Le temps des Dieux était enfin venu. Le temps de montrer au monde que ses prières n'étaient pas vaines était enfin arrivé. Diane était une déesse et bientôt elle allait se montrer au monde. Mais pour le moment, comme du temps de son vivant, seules comptaient ses petites amazones. Ses fières sœurs de combat, sa magnifique cité aujourd'hui plus prospère que jamais. Muria. Et aujourd'hui, la reine amazone. Celle-ci se nommait Philéa et avait pris la place de sa mère, instaurant ainsi une dynastie au sein de la cité des femmes. Pendant ces dernières années, la déesse de la forêt avait observé sa prétendante, plus précisément, sa cadette qui la priait chaque soir. Mais en observant Jelenna et connaissant sa destinée, Diane savait parfaitement que cette dernière ne serait jamais reine de son peuple. Tout au plus prendrait-elle la place de cette Kiera un jour, cette place de chef des Sentinelles qui avait été la sienne par le passé. Quant à la jeune Eléa, si elle deviendrait un jour la reine amazone, il était évident qu'elle ne partageait pas sa croyance. Ne restait que Kiera, qui priait chaque soir ses faveurs, et Philéa, reine amazone bien silencieuse qui semblait douter. Que croire quand le monde que l'on connait disparait peu à peu en silence ? Diane observait maintenant la cité depuis neuf longues années. Au fil du temps, elle avait appris à connaitre chaque membre de cette dernière, du plus infime enfant en bas âge au plus âgé. Soumis compris. Elle avait suivi avec amusement les tentatives d'évasion de ces derniers et avait craint les multiples tentatives d'invasion de la cité. Mais Philéa menait sa cité d'une main de maitre. Une main de fer dans un gant de velours. Philéa avait réussi à placer sa chère cité dans les cités les plus puissantes, multipliant les alliances alléchantes pour Muria, multipliant également les mouvements armés pour démontrer sa volonté farouche de préserver la cité des regards indiscrets.Tout cela avait poussé Diane à agir, bafouant quelque peu les règles de la cité des Dieux.

La question restait de savoir comment intervenir sans bouleverser le cours des choses. Intervenir directement n'était pas possible ... et quand bien même ? Que demanderait-elle à la grande reine ? " s'il-te-plait, j'existe, prie pour moi". C'était un peu idiot non ? Que pourrait-elle bien faire pour convaincre la reine amazone de croire en elle ? De croire qu'elle pouvait l'aider à protéger la cité de son enfance ? Après tout, elle avait beau être une déesse, elle ne pouvait pas forcer les gens à prier pour son salut.Elle avait beau se démener, Silmaria restait la déesse préférée d'Azthia et petit à petit, sa propre histoire tombait dans l'oubli. Viendrait un jour où plus personne ne saurait qui elle était. Pourtant, Diane osait croire que ce jour n'était pas encore advenu, elle osait encore penser que si des petites filles priaient pour elle, alors tout n'était pas perdu sur cette terre. Mais pour en revenir à son problème principal, à savoir à la fois se montrer aux yeux de la puissante reine pour obtenir d'elle son obéissance et sa fidélité, comment arriver à tout ça ?
En réalité, la Tim Roquette venait de lui offrir l’occasion de tester un peu plus la reine amazone et de se faire, de voir à quel point cette dernière lui était fidèle. Par le passé, Diane leur avaient accordé ses pouvoirs en échange de leur prière, mais aujourd'hui, ces deux idiots de la Tim Roquette osaient se servir de ses précieux dons pour faire le mal. SI Diane ne pouvait pas agir, une amazone elle, le pourrait. Philéa tombait bien non ?

Les dieux ne peuvent apparaitre dans le présent. Ils ne peuvent pas non plus influencer l'histoire, tout juste peuvent-ils faire confiance à leur favoris pour défendre leur honneur. Ainsi, Diane, déesse de la forêt, avait-elle choisi le biais du rêve pour intervenir auprès de la reine de sa cité d'enfance. Ce fut de cette façon que Diane intervint auprès de celle qui avait remplacée sa reine. L'herbe de la forêt, encore chargée de la rosée du matin, chatouillait les pieds de la Dame tandis qu'une jeune femme à la peau de pêche et aux longs cheveux de jais, assise en face d'elle, entourée de quatre loups à la fourrure immaculée, attendait sa venue. La déesse sylvestre. Cette dernière, tout juste âgée de dix-huit ou dix-neuf ans à en croire les apparences, prit la parole et sa voix limpide sembla briser quelque chose autour d'elles. Comme si la forêt toute entière s'était arrêtée de vivre le temps de leur échange ...

" Dame Philéa, sois la bienvenue dans mon royaume. "

Diane se tut. Elle était une déesse mais malgré tout, le passé jouait beaucoup chez elle. Ne devait-elle pas être un peu plus respectueuse envers sa souveraine ? Enfin, sa potentielle souveraine, car au fond, elle n'était plus en vie. Non, elle devait se montrer supérieure, elle l'était en toute logique.

" Sais-tu qui je suis Dame Philéa ? " finit-elle par demander.

Ses yeux ne quittaient pas la reine amazone.
Ici, maintenant, tout allait se jouer. Autant pour la souveraine que pour la déesse. Autant pour Muria que pour Azthia.

Philéa s'était endormie en reine, elle se réveillait en ...
En réalité, la grande dame ne savait même pas en quoi elle se réveillait, au milieu d'une herbe gorgée de rosée du matin et face à une femme qu'elle ne connaissait que trop bien et à la fois ... pas assez. La voix douce et chaleureuse de la demoiselle, qui tout au plus devait être âgée du même âge que Kiera, ne rassura pas pour autant la souveraine amazone. Oui, elle savait qui était cette jeune femme aux longs cheveux noir de jais, oui, elle savait à qui appartenait ses yeux d'un bleu glacé, oui, elle savait que cette peau couleur de pêche avait subit mille et une souffrances. Oui. Philéa savait. En face d'elle ne se tenait pas n'importe qui, en face d'elle, qui lui parlait avec un ton supérieur et pourtant plein de respect, se tenait la belle protectrice de sa forêt, celle qui avait donnée sa vie pour sa citée.
Diane.
Ce nom monta directement aux lèvres de la souveraine amazone tandis qu'elle prenait place. S'asseyant en face de son interlocutrice, elle sentit l'herbe humide perler à travers sa robe. Vêtue plutôt sobrement, tout au plus d'une longue robe beige et de sandalettes assorties, Philéa observa la déesse de sa cité sans même se demander pourquoi elle était là. Diane ... ce nom n'était plus que murmuré dans les couloirs de sa cité et pour cause, la jeune fille qui le portait avait connu un destin tragique.

Pour connaitre l'histoire de Diane, il fallait remonter aux premiers temps de la cité de Muria, lorsque celle-ci n'était encore que quelques pierres étendues ça et là. Lorsque la cité n'était qu'un espoir pour des centaines de femmes, réunie sous la même bannière : celle de la liberté. A cette époque, une petite demoiselle était née entre les murs de la cité, ou peut-être était-elle née juste avant, peu importait. Cette petite fille allait devenir la Chef des Sentinelles ou du moins, l'équivalent de l'époque, à l'âge de seulement seize ans, âge qu'avait aujourd'hui Kiera. Cette enfant si douée et si dévouée pour la cité comblerait de joie ses paires ... du moins c'est ce qu'elle croyait, car au final, l'histoire racontait que Diane avait été tué. Personne ne pouvait dire par qui mais nombre des anciennes amazones qui avaient transmis cette histoire accusaient plus ou moins leur souveraine de l'époque, qui avait d'ailleurs disparu peu de temps après ... Mais peu importait, ce qui avait toujours choqué Philéa dans cette histoire, c'était que Diane avait été tué à l'âge approximatif de sa fille ainée. Dans la fleur de la jeunesse, la petite demoiselle n'avait jamais connu l'amour, l'amitié et autres sentiments. Sa vie n'avait été que servitude et le seul amour qu'elle avait reçu, de sa jumelle, lui avait été brutalement retiré. Que Diane soit aujourd'hui devenue une déesse ne pouvait que la rassurer, au moins, la jeune femme vivrait éternellement cette jeunesse qu'on lui avait volé. Mais elle ne connaitrait jamais l'excitation, la joie de vivre, la peur du lendemain, les sentiments simples qui faisaient des êtres humains des êtres mortels.

" Je sais qui vous êtes, Noble Dame. "

La voix de Philéa n'avait pas tremblé.
Elle éprouvait du respect envers la déesse maudite de leur cité. La fidélité de Diane envers Muria avait été telle que même la mort n'avait pas pu la séparer du bastion amazone ... Pourtant, ce qui inquiétait désormais Philéa était la raison de sa présence. Que lui voulait la grande déesse de son peuple ?

" Que me vaut l'honneur de ma présence ici Noble Dame ? " demanda-t-elle.

La reine amazone se demandait ce qu'une déesse telle que Diane pouvait avoir à faire avec elle, simple mortelle. Avait-elle commis une erreur et Diane était là pour la corriger ? C'était peu probable. Non pas que la jeune femme soit présomptueuse, elle ne l'était que lorsque les circonstances l'exigeaient, mais elle savait que les dieux n'intervenaient que rarement dans le monde des vivants, ce qui l'intriguait d'autant plus. Pourtant, elle préférait laisser la demoiselle en face d'elle lui dire ce qu'elle attendait de sa présence plutôt que de chercher d'éventuelles réponses. Elle espérait simplement que la déesse n'allait pas faire tomber tout de suite sur elle le châtiment pour les innombrables mensonges qu'elle servait notamment à ses deux filles.
En observant Diane de plus près, Philéa crut voir un instant Kiera et Eléa. Cette impression étrange de déjà vu lui glaça le sang un instant avant qu'elle ne recouvre son calme.

Philéa avait tout d'une grande reine amazone. Même en face de la déesse représentant sa ville, sa précieuse cité de Muria, la jeune femme faisant preuve d'un savant mélange entre dignité, fierté et respect. Diane apprécia l'attitude de la jeune souveraine tout en gardant le silence. Elle observait, elle regardait, elle jugeait. Si Philéa était ici, ce n'était pas pour une cure de jouvence ou pour le plaisir, la déesse avait pour objectif de tester les capacités ainsi que l'éventuelle foi de la reine, ni plus ni moins. Et puis ... cette Tim Roquette lui causait bien trop de soucis pour la laisser agir impunément.
Diane attendit quelques minutes avant de répondre à la question de l'amazone. L'honneur de sa présence ici, même dans la formulation de ses phrases, Philéa faisait preuve de beaucoup de tact, de respect ... elle avait énormément de défauts, Diane avait pu le constater ces dernières années, mais également beaucoup de qualités. Question politique, Philéa était intraitable, de loin la meilleure souveraine ayant réussit à sortir Muria de l'ombre des arbres de sa forêt.

" Je suis la voix de cette forêt " commença Diane, le regard perdu dans le lointain, " je suis l'esprit et l'essence de Muria. Je suis Muria et ses amazones ... Depuis maintenant des dizaines d'années, j'observe et protège la cité de mon enfance, ainsi que mes héritières, que vous êtes. Je veille sur les hautes murailles de cette cité en tant que déesse comme en tant que Sentinelle. La Sentinelle des âmes, voilà comment certaines m'ont appelées, ta fille la première Dame Philéa. Je garde la cité mystérieuse aux yeux des étrangers et protège de mon mieux ces femmes venues quérir du secours auprès de la fière cité libre des amazones. Tu es une grande reine Dame Philéa, tu as su faire donner à cette cité une ampleur qu'elle n'avait alors encore pas connu, mais vers qui va ton allégeance ? Seras-tu seulement capable de protéger ma précieuse cité sans mon aide ? Je pense que oui, et pourtant, c'est moi qui requiert la tienne aujourd'hui. Le sort a toujours été d'une ironie ... "

La voix de la jeune femme se perdit dans le lointain, comme si au fond, elle ne parlait pas vraiment à son interlocutrice mais plus généralement, à tout ceux qui voulait l'entendre. Comme si en réalité, elle parlait pour elle-même.

" Je suis venue à mon tour quérir ton aide. Comme ces jeunes femmes, je suis une âme meurtrie qui jamais ne trouvera le repos. Dame Philéa, sois mienne, et tu recevras les dons que j'offre à mes fidèles ... " psalmodia la déesse, cette fois-ci s'adressant bel et bien à son interlocutrice.

Un fin sourire éclaira les traits de la jeune demoiselle qui était pourtant bien plus âgée que la souveraine amazone en place. Dans un dernier souffle, elle lui dit :

" Je te guiderais vers eux mais en échange, promets-moi de les punir pour moi. "

Voilà qui était bien énigmatique, mais la jeune femme, lorsqu'elle fut certaine que sa souveraine accepterait, lui donna de plus amples informations. Le but de sa mission, les enjeux mais également la source cachée de cette mission : si Philéa échouait, Diane l'avait prévenue, elle ne pourrait protéger la cité.

Philéa suivait donc le félin albinos dans l'espoir de tomber sur les deux autres zigotos. En réalité, elle se demandait pourquoi Diane, dans toute sa splendeur, avait pu lui confier une mission aussi futile, même si elle s'exécutait, la reine amazone se sentait ridicule. Accomplir une tâche aussi ingrate … elle ne l'aurait même pas confié au plus idiot des Soumis de Muria mais bon, puisque la déesse sylvestre le voulait, elle le lui offrirait sur un plateau d'argent. La jeune femme poursuivit donc le félin tandis que ce dernier s'enfonçait un peu plus encore entre les arbres de la forêt. A croire qu'il avait décidé lui aussi de jouer avec ses nerfs. La Dame prit soin de suivre l'animal sans se faire repérer, jouant avec son don naturel lui permettant de manipuler le vent et de ce fait, de faire en sorte que ce dernier ne souffle que face à elle. Ainsi, la bestiole ne sentirait pas sa présence.

La souveraine suivit l'animal jusqu'à ce que ce dernier disparaisse derrière un bosquet. Philéa décida de s'y engager à son tour, n'ayant rien à perdre. La jeune femme aurait sans doutes du être plus prudente car une fois engagée, il ne lui fut plus possible de faire demi-tour. Prise au piège, elle se demanda ce qu'il lui arrivait lorsqu'un nuage de fumée s'éleva autour d'elle. Alors que Philéa plissait les yeux pour essayer de distinguer quelque chose dans cette purée de pois, deux voix s'élevèrent non loin d'elle, psalmodiant :


Philéa ne savait pas quoi faire.
Une fois la fumée dissipée, elle hésitait encore entre pouffer de rire et … pouffer de rire. La situation était des plus risible. Un homme, une femme, un chat, un accoutrement immonde et débile … Pour qui la prenait-on ? La reine amazone mit quelques secondes à se calmer, hésitant entre la colère, le rire du fait du ridicule de la situation et la lassitude. Non mais j'vous jure, Diane allait-elle vraiment bien ? Une fois calme, la jeune femme saisit son fouet. Il ne lui serait pas bien difficile de se détacher de ces maudits liens au final. Étaient-ils donc aussi ridicules qu'ils en avaient l'air ? La souveraine de Muria sortit à l'aide de ses mains plus ou moins libres puisqu'elle n'était maintenue que par la taille, son coutelas qu'elle cachait dans le manche de son fouet. Ceci fait, elle reposa le serpent de cuir le long de son flanc et trancha d'un geste sec mais précis les liens qui retenait ses mouvements. Les bouts de ficelle tombèrent au sol. Maintenant libre, la jeune femme se tourna vers les deux crétins qui avaient gardé leur pose. A nouveau, elle se demanda si Diane ne s'était pas moquée d'elle en l'affublant d'une telle mission mais non, apparemment, les deux autres s'y croyaient vraiment … déjà, ils commençaient à redire des bêtises.

« Qui es-tu pour oser troubler notre tranquillité ? » demandèrent-ils en cœur.
« Miaouuuuuu ! » poursuivit le chat albinos qui les accompagnait en crachant.

Okay … là, c'était critique.
A croire qu'ils pensaient vraiment être comme ces méchants dans les histoires qu'elle contait à sa petite dernière avant de s'endormir le soir … Non mais franchement ! Se disputant à nouveau entre le rire et la pitié, Philéa leur répondit tout aussi solennellement :

« Je me nomme Philéa, reine amazone de la cité de Muria et je viens au nom de Diane, la déesse protectrice de ces lieux que vous bafouez. »

Voilà qu'elle se prenait au jeu … après tout, le ridicule ne tuait pas puisqu'ils étaient encore en vie alors que risquait-elle en se mettant à leur niveau ? Et puis, si Diane l'avait envoyé elle, c'était qu'elle ne pouvait pas agir contre elle et que par conséquent, Philéa devait ruser pour s'en sortir et pour les éliminer ou tout du moins, les neutraliser. En leur parlant ainsi, elle se mettait à leur portée, se plaçait à leur niveau, entrait dans leur jeu et au final, si la stratégie fonctionnait, elle n'aurait pas de mal à les arrêter, simplement en parlant. Ce n'était pas plus mal non ?
Oui, sauf que ceci reste la théorie.
La vie ne fait pas toujours ce qu'on veut …
Les deux autres éclatèrent de rire, comme s'ils se moquaient éperdument de ce qu'elle venait de leur annoncer. Génial … De mieux en mieux ! Philéa ne céda pas à la colère pour autant. Après tout, elle allait de surprise en surprise depuis ce matin alors un peu plus un peu moins, ce n'était pas ce qui allait la déranger.

« Tu te prends pour qui petite reine ? » demanda l'homme du couple.
« T'es même pas belle en plus ! Je suis mille fois plus belle que toi ! » lança la femme.

Philéa commençait à s'impatienter. Depuis longtemps déjà, elle ne supportait pas les gamineries et ces deux-là étaient plus que gamins, ils étaient totalement décalés ! Non, ça n'allait pas coller, surtout s'ils commençaient à l'insulter. La souveraine amazone les observa, estimant à quel moment il lui faudrait entrer en action. Lorsqu'elle fut à peu près sure d'elle, elle se décida à répondre :

« Vous occupez le territoire amazone sans permission. Veuillez partir je vous prie. »

A nouveau, ils éclatèrent de rire.

« Mais nous étions là bien avant que tu ne deviennes reine petite reine ! » se moquèrent-ils.

Okay, c'était la goutte de trop.
Sortant le serpent de cuir de son étui, la reine amazone le fit claquer devant elle. A présent réveillé, le serpent semblait chercher sa proie. Un sourire pourtant apparu sur les lèvres des deux idiots, bien persuadés qu'ils allaient gagner.

« Miaou à l'attaque ! »

A la grande surprise de Philéa, le matou blanc fonça vers elle, toutes griffes dehors. La reine ne tenait pas à blesser le pauvre animal. Elle savait en effet que dans sa bonté, Diane permettait de prendre momentanément le contrôle des animaux et sans doutes ces deux idiots profitaient-ils de ce don à mauvais escient pour l'attaquer maintenant. Elle se contenta donc d'enfermer le matou dans sa prison de vent, ainsi, il serait à l'abri des deux autres et elle, serait à l'abri de ses petites quenottes ou de ses griffes. La situation frôlait plus que le ridicule tout de même pour autant, les deux autres ne semblaient pas s'en rendre compte.
A nouveau, ils appelèrent des bestioles qui une à une plongèrent vers la reine amazone … Patiemment, la jeune femme les enfermait dans la petite prison de vent qu'elle avait confectionné pour le matou albinos. Combien de temps ce cirque allait-il durer ? Elle observa la prison de vent qu'elle leur avait confectionné et se rendit alors compte de quelque chose, les animaux semblaient totalement affolés certes, mais plus par le fait de se retrouver emprisonner avec leur prédateurs naturels que parce qu'ils n'accomplissaient pas leur mission. C'est alors qu'elle comprit. Sans la voix de leur maitre, ils n'obéissaient qu'à leur instinct, comme tout animal qui se respecte ! C'était donc ça la solution la plus rapide et la plus efficace pour faire taire l'homme à la rose et la pimbêche. Bien, parfait !
Ne s'occupant plus de ce qu'ils faisaient, surement étaient-ils d'ailleurs en train de chercher d'autres animaux innocents du coin pour l'attaquer vu ceux qui étaient déjà emprisonnés dans sa prison, elle avait du considérablement réduire leur réserves, Philéa se concentra et profita des quelques secondes de répits pour faire disparaître la tornade autour des animaux qu'elle avait capturé et la recréer autour des deux zigotos. Ainsi, en intensifiant le vent autour d'eux, ils leur seraient impossible d'invoquer les animaux contre elle. Neutralisés, elle regarda les bestioles fuir une à une le «champs de bataille».

Le serpent de cuir claqua autour des deux idiots et les emprisonna de ses crocs acérés. Philéa entra alors dans la petite prison qu'elle leur avait confectionné … Sur ce coup, elle aurait mieux fait de s'abstenir. Elle qui les prenait déjà pour les plus grands guignols que la terre ait porté, voilà qu'elle les entendait se disputer :

« Je t'avais bien dit de ne pas choisir les campagnols ! Mais non, madame a toujours raison ! »
« Je ne comprends pas … c'est pourtant moi la plus belle … »
« Tu n'es qu'une … »

Philéa ressortit de leur prison, morte de rire.
C'était vraiment invraisemblable, comment ces deux idiots avaient-ils pu faire trembler leur déesse ? Non franchement, la situation, déjà ridicule, était carrément insolite ! Lorsque Diane apparu, la reine amazone riait encore. La déesse ne fit d'abord pas attention à elle, observant durement les deux prisonniers. Pourtant, quelque chose dans son regard permettait à Philéa d'affirmer qu'elle n'avait pas l'intention de les punir. Certes ils n'étaient pas bien méchants, bien qu'ils se servent des animaux pour quelques trafics et éventuellement, pour se défendre, mais ils étaient surtout débiles et insignifiants aux yeux de la jeune femme.

Diane s'approcha enfin de la reine amazone.
A nouveau, elle souriait de son sourire calme et bienveillant.

« Je te remercie reine Philéa. » précisa-t-elle dans un nouveau sourire.

« Sans ta précieuse aide, je n'aurais pas pu venir à bout de ces jeunes gens. Je suis une déesse et en tant que tel, je ne peux pas influencer la vie du commun des mortels. »

Philéa ne dit rien, pour elle, les remerciements de la déesse étaient déplacés car après tout, elle n'avait pas fait grand chose. En effet, n'importe qui, même un enfant quelque peu ingénieux, aurait pu venir à bout des deux zigotos alors elle ne méritait pas ces compliments. Gardant le silence, la reine amazone attendait surtout la sentence que déciderait Diane à l'encontre des deux autres. Elle savait la déesse sylvestre quelque peu douce et surtout, elle connaissait sa non-violence. Et ça ne manqua pas, la Dame lui demanda de les relâcher, affirmant qu'ils avaient compris la leçon … cette fois, la situation n'était pas ridicule, elle était totalement stupide aux yeux de Philéa. Pourquoi lui avoir demandé de les neutraliser alors que la déesse se savait incapable de les punir à juste titre ?

« Noble Dame, avec tout le respect que je vous dois, ils sont sur mes terres. Ils perturbent la vie sur ces dernières et je ne peux donc pas accéder à votre demande. » commença Philéa, sure d'elle.

Elle n'était pas reine pour rien.
Depuis qu'elle avait succédé à Jenaa, Philéa avait toujours fait en sorte de prendre les meilleures décisions pour le bien de sa cité comme pour le bien de sa petite famille. Ce n'étaient certes pas toujours les bonnes mais elle tentait d'être la plus juste possible. Aujourd'hui, la demande de Diane ne lui paraissait pas être la plus juste et la plus adaptée à la situation. Elle observa les prisonniers avant de reprendre :

« Pour votre cruauté envers autrui, je vous bannis de mes terres. Que je ne vous revois plus, car sinon, mes Sentinelles n'hésiteront pas à vous éliminer. Quant à vos dons … », Philéa marqua une pause, se tournant vers Diane, puis reprit, « Je suppose que Dame Diane saura quoi faire les concernant. » conclut-elle enfin.

Diane parut étonnée dans un premier temps par la réaction de sa protégée. N'était-on pas censé obéir aveuglément aux ordres de nos dieux ? Dans sa tête, l'admiration se disputait à la colère pourtant, elle se pencha sur les deux prisonniers, les toucha de sa main d'opaline et se retourna ensuite vers Philéa.

« On m'avait dit que tu étais une grande reine Dame Philéa et je constate que certaines rumeurs sont parfois vraies mais prends garde, si ta décision aujourd'hui me semble la plus juste, ce ne sera pas toujours le cas. Il te faut encore apprendre à rester à ta place. » précisa la jeune déesse dans un sourire.

Ce fut dans ce même sourire que Diane disparut parmi les arbres.
Philéa ne savait pas bien si elle avait vexé la déesse protectrice de sa cité ou si au contraire, elle lui avait plu, mais quoi qu'il en soit, elle avait rempli sa mission. Les deux idiots quant à eux s'étaient vu privés de leur pouvoirs, repris par la déesse elle-même, et interdit de séjour dans la forêt. Ainsi, elle n'était pas prête de les revoir et eux n'étaient pas prêt de causer à nouveau du souci à qui que ce soit. Tout est bien qui fini bien en somme …
Ce fut accompagnée du rire distant de Diane que la reine amazone regagna la cité, laissant derrière elle, à la lisière de sa forêt bien aimée, les deux idiots de service.

Au moins, Philéa avait gagné quelque chose. La protection de sa citée par sa déesse bien aimée, mais aussi l'assurance que l'être qu'elle aimait le plus au monde serait en sécurité. Ainsi, la petite princesse bis était-elle devenue par cette action la protégée des dieux, de la déesse Diane tout du moins.

[ Désengagées : Diane, Philéa ]
[ Quête terminée : Jame et Jessy neutralisés, compétence bonus "faveur divine de Diane" offerte à Jelenna ]