Cela faisait bien 8 ou 9h que nous avions à présent quitté Cydonia, emportant nos maigres valises pour ce voyage vers Erathia. J'avais finalement renoncé à vendre ma maison pour le moment, il nous fallait bien un refuge pour notre retour à Cydonia lorsque l'on reviendra, en fait, c'était surtout pour pouvoir héberger Heifara quelque part que j'en avais décidé ainsi. Le fait qu'elle fut une esclave et mendiante ne devait pas être une excuse pour lui manquer d'attention, il était temps d'assumer ses choix maintenant.

*De toute façon, il y a toujours de quoi survivre dans la nature, ces longues années me l'ont prouvé* me confortai-je.

Ainsi, nous avions pris cette sinueuse route, martelant la terre de nos pas qui avaient perdu de leur souplesse depuis le début de notre marche. La chaleur de l'été n'avait pas tout à fait quitté Azthia malgré le changement de saison, et nous dûmes faire de nombreuses poses, car je me préoccupais de la santé de ma compagne. Celle-ci était rayonnante pourtant, ces quelques jours de repos dans ma demeure ont du lui faire le plus grand bien, cela devait être autre chose de dormir sous un toit propre et de pouvoir savourer chaque repas. J'avais du me donner du mal pour nettoyer l'ensemble de la propriété dont l'intérieur n'avait pas été dépoussiéré depuis des années, Elmer ne s'occupant que du jardin, et l'aide proposée par Heifara avait été grandement appréciée, d'autant plus que la jeune femme faisait preuve d'une organisation et d'une gestion de ses tâches exemplaires. Tout était impeccable à chaque fois. Soburin trottinait gaiement derrière nous, increvable comme toujours, l'énergie de ses jeunes années le poussant à chasser chaque bestiole ayant le malheur de croiser notre route. Mon renard ne s'était pas outré de la présence nouvelle d'Heifara dans notre quotidien, contrairement à ce que j'aurais pu penser. J'avais découvert suite à cette fameuse nuit la raison de sa fugue : il était allé se promener dans une forêt avoisinante et avait perçu mon trouble lorsque j'avais pris Heifara pour Kaya, lui qui était très attaché à cette dernière avait alors refusé que je vienne le chercher et avait coupé momentanément le lien qui nous unissait. Pourtant, les jours qui suivirent se passèrent dans la bonne humeur, Heifara avait découvert ce qu'était un "ranar" comme elle disait, et passait une bonne partie de son temps à lui chatouiller les pattes, au grand plaisir de Soburin. Quant à moi... Je n'avais cessé de penser à Lans, le reverrai-je un jour ? Nous nous étions quitté dans des circonstances vraiment peu honorables, j'avais littéralement pris la fuite, craignant de connaître sa décision. J'étais persuadé que notre amitié tiendrait le coup pourtant, j'avais perçu cette lueur de respect dans le regard de Lans, mais je ne pouvais m'empêcher de penser à son autre problème : sa maîtresse. Lans était excessivement impulsif lorsque je l'avais rencontré, et je ne voulais pas que mes efforts pour tenter de le rendre plus sage aient été vains. J'avais donc mis tout mon coeur dans l'entretien de ma demeure et j'avais rendu quelques services à droite à gauche pour avoir assez d'argent pour nous nourrir, Heifara, Soburin et moi. J'avais heureusement un peu d'argent chez moi, laissé par Elmer, une modique somme de 80 Talents, ce qui me faisait 97 Talents à présent. De quoi survivre...

Il nous fallait des plantes. Heifara m'avait parlé de son projet : créer une sorte d'entreprise médicale à nous deux. Une Soigneuse et un Herboriste Fleuriste : l'idée m'avait paru très bonne. Cependant j'étais à court de plantes et il était impossible d'assurer les désinfections ou de traiter les migraines et fièvres sans disposer d'un bon stock. C'est pourquoi un détour était prévu, la variété de fleurs trouvables dans les plaines arides m'intéressaient et pour avoir déjà été dans la région il y a deux ans, je connaissais l'endroit idéal pour trouver quelques morsures, lys ou roses. J'avais entendu parler aussi des ruines d'Erathia, celles-ci semblaient reliées à une sorte de temple situé non loin de là où nous nous trouvions. Je me dis que ça pourrait être l'occasion d'étendre ma culture personnelle, et de faire découvrir des choses à Heifara. Il fallait lui apprendre tant de choses encore, heureusement j'étais quelqu'un de patient, et si cela devait prendre une moitié de vie, alors ainsi soit-il.

Nous étions parti au matin, à environ 9h (j'aimais dormir le matin), il devait donc être près de 18h à présent, et nous ne nous étions pas arrêté de marcher depuis le déjeuner.

- Ça va aller Heifara ? Avec cette chaleur et depuis le temps qu'on marche, tu n'es pas trop fatiguée ? demandai-je à la jeune femme, puis désignant un des rares coins d'ombre de la zone situé à quelques centaines de mètres : Si tu veux, on peut faire une pause là-bas, je pourrai en profiter pour chercher s'il n'y a pas de lys dans les parages.

Je vis le regard soulagé d'Heifara, à priori elle n'avais pas osé demander l'arrêt plus tôt. C'était là la seule chose qui me gênait chez elle : elle n'arrivait pas à se faire entièrement à sa liberté et souvent négligeait sa santé en argumentant qu'elle avait été esclave et mendiante et que donc ce n'était que de la routine. Je ne voulais pas de ce quotidien pour elle, mais je me répétais que cela changerait avec le temps, qu'elle s'y habituerait bientôt. Nous nous installâmes donc vers ce coin d'ombre, le ciel n'allait pas tarder à s'assombrir et la chaleur à chuter. Nous n'arriverons pas à Erathia avant le milieu de la nuit et je savais par expérience que dormir de nuit à la belle étoile était plus sûr que dans une ruelle sombre ou dans une taverne douteuse. Nous aviserons. Je pensais à la suite du voyage : Storghein, le bal. Je me perdis dans mes pensées et ne remarquai pas tout de suite Soburin qui s'était endormi sur mes genoux, ni Heifara qui remettait ses cheveux en place. Je souris : c'est vrai qu'elle faisait davantage attention à son image, surtout depuis que je lui avais parlé du bal. La jeune femme témoignait d'une détermination hors norme : sa volonté de s'intégrer à la société se faisait de plus en plus intense. Cela dit, je n'allais pas me plaindre du fait qu'elle prenait plus soin de son corps qu'avant, c'était plutôt rassurant, et puis... ça lui donnait un charme grandissant. Voyant qu'elle avait constaté que je la regardais depuis quelques minutes déjà, je m'efforçai de revenir sur un sujet plus primordial, ponctuant ma dernière phrase par un clin d'oeil :

- Bon.. et bien, je te laisse te reposer, je pense que je ne devrais pas trop repousser mes recherches si nous voulons arriver à destination les poches pleines avant la fin du mois. Je te confie Soburin. N'hésite pas à le réveiller brutalement en cas de pépin.

[Swirl est pas encore parti là, je le laisse à portée de discussion au cas où tu aies quelque chose à dire ^^ désolé si la qualité de ce RP est bof bof, je l'ai écrit avec une pause de trois heures entre les deux à coups : Basket féminin aux J.O. oblige]

Voilà déjà quelques jours qu’Heifara vivait avec Kanjou. D’abord quelque peu gênée, elle s’habituait progressivement à cette nouvelle vie. Naturellement, il y avait un véritable gouffre entre les habitudes, la manière de vivre et l’éducation des deux jeunes gens : Kanjou était un elfe, habitué à la civilisation, au savoir vivre… Alors qu’Heifara était née dans une île ou les habitants vivent à l’état « sauvage », avant d’être capturée pour devenir esclave. Affranchie il y a deux ans, elle était devenue une mendiante jusqu’à rencontrer un homme peu scrupuleux qui avait voulu exploiter ses talents avant d’être arrêté par Kanjou et son ami Lans.
Les premiers petits « problèmes » d’Heifara furent d’apprendre à vivre correctement au quotidien : manger comme les personnes « civilisées », avec des instruments étranges (adieu l’usage des doigts !), utiliser des tas de nouvelles formules de politesse, porter des chausses qu’elle trouvait inutiles et douloureuses, sans parler d’améliorer son Cydien encore un peu approximatif et hésitant… Kanjou avait vraiment du travail s’il voulait transformer la belle sauvageonne en dame raffinée !
Tout en marchant, Heifara sourit en repensant au second jour ou elle avait entreprit de faire sa toilette dans la cuisine : pour l’esclave qu’elle était, la nudité entre amis et parents était naturelle (après tout, les esclavagistes ne se donnaient pas la peine de faire fabriquer des cellules non-mixtes avec toilettes séparées !) ; mais elle avait apprise ce matin là quand Kanjou était entré dans la cuisine avec un air ensommeillé que les personnes « civilisées » devaient être un peu plus pudiques, même entre amis.

Kanjou avait un petit « Ranar » qu’elle aimait bien : cette jeune boule de poils était très affective et adorait les caresses et la damoiselle adorait lui en donner : elle ne pouvait s’empêcher d’envier l’animal qui était comblé pour si peu ! Même si désormais, elle n’avait plus à se plaindre. Dés leur premier jour ensembles, Kanjou avait entreprit de nettoyer la maison : même Heifara, qui pourtant est habituée à la crasse, comprenait que les lieux avaient besoin d’un bon rafraichissement ! Elle entreprit donc de l’aider, travaillant avec son énergie débordante habituelle. Au passage, elle apprit que l’on pouvait prendre du plaisir et s’amuser en travaillant : même une tâche aussi laborieuse que du netoyage pouvait être plaisante, quand l’on s’employait à aider un ami.
Même si elle dormait toujours moins que Kanjou et était bien plus matinale que lui (Heifara commençait à se demander si ce n’était pas lui qui dormait trop), elle appréciait de vivre dans une maison confortable, surtout avec les nuits tendant à se rafraichir. Qui plus est, pour la première fois en au moins dix ans, elle avait du refuser quand Kanjou lui proposait de se resservir, à table ! Elle avait aussi fait la connaissance du jardinier de Kanjou, un homme sympathique appelé Elmer. Il semblait ravi pour Kanjou que ce denier ait trouvé une « petite femme ». Etrangement, Heifara avait l’impression que sa présence servait au jardinier pour mettre l’elfe dans l’embarras, lui lançant des remarques (ou peut être des sortes de piques ?) qu’elle ne comprenait pas telles que « alors ? » tout en la désignant. Comme toujours, la jeune Nùa apprenait très vite dans la plupart des domaines, sauf dans les relations entre personnes ou elle était totalement désorientée : elle ne pourrait jamais différencier un charlatan d’un templier aimable, par exemple, ou serait bien incapable de comprendre qu’un homme la trouve à son goût (même si dans son cas, il faut bien avouer qu’il serait plus simple de repérer ceux qui ne la trouvent point séduisante…).

Ils avaient à nouveau évoqué ensemble le projet commun qu’avait proposé Heifara le soir de leur rencontre : Kanjou étant herboriste alors qu’elle était elle-même guérisseuse, ils pourraient former un duo efficace pour s’occuper des personnes malades et blessées. Heifara se moquait de travailler pour l’argent : elle voulait simplement aider Kanjou qui l’avait recueillie (et au passage, elle pourrait peut être apprendre de lui l’herboristerie, ce qui valait plus que des sceaux de Talents pour elle).
La jeune femme fut interrompue dans ses rêveries, alors qu’elle regardait le renard gambader ci et là, par la voix du jeune elfe :

- « Ça va aller Heifara ? Avec cette chaleur et depuis le temps qu’on marche, tu n’es pas trop fatiguée ? Si tu veux, on peut aller faire une pause là-bas, je pourrai en profiter pour chercher s’il n’y a pas de lys dans les parages. »

Un bref point sur ses propres membres rappela à la jeune femme qu’elle était déjà endolorie et fatiguée : elle avait depuis longtemps prise l’habitude d’ignorer de tels détails, se qui semblait déplaire à Kanjou. Ils marchaient depuis le petit matin : Kanjou l’amenait à une sorte de fête locale dans une ville voisine, mais ils comptaient surtout profiter du voyage pour recueillir des herbes afin de préparer divers médicaments.

- « D’accord. Je t’attendrais là bas ! » Répondit la jeune femme avec un ravissant sourire.

Une fois installés, Heifara songea à arranger un peu sa chevelure : d’après Elmer, les « dames » aux bals étaient toujours extrêmement bien soignées et habillées. Apparemment, il n’était pas question de se peindre le visage ou autre rite du genre. Elle devrait faire de son mieux et compter sur Kanjou une fois de plus : si elle devait être resplendissante, c’était uniquement pour lui ! Elle constata qu’il était en train de la regarder et lui adressa un regard interrogateur, qui l’amena à dire :

- « Bon... Et bien, je te laisse te reposer, je pense que je ne devrais pas trop repousser mes recherches si nous voulons arriver à destination les poches pleines avant la fin du mois. Je te confie Soburin. N'hésite pas à le réveiller brutalement en cas de pépin. »

- « Compris ! Avec se…Joli ranar avec moi, je ne crains rien ! » Dit t’elle, amusée.

Alors que Kanjou s’éloignait, elle chercha d’ailleurs se fameux renard du regard. Ou était t’il encore passé ? Depuis ce matin il était tout fou, chassant et courant dans tous les sens. Elle l’entendit grogner, un peu plus loin. Un prédateur ? S’approchant, elle constata que ce n’était pas le cas : une forme sombre était allongée dans l’herbe…



[HRP : Voilà! Navrée pour le retard, le week end de la semaine dernière m'a pris beaucoup plus de temps en préparatifs (et en repos après coup!) que prévu! Initialement nous avions prévus de faire quelques tours sans Illusio mais vu mon retard je te laisse apparaître dans le RP dés le début, chère ombre dans l'herbe ]

Il s'avérait que Soburin avait trouvé un corps. Heifara se paralysa un instant. Etait t'il encore en vie? Elle le regarda attentivement quelques instants et eut confirmation qu'elle n'avait point affaire à un cadavre en voyant son torse se gonfler quasi imperceptiblement au rythme de sa respiration faible. Dans tous les cas, ce malheureux était vraiment mal en point! Il avait perdu une main, semblait souffrir de brûlures multiples... Quelques traces de coups, des lacérations...

Elle l'approcha et entendit l'homme sangloter. Cela arracha un soupir de soulagement à la guérisseuse : s'il pouvait encore pleurer, il n'était peut être pas dans un état aussi mauvais que cela. Elle n'ignorait pas que le simple faire de produire un sanglot sollicitait énormément le corps.
Elle se pencha sur lui, se mettant à genoux dans l'herbe et commença à défaire sa chemise. Ceci fait, elle put constater que les dégâts au torse du jeune homme n'étaient pas si terribles que cela... Quelques cotes cassées au pire. Sa peau était desséchée : depuis combien de temps était t'il là? Son examen de l'état d'Illusio était quasi terminé : il avait énormément de blessures, mais aucune de vraiment sérieuse : si cela avait été le cas, il serait probablement mort depuis longtemps. La main amputée était impressionante, mais ce n'était pas forcément la blessure qui inquiétait le plus la guérisseuse : en effet, le corps humains est bien fait, si bien que les vaisseaux sanguins se "bouchent" cas d'amputation... Dans un sens, être amputé est moins "mortel" que d'être tranché.

Heifara se releva rapidement et retourna là ou elle se trouvait quelques minutes plus tôt... Elle fouillait déjà dans le sac. Ou était donc passé la gourde? Quelque chose tapota son postérieur : sursautant et se retournant vivement, elle vit le renard la regarder, la gourde qu'elle cherchait entre ses crocs. Souriant, elle lui caressa le haut du crâne pour le remercier, récupéra la gourde et retourna auprès du blessé. Soulevant lentement la tête de l'homme, elle envisagea de retirer son masque...

-"Je vais te... Donner boire". Dit t'elle. "Ne bouge pas! Devoir enlever truc sur ton visage."

Naturellement, Heifara ne se souciait pas du tout de la valeur que pouvait avoir ce masque étrange pour cet inconnu : seule sa guérison, en cet instant, la préoccupait. Aussi cherchait t'elle l'attache ou la sangle permettant de retirer cet objet gênant...



[HRP : Voilà, je "passe" le tour de Kanjou comme il nous a demandé de le faire à cause de son absence. C'est un peu bref, mais je préfère découper mon RP en deux blocs pour connaître la réaction d'Illusio au sujet de son masque! Qui plus est, il est plus que temps d'avancer sur ce RP qui traîne en longueur !]

[H-RP : Huhu, mieux vaut tard que jamais, hein ? :S À la bourre, mais ce Topic me sert à valider plusieurs choses en fait (capacités, etc...), d'où la nécessité d'un poste réfléchi et -sbaff- bon okay je suis impardonnable...]

J'avais quitté Heifara un peu précipitamment cela est vrai. Il faut dire que, en dehors de ma quête de fleurs et autres herbes, ces bois m'attiraient tout particulièrement... J'avais entendu des rumeurs, des échos affirmant Sa présence. Les villageois Le craignait, leurs bêtes.. encore plus, et jamais je n'avais vu un habitant de la région qui ne tremblait pas à l'annonce de Son nom. Mes recherches furent ainsi difficiles quant à Sa localisation, mais cette fois j'en étais sûr, Il était là, tout près.

J'avais fait le choix de passer à travers les arbres, d'une part car la chaleur était à présent suffocante et que les branches m'assuraient un abri agréable, d'autre part, car il était plus probable qu'Il se soit dissimulé dans une végétation dense. J'avançais prudemment le long d'un sentier peu facile à repérer, car il était quasiment recouvert de ronces, et des troncs d'arbres abattus jonchaient le sol de part et d'autres. Je n'avançais cependant pas à l'aveugle, après tout, cette végétation, c'était mon quotidien. La forêt était pleine de vie, les oiseaux chantaient, une famille de sangliers profitait des derniers rayons du Soleil, partout l'on pouvait respirer le calme et la tranquillité, tant et si bien qu'un air de "Il était une fois..." trottait dans ma tête et je n'aurais pas été surpris de voir surgir d'un buisson un être féérique comme on en trouve dans les contes. Pourtant je savais que ce calme n'était que façade, et que derrière était cachée La tempête, si on pouvait l'appeler ainsi.

N'ayant aucune piste plus concrète que "La..La Chose se trouve dans une petite forêt à l'Est, dans les Plaines Arides" gracieusement donnée par un villageois la veille, je me contraint à laisser le hasard porter mes pas et en profitai pour chercher quelques plantes. Plantes qui ne manquaient pas dans les parages, encore fallait-il distinguer l'utile et le sûr parmi toutes ces pousses. D'un oeil expert je repérai sur un tronc d'arbre abattu quelques champignons intéressants : des Boletacés assoiffés. Mon âme perfectionniste l'emportant sur celle de l'inconscience, je me méfiai de ceux-ci, trop près du sol et trop enclins à servir de pissotière pour animaux. Aussi caressai-je plutôt du bout des doigts l'écorce des arbres tenant encore debout jusqu'à rencontrer lesdits champignons, à une hauteur qui empêchait quel qu'animaux que ce soit d'uriner dessus. Je repensai soudain aux ronces qui m'avaient ralenti en venant ici (bien que les écarter n'eusse pas été difficile pour moi, j'avais respecté l'ordre imposé par la nature et je n'étais pas pressé). Revenant sur mes pas, j'inspectai patiemment celles-ci, pour finalement débusquer quelques grappes de Rondines, qui attendaient sagement de se faire cueillir. Bon, tout cela était pas mal, seulement l'utilité de ces pousses dans la médecine restait mineure. Il me fallait à tout prix des Lys, et des Natalias, ainsi que des Finwides n'ayant pas encore atteint leur maturité, ce qui m'imposait d'en cueillir en cette saison. Soulevant branches et fouillant buissons, me battant contre limaces et autres insectes, je finis par trouver mon bonheur, et même quelques Violettes en prime. Des plantes qui m'étaient inconnues attirèrent mon attention, mais je ne cédai pas à la curiosité, car je la savais trop dangereuse dans sa tentation. Je me promis toute fois de faire des recherches sur les diverses espèces poussant dans la région, et je pris une pétale d'une fleur inconnue afin d'en étudier la structure une fois au chaud.

Au chaud... C'est vrai qu'il faisait soudain froid, alors que je sortais d'une chaleur étouffante. Sortant de l'état d'ivresse que m'avaient apporté mes victorieuses découvertes, je constatai avec surprise que la nuit était tombée. Le soleil se couchait à l'horizon imposant un spectacle des plus beaux, les nuages enflammés s'enfuyaient lentement en ligne, et la lune déjà haute dans le ciel se faisait de plus en plus claire. On pouvait entendre les cigales striduler à l'unisson, voir les coléoptères dévorer les arbres, au grand déplaisir des abeilles charpentières qui avaient posé leur ruche dans leur écorce et qui, bourdonnant furieusement, volaient à présent en tout sens ne manquant pas de pointer leur dard d'un air menaçant. "Faut pas y aller d'nuit m'sieur" m'avait prévenu le villageois.. "Faut pas". Un frisson me parcourut l'échine et je me mis à regretter de ne pas avoir amené Soburin avec moi. Mais cela était impossible, du moins par pour le but que je m'étais fixé.. Je devais être seul, avec Lui.
Reprenant mon aplomb, j'entrepris de commencer à tendre mon piège. Je chassai rapidement les ronces autour de moi d'un geste de la main, puis apercevant un lièvre non loin, je m'avançai d'un pas léger avant de l'attraper pour finalement lui briser le cou en un "clac". Tout en ce faisant, je n'oubliai pas de prier Finwë, le remerciant pour son don, si rapidement et facilement présenté. À l'aide de pierres et de branches, je parvins à faire un petit feu, suffisant pour cuire le lièvre et répandre l'odeur alléchante aux alentours. Tout en laissant rôtir l'animal, j'entamai la partie la plus difficile des préparatifs. Orchestrant de mes bras des ordres à la nature environnante, je confectionnai petit à petit une bonne dizaine de pièges, répartis en cercles à une distance de 15m autour de mon camp de fortune. Les pièges n'étaient pas très variés, en effet, piéger demande, autre le fait de savoir monter un piège correctement, une connaissance précise de l'animal que l'on souhaite prendre : observation du terrain, connaître les manières d'appâter, habitudes de la bête. Fortunément, je connaissais très bien les habitudes de Son espèce, à Lui à force de l'avoir combattue auprès de ma famille sylvestre, mais mes connaissances en matière de pièges ne dépassaient pas la basicité.
Ainsi s'accumulaient de simples trappes-bêtes et à l'autre bout de chaque piège étaient placées les Rondines que j'avais ramassées plus tôt, je n'en avais pas gardé, mais elles étaient plus utiles ainsi. "C'pas un jeunot comme vous qui l'y f'ra peur à la bête" avait précisé le paysan lorsque je lui avais demandé, aussi ne cherchais-je pas à me dissimuler, attendant tous membres tendus près du gibier dont l'odeur me mettait l'eau à la bouche.

Je m'étais presque assoupi, quand un bruit dans les buissons que j'avais disposés de part et d'autre de l'endroit m'avertit de la présence de quelque chose, peut-être de Lui. D'un bond, je me mis sur pieds, et constatant qu'aucune bête ne détalait suite à ce geste brusque, j'en déduisis que soit il n'y avait rien, soit Il était là.
Un second bruit, plus proche, sur ma droite, me fis faire un quart de tour et je perçus finalement le grognement féroce tant décrit avec effroi et exagération par Ses rares survivants. Nul doute à présent, celui qu'on surnommait La Tempête, le but premier de ma venue dans ces bois, était là, tout près.
Finalement, il sortit de sa cachette, se sachant débusqué. *Se voulant débusqué* pensai-je. Il était, en revanche, bien plus imposant que ce qu'en disait les racontars, son pelage d'un blanc aveuglant, comparable à celui de Soburin, sa queue fouettant l'air avec mécontentement, ses yeux paraissaient remplis d'éclair cyan, entre le turquoise et le vert malachite. Ses poils étaient longs, et formaient comme une crinière au niveau de son cou, lui donnant un aspect royal. Il avait une lueur d'intelligence qui me rappelait Soburin.

La bête s'était laissée inspectée et ne semblait pas le moins du monde heureuse de trouver un "deux pattes" à côté de sa proie. Apercevant les Rondines, il esquissa un geste dans leur direction, mais un éclair de lucidité brilla dans ses yeux et il se détourna de cette nourriture, longeant prudemment le cercle de pièges. Je le vis avec horreur s'arrêter au niveau du passage que je m'étais confectionné, et se tourner face à moi. On eût presque dit qu'un sourire bordait sa gueule et je me surpris à l'imaginer me parler. Mais il n'en fit rien, et continua son avancée, lentement, comme pour savourer sa victoire. Qu'un animal soit aussi intelligent me laissait pantois, mais je me repris brusquement, car l'animal continuait d'avancer.

Brandissant soudain un bras en l'air, je me concentrai afin de rassembler plusieurs troncs et former une sorte de mur bloquant le passage au loup, l'obligeant ainsi à abandonner son avancée, ou à se jeter dans les pièges. En vain. Ma magie n'était pas assez puissante pour une telle prouesse, et je ne parvins qu'à faire pousser de petits obstacles aisément évités. Je le vis bondir, passant par dessus non pas mon muret de fortune, mais les pièges camouflés, pour atterrir 7 ou 8m plus loin. Le vent semblait l'avoir porté. Non... il semblait qu'il soit devenu le vent, sa queue et ses poils volant derrière lui, les zones cyans de ses yeux laissaient une imperceptible trainée de couleur derrière elles suite à la vitesse de son saut, tout donnait l'impression qu'il n'était qu'un souffle, qu'une bourrasque passagère. Puis tout s'évanouit graduellement, tout comme mes espoirs d'ailleurs. Désespérément, j'ordonnai à fougères et lierre d'envelopper le loup, de le bloquer net. Mais sa force était prodigieuse et il parvenait, quoi qu'avec peine, à se dégager peu à peu. Je redoublai d'effort et parvins à l'immobiliser temporairement, mais mes forces me quittaient et malgré les quelques-unes qu'il me restait, je savais que ça ne durerait pas longtemps. Dans une ultime prière, je demandais à Finwë de me venir en aide : "Ô rage, ô désespoir, puissiez-vous vous écarter de mon chemin, et laisser prôner la vraie Justice, celle de mon serviteur et maître, ô toi Finwë, Dieu sylvestre, arme-moi de ta puissance, moi, loyal et fidèle sujet de Dame Nature !".

J'avais répété la prière deux ou trois fois lorsque un picotement se fit sentir. Une chaleur d'origine inconnue parcourait mes muscles, vainquant l'engourdissement, imprégnant mon âme d'une assurance que je ne me connaissais pas face à ce monstre, guidant mes gestes. Mon bras se leva ainsi sans que je lui en donne l'ordre, et une voix qui me paraissait étrangère sortit de ma bouche en une incantation au timbre sévère : "Moi, élu de Finwë, je conjure à Dame Nature de faire briller sa verdure et de rendre mon pouvoir pur. Et si possible, puisse-t-elle relever le pan de son jupon et-...". La voix s'arrêta brusquement, je ne compris pas le sens de ses derniers propos, je réalisai à peine que cette voix était la mienne, poussée par une ardeur neuve, mais je n'avais pas le temps de m'interroger, car le loup était sur le point de se dégager complètement de l'emprise des plantes. Je remarquai que la bête paraissait soudain perturbée. Comme tout connaisseur de la nature et des animaux, je savais que ces derniers pouvaient ressentir un danger avant l'heure, de par on ne sait quel sixième sens, et il semblait que La Tempête avait maintenant peur de quelque chose.. ou quelqu'un. En effet, son regard se posa sur moi, et son hésitation fut perceptible. Quant à moi, j'étais certes éreinté, mais le peu de forces qu'il me restait me paraissait décuplé, et en me concentrant pour resserrer l'étau de la végétation autour de l'animal, je vis avec surprise celle-ci grossir à vue d'oeil, doublant, triplant de volume, devenant plus solide, plus puissante, plus malléable à mes ordres. Il était à nouveau immobilisé, et cette fois je sentais qu'il ne pourrait se dégager. Pour autant, il n'abandonna pas sa lutte acharnée, grognant, mordant, griffant, se débattant dans tous les sens. Jusqu'à ce qu'il pousse un hurlement de désespoir, effroyable à glacer le sang, et alors qu'il se laissait tomber sur le sol, ses yeux n'en restèrent pas moins plongés dans les miens avec fierté, regardant la défaite en face sans s'en détourner.

L'animal enfin soumis à cette force soudaine de la nature, haletait langue pendue, et je desserrai les liages qui lui donnaient de la difficulté à reprendre haleine. M'approchant de lui avec prudence, il ne daigna pas même grogner et continuai de me regarder, inexpressif. Sans savoir pourquoi je tendis la main vers sa tête, et il releva le museau, me faisant ralentir mon geste. Je posai ma paume entre ses deux oreilles, et ne pus me retenir de dire :

- Soyokaze, ça te va finalement mieux que "La Tempête". L'animal laissa tomber sa tête sur ses pattes avec un grognement satisfait, et je laissai échapper l'éclat de rire qui me tenaillait les lèvres : Ahah, oui ! Tu préfères peut-être Kimagurena ?!

Ses oreilles se relevèrent en signe de protestation et je m'esclaffai de plus belle. Puis, m'apercevant que j'étais affamé et épuisé, je ramassai le lièvre rôti et croquai à pleines dents dedans. J'en avais ingurgité le tiers lorsque je jetai le reste à Soyokaze, et tandis qu'il dévorait l'animal, j'allai enlever les pièges et rétablir l'ordre tel que je l'avais trouvé. La force soudaine qui m'avait été donnée s'était graduellement estompée, tout comme la taille des végétaux en ayant été la cible. Je ramassai les Rondines intactes et après m'en être envoyé une dans le gosier, tendis les autres au loup qui me lança un regard reconnaissant. Au moins avait-il trouvé un maître plus attentionné que ces villageois qui n'avaient pas cessé de le poursuivre à travers monts et forêts pour le faire brûler. De la même façon que pour Soburin, je prévoyais de peindre des marques sur son pelage. À la vue de ses yeux, nul doute que la couleur sera cyan de même. Cependant, la forêt s'assombrissant de plus en plus, je décidai de reporter ma réflexion à plus tard, de toute façon je n'avais aucune peinture dans mon sac, et il me fallait donc retourner au campement.

Une fois ce repas et quelques cajoleries derrière les oreilles achevés, nous reprîmes le chemin parcouru plus tôt dans la journée, lorsque le Soleil brillait encore, mais en sens inverse cette fois. J'espérais qu'il n'était rien arrivé à Heifara, et qu'elle ne s'inquiétait pas trop, mais la présence de mon renard auprès d'elle me réconforta. Le dressage d'une nouvelle bête ne plairait sans doute pas à Soburin tout de suite, d'autant plus qu'il s'agissait d'un loup, mais une telle association était parfaite, et le jeune renard ne tarderait pas à comprendre que son maître lui avait choisi un compagnon de taille, digne de lui. Tout au long du retour j'avais pensé à ces deux-là, et la fierté m'enorgueillissait de son soûl. Les étoiles pointaient dans le ciel et je constatai que mon étoile, Alwaid, brillait de toute sa splendeur, en tête de sa constellation impériale, tout comme la céphéide Lupi imprégnait la constellation du loup de sa lueur. Les signes, à force de vivre, on commençait à y croire. En sortant de la forêt je vis quelques Roses border la route, je les cueillis donc, les éloignant de cet isolement parmi tant d'arbres gigantesques. J'en avais presque oublié ma cueillette.. Natalias, Violettes, Lys, Boletacés assoiffés, Finwides.. et maintenant Roses. Pas trop mal, suffisant pour faire assez d'onguents pour couvrir les prochains mois de travail en tout cas. Les Lys, eux, seront revendus à quelques assassins. Rangeant les plantes dans mon sac, je m'attardai sur les Finwides, porteuses du nom du Dieu qui, j'en étais sûr, m'avait non seulement sauvé, mais en prime m'avait permis de dresser Soyokaze. Alors que notre campement se dressait à quelques centaines de mètres devant moi, je fis une dernière prière à Finwë pour le remercier de sa faveur.

Alors que le temps semble ne plus avoir d'effet par ici, le dés du destin se décide à tourner

Un pouvoir est alors activé, le tout est de savoir lequel. Que vas t'il donc se passer, que vous réserve le destin.

1- Les vêtements de la demoiselle Heifara se transforme en eau restauratrice pour la peau
2- La jeune dame obtient des palmes en remplacement de ses pieds
3- Cette fois ci ce sont des branchies qui lui permette de respirer sous l'eau
4- Un magnifique souffle de vapeur jaillit du sol

Quel sera la suite de l'histoire ? A vous de voir

Le dés s'est enfin arrêté et vous propose

Nombre aléatoire (1,4) :

3

Je ne trouvai personne au campement, aucune trace d'Heifara, ni de Soburin. Un frisson me parcourut l'échine quand j'entendis un "plouf" non loin. La main portée à la paume de Screw, j'avançai prudemment en direction du bruit après avoir fait comprendre à Soyokaze qu'il devait rester assis près du feu, désormais éteint. Mes peurs de dissipèrent rapidement lorsque je reconnus le glapissement de contentement de Soburin qui avait senti mon approche et me faisait déjà la fête. Puis portant mon regard vers le bas, en direction de la mare, j'aperçus une silhouette sous-marine. Lorsqu'elle eût sorti la tête hors de l'eau, je ne pus m'empêcher de m'esclaffer :

- Tu prends un bon bain d'eau froide et tu ne penses même pas à m'attendre, ni à inviter Sob' à te rejoindre ?

Mes yeux se posèrent alors sur sa gorge et se qui semblaient être des entailles... Non : des branchies.

- Encore un sale tour de ta Déesse hein ? demandai-je avec compassion.

En effet, il y en avait déjà eu bien d'autres des mauvaises farces ; la dernière lubie de Vairuna avait été de faire pousser des palmes à Heifara alors que celle-ci demandait simplement à la Déesse de lui permettre de trouver de la nourriture rapidement, tandis que la première en date avait été cet étrange phénomène auquel nous avions assisté Lans et moi, le jour de notre rencontre avec Heifara. Il était clair que je préférais cette dernière capacité plutôt que le coup des branchies.

Je me dévêtis lentement, ne gardant que mon boxer sur la peau, tout en expliquant à Heifara que quitte à devoir attendre que les effets se dissipent, autant en profiter pour se décrasser un peu. Avant de plonger, je poussai du pied Soburin afin de le faire tomber à l'eau, qui se mit à hurler par à-coups comme je lui avait appris, pour imiter le rire humain.
Le bruit avait sans doute parcourut une bonne distance puisque Soyokaze pointa le bout de son museau, crocs dévoilés et fixait Soburin d'un oeil sombre. Je soupirai intérieurement : finalement, l'imminence de cette rencontre était inévitable. Et voilà que Soburin faisait de même, après être sorti de l'eau en une fraction de seconde.

- Hoy ! Du calme vous deux. Assis Sob' ! Soyokaze, viens là ! ordonnai-je en tendant le bras. M'assurant que les deux bêtes m'écoutaient, je continuai : Bien, je vous présente Soyokaze, c'est un loup qui rôdait dans la région et effrayaient les villageois, qui l'avaient surnommé La Tempête. Peu importe, désormais il est sous mon aile, au même titre que Soburin, et j'entends bien m'occuper autant de l'un que de l'autre, sans qu'il y ait d'accrochage, fis-je en portant un regard sévère sur les deux concernés. Allez, debout ! Et tâchez d'avoir le poil brillant, achevai-je en me jetant à l'eau, suivis par les deux canidés.

Je me rapprochai d'Heifara, tout en les surveillant. Après m'être excusé sur mon absence plus longue que prévue, j'examinai son cou, pour conclure que nous devions attendre que la Déesse se soit suffisamment amusée avant de sortir de l'eau, et je lui fis part de mes trouvailles dans la forêt. Elle semblait satisfaite, néanmoins une ombre voilait son visage. Chargeant mon regard d'interrogation, elle s'en détourna. Apparemment, il s'était passé quelque chose.

- Heif', tu es sûre que ça va ? demandai-je, inquiet. Quelque chose de mal s'est produit ? Sob' t'a mordu ? Quelqu'un a voulu te voler ? Tu sais que tu peux tout me dire.

Malgré ça, sa réponse me tétanisa : un homme ressemblant à un Almer ? Mon coeur battait à se rompre, et déjà de noires pulsations s'en dégageait, si bien que je n'entendais plus rien d'autre. Mais à vrai dire, il n'y avait plus rien à entendre, car mes amis s'étaient tus et restaient là, immobiles dans l'eau, à me fixer comme s'ils craignaient de faire le geste de trop. Je calmai avec peine l'aura malveillante, et demandai finalement :

- Et où est-il, cet Almer ?

[HRP : Voilà, désolé d'avoir édité si tardivement, mais j'avais beaucoup de travail et n'étais pas chez moi cette dernière semaine]

Sa réponse fut hésitante, aussi mes doutes n'en furent qu'accrus : l'Almer avait disparu, certes, mais il était dans un sale état, aussi était-il possible qu'il soit encore dans les parages. Aux vues de leur caractère, ça ne m'aurait d'ailleurs pas étonné qu'il fusse encore là, à nous épier, dans un buisson, attendant son heure pour nous tuer. Probablement avait-il vu que notre campement n'était pas fait pour une personne et que donc Heifara n'était pas seule... Néanmoins, je devais abandonné cette crainte, car il ne faisait nul doute que Soburin ou Soyokaze aurait été alerté par une telle présence dans ces buissons. En tout cas, au moins Soburin, car il avait pris l'habitude de rencontrer des assassins avec moi par le passé, ceux-ci ayant été nos clients les plus fidèles. Ce qui était moins sûr concernant Soyokaze. En tout cas, aussi discret puisse-t-il être, aucun individu ne pouvait échapper à Soburin, et encore moins si l'individu en question avait du sang sur ses vêtements. Relâchant finalement mes muscles, tendus au maximum depuis que la réflexion était née, j'entrepris de reprocher à Heifara d'avoir soigner un illustre individu, qui plus est un membre de cette race dangereuse qu'étaient les Almers, et d'avoir fait cela gratuitement alors que nos fonds étaient récemment plutôt en chûte. Mais, je ne pouvais lui reprocher d'avoir agi ainsi, car cela avait été notre mot d'ordre depuis le départ : les blessés que nous soignons sont bien plus dans le besoin que nous. Ne m'étais-je moi-même pas dressé contre un agissement contraire à cette règle le jour-même où j'avais rencontré Heifara ? Cela n'empêchait pas qu'il s'agissait d'un Almer...

Mes réflexions furent coupées net par le geste. Une agréable sensation de bien-être s'empara de moi au moment où Heifara utilisa son don de soin, et toutes les douleurs lancinantes qui me pesaient jusque là, et qui furent également les raisons de ma motivation à me jeter à l'eau, s'estompèrent. Plongeant mon regard dans celui de mon amie, je lâchai finalement :

- Tu ne devrais pas gaspillé tes forces à longueur de journée, mes plaies se seraient fermées d'elle-même. Tu sais bien que ce ne sont que des entailles pour moi et que j'ai connu bien pire par le passé... Tu n'as pas à t'infliger pareilles douleurs à cause de mes bêtises dans la forêt... Déjà que ce maudit Almer a dû te coûter bien des forces !

La jeune femme ne répondit pas. À vrai dire, elle paraissait pensive depuis un bon moment, et j'en vins par conséquent à m'interroger sur ce qu'il s'était vraiment passé tantôt. Ce monstre ne l'aurait-il pas blessé ? Peut-être lui avait-il lancé un sort ? Ne serait-ce qu'à cette idée, la rage se préparait à m'envahir de nouveau. Cependant, si ça avait été le cas, Soburin m'en aurait encore une fois informé. Je vis alors avec soulagement les branchies d'Heifara presque totalement refermées, et son visage reprendre de la couleur, sa bouche aspirant goulûment l'air à nouveau. Cela me redonna le sourire, ainsi qu'à la jeune femme.

Le toucher m'électrisa. Ses mains décrivaient de légers ronds sur mes côtes, stimulant mes sens, provoquant d'intenses réactions nerveuses, chatouillant la zone concernée, mais également ma curiosité. Je croisai son regard, incrédule. Ma compagne venait tout juste d'enlever sa robe, et tout en semblant me défier d'un regard résolu, elle lâcha grossièrement le tissu sur le sol, au bord de l'eau. Ses yeux pétillaient de lumière, tirant davantage sur le bleu que sur son bleu-gris habituel et son visage prenait des traits plus fins encore. Telles des flocons, ses cheveux tombaient nonchalamment sur ses épaules, tantôt ondulés, à présent formant de fines boucles auburnes flamboyant d'éclat. Son nez s'étirait légèrement, et ses narines s'étaient rapprochées déjà afin de lui donner la plus belle forme qu'il soit. Ses joues s'empourprèrent d'une teinte rosée, amplifiant le côté mignon, mais sauvage de la jeune femme, et ses lèvres dénuées de rouge-à-lèvres en semblaient pourtant prises pour cible, rougeoyantes d'un aspect fruitier, elles paraissaient à la fois pulpeuses et chaudes, et tout était fait pour donner l'envie d'aller vérifier cette hypothèse.
Elle avait pendant ce temps continué de se déshabiller... Au fur et à mesure que mon regard se jetait sur ses formes, vaquant depuis son cou qui me hurlait d'y apposer ma bouche, passant par ses atouts de séduction dont la pointe rosissait à vue d'oeil, pour finalement atteindre ses jambes, tellement parfaites et lisses, n'attendant qu'une caresse, et au fur et à mesure qu'Heifara, d'un pas léger comme l'eau qu'elle fendait, se rapprochait de moi, des images de Kaya défilèrent à flot dans mon esprit : nos bons moments, nos querelles, nos enfantillages, notre rencontre... sa mort. Et soudain, les images prirent fin, Durant une fraction de seconde je voulus les rattraper, mais j'en étais incapable. Et elle fut là, Heifara. Transformée par sa Déesse, elle était elle-même divine. Et en un instant, je réalisai que si j'avais pu dormir sans faire de cauchemars à propos de la mort de Kaya ces derniers mois, c'était grâce à elle. Et à présent, je venais de prendre conscience du deuil que j'avais enfin pu faire durant tout ce temps passé avec elle, et qui venait de connaître son point final. Face à l'évidence, je ne pouvais plus me mentir à moi-même, ni à Heifara d'ailleurs.

La jeune femme m'avait plu dès le premier instant, alors qu'elle était encore évanouie dans mes bras, mais je ne le lui avais jamais fait part de la chose, car elle vivait alors dans un monde bien à elle, où les tracas que causent les sentiments tels que l'amour n'avait pas lieu d'être. Finalement, en se civilisant, la jeune Nua avait connu l'amusement, elle avait porté une affection toute particulière à mon renard et à ses patients, sans compter l'attention particulière et réciproque que l'on s'était porté l'un envers l'autre. Au fil des derniers jours, elle m'avait également paru timide. Et à présent, elle rencontrait pleinement le désir, et sa convoitise ne manquait pas d'exciter le mien. Tant est si bien que, fermant les yeux pour profiter du moment présent, je m'apprêtai à lui confier ce qui ne pouvait être confié avant. Mais elle me devança alors :

- Embrasse-je !

Je rouvris brusquement les yeux, craignant une fraction de seconde que ne fusse qu'un rêve, et fus emporté par son regard animal qui me dévorait l'âme et brisai mes dernières réserves. Nos lèvres, humides, se rencontrèrent alors ; le contact, hésitant d'abord, se fit de plus en plus précis et rapide. Je ne tardai pas à enlacer mes bras autour de sa taille, dans un geste de "Tu ne t'échappes plus maintenant", ironique compte tenu du fait que c'était elle qui s'était emparée de moi la première. Mes doigts remontèrent alors jusqu'aux omoplates en une subtile caresse, pour finalement s'abandonner dans ses cheveux, tandis que l'autre main était restée fermement agrippée à sa hanche. Chaque parcelle de mon corps était parcouru de frissons de désir, et ne sachant pas comment partager au mieux cette sensation avec ma compagne (plus seulement de voyage, pour le coup), je me laissai simplement porté par ce torrent nerveux. L'électricité qui s'accumulait dans l'air et la température ascendante de l'eau, ou plutôt de nos corps plaqués l'un contre l'autre ne faisaient qu'amplifier le tout, et mes mains se baladèrent bientôt sur d'autres membres, appuyant légèrement sur ses côtes, effleurant ses fesses, revenant lentement dans le creux de son dos. Ses yeux continuaient d'envoûter les miens, à tel point que je ne pouvais plus en décrocher, et que je perdais toute notion du temps. À ce propos, j'aurais aimé que ça ne se termine jamais, et comme pour répondre à ce souhait, son regard semblait me murmurer que nous avions largement le temps.

Et d'ailleurs, son regard témoignait d'un nouveau désir, plus intense encore...


[HRP : Et ouais, je fais le méchant en ne traitant que le plus facile et en te laissant un peu de restes, parce que quand même, si c'était l'influencé qui narrait tout, ce serait quiproquesque (ce mot EXISTE :p) ! Tu remarqueras que je n'ai traité que la partie Kanjou, c-à-d : que la partie décrivant les actions de Kanjou, et aucunement celles d'Heifara, estimant quand même que c'est pas à moi d'en décider u.u bon, hormis les histoires de regard sur lesquels je joue beaucoup, daigne m'en pardonner :3
C'est assez rigolo la façon dont d'un coup tu as amené le sujet x) mais en tout cas je trouve ça plutôt intéressant, dans le sens où je ne me rappelle pas m'être une seule fois interrogé sur "comment décrire par des mots ce genre de situation avec ses sensations", et finalement, c'est un exercice assez difficile mais ça reste amusant de devoir se remémorer précisément et d'appliquer ces expériences sur un personnage. Très constructif en tout cas, merci pour le partage d'idée ! Et pis bah, à ton tour maintenant, fourbe :p]

Un torrent de plaisir et une inlassable éternité. Telle l'eau nous entourant et pénétrant tous mes pores, elle imprégnait mon être, nos corps se noyant, liés dans une étreinte sans fin, commémorant cette fusion de nos âmes dont la manifestation physique se faisant de plus en plus passionnelle. Les sons, les odeurs, les goûts et les visions que je sentais n'étaient plus qu'elle, qui m'enveloppait dans un monde où personne d'autre ne pouvait avoir autant d'importance à mes yeux. Le temps s'était arrêté, les couleurs n'étaient plus que des reflets troubles et diffus de la lumière qui émanait de sa beauté, et les seules sensations réelles que je pouvais encore percevoir étaient celles de nos corps ardents se chevauchant, se rejetant l'espace d'un instant pour mieux se rassembler ensuite, dans des mouvements en constante évolution et dont chaque renouvellement était accompagné de soupirs de braise.

Dans ses yeux, je percevai une lueur nouvelle, et je devinais que cette même lueur était visible dans les miens. Cette lueur était celle d'un nouvel avenir, cette lueur était celle d'un nouveau but : rien ne comptait plus en cet instant qu'Heifara, que son plaisir. Rien ne compterait plus désormais que son bien-être, que son bonheur. Et finalement, j'avais un vrai but de nouveau, non plus celui de survivre avec mon désespoir et ma peine, mais celui de connaître les expériences de la vie avec à mes côtés la plus incroyable des Nuàs dont l'apparence, ni la bonté intérieure d'ailleurs, n'avait rien à envier à sa Déesse.

La journée avait passée et la nuit n'en était pas moins inoubliable. Ce tourbillon de saveurs innarretable empêchait toute autre pensée, si bien que Soburin et Soyokaze qui s'étaient endormis, lassés de nous observer sans comprendre pourquoi la reproduction humaine durait si longtemps, étaient complètement sortis de mon esprit. Rien ne pouvait briser cet enchantement, excepté Heifara elle-même, ou des besoins plus urgents encore que ceux que nous assouvissions. Nous nous interrompîmes pourtant plusieurs fois, afin de se reposer, mais étant dans l'incapacité de dormir, mes yeux devant sans cesse admirer inlassablement son visage et son corps allongé à côté de moi, ma bouche désirant toujours respirer le même centimètre cube d'air qu'elle, je ne refusais pas lorsqu'elle replongeait sa main entre mes cuisses, et je continuais de sombrer en elle, ne cherchant qu'à faire un, ne désirant qu'une seule chose : vivre avec cette femme que j'aimais pour le restant de mes jours. Et rien ne saurait briser ce vœu cette fois, pas même la mort ne pourrait détruire ce sentiment, car désormais, si de mort il était question, alors il en sera, mais pas individuellement : ensemble ou rien.

La raison me rattrapa le lendemain au réveil. Du moins il me semblait : etait-ce le lever de Soleil qui éclairait ma vue d'une aura magnifique se refletant dans les cheveux de ma muse, ou bien était-ce elle qui donnait sa lumière à l'étoile. À mes yeux la réponse était unique et évidente : ni l'un ni l'autre et les deux à la fois... Heifara était l'étoile qui réchauffait mon cœur et illuminait mes journées et le reste n'était que décor.

- Mon ange, c'est la fin d'une histoire qui a connu ses hauts et ses bas, mais une autre voit le jour et je ne saurais dire jusqu'où elle nous emmènera. Tant que c'est avec toi, peu m'importe après tout. Reconstruisons-la éternellement.


[HRP : Suite à mon inspiration nocturne habituelle, je ne me porte pas garant de la qualité bancale de ce poste, surtout en terme de compréhensibilité xD je passe en mode *bizarre* la nuit :3 petit clin d'oeil à la fermeture du Forum dans cette phrase de Kanjou. Puisse Azthia être éternel ! Pour ma part, je serai ravi de RP avec quiconque lit ceci, donc si vous croisez un "Swirl", "Kanjou" ou "Uzumaku", il y a de fortes chances pour que ce soit moi, sinon vous pouvez toujours chercher mon mail ou les forums que je fréquente pour les fouines du web les plus motivées ;p à plus j'espère, et merci pour tout, bisous en particulier à cette chère Heifara avec qui RP fut très plaisant, tu vas me manquer la fourbe ^^' ja mata ne ♪]

[DÉSENGAGÉ]

•THE END•