano fut éprouvant, leur arrêt dans le petit village azthien était trop court pour offrir une véritable coupure dans le voyage pour le sensible artisan. Kaoru avait apprécié de rencontrer Arsher, un jeune guerrier fort sympathique, et d'admirer les paysage de la moitié occidentale du continent, en revanche ne rien comprendre aux propos des habitants lui avait été insupportable. La route en chariot elle-même n'avait pas été une sinécure, l'artisan en avait des courbatures et avait du prendre plusieurs bains parfumés pour s'ôter cette détestable odeur de cheval. Son bonheur fut les douces attentions de ses sœurs geishas. Pour toutes mères d'okiyas ou patronnes de maison de thé, les geishas qui y travaillaient étaient leurs filles, pour Kaoru qui avait grandit à leur côté les voyait comme ses sœurs à commencer par Jâdh qui avait grandi avec lui.

L'ancienne geisha avait fait de l'excellent travail en son absence pour mener l'Hakuya et le patron n'eut plus qu'à reprendre ses marques dans l'établissement. Au bonheur d'être rentré il avait organisé une soirée pour fêter son retour, la réception comprenait un spectacle de geisha qui offrirent aux clients leurs plus belles danses, leurs chants et leurs musiques, Kaoru lui-même prêta sa voix pour raconter son voyage au public. La fête était réussie et avait permis à Kaoru de récupérer totalement des petits désagréments du voyage, il se remettait désormais avec ardeur dans ses affaires et notamment dans celles illicites dont sa co-gérante ne se souciait pas.

La journée était maussade bien que l'air soit doux pour la saison et l'artisan soupira, il aimait les temps ensoleillés malgré la chaleur étouffante que l'astre du jour pouvait parfois produire à Arano. La journée promettait d'être calme, enfin aussi calme qu'elle pouvait l'être dans une maison de thé telle que l'Hakuya. Il rejoignit la salle principale, celle par laquelle entraient les clients, pour s'assurer que tout allait bien. Là des habitués qui ne demandaient pas de salle personnelle le saluaient à son passage, à chaque fois le patron leur rendait leur salut aimablement en leur demandant s'ils avaient tout ce qui leur fallait.

De nouveau la porte s'ouvrit sur une personne, quand il était présent, Kaoru aimait à accueillir lui-même les nouveaux venus : un moyen de soigner son image. La personne était une jeune femme charmante au regard d'émeraude portant un balluchon. Elle prit à peine le temps de pénétrer la maison de thé avant de se présenter.

« Bonjour, on m'a dit qu'ici je pourrais trouver du travail. Je me nomme Ishisachi Ami. »

Ce n'était donc pas une cliente, Kaoru l'étudia attentivement et reconnu que la demoiselle répondait à ses exigences esthétiques pour une employée, elle s'était mû avec grâce et sa voix était assurée. Toutefois l'artisan n'embauchait personne sur ces seuls critères, ses clients étaient des gens raffinés qui recherchaient autre chose que des jolis minois que chaque établissement pouvait procurer : après tout la majorité des femmes avait le potentiel d'être une belle femme. Ishisachi Ami. Ce nom ne lui disait rien. Il lui offrit son sourire qui ne découvrait pas ses dents et inclina brièvement sa tête pour la saluer avec toute sa grâce et son élégance lui montrant indirectement son exigence esthétique.

« Enchanté Ami-chan, je suis Kitajima Kaoru, le propriétaire de ce modeste établissement. À ce titre je vous souhaite la bienvenue. Sachez que je n'embauche pas tous ceux qui se présentent ici, je vous demande donc de me suivre dans mon bureau afin que je juge si vous êtes digne d'intégrer ma maison de thé. »

Il désigna d'un geste raffiné le couloir qui menait vers ses appartements et en prit la direction, intérieurement il s'amusait du fait que pour l'atteindre il fallait traverser la salle pleine, c'était un premier test pour juger de la timidité et de l'aisance de la jeune femme, face à lui Jâdh étudiait avec sa discrétion habituelle la postulante. Dans le couloir Gagûro qui était en faction aperçu son maître et voulu le suivre, Kaoru l'en arrêta afin de ne pas trop impressionner Ami-chan. Dans le bureau il s'assit sur son siège sans inviter la demoiselle à prendre place sur celui face à lui, après tout elle ambitionnait d'intégrer un poste où on lui demanderait d'être debout de longues heures autour de personnes assises.

« Vous cherchez un travail Ami-chan, cependant il ne me semble pas avoir bien compris pour quel poste vous venez, les jeunes femmes que j'embauche sont employées comme serveuses ou geishas. J'aimerais également connaître vos références si vous en avez déjà. »

« Enchanté de même Kaoru-san »

Elle s'inclina avec grâce et suivit donc le propriétaire de la maison de thé dans son bureau. Traversé la salle ne fut aucunement une épreuve, elle salua les différents clients sans jamais en toucher. Elle les esquiva avec grâce et élégance, une fois arrivé dans le couloir qui menait vers le bureau, elle put voir un homme d'une stature plutôt impressionnante. Le propriétaire lui fit signe d'attendre et la jeune femme entra tranquillement dans le bureau. Bien entendu, elle resta debout, son travail lui demandait constamment de se lever et de s’asseoir et elle devait aussi rester des heures debout. Elle n'avait pas peur de cela.

Une fois le jeune homme en face d'elle installer, elle lui tendit un papier ou était rédigé toute ses références. Sa formation n'avait pas été courte, dix ans pour parvenir à un résulta honorable et elle espérait bien que le jeune homme le verrait. Elle n'avait pas encore travailler, dans une maison particulière en tout cas, elle avait surtout étudier et était sortit avec ses instructrices.

« Je suis venue vous voir pour un poste en tant que Geisha. J'ai appris dans une Okiya du côté de Koubaï, il s'agissait d'un petit endroit pas très réputé certes, mais j'ai suivit un cursus très dur. J'ai commencé à l'âge de dix ans et j'ai été choisis assez souvent pour représenter l'Okiya en danse. Je sais que c'est bien peu et que je suis encore assez jeune. Mais je suis déterminer et j'espère qu vous me donnerez ma chance. »

Voilà, elle avait dit tout ce qu'elle avait à dire. Elle ne doutait pas que le jeune Kaoru serait choisir avec discernement et qu'il lui proposerait sûrement un essai avant de l'engager véritablement. Lui aussi jouait beaucoup de chose et elle comprenait bien qu'il ne devait pas se décidé comme cela sur un coup de tête. Avoir un physique agréable ne faisait pas grand chose si l'ont était une empoté.

Alors c'est à toi jeune homme, à toi de décidé maintenant. Donneras-tu sa chance à cette jeune fille qui ne demande qu'a travailler ou trouveras-tu une raison quelconque de la renvoyer dans un endroit ou son talent serait sous exploiter et ou elle servira plus comme femme de ménage qu'a autre chose ? Vas-tu lui permettre de réaliser son rêve de rendre fier son tuteur pour son travail ou l'obligeras-tu à retourner vers ce père qui n'en a que le titre et vers son tuteur avec une impression de défaite ? A toi de voir cher maître !

Kaoru prit délicatement le papier que lui tendait la jeune postulante et y jeta un coup d'œil attentif tout en écoutant sa présentation. Si ses prétentions étaient vraies elle savait bien danser. Ceci serait aisé à vérifier, quant aux références elles étaient bonnes, toutefois elles démontraient une inexpérience effective Ami-chan ne semblait avoir jamais travaillé sans ses sœurs et tutrices. Il estima l'âge de la jeune geisha à la vingtaine débutante, peut-être un peu moins, c'était âgé pour un début. Les geishas qui ne logeaient pas dans des okiyas gagnaient assez bien leur vie ou avaient un riche protecteur qui leur permettait de vivre indépendante, ce qui n'était pas le cas d'Ishisachi Ami et puisqu'elle avait quitté sa propre okiya pour venir à Arano l'embaucher signifiait la loger. Accueillir une geisha ou apprentie geisha était un investissement très coûteux dans lequel on ne rentrait dans ses frais avant parfois plusieurs années, entre la nourriture, les habits, les cours de représentation, les soins médicaux, etc.

Kaoru avait fondé l'Hakuya de sorte à pouvoir accueillir des geishas qui ne travaillaient que dons son établissement, une façon de plus de concurrencer les autres maisons de thé. Dans le cas présent Ami-chan avait fini sa formation et elle était en mesure de pouvoir travailler et l'investissement était réduit. Néanmoins une geisha incapable était un gouffre financier, l'artisan n'embauchait que les femmes compétentes.

« Avez-vous effectué votre mizuage ? »

La question était loin d'être innocente, elle sous-entendant la question de la virginité et si elle avait passé ce pallier elle n'avait plus de mystère sur le métier de geisha. Avant tout des artistes, les geishas pouvaient se prostituer pour des clients influents afin de les fidéliser voire de se trouver un protecteur qui agirait comme un véritable mécène envers sa geisha. Le mizuage était également l'occasion pour la débutante de rapporter une belle somme à son okiya. Il étudia attentivement la réaction d'Ami qui était aussi une source d'information riche.

La jeune fille en face de toi te regarde droit dans les yeux. Pas un cillement rien. Elle revit dans sa tête les différents événements de sa vie. Tout se déroulait devant ses yeux encore et toujours comme chaque nuit qu'elle passait. Elle se reprit et décida de répondre en toute honnêteté aux jeunes hommes, après tout elle était là pour cela. Elle ne voulait pas qu'il la juge sur ce qu'elle avait pu faire ou pas, mais elle savait très bien que ce métier comportait ce genre de chose. Elle soupira doucement et se décida à te parler.

« Non, je ne l'ai pas fait. »

La réponse était claire et nette. Pas d'esquive, pas de détournement, elle t'avait juste répondu avec franchise et honnêteté, ce qui était assez rare parfois surtout venant des jeunes. Qu'allait donner la suite de cet engagement. Aurait-elle une importance quelconque sur ton choix, après tout, l'argent qu'elle rapportait du à sa virginité pourrait être plutôt conséquent. Qu'allait donc tu faire ? Qu'elle serait ta décision finale !

La jeune femme ne rougit pas, ni de détourna le regard, ni ne montra d'étonnement, c'était bon signe, ainsi elle saurait réagir face aux propos graveleux des clients. Ami-chan déclara sobrement qu'elle ne l'avait pas fait. Elle paraissait sincère, aussi Kaoru décida de la croire, cette question était facilement vérifiable s'il l'avait posé dès le début c'était parce qu'il aimait l'honnêteté à son égard : une geisha devait être secrète avec ses clients et sincère envers son employeur, sincère et fidèle car c'était les propriétaire de maisons de thés qui faisaient et défaisaient les réputations des femmes papillons.

Encore une fois il s'étonna que son okiya l'ait laissé partir ainsi, sans même faire son mizuage. Ami-chan était belle et pour peu qu'elle soit aussi bonne danseuse que ses références le mentionnaient sa virginité aurait pu se vendre à prix élevé. L'artisan l'interrogerait à ce sujet plus tard, il saurait bien assez tôt grâce à ses contacts si elle s'était enfuie ou non. Il lui rendit le papier.

« Je vous remercie de votre franchise, c'est une qualité que j'apprécie excepté face aux clients à qui il convient de masquer la vérité, n'est-ce pas ? La geisha est une artiste, son art est de faire rêver par sa voix, ses propos, son attitude, ses gestes et un talent tel que la danse. Une joueuse de shamisen qui ne peut jouer sous l'effet du trac, n'est pas digne de ce titre, je vous prend à l'essai et vous me démontrerez vos talents en action. »

Il lui offrit un sourire pour la rassurer, toujours ce même sourire qui lui était habituel les lèvres serrées, mystérieux. Puis il se leva et invita la demoiselle à le suivre hors de son bureau, ils passèrent de nouveau devant Gangûro, Kaoru fit un court arrêt pour le présenter à Ami-chan, l'homme était son homme de confiance, les employés de la maison de thé pouvaient se fier à lui. Il l'amena ensuite à Jâdh à qui il enjoint d'accompagner la postulante dans une pièce où elle pourrait se parer et laisser ses affaires avant de le rejoindre dans une salle individuelle. Les femmes parties l'artisan alla retrouver Gangûro pour lui confier un petit travail de renseignement sur la personne d'Ishisashi Ami et sur l'okiya dans laquelle elle avait grandit à Koubaï. Autant il était capable d'embaucher des personnes juges comme déshonorées sans hésiter autant il aimait savoir qui entraient dans son établissement.

La jeune fille était on ne peut plus ravi de ta décision. Cela allait lui permettre d'enfin travailler de montrer ce qu'elle valait autre part que chez elle. Il était vrai que sa situation n'était pas conventionnelle et tu l'avais sûrement remarqué. Elle avait l'air d'être quelqu'un qui avait la tête sur les épaules et qui était pressé de faire ses preuves. Mais quelque chose te taraudait encore n'est ce pas ? Comment se faisait-il qu'on l'avait laissé partir ? S'était t-elle enfuit ? Telle était les questions qui te trottait dans la tête et sur lesquels il allait te falloir des questions. Mais pour l'instant tu devait la mener vers la Geisha qui allait lui permettre de commencer son travail. Tu n'hésitas pas un instant à confier une mission à ton homme de main.

Quelques heures plus tard, Jâdh fit ressortir la jeune fille. Elle était totalement changé dans une robe blanche et doré qui lui allait à ravir. Tu étais tout de même assez impressionner pas seulement par la beauté de cette jeune fille qui semblait avoir quelque peu vieillit et qui se tenait comme une véritable Geisha, mais aussi par cette robe dont tu savais qu'elle ne venait pas de chez toi. Comment avait-elle pu se la payer, rare était les Geisha qui pouvait se le permettre et plus encore si elle n'était qu'en apprentissage. D'autres questions se substituait aux autres. Était-elle vraiment aussi innocente qu'elle y paraissait ? Une pointe d'inquiétude venait se ficher dans ton cœur, qui était rentrer chez toi et avait demander un travail. Ne t'en fait pas jeune homme tu le serais bien assez tôt, mais pour le moment tu devait apprécier les talents de ta nouvelle Geisha à l’œuvre.

Ton regard ce posa donc sur la jeune femme en attendant que ton homme de main revienne. Tu remarque très vite que toute sa gestuelle, ses manières de faire et sa façon de se comporter envers les clients est tel qu'elle ressemble à une Geisha beaucoup plus expérimenter que tu ne t'y attendait. Mais qui était-elle à la fin ? Voilà une bien bonne question auquel ton homme de main va pouvoir répondre, lui qui vient juste de revenir. Tu t'avance donc vers lui et il commence alors à te raconter ce qu'il a découvert sur l'ancienne Okiya de ta protégé, il t’emmène à l'écart t'obligeant à lâcher de vue la jeune femme qui à largement montrer de quoi elle était capable, ne restait plus que la danse à voir finalement. Il te parle ensuite de ses découvertes.

« Une vielle dame m'a reçu dans l'okiya qui était enfaite fermé. Lorsque Ami travaillait, elle rapportait énormément d'argent, cependant une des geisha s'est approché de trop près des affaires d'un client plutôt important et ne résistant pas à l’appât du gain, elle a voler de l'argent à cet homme qui était devenue son protecteur. Ami était avec elle ce soir là et lorsque l'homme l'a découvert, il a tuer la Geisha et à menacer l'okiya qu'il a d'ailleurs piller. De peur qu'Ami et Chiaki l'autre Geisha ne soit elle aussi tuer, elle à décidé de fermé et d'envoyer Ami vers vous. »

Il s'arrête un instant et tu sais qu'il a d'autre chose à dire. Patiemment tu attends qu'il raconte la suite.

« La vieille dame à séparé les robes qu'elle possédait en deux et les à donner a Ami et Chiaki, puis elle leur a dit de partir avant que quelqu'un ne les retrouve. Elle a ensuite fermé l'okiya, mais il y a une chose dont elle s'est souvenu lorsqu'Ami est revenue de cette soirée sans sa sœur. Elle paraissait terroriser, pourtant elle n'a jamais eu peur de rien. Cela à inquiété encore plus la vieille dame mais la jeune fille n'a rien dit. »

Ton homme de main avait fait du bon boulot. Il t'avait rapporté l'incident qui avait obligé la jeune fille à venir travailler chez toi et les questions concernant les robes étaient maintenant lever. Il te confirma aussi ses références concernant la danse, cette jeune fille était une mine d'or, elle avait l'art d’envoûté les autres en dansant et nul ne pouvait détourné son regard d'elle lorsqu'elle avait commencé, de plus elle avait appris très vite son métier de geisha, cependant quelque chose avait retardé le fait que la vieille dame n'avait pas fait faire son mizuage à Ami et aussi le faite qu'elle n'ait pas commencé très jeune à travaillé sans ses sœurs, mais la vieille dame n'avait pas voulu donner la raison.

Maintenant, tu connaissais une partie de l'histoire, et tu te doutait que le reste n'allait sûrement pas être très joyeux vu les circonstance dans lesquels la vie de la jinmen avait commencer. Alors cher gérant, que vas tu faire maintenant ? Essayer de la questionner sur le pourquoi de la décision de la vieille dame de la faire travailler plus tard ? Ou encore vas tu la questionner sur ce qui l'a terroriser lors de cette soirée ? Ou bien vas tu vouloir voir cette façon de danser qui semblait envoûter les autres ? A toi de voir, a toi de décidé, mais en tout cas tu as pu constater que ce n'était pas une méchante fille comme les événements auraient pu le prétendre.

La préparation d'une geisha était longue du fait des superpositions de kimono qu'il fallait enfiler et du maquillage qui était parfois une véritable œuvre d'art en soi. Les essais d'Ami-chan se ferait dans la soirée et Kaoru avait plusieurs heures devant lui pour vaquer à ses occupations et ses clients. L'originalité de l'Hakuya était que le propriétaire ne se contentait pas de gérer un établissement de thé mais constituait lui-même ses mélanges d'herbes à infuser : principalement du thé mélangé avec d'autres plantes pour constituer des boissons à divers effets sur le corps que ce soit énergisant ou régénérant. Rien du niveau de potions évidemment, il s'agissait d'effets subtils distribués pour des personnes en relativement bonne santé. Certains de ses mélanges les plus réclamés étaient de légers aphrodisiaques dont les geishas faisaient grand usage.

Régulièrement l'artisan faisait varier les mélanges utilisés et en recherchait de nouveaux pour stimuler sans cesse la curiosité et le goût pour la nouveauté de ses clients. Sa seconde activité était sensiblement identique si ce n'était que les produits qu'il proposait dans son arrière boutique avaient pour objectif d'être fumés et non bu et avaient des effets plus « forts » tel l'opium. Là encore l'herboriste s'amusait à faire ses propres mélanges modifiant le goût et les effets de ses herbes à fumer. Bien que les fumeries d'opium soient légales à Arano il fallait une autorisation et elles étaient surveillées par les forces de l'ordre qui n'aimaient pas trop les mélanges, c'était la première raison pour laquelle Kaoru avait opté pour un établissement de thé qui cachait une seconde activité non reconnue afin d'avoir la liberté d'y faire en secret ce qu'il y voulait et ses clients appréciaient que ce qu'ils y faisaient y restaient. C'était un jeu fort amusant d'observer des humains s'embrumer l'esprit par diverses plantes dont ils ne savaient rien, leurs réactions étaient si révélatrices de leurs désirs et les herbes les rendaient malléables à souhait. La seconde raison pour laquelle l'artisan avait choisit de garder la fumerie secrète était que cela lui permettait d'offrir un lieu à tous ceux qui souhaitaient s'adonner à des pratiques illicites : trafic d'armes, pots-de-vins, revente d'humains, etc. L'objectif cette fois était de se faire des obligés de ces personnes – souvent même des nobles – qui savaient rendre service en retour au propriétaire de l'Hakuya.

Bien évidemment seuls certains employés triés sur le volets étaient au courant de ce qui se tramait dans l'arrière-boutique et la plupart gardaient le secret en respect pour celui qui les avait recueillit quand beaucoup les rejetaient pour un enfant né avant mariage, un délit regretté ou un déshonneur relatif. Ami-chan, comme tous les employés tout juste embauchés, ignoraient l'existence de l'arrière-boutique tant qu'ils n'en étaient pas jugés digne et si d'aventure l'un d'entre eux venait à se montrer trop curieux il encourrait la condamnation de Kaoru : parfois l'imprudent était drogué et prostitué jusqu'à sa destruction physique, parfois simplement menacé et parfois encore exécuté froidement. En retour le propriétaire savait se montrer reconnaissant envers ceux qui lui étaient fidèles et ses employés n'avaient pas à se plaindre. Pour preuve ils pouvaient faire des doléances qui étaient prises en compte.

Dans sa journée l'artisan croisa plusieurs fois Mînh la fille de Jâdh qui venait jouer dans les cuisines et les parties réservées aux employés, à chaque fois Kaoru lui offrait un radieux sourire quand il ne cédait pas et lui permettait d'aller demander une sucrerie aux domestiques. Il considérait Jâdh comme sa sœur bien qu'ils n'aient pas de sang en commun et voyait la petite comme sa propre fille, une enfant pleine de vie et radieuse. Enfin l'heure de mettre à l'épreuve Ami-chan arriva. Kaoru vit apparaître une délicieuse geisha vêtue d'un kimono aux teintes blanches et dorées qui lui était inconnu, il sourit satisfait de sa beauté et douta un peu de la virginité de la “demoiselle” : allons une aussi belle jeune femme de vingt ans déjà qui aurait évité les avances pressantes des hommes ? Cela n'avait qu'une importance secondaire, bien que de l'argent soit toujours le bienvenu lorsqu'on logeait des geishas aussi il remblaya cette pensée dont Gangurô pourrait lui donner des explications.

Kaoru mena Ami-chan dans une pièce où se tenait une fête privée dans laquelle œuvrait déjà trois geishas. Son entrée fut vivement saluée, la présence du maître des lieux était toujours un honneur pour les clients qui l'invitaient parfois à les rejoindre. Ce soir il était là pour mettre à l'essai une nouvelle geisha, il resterait donc pour l'observer.

« Mes chers amis, j'ai l'honneur de vous présenter une nouvelle geisha de l'Hakuya, Ami. Elle est là ce soir pour vous servir, je comptes sur votre bienveillance à son égard. »

Il laissa Ami-chan se présenter et alla s'installer au côté d'un des clients, un marchand de ses habitués qui se réjouit autant de sa présence que de celle de la nouvelle geisha. La soirée se passa à merveille, Ami-chan démontrait un réel talent et se comportait avec l'aisance d'une geisha confirmée, il était d'autant plus intriguant qu'elle n'ait achevé son apprentissage. Satisfait par sa prestation Kaoru regretta seulement que les clients ne lui aient pas demandé de danser, cependant parmi les geishas présentes était Hamako la meilleure des geishas de l'Hakuya et ses chants étaient réclamés encore et encore. L'artisan confia à nouveau Ami-chan à Jâdh pour la nuit et la demoiselle peupla ses rêves de manière en partie intrigante et en partie sensuelle.

Gangûro fut de retour le lendemain, Kaoru était impressionné de sa vitesse, comme toujours son homme à tout faire était efficace. Ami-chan travaillait à ce moment-là dans la grand salle et l'artisan s'en éloigna. Il écouta ensuite attentivement Gangûro qui leva le voile sur une partie des mystères de la jeune geisha, l'une de ses sœurs avait volé un client qui menaçait également Ami, ce qui signifiait que l'homme pouvait toujours décider de la traquer jusqu'ici. C'était problématique puisque cela mettait en danger l'Hakuya, toutefois ce genre de danger avait tendance à émoustiller l'artisan, c'était un défi dont il pourrait retirer quelque chose et nul défi sans risque, de plus il était confirmé qu'Ami-chan n'avait pas effectué son mizuage et s'il en ignorait la raison il ne doutait plus de retirer beaucoup de son emploi.

« Je regrette que la grand-mère ne m'ait révélé davantage. » Déclara Gagurô, mais Kaoru leva la main.

« Tu as fais un très bon travail, Gangurô, une fois encore et je t'en remercie. Ami-chan me révélera tout en temps voulu… Je préfère attendre un peu qu'elle soit en confiance et je suis curieux de voir cette danse si “envoûtante”. »

Sa décision prise Kaoru retourna dans la grande salle et pris d'une inspiration subite se dirigea vers la petite estrade au fond sur laquelle se déroulaient parfois des petites représentations et y monta.

« Messieurs, afin de vous divertir je vous propose une petite danse effectuée par Ami-chan, notre nouvelle fleur et qui de mieux que notre chère Jâdh pour l'accompagner au shamisen, n'êtes-vous pas d'accord ? »

Les clients approuvèrent à grandes acclamations réjouies soutenus par les geishas et serveuses présentes qui scandèrent le nom d'Ami pour l'encourager à monter sur l'estrade où Kaoru l'attendait droit semblable à un papillon à côté des fleurs colorées qu'étaient les geishas. Une serveuse était allée apporter un shamisen à la co-gérante qui regardait d'un air entendu son frère de cœur et prit place sur un coin de l'estrade tandis que Kaoru la quittait, avide de voir la danse réputée envoûtante.

La jeune fille te regardait avec un sourire que jamais personne ne t'avait donné. Elle était heureuse car cela voulait dire que tu lui donnais sa chance, que tu t'intéressait à elle et donc le travail de toute ses années avaient finalement payé. Elle s'approcha donc tranquillement de l'estrade, avec une grâce et une agilité rarement vu chez les Geisha qui n'était que des apprentis. Quelque chose se cachait derrière ce visage et tu espérait bien savoir le fin mot de l'histoire, mais pour le moment tu avais solliciter la jeune Ami pour une danse accompagner de ta sœur de cœur Jâdh. La jeune fille s'accroupit devant Jâdh avant de monter sur l'estrade et lui confia un des peignes de ses cheveux. Le peigne en question relâcha une bonne mèche de cheveux qui se situait derrière la tête d'Ami et avec un air tranquille, elle monta sur l'estrade et s'inclina devant toi. Te remerciant ainsi en silence de la chance que tu lui donnais. Elle sortit alors de sa ceinture deux éventails et les déplia. Non contente de danser très bien sans accessoire, la jeune fille adorait danses avec les éventails. Elle se mit alors en position et commença sa danse.

Sa grâce était tel qu'il était difficile de détourner les yeux d'elle. Elle accélérait lorsque la musique se faisait et ralentissait lorsque celle ci ralentissait. Elle possédait une donc naturel pour s'accorder à la musique. Tu remarquais rapidement que certains de ses mouvements étaient plus amples à certains endroit de la musique et que d'autre fois ils étaient courts et elle jouait plus avec ses éventails. Elle s'appropriait la musique comme si c'était elle qui la jouait. Tu posais tes yeux sur tes clients et remarquait qu'ils étaient totalement subjugués, comme envoûté. Étrange. Tu te hasardait même à passer entre eux, mais aucun ne semblait te remarquer. Encore plus étrange comme situation. Ton regard se posais alors sur Ami qui continuait de danse. Était-ce le fruit d'un enchantement ? D'une capacité spéciale de la jeune fille ou seulement de ses cheveux qui virevoltait au rythmes de la musique de tel sorte qu'on avait l'impression qu'ils lui offraient un autre vêtement.

Finalement la musique ralentit une nouvelle fois, les mouvements de la jeune fille se firent plus souple, plus ample, plus lent et lorsque la musique s'arrêta, elle était à terre un éventail sur son visage et un autre ranger en dessous de sa main. Les clients reprenaient le court de la soirée et applaudirent à tout craqué. La jeune Ami se leva et salua son publique si heureux de l'avoir vu faire. Toi même étais subjugués par cette danse qui n'avait certes pas eu le même effet que sur tes clients, mais qui t'avait tout même envoûté. Tu la laissait reprendre son travail de la soirée, mais une chose te turlupinait. Comment les clients avaient pu être envoûté de tel sorte que quelqu'un aurait pu les détroussé dans qu'il ne s'en rende compte et ne réagisse. Plein de question te venait, mais la soirée était terminé et finalement les geisha étaient partit se coucher et Ami avec.

Le lendemain, Ami se leva de bonne heure pour profiter des derniers jours d'Automne. La temps était assez clément et elle sortit devant l'Hakuya pour prendre l'air. Elle ne s'éloigna pas trop et profita tranquillement des derniers rayons de soleil qui filtraient à travers les nuages. Sa soirée s'était magnifiquement passé. Elle avait enfin pu montrer ses capacités et elle était heureuse. Mais on bonheur allait être de courte durée, deux hommes s'approchèrent d'elle et l'accostèrent.

« C'est toi Ami ? Ta sœur nous a dit qu'on te trouverait ici. »

Ami sursauta et se leva très vite pour se mettre sur le chemin de l'Hakuya.

« Je n'ai de sœur que les geisha présente ici. Je ne connais personne d'autre et d'ailleurs qui êtes vous ? »

« T'inquiète pas mal belle, t'vas nous servir. Pouvoir hypnotiser le public st'idéal pour les détrousser. De plus personne ne voudra de toi, même si ta gueule vaux le coup paraît que le reste c'est pas le cas.»

Les yeux d'Ami s’agrandirent. Comment le savait-il ? Elle même ne l'avait appris que lorsque la vieille dame lui avait dit de se rendre ici pour travailler. Et son physique ? Personne ne savait non plus à part la vieille dame et ses deux sœur dont l'une était morte et l'autre en fuite. Comment pouvait-il être au courant. Elle n'en savait rien, mais jamais elle ne laisserait quiconque se servir d'elle.

« Je ne sais pas de quoi vous parler, laissez moi tranquille. »

Les deux types se jetèrent sur elle, mais elle se servit de son agilité pour leur échapper. Elle rentra aussi sec et attendit non loin de la porte qu'il s'en aille, ce qu'il ne manquèrent pas de faire. Elle soupira. Son cœur battait la chamade et lorsqu'elle croisa ton regard, elle sut qu'elle allait devoir rendre des comptes sur certaines chose qu'elle ne comprenait pas encore et aussi sûrement sur d'autre qu'elle allait devoir te dire et le plus tôt serait le mieux.

Alors cher maître que vas tu faire ? La questionner sans aucune façon et lui demander de tout te dire ou lui parler gentiment pour avoir toutes les réponses qui te taraudait depuis de nombreuse heures ?

Ami-chan offrit un grand sourire radieux à Kaoru quand il l'invita à monter sur l'estrade, on aurait pu croire une demoiselle dont l'amant vient de la demander en mariage. L'artisan se demanda avec amusement quelle serait la réaction de la geisha s'il l'embauchait, réaction qu'il découvrirait rapidement si sa danse lui convenait. Pour l'heure il était satisfait d'elle et n'attendait qu'à en savoir un peu plus sur la jeune femme, autant lui-même aimait à conserver ses secrets, autant il attendait qu'on n'en ai peu envers lui. La raison était également professionnelle, bien qu'habitué à recueillir des « chiots égarés » à l'instar de Gangurô et accepter dans ses rangs des personnes au passé douteux, il entendait savoir dans quoi il s'engageait en les embauchant. Il acceptait beaucoup de chose, sauf peut-être le meurtre, après tout n'avait-il pas sauver une samouraï déchue dix ans auparavant ? Il n'avait à l'époque aucun soutien relationnel comme aujourd'hui et avait risquer sa tête dans l'affaire, heureusement personne n'avait pu remettre la main sur la jeune femme et elle était partie et avec elle le cœur du jeune homme. La seule femme qu'il avait aimé et paradoxalement la plus différentes de toutes celles qu'il avait enlacées. Au fond de lui il espérait bien la revoir, toutefois la réalité l'enchantait bien assez pour en faire une rêverie distrayante.

Avait même de voir danser Ami-chan, Kaoru apprécia son absence de trac et son aisance alors qu'une salle entière dardait ses yeux sur elle. Il tressaillit de joie en la voyant sortir des éventails : son objet de prédilection, tant et si bien qu'il en avait fait une arme, belle et mystérieuse. La danse commença et l'artisan eut toutes les raisons d'être heureux de sa nouvelle geisha, sa grâce et sa maîtrise du geste s'accompagnaient d'un sens du rythme parfait : elle ne suivait pas la musique, ses gestes étaient la représentation visuelle de la musique. Il admira l'excellence de ses mouvements quelques secondes encore avant de vérifier l'effet sur ses clients. Ils étaient tous captivés, ce qui était une bonne chose... toutefois il y avait quelque chose d'intrigant dans leurs expressions. Kaoru était habitué à observer l'émerveillement dans les regards et ce qu'il y voyait allait bien plus loin, telle une hypnose. Les geishas et les employées semblaient elle-même oublier leurs tâches. Pensif Kaoru déambula dans la salle en scrutant le moindre regard, la moindre expression et s'avisa que personne ne détournait les yeux à son passage, ce qui était une réaction normale même lorsqu'on était captivé par un spectacle.

Kaoru ne parvenait pas à deviner la raison de l'effet exagéré de la danse sur ses convives, il y avait là des habitués et des professionnelles qui savaient apprécier le talent d'Ami-chan sans pour autant en être étonné comme l'on pourrait être étonné de voir danser un kami. L'artisan gloussa intérieurement : et si la demoiselle était un kami ? Amusant mais ridicule. La danse était un art et cette jeune femme la maîtrisait à un niveau qui contrastait avec son relativement jeune âge. Enfin la musique prit fin, Ami-chan démontra son talent en achevant sa prestation sur une position expressive. Kaoru ressentit une pointe de déception à l'idée que c'était fini tandis que ses clients acclamaient la danse. Aucune malice dans le regard de la jeune femme, seulement de la joie naïve d'être appréciée, elle retourna travailler auprès des clients et l'artisan alla enjoindre sa sœur de cœur de veiller à ce qu'aucun d'entre eux en tente de l'inviter dans son lit. Après la prestation de ce soir l'habile gérant estimait que le mizuage de la jeune geisha pourrait rapporter beaucoup. Une raison de plus d'incompréhension vis à vis de son ancienne okiya qui aurait manqué cette occasion. Quoiqu'il en soit il était hors de question qu'il laisse un homme la prendre dans son lit.

Le reste de la soirée se déroula de manière plus classique, néanmoins Kaoru s'interrogeait sur la nature de l’envoûtement que la danse d'Ami-chan avait eut sur ses clients, et non pas sur lui visiblement puisqu'il avait été le seul à s'en détourner. Jâdh elle-même avait avoué avoir eu le sentiment d'être dans un monde où seul les gestes de la jeune femme comptaient et ne réalisait plus qu'elle était celle qui jouait de l'instrument. Le fils de geisha y voyait bien son intérêt financier, en revanche il trouvant l'intensité de la réaction très inquiétante car c'en était au point où il aurait pu faire les poches de ses clients sans qu'ils ne s'en rendent compte. Le temps qu'il se décide à interroger la jeune geisha plus avant, la soirée avait laissé place à la nuit et Ami-chan était allée se coucher. Kaoru avait pris sa décision : il était prêt à l'embaucher – il aurait fallu être fou pour laisser tomber une aubaine pareil – sous réserve de ce qu'elle pourrait lui dévoiler de son passé.

Las de ses réflexions et la tête remplie de beauté l'artisan aspirait à sentir un corps contre le sien pour la nuit et appela l'un de ses favorite qui le rejoignit avec joie car bien qu'il ne paya jamais pour coucher avec ses employées, il ne les y forçait jamais et était suffisamment beau et bon amant pour qu'elles se réjouissent qu'il les appelle. Kaoru ne manquait jamais d'amants que ce soit parmi les geishas où les femmes mariées, parfois même avec certains hommes, dans ce cas c'était davantage le jeu du secret et de l'interdit qui l'excitait et sélectionnait toujours soigneusement ses partenaires parmi ceux qui ne seraient jamais suspectés de telles pratiques. Au sein de l'Hakuya, Jâdh et Gangurô étaient les seuls à partager ce savoir et lui servaient de couverture lorsqu'il le fallait.

En très bonne compagnie l'artisan plongea dans un sommeil très profond dans lequel l'envoûtement de la danse laissa la place à un autre. Un regard droit aux yeux d'un noir profond. Une seconde qui l'avait subjuguée bien plus profondément que le moindre geste d'Ami. Kaoru se réveilla près d'un corps endormi. Pendant ces quelques secondes où l'esprit est encore emplit du rêve, il se réjouit de la présence de la dame avant d'ouvrir les yeux et de reconnaître sa partenaire avec déception. Il soupira silencieusement. Combien d'année cela faisait-il ? Dix ans. Dix ans et elle exerçait toujours le même attrait sur son esprit. Le jeune homme rit de lui-même, amoureux fou d'un souvenir, une femme qu'il ne reverrait peut-être plus jamais et dont l'image qu'il conservait avait certainement été embellie par ses rêveries.

Comme tout établissement ouvert jusque tard dans la nuit, l'Hakuya ne commençait à bruisser d'activité qu'en fin de matinée, à cette heure matinale pour lui, déjà bien avancée dans la journée pour d'autres Kaoru ne rencontrait dans les couloirs que des domestiques chargées d'entretenir les lieux et d'effacer les restes des fêtes de la veille au soir. Il déjeuna seulement accompagné de Gangurô qui le suivait toujours comme son ombre quand il n'était pas en mission, installé dans l'une de ses pièces qui accueillaient les clients lorsque l'Hakuya ouvrait ses portes. La maison de thé était sa maison et il en goûtait tout le calme et la beauté lorsqu'elle était encore close, lui offrant l'illusion d'être un seigneur dans sa demeure. L'automne n'était jamais glacial à Arano, mais le vent froid parvenait parfois à geler les habitants lorsqu'il soufflait en rafale, ce n'était heureusement pas le cas aujourd'hui et les domestiques avaient ouverts les fenêtres pour aérer les pièces avant de faire brûler des encens pour parfumer les lieux.

Repu, Kaoru décida en attendant que la maisonnée s'éveille d'aller se promener dans les rues, cependant il atteignait à peine la grande salle sur laquelle l'entrée donnait que la porte s'ouvrit à la volée pour laisser entrer Ami essoufflée et affolée. De nouveau intrigué l'artisan l'étudia quelques secondes et comprit qu'elle fuyait quelqu'un. Quelqu'un dont elle espérait qu'il n'insiste pas et se retire. Tiens donc, voici les rebondissements que l'histoire de la jeune geisha promettait d'apporter. Très maître de lui-même comme toujours, Kaoru ne montra aucun signe d'affolement en croisant son regard, comme s'il n'avait rien vu à même de le menacer.

« Un importun vous a-t-il menacé Ami-chan ? demanda-t-il d'une voix douce et apaisante en laissant poindre dans son ton un soupçon de sollicitude quand lui-même se réjouissait d'avoir l'excuse pour interroger la demoiselle. Gangurô va donc voir s'il y a des individus qui se prennent à effrayer mes employées. »

Manipulateur, il l'était sans conteste, insensé et inconscient, absolument pas, tout assuré qu'il était d'avoir l'avantage pour obtenir les réponses à ses questions, obtenir ce que la vieille dame de l'okiya avait caché à son homme de confiance, l'artisan ne négligeait pas le danger potentiel qui pouvait se retourner contre lui contre l'un de ses employés, sa famille. Gangurô avait fait un léger geste rassurant envers Ami avant de sortir vivement repérer d'éventuels hommes qui suspects. Certes il aurait pu être judicieux de demander à la jeune geisha de décrire celui ou ceux qu'elle fuyait, à condition qu'elle ait véritablement été agressée. De plus à cette heure-ci de la journée, les truands n'arpentaient pas les rues pour embêter les demoiselles la personne qu'Ami-chan fuyait lui était connue ou avait un rapport avec ce qu'elle cachait et pour le savoir Kaoru voulait éviter soigneusement de la brusquer.

« Vous êtes toute pâle, venez-donc avec moi dans mon bureau, vous y serez au calme et je vais demander à ce que l'on vous apporte un thé. »

Il lui offrit son bras en soutien et la guida avec toute la sollicitude dont il savait faire preuve. Il la laissa quelques instants pour aller préparer une infusion destinée à revigorer la jeune femme. Il voulait qu'elle se sente en confiance, d'ailleurs Kaoru n'avait rien contre elle et ses intentions à son égard dépendraient de ce qu'elle raconterait. Il lui rapporta ensuite la boisson fumante et s'assit non pas à son siège habituel de l'autre côté de la table qui faisait office de bureau, mais dans un autre siège, un peu plus modeste, placé à quelques centimètres de celui d'Ami-chan. Il l'invita avec des gestes rassérénant à boire, puis fredonna un air apaisant tandis qu'elle s'exécutait. Quand elle lui paru calmée il posa une première question, toujours sur un ton qui assurerait son intérêt unique envers la jeune femme.

« Qui est donc cette personne qui vous a tant effrayée ? il attendit quelques secondes avant de lui offrir un sourire des plus apaisant qui soit, Je ne juge jamais quelqu'un sans connaître son histoire, les raisons qui l'ont poussées à agir et son avis. J'ai grandit dans l'arrière-cour de la société et je connais l'humanité qui se cache sous les masques. Rien de ce que vous voudrez me dire ne saura me dégoûter, il s'arrêta de nouveau attentif aux infimes expressions qui traversaient le regard et le visage d'Ami. Est-ce lié à la raison pour laquelle vous avez quitté votre okiya ? »

Il avait posé ses questions et attendait désormais patiemment de voir si elle accepterait de répondre et ce qu'elle dirait.

La jeune fille te laissa l'emmener dans ton bureau. Elle n'avait plus vraiment de réaction, comme si ce qu'elle avait vu précédemment l'avait totalement vidé de ses forces. Étrange comment elle pouvait se comporter, la peur la paralysait, pourtant, rien dans son comportement n'indiquait qu'elle avait déjà eu peur. Pas de peur envers les clients, pas de peur avec la danse, rien. Alors qu'est ce qui pouvait tant l'effrayer. Tu n'en savais rien. Alors qu'elle était assise et semblait être à peu près calmer, tes questions l'avait remis dans un état de transe. Le seul fait de se souvenir de ces personnes, de ces visages qui la regardait comme un belle pièce de viande qu'ils allaient tous la dévoré, un frisson d'horreur la parcourut et la tasse qu'elle avait dans les mains tomba. Heureusement, elle la rattrapa de justesse. Son agilité et son habilité était pratiquement sans limite, ou s'arrêtait donc les capacités de cette geisha.

« Je suis navré. Je... Je... »

Elle n'arrivait pas à parler, ses paroles se bousculaient pour sortir de sa bouche, mais aucune phrase n'arrivait à se former. Tu voyais des larmes couler sur ses joues et tu te doutait que sa vie n'avait pas été facile, mais en réalité tu était bien loin de te rendre compte de ce qu'elle avait subit depuis toute petite. Elle se calma néanmoins, les larmes coulant toujours sur ses joues.

« Ces deux hommes venaient de mon passé en quelques sortes. Enfin surtout du passé de mes sœurs, et je crois qu'ils sont toujours dans le présent de Chiaki. »

Elle s'arrêta une fois de plus. Tu pensais qu'elle n'allait plus rien dire, pourtant tu voyais les larmes redoubler sur son visage, et elle t'avouait dans un demi-souffle.

« Je crois... C'est moi qui suis responsable de la mort de ma sœur en quelques sortes. »

Et elle prit sa tête dans ses mains, ne pouvant pas s'arrêter de pleurer.

Allais tu réellement croire que cette jeune fille aussi tranquille et calme que tu avais pu le remarquer avait tuer sa sœur ? Peut être êtes ce du à cet histoire de riche qui se sentait floué et avait tuer sa sœur, où peut être était-ce du à ses capacités, mais si tu voulais des réponses, tu allais devoir poser des questions. Des questions directes sur son passé.

L'émotion d'Ami était si vive qu'elle parvenait avec bien du mal à tenir sa tasse et parlait par bouts avec effort. Parler lui était pénible. Kaoru sentit l'excitation monter au fond de lui en sentant que la peur n'était pas le sentiment qui l'empêchait de parler. Cette femme était un trésor de mystère et d'émotions qu'il se délectait par avance de découvrir.

Kaoru s'agenouilla près d'elle et lui enserra tendrement les épaules. Il n'était pas pressé au contraire il savourait le moindre instant. Non dénué d'empathie, le fils de geisha comprenait les sentiments des autres comme l'on voit la beauté d'une fleur, c'était un sujet d'étude passionnant pour lui, il ne se réjouissait pas du malheur d'autrui, certes non, mais en goûtait le moindre frissonnement le moindre mystère, la moindre fluctuation. Présentement il avait mis de côté la menace potentielle que les hommes faisaient planer sur son okiya, il ne se souciait même pas tant des propos d'Ami s'accusant de la mort de sa sœur, en tout cas pas comme tout autre être ferait en s'affolant. Tel un lecteur captivé il désirait en savoir plus sur l'histoire de la jeune femme, histoire qu'elle délivrerait à son rythme, morceau par morceau pour lui laisser le temps d'en savourer la moindre émotion qu'elle faisait naître dans l'âme de la jeune femme.

« Racontez-moi cela Ami-chan, confiez-moi ce secret qui vous hante ainsi que vous l'inscririez sur un carnet intime. Je garde les secrets que l'on me confie au fond de mon cœur bien celés au gré de leurs auteurs. »

Il s'exprimait sur un ton bas, à la frontière du murmure, son souffle près de la joue de la jeune femme. En citant son cœur il lui prit avec affection sa main pour la poser avec tendresse contre sa poitrine. Sa peau tremblait encore sous l'effet frayeur et Kaoru entreprit de serrer doucement son corps à la fois pour l'apaiser et pour sentir les frissonnements qui la parcouraient. Son visage aux traits si parfaits était marqué par les larmes de sa culpabilité. L'artisan était aux anges d'observer les ombres et les pensées qui traversaient le regard vert de la geisha. Maître de ses expressions il ne cessait d'afficher une profonde sollicitude et s'offrait aux confidences de la femmes.

« Il n'est pas de secret si horrible que je ne puis entendre. Sache que je considère tous mes employés comme ma famille et je serais heureux que tu nous rejoignes telle que tu es, avec ton talent et ton passé. »

Habitué à parler par sous-entendu, Kaoru sentit que cette fois-ci il devrait se montrer plus direct, quel dommage, cela forcerait la demoiselle à se dévoiler plus rapidement, toutefois son émoi était tel qu'il doutait obtenir d'elle de réponses plus précises sans les questions appropriées.

« Qui sont ces hommes qui hantent ton passé et le présent de ta sœur ? Que te voulaient-ils aujourd'hui ? »

C'était la première chose à savoir, mais pas tant ce qui intriguait le plus Kaoru.

« Pourquoi crois-tu être responsable de ta sœur. »

Ami n'arrivait pas à te regarder, elle semblait absorbé par son passé, ce passé qui était bien plus lourd que tu ne le pensais. Cependant, tu venais rapidement de te rendre compte que détourné les questions ou les tourner d'une autre manière ne marchait pas avec la jeune fille et tu avais bien fait de te résoudre à poser directement les questions, sinon elle ne t'aurait jamais répondu. Car c'est tes questions qui la sortirent de cette transe dans laquelle elle était entré. Elle leva alors la tête vers toi et te regarda, répondant à ta première question.

« Je ne connais par leur nom, je les ai rencontré un soir alors que nous rentrions toutes les trois a l'okiya. Et il me voulait la même chose que les dernières fois, quelque chose que je ne suis pas capable de leur fournir. »

Elle ne te donnait pas réellement beaucoup d'indice. Tu avais sûrement déjà deviner qu'il voulait obtenir quelque chose d'elle, le tout était de savoir ce que s'était. Mais elle ne t'en dit pas plus l'instant, digérant en quelque sorte les informations qu'elle venait de te donner. Son attitude était plus cale, elle semblait s’être un peu remis de ses émotions et c'est avec un regard plus franc qu'elle te regarda cette fois ci.

« Tout à commencé il y a de cela plusieurs années. Toute petite déjà j'étais fan de danse et je me suis appliqué à bien apprendre. La vieille dame de l'okiya Kimiko-sama m'a repéré alors que je dansais en dehors du cours de danse. Je n'avais pas d'argent pour me le payer, elle est aller voir mon tuteur et lui a proposé de me prendre sous son aile pour devenir Geisha. Je ne savais pas ce que s'était, mais on m'avait promis que je danserais entre autre chose, j'étais tellement contente que mon tuteur m'a laissé partir. J'ai commencé à dansé dés l'âge de huit ans. J'étais très doué déjà car j'avais une bonne mémoire et j'arrivais facilement a me rappeler toutes les chorégraphie que j'avais vu. Ma mémoire faisait aussi que très vite j'ai appris les gestes d'une Geisha. J'aurais pu devenir Geisha à l'âge de 13 ans déjà, mais... »

Elle s'arrêta un instant, quelque chose n'allait encore pas dans cette histoire, mais tu étais bien trop content qu'elle te dise une partie de l'histoire que tu n'osais pas essayer de lui faire dire ce qu'elle n'avait pas envie. Elle repris alors.

« Mais Kimiko-sama voulait encore me garder près d'elle. J'ai ainsi perfectionner au maximum ma danse et je dansais tous les soirs en tant que Maiko. Tout le monde appréciait ma danse et j'étais heureuse. Au fil du temps, j'ai remarquait étrangement que me sœurs se comportait bizarrement, cherchant toujours à me faire danser plus longtemps ou quand cela n'était pas prévu. Je me suis posé des questions, j'ai même interroger Kimiko-sama, mais elle ne savait rien. Alors qu'un soir j'étais très malade, je n'aie pas pu aller avec elle, mais je me suis forcé à fouiller dans leur chambre, je sais que ce n'était pas bien mais la façon dont elle avait insisté ce soir là pour que je vienne avait encore mit plus de doute dans mon esprit. Et ce que j'ai trouvé m'a littéralement scotché. Elle avait plein d'argent et de bijou planqué un peu partout, je n'ai rien dit cependant, j'aurais peut être du. »

Elle s'arrêta encore une fois, te laissant le temps de digéré toutes les informations. Puis elle reprit une fois de plus.

« Une fois remis sur pieds, je suis repartis travailler avec elle. Et alors qu'elle me demandait de danser une nouvelle fois, ce que je fis, j'ai remarqué quelque chose d'étrange dans la salle. Je me suis alors arrêter de danser et ma grande sœur avait la main dans les poches d'un de nos clients. Chiaki venait tout juste de revenir de je ne savait ou, c'est à ce moment que le client mécontent nous à toute regardé et qu'il a jurer de se venger. Je ne comprenais rien, que s'était-il passé. Sayuri avait jeter le déshonneur sur l'Okiya et un soir, on la retrouva morte devant la porte. C'est à ce moment là que j'ai appris que lorsque je dansais, je possédais un genre d'hypnose qui mettait les gens en transe. Si ce soir là je ne m'étais pas arrêter de danser parce que je trouvais Sayuri bizarre, elle ne serait pas mort j'en suis certaine, mais je ne pouvais pas la laisser faire. Je ne voulais pas devenir Geisha pour voler les gens. »

Et voilà une partie du mystère de résolu. Un don d'hypnose, tu avais d'ailleurs pu le constater et tu te disais qu'avec un peu d’entraînement sur ce don, elle pourrait le contrôler et donc éviter d'hypnotiser toute une salle sans que personne ne puisse réagir. Tu comprenais aussi pourquoi la jeune fille se sentait coupable de la mort de sa sœur, mais finalement elle avait bien fait. Les Geisha n'était pas des voleuses, elle était là pour procurer un plaisir non charnel. Elle divertissait par leur chants, leur danse et leur musique, jamais une geisha ne devait s'abaisser à ce genre de chose.

Cependant en écoutant son histoire, tu tiltait sur quelque chose. Chiaki, la sœur qui était partit, c'était sûrement elle qui les avait prévenu, après tout, elle n'avait pas l'air d'être hypnotiser. Étrange que certaine personne ne soit pas affecter comme toi. Tu te demandais alors si des personnes possédant des capacités de représentation n'était pas immunisé contre son hypnose. Mais pour l'heure une autre chose te taraudait l'esprit. Certes, Sayuri avait déshonoré l'okiya, mais Ami venait de te dire qu'elle aurait pu devenir geisha a treize ans à peine et tu n'en doutais pas étant donné ses gestes, elle devait pratiquer depuis longtemps de la sorte. Alors pourquoi la vieille dame n'a pas voulu la faire commencer et ce mizuage qu'elle n'avait pas fait cela cachait sûrement quelque chose non ?

Ami frissonna et paru réaliser la présence de Kaoru à ses côtés, avait-elle seulement entendu ses premiers encouragements à la confession ? Sans doute que non, toutefois l'artisan n'en était pas si frustré qu'il aurait pu l'être d'avoir du cesser le jeu du discours détourné, auquel une geisha de niveau correct aurait du savoir participer, dans le cas présent la souffrance et la culpabilité de la jeune femme lui étaient des sources de curiosité et d'intrigue bien plus satisfaisantes. Enfin ses questions directes l'avaient réveillée de ses sombres souvenirs et la décidaient à parler, bien plus aisément qu'il ne l'aurait imaginé d'un premier abord.

Les premières révélations arrivaient dans un mélange de sucré-salé, sucré d'être parvenu à provoquer cette confession qui pesait dans le passé de la jeune geisha, salé car elle montrait encore des réticences à tout dévoiler. Kaoru ne dit rien de plus, il ne voulait pas la brusquer, cela devait venir d'elle et ses réactions comptaient autant aux yeux de l'artisan que ses révélations. Il attendit patiemment, lui posant une main apaisante dans le dos, ce contact plutôt intime dans cette culture si prude en apparence avait pour but de forcer délicatement la confiance d'Ami-chan, tout en s'avisant qu'elle l'acceptait sans réticence, soit qu'elle s'ouvrait déjà au maître des lieux, c'était un bon signe s'il venait à l'embaucher. Cette jeune femme était tel un diamant taillé qui ne demandait plus qu'à être poli et s'il était prêt à tout ou presque pour s'en charger, Kaoru ne négligeait pas le danger qu'elle pouvait amener, la saleté dans le diamant qui lui faisait perdre toute sa valeur. Pour l'instant présent il se régalait de son histoire, avide de se repaître de ses émotions et de ses pensées, il s'occuperait d'évaluer le danger que courrait l'Hakuya ensuite.

Ce début de libération eut pour effet d'amener Ami à reprendre le contrôle sur ses émotions et le trouble qui l'agitait avait cédé la place à une certaine assurance. Kaoru l'écouta presque religieusement, aussi attentif au fond de son discours qu'à sa forme dans les mots qu'elle employait et dans le ton. Il écoutait avec passion une histoire qui aurait pu être banale dans le monde des geishas car ce qui lui importait était le vécu de sa protagoniste. Il sentit son cœur s'emballer lorsqu'elle arriva à l'une de ses interrogation à savoir pourquoi avec son talent elle n'était pas encore une geisha accomplie puis se suspendre alors qu'elle cessa de parler, pour reprendre au rythme de ses mots. Il lui paraissait incohérent et passablement hors d'intérêt pour une mère d'okiya de ne pas lancer une geisha, peut-être craignait-elle qu'une fois sortie de son apprentissage le tuteur d'Ami décide de la récupérer pour son propre profit, c'était le risque lorsqu'un parent mettait sa fille dans une okiya, quoique dans la réalité, rare étaient ces parents-là qui, pauvre au départ, parvenaient à racheter leur fille. Il y avait ici un autre mystère à élucider, néanmoins Kaoru se montra bon joueur et laissa la jeune femme le mener à sa réponse. Ce mystère était secondaire.

Les histoires de geishas étaient toujours pleines de détails croustillants, de sous-entendus impudiques ou d'actes plus ou moins immoraux tels que les fausses rumeurs, les objets fétiches dérobés ou brisés, les clients fidèles détournés, etc. Bien qu'officiellement les geishas d'une même okiya, les sœurs, devaient se respecter l'une l'autre et respecter l'intimité de chacun, dans la réalité il n'était pas rare qu'une l'une fouilla les affaires de l'autre par jalousie ou pure méchanceté, dans cet univers impitoyable c'était encore et toujours la plus forte qui survivait. En un sens la vie des samouraïs était presque préférable à celle des geishas où la honte et la ruine remplaçaient la mort.

Une danse qui plongeait les spectateurs dans une transe hypnotique.

C'était si fascinant que Kaoru ne réalisa pas immédiatement qu'elle avait terminé de parler. L'hypnose expliquait beaucoup de choses, notamment la réaction des clients la veille, mais pourquoi n'avait-elle pas eu le même effet sur lui ? Ni sur les sœurs d'Ami-chan d'ailleurs puisqu'elles en avaient profité pour dérober les clients. Attitude méprisable que l'artisan condamnait, il ne partagea pas la culpabilité de la jeune femme en estimant que ladite Sayuri était seule responsable de sa mort. Certes lui-même n'était pas un ange de vertu, loin de là, et il était le premier à profiter de la malléabilité de l'esprit humain cependant se servir d'une hypnose pour dérober des sous était trop vulgaire et primitif pour qu'il puisse s'en satisfaire ou l'approuver. Lui cherchait la beauté, la finesse, manipuler pour obtenir ce qu'il ne pourrait avoir autrement.

L'histoire était finie, bien qu'incomplète à son avis notamment sur la raison de Kimiko-san de ne pas faire d'Ami-chan une geisha, toutefois la réalité se rappelait à Kaoru et il devait réagir, décider de ce qu'il ferait. Au-delà de tout ce que ce don d'hypnose pouvait apporter, ne pas savoir le contrôler était un handicap, d'autant plus que l'artisan ne permettrait pas que la jeune femme s'en serve encore sur les clients classiques ce qui lui attirerait des ennuis en plus d'une blessure à sa fierté esthétique. C'était pour ce don qu'elle était poursuivie, les hommes reviendraient donc à la charge d'une manière ou d'une autre. S'ils se contentaient d'agir en balourds le problème serait vite résolu, entre Gangurô et lui ils n'auraient aucune difficulté à leur apprendre la politesse. S'il le fallait Kaoru pouvait faire appel à des amis, choisis parmi ses clients, qui sauraient les repousser avec l'aide des armes.

Bien qu'il méprisa les deux anciennes sœurs d'Ami-chan pour leur conduite, il était visible que la jeune femme se sentait coupable sans comprendre qu'elle était aussi victime que les clients dérobés et qu'il fallait la réconforter afin de l'amener à se fier à lui et accepter ce qu'il pourrait lui demander. Kaoru ne doutait pas de l'ignorance d'Ami-chan et espérait obtenir davantage de réponses de la part de Chiaki, la sœur encore en vie qui souhaitait poursuivre ses activités malhonnêtes au dépend d'Ami, étrangement il ne doutait pas qu'elle ou l'un de ses envoyé ne s'approche de l'Hakuya, il devrait être prêt à lui mettre la main dessus en premier. Quant à savoir sur le mystère du mizuage il sentait que la jeune femme en savait un petit peu plus long qu'elle ne voulait l'admettre, toutefois il l'interrogerait plus tard.

« Tu as parfaitement raison Ami-chan, une geisha est une artiste et non une voleuse. Il est regrettable que Sayuri n'ai su en saisir toute la portée, elle a opté pour la voie de la traîtrise et du déshonneur, bien que désolante soit sa mort elle en est la seule responsable, n'a-t-elle pas manigancée contre ta volonté ? Chiaki qui s'est aventurée sur la même voie est encore en vie et peut être encore sauvée du trépas ou de la misère, ces hommes qui t'ont agressée lui ont peut-être soutiré ces informations contre son gré. Je vais donner des ordres pour la faire retrouver et la libérer de ces hommes, d'accord ? »

A vrai dire Kaoru se moquait bien de Chiaki, il n'avait pas le sentiment qu'elle était innocente ni victime, cependant il souhaitait apaiser Ami-chan qui s'inquiétait pour ses sœurs et se sentait responsable d'elles. Il lui servit une nouvelle tasse de thé avant de sortir voir Gangûro qui était revenu entre-temps. L'homme de main l'attendait patiemment devant sa porte.

« As-tu vu les hommes ? demanda-t-il.
- Non, je n'ai vu personne de suspect, ils ont du avoir le temps de se dissimuler parmi la population.
- Qu'importe, je ne doute pas un instant qu'ils reviennent. Il te faudra renforcer la sécurité pour les jours à venir. »

Kaoru lui fit un résumé succin de la situation, l'hypnose, les sœurs voleuses, la menace. L'homme de main comprit et s'en fut quêter d'autres gardes du corps pour veiller les alentours de la maison de thé. L'artisan retourna dans son bureau dans lequel Ami-chant paraissait se remettre de ses émotions. Il revint vers elle et s'assit sur le siège.

« Tu es une très grande danseuse Ami-chan, si bonne que tu n'as pas besoin d'utiliser l'hypnose pour fasciner tes admirateurs. L'un des habitués est un maître en hypnose diverses, je te propose de le rencontrer afin d'apprendre à maîtriser ton don, qu'en dis-tu ? Ainsi tu ne laisserais plus personne détourner ton art à de vils profits. »

Kaoru attendit qu'elle lui donne sa réponse. Le client en question était l'un de ceux qui fréquentaient assidûment l'arrière-boutique, grand amateur des mélanges à fumer de Kaoru il lui rendrait ce service sans la moindre hésitation. C'était l'une des nombreuses raisons qui avaient menées l'artisan à ouvrir une boutique illicite.

La jeune fille te regardait avec reconnaissance, cependant, elle savait quelque chose d'autre sur Chiaki, elle savait quelque chose qu'elle n'avait encore jamais dit à personne mais qu'elle devait de dire maintenant.

« C'est gentil de votre part, mais il est inutile d'envoyer quelqu'un pour la retrouver. L'un des deux hommes est le petit ami de Chiaki. C'est elle qui a tout commencer et qui a entraîné Sayuri avec elle. Personne ne lui a rien soutiré de force. Quand elle est partie de l'okiya avant moi, elle m'a dit qu'elle reviendrait me chercher. Elle pensait que je resterais là bas sûrement. Kimiko-san n'avait dit à aucune d'entre nous où nous allions parce qu'elle ne voulait pas qu'on se revoit. »

Elle s'arrêta une nouvelle fois. Sa respiration était revenue à la normale et si elle s'en voulait encore de la mort de Sayu, elle ne pouvait s'empêcher de se dire que l'homme en face d'elle, ce Kaoru que sa grand mère ne quelque sorte lui avait conseillé de voir était quelqu'un de bien. Même s'il était un peu étrange, c'était quelqu'un à qui on pouvait se fier. Arriverait-elle à lui dire le plus grand secret de son existence ? Ce qui lui avait en quelque sorte coûté sa place de Geisha. Elle n'en savait rien, cependant elle ne doutait pas de pouvoir prendre une place ici et à ce moment, elle devrait alors se confier au jeune homme. Allait-il le rejeter une fois qu'elle lui aurait dit ? Elle ne le savait pas plus, mais elle devait avoir confiance en lui, ce serait la meilleure façon d'enfin mettre le passé de côté et de se tourner définitivement vers l'avenir.

Elle était encore concentré lorsqu'elle te regarda pendant que tu lui parlait d'un de tes habitués qui pourrait lui apprendre à maîtriser ce don d'hypnose. Elle te regarda les yeux grands ouverts, comme s'il s'agissait d'un rêve. Elle ne comprenait pas pourquoi tu avais tant envie de l'aider, mais cela se voyait qu'elle serait heureuse de rencontrer cet homme et d'apprendre à maîtrise cette hypnose qui était réellement gênante pour son art.

« Je serais vraiment contente de pouvoir rencontrer cet homme. Si jamais il peut m'aider, je pourrais alors me concentrer sur mon art et devenir encore meilleur. Ahh une chose sur cet hypnose, Kimiko-chan m'a dit que ça n'avait pas d'influence sur les gens possédant un pouvoir qui leur permettait d'influer sur les sentiments des gens comme le chant. Je ne sais pas s'il en existe d'autre, mais Chiaki et Sayuri possédaient ce don. Je ne sais pas si cela peut aider. »

Elle te regardait, attendant la suite. Allais-tu la mener vers cet homme qui pourrait l'aider ou avais-tu encore des questions auxquelles tu aimerais des réponses ? Tel était la question !

Ami-chan s'ouvrait enfin réellement et le regard qu'elle adressa à Kaoru lui confirma qu'il avait réussi son œuvre de mise en confiance. Elle paraissait toutefois avoir encore quelque chose sur le cœur à dévoiler et il attendit toujours patiemment qu'elle parle si elle le désirait. Qu'elle joie de l'entendre s'exprimer d'elle-même ! Ainsi donc cette Chiaki était l'instigatrice, parfait Kaoru aurait d'autant moins de scrupule à son égard et Ami-chan ne se reprocherait pas son sort. Apaisée la jeune femme paraissait méditer objectivement sur des pensées inaccessibles à l'artisan. Lui-même songeait au traitement qu'il voulait faire subir à la dénommée Chiaki, en tant que geisha elle devait être plutôt jolie et il serait dommage de la tuer directement. Au contraire Kaoru souhaitait la voir vivre le plus longtemps possible et envisageait de l'exploiter jusqu'à l'épuisement avant de la rejeter dans l'humiliation et le déshonneur le plus total, oserait-elle se plaindre, elle qui échapperait au sort des voleurs ? Parmi les projets les plus séduisants qui s'offraient à lui, l'idée de la jeter en offrande à ses clients les plus pervers et cruels était en bonne place.

Ami-chan le regarda avec une joie non feinte dans le regard lorsqu'il lui offrit l'enseignement d'un maître en hypnose, elle accepta avec empressement, ajoutant au sentiment de satisfaction de Kaoru. Cette fois il étudiait la moindre ridule causée par le sourire de la jeune femme, la moindre étincelle de joie. Que les émotions humaine étaient fortes et fascinantes ! Il fut ensuite fort intéressé d'apprendre l'explication d'une autre interrogation à savoir pourquoi lui-même n'avait pas été soumis à l'hypnose. Ainsi donc c'était son don en chant qui l'avait protégé et sa propre capacité à influencer les sentiments des autres.

Kaoru hésita devant la marche à suivre, il y avait encore un secret que la jeune femme détenait, un secret paraissant lourd de conséquences qui s'interposerait sans doute dans la décision d'embaucher Ami-chan ou non. Pourquoi n'avait-elle pas effectué son mizuage à quatorze ou quinze ans ? Qu'est-ce qui avait outrepassé le désir d'enrichissement de Kimiko-san ? Ami-chan lui faisait confiance désormais, cependant il craignait que ce soit encore trop tôt pour obtenir cette révélation qu'elle lui gardait secrète quand elle avait avoué le vol. En revanche était-il rentable de la former et de prendre une obligation envers un client tout habitué qu'il soit pour une femme qu'il ne pourrait peut-être à termes pas embaucher ? Kaoru n'était pas un être gentil et désintéressé, il agissait toujours en sachant qu'il en obtiendrait quelque chose, que ce soit simplement un frisson d'excitation ou un sourire radieux à condition que cela vaille son implication et dans la situation actuelle il devait peser le pour et le contre. Toutefois il devait garder en tête le fait que Kimiko-san ait cru sûr de faire travailler Ami-chan sans lui faire passer de mizuage, donc il pouvait estimer compter sur la danse de la demoiselle ce qui lui rapporterait déjà beaucoup. D'un autre côté, il n'avait pour le moment qu'offert une assurance de paroles à la jeune femme et il souhait lui confirmer que la confiance qu'elle pouvait mettre en lui était réelle. Cette dernière idée l'emporta et Kaoru décida de garder ce secret celé encore un temps.

« Je te remercie de ta confiance Ami-chan, sache que tu m'as honoré en me contant ton histoire et que je ne te le ferais pas regretter. J'ai la chance d'être un bon chanteur, ce qui me protège de ton hypnose, j'ai pu le confirmer, hélas ce n'est pas le cas de mes convives, ajouta-t-il d'un petit rire aimable. Je pense donc qu'il serait bon que tu ne danse plus en public tant que tu ne maîtrisera pas ton don d'hypnose. Comme promis je vais contacter cette personne afin que tu le rencontre au plus tôt. »

Il l'accompagna ensuite hors de son bureau et la confia aux soins de geishas enfin réveillées, puis il alla écrire un message à l'intention de Toyotomi Kokushi, le maître en hypnose afin de lui expliquer qu'il avait une jeune geisha qui ne maîtrisait pas son propre don d'hypnose et lui demandait, s'il le souhaitait, de venir le soir même afin de la rencontrer et de décider s'il acceptait de lui enseigner son art. Il alla transmettre le message à un jeune employé qui s'éclipsa rapidement. Kaoru regarda un temps la rue dehors, il ne voyait aucune trace d'individus suspects, ce qui ne l'étonna guère, puis pris d'une impulsion subite retourna dans ses appartements chercher un paquet gardé précautionneusement et sortit dans la rue, à pied, ce qui ne lui était pas coutumier.

Il traversa deux rues passantes et remonta une grande artère. De-ci de-là des connaissances le saluaient et poliment il leur répondait. Enfin il parvint à son but. Il se tenait devant une forge modeste dont on lui avait vanté la qualité du maître artisan. Sans hésita Kaoru entra et afficha un masque de contenance en sentant la chape de chaleur aride le frapper en passant le seuil. Le maître travaillait avec un apprenti, s'il daigna à peine détourner le regard de la barre rougeoyante qu'il forgeait le jeune adolescent se retourna vers le nouveau venu s'attirant du même coup une remarque du maître. Kaoru sourit amusé, lui-même n'avait pas d'élèves et parfois il s'imaginait ce qu'il pourrait leur enseigner... il attendit patiemment que le forgeron repose le futur katana et relève les yeux vers lui avant de s'incliner respectueusement.

« Je vous souhaite le bonjour maître. Je suis Kitajima Kaoru, le propriétaire de la maison de thé Hakuya, je souhaitais vous demander vos services. »

Il entreprit alors de retirer le tissus qui enveloppait son paquet et dévoila deux éventails en fer rouillés et abîmés. Ils lui avaient été offerts par Kitajima-san, son père adoptif, au début de son apprentissage et dans sa vie d'artisan il n'avait pas pris le temps de les faire réparer, ce qui était une erreur puisqu'ils lui auraient été utile lors de sa brève visite en Azthia. Avec d'un côté des individus peu scrupuleux qui souhaitaient profiter du don d'hypnose d'Ami et de l'autre un homme spolié qui appelait à la vengeance et avait déjà pris la vie d'une des trois sœurs, l'occasion était venue de faire réparer les lames insolites. Le forgeron prit les armes et les examina de son œil expert.

« Cela ne sera pas bien compliqué à réparer, revenez en fin d'après-midi. »

Kaoru le remercia en s'inclinant derechef et s'en fut retrouver son établissement.

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[FA] Les pouvoirs d'une Geisha (Mission Kaoru)

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