Je me demandais souvent pourquoi j'avais décidé de revenir à Muria après toutes les missions que j'enchainais et toujours la même réponse se faisait en moi : j'aimais cette cité, j'aimais les gens qui y vivaient comme la souveraine qui nous dirigeait. Je n'aurais sans doutes pas pu concevoir ma vie en dehors des murs imposants de cette cité fière et plus forte que jamais. C'était sans doutes idiot pour la plupart des gens qui vivaient dans le reste du monde, mais je savais que bon nombre des amazones partageaient mon sentiment sans pour autant être capable de l'expliquer. Malgré la fatigue, les conditions parfois difficiles et les caprices parfois étonnant de notre souveraine ou plutôt, de sa progéniture, la cité avait ses charmes, sa tranquillité et son âme que je n'avais trouvé nul par ailleurs. Muria était la mère des femmes perdues et solitaires et cette idée me plaisait bien.
Cette fois-ci, ma mission avait été de trouver la petite Jelenna, de trouver une piste, n'importe laquelle, qui aurait pu nous conduire à l'enfant. D'après ce que j'avais compris, la petite princesse bis avait été enlevée par un Cavalier d'Azael, la Mort je crois. Et toujours d'après nos informations, Mort était l'ancienne reine amazone des premiers temps, Nessa, ce qui n'aidait en rien car elle devait connaitre la position de la cité et pire que tout, nos faiblesses. Quoi qu'il en soit, outre ces informations, je n'avais rien de probant concernant l'enfant et j'étais revenue bredouille, à mon grand désespoir. Philéa attendait beaucoup de mes recherches et de celles des autres Sentinelles lancées sur l'affaire mais chaque fois que nous rentrions, les nouvelles étaient toujours les mêmes. Mauvaises. Pas de traces. Rien. Comme si Jelenna n'avait jamais existé et pourtant, j'étais bien placée pour savoir que ce n'était pas le cas. Cette enfant, aussi stupide que cela puisse paraitre, je l'aimais. Pas autant que sa mère ou sa soeur, que j'appréciais également beaucoup pour l'avoir côtoyée tout au long de nos enfances respectives, certes mais j'avais de l'affection pour elle. Elle était brillante, vive, gentille et surtout, elle avait su me montrer à quel point les enfants étaient quelque chose de merveilleux, c'était plus ou moins grâce à elle, ou à cause d'elle peut-être, que j'avais cette folle envie d'avoir les miens, un jour. Jelenna me manquait, parce que j'étais sa garde du corps, parce qu'elle était une petite boule d'énergie drôle et têtue, et quelque chose me disait qu'elle manquait à sa mère. Lasse d'avoir à rapporter de mauvaises nouvelles, j'avais expédié, à moins que ce ne soit plutôt Philéa, mon rapport et j'étais partie ici.

Dans ces lieux qui étaient à la fois tout et rien.
Le début et la fin de la vie. Là où le règne animal subsistait tant bien que mal, à l'image de notre chère cité.
La forêt.
J'aimais son calme impérieux, son silence et sa vie grouillante. En elle, je me sentais apaisée, même si mon esprit hurlait le contraire. C'est ainsi que j'étais partie me balader. J'aurais voulu prendre ma jument mais cette dernière rechignait en ce moment pour sortir aussi, j'étais partie seule, arc sur le dos au cas où. Mes pensées se succédaient sans que je ne cherche à les en empêcher. Je cherchais simplement à me calmer, à mettre un nom sur les problèmes qui me hantaient. En d'autres termes, je ne cherchais rien de particulier.

Mes pas me conduisirent vers une petite clairière. J'étais une habituée des lieux mais au moment où j'allais pénétrer dans la clairière, je remarquais que quelqu'un y était déjà. Je rebroussais donc chemin lorsqu'une branche craqua sous mes pieds. Furieuse contre moi-même d'avoir laissé une si piètre chose déclarer ma présence, je me retournais vers la personne qui m'interpelait.
Avançant dans leur direction, je remarquais qu'une Sentinelle était présente. Jenys. Bon pourquoi pas. Je remarquais ensuite le jeune homme qui l'accompagnait, Ashrand, l'un des seuls Soumis à pouvoir sortir de la cité. Un privilège rare ... même pour quelqu'un qui ne savait pas reconnaitre sa princesse. Souriant, je m'approchais un peu plus, ôtant la capuche que j'avais sur la tête et découvrant ainsi mon visage. Jenys me salua et je lui faisait un signe comme quoi c'était inutile. Je n'aimais pas être traitée avec différence ... nous étions toutes égales non ?

" Jenys, je prends la relève, va te reposer. "

J'étais consciente que la jeune femme était fatiguée pour savoir qu'elle avait participé à la même mission que moi. Elle ne se fit pas prier et quitta les lieux tandis que je regardais, amusée, l'homme qui se tenait en face de moi. Philéa m'en avait parlé mais je ne l'avais jamais rencontré, elle avait juste transmis l'ordre de le laisser sortir en permission et ce, pour éviter qu'on le tue à vue.

" Désolée de te décevoir, je suis Kiera, chef des Sentinelles et je viens m'assurer que tu ne cherches pas à fuir. "

Un sourire illumina mes traits. Sans le savoir, sa réflexion m'avait fait rire intérieurement et avait chassée les idées noires pour quelques précieuses minutes.

" Tu n'as donc jamais vu la princesse pour me confondre avec elle ? " demandais-je en souriant toujours.

Quand il apprit que la personne qu'il avait crû être la princesse ne l'était pas, Ashrand se sentit un peu embarrassé d'avoir pu confondre deux personnes qui ne se ressemblaient pas vraiment, il tenta alors de se rattraper du mieux qu'il pouvait afin d'éviter de passer pour un idiot

'' Ah, et bien... Comment dire... je rêvassais, et puis il y a le soleil qui m'aveuglait aussi ! '' se justifia-t-il.

Cela sonnait bizarrement faux, c'est vrai qu'il n'était pas très doué pour mentir bien qu'il y avait une part de vérité dans ce qu'il venait de dire.

Le jeune homme regarda la chef des sentinelles et prit un air faussement déçu avant d'ajouter

'' C'est dommage quand même, moi qui comptait m'enfuir. Avec une sentinelle ça aurait encore été possible mais avec vous … ''

En réalité, il avait depuis longtemps abandonné l'idée de s'enfuir, il avait déjà essayé par le passé, oui, mais son corps se souvient encore des punitions infligées. Même s'il n'avait que quinze ans à cette époque, les femmes n'y avaient pas été avec le dos de la cuillère pour lui faire comprendre sa bêtise; y allant chaque fois un peu plus fort, rendant le supplice chaque fois plus douloureux, physiquement comme moralement. Après la sixième tentative Ashrand abandonna. D'un côté il ne le regrettait pas, depuis, il vivait plutôt bien tant qu'il accomplissait ce qu'il avait à faire: travail et autres besognes parfois ingrates. A présent s'enfuir ne servait plus à rien, premièrement s'il se faisait rattrapé, maintenant adulte et ayant trahi le confiance que lui accordaient les amazones, l'exécution était une punition assez envisageable et deuxièmement, pour quoi faire ? Il pourrait retourner à Cydonia chez sa mère et être former pour devenir soldat ou suivre les traces de son père en tant que marchand itinérant mais cela ne l'intéressait plus beaucoup. Après avoir vécu toutes ces années sans avoir de réelle place dans la société, il n'avait plus ni but, ni envies et il pouvait à peine imaginer ce qu'il serait dans dix ans. Dire que tout petit il rêvait d'être dans l'armée. Aujourd'hui cela lui paraissait êtreimpossible; il devrait retourner à l'école militaire car même s'il savait se battre, il n'avait quasiment aucune connaissances en tant que tacticien. Certes, il était assez polyvalent et pourrait devenir ouvrier ou domestique mais il ne gagnerait probablement pas sa vie avec ça, du moins pas comme il le voudrait.

Ashrand plissa les yeux quand il leva la tête au ciel. Le soleil était bas et d'ici une à deux heure, la nuit tomberait, plongeant ces bois dans l'obscurité. Il se leva alors et marcha un peu pour se dégourdir les jambes, ankylosées après être rester immobile une bonne partie de l'après-midi, puis déclara:

'' Faudrait peut-être penser à rentrer, je suis censé être à Muria avant qu'il fasse nuit, c'était notre accord.''

il regarda autour de lui afin de se souvenir par où il était venu. Après quelques secondes de réflexion, il se gratta la tête comme s'il essayait de se rappeler quelque chose de lointain

'' Et donc, c'est de quel côté ? '' demanda-t-il à Kiera avec un sourire confus

[J'me sens ridicule avec mes 20 lignes quand je vois le pavé que t'as pondu juste avant xD]

Je m'amusais bien au final.
La journée qui avait commencé de façon monotone prenait soudain un autre tournant en présence de cet énergumène. Me confondre avec Eléa passait encore, même si, il fallait bien l'avouer, je n'avais pas de point commun avec elle, ou très peu physiquement parlant du moins, mais ses excuses ... c'était presque trop bon. Le soleil qui l'avait aveuglé ... au moins, ce Soumis avait le sens de l'humour ce qui, soit dit en passant, était plutôt rare et ça se comprenait. Quand on est prisonnier, tout aussi bien qu'on soit traité, on a peut-être pas envie d'oser les pointes d'humour avec nos geôliers. C'était de ce fait agréable de le voir si "heureux" de vivre, comme s'il n'y avait rien de plus normal que notre discussion. Peut-être que l'image que j'avais des Soumis changerait encore un peu plus après notre rencontre. Sa tirade suivante me fit sourire. Il m'estimait plus efficace qu'une simple Sentinelle. Sans doutes avait-il raison car sinon, pourquoi Philéa m'aurait-elle nommée à ce poste ? Mais je ne comprenais pas pourquoi il me faisait cette remarque. En règle général, cette pointe d'humour lui aurait valu la suppression de sa permission de sortir alors n'était-ce pas un peu osé de dire cela en ma présence ? A moins qu'il ne soit pas sain d'esprit, ce dont je doutais. Ou alors, il était vraiment du genre plaisantin, ce qui, en cette sombre journée pour moi, serait toujours mieux que de ressasser des idées noires en permanence.

" Je doutes que si tu avais rencontré Eléa, tu te serais permis pareille réflexion. " commençais-je avec le sourire.

" Ou plutôt, je doutes qu'elle t'ai laissé finir ta phrase ... " disais-je enfin, prise d'un rire léger à l'idée de la rencontre entre le Soumis et la princesse.

Dans mes rares souvenirs de rencontre entre l'ainée de la reine amazone et les hommes en général, je ne me souvenais que d'une chose : l'envie meurtrière qui avait animé la jeune Eléa. Ce jour-là, elle n'avait pourtant qu'une dizaine d'années et malgré tout, on pouvait voir dans chacun de ses mouvements, dans chaque mot qu'elle prononçait, qu'elle avait envie de tuer cet homme. Mais le pire de tout était le seul et unique conflit auquel j'avais assisté entre les deux sœurs amazones. Jelenna avait simplement parlé du père de la demoiselle et j'avais alors vu les yeux d'Eléa se muer en yeux d'assassins. Pire que tout, je l'avais entendu pour la première fois crier sur sa sœur cadette qu'elle ne voulait plus en entendre parler. Non, franchement, le peu d'expérience que j'avais de la demoiselle vis à vis des hommes me suffisait pour en conclure que ce Soumis échappait à quelque chose. C'était vraiment risible et sans doutes penserait-il que je me moquais de lui ou pire, d'Eléa. La demoiselle n'était pas trop connu des Soumis, préférant de loin éviter leur Compagnie mais elle était crainte pour avoir participé à la chasse aux Soumis évadés avec succès ces derniers temps ...

" Eléa n'est pas du genre à aimer les Soumis. Du moins, les hommes en général, aussi, je me demandais ce qu'il serait advenu de toi si tu l'avais rencontré à ma place, tout simplement. " précisais-je comme pour m'expliquer ou m'excuser, comme il voudrait l'entendre. Peu importait.

Le jeune homme me tira de mes pensées au moment même où je me demandais toujours quel était son nom, il faudrait que je pense à le lui demander parce que ça en devenait ridicule. D'ailleurs, ce dernier me demandait comment retourner à Muria ... décidément, s'il ne jouait pas un rôle bien sur, il n'était pas très doué. Aucun risque qu'il puisse un jour faire découvrir la cité avec un tel sens de l'orientation. Je souriais en entendant la question et lui demandait plutôt que de répondre tout de suite quant au chemin à prendre :

" Dis-moi, quel est la nature de l'accord exactement que tu as passé avec Philéa ? "

Je faisais mine de réfléchir et ajoutais aussitôt :

" Sortir jusqu'à la nuit tombée en présence d'une Sentinelle, sans arme. Si je me souviens bien, je ne suis pas une Sentinelle mais leur chef, aussi, si tu le souhaites, on peut rester encore un peu. Jenys aura transmis notre position en rentrant à Muria. "

Ce n'était pas vraiment un acte de charité, juste de l'égoïsme. Sans pouvoir l'expliquer, j'avais envie de rester un peu avec lui, comme si sa bonne humeur était contagieuse et que le quitter me ferait retomber dans cet état étrange où les idées noires me hantaient tout comme de multitudes d'autres préoccupations diverses et variées. Mais peut-être que lui n'avait pas envie de rester aussi, je précisais sur un ton égal :

" Mais si tu souhaites rentrer, c'est par là qu'il faut aller. "

Je levais le bras dans la direction indiquée, souriant toujours en me disant qu'il n'était pas bien doué question sens de l'orientation. Puis, me disant que s'il fallait faire un bout de chemin ensemble pour rentrer, je préférais encore qu'il parle plutôt que de laisser le silence s'installer entre nous. J'avais envie de bruit, de tout ce qui me prouvait que la vie était encore là. Aussi, je demandais, sur ce même ton égal :

" Et alors, comment tu es arrivé ici au juste ? "

En savoir le plus possible sur les autres, c'était un peu une seconde nature chez moi et mon métier l'exigeait mais là, c'était peut-être tout simplement de la curiosité.

[ Ridicule ? Pourquoi ? Je ne fais que blablater pour faire autant de lignes XD ]

Il était marrant, à peine avais-je émis l'idée de rester ici quelques heures de plus qu'il se rasseyait sans rien ajouter, juste en me précisant qu'il n'avait pas vraiment envie de rentrer. Heureusement qu'il semblait de nature calme parce que sinon, Philéa aurait eut des ennuis. Un Soumis qui s'enfuit fait toujours tâche dans le paysage, surtout pour les fières amazones que nous étions. Mais de toute façon la question n'était pas là, il était désormais sous ma protection et il allait savoir ce que cela voulait dire si jamais il tentait quoi que ce soit. Mais là encore, ça n'avait pas l'air d'être sa priorité.
Le jeune homme reprit la parole, dans un premier temps, sa réponse paru décalée par rapport à ma question, mais en réalité, je crois surtout que j'avais mal formulée cette dernière et il finit par comprendre ce que je voulais dire. Il me raconta son histoire somme toute banale certes mais sans me l'expliquer, je la trouvais tout à la fois différente de celle des autres. Sans pour autant être extraordinaire, elle me faisait encore douter de la façon dont nous les traitions. Même si nous n'étions pas méchantes avec eux, nombre d'entre nous avaient tendance à les prendre pour des animaux, blessées qu'elles étaient dans leur cœur par d'autres hommes par le passé. Pour ma part, j'estimais tout simplement qu'ils étaient comme nous, des êtres humains.

" Je suppose que vivre ici t'as offert une chance de survie en quelque sorte ... " précisais-je.

Je me demandais en effet ce qu'il serait advenu de lui s'il était resté seul dans cette forêt. Elle pouvait être dangereuse pour les novices qui ne la connaissait pas. Enfant, je m'étais perdue un nombre incalculable de fois avant d'en apprendre les rouages. Je souriais en pensant à cela. Je revenais à la conversation lorsqu'il m'adressa une nouvelle fois la parole pour me demander ce que je faisais ici.

" Je tentais de fuir certaines pensées désagréables. Comme toi sans doutes. "

Ce n'était pas la vérité entière mais dans tous les cas, c'était tout comme. Ne sachant pas quoi ajouter, je le regardais tout en posant de temps en temps les yeux sur le paysage. Ici et là, la vie reprenait lentement ses droits malgré notre présence. Un écureuil grimpait le long d'un arbre sans doutes pour faire des provisions pour l'hiver tandis qu'au loin, les feuilles bougeaient, dissimulant sans doutes un lapin ou autre rongeur du genre.

" C'est calme ici. "

Je reportais mon attention sur mon interlocuteur.

" Tu ne regrettes pas d'avoir été capturé ? "

Que ressentais un Soumis vis à vis de nous ? De la haine ?

Les joies des conversations normales. Cela faisait maintenant bien longtemps que je n'étais pas allée à la rencontre de ma chère amie Gaëlle et j'avais perdu l'habitude de parler avec les gens, déjà que ce n'était pas inné chez moi alors si en plus je ne m'entrainais pas ... c'était un peu comme le tir à l'arc, sans entrainement, on vise toujours à côté de la cible. Mais pour l'heure, j'espérais avoir fait preuve d'assez de persuasion dans mes questions et mes réponses pour intéresser mon interlocuteur car, je devais bien l'avouer, parler me faisait du bien. Depuis combien de temps n'avais-je pas eut une conversation normale avec quelqu'un ? En ce moment, la seule personne qui je côtoyais était Philéa et elle était tellement prise par la grossesse qu'elle devait cacher comme par la disparition de sa cadette ou la haine de son ainée que nos discussions n'étaient guère des plus plaisantes en soi. Franchement, ce Soumis était une aubaine, car pour une fois, je pouvais parler librement sans me soucier des conséquences. La pluie, le beau temps avaient comme une nouvelle valeur pour moi en cet instant comme s'ils étaient d'une importance capitale. En réalité, je savais que la discussion devrait prendre fin et que, de ce fait, je serais obligée de revenir à mes sombres devoirs mais pour l'heure, ce n'était pas le cas. Pas encore.
Je remarquais que le jeune homme avait du mal à me tutoyer mais je préférais, même s'il avait l'air de trouver cela étrange, et ça se comprenait. Rares étaient les Sentinelles qui le permettait car quelque part, c'était se situer d'égal à égal avec les Soumis et bon nombre d'entre elles s'estimaient au dessus d'eux mais pour le moment, j'avais besoin de me sentir vivante, proche de quelqu'un et ce simple "tu" me le permettait alors je ne comptais pas faire de réflexion, quelles qu'elles soient.

Je manquais de lui rire au nez devant sa remarque. Je l'imaginais mal hypocrite mais je me contentais de hausser les épaules en souriant. L'hypocrisie faisait partie du monde des adultes à l'image du mensonge et de la traitrise mais il était agréable de voir qu'il existait encore des gens qui considéraient qu'être honnête quoi qu'il arrive était le plus important. Je ne faisais pas de réflexion pourtant, sa phrase ne m'y incitait pas et ma réaction suffisait à montrer que j'étais bien d'accord avec lui, être franc était beaucoup plus efficace dans la vie que le mensonge même s'il était plus facile de mentir et que peut-être, cela nous exposait à moins de dangers. Quoi que, ce n'était même pas sur. Mais là n'était pas la question. Mon attention se reporta à nouveau sur lui lorsqu'il me posa une question, la première ou presque depuis le début de notre échange.
Le rire fut instantané. Ce n'était pas contre lui, ce n'était pas méchant, mais qu'est ce que ça faisait du bien ! Il venait de me poser plus de questions que personne n'avait jamais osé m'en poser depuis bien des années et le mieux dans tout cela était sans doutes qu'il en avait encore en réserve. Sa curiosité était sans doutes pire que la mienne et la situation m'amusait au plus haut point.

" Désolée " soufflais-je de peur de le vexer sans le vouloir.

Je me calmais et réfléchissais avant de finalement répondre.

" Connais-tu la légende de la déesse Diane ? Certaines amazones te diront que j'en suis la réincarnation, mais je n'y crois pas. Diane était une déesse, je ne suis qu'une mortelle et puis, je n'ai pas la prétention de vouloir lui ressembler. Ma mère me disait souvent quand j'étais enfant que dans chaque génération, il y a des gens qui seront plus doués que d'autres dans certains domaines, d'autres non. Et puis, il y aura ceux qui seront voués à un destin exceptionnel. Je ne sais pas si je fais partie de l'une de ces catégories mais une chose est sure, c'est qu'un jour, on m'a choisi pour ce poste. J'étais simplement plus douée à l'arc que celles de mon âge et que l'ensemble des Sentinelles d'après elles. Philéa m'a choisi après t'en dire plus ... "

Je souriais, finalement, je ne m'étais jamais posée la question de savoir pourquoi on m'avait choisi moi. C'était comme ça non ?

" Pour ce qui est du fait que les autres obéissent, je suppose que c'est dans la nature des amazones, elles savent que la survie de notre cité dépend essentiellement de la discipline à l'intérieur de celle-ci. Peu importe qui les commande, si elles l'estiment compétente et digne de confiance, je suppose que ça leur suffit. Elles ont intérêt à la sauvegarde de la cité et comme Philéa m'a choisi, c'est amplement suffisant pour elles je pense pour me faire confiance. Et puis ... sans me vanter, je tire plutôt bien à l'arc, mieux que quiconque dans la cité, à part peut-être la petite princesse bis. "

Voilà pour la première question.
La suivante était du même ordre mais j'y répondais quand même.

" Je suis spécialisée en tir à l'arc et comme je te l'ai dit, je suis plutôt douée en effet. Encore heureux pour une chef des Sentinelles non ? "

A nouveau un sourire, ça faisait drôlement du bien !

" Je sens que tu avais d'autres questions à me poser, n'hésite pas, je ne t'en voudrais pas, mais je te propose de le faire sur le chemin du retour qu'en penses-tu ? "

[ Désolé, vu que la fin de la saison automne approche, je me permets d'accélérer les choses pour qu'on ne soit pas bloquer par le RP! ]

La réaction d'Ashrand me fit rire. Intérieurement certes mais elle me fit rire quand même. Il est vrai que beaucoup d'amazones pensaient à Muria que j'étais l'incarnation même de Diane mais pour ma part, je ne croyais pas à ce genre de chose. C'était impossible. Diane avait été la meilleure en son temps, la déesse des déesses, sans doutes aurait-elle mérité d'être reine et là n'était pas ma propre ambition. Je n'étais pas sa réincarnation et je n'avais pas l'ambition de l'être. J'étais devenue Capitaine par le bon vouloir de la reine amazone.

" Je ne suis Capitaine que parce que Philéa l'a souhaité, le jour où elle n'aura plus besoin de moi, je redeviendrais une simple Sentinelle et cela ne me perturbe pas. "

Le jeune homme rigola, me charriant gentiment. Si je n'avais pas été influencée par la petite princesse bis, sans doutes me serais-je dit que ce n'était pas possible qu'une discussion avec un Soumis soit aussi plaisante. Et c'était presque dommage que le temps soit passé si vite, si jamais Jelenna rentrait dans la cité, et je n'en doutais pas, je ne pourrais pas m'empêcher de lui dire que j'avais plus ou moins partagé son avis concernant les Soumis. Les portes de la cité se dressèrent devant nous avant même que je ne me rende compte qu'on était déjà arrivés. Le jeune homme me sortit de mes pensées, visiblement, il semblait gêné. Il semblait inquiet même et c'est au moment où il formula sa question que je compris pourquoi. Il était en permission et moi, je venais de le mettre dans une situation des plus délicates envers les autres amazones. Je souriais timidement, consciente à cet instant que j'avais fait une erreur.

" Ne t'en fais pas. "

Je passais devant, histoire d'éviter de se faire tirer à vue, et faisais signe aux Sentinelles qui faisaient la ronde sur les portes de la cité pour qu'elles me rejoignent. Ces dernières semblaient d'ailleurs énervées ou contrariées plutôt. Visiblement, elles pensaient que le Soumis s'était fait la belle. Deux Sentinelles vinrent à ma rencontre et avant même qu'elles puissent dire quoi que ce soit, je les interrompais :

" Il était avec moi. Il n'a pas cherché à s'enfuir. Retournez à votre poste, je le raccompagne. "

Les rumeurs iraient bon train mais peu importait, c'était ma faute si le jeune homme avait risqué gros, un peu plus et tout le monde penserait qu'il avait tenté de fuir, pire que tout, tout le monde penserait que je le poursuivais, encore heureux que j'ai de l'autorité même si je n'aimais pas m'en servir ! Les deux filles approuvèrent et retournèrent vers les portes de la cité non contentes de me jeter un coup d'œil des plus explicites. Je me retournais vers le Soumis avant de lui dire :

" Je suis désolée, cela risque de te causer quelques soucis mais au moins, ta permission ne sera pas annulée. Je te raccompagne. "

Il ne fallut que quelques minutes pour rejoindre le camps du Soumis et je le laissais retourner à sa vie. Je lui rappelais de me prévenir s'il souhaitait sortir, car après tout, il m'avait fait passer un bon moment.

[ Désengagée ]
[ Désolé, c'est court mais je ne savais pas trop quoi ajouter. Merci pour ce RP, c'était sympa, si tu souhaites en faire un autre, envoie-moi un MP! ]

La situation aurait pu être délicate, certes, mais avec Kiera à ses côtés, Ashrand ne risquait pas grand chose si elle expliquait la raison de leur retard. Fort heureusement elle lui dit de ne pas s'en faire, ce qui eu pour effet de rassurer le jeune homme, un peu anxieux jusque là. La capitaine arrangea rapidement les choses, quoique qu'Ashrand la trouvât un peu trop directe avec ses hommes, ses femmes plutôt. Cela lui enleva un poids énorme, comme s'il se sentait pousser des ailes. Une fois à l'intérieur de la cité, il poussa un énorme soupir de soulagement, étonné tout de même qu'aucune Amazones n'ait protesté après le peu de détails que leur avait fournis Kiera.

Peu après, elle s'excusa et proposa de le reconduire jusqu'à l'entrée des quartiers des Soumis.
Ce a quoi Ashrand s'empressa de répondre, bien qu'un peu embarrassé qu'elle se blâme d'avoir mis à mal sa sécurité

''Non, non pas besoin de t'excuser, je n'aurais peut-être pas dû abuser de ta gentillesse'', il passa la main dans ses cheveux, cherchant ses mots

''Merci en tout cas, merci de m'avoir permis de rester un peu plus longtemps. Ca m'a fait beaucoup de bien de pouvoir sortir. Si jamais tu as besoin de moi pour quoi que ce soit, n'hésite pas.''

Après tout, il se sentait un peu redevable envers elle maintenant, elle qui lui avait spontanément proposé de rallonger sa permission.

Il marchèrent alors jusqu'au camps des Soumis, qui était en quelque sorte une petite ville à l'intérieur d'une plus grande. Les hommes étaient confinés là-dedans lors de la nuit et un couvre-feu leur interdisait de se balader librement une fois que la lumière du jour avait disparue. Tout contrevenant était sévèrement punis après avoir été rapidement attrapés par les femmes en patrouille nocturne qui jamais ne se montraient dupes avec les excuses et autres prétextes extravagants que les hommes pouvaient parfois inventer. Ceux qui sortaient la nuit faisaient souvent ce qu'ils ne pouvaient effectuer la journée. Autrement dit, ce qu'ils allaient faire flirtait rarement avec le domaine de la légalité. Enfin, Ashrand n'avait pas réellement besoin d'y penser, ces escapades ne le concernant pratiquement pas..

'' C'est d'accord, je t'avertirai en cas de nouvelle permission, désolé de te prendre du temps comme cela'', répondit-il en guise de réponse à la recommandation que lui avait faîte la femme se tenant à ses côtés.

Il pénétra dans le camp, les Amazones présentes à ce moment-là n'avaient pas non plus émises d'opposition quant à son retour tardif. Ayant laissé Kiera à l'entrée, le jeune homme se retourna et contempla brièvement a silhouette qui disparût relativement vite dans la pénombre. Ashrand se détourna et, sourire aux lèvres, se dit qu'il avait passé une bien bonne journée.



[Désengagé, fin du RP]

[Merci aussi pour le RP, bien plaisant . Oui à l'occasion, pourquoi pas ? ^^]