L'hiver, encore et toujours cet hiver qui faisait souffler son vent glacial sur les pauvres hère du temple qui faisait leur entraînement. Sesthia était passé par là pour regarder comment ils s'en sortait. Elle devait avouer que si visiblement la neige commençait à laisser du terrain à l'herbe, elle était encore bien présente et donc le froid devait l'être aussi. Elle laissa aller son esprit et ressentit le grelottement des quelques apprentis qui se donnaient du mal pour améliorer leur maîtrise de leur arme. Elle posa la main sur la chaîne qui entourait sa taille. Personne jamais ne remarquait son arme, personne ne s'était rendu compte que ce n'était pas l'épée son arme de prédilection pourtant, tout le monde aurait dû le voir. Jamais elle ne se promenait avec une épée. Elle se sentait d'ailleurs souvent encore plus étrangère au templier par le fait qu'elle ne maîtrisait même pas l'invocation. Elle avait pourtant essayé, encore et encore, mais elle n'était jamais parvenue à utiliser ce don qui devait faire partie d'elle.

Comme si toutes les tares qu'elle possédait court-circuitait quelque chose qui l'empêchait d'apprendre l'invocation. Elle haussa imperceptiblement les épaules. D'un autre côté, peu importait finalement qu'elle possède ce don ou pas. Cela n'allait pas lui être réellement utile. L'arme qu'elle maniait ne pouvait l'être en invocation, donc inutile de s’apitoyer là dessus. Par contre, elle était contente. Ces derniers temps, elle avait fait des rencontres, deux pour être exactes. Des rencontres assez peu conventionnelle elle devait bien l'admettre mais qui avait fait remonté le genre humain dans son estime. Elle en était venu à penser que personne finalement ne la considérerait comme normale. Avec tout ce qu'elle avait entendu, tout ce qu'elle avait enduré, elle s'était toujours dit que jamais elle ne trouverait qui que soit qui veuillent partager ne serait-ce qu'une amitié avec elle. Mais finalement elle avait trouvé. D'abord Aerin, ensuite, Heifara. Ces deux là étaient loin d'être commun et si elle appréciait tout particulière Aerin, elle devait avouer qu'Heifara était intéressante comme personne.

Sesthia devait avouer que voir Heifara lui avait fait un grand bien. Elle s'était alors sentit moins... comment pouvait-elle exprimer ça, moins anormale. Comme si finalement d'autre personnes pouvaient semblait aussi bizarre qu'elle. Tout à ses réflexions, elle ne remarqua pas qu'un apprenti courait vers elle avec dans les mains une lettre. Au fur et à mesure qu'il se rapprochait, Sesthia sentait bien qu'il avait en quelque sorte peur d'elle. Elle devait avoué qu'elle n'aidait pas vraiment à ce que les autres l'approche. Visage fermé, aucun sourire. Cependant quand elle se mettait à sourire, tout le monde avait l'impression soit qu'elle préparait un mauvais coup, soit que ce n'était pas normal. Alors dans tous les cas, comment devait-elle réellement se comporter? Elle soupira doucement et lorsque le gamin ce fut avancé, elle le regarda et un demi-sourire apparut sur son visage.

« Inutile d'avoir peur de moi, je ne vais pas te faire de mal. »

Elle prit la lettre des mains du gamin.

« Merci beaucoup. »

Avec un sourire, il s'en retourna à ses activités, peut être que les autres auraient alors moins peur d'elle maintenant qu'il s'était rendu compte qu'elle n'était pas si sauvage que certains prétendait. Elle laissa tomber cette réflexion et lu la lettre. Ses yeux s'ouvrirent en grand et elle courut alors vers ses appartements. Prenant quelques affaires, son arme toujours sur elle, elle prépara un sac de vivre. Puis, alla s'occuper d'Arkaël. Sceller le cheval ne lui prit pas beaucoup de temps. Lui aussi avait visiblement envie de se mettre en route. Sortir du temple ne lui ferait pas de mal cela faisait bien longtemps d'ailleurs qu'elle n'était pas sortit avec lui. Si elle venait le voir tous les jours parce qu'il était le seul qui accepte facilement ses tares, ils n'étaient pas sortit depuis un certain temps, elle avait bien trop peur de le perdre en fait. Si elle ne sentait pas le froid, elle ne sentait pas non plus lorsque son compagnon avait froid, aussi parfois avait-elle peur de le mettre en danger. Cependant là, il s'agissait d'une urgence.

Ils galopèrent donc pendant un certains temps pour atteindre la forêt. La lettre disait que le fauteur de trouble, recherché visiblement en savait plus sur une enfant qui avait été confié à des amis. Elle ne savait pas si cela la concernait, mais elle devait le savoir. Pour connaître la vérité, elle était prête à tout. Prête à parcourir le monde si cela lui permettait de savoir qui elle était, de savoir comment elle était arrivée là et aussi de savoir ce que cette cicatrise signifiait et pour cela, elle devait voir cette personne. C'est donc avec acharnement qu'elle galopa vers la forêt et une fois à l'orée de celle-ci, elle descendit d'Arkaël.

« Bien, allons y mon grand, trouvons ce crétin. »

Elle entra dans la forêt.