Comment décrire une personne que vous connaissez parfaitement sans être enjôleur ? Comment vous feriez-vous pour vous décrire, si vous deviez le faire ? Moi, je me contente de me regarder dans le miroir. Ce miroir qui me rend une fidèle image de moi-même. Ce miroir qui monte tout aussi bien mes défauts que mes qualités. Cette taille assez approximative d'un mètre soixante-dix. Ce corps long et assez fin qui est le mien. J'aurais pu devenir geisha, j'aurais pu devenir danseuse, chanteuse ou tout autre chose avec un physique pareil. Des yeux en amandes noirs et doux, un nez court et fin, des mains fines mais puissantes, une musculature qu'on pourrait penser peu développé, mais que j'ai développé avec le temps. Pas de poids en trop, une taille idéal. On me l'a bien fait comprendre, on me l'a toujours dit et pourtant je n'ai jamais cédé, j'ai fait ce que j'avais envie. Et d'ailleurs la façon dont je m'habille en est la preuve parfaite. J'attache mes longs cheveux noirs avec une bande de cuir, je porte des tuniques de couleurs généralement foncés, dans les tons de vert. Un pantalon moulant aux cuisses et évasé aux pieds. Je ne suis pas tout à fait comme les véritables femmes avec de belles robes, sauf quand on m'y oblige. Je préfère la sobriété à toutes les fanfreluches qu'on peut trouver sur d'autres personnes. Mon métier m'oblige parfois à être rapide, à faire des choses qu'une femme en robe ne pourrait faire et puis comment voudriez-vous que je protège ma sœur si je suis engoncé dans une robe ?

Parce que oui, vous l'aurez compris, ma sœur est la personne qui compte le plus pour moi. Pour elle, j'ai appris à me battre, pour la protéger, pour lui venir en aide en cas de besoin. Je refuse de la perdre. Oh je ne suis pas seulement dévouée à elle, je suis aussi dévouée aux animaux. Ces animaux qui sont en quelque sorte ma vie. J'aime m'en occuper et je suis donc devenue dresseuse. Lorsqu'on me regarde, on a toujours l'impression de voir une fillette fragile. Quelqu'un qui ne pourrait compter que sur la force des autres, sur la force de son animal, or ce n'est pas le cas. Non, je cache une force insoupçonnable en vérité. Une force que peu me donne et pourtant mon maître a cru en moi. Sous mes airs espiègles, je suis quelqu'un avec une farouche détermination et si cela ne se voit pas à première vu, je possède une certaine douceur. Moins que ma sœur probablement. Moi je suis le bout en train de la famille, la petite comique qui fait des farces et pourtant en grandissant, je me suis assagi. J'ai grandis pour devenir quelqu'un sur qui on peut compter. Je suis d'ailleurs d'un calme olympien et bien souvent on me trouve légèrement froide et distante. Celle qui est solitaire. J'aime la solitude, je ne peux le nier. La seule personne que j'accepte facilement c'est ma sœur. Elle a toujours su me comprendre. Elle a toujours su m'approcher sans me blesser alors que les autres si. C'est tellement compliqué et c'est pour ça que j'ai pris l'habitude d'être seule. En dehors de cela, je suis quelqu'un qui écoute les autres et qui aime leur venir en aide. Je suis seulement quelqu'un de simple.

Je vous l'ai dit. Je suis quelqu'un d'assez simple avec une enfance assez simple. Aimée par mon père, en accord complet avec ma sœur. Je suis la plus grande techniquement, enfin plus grande de seulement quelques secondes à peine. Je n'ai jamais connu ma mère, certains pourraient pensé que cela nous a gêné, d'autres pourraient penser qu'on est né de nulle part. Ceux-là, je les ai trop écouté. Je ne peux pas comme ma sœur passer au-delà des quolibets des autres. Si je suis forte extérieurement, je suis aussi assez fragile intérieurement, capable d'être brisé au moindres instant. C'est pour cela que je ne me lie jamais avec les autres, que je garde cette distance, cette froideur. Ame, c'est la seule qui est capable de me comprendre sans me blesser. Ma chère sœur. Notre père aurait probablement voulu qu'on grandisse d'une manière différente, mais en faite, nous avons grandis comme des enfants à part. Chérissant ce qui nous entourait, chérissant ce que nous avions.

Il est vrai que je ne me souviens pas de notre enfance dans les détails. Mais je me souviens, le bonheur, la chaleur, la douceur. Qu'elle venait de mon père ou de ma sœur, j'ai toujours reçu ce dont j'avais besoin. Nous avons pris soin les uns des autres sans se soucier du reste du monde, enfin les autres ne s'en souciait pas, moi si. Toujours attentive à ce qui m'entourait. Faisant des bêtises avec ma sœur. Je suis persuadée qu'elle vous a parlé de ce jour où nous avons goûté des herbes qui ne nous étaient pas destinés dans la boutique de notre père. Ce jour-là, nous nous en souvenons comme si cela était hier. J'aurais pu choisir la voie de mon père, j'aurais pu choisir la voie de ma sœur. J'aurais pu choisir n'importe quelle voie et pourtant, j'ai choisi ma propre voie. Pourquoi je vous raconte cela ? Tout simplement parce que je vous raconte mon histoire. Elle pourrait être semblable à celle de ma sœur, à celle de mon père, mais en réalité, bien qu'il y ait des ressemblances, il y a aussi des divergences.

J'ai tenter de comprendre le travail de mon père, je n'ai pas réussi. J'ai tenté de comprendre la passion de ma sœur pour les contes et légendes, je n'ai pas plus réussi. Je me suis alors demandée ce pour quoi je me passionnait. Ce pour quoi je me destinais. Et finalement j'ai trouvé, peu de temps après. J'ai trouvé quelque chose que j'aimais : les animaux. Je me suis alors dirigée vers ce domaine, étrangement Ame a fait pareil en quelques sortes. D'ailleurs notre commerce actuel en est la preuve. Une preuve concrète et pour infos, seulement pour infos, je conseille à tous ceux qui viennent ou viendront chercher des animaux chez nous de bien les traité, parce que je pourrais me montrer intraitable avec eux si je venais à découvrir que ce n'était pas le cas. J'aurais très bien pu m'arrêter là. Vous me direz, le métier de dresseuse c'est déjà quelque chose, cependant lorsque je suis allée en forêt une fois, j'ai remarqué qu'il me manquait quelque chose.

Je suis tombée sur un Ijika. Un animal peu commun s'il en est. Pas très haut en vérité, mais plus très long avec un magnifique pelage blanc. Je dois bien avouée que ce jour-là, j'ai cru y laisser ma peau. Esquiver ses attaques s'était avéré assez compliqué et bien vite je me suis retrouvée sous l'animal. L'animal qui était en fait gravement blessé. J'ai tenté de le secourir lorsqu'il s'est finalement couché sur le côté d'épuisement, mais je n'ai rien pu faire. J'ai compris par la suite pourquoi l'animal m'avait attaqué. Un petit bonhomme venait de sortir de la tanière. Seul, sans famille, j'ai décidé de le prendre avec moi, j'avais dix ans tout juste. C'est à ce moment-là que je me suis dit qu'un jour, je devrais peut-être me défendre, je devrais peut-être défendre ma sœur, ou alors mon père. Je suis rentrée avec mon nouvel ami. Kirno, mais je le nomme toujours Kiri et j'ai parlé à mon père. Je lui ai dit que je voulais apprendre à me battre, avec une arme, mais aussi avoir quelques compétences de combat à mains nues. Je ne suis pas experte d'ailleurs dans le combat à mains nues, cependant, il s'avère que j'ai été plutôt douée dans le combat avec une arme et même deux au fil du temps.

Les sabres elfiques en mains, mon ami de l'autre, j'ai grandi en espérant devenir quelqu'un de bien. Je pense l'être aujourd'hui. Je suis différente de ma sœur et même si mon père et Ame m'ont appris les langues, je dois avouée que je suis moins douée que les deux dans ce qui concerne les relations avec les autres. Mais je les aime, j'aime ma famille, j'aime ma vie. Je crains parfois de tout perdre et cela je ne pourrais l'accepter. Mais pour le moment, à dix-huit ans, il est tant que j'arrête de regarder derrière, de toujours avoir peur. Il est temps pour moi de vivre, ma vie, mes envies, je protégerais ma sœur quoi qu'il arrive, c'est quelque chose dont je ne peux me défaire. Je ne peux pas lutter contre cela. Mais, je pense qu'il est tant pour moi de grandir encore pour devenir plus forte, pour devenir quelqu'un. Vous en pensez quoi ?