[FH] Puis-je vous aider ? (Nëysia)

La jeune femme était fatiguée de son voyage dans la cité des neiges. Fatiguée, certes, mais toujours prête à rendre service à son jumeau. Un mois depuis qu'elle était revenue et pourtant, les réveils étaient toujours aussi durs, comme si cette semaine dans la ville des neiges était devenue une bulle dans son quotidien au point de lui faire oublier tout le reste. Il était évident que Jun avait besoin d'elle au magasin et, vu le temps que la conteuse avait pris pour rapporter ce faucon, il était normal qu'elle mette la main à la patte. Pourtant, Ame aurait bien aimé dormir un peu plus ce matin mais certains oiseaux devaient être nourris avant l'aube car ils dormaient le jour … Cela faisait plus de deux semaines que Jun les nourrissaient et la dresseuse savait à quel point contenter les clients était difficile avec peu d'heures de sommeil. La Jinmen se leva difficilement mais s'habilla d'un kimono léger de couleur pourpre et le ferma avec une ceinture aussi noire que l'encre. D'un geste leste, la demoiselle s'attacha les cheveux dans une coiffure simple mais très pratique. Une queue de cheval qu'elle termina en un chignon élégant qui lui éviterait certainement d'avoir trop chaud toute la journée. Elle avait du travail, beaucoup de travail. La Jinmen s'occupa des volatiles avant de retourner dans sa chambre. Elle savait que Jun dormait encore mais cela ne la gênait pas. Mieux valait que son frère puisse se reposer en paix aussi décida-t-elle de prendre leur chien de compagnie pour qu'il évite de japper lorsqu'il se sentirait seul et elle l'emmena avec elle dans le jardin. Il fallait sortir de quoi nourrir les chevaux, ils n'étaient pas nombreux, trois pour être exact, mais cela suffisait. Un poulain était d'ailleurs né l'été précédent et sa robe caramel comme sa crinière noire de nuit suffiraient à satisfaire les plus exigeants des clients lorsqu'il serait prêt à être monté. Pour l'instant, il suivait les trois adultes et trottait à leurs côtés. Une fois nourris, la dresseuse décida de jouer avec le chien familial. Sora était un brave compagnon qui se faisait un peu vieux aujourd'hui. Grâce aux soins des deux jumeaux, il restait malgré tout endurant et heureux, en relative bonne santé.

La matinée était bien engagée lorsque la jeune femme se décida à rentrer dans la boutique. Il devait être dans les environs de dix heures du matin. La volerie se portait bien, y compris le petit dernier de leurs compagnons et le pâturage également. Ame avait finalement fait ce voyage pour rien. L'acheteur avait changé d'avis, sa précieuse petite fille ne voulant plus de son cadeau. Peu importait, la conteuse ayant retiré l'animal à son environnement natal, elle avait décidé de le dresser malgré tout. Il restait en général avec Nozomi qui l'avait pris en affection. Petit de taille, l'animal qui n'avait pas encore de nom était comme le « protégé » de madame l'aigle et cette dernière lui apprenait presque plus que la Jinmen si on y réfléchissait bien. Quand elle entra dans la pièce, elle y trouva les deux rapaces blottis l'un contre l'autre. No' émit un piaillement aigu pour communiquer son mécontentement d'avoir été réveillée puis elle referma les yeux ce qui ne manqua pas de tirer un sourire à sa propriétaire. Le mauvais caractère de son aigle domestique était légendaire mais elle ne l'en appréciait que plus.

- Tu es une véritable peste !

Avec tendresse, Ame passa sa main dans les plumes du volatile et l'embrassa sur le haut du crâne. Cette dernière émit un nouveau piaillement qui fit à nouveau sourire la demoiselle. Par la suite, la Jinmen prit le livre des comptes de leur boutique et commença à l'éplucher avec patience. Il lui fallait rattraper son retard car elle avait manqué une semaine complète ! Les dépenses n'étaient pas énormes mais elle ne parvenait pas à se rappeler une commande qu'elle avait noté. Peu importait, l'animal était prêt et vu l'écriture, il devait plutôt s'agir d'une commande enregistrée par sa sœur. Quoi qu'il en soit, elle était le nez dans ces lignes lorsqu'on entra dans la boutique. Un sourire naturel se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle souhaita la bienvenue à la personne qui était entrée. Avec un ton posé et calme, elle demanda

- Bonjour, puis-je vous aider ?

Elle referma le carnet à la couverture de cuir et le rangea tranquillement dans un tiroir. Derrière elle, Nozomi ouvrit les yeux d'un air interrogateur tandis que la boule de plumes à ses côtés dormait encore, trop flemmarde pour s'étirer. Dans l'attente de la réponse de son nouveau client, la jeune femme se contenta de croiser les bras sur sa poitrine avec un sourire bienveillant.

--------La chambre que Nëysia occupait à l'auberge était des plus banales, aussi son sommeil fut agité. La cydienne avait pris l'habitude de dormir sur un matelas bien moelleux, et le lit de paille sur lequel elle avait du dormir n'avait pas profité à une nuit ni longue, ni calme. Se réveillant plusieurs fois à cause de l'inconfort, elle avait finie par se lever, faute de pouvoir bien se reposer, et était sortie afin de visiter la ville. Le soleil commençait à se montrer, il devait être aux alentours de sept heures du matin. Elle avait changée de tenue, préférant porter quelque chose de plus présentable que son armure en cuir, à savoir son yukata noir. Les différentes couches de tissu la protégeait du froid, et elle portait par ailleurs une tunique et un pantalon fin en lin en dessous. Mieux valait ne pas sous estimer le froid mordant qui soufflait à travers les rue, faisant claquer les portes et les fenêtres, donnant un air presque sinistre à la ville. Ses cheveux simplement attachés par un ruban, ils se balançaient au grès du vent, et parfois une mèche venait gifler le visage de Nëysia, ou simplement se coller sur son visage, ce qui lui gênait ainsi la vue. Elle marchait sans vraiment savoir où elle allait, explorant cette charmante citée qu'étais Arano. Il aurait été bien sûr plus plaisant de la visiter au printemps, ou en été, mais ce n'était pas pour tout de site, même si cela n'allait pas tarder.
--------Pensant à ce que sa famille pouvait bien faire, Nëysia se demandait aussi comment elle pourrait leur faire parvenir des nouvelles. Son mentor lui avait proposé de faire le messager, mais l'idée lui déplaisait. Il avait déjà tant fais pour eux, elle ne souhaitais lui demander des faveurs. Aussi lui vint à l'esprit les filles de Kaoru. Ils en avaient vaguement parler la veille, et il avait mentionné qu'elles tenaient un magasin, où elles récupéraient, soignaient, élevaient et vendaient des animaux. Quoi de mieux qu'un oiseau pour délivrer des lettres ?! Ravie de s'en être souvenue, elle se mit à arpenter avec enthousiasme les rues désertes, espérant trouver ce magasin. Son ardeur se calma rapidement lorsqu'au bout de quelques pas, elle se rendit compte que, malheureusement, elle ne savait pas ou ce magasin se trouvait...
--------Errant ainsi à travers la ville, Nëysia observait l'ascension dans le ciel du soleil, qui trouvait-elle, paraissait bien pâle aujourd'hui. Il y avait quelques nuages qui se baladaient librement dans cet océan aérien, mais à part le vent qui soufflait et l'air très froid, il faisait relativement beau. Si bien que la ville commençait peu à peu à s'animer, et Nëysia en profita pour demander son chemin à une dame qui était en train d'ouvrir ses volets. Elle avait à peu près le même âge que Nëysia, bien que les femmes d'Oyashima paraissaient toutes bien plus jeunes qu'elles ne l'étaient réellement, aussi la trentenaire lui donnait-elle au moins 5 années de plus qu'elle. Bref. Elle lui indiqua donc comment se rendre à la boutique des sœurs Kitajima. Finalement, il se trouvait qu'elle y était presque: Elle devait juste aller jusqu'au bout de la rue ! Cela ne faisait qu'à peine trois heures qu'elle errait dans la ville...
--------Heureuse d'avoir trouvé ce qu'elle cherchait, Nëysia s'y rendit donc, atteignant ainsi une belle maison, à coté de laquelle on apercevait des enclos, et aussi ce qui semblait être une écurie, bien qu'elle n'y ressemblait pas vraiment, sûrement le bâtiment était-il en construction. Se dirigeant donc vers la maison, Nëysia toqua à la porte et entra. L'intérieur était simple, même plutôt vide, quelques chaises, un porte manteau, et un panier où était lové un chien, qui ne paraissait pas très jeune. Un bureau se dressait contre un mur, et l'on distinguait aussi une porte dans le mur situé fond, donnant accès, sûrement, au lieu de vie de leurs protégés, ou peut-être à l'étage.
--------Une jeune femme se tenait derrière ce bureau, épluchant un livre imposant. Elle releva la tête, puis émit un sourire lorsque Nëysia entra.

"Bonjour, puis-je vous aider ?"

--------Sa voix était calme, tout comme ses gestes lorsqu'elle ferma et rangea le livre dans lequel elle avait le nez plongé quelques instants auparavant. Nëysia salua la demoiselle d'un léger signe de tête et lui répondit, sa voix trahissant une nervosité telle qu'elle l'éprouvait chaque fois qu'elle se trouvait en présence d'inconnu(e)s. Elle n'y pouvait rien, c'était nerveux, justement.

"Bonjour, mademoiselle Kitajima. En effet, j'aurais souhaité faire une surprise à mes sœurs, mais j'hésite de quelle espèce..."

--------Quel plaisir de montrer aux autres qu'on en sait plus à leurs sujet qu'il n'en savent du votre ! C'était quelque chose dont Nëysia se délectait souvent, et c'était aussi la base de son funeste métier. Connaître tout de sa cible sans qu'il n'en sache rien, et sans qu'il ne vous connaisse. C'était un des rares points qui lui plaisait dans l'assassina, avec la satisfaction de voir son travail terminé, exécuté à la perfection. Elle appréciait le détail, les choses bien faites, et la mise en scène. La mort de sa cible n'était qu'un dommage collatéral. Et si elle était dans la guilde et pas dans un autre lieu afin de savourer ces moments qu'elle appréciait, c'était simplement à cause de ce qui était arrivé douze ans plus tôt. Bien que, déjà gamine, les armes et le combat l'intriguait et piquait à vif sa curiosité.

--------Mais bon, c'était une impression ridicule en cet instant, elle ne savait pas qui de Shina ou de Ame se présentait devant elle, et peut-être même la jeune femme en savait-elle tout autant à son sujet. Mais que, comme c'était le cas pour Nëysia, elle ne l'avait jamais vue.
--------Satisfaite de son jeu de mot, Nëysia était pour autant toujours nerveuse, et elle s'approcha du bureau afin d'occuper ses mains à l'aide d'une baguette, qu'elle faisait tournoyer entre ses doigts. Elle savait que ça ne fonctionnait jamais, mais la cydienne continuait d'espérer que cela puisse calmer sa nervosité, en attendant de devoir bouger, ou bien parler.

La demoiselle n'aimait pas détailler les gens mais elle aimait cependant satisfaire sa curiosité. Regardant la jeune femme qui était entrée dans sa boutique, elle ne put s'empêcher de penser qu'elle n'était pas du coin. Certes vêtue d'un magnifique yukata noir qui faisait ressortir la pâleur de sa peau et le vert de ses yeux, elle ne ressemblait pas à une Jinmen. Ame pariait pour une Cydienne vu ses traits et la couleur de ses cheveux bien que ses traits fins la laissent douter pour une ascendance Elfe. Il était amusant de voir que les cités asiatiques attiraient autant de monde, qui l'aurait cru quand on connaissait la volonté farouche du peuple Jinmen de garder ses frontières et de ne pas se mêler outre mesure aux autres peuples de leur monde contemporain ? Quoi qu'il en soit, les échanges existaient et la jeune inconnue en était la preuve vivante. Bien que la conteuse soit incapable de déterminer si elle était ou non Cydienne, elle l'accueillit avec un sourire sincère. Les clients n'étaient pas rares mais il était toujours agréable d'en avoir de nouveau, preuve que leur commerce commençait à bien se faire connaître. Si en prime, il s'agissait d'une étrangère, c'était peut être que leur notoriété commençait à s'expatrier ?

La première impression d'Ame fut que la jeune femme était maladroite. Elle comprit vite qu'elle était en réalité tout simplement nerveuse. Sans en connaître l'origine, la vendeuse accepta cela sans broncher. Elle avait tellement de clients étranges aux demandes farfelues que finalement, ce n'était pas ce qui allait l'arrêter. Au moins, elle l'avait salué, ce qui en soit, était déjà un bon début vu ce que certains clients s'abstenaient de faire. Il n'était pas rare que le chef de clan en personne vienne, désireux de faire plaisir à sa femme ou encore, que les jumeaux veillent à la santé de sa monture – l'une des premières bêtes qu'ils aient dressés, alors qu'ils étaient encore adolescents et apprentis -. Cet homme s'estimait certainement supérieur puisqu'il n'accordait en général aucune considération aux deux jeunes gens. Ces derniers temps, il avait même tendance à envoyer ses employés plutôt que de se déplacer lui même. Ce comportement détestable était cependant habituel lorsque les « hauts » fonctionnaires de cette société s'adressaient à ce qu'ils estimaient comme plus bas qu'eux dans l'échelle sociale. Ame avait un caractère relativement souple sur ce point, se contentant de remplir sa mission, totalement absente de telles considérations, mais Jun était beaucoup plus dur, acceptant peu ce genre de comportement.

Ame écouta la requête avec sérieux. Elle estimait qu'un animal n'était pas un jouet, encore moins une farce. En tant qu'être vivant, il avait droit à toutes les considérations et toute l'attention de son propriétaire. La cliente souhaitait faire un cadeau à ses sœurs, pourquoi pas. Sa nervosité n'aidait cependant pas vraiment la jeune femme à lui faire confiance et, avec si peu d'informations, elle devait bien avouer qu'elle avait du mal à la conseiller. La jeune femme ne s'arrêta pas sur le fait qu'elle l'avait appelé par son nom de famille, en réalité, elle mettait cela sur la notoriété de leur travail, reconnu dans toute la cité. Pourtant, elle aurait peut être du se poser la question, il n'était pas commun qu'on prenne la peine de l'appeler par le nom de son père.

- Quel âge ont vos sœurs ? Souhaitez-vous plutôt un animal de compagnie, une monture ? Le caractère de vos sœurs peut être un bon point de départ pour vous décider …

Elle continua d'observer la jeune femme, la regardant faire tourner cette baguette entre ses doigts avec une dextérité hors du commun. Visiblement, elle semblait très nerveuse. Incapable de résister à sa curiosité, Ame finit par lui demander d'un ton neutre :

- Quelque chose ne va pas ? Souhaitez-vous du thé ?

Leur père faisait les meilleurs thés de la cité, de cela, la conteuse en était convaincue. Sans doutes une tasse de ce breuvage permettrait à son interlocutrice de se calmer. En attendant, elle ne pouvait pas grand chose pour elle sans obtenir plus d'informations. De nature posée, Ame n'avait pas pour habitude de harceler les gens. Les clients qui avaient vraiment besoin de ses services finissaient toujours par trouver leur bonheur.

--------Nëysia sentait le regard bleu-gris de la jeune femme l'observer, se demandant sûrement de quelle origine était-elle. Elle avait de beaux yeux, en forme d'amandes, mis en valeur par une légère touche de maquillage. C'était quelque chose que la cydienne trouvait joli, et elle aurait aimé pouvoir en utiliser, de temps à autre, mais c'était pour elle impossible. Tout les produits, que ce soit d'origine végétal ou autres, lui faisait rougir la peau lorsqu'elle les appliquait. Elle avait beau avoir tout essayé, rien n'y faisait. Si bien qu'elle avait fini par abandonner, et laissait son visage tel quel, enviant légèrement, lorsqu'elle en croisait, les femmes qui avaient la chance de pouvoir en profiter.
--------Aussi éprouva-t-elle une pointe de jalousie en voyant cette jolie jeune femme. Une frange brune lui barrait le front, tandis que le reste de ses cheveux étaient relevé en un chignon. Assortie avec un yukata pourpre, elle était très élégante. Tout comme son père d'ailleurs. Sa voix claire s'éleva, elle paraissait vexée:

"Quel âge ont vos sœurs ? Souhaitez-vous plutôt un animal de compagnie, une monture ? Le caractère de vos sœurs peut être un bon point de départ pour vous décider …"

--------Nëysia ne voyait pas en quoi cela pourrait l'aider de lui donner ces informations. Pour elle, cela relevait plus d'un goût envers telle ou telle espèce d'animaux que de quelque chose défini par son caractère. Ce n'est pas parce qu'on est quelqu'un de très calme qu'on apprécierait pas la compagnie d'un... d'un ouistiti par exemple. Et ce dernier pourrait très bien apprécier aussi votre compagnie. Enfin, ce n'était pas son métier, certaines choses devait certainement lui échapper. Aussi lui répondit-elle calmement, déposant la baguette à sa place, et rangea ses mains dans les larges manche de son yukata.

"A vrai dire, je souhaiterais leur faire parvenir des lettres, et j'aurais aimée acheter un oiseau messager. Mais je m'inquiétais de savoir quelle espèce parmi ces animaux si libres accepterais une telle tâche. Est-ce tout de même nécessaire que je vous parle de mes soeurs ?"

--------Elle n'aimait pas bien parler d'elle, encore moins dans la situation où elle se trouvait, où elle était censée être morte et sans famille... Mais de temps en temps, comme cela venait d'arriver, elle dévoilait une petite partie d'elle. Et elle n'aimait pas le faire, car elle craignait qu'on puisse faire le lien entre elle et sa famille. Elle continuait encore à se demander comment avait-elle pu représenter les siens. Non pas qu'elle éprimait sa famille, au contraire ! Elle l'adorait. Mais cela allait à l'encontre de tout ce qu'elle avait fait jusqu'alors. Lorsqu'elle était à la guilde, Nëysia s'était jurée de ne jamais leur dévoiler qui elle était, au vu de son triste passé, qui leur était lié. Elle ne pouvait se le permettre. Pour preuve ! Lorsqu'ils l'avaient su, quelques uns s'étaient sentis trahis, et s'étaient mis en tête qu'il leur fallait sa tête pour regagner leur honneur.
--------La voix de mademoiselle Kitajima la sortie de sa rêverie. Et semblait s'être inquiétée de la nervosité qu'avait montrée Nëysia en... jouant avec cette baguette. Peut-être, sûrement même, cela se ressentait-il aussi dans sa voix.

"Quelque chose ne va pas ? Souhaitez-vous du thé ?"

"N-Non, tout va bien, ne vous en faites pas. Merci de vous en inquiéter. Du thé ? Euh, oui, pourquoi pas ! C'est bien gentil de votre part."

--------Souriant légèrement, la cydienne se mit à observer plus en détail la pièce. Le bureau qui la séparait de la jeune femme était bien ordonné, les quelques parchemins qui reposait dessus étaient roulés, et posés dans un coin. A l'opposé, un encrier ainsi qu'une plume d'oie ornait l'angle d'une feuille vierge, tandis que devant Nëysia reposait deux baguettes, qui avait du être égarées, ou laissait là par là par mégarde. La porte qu'elle avait vu en entrant semblait entrouverte, et on voyait, grâce à la lueur d'une applique, le couloir sur lequel cette porte en bois donnait.
--------Reposant son regard sur le visage de la gérante, l'étrangère observait ses yeux, aux couleurs froides, qu'elle trouvait triste. Peut-être parce que voir cette jeune femme, habillé en yukata, lui rappelait trop les soeurs qu'elle avait du laisser. Et bien qu'elle savait qu'elle allait bientôt pouvoir discuter avec elles, elle regrettait tout de même de ne plus pouvoir les voir. C'était pour Nëysia une source de chaleur, qui venait lui réchauffer le cœur et apaiser ses craintes, ses angoisses. Lina et Floeris avaient un don pour la calmer et la rassurer. Aussi trouvait-elle ce regard triste, bien qu'il reflétait plutôt ce qu'elle même ressentait. Une larme, brillante, coula sur sa joue, lui rappelant encore une fois qu'elle était souvent trop sensible, trop... influencée par ses émotions. Effaçant d'un geste furtif sa larme, Nëysia continua de sourire, espérant que la scène était passée inaperçue.

"Désolée, de vous importuner avec cela, mais je me demandais, où avez vous achetée votre yukata ? Je connais quelqu'un qui serait ravie d'en posséder un de semblable."

--------C'est vrai que ses sœurs seraient enchantées de connaître le nom de son tailleur, elles qui faisaient presque une collection de yukata. Bien que des fois, leur argent manquait... mais bon, c'est un détail sans importance, si on oublie le fait qu'elles demandaient de l'argent à leur sœur, parfois aussi à leur frère, et que leurs dettes envers leur famille ne cessaient de grimper....

La jeune femme semblait perturbée, perplexe même mais Ame se demandait si c'était du à sa demande ou si elle était tout simplement mal à l'aise en présence d'inconnu. Il n'était pas rare d'avoir des clients peu à l'aise à l'idée de confier leurs exigences à une personne qu'ils ne connaissaient pas et certains étaient parfois tellement pénibles à cause de leurs réticences que l'asiatique avait envie de leur dire d'aller voir ailleurs ou de se décider avant de revenir mais son expérience commerciale et son caractère souple la forçaient à rester calme et souriante. Si la jeune femme ne semblait pas savoir exactement ce qu'elle voulait, elle ne semblait pas pour autant de l'espèce des enquiquineurs qui se baladaient plus qu'autre chose dans leur boutique. Quoi qu'il en soit, son teint pâle et son expression ne disaient rien qui vaille à la conteuse, qui, craignant qu'elle ne tombe dans les pommes, se faisait déjà tout un tas de scénarios dans sa petite tête. La jeune femme ne dit rien pour autant, elle se contenta d'attendre que son interlocutrice réponde à ses questions.

Aider les autres était son métier mais il lui fallait obtenir des informations sur eux pour savoir quel animal leur correspondrait le mieux car il était hors de question de confier un cheval au caractère fougueux à une grand mère de quatre vingt ans ou encore, un chien calme à un enfant de quatre ans qui gigotait toute la journée. C'était peut être d'ailleurs ce qu'Ame préférait dans son travail, en apprendre plus sur les gens pour leur confier le compagnon idéal qui s'accorderait au mieux avec eux ! Le feeling était quelque chose d'essentiel dans son métier, confier un animal qui serait malheureux ne faisait pas partie de ses priorités. Contrairement à la plupart de leurs confrères, les jumeaux Kitajima faisaient passer le bien être de leurs protégés bien avant celui des humains. Cela leur valait d'ailleurs quelques railleries dans le métier mais au vu de leurs résultats et de la satisfaction de leurs clients, les deux adolescents n'en tenaient pas rigueur aux autres professionnels. Perdue dans ses pensées, Ame revint sur terre lorsque la cliente lui répondit. Faire parvenir des lettres, cela supposait qu'elle devait voyager beaucoup ou que sa famille vivait loin d'elle, il faudrait donc qu'elle obtienne des informations sur ce point pour savoir quel animal lui confier. La demoiselle semblait contrariée par sa question mais la Jinmen ne s'en formalisa pas, il n'était pas rare que les gens voient dans ces dernières une intrusion non justifiée dans leur intimité. Ce n'était en aucun cas le but et la jeunette avait appris depuis longtemps à se cantonner aux questions que nécessitaient son métier. Creuser ne servait à rien et ce n'était clairement pas son métier. Ame avait l'habitude, aussi, elle réfléchit quelques secondes à comment formuler ses questions pour ne pas vexer ou apeurer sa cliente et, lorsqu'elle fut prête, elle se lança. Avec un sourire calme, elle répondit d'une façon si professionnelle que cela tranchait avec sa jeunesse affichée :

- Un rapace est tout indiqué pour cette noble tâche. Je dois cependant me permettre de vous demander dans quel type de contrée vivent vos sœurs, froides, chaudes, venteuses, humides ? Cela me permettra de choisir l'espèce la plus adaptée. Vivent-elles loin de vous ? Là encore, ne voyez pas d'intrusion dans votre vie, je n'ai besoin de ces renseignements que pour déterminer l'animal susceptible de satisfaire vos besoins. Il n'est pas nécessaire que vous me parliez plus encore de vos sœurs, un rapace reste fidèle à la main qui le nourrit, peu importe son caractère.

La dresseuse accompagna sa dernière réplique d'un soupir joyeux en désignant les deux rapaces derrière elle. Elle exagérait sur le fait qu'ils ne restaient fidèles qu'à ceux qui les nourrissaient mais les rapaces étaient tout de même des animaux très indépendants, qui ne demandaient pas grand chose de plus que la paix. Un peu d'attention certes, mais pas au point d'un chien qui ne pouvait vivre sans son maître. En ce sens, Ame n'avait pas besoin de plus de précisions sur le caractère de la future propriétaire.

- Je vais vous chercher une tasse, veuillez m'excuser quelques minutes je vous prie.

La Jinmen sortit de la pièce d'un pas rapide et se dirigea vers une petite pièce où elle gardait certaines préparations de leur père. Ignorant ce qui ferait plaisir à sa cliente, et n'ayant pas vraiment envie de lui demander vu comme elle semblait sur ses gardes, la jeune femme se contenta de choisir celui qui lui plaisait le plus. Doux, il était parfumé aux agrumes et légèrement sucré, suffisamment pour que la demoiselle l'apprécie. Elle saisit l'eau qui bouillait en permanence au dessus du feu, justement pour ce type d'occasion, et versa le liquide sur le précieux mélange et sans attendre, elle se dirigea vers la pièce principale.

- Faites attention, il risque d'être chaud. se contenta-t-elle de donner pour toute réponse en tendant la tasse.

Si Ame remarqua la larme sur la joue de son interlocutrice, elle fit comme si de rien n'était, comprenant très bien que ce n'était pas ses affaires. Cette femme était étrange et semblait vraiment solitaire mais pour autant, elle la sentait fragile malgré les apparences. Pour autant, elle se garda bien de faire une réflexion. La question de la jeune femme la surprit et ne tarda pas à la conforter dans l'idée qu'elle n'était vraiment pas d'ici. Avec un sourire pourtant, elle répondit avec sincérité.

- Vous trouverez l'un des meilleurs couturiers de la cité à quelques rues à peine d'ici. Un homme charmant aux doigts d'or. Ses prix sont parfois un peu affolant mais dites-lui que vous venez de la part d'Ame Kitajima, je pense qu'il vous fera un prix. Mon père commande tellement de yukata chez lui depuis ma naissance qu'il me connaît mieux que moi-même je crois !

Elle se mit à rire, se demandant en arrière plan pourquoi elle se livrait autant. Bah, au fond, ce n'était pas bien grave de donner des bribes de soi aux autres, c'était même plutôt agréable. Il était vrai que Kito Sakurada était un redoutable tailleur, autant qu'il pouvait être un requin quand il s'agissait d'étrangers !

- Ne vous sentez pas obligée de répondre, mais vous ne semblez pas de la région, n'est ce pas ?

Ame avait osé poser la question, plus par curiosité personnelle cette fois que pour des raisons professionnelles. Une belle femme comme sa cliente n'était pas Jinmen, c'était certain et elle brûlait d'envie de savoir d'où elle venait. Pour autant, elle comprendrait parfaitement qu'elle se refuse à lui répondre

------Elle n'avait pas vu les rapaces qui se tenait derrière la fille de Kaoru, aussi fut-elle légèrement surprise en se rendant compte de leur présence, échappant un léger "Oh !" d'émerveillement devant ces belles créatures. Elle qui prêtait d'habitude tant attention à ce qui l'entourait...

- Un rapace est tout indiqué pour cette noble tâche. Je dois cependant me permettre de vous demander dans quel type de contrée vivent vos sœurs, froides, chaudes, venteuses, humides ? Cela me permettra de choisir l'espèce la plus adaptée. Vivent-elles loin de vous ? Là encore, ne voyez pas d'intrusion dans votre vie, je n'ai besoin de ces renseignements que pour déterminer l'animal susceptible de satisfaire vos besoins. Il n'est pas nécessaire que vous me parliez plus encore de vos sœurs, un rapace reste fidèle à la main qui le nourrit, peu importe son caractère.

- Je vais vous chercher une tasse, veuillez m'excuser quelques minutes je vous prie.

------Cette demoiselle se montrait particulièrement douée pour parler avec les autres, c'était indéniable. Autant par son calme, que par le sérieux et la gentillesse avec laquelle elle parvenait à s'exprimer. Neÿsia en fut étonnée, et légèrement confuse. L'inquiétude que son interlocutrice semblait ressentir envers elle lui montrait l'image qu'elle affichait: Une femme fragile, mentalement, mais aussi physiquement. C'était d'autant plus déconcertant que leur âges semblaient s'être inverser. La facilité déconcertante avec laquelle la cydienne exprimait ses émotions, ajouté à son teint pâle, même pour quelqu'un venant de Cydonia, faisait d'elle une femme qui paraissait en effet faible, selon les émotions qu'elle laissait transparaître. De plus, elle se montrait réservée, peu encline à converser librement avec de simples inconnus. A vrai dire, elle avait toujours été comme cela. Hésitante, souvent silencieuse, elle redoutait d'établir le contact avec quelqu'un depuis qu'elle avait 20 ans. Et encore aujourd'hui, cette sensation persistait. Elle répondit d'une voix légère, un peu étouffée sur la fin.

" Mes sœurs vivent à Amamizu, ce n'est donc pas très loin, mais il m'est impossible de les voir pour le moment. Et je crains que ça ne le reste pour quelques temps. "

------L'absence de mademoiselle Kitajima fut de courte durée, si bien que Nëysia ne fit que l'observer sortir de la pièce, et disparaître. Elle tenta d'imaginer où s'était-elle rendue pour chercher du thé, mais n'eut pas le temps d'y penser bien longtemps, que déjà, elle revenait les bras chargés d'un plateau où reposait des tasses de thé, qu'elle déposa sur le bureau.

- Faites attention, il risque d'être chaud.

------Nëysia entoura de ses mains la tasse de thé que lui tendait la jeune femme. La sensation était plaisante. La tasse brûlante chauffait ses mains, et cette chaleur se répandait le long de ses bras, c'était vraiment plaisant comme sensation en cet hiver glacial.

"Il l'est, en effet ! " répondit-elle en souriant. " Merci beaucoup, il a l'air délicieux. "

------La jeune femme n'avait pas réagis lorsqu'une larme avait coulé de la joue de la cydienne, ne l'avait-elle pas vue ? Ou préférait-elle faire comme si de rien n'était ? Elle n'en savait rien, mais cela lui convenait, en espérant que ses débordements d'émotions s'arrêteraient là. La jeune Jinmen répondit à sa question le sourire au lèvres.

- Vous trouverez l'un des meilleurs couturiers de la cité à quelques rues à peine d'ici. Un homme charmant aux doigts d'or. Ses prix sont parfois un peu affolant mais dites-lui que vous venez de la part d'Ame Kitajima, je pense qu'il vous fera un prix. Mon père commande tellement de yukata chez lui depuis ma naissance qu'il me connaît mieux que moi-même je crois !

------Le rire qu'elle émit après avoir dévoilé cette anecdote à Nëysia était clair, et rafraîchissant. Encore une fois, elle trouvait que cette fille ressemblait à ses sœurs, l'impression était très subjective, et très influencé par le trou de leur absence. Continuant de penser à elles, Nëysia se remémorait les quelques fêtes auxquelles elle avait participée en leur compagnie. Ca avait été des moments inoubliables. Lina et Floeris, douées pour se mettre en valeur, entraînaient leur aînée avec elles, la faisant danser, non pas sans difficultés, et même... bien que les rares fois où c'eût été arrivé le public fut particulièrement déçu... chanter. Et malgré la gêne qu'avaient entraînées ces situations, et même dans les cas du chant, un soupçon de honte, Nëysia n'aurait voulu pour rien au monde louper ces événements. Aussi quelques larmes suivirent leur consœur, et coulèrent des joues de la cydienne, lorsqu'elle pensa à ce qu'elle avait décidée d'abandonner, ou plutôt à ce qu'elle avait du laisser derrière elle. Bien sûr, elle savait que c'était pour leur bien à tous, et qu'un jour ils seraient de nouveau réunis, mais quitter sa famille restait néanmoins une étape douloureuse. Et elle avait encore du mal à s'y faire. Elle avait vécue toute sa vie en leur compagnie, s'était donnée pour mission de les protéger, de prendre soin d'elles, depuis que leur parents étaient morts, aussi, maintenant qu'elle devait s'interdire de les voir, elle avait du mal à savoir ce qu'il lui fallait faire. Son métier d'assassin était exclusivement pour protéger sa famille, mais maintenant, ils étaient en sécurité. Etait-ce donc une bonne idée de vouloir continuer dans cette voie ? Nëysia était face à une impasse...

- Ne vous sentez pas obligée de répondre, mais vous ne semblez pas de la région, n'est ce pas ?

------La présence de la gérante, et la question qu'elle lui posa fut ainsi libératrice, bien que Nëysia se sentie bien misérable de donner une telle impression d'elle. Cette voix extérieure lui permit néanmoins de se focaliser sur le moment présent, et de reporter ses problèmes à plus tard. Elle n'avait pas à faire subir ses problèmes à une autre personne, et si elle le faisait, alors autant en parler de vive voix, plutôt que de broyer du noir. Cela ne l'avancerait à rien. Il lui fallait continuer, s'occuper d'elle même, pour une fois.

* Détends-toi ! Aller, tu souffle un bon coup, et tu respire, doucement. Encore une ou deux fois, et c'est repartit ! *

------Ces gestes accompagnant ses pensées, elle repris son calme, et ses esprits.

"Désolée pour ce moment... délicat. Il est parfois douloureux de penser au passé. Et j'ai souvent du mal a l'affronter. Non en effet, vous avez raison, je ne suis pas d'ici. Je vivais à Cydonia, une grande citée côtière par delà les montagnes. Cela fait un an que ma famille et moi-même habitons Amamizu. Cependant, j'ai du partir vivre ici. Je suis arrivée hier. C'est pour cela que je suis venue vous voir. Je souhaitais pouvoir garder contact avec ma famille, qui elle, est restée à Amamizu."

------Et voilà, enfin, Nëysia se sentait calme et sereine. Parler d'elle, même si ce n'était que peu, et surtout de s'être autant ridiculisée lui avait permis de se laisser aller, et de se comporter comme elle le faisait avec ceux qu'elle appréciais, ou en qui elle avait confiance. La gentillesse avec laquelle s'était exprimée la demoiselle, son sourire éclatant, ainsi que son inquiétude vis à vis de Nëysia faisait d'elle une de ces personnes. Elle n'était plus nerveuse, c'était inutile.

" Merci à vous, je ne connais rien ici, et j'avoue que parfois, j'ai du mal à me faire aux gens. Mais vous m'avez l'air d'être bien sympathique. J'oubliais, merci pour l'adresse ! Je passerais sûrement lui rendre visite d'ici peu. "

------Elle était contente d'avoir pu rencontrer cette fille. Décidément, la famille Kitajima était un bien heureux événement dans sa "nouvelle vie". Jamais elle n'aurait imaginer pouvoir faire pareilles rencontres, et remerciait pour cela Niobé, comme elle le faisait à chaque fois que ses journées n'était pas parsemées d'embûches. Arano était vraiment une charmante citée jusqu'à présent, et elle espérait ben que cela puisse durer. Envieuse d'établir une bonne relation avec cette demoiselle, qu'elle allait sûrement rencontrer en d'autres occasions, Nëysia s'exprima d'une voix enthousiaste.

" Je me nomme Nëysia, enchantée de vous rencontrer, jeune demoiselle ! "
annonça-t-elle en tendant sa main ouverte vers la propriétaire des lieux.

------Elle se doutait bien que pour la jeune femme, la situation devait paraître étrange. Ou du moins, c'est ce qu'elle aurait pensée si ça lui été arrivé. Peut-être avait-elle été trop enthousiaste en se présentant. Il est vrai que c'est rare de s'anonncer ainsi dans une boutique, de quelque nature qu'elle soit. Enfin, il était trop tard, la main de Nëysia restait tendu vers Mlle Kitajima, dans l'attente d'une réaction.

Les animaux et les bêtes de poils et de plumes étaient le quotidien des jumeaux Jinmen. Ils avaient appris à apprécier leur métier dès les prémices de leurs enseignements. Si dresser et acquérir la confiance d'une bestiole n'était pas la chose la plus facile, ceux qui avaient le vrai feeling pour ce métier parvenaient à faire ce qu'ils voulaient de n'importe quel animal. Jun et Ame étaient encore loin du compte mais ils se débrouillaient bien et surtout, ils avaient ce lien exceptionnel envers leurs protégés qui établissait une confiance quasi instantanée. Chez certaines bêtes en tout cas car d'autres faisaient toujours exception. Et puis, il y avaient celles comme Nozomi qui elles, n'hésitaient pas à conserver une part d'indépendance, comme si les humains n'étaient que des « moyens » parmi d'autres de survivre. L'aigle était indépendante certes, mais elle était également très attachée à sa maîtresse et la jeune conteuse s'amusait bien souvent de la voir tergiverser dans son petit crâne de volatile pour savoir ce qu'elle devait adopter comme comportement. De tous les animaux qu'elle avait eu l'occasion de dresser depuis six ou sept ans, No' était sa préférée, c'était d'ailleurs pour cela qu'elle n'avait jamais pu se résoudre à s'en séparer. En réalité, elle avait su dès le premier regard que le rapace ne parviendrait jamais à s'adapter totalement aux êtres humains et qu'elle avait besoin d'une liberté que peu de ses clients seraient capable de lui offrir. C'était la raison pour laquelle elle ne l'avait jamais proposé à la vente, ensuite, parce qu'elle s'était attaché à l'oisillon au caractère si bien trempé ! Nozomi était une peste, une emmerdeuse pour ainsi dire mais pour autant, elle était fidèle et loyale, à sa façon. Le « Oh » que laissa échapper sa cliente ne manqua pas de faire sourire la jeune femme. Beaucoup trouvaient l'aigle impressionnante, plus encore lorsqu'elle décidait de les titiller. Cette fois, la dame n'avait pas envie de bouger et se contenta de redresser la tête, planta son regard dans celui de l'interlocutrice de sa maîtresse avant de piailler et de remettre sa tête sous son aile pour dormir. Charmant comme accueil, comme toujours.

En silence, Ame écouta ce que sa cliente avait à lui révéler. Par expérience comme par principe, elle ne la forcerait à rien d'autre qu'à lui donner les informations nécessaires au choix du compagnon qui ferait son bonheur. Ce qu'elle lui confierait ensuite resterait bien sur du domaine du privé et qui plus est, de la plus saine curiosité sans qu'elle ne se permette d'insister nullement. Amamizu, la cité du Clan de l'Hydre, au moins ses sœurs seraient-elles protégées par les nobles guerriers de la cité ! La Jinmen n'aimait pas spécialement la cité balnéaire, la trouvant trop humide par rapport à sa cité natale et n'aimant que peu ses habitants, bien trop guerriers à son goût, pour autant, elle en appréciait également les qualités et notamment, la nourriture. En parlant de nourriture, voilà que la jeune femme la complimentait sur le thé qu'elle venait de lui servir ce qui ravit la dresseuse. Elle sourit avec délicatesse et se contenta d'ajouter sur un ton badin

- Mon père est un excellent herboriste, ses thés sont très réputés dans la région.

Certes, ses thés n'étaient pas la seule chose qu'on pouvait trouver chez lui qui avait bonne (ou mauvaise) réputation. Potions, onguents, Ame savait qu'il vendait également des hallucinogènes, des drogues, de l'herbe ou encore, de petites concoctions personnelles qui occasionnaient au mieux maux de gorge ou d'estomac, au pire … Mieux valait ne pas y songer. Pour autant, le thé qu'il faisait était une vraie merveille, toujours raffiné, toujours choisi avec soin dans ses mélanges. Tout ce que son père touchait dans ce domaine était comme transformé en or. Un sourire calme arbora le visage de la vendeuse mais il disparut lorsque de nouvelles larmes roulèrent sur les joues de son interlocutrice, dans le sillon parfait des précédentes. Que devait-elle faire ? L'ignorer comme précédemment par décence ou au contraire, se montrer avenante et la réconforter ? Son rôle n'était que de vendre des animaux à ceux qui le méritaient, pas de juger ou de chercher à rassurer ses clients en dehors des précautions d'usage avec leurs nouveaux compagnons … Ame était une Jinmen de pure souche, élevée dans certaines traditions qui n'échappaient pas à son peuple. Elle ne savait donc pas comment réagir si ce n'était en faisant fi de la situation. Se montrer trop entreprenante en voulant la soulager de son chagrin aurait été inconvenant et pourtant, la jeune femme était tellement « attendrissante ». La conteuse avait grandement envie de l'aider mais ignorait totalement si elle en avait le droit et, en cas de réponse positive, comment s'y prendre. Ce dilemme se lisait clairement sur ses traits tandis que les secondes s'étiraient dans un silence absolu. Tandis qu'elle tergiversait littéralement, la femme qui lui faisait face semblait se calmer et reprendre petit à petit ses esprits. Restée perplexe, Ame ne savait pas vraiment comment réagir et elle se contenta d'écouter en silence ce qu'elle voulait lui confier.

Ainsi, la belle dame repensait à son passé. Il avait du être particulièrement douloureux pour que ses larmes coulent ainsi mais la Jinmen préféra ne pas faire de commentaire. Chacun vivait avec son passé, ses souvenirs et sa mémoire et tous devaient s'en accommoder. Son père lui avait un jour appris qu'il s'agissait là d'un jardin secret que personne en dehors d'elle même par exemple dans son cas, pouvait résoudre. La clé était entre ses mains et entre celles de personne d'autre.

- Il a du vous être très difficile de quitter votre cité d'origine et votre famille … J'espère que vous vous plairez à Arano et que l'animal que vous choisirez vous permettre de veiller sur vos sœurs malgré la distance. Ame se rendit compte de la teneur presque trop commerciale de ses propos et se reprit, d'une voix plus douce, elle poursuivit

- Je suis sincèrement désolée que vous ayez dû les quitter, je ne vous souhaite qu'une chose, les retrouver au plus vite. En attendant, je vais tâcher de vous aider !

La demoiselle n'avait rien dit sur ses larmes, elle préférait taire ce passage, comprenant que la jeune femme avait seulement besoin d'une oreille compatissante et non qu'on lui rappelle ses faiblesses. Le compliment suivant la fit rougir violemment et, pour changer, elle ne sut quoi répondre.

- Je … je … mais non. Enfin … Merci.

C'était sûrement pitoyable mais tant pis. Ame n'avait pas l'habitude qu'on la complimente ainsi et quand malgré tout cela arrivait, elle ne savait jamais comment réagir. La jeune femme reprit la parole pour se présenter et, malgré l'aspect inattendu de sa présentation et de sa demande, la jeune fille ne put s'empêcher de sourire et de saisir la main tendue avec respect. D'un ton amical, elle se contenta de lui répondre

- Enchantée de vous rencontrer, je me nomme Ame Kitajima.

Certes, elle n'avait sans doutes pas à se présenter mais peu importait, elle avait envie de le faire et surtout, elle avait bien envie de se lier avec son interlocutrice. Si elle était nouvelle dans la cité, peut être pourrait-elle lui proposer de lui servir de guide ? Avec un grand courage, elle se décida à reprendre la parole

- Si vous souhaitez visiter notre cité, je me ferais une joie de vous accompagner, mon frère et moi connaissons la moindres recoins d'Arano. Mais avant toute chose, votre demande. Je pense avoir ce qu'il vous faut sous la main.

Ame émit un sifflement et derrière elle, les deux volatiles levèrent la tête de concert, l'un encore ensommeillé et l'autre, râlant déjà. Une deuxième sifflement et le temps d'enfiler un gant de cuir épais et de tendre le bras, le petit rapace se posait déjà sur son bras tendu tandis que Nozomi, casse pied, se posait sur l'épaule opposée. Fort heureusement, la jeune femme portait une protection sur les épaules, de cuir moins épais que ces gants cependant. Peu importait, elle avait tellement l'habitude du comportement de son aigle qu'elle ne broncha pas. Seul le poids de la bête était pesant mais là encore, elle avait l'habitude.

- Je suis allée chercher ce rapace dans les montagnes aux alentours de Storghein il y a peu. Il s'est très bien acclimaté au désert d'Arano et il est capable de parcourir de longues distances cependant, je n'ai pas encore eu l'occasion de parachever sa formation. Je vous rassure, ce n'est pas un problème, j'ai rarement vu un rapace aussi docile et calme, tout le contraire de Nozomi en réalité ! - la rapace piailla ce qui tira un sourire à sa propriétaire D'ici deux semaines maximum, il sera prêt, en attendant, Nozomi pourra faire les allers retours si vous le souhaitez. A nouveau, l'aigle émit un piaillement mais on avait plus l'impression qu'elle taquinait sa compagne humaine qu'autre chose.

------N'ayant jamais eu beaucoup d'occasions de côtoyer des animaux; non pas qu'elle n'en avait pas l'envie, mais plus parce que leurs parents ne les supportaient pas, et qu'ainsi ils en avaient toujours interdit la présence dans leur propriété; Nëysia avait nourris une admiration envers ceux-ci. Plus particulièrement envers les oiseux, seuls animaux dont elle pouvait s'occuper sans attirer les foudres de ses parents. Bien sûr, elle aurait pu décider de changer cette "règle" après leur mort, mais aucun des enfants Moroe ne souhaitaient changer les habitudes qui s'étaient établis chez eux. Et ils n'en firent rien non plus lorsqu'ils arrivèrent à Amamizu. Les oiseux étaient en effet pour Nëysia les animaux les plus représentatifs de la liberté. Ils se fichaient des frontières, ou des restrictions établis par les hommes, ils étaient libre d'aller où bon leur semble. Elle avait pris l'habitude de les nourrir, de leur offrir un endroit où se reposer, et parfois, lorsque le cas se présentais, elle en recueillais qui était blessés, et les laissais donc se reposer, le temps qu'il soient en meilleur forme. Alors bien sûr, son regard était resté fixé sur les deux rapaces qui se tenaient dans la cage, derrière Mlle Kitajima. Elle les observait, cet aigle et ce rapace. Le dernier semblait encore bien jeune, et restait blottit contre sa voisine, laquelle la fixait de son regard perçant.

- Mon père est un excellent herboriste, ses thés sont très réputés dans la région.

* Ainsi ce thé vient de chez Kaoru ? Ce n'est pas étonnant, il est si bon, ce serait surprenant que ce ne soit pas le cas d'ailleurs !*

------La cydienne fut rassurée de constater que son interlocutrice ne fis aucun commentaire suite à ses larmes. Elle voyait bien qu'elle se sentait mal à l'aise, et le comprenait. Elle même aurait été sûrement incapable de dire quelque chose d'approprié. Néanmoins, la demoiselle était bien plus douée qu'elle pour parler à quelqu'un, ce qui, en soi, était normal puisqu'elle devait voir des clients presque tous les jours.

- Il a du vous être très difficile de quitter votre cité d'origine et votre famille … J'espère que vous vous plairez à Arano et que l'animal que vous choisirez vous permettre de veiller sur vos sœurs malgré la distance. Je suis sincèrement désolée que vous ayez dû les quitter, je ne vous souhaite qu'une chose, les retrouver au plus vite. En attendant, je vais tâcher de vous aider !

* Rha ! Ne soit pas si gentille et compatissante, tu va me refaire pleurer ! *

- Je … je … mais non. Enfin … Merci.

------Surprise de voir qu'il fallait si peu de compliments pour qu'elle se sente gênée, Nëysia ne put s'empêcher de sourire, ni même de rigoler légèrement, ce qui aurait pu révéler ses fossettes, si celles-ci n'étaient pas cachées par la main qu'elle avait mise devant sa bouche, une manie qu'elle avait prise lorsqu'elle rigolait. Le but était d'être discret, mais elle ne trouvait pas que cela changeait grand chose. La mine réjouie qu l'on a quand on rigole est clairement visible, mais bon, c'est ainsi qu'on l'avait éduquée, et cette manie était ainsi restée.
------Son sourire s'élargit lorsque sa main rencontra celle d'Ame, douce, et légèrement plus petite que la sienne.

- Enchantée de vous rencontrer, je me nomme Ame Kitajima.

- Si vous souhaitez visiter notre cité, je me ferais une joie de vous accompagner, mon frère et moi connaissons la moindres recoins d'Arano. Mais avant toute chose, votre demande. Je pense avoir ce qu'il vous faut sous la main.

------Sifflant un coup, les deux rapaces s'envolèrent de leur promontoire pour venir se percher sur la main que tendait Ame, laquelle revêtait un épais gant en cuir, ainsi que sur son épaule. Le moment avait était court, mais Nëysia avait tout de même pu apprécier le vol des deux animaux. Élégant, vif, les deux volatiles avaient l'air d'être en pleine forme.

- Je suis allée chercher ce rapace dans les montagnes aux alentours de Storghein il y a peu. Il s'est très bien acclimaté au désert d'Arano et il est capable de parcourir de longues distances cependant, je n'ai pas encore eu l'occasion de parachever sa formation. Je vous rassure, ce n'est pas un problème, j'ai rarement vu un rapace aussi docile et calme, tout le contraire de Nozomi en réalité ! D'ici deux semaines maximum, il sera prêt, en attendant, Nozomi pourra faire les allers retours si vous le souhaitez.

------La cydienne était ravie de voir réagir ainsi cette nouvelle amie, elle avait beau être jeune, elle n'en paraissait pas moins dotée d'une certaine maturité, et était très à l'aise avec les mot. Elle étais aussi si charmante ! Kaoru pouvait être fier de sa fille.
------Quant à pouvoir visiter Arano, évidemment, elle était intéressée. Le peu de la ville qu'elle avait vu était ce matin, mais en errant sans but dans les rues et ruelles, elle ne se souvenait pas bien des endroits où elle était allée, et serait en tous cas incapable d'y retourner. Alors bien sûr, une «visite guidée» l'intéressait, cela lui permettrais de mettre un nom sur les lieux qu'elle avait pu voir. Et aussi de repérer la boutique de ce fameux couturier. Lina et Floeris seront si contente lorsqu'elles recevront ces cadeaux ! Elle se languissait de lire leur réactions, puisqu'elle ne pourrait pas les voir. Morec allait sûrement trouver cela ridicule, et peut-être même un peu irréfléchi de sa part. Les vêtements coûtaient si cher ! Enfin, ce n'est pas comme si ils manquaient d'argent, alors autant en profiter. Pensant à son frère, Nëyisa se dit qu'elle devrait peut-être aussi lui en faire parvenir un, d'habit. Elle avait vu des gilets et des vestes bien jolies, qui, elle en était presque sûr, devraient plaire à ce grand bêta.

"Je serais enchantée de visiter la ville en votre compagnie ! Je me dois d'avouer que l'on s'y perd facilement, bien que m'étant un peu baladée ce matin, je serais tout de même incapable de me souvenir par où je suis passée !

Dans deux semaines ? Entendu ! Mais vous êtes sûre de vouloir demander à.. Nozomi ? de faire le trajet ? Je ne voudrais pas vous importuner. Deux semaines, ce n'est pas bien long, mes sœurs peuvent bien patienter quelques temps, je pense. "

------Nëysia n'aimait pas se montrer envahissante, bien sûr, la proposition de son amie l'enchantait, mais elle ne souhaitais pas lui imposer cela, enfin, surtout à l'aigle, qui n'avait rien demandé. Le piaillement qu'il émit avait beau être, aux oreilles de la cydienne, empreint d'enthousiasme, cela la gênait de s'imposer autant dans les habitudes de cette jeune femme.
------N'étant arrivé que depuis deux jours, Nëysia n'avait encore aucunes activités pour s'occuper. Elle ne connaissait personne non plus, ni aucun lieux agréables ou se balader, s'entraîner, ou juste rêvasser. Elle avait pour habitude, lorsqu'elle habitait encore à Cydonia, de s'allonger dans l'herbe, à l'ombre d'un saule pleureur qui surplombait leur propriété. Elle pouvait rester ainsi des heures, laissant son esprit vagabonder entre les événements qui avaient eus lieu auparavant. Et don, ne connaissant aucun endroit de ce type aux alentours d'Arano, Nëysia était pressée de découvrir, en compagnie d'une habituée, les coins et recoins de cette citée. Enthousiaste, elle s'entendit proposer d'un ton enjouée à son interlocutrice:

"Pourquoi ne pas faire cette visite dans l'après midi ? Nous pourrions profiter ensemble d'un repas, ce midi, ou même ce soir. Je n'ai encore aucuns moyens de m'occuper l'esprit, donc si vous êtes disponible, j'en serais ravie !"

Ame avait une passion sincère pour les animaux mais elle devait bien avouer, c'étaient les rapaces qu'elle aimait le plus. Les « félins du ciel » comme disait les divers ouvrages qu'elle avait pu lire à leur sujet ou encore, comme les appelait son maître. La jeune femme aimait cette expression, elle admirait ces animaux si légers, si précis et si mortels. Ils étaient rapides, pouvaient se rendre partout, n'avaient besoin que de peu de choses pour vivre … en d'autres termes, ils étaient libres et indépendants. La dresseuse ne leur trouvaient que des qualités et elle rêvait inconsciemment de se muer un jour en un de ces magnifiques rapaces. Quoi qu'il en soit, elle était ravie que sa cliente veulent acquérir un tel animal, autant elle appréciait vendre ses petits protégés à de bonnes âmes, autant elle aimait par dessus tout transmettre ses connaissances sur les rapaces. A n'en point douter, son petit protégé serait parfait pour la mission que compter lui confier cette étrangère. Les aigles étaient doués pour mémoriser les distances et particulièrement rapides pour l'échange de courrier, bien plus qu'un cheval à terre, limité aux intempéries et ralentis par toutes sortes de désagréments. Un pont coupé, des bandits sur la route, les oiseaux ne connaissaient rien de tous ces empêchements. Liberté, c'était sans doutes ce qui caractérisait le mieux ces espèces. Nul homme ne pouvait les empêcher de traverser les frontières. Certes les hommes se montraient parfois cruels, mais peu d'entre eux osaient s'attaquer aux rapaces dans leurs contrées en paix. Relativement du moins.

Perchée sur son épaule, Nozomi se contentait de plonger son regard dans celui de son interlocutrice. Malgré son éducation, elle avait toujours tendance à jauger les autres et surtout, elle ne semblait pas spécialement apprécier la jeune femme, ayant bien compris qu'elle était ici pour le petit oisillon, du moins, ce qu'elle considérait comme son oisillon. En d'autres termes, la situation ne lui plaisait guère et elle ne comptait pas docilement attendre qu'on lui enlève son précieux protégé. No' était un animal relativement jaloux, malgré toutes les tentatives de sa maîtresse pour la socialiser, elle avait conservé ce trait de caractère et n'acceptait que peu qu'on dérange ses habitudes. En outre, elle considérait que l'amour de la Jinmen lui était exclusif, ce qui expliquait sa présence perpétuelle dans la boutique, et considérait toutes choses placée sous son aile comme sienne. En d'autres termes, Ame aurait toutes les peines du monde à lui arracher le jeune rapace mais elle aurait besoin de quelques jours seulement pour trouver une autre source de préoccupations pour son aigle. Nozomi était volage, elle aimait jusqu'à perdre la raison et se focalisait ensuite sur la nouvelle aventure. En deux semaines, elle aurait le temps de détacher la femelle du jeunot mais également de finir la formation de ce dernier. L'aigle royal avait encore beaucoup de choses à transmettre à cette petite boule de plume et, lorsque le moment serait venu, Ame savait comment s'y prendre pour faire entendre raison à la « mère ». En occupant Nozomi à faire les allers retours, elle s'assurait que la femelle prenne gare aux problèmes que pourrait rencontrer le petit rapace, qu'elle soit rassurée de voir que la route serait sans danger pour lui et tutti quanti. Tandis que la jeune conteuse réfléchissait à tous les détails du dressage qui l'attendait, elle entendit la voix de son interlocutrice. Elle délaissa ses pensées pour se focaliser sur ce qu'elle avait à lui dire. Ame sourit à la jeune femme avec calme avant de répondre non sans un certain enthousiasme.

- Cette ville est un vrai labyrinthe en effet, je me ferais un plaisir de vous guider, je pourrais en profiter pour vous montrer la boutique de maître Sakurada!

La jeune femme marqua une pause avant de signifier d'un geste au rapace de quitter son perchoir. Ce dernier s'envola et retourna se poser sur celui qu'il avait quitté juste avant. Nozomi quant à elle resta perchée sur l'épaule de sa maîtresse, son regard perçant ne quittant pas la Cydienne. Ame soupira avant de ramener sa main vers les serres de la bête. L'aigle se posa dessus d'un petit saut léger. No' faisait son poids, c'était le moins que l'on pouvait dire, pourtant, la jeune femme avait l'habitude de la porter ainsi et elle n'y prêtait plus vraiment attention. Elle passa sa main libre dans le plumage de sa compagne sauvage.

- Nozomi a l'habitude des longs trajets, je l'ai dressée pour le combat mais également pour la transmission d'informations, elle saura faire l'affaire pendant ces deux semaines. Cela me permettra de finir le dressage du petit et No' sera rassurée de voir que le voyage qu'il aura à effectuer dans le futur n'est pas dangereux … D'ailleurs, il vous faudra trouver un nom à cette boule de plumes si vous souhaitez le prendre !

La jeune femme accompagna sa remarque d'un sourire calme. Par principe, elle nommait rarement les animaux qu'elle dressait, autrement que par de petits surnoms. Elle laissait le choix à ses clients de le faire pour créer un premier lien entre eux, ensuite, elle les dressait à ce nom pour qu'ils s'y habituent. Seuls ses plus vieux pensionnaires ou les abandonnés par le sort recevaient un nom de sa patte. Quant à Nozomi, elle avait su en la voyant qu'elle ne pourrait jamais s'en séparer, en lui offrant un prénom, cela s'était confirmé.

Avec enthousiasme, Ame écouta la suite. Un large sourire se peignit sur ses lèvres tandis que d'un geste, elle signifiait à l'aigle qu'elle se faisait trop lourde. Nozomi retourna auprès de son protégé en piaillant à nouveau. Avec souplesse, la Jinmen se massa l'épaule puis le poignet, encore un peu engourdis par le poids de l'animal et la tension exercée à avoir le bras tendu aussi longtemps.

- Si vous me laissez le temps de me changer, je peux vous rejoindre à votre auberge en début d'après-midi. Mon frère prendra la relève à la boutique sans aucun problème, je vous montrerais la ville avec plaisir !

[ Si tu veux poursuivre le rp par une visite, tu peux faire une ellipse et commencer au moment où elles se retrouvent, ça ne me gêne pas. ^^ ]

------Les balades entre ami(e)s n'avaient jamais étés des choses que Nëysia faisait souvent. Elle n'en avait pour ainsi dire jamais fait, ou presque. Sa famille lui suffisait, et elle n'était pas allée chercher à connaître d'autres personnes, que ce soit à Cydonia ou à Amamizu. Parfois, bien sur, elle partait en ville avec ses sœurs, afin de vagabonder dans les rues marchandes, et plus pour faire plaisir à Floeris et Lina, s'acheter des vêtements. S'étaient amusant, de se faire entraîner comme ça par ces deux chipies... Nëysia en gardait de bon souvenirs, lesquels elle chérissait, car c'était devenu rare depuis ses 20 ans qu'elle prenne plaisir à la compagnie d'autres personnes.
- Cette ville est un vrai labyrinthe en effet, je me ferais un plaisir de vous guider, je pourrais en profiter pour vous montrer la boutique de maître Sakurada!
------La compagnie d'Ame allait être quelque chose de nouveau pour elle, et malgré la joie qu'elle éprouvait à cette idée, Nëysia avait tout de même un peu.... peur de ne pas savoir comment se comporter. Mais elle était néanmoins heureuse de savoir que la demoiselle accepte de l'accompagner.

------Reportant son attention sur les deux oiseaux qui étaient sagement perchés sur leur maîtresse, Nëysia observa l'envol du plus petit vers son perchoir d'origine. Elle remarque aussi l'attention que lui portait le plus grand des deux rapaces. Nozomi, comme l'appelait la jeune femme, avait l'air de la jauger, son regard perçant pointé vers elle.
- Nozomi a l'habitude des longs trajets, je l'ai dressée pour le combat mais également pour la transmission d'informations, elle saura faire l'affaire pendant ces deux semaines. Cela me permettra de finir le dressage du petit et No' sera rassurée de voir que le voyage qu'il aura à effectuer dans le futur n'est pas dangereux … D'ailleurs, il vous faudra trouver un nom à cette boule de plumes si vous souhaitez le prendre !

* Un nom ? Ah oui... évidemment... J'avais oubliée ce détail.*

« Hum, je ne suis pas certaine de trouver un nom seyant à ce bel oiseau. Il me faudrait surement demander conseil à mes sœurs. Je ne suis pas bien douée pour cela... »
------La voix de Nëysia s'était affaiblie à la fin, celle-ci étant un peu honteuse de son incapacité. Elle triturait ses doigts. Distraite par cela, elle ne vit pas l'aigle qui retourna se percher au près de son protégé, lequel se blottit dans ses ailes. C'est dommage d'ailleurs, il étaient adorables. Elle entendit toutefois la réponse d'Ame, et se réjouie une fois de plus.
- Si vous me laissez le temps de me changer, je peux vous rejoindre à votre auberge en début d'après-midi. Mon frère prendra la relève à la boutique sans aucun problème, je vous montrerais la ville avec plaisir !

« Vous êtes adorable ! Je vous attendrais à l'auberge de Hisaichi dans ce cas. A tout à l'heure ! »
------Nëysia s'inclina alors devant la jeune femme, puis sortit. La température s'était réchauffée dehors, le soleil était bientôt à son zénith. Les rues étaient aussi plus animées, des enfants couraient çà et là, et plusieurs échoppes avaient disposés des étales sur une partie de leur rue.
------Rentrer à l'auberge n'avait pas était une mince affaire. Nëysia avait tant marchée avant d'arriver au magasin, que faire le chemin inverse n'était pas possible. Perdue dans ses pensées, la cydienne se ressassait ce qui lui était arrivée depuis sa venue. Cette rencontre avec Ame avait était le fruit du hasard. Il se trouvait qu'elle était la fille de Kaoru, son nouvel employeur, avec lequel la rencontre avait été troublante pour la cydienne. La jeune fille était aussi à l'aise que lui pour parler avec les gens, mais son jeune âge, justement, la rendait plus... accessible. Nëysia se sentait plus à l'aise. Peut-être parce que c'était une femme, tout simplement. Mais elle avait aussi à peu près le même âge que ces sœurs, et en leurs absences, Nëysia avait finalement besoin de soutien, bien qu'elle ne s'en rende pas forcément compte elle même. Ce départ prématuré n'avait pas été chose facile, et la cydienne avait encore du mal à s'y faire, elle qui était plutôt habitué tout planifier, par elle même. Le fait de changer de ville était quelque chose de déroutant pour Nëysia. Elle perdait tous ses repères. Ayant vécue toute sa vie à Cydonia, il avait été difficile de s'adapter à Amamizu, et à peine avait-elle commencée à s'y faire, que déjà, elle devait repartir...

------Enfin, l'auberge se dressait devant ses yeux, elle rentra et commanda son repas, qu'elle mangea en vitesse. Elle retourna dans sa chambre, et rangea quelques affaires qui trainaient encore depuis son arrivée de la veille, et se refit une petite toilette. Elle se recoiffa, optant pour une tresse, laisser ses cheveux trop libre était vraiment pénible quand il y avait du vent comme aujourd'hui, elle devait tout le temps les ramener en arrière.... Enfin, elle fini par ressortir, Ame n'allait surement pas tarder à arriver.
------Effectivement, alors que Nëysia sortais à peine de l'auberge, elle remarqua la présence d'Ame à quelques pas de l'auberge, qui semblait patienter.
« Bonjour ! Je ne t'ai pas fait attendre j'espère ? »

[HRP: Si il y a un soucis au niveau de la chronologie, ou de l'éclipse, hésites pas, j'éditerais, je serais plus rapide que pour poster, tkt pas ^^]

D'ordinaire taciturne, Ame n'avait jusque là jamais pris de telles initiatives. Pourtant, la jeune femme lui avait paru douce, gentille et extrêmement séduisante. C'étaient sans doutes toutes ces qualités qui l'avaient poussée à aller vers elle, ainsi que les larmes qu'elle avait versé. Quoi qu'il en soit, voilà qu'elle prenait des initiatives bien étranges pour quelqu'un d'aussi renfermé qu'elle l'était. Lui faisait-elle confiance pour autant ? Sans doutes, sans savoir pourquoi une fois de plus, puisqu'elle avait accepté de lui faire visiter la ville. Sans vraiment se poser plus de questions, la jeune femme se permit de prévenir son frère jumeau de sa sortie pour qu'il ne s'inquiète pas mais également pour qu'il veille sur l'oisillon et sur Nozomi. La dresseuse n'avait pas spécialement confiance en son aigle ou plutôt, elle la connaissait tellement bien qu'elle savait qu'elle n'hésiterait jamais à s'envoler avec son protégé pour l'éloigner d'un destin trop loin d'elle … No' était ainsi, elle était possessive et c'était d'ailleurs cela qui lui avait plu au premier coup d’œil. C'était pour cela aussi qu'elle l'avait gardé avec elle. Quoi qu'il en soit, elle craignait que la volatile s'évade quelques jours en compagnie du petit et il valait mieux éviter, pour elle comme pour lui. Surtout maintenant qu'il avait une famille qui veillerait sur lui. Tiens, c'était peut être une partie de la réponse, peut être que c'était parce qu'elle avait senti le feeling avec le petit rapace qu'elle avait fait confiance à la Cydienne. Peu importait, elle attendait tout simplement que cette dernière revienne désormais pour lui montrer les merveilles de sa cité.

Une visite de la ville avec une « amie » était quelque chose qu'elle n'avait jamais fait. Ame était convaincue que cette jeune femme était plus qu'une connaissance, une amie en somme, mais elle n'avait jamais vraiment été aussi ouverte que son frère. En général, elle était celle qui suivait dans l'ombre, perdue dans ses pensées, plus que celle qui menait la barque. Même quand elle sortait avec son jumeau, la Jinmen se laissait porter par ce dernier, le suivant, sans poser de questions, profitant juste de l'instant.

Un instant, elle se souvint de la réponse de la jeune femme concernant le prénom de son futur oiseau. Neysia avait semblé gênée, comme si la question en devenait dérangeante mais Ame savait à quel point il était difficile de trouver un nom. Ce n'était pas une simple appellation, c'était un nom qui guiderait la vie à venir de cet être vivant. Elle n'avait donc pas tenu rigueur à la jeune femme de tout ça et avait attendu patiemment sa réponse. Elle attendrait tout aussi patiemment qu'elle se décide. Il ne fallait pas douter, l'étrangère trouverait sûrement un prénom qui guiderait l'oisillon vers son avenir.

Devant l'auberge Hisaichi, Ame se sentait un peu ridicule. Elle avait troqué sa tenue de la boutique pour un pantalon de couleur beige ainsi qu'un haut rouge, la couleur qu'elle appréciait le plus au monde. Elle avait l'impression d'être un peu décalée mais peu importait, elle attendait avec patience la jeune femme et savait déjà où elle comptait l'emmener. D'abord chez maître Sakurada, ensuite sans doutes chez son père pour qu'elle profite d'un peu de détente, sans oublier le jardin que la cité entretenait malgré l'avancée du désert. Il y avait tant de choses à voir en réalité ! La réflexion de la conteuse fut interrompue par l'approche de celle qu'elle attendait. Ame remarqua qu'elle portait une tresse plutôt que ses cheveux détachés mais en dehors de cela, elle vit que rien n'avait réellement changé chez la belle Cydienne. Elle se demanda si pour le coup, son propre changement de tenue ne serait pas considéré comme superficiel mais elle ne s'arrêta pas à ce détail. Elle se contenta de sourire avant de lui répondre d'une voix quelque peu timide :

« Non je te rassure, je ne suis pas là depuis longtemps ! » la jeune femme marqua une pause avant de reprendre,« Tu n'es pas trop fatiguée j'espère ? »

Ame détaille quelque peu la jeune femme avant de finalement lui indiquer par où elles allaient se rendre. Après avoir emprunté l'une des artères principale, elle lui montra les étales du marché d'un signe de tête, ne sachant pas trop si elle voudrait s'y arrêter ou non puis, après quelques pas encore, elle lui indiqua la rue dans laquelle se trouvait la boutique de Sakurada.

« La boutique de maître Sakurada se trouve au bout de cette rue, souhaites-tu t'y arrêter ? »

--------L'air s'était réchauffé depuis ce matin, malgré les nuages qui obstruait le soleil. Le vent soufflait moins fort aussi, c'était agréable de ne sentir que cette légère brise balayer son visage, faire onduler ses vêtements et de ne pas se sentir obligée de marcher avec une main devant elle pour se protéger le visage des poussières et autres saletés qui profitaient des bourrasques pour venir griffer son visage. Nëysia était donc d'une humeur joyeuse lorsqu'elle rejoint Ame. Elle se sentit cependant un peu ridicule devant elle, qui avait pris soin de se faire une beauté. Elle arborait une tunique rouge, qui contrastait avec le pantalon beige qu'elle avait. Les couleurs allaient bien ensemble. La jeune dresseuse était ravissante.
--------La cydienne était de nouveau un peu nerveuse, l'idée d'une visite lui était venue comme ça, mais maintenant qu'elle se trouvait en compagnie de la demoiselle, elle ne savait pas trop si c'était une bonne idée. Elle ne savait pas comment se comporter. Les quelques fois où elle était sortie avec ses sœurs, celles-ci étaient suffisamment bavarde pour qu'elle n'ai pas a se poser de question. Et elles se connaissaient suffisamment pour ne pas se soucier de l'influence des ses réactions ou de ses paroles. Alors que là, la situation était différente. Son amie était peut-être bavarde, elle n'en savait encore rien, mais en tout cas il était certain qu'elle ne pouvait agir comme bon lui semblerait. Interdit les tapettes sur la tête, les tirages de langues, les scènes de bouderies simulées, etc...
« Non je te rassure, je ne suis pas là depuis longtemps !
Tu n'es pas trop fatiguée j'espère ? »
--------Nëysia souffla de soulagement, elle avait un peu tardée pour manger, peut-être un peu aussi pour se coiffer, un peu pour tout en fait. Et ne pensait donc pas être si ponctuelle. Ma foi, tant mieux si les choses se passaient bien.
« J'avais peur de trop avoir pris mon temps. Non, pas du tout, au contraire d'ailleurs ! Je te suis ! »
--------Elle se mit donc à la suivre, emboitant ses pas à travers l'une des rues principales de la ville. Divers marchands y exposaient leurs biens, et les affaires avaient l'ai de plutôt bien tourner, rares étaient les étales qui restaient vides de clients plus de quelques minutes. Continuant ainsi leur chemin, Ame et Nëysia finirent par s'arrêter au début d'une autre rue, qu'Ame indiqua comme être celle où trouver Mr Sakurada.
« La boutique de maître Sakurada se trouve au bout de cette rue, souhaites-tu t'y arrêter ? »

« Eh bien... A toi de voir. Je ne sais pas ce que tu avais prévue de me faire visiter, mais peut-être est-ce aussi bien de nuit ? Je n'en ai pas la moindre idée. Tu es mon guide aujourd'hui, je te laisse faire le choix. »
--------La cydienne souriait alors qu'elle finissait sa phrase, attendant, les bras dans le dos, aux cotés de la jeune femme. Les villageois ne leurs prêtaient pas grande attention, le regard trop occupé par les marchands de part et d'autre de la rue. Quelques badauds cependant les regardais avec curiosité, ses deux belles femmes postées en plein milieu du carrefour, à bavarder tranquillement.
Nëysia pensait encore à cette histoire de nom d'oiseau, cela la taraudait un peu. Et elle aurait bien aimer lui trouver un nom avant de le voir partir vers ses sœurs. Seulement elle n'avait absolument aucune idée de ce que cela pourrait être. Ce n'était pas son fort d'avoir l'esprit imaginatif, elle était plutôt du genre à faire ce qu'on lui proposait, et ce qu'elle connaissait.
« A propos du nom de notre ami volant, pourrais-tu m'aider ? Comment as-tu choisi celui de Nozomi par exemple ? »

La première chose que remarqua la jeune Jinmen était l'humeur plutôt joyeuse de son interlocutrice, elle lui avait semblé si triste et si fragile dans la boutique le matin-même qu'elle s'en sentait plutôt rassurée, même si elle n'aurait pas su expliquer réellement pourquoi. Elle remarqua également que la demoiselle n'était pas encore vraiment habituée au climat d'Arano et qu'elle se protégeait des poussières que le vent soulevait, réflexe qu'Ame avait depuis longtemps abandonné, par flemme ou par habitude, là encore, elle n'aurait pas su le dire. La dresseuse remarqua un changement notoire dans le comportement de la jeune femme. Cette dernière était-elle gênée par quelque chose en particulier ? Elle semblait quelque peu nerveuse, moins que le matin lorsqu'elle cherchait un rapace pour ses livraisons de courrier, mais tout même beaucoup plus que lorsqu'elle avait croisé son regard quelques secondes plus tôt. Sans oser lui demander ce qui avait bien pu motiver ce changement d'attitude, Ame se demandait bien pourquoi elle inspirait si peu confiance à cette étrangère. Elle était certes plutôt taciturne et relativement discrète mais pour autant, elle n'avait jamais de mémoire mangé personne.

C'était sans doutes la première fois, ou peu s'en faut, que la Jinmen sortait en compagnie d'une amie. Leur enfance privilégiée auprès de leur père ne leur avait pas vraiment permis de se faire des amis et en règle générale, si Ame appréciait la compagnie des gens le soir autour d'un feu, elle ne se liait que très rarement à eux. Pour ainsi dire, elle aurait bien été incapable de dire si elle avait ne serait-ce qu'une seule personne digne de confiance en dehors de sa propre famille, père et jumeau inclus. Cette réflexion la laissa perplexe, il était vrai que jusque là, elle n'y avait pas tant que cela réfléchit mais peut-être ne faisait-elle pas les choses de la bonne manière, ce qui laissait sa compagne perplexe à son tour ? Elle avait si peu l'habitude de partager quoi que ce soit avec quelqu'un, une amie qui plus est, qu'elle se comportait certainement de manière étrange et que cela induisait un comportement tout aussi étrange chez son interlocutrice. Elle revint à la discussion lorsque la jeune femme lui expliqua pourquoi elle était mal à l'aise, du moins, ce que Ame comprit comme tel. Tandis qu'elle débutait la visite, la jeune conteuse se permit de dire tout haut ce qu'elle pensait tout bas. Mieux valait mettre les choses au point dès le départ que de se torturer pour rien pendant des heures.

« Je suis désolée, je n'ai pas l'habitude de la compagnie des autres, si je réagis étrangement, n'hésite pas à me le dire. »

Elle n'était même pas sur de s'être montrée compréhensible mais peu importait, elle se sentait soulagée d'avoir partagé sa crainte même si ce n'était pas très facile à comprendre. Elle sourit timidement avant de continuer d'avancer. Lorsque son interlocutrice reprit la parole, elle se contenta d'un sourire avant d'ajouter, soudain bien plus complice qu'auparavant.

« La ville est très belle la nuit et nous aurions moins chaud. Il faut que je te fasse visiter la boutique de mon père, si tu as aimé son thé, tu ne pourras qu'apprécier les diverses sortes qu'il a en réserve ! Suis-moi, je vais te présenter à maître Sakurada. »

Sans attendre, elle prit le chemin de la boutique de vêtements et attendit patiemment que Nëysia la rejoigne. Tandis qu'elles atteignaient bientôt la boutique, cette dernière lui posa une question pour le moins étonnante. Elle comprit alors qu'elle cherchait un prénom pour son oiseau et qu'une source d'inspiration ne serait pas du luxe. Souriant, Ame accepta, pour la première fois sans doutes, de partager son choix.

« J'ai recueilli Nozomi alors qu'elle n'était qu'un oisillon. Quand je l'ai vu, j'ai tout de suite compris que jamais je ne pourrais m'en séparer. A ce moment là, j'ai souhaité de tout mon cœur pouvoir la protéger et qu'elle puisse vivre une vie pleine et entière à mes côtés. J'espérais être digne de la dresser et de lui apporter suffisamment pour qu'elle soit capable de bien grandir. Dans notre langue, « Nozomi » signifie tout autant souhait, désir qu'espoir. C'est parce que j'étais animée par chacun de ces sentiments que j'ai choisi ce nom pour elle. J'aurais peut-être du choisir quelque chose comme « yakamashii », bruyant ou agaçant en Jinmen. »

elle rit en me souvenant très exactement de ma rencontre avec la rapace et des années qui avaient suivi en sa compagnie. En réalité, la jeune fille pensait que si elle avait choisi ce prénom plus qu'un autre, c'était dans l'espoir que l'aigle soit à jamais éternelle, qu'elle vive à ses côtés jusqu'à la fin, ce qui, bien entendu était totalement impossible et quelque peu naïf. Avec calme, elle reprit donc :

« Je suppose que tu me poses la question pour choisir au mieux le prénom de ton oiseau je me trompe ? Si c'est le cas, choisis simplement avec ton cœur, c'est la véritable clé pour trouver le prénom qui convient. Qu'as-tu ressenti en le voyant ? Ou alors peut-être, que représente-t-il pour toi ? Ce ne sont que des pistes mais cela t'aidera peut-être. La première idée est toujours la meilleure comme dirait mon frère ! »

Toute à ses conseils, elle remarqua à peine qu'elles étaient restées plantées devant la boutique et se décida à entrer. Soudain plus sure d'elle pour un sou, elle appela timidement le maître des lieux qui ne tarda pas à se présenter. Bien qu'elle soit une cliente fidèle, elle se sentait toujours mal à l'aise dans ce genre de situation. Pourtant, elle se doutait que sa compagne se sentirait d'autant plus mal qu'à sa place et prit la décision de parler la première.

« Sakurada-sensei, c'est un plaisir de vous revoir, comme toujours. Mon amie ici présente se nomme Nëysia et elle souhaiterait voir quelques unes de vos œuvres, pourriez-vous accéder à sa demande ? »

L'homme parut intéressé par l'argent éventuel qu'il pouvait se faire et ne tarda pas à hocher la tête pour acquiescer. Tandis qu'il se dirigeait vers le fond de la boutique pour aller chercher un mètre ou tout autre instrument de mesure pour son travail, la Jinmen se retournait vers son interlocutrice pour ajouter plus bas.

« Si quelque chose te plaît, fais-le moi savoir, je négocierais les prix avec ce vieux rapace ! Une fois que tu auras fini, nous irons boire un thé si cela te tente, à moins que tu ne préfères visiter les jardins de la cité, ils sont magnifiques à cette période de l'année. »

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