Les journées étaient douces à Arano. Tranquillement, le jeune jinmen rangea ses affaires. Il y avait de cela un petit moment qu'il était revenu et désormais il était temps de s'en aller de nouveau. Il avait besoin de bouger ces derniers temps. À croire que l'aventure pulsait dans ses veines depuis son dernier déplacement. Il se souvenait encore du mal qu'il avait eu de laisser derrière lui sa famille. Après tout, Jun Kitajima était le protecteur de cette famille, celui qui pouvait bien mieux se battre que tous les autres. Il était celui en qui on pouvait poser ses espoirs. Cependant, il avait besoin de bouger, besoin de se sentir différent et il ne pouvait le faire qu'en se déplaçant, en allant chercher des animaux, en les dressant sur place. Il aimait bien cet état de fait et ce coup-ci c'était pour Cydonia qu'on lui avait demandé de bouger. Encore des cadeaux pour des enfants, à croire que ces derniers temps, avoir un animal devenait tendance, comme ci c'était une chose tout à fait commune. Heureusement que les trois quart du temps il ne s'agissait que de petit animaux, sinon, bonjour la galère.

Jun laissa donc le magasin à Ame et Kito celui qui en gardait la régence. Cela permettait non seulement aux jumeaux de partir par mont et par vaux, mais aussi et surtout de pouvoir bien mieux s'occuper des animaux déjà présent. Car même si aucun des deux ne bâclait son travail, il était toujours compliqué de donner un dressage totalement complet à un animal alors que trois autres attendaient derrière. Bien évidemment, jamais les animaux ne partaient sans un dressage adéquate mais dans ce genre de cas, cela prenait plus de temps et donc plus de jour qu'il ne pourrait pas reporter sur un autre dressage. Heureusement qu'il ne donnait aucun délais, juste une approximation. De plus, il ne cherchait pas le profit et préférait donc prévenir du travail à faire avec les autres animaux avant de pouvoir effectuer celui désiré sur l'animal qu'on venait de lui amener.

Toujours dans ses pensées, il en avait presque oublié la raison de sa présence dans la boutique. Il avait quelques instructions à donner à Kito avant de partir. Il fallait absolument qu'il retrouve la feuille. Car en vérité un long voyage s'annonçait à lui. Un voyage d'une semaine aller et d'une semaine retour lorsqu'il reviendrait. D'abord passer par Koubaï pour ensuite passer par les montagne et rejoindre la route d'Erathia qui le mènerait ensuite à Cydonia. Une semaine de dur labeur qu'il allait partager avec Kirino ainsi qu'Akiko. Ces deux petits amour de bêtes qui le suivaient partout, peut importe ou cela les emmenait. Il soupira tranquillement et trouva enfin ce qu'il cherchait. Il mit alors le parchemin en évidence sur le bureau, récupéra ses affaires et prit sa jument. Kiri toujours sur ses talons le suivait de près. Il avait prévenu sa sœur hier ainsi que son père rapidement. Le jeune homme espérait juste que dans ce laps de temps il n'y aurait pas de problème.

Il grimpa alors agilement sur le dos de la jument et partit tranquillement. Inutile de se presser de toute façon et puis si c'était pour être fatigué des les premiers jours s'était totalement inutile. Les jours passèrent inlassablement. Le passage dans la montagne fut le plus froid que le jeune eu jamais connu. Contrairement à Arano, les jours ici étaient bien plus frais, d'un autre côté, l'hiver n'était pas encore partit, donc il était logique que le temps ne soit pas très doux. Heureusement que le jinmen avait prévu cela et donc avait prit des vêtements un peu plus chaud. Une fois les montagnes passé, le temps se radoucit tranquillement jusqu'à être bien plus doux lorsqu'il atteignit la cité d'Erathia. Il s'y arrêta pour la nuit. Toujours aussi imposante, toujours aussi étrange et surtout bruyante. Il partit tôt le lendemain pour arriver assez tard le soir à Cydonia. Cette ville était étrangement calme, peut être parce que le soir était venu. Il prit donc place chez un ami qui lui prêtait un endroit de sa maison pour tout le temps qu'il voulait. Ce n'était pas si mal d'avoir des jinmens amis dans cette immense capitale. Demain, il allait devoir se familiariser avec la ville, ça, ce ne serait pas une mince affaire.

Il descella donc Akiko, elle avait le droit à pas mal d'avoine et de foin pour toute la durée du trajet effectué. Même Kiri était totalement exténuer et donc c'est à grand renfort de bâillement de la part de tous qu'ils partirent se coucher tranquillement. L'aube ne tarda pas trop à pointer le bout de son nez alors que Jun était déjà debout. Matinal lui ? Pas le moins du monde, en vérité, le jeune homme ne savait pas dormir tard, ce n'était pas du tout son genre. Il était d'ailleurs depuis pas loin de vingt minutes entrain de s’entraîner au combat. Comme à son habitude, tous les matins étaient ainsi, un genre de rituel. Durant le voyage, il avait pu s'exercer un peu à sa nouvelle maîtrise, même si à bien y regarder les progrès n'étaient pas fulgurant. Il avait encore beaucoup de mal à gérer le vent et surtout à lui donner une consistance correcte tout en ne puisant pas trop d'énergie. C'était cela le plus compliqué dans la maîtrise, ne pas trop puiser d'énergie. Il soupira tranquillement et alla prendre une douche. Aujourd'hui était un grand jour et finalement Kyoshiro vint le voir pour lui montrer la ville.

« Alors prêt pour l'aventure. »

« Oh toujours, je ne serais pas ici sinon. »

Ils prirent alors le chemin de l'agora marchande et là Kyo si mit à déblatérer tout ce qu'il savait. La tête de Jun explosa limite sous le flux d'information si bien que son ami finit par se moquer de lui tellement il avait l'air d'être dans le vide. Et pendant tout ce temps, Kiri s'amusait à courir partout comme l'adolescent qu'il était cependant, ce que le dresseur n'avait pas remarqué s'était qu'une jeune femme arrivait et qu'elle ne semblait pas avoir vu l'animal. Il n'eut pas le temps de la prévenir ou de faire bouger Kiri qu'elle butait déjà sur l'Ijika. Il commença alors à courir pour finalement rattraper la jeune fille ce qu'il avait oublié s'était qu'il n'était réellement pas doué avec les jeunes femmes et alors qu'elle était dans ses bras, il la regarda dans les yeux et commença la galère.

« Euh... Vous... Enfin... Vous allez bien ? »

Et voilà, rien de mieux que de bredouiller pour passer pour un crétin. En espérant qu'elle ne s'en offusquerait pas, il la remit sur pied et ramasser ses courses qui s'étaient éparpillé un peu partout.

Depuis que j'ai emménagée à Cydonia, en tant qu'apprentie officielle de Maitre Tiberim, j'y ai fais la découverte d'une vie tout à fait nouvelle pour moi. Marcus me demande parfois de faire des cours à de jeunes apprentis, ce qui à chaque fois me rend mal à l'aise. Je suis trop timide, et trop... indulgente pour réussir à leur faire comprendre leurs erreurs. Alors bien sûr, le nouveau chef de l'établissement m'a aidé, en partie à surmonter ma timidité, mais aussi, et surtout, à rentrer dans une sorte de transe. A chaque fois que je donne des cours, je tâche de n'agir qu'à travers ma maîtrise. Je parle ainsi peu, et montre aux jeunes apprentis les erreurs qu'ils commettent en répétant, inlassablement, les mouvements qu'ils font, et ceux qu'il faut faire. Enfin... les mouvements, ce ne sont pas vraiment des mouvements, il y a aussi une manière de penser, de réfléchir, que je leur transmet en pensant à chaque fois à voix haute.

C'est par ailleurs un excellent exercice pour moi. En effet, pratiquer une maîtrise, sans s'arrêter, durant plusieurs heures me fait travailler mon endurance. Et cela me permet aussi de trouver les points commun entre les différentes maîtrises d'éléments, leur points faibles par la même occasion. Chaque soir je note les observations que je fais, dans l'un des quelques livres que j'ai commencée à écrire depuis ma rencontre avec mon maître.

Au fil des jours, puis des mois, des habitudes se sont installées. C'est ainsi que chaque matin, je vais faire des courses au marché, afin de préparer le repas. Bien qu'il y ait une cuisine à l'école, j'apprécie de préparer moi même mes plats.  On n'est jamais mieux servis que par soit même, n'est-ce pas ?
J'avais beau avoir pris plein d'habitudes, quelques fois, il m'arrivait d'être contraintes de les changer. Comme cette fois ci:

C'était le matin, j'étais allée au marché afin de pouvoir subvenir aux besoins des quelques personnes que je nourrissais chaque jour. Il y avait en effet, en dehors de moi même et de Marcus, quelques autres élèves, qui avait fait part de leur désir de manger des plats plus... exotiques. Car bien que cuisinant les plats locaux, j'essayais souvent de faire connaître un peu mieux aux cydiens les moeurs de mon pays natal.
Arpentant l'agora marchande à la recherche de victuailles, j'avançais sans regarder devant moi, trop absorbée par la diversité des échoppes qui se présentaient à mes yeux. Je ne vis donc pas l'ijika qui me fonçait dessus, peu soucieux des humains et humaines qui vivaient ici. La bête de poil ne fut qu'un éclair blanc dans ma vision, et déjà je me retrouvais par terre. Tiens, bizarrement, je ne m'était pas fait mal, et ce sol était bien confortable... ? Qu'elle était cette farce ?
Le temps que je me remette les idées en place, mon soit disant sol se mit à parler.

« Euh... Vous... Enfin... Vous allez bien ? »

Un jeune homme me tenait dans ses bras, son étreinte était ferme, mais chaleureuse. Je le regardai, et fut surprise de constater qu'il était lui aussi d'Oyashima. Il est vrai qu'il y a de plus en plus d'échanges entre les deux ... pays ?
Il paraissait aussi mal à l'aise que moi. Je me relevais en m'aidant du bras qu'il m'offrit, et m'inclinais respectueusement devant lui.

« Oui... Grâce à vous. » Répondis-je, hésitante.

J'aurais souhaitée en rajouter, mais à vrai dire, je ne savais pas bien quoi dire. Ma bouche resta ainsi entrouverte, cherchant à prononcer quelques mots. Je me mit alors à l'observer, lui, qui me surplombait de plus d'une tête. Ses cheveux, d'un noir bien de chez nous, étaient coupés assez court. Ses yeux aussi étaient noirs d'ailleurs, je trouvais cela un peu troublant...
Il m'aida gentiment à ramasser mes courses, qui s'étaient éparpillées sur la chaussée au moment de ma chute. C'était plaisant de rencontrer quelqu'un d'aussi attentionné. Mes affaires remises en ordre, ma robe époussetée, je continuais de me tenir là, devant ce jeune homme. J'observais alors, perplexe, la cause de ma chute revenir au petit trop, et se frotter contre l'homme qui me fait face. C'était bien ce que je pensais avoir vue: Un ijika. Une sorte de panthère, mais plus haut sur pattes et plus svelte. C'était un félin originaire de nos contrées, que l'on trouvais aussi communément que des tigres en Azthia.

« At-Attendez ! Il... Il est avec vous ?! »

Je ne sais pas si ma réaction était justifiée, après tout, ça ne changerais rien à ce qu'il s'est passé. Mais tout de même, savoir que,  d'un certain point de vue... il pouvait l'avoir fait exprès ! Il y a bien des personnes qui savent se faire obéir des animaux, alors pourquoi pas. Ce serait vache tout de même ! Je continuais ainsi de réfléchir, afin de savoir comment je devais réagir. D'un autre coté, une telle réaction signifiait qu'il s'intéressait à moi, c'était flatteur, mais je n'avais par contre absolument aucune idée de la conduite à adopter dans ce cas !
C'est vrai qu'il était plutôt beau.... Il était habillé de vêtements chaud, et pourtant, la fin de l'hiver approchait à Cydonia, et le climat commençais à se montrer plus clément.
Je continuais à lui parler, mais cette fois dans notre langue.

«Vous voyagez ?»

Mon panier au bras, je continuait de me tenir devant lui, guettant avec méfiance le félin qui l'accompagnait. Je n'aimait pas particulièrement les animaux, la seule fois où j'en avait côtoyée était lorsque nous nous étions rendus à Cydonia, j'en avais d'ailleurs gardée un mauvais souvenir, ou du moins, mes cuisses n'avais pas appréciées la rencontre. Du coup j'appréhendais un peu de me trouver de nouveau à proximité d'un animal, surtout que celui, bien qu'il paraissait dressé, étais puissant, vif, et apparemment très en forme. Pour preuve il avait réussi à me renverser sans que je n'ai eue le temps de voir quoi que ce soit...

Grâce à lui ? Non, elle ne devrait pas dire ce genre de chose après tout c'était à cause de lui qu'elle était tombé. Enfin techniquement parlant ce n'était pas réellement lui, mais finalement si on y regardait bien l'ijika était à lui et donc ipso facto c'était de sa faute. Le dresseur finit de lui ramassé ses courses avec un sourire d'excuse. Comme toutes les fois ou s'était nouveau, Kiri sautait partout et voulait jouer avec tout le monde ou alors se méfiait de tout le monde et en venait à leur sauter dessus en grognant. Bref, il était réellement hors de contrôle lorsqu'il n'était pas dans un environnement connu. Jun avait parfois hâte de le voir grandir pour éviter ce genre de désagrément, et d'autre fois, il aurait aimé le garder insouciant comme il l'était. Cependant s'il n'avait pas encore atteint sa taille adulte, il n'était pas petit pour autant et le fait qu'il ne fonce comme ça sans regarder où il allait pourrait leur poser des problèmes et des problèmes ils allaient probablement en avoir au vu de la jeune femme qui venait de s'exclamer qu'il était à lui.

« Euh oui, il est à moi. Désolé. C'est encore un adolescent et dans les endroits qu'il ne connaît pas, il a tendance à être un peu fou. »

Il descendit doucement et caressant la tête de l'animal qui était venu quémander des caresses. Après les réprimandes il demandait toujours des caresses. La tendresse qu'on pouvait voir entre l'animal et le jeune homme montrait à quel point il aimait cet animal, à quel point ils étaient liés et surtout à quel point ils s'aimaient tous les deux. Jun reprit la parole tout en câlinant l'ijika.

« Je me doute que vous pouvez penser que je l'ai fait exprès mais ce n'est pas du tout le cas. Dans ce genre de moment, je n'arrive pas réellement à le tenir, comme un enfant lorsqu'il voit des bonbons ou des spectacles de rue. Chez nous, nous avons tellement d'espace qu'il peut se promener seul, mais ici, il ne peut pas et il vient tout juste de le comprendre. Je vous demande une fois de plus de l'excuser. »

Il se leva et s'inclina comme les jinmens font d'habitude. Pas un salut, mais un réel excuse bien typique de chez eux. Le buste bien incliné pour montrer qu'il était réellement désolé de tout cela. Et puis finalement il releva la tête tranquillement. Elle lui avait posé une seconde question à laquelle il n'avait pas encore répondu. Maintenant qu'il s'était excusé comme il fallait, il n'avait plus qu'à répondre au reste de sa question.

« Voyager n'est pas tout à fait le terme approprié. En fait je viens ici pour le travail. On peut dire que j'ai voyagé pendant un temps mais pour le coup, le voyage s'arrête ici. Je dois m'occuper de pas mal d'animaux ici donc je vais rester un petit moment. »

Il regarda alentour l'air gêné. Il n'était pas très habitué à parler avec les autres et cela devait forcément se voir.

« Euh je suis navré, je ne suis pas très doué avec les Humains en règle générale et encore moins la les femmes. Donc excusez moi si je paraît un peu brut. »

Il rougit quelques peu devant cet aveu, il n'avait pas réellement envie que la jeune femme croit qu'il se fichait d'elle quand même.

« Alors.. euh... et vous, vous voyagez ? »

Il n'avait trouvé que cela à répondre. Bien joué Jun, voilà qui n'allait pas arrangé la discussion.

Au moins ce n'est pas volontaire, c'est rassurant. Le hasard fait bien les choses tout de même... Rencontrer une telle personne dans cette grande ville qu'est Cydonia, je ne l'aurais jamais parié ! J'étais un peu gênée par contre, il était si désolé, c'était troublant. Bon d'accord l'animal qui l'accompagnait m'avait renversé, mais je ne m'étais pas fait mal, ce n'étais pas si grave que ça. Et puis, même si cela avait été le cas, Comme il l'avait dis, c'est un enfant. Il est souvent impossible de tout contrôler...
Je lui souriais alors qu'il continuait de s'excuser, j'avais beau être gênée par cette attitude, la situation m'amusait. Surtout lorsqu'il s'inclina promptement devant moi. Cela faisait longtemps que ce genre de chose n'était pas arrivé. Généralement, c'était plutôt moi qui me retrouvait dans sa situation. Comme à chaque fois où Marcus essayait de m'expliquer quelque chose, et que je ne le comprenais pas, ou que je n'arrivais pas à faire ce qu'il me demandant de la bonne manière.

« Ce n'est pas grave, nul besoin de s'affoler autant. Je ne vous en veux pas. Et puis vous avez été si délicat, il ne m'est rien arrivé de fâcheux, n'est-ce pas ? »

Il paraissait mal à l'aise, étais-ce encore parce qu'il se sentait coupable ? Ou étais-ce simplement de la timidité ? Je n'arrivait pas à l'identifier. Quoiqu'il en soit, ma présence semblait l'embarrasser. J'étais surprise, d'habitude, c'est moi qui suis mal à l'aise avec les autres. Alors que là justement, parce que lui l'était, je me sentais confiante. En tout cas, plus qu'à l'ordinaire. Peut-être le fait de donner des cours avait aider à me sentir moins timide pour parler à quelqu'un. Surement.

« Ainsi vous vous occupez d'animaux ? Ce doit être passionnant, et exténuant aussi, non ? »

Je m'étais mis à rigoler doucement, pensant à la bête de poils qui l'accompagnait, et qui regorgeait d'énergie. Ce ne devait pas être une mince affaire de lui faire apprendre quelque chose, ou de lui donner des ordre.

«Brut ? Mais non ! Pas du tout, cessez de vous inquiéter pour ça voyons !
Pour ma part, cela fait deux ans que j'ai arrêtée de voyager. Je vis ici maintenant, dans l'école élémentaire. C'est devenu mon chez moi, en quelque sorte. Même si c'est toujours bizarre de rencontrer d'autre personnes si tôt le matin, c'est un peu déroutant parfois ! Je voyage encore de temps en temps, mais comme vous le voyez, pas aujourd'hui. »

J'évitais de le regarder, car je savais qu'il allait se sentir mal à l'aise, mon regard se porta donc sur l'ijika qui s'était blottit contre son maître, et qui m'observait de ses yeux jaunes. Il avait le pelage blanc, mi-long, et devait bien faire la taille d'un tigre, bien qu'il soit plus mince. Il arrivait à hauteur des reins de mon timide inconnu. Lequel le caressait doucement, sous les ronronnements de satisfaction du félin. Comment pouvais-je en vouloir à une si belle créature ?

« Vous prévoyez de rester combien de temps ici ? »

Pourquoi devait-il être tant mal à l'aise ? Ça, il n'en savait rien. Depuis tout jeune, la seule fille avec qui il avait réussit à parler était sa sœur. Peut être parce que justement elle n'était pas une fille comme les autres, pas une fille qui pourrait s'intéresser à lui de cette manière. En fait, ce qui lui faisait réellement peur s'était surtout les relations finalement. Cette proximité, cette obligation de résultat, le fait de faire confiance aux autres, mais aussi et surtout le fait de faire souffrir les autres. Il avait tellement peur de ne pas être à la hauteur qu'il se faisait souffrir lui même. Comment avait-il pu en arriver à ce stade. Il tenta de se détendre et grâce à Kiri, il y réussit un peu. Ce n'était pas parce qu'on parlait avec quelqu'un qu'on se retrouvait forcément à la faire souffrir d'une manière ou d'une autre. Étrangement, se lier avec les animaux n'avait pas le même effet sur le dresseur. Parce qu'il était certain d'une chose, celui qui serait le premier à souffrir, ce serait lui en fait. Il chassa cette idée et sourit aux paroles de la jeune femme. Il était d'accord sur ce point, il n'était rien arrivé de fâcheux, mais tout de même.

« C'est vrai il n'est rien arrivé de fâcheux, mais il n'empêche que s'excuser ne coûte rien et puis même s'il n'est rien arrivé, il vous a quand même fait tomber. Si je ne m'excuse pas, il ne comprendra pas qu'il ne doit pas le faire. »

Il s'arrêta un instant conscient que ce genre de comportement pouvait être étrange pour elle. On le traitait parfois de cinglé parce qu'il n'était pas tout à fait comme tout les dresseurs. Contrairement aux autres, il ne cherchait pas l'obéissance par la menace ou par les coups. Il cherchait l'obéissance par la présence, la gentillesse et la compréhension. C'était aussi beaucoup pour cela que les autres dresseurs arrivait rapidement à ce qu'il voulait mais que les animaux semblait un peu trop peureux à son goût. Avec son apprentissage, Kiri restait libre de ses mouvements mais savait ce qu'il ne fallait pas dépasser comme limite. Certes, il mettait toujours plus de temps à dressé un animal, mais peu lui importait le temps, il n'y avait que le résultat qui comptait. Alors qu'il était partit dans ses pensées, il manqua quelques bout de phrase mais comprit le sen de la question. Il n'eut pas le temps de répondre qu'elle reprit sur sa réplique. Brut, il savait qu'il l'était parfois ses paroles étaient complexe et il ne savait pas comment faire pour remédier. Sa façon de dire les choses était comment dire, sèche et sans sentiment la plupart du temps et cela ne plaisait pas du tout à certaine personne. Seulement la jeune femme ne semblait pas réellement s'en faire et cela le soulageant quelque peu, la tension sur ses épaules diminua et il prit la peine d'écouter ce qu'elle avait à dire.

Ainsi, elle avait voyagé. Ce n'était pas plus mal. Il le fallait pour se forger un caractère. Il n'y avait rien de mieux que de voyager, de voir du pays pour voir ce que l'avenir vous réservait et surtout pour se rendre compte qu'on avait envie de s'établir dans des endroits différents. Pour le moment, Jun n'avait pas réellement envie de bouger. Il devait encore s'occuper de sa famille, même s'il se rendait bien compte que ce genre de chose était de moins en moins vrai. Après tout, chacun dans cette famille avait une vie et lui qui s'était dévoué à eux n'avait rien d'autre que quelques amis et les animaux. Peut être était-il temps pour lui de voir autre chose. De sentir autre chose, de voir autre chose. D'élargir ses horizons ? Il entendit finalement la dernière question et se demanda bien quelle réponse il allait pouvoir faire. Ses voyages n'avait pas réellement de temps. Il ne savait pas trop comment le dire, mais finalement il se décida à dire ce qu'il disait d'habitude.

« En fait, je n'ai jamais de temps prédéfinis. Cela dépend de la demande, de l'animal et surtout de la famille. Certains veulent ça de suite, d'autre préfère attendre être certains que l'animal soit complètement dressé. Là, j'en ai trois à m'occuper pas en même temps mais pas loin. Donc je ne sais pas, je devrais rester un bon mois, voir plus peut être. »

Il s'arrêta un instant puis reprit sur la question qu'elle avait posé avant.

« En fait s'occuper d'animaux, c'est comme s'occuper d'enfant. Il faut leur montrer ce qu'ils doivent faire mais toujours en douceur et fermeté. Comme avec cet adolescent. Il a apprit de nombreuse chose, mais il est encore tout fou lorsqu'il rencontre de nouveaux endroits. C'est aussi un peu pour cela que je l'emmène partout. Il s'est assagit avec le temps. C'est passionnant, je ne peux pas le nier. J'ai toujours aimé cela et puis c'est comme s'ils étaient ma famille. Mais parfois c'est usant. J'ai l'impression d'être toujours sur les rotules par moment, mais je n'arrêterais pour rien au monde. Pas seulement pour voir le sourire des gens lorsqu'ils récupèrent leurs animaux dressé, mais aussi pour la joie de pouvoir compter parmi ses amis des animaux sauvages comme lui. »

Son regard se tourna vers Kirino qui feula doucement. S'il n'avait pas eu cet animal, comment se serait-il comporté ? Il aurait fait sa vie en tant que mercenaire, ou alors combattant dans une arène peut être. Il aurait été coincé en quelques sortes. Finalement le dressage l'avait sauvé et ça il le savait depuis longtemps. Conscient finalement qu'il avait peut être trop parlé, il releva la tête et reprit la parole.

« Excusez moi, j'ai un peu tendance à m'emballer lorsque je parle de mon travail. »

Il s'arrêta encore un instant et remarqua quelque chose d'assez dérangeant.

« Euh.. Excusez moi une fois de plus. Je me nomme Jun. Jun Kitajima et je viens d'Arano. »

Un sourire s'afficha sur le visage du jeune homme qui le rendit alors moins gauche et brut et finalement il reprit doucement.

« Vous avez dit que vous étiez de l'école élémentaire c'est ça ? Cela veut dire que vous maîtrisez un élément ? »

C'est vrai que s'excuser était la moindre des politesses vu ce qui s'était passé, mais c'était surtout le fait d'autant se justifier que j'avais trouvé superflu. Je comprenais parfaitement son point de vue, la punition est inutile dans tout apprentissage d'après moi, il faut juste de la patience et de la compréhension entre maitre et élève.  Et j'imagine que ce doit être similaire pour ce qui est de dresser un animal, c'est aussi un apprentissage, peut-être même plus complexe, je n'ai jamais testée, je ne peut donc pas savoir, mais les chances sont grandes pour que ce le soit.
Alors qu'il prenait un temps pour reprendre son souffle, je remarquais que son regard avait changé, il semblait s'être affirmé, être plus... vivant. Mon impression se confirma lorsqu'il repris la parole, et je me mit à penser que finalement, il était bien bavard pour quelqu'un qui se disait avoir du mal avec les "humains".
Je l'écoutait avec intérêt, approuvant parfois ses propos d'un hochement de tête, ou d'un sourire. Je n'avais encore jamais rencontrée de personne aussi passionnée par son travail, et la manière dont il en parlais me donnais presque envie de l'exercer à mon tour. C'est vrai que les animaux sont des êtres merveilleux, et pouvoir établir une relation avec eux, comme ce dresseur le fait, est une chance inouïe. Il s'excusa de son enthousiasme, ce qui m'amusa.

« Vous êtes bien bavard finalement ! Votre travail est merveilleux , je vous envie presque.»

Cela ne m'avait pas dérangeais qu'il ne se soit pas présenté, après tout je ne disais pas mon nom à toutes les personnes que je bousculait dans la ville, plus de la moitié de celle-ci me connaitrait, vu ma maladresse... Mais au point où on en était, c'était une bonne idée qu'avait ce Jun Kitajima. Son visage s'éclaira d'un sourire, il était plutôt séduisant ainsi.

« Enchantée Mr Kitajima, Je m'appelle Himiko, et je viens de... Hoshizora avant d'avoir passé quelques année à voyager puis d'avoir déménagé ici. »

J'avais un peu hésité, mais mon seul vrai foyer avait été chez mon oncle, le seul endroit où j'ai eu l'impression d'être à ma place. Ce qui n'était pas le cas à Koubaï, où j'avais été hébergée après la mort de mon oncle.
Mais comme il le disait, maintenant, j'étais à l'école élémentaire, désormais ma place était ici, et je comptais bien profiter. J'y avait trouvé un foyer, un travail, et plus important encore, une famille. Depuis que je le connaissais, Marcus avait été comme un père pour moi. Il m'avait éduqué, enseigné ses savoirs, il m'avait fait explorer le monde. Et finalement, nous étions arrivés ici; où il avait fait de moi son apprentie, et sa servante, de ma nière officielle. Je lui devais beaucoup, j'en étais consciente.

« Tout à fait, j'y enseigne pour être précise, enfin, entre autres. J'assiste aussi Mr Tiberim, le directeur, lorsque nécessaire. Comme j'y enseigne, oui, je maîtrise aussi un élément. Pourquoi poser cette question ? »

Il y avait de forte chances qu'il soit lui aussi capable de maîtriser un élément, je ne voyais pas dans quel autre but il aurait put poser la question. Décidément, ce jeune homme était quelqu'un de captivant ! Je commençais à m'imaginer quel élément il pouvait maîtriser, même si avec le peu de chose que je connaissais de lui, mes chances d'être dans le juste étaient minces. Vu sa timidité, j'enlevais le feu, ce sont généralement des personnes au fort tempérament et qui laissent exprimer leurs émotions facilement qui était affiliées à cette maîtrise. Ce n'étaient bien sur que des suppositions, et des cas contraires existaient, mais j'estimait que c'était les "exceptions qui confirment la règles". Marcus m'avait en effet appris que la maîtrise d'élément d'une personne reflète sa personnalité. Quelqu'un de timide et d'attentionné n'allait pas pouvoir maîtriser le même élément qu'une personne arrogante et téméraire. Chaque élément avait donc une personnalité qui lui était propre, à quelques détails près, et avec des exceptions pour certaines personnes. L'eau était par exemple un élément maîtrisé en grande partie par des personnes posées, réfléchies, calmes. Sur ce point, je ne dérogeais pas à la règle, bien au contraire. J'en étais même plutôt l'archétype.
Ainsi, j'essayais de voir ce qui pouvait correspondre à ce dresseur. Et pour l'instant, je restait indécise entre l'eau, le vent et la nature. Le fait d'être jinmen o pas n'ayant aucune influence, je ne pouvais pas plus m'avancer dans mes suppositions, il ne me restait plus qu'à attendre sa réponse.

«Que diriez-vous de marcher un peu ? J'ai l'impression qu'on commence à attirer le regard, à rester planté comme ça en plein milieu de la rue. »

On était en effet en plein milieu de l'avenue marchande, et avec le nombre de personnes qui passaient, et les regards qu'ils ne cessait de nous jeter, je commençais à me sentir mal à l'aise. J'avais l'impression que l'on devenait le centre d'attention, c'était vraiment troublant. Moi qui avait plutôt l'habitude de me faire discrète et d'éviter tout contact, ou d'éviter d'attirer l'attention, voilà que je me mettais à discuter avec un inconnu. La situation était assez saugrenue !