Je pourrais ressembler au Nua que tout le monde connaît. Si j'en ai les cheveux noirs, les yeux tout aussi noir, je n'ai pourtant pas la peau bronzée de ceux qui naissent et vivent au soleil des îles Nua-Ty. D'ailleurs je ne connais pas ces îles. Enfin là n'est pas le problème. J'ai vécu comme un Cydien et d'ailleurs à part les cheveux noirs et les yeux noirs, j'ai la peau plus foncée qu'eux, mais plus clair que les Nùa. Je suis assez grand pour mon âge, j'espère bien entendu que j'arrêterais de grandir avec le temps. Mon mètre soixante-douze est déjà pas mal du tout, enfin après ce n'est qu'une observation de ma part. Mis à part ma taille, je dois dire que je suis assez musclé. Je ne suis pas seulement un apprentissage de médecin. Mon maître étant un médecin itinérant, il m'apprend l'art de manier le bâton et je dois avouer que je suis assez doué avec cette arme, sans égaler un maître pour l'instant, peut être plus tard qui sais. Mais bon, je m'entretiens aussi pour être en forme. Soigner me demande beaucoup de maîtrise de moi et beaucoup d'énergie et donc il est normal pour moi de chercher à avoir une bonne condition physique. Musclé, une silhouette correct et qui peut faire rêver les jeunes femmes, cheveux court, noir, yeux noirs, je crois qu'il n'y a qu'une seule chose dont je ne vous ai pas parlé. Ce tatouage présent sur mon épaule, tatouage que j'ai depuis ma naissance. Je ne pourrais pas vous dire ce que cela représente, mais j'ai l'impression que ça concerne l'appartenance à ma famille. Un tatouage qui maintenant n'a plus de raison d'être en vérité. En ce qui concerne mes tenues vestimentaires, je ne porte que du tissu, pas très large, mais pas non plus moulant. De couleur généralement foncé. J'aime le noir en vérité, ça me permet de passer inaperçu.

Je suis comme les plumes qui virevoltent et se pose sur votre corps, caressant la moindre parcelle de peau par une douceur tranquille et sereine. C'est ce que mon maître n'arrête pas de me dire. Il me dit aussi que derrière ce côté plume, se cache aussi un côté roc ainsi qu'une part de coffre au trésor. Lorsqu'il a commencé à me parler de la sorte, je n'ai pas trop compris et je suis persuadé que vous ne comprenez pas plus que moi techniquement. Que je vous explique.
En fait je suis qu'un de doux et compréhensif. J'aime prendre soin des autres et c'est d'ailleurs pour ça que je suis apprenti médecin. Tout dans mes gestes annoncent la douceur et ma façon de parler, calme et tranquille met tout de suite les gens à l'aise. Je suis comme ça, j'ai toujours cherché à prendre soin des autres avant de prendre soin de moi et cette douceur naturelle m'y a fortement aidé. En dehors de cela, on me compare aussi à un roc. Quelqu'un avec un caractère fort qui sait dire non lorsqu'il le faut et qui n'hésite pas à pointer ce qui ne va du doigt. Quelqu'un sur qui on peut compter et sur qui on peut se reposer lorsqu'il y en a besoin, quelqu'un de sûr, un véritable ami quoi. Et puis, bien entendu, le côté coffre au trésor. Quelqu'un qui ne révèle pas réellement qui il est quelqu'un qui n'a pas envie de se révéler et qui préfère garder une part de mystère. Qui sait garder des secrets et encore plus les siens. Quelqu'un d'attentif, mais qui n'a pas non plus envie de dévoiler sa vie. À quoi bon de toute façon il ne suffit pas de parler de ce nous est arrivé pour que cela s'efface, donc autant garder une part de mystère. Voilà l’adolescent que je suis et l'homme que je deviendrais.

Vis, mon fils !
Ce fut les premiers mots de ma mère. Celle qui m'a donné la vie. Une Nùa sans contexte avec du caractère. Mon père Nùa lui aussi était ravie de cette naissance. Enfin c'est ce que j'ai pu entendre en grandissant. En y réfléchissant, cette vie n'était pas voulue. J'étais le sixième enfants, le petit dernier et sans contexte, celui qui n'était pas désiré. On me l'a souvent bien fait comprendre, mais alors pourquoi cette phrase ? Pourquoi se donner tant de mal à élever un enfant qu'on sait ne pas pouvoir aimer. Pourquoi prendre de soin de lui si c'est pour l'abandonner par la suite ? Car c'est ce qu'il s'est passé. On m'a élevé, nourrit le minimum et lorsque j'eus huit ans, on m'a laissé dans Cydonia avec pour seule phrase :
Ne devient pas un esclave !
Pourquoi je le serais devenu ? Je ne comprenais même pas ce que cela voulait dire d'être esclave. J'avais eu la chance d'être né libre, enfin d'une certaine façon. Il y avait tant de choses que je ne comprenais pas, pourtant, j'étais là, dans la rue de Cydonia, regardant partir mes parents. Enfin ceux qui m'avaient donnés la vie. Ne parlant que le Nùa, ne comprenant rien au cydien, je devais me débrouiller pour survivre, ou me laisser mourir. Peut être aurait-il voulu que je meurs ? Cela leur aurait évité bien des soucis. Mais ils avaient fait le choix de m'abandonner, laissant par cela même ce choix sur mes épaules. Je n'avais que huit ans, huit ans et je devais déjà trouver un moyen de me débrouiller. De manger, de trouver un abri. Je possédais quelque chose d'étrange, un don dont je n'avais parlé à personne. Je pouvais soigner les gens. Enfin dans une moindres mesures, mais j'arrivais à soigner les coupures, les brûlures. Au prix de la souffrance de l'autre. Je ne maîtrisais pas encore ce don, mais j'y arrivais à peu près et c'est ainsi que j'ai pu survivre, jusqu'à mes neufs ans. Ce jour bénit où j'ai rencontré Elm. L'elfe qui est devenu mon maître et mon père.
Deviens mon apprenti.
C'est ce qu'il m'a dit lorsque nous nous sommes vu. Cette phrase qui a fait de moi quelqu'un d'heureux quoi que méfiant encore. Si mes parents m'avaient abandonné, qu'est ce qui empêchait un illustre inconnu de ne pas le faire ? Qu'est ce qui l'empêchait de se servir de moi et une fois que je serais dans ses filets de faire de moi un esclaves ? Car j'avais appris le sens de ce mot. Ceux qui travaillaient pour les autres et qu'on faisait dormir dans des endroits miteux. Ceux qu'on prenait pour des sous-hommes simplement parce qu'ils étaient pauvres ou né d'ancien esclave. Je ne voulais pas devenir le jouet de quelqu'un, il était hors de question que je devienne un instrument. Alors je l'ai testé. Je suis venu quelques fois le voir, je le regardais, je l'aidais de temps en temps. Il m'a fallu plusieurs mois pour me rendre compte que finalement j'aimais beaucoup l'aider. Le métier qu'il exerçait me plaisait beaucoup. Cependant, j'avais encore bien trop peur et je n'ai pas accepté de suite la proposition.
C'est elle qui m'a changé !
Je l'ai rencontré dans la rue. Je ne savais pas son prénom, pas au début, mais elle a changé ma vie. Elle a fait évoluer ma façon de voir les choses. Erys Clari. J'apprenais un peu de Cydien par-ci, par là. Repérant des mots. J'essayais d'apprendre et même si s'était compliqué, j'y arrivais à peu près. Je me débrouillais. Mais j'ai réellement voulu l'apprendre quand je l'ai rencontré. Comme moi, elle semblait hors du temps dans cette ville. Si différente de ceux que je voyais jour après jour. Au début, je n'ai pas réellement chercher à la connaître, je ne faisais que l'observer. Et puis un jour, elle paraissait tellement triste que je l'ai approché. Seulement je ne pouvais pas converser avec elle correctement. Je n'arrivais pas à tout comprendre et malgré cela, j'ai senti comme une sorte d'amitié entre nous. Je l'ai adoré dès le départ. Si différente et pourtant si adorable. Une petite fille qui avait bien trop sur les épaules pour son âge. J'avais dix ans et je voulais apprendre, je devais apprendre pour la connaître mieux, pour lui parler.
Et j'ai accepté.
Je suis allé chez Elm et j'ai accepté. Accepté de travailler avec lui d'apprendre avec lui à deux conditions. La première était que je puisse apprendre le Cydien, la seconde était que je ne sois jamais un esclave. Il me l'a promis et j'ai commencé à apprendre. Tellement de chose. Le soin, la meilleure façon de soigner, l'herboristerie, en cas de besoin, il ne fallait pas négliger l'usage des plantes, mais aussi le combat. Souplesse et tranquillité, force et puissance. Allier tout cela à la maîtrise du bâton. Une arme qu'on pensait désuète, mais qui était bien plus passe partout qu'on ne pouvait le penser. J'ai aussi découvert ma faculté avec la nature, heureusement Elm savait comment faire pour me l'apprendre.
J'apprends encore maintenant.
J'ai quinze ans. J'ai appris le Cydien que je maîtrise correctement, je parle le Nùa et j'ai commencé à apprendre quelques rudiments d'elfe grâce à Elm. Je suis maintenant le meilleur ami d'Erys que j'essaye de soulager de son fardeau autant que je le peux. J'ai même promis de l'aider dans son entreprise. Il est hors de question de la laisser mener cela toute seule. Lorsque je la vois, lorsque je remarque ce que l'absence de sa mère lui fait. Cette souffrance qui émane d'elle et de son petit frère, je ne peux que détesté celui qui a fait ça. Et aussi la reine des amazones, enfermé à Cydonia. Elle aussi doit retrouver sa liberté. Beaucoup de choses à régler, beaucoup de choses à faire. Liam Clari à détruit Cydonia et la famille Clari et pour cela, j'aiderais Erys autant que possible.
Mais je dois encore m'améliorer.
Je ne suis encore qu'un apprenti. Si je maîtrise désormais l'art du bâton, si je maîtrise le Cydien, si j'apprends encore et que j'ai un fort caractère. Si j'ai choisi d'aider Erys dans ses choix, je dois encore grandir. Grandir et apprendre toujours plus, pour ne pas qu'elle soit blessée, pour ne pas qu'elle devienne une proie elle aussi, je vais devoir devenir plus fort, encore plus fort, toujours plus fort. Et je le deviendrais, j'atteindrais mon but et une fois ceci fait ? Je deviendrais le meilleur médecin qui soit !