La course vers les trois soldats qui se présentaient à moi fut plus dure que prévue.
La fatigue, la douleur provoquée par ce Soumis stupide qui été mort quelques heures auparavant, le soin, la manipulation des ronces, tout ceci avait eut le don de me ralentir et m'épuiser. Pourtant, je devais aider Kiera, je devais à tout prix défendre jusqu'au bout le secret de Muria. Et c'est ce que j'allais faire.
Le premier homme s'abattit à mes pieds tandis que ma rapière avait délicatement ouvert sa gorge. Je n'avais même pas conscience de ce meurtre, comme dans un état second, je l'avais juste vu s'effondrer à mes pieds. Point final. Les deux autres arrivèrent quelques secondes après le chant de la mort que venait de lancer mon arme. Je m'apprêtais à les combattre, peu sure de mon coup. Leurs silhouettes, pourtant proches puisqu'ils essayaient de briser ma garde, m'apparurent floutées. La fatigue prenait l'avantage et mes réflexes se faisaient plus lent. Je le sentais, et pourtant, je n'avais pas peur. La rapière glissa de mes doigts avant même que je ne saisisse comment.

Ma mort était donc programmée depuis le début de ma mission.
Fatiguée, je l'attendais, consciente qu'éviter deux mercenaires relevaient du fantasme. Mais pourtant, la cruelle figure encapuchonnée de noir à la faux géante ne venait pas à ma rencontre ? Quoi, il fallait une invitation en plus pour que ces crétins profite de ma faiblesse pour me tuer ? Une pancarte du genre "allez-y, c'est permis ?" Je relevais la tête et vis leur regard se fixer derrière moi, comme si j'étais invisible. Ils s'étaient arrêtés et un avaient même eut un mouvement de recul. Kiera ne pouvait pas faire autant peur si ? Non, car non seulement ces deux idiots avaient peur, ou tout du moins semblaient moins surs de leur victoire, mais le reste de l'escadron derrière eux semblait lui-même atteint. A être perdue, autant voir ce qui me valait le petit répis avant mon trépas, je tournais donc la tête vers l'élément perturbateur.
Mon regard se posa alors sur ce que jamais je n'aurais cru possible. Philéa, ma mère, était à présent aux côtés de Kiera, la garde des Sentinelles. Celle-ci montait déjà sur un cheval tandis que la reine des Amazones lançait l'attaque, menée par la plupart de notre armée. Jelenna avait donc réussit à rejoindre Muria à temps et prévenir la reine. C'était une chance, surtout pour moi vu qu'elle me sauvait la vie. La reine ordonna l'assaut et je n'eus que le temps de me retourner et voir les mercenaires reculer, prêts à se remettre en position d'attaque. Le reste fut comme un rêve.

Incapable de bouger, je voyais le combat se déroulait sous mes yeux.
Philéa me rejoignit, en scelle sur son cheval couleur de nuit tandis qu'elle me tendait la bride de Tsuki, ma belle jument à la robe pêche. Je mis un temps fou à grimper en sécurité sur son dos et à reprendre mon arme, déposée un peu plus loin. Cette bataille se déroulait sans moi. Kiera à mes côtés protégeait nos arrières tandis que les Amazones décimaient la vingtaine de mercenaires présents sur les lieux. Aucun n'échappait aux lames ou aux flèches de mes sœurs. La peur emprisonnait mon esprit trop faible pour y résister. Je regardais la scène, partageant la mort de chacune des victimes de l'armée au travers de ce don étrange qui me pourrissait la vie. Pour l'heure, je m'en moquais complètement, l'envie de me battre ne coulait plus dans mes veines et la fatigue donnait des teintes sombres et floues aux évènements. Les Amazones en supériorité numérique n'eurent aucun mal à venir à bout des pauvres hommes. Comme l'apparition miraculeuse de l'armée de Muria, le tintement des armes cessa. La bataille était finie. Combien de temps se passa-t-il avant que je ne reprenne mes esprits ?

Trop.
Philéa vérifiait l'état des armes, des Amazones, et bien heureusement, aucune n'était blessée, tandis que Kiera était restée à mes côtés. Je la gratifiais d'un sourire sincère, à la fois pour la remercier d'être restée là à me protéger malgré tout, comme pour la féliciter. Mon regard parcourut ensuite la clairière. L'herbe trempée par la pluie récente ruisselait de sang. Ca et là, des flaques rougeâtres apparaissaient .. Une vingtaine de corps étaient éparpillés sur le terrain, perçés de flèches ou simplement déchirés par des lames. Sans savoir pourquoi, la vision me dérangea et je reportais mon attention sur ma mère, qui d'ailleurs s'approchait de moi. L'heure des explications semblait venue ... et je n'étais guère en état de discuter. Trop fatiguée, j'avais vu cette bataille comme en rêve, alors risquer la colère de ma mère et m'en sortir indemne relevait de la chimère ! Je préférais prendre les devants.

" Jolie bataille ! Heureusement que vous êtes arrivées à temps. "

Inutile de préciser que j'avais causé tout ça. Que j'avais tué l'homme que j'étais censé ramener. M'étais blessée, avait mis Jelenna en danger ... ainsi que Kiera, même si son cas m'importait moins. J'avais pris des risques et avait failli mourir deux fois, dont l'une à laquelle ma propre mère avait assisté. La liste des exactions était longue, c'était le moins que l'on puisse dire !

[ Désoulée, je n'ai pas eu le temps de me relire ^^" Pour pas dire la flemme. ]

Philéa détourna la tête pour admirer le sol jonché de cadavre tandit que tu lui répondais, comme si son esprit vagabondait déjà. Une fois ta question posée, elle mit un certain temps à te répondre sans pour autant se tourner vers toi. Déjà, les Amazones commençaient à ramasser les armes et se regrouper sur le champ de bataille.

"Magnifique... Oui." Prononça-t-elle finalement. "Je suis satisfaite qu'aucune de nos soeurs y aient perdu la vie... Surtout la tienne".

Ça c'était fait. Elle n'en dira pas plus et nul ne pouvait savoir, à part toi peut-être, ce qu'elle pensait véritablement.
Elle soupira et se tourna vers toi.

"Nous faisons TOUJOURS attention, Eléa. A chaque minute, des envieux, des coléreux, des jaloux, des misogynes tentent de nous trouver. Cela ne s'arrêtera que le jour où notre force militaire inspirera le respect le plus total, notre chef d'état la robustesse et la conviction la plus... Influente. Et cela sera ta ligne de conduite lorsque tu me remplaceras. Le sens de la Justice dépend de celui qui la rend. Débrouille-toi pour être toujours cette personne."

Une des rares fois où elle t'avait jamais parlé de sa succession... Reposant le regard sur toi, elle t'interrogea d'un haussement de sourcil:

"Tu es blessée?"

Ca y est.
La gentillesse et la fierté de Philéa avaient laissées place le temps d'une réplique à sa colère. Une réplique, une seule, avait suffi à me faire comprendre que j'étais allée trop loin. Pourtant, elle n'avait pas daigné continuer la discussion, soit parce que la présence des Amazones la gênait, soit, et c'était plus probable, parce qu'elle estimait que la culpabilité serait la meilleure des punitions à mon égard. Et elle avait raison. Sa phrase avait suffi à faire retomber sur mes épaules toute la culpabilité qui avait disparue dans l'excitation du combat. Jelenna ... dire que par mes erreurs de commandement, de jugement plus précisément, j'avais failli devenir fille unique. Avant que Philéa ne m'ai tué bien sur. Je regardais ma mère d'un air entendu, consciente qu'elle avait raison et que je l'avais mérité, en même temps, je m'y attendais. J'estimais même qu'elle avait été "clémente".
Elle passa outre bien rapidement, revenant sur ma première remarque, à savoir de faire attention. De prévoir une éventuelle autre attaque. Elle faisait donc toujours attention ? J'en doutais au vue de ce qu'elle avait confié comme mission à sa toute jeune chef des Sentinelles et sa propre fille. Elle laissait surtout les autres faire attention pour elle oui ! La colère m'aveuglait sans que je ne puisse la chasser. Certes les récents évènements étaient de ma faute, mais de là à ce qu'elle prenne la mouche ainsi ... parfois, son comportement m'échappait. Et pourtant, elle avait encore une fois raison, je m'en doutais. J'avais beau médire à son sujet, je savais que personne mieux qu'elle ne pourrait protéger Muria. Et là encore, je me trompais. Que ne fus ma fierté de l'entendre dire que malgré tout je lui succèderais, et que pour cela, la seule qualité me manquant était la Justice. Malgré toutes mes erreurs, la reine des Amazones ne faisait que m'encourager à devenir meilleure, à me surpasser, inspirer respect et justice ... comme elle-même se bornait à le faire chaque jour qui passait. Inspiré la puissance tout en étant juste, l'idée me paraissait difficile à admettre, mais je lui faisais confiance pour savoir qu'elle ne donnait pas ses conseils à la légère. Un sourire naquit sur mes lèvres et toute ma colère en fut chassée par là-même.

J'avais beau connaitre Philéa, ou croire la connaitre, elle finissait toujours par me surprendre. Me parler de succession, et rares étaient ces discussions, montrait qu'elle m'en voulait certes pour Jelenna, mais que rien ne changeait pour mon avenir. Elle n'attendait de moi que plus de sagesse, plus de qualités qui pour le moment n'étaient encore que mes principaux défauts. Changer, j'en avais toujours été capable pour elle, encore aujourd'hui, je le ferais. Soutenant son regard, je répondais, avec tout le respect que j'avais pour elle et tout celui qu'elle m'inspirait encore maintenant, grande reine qu'elle était :

" Je me débrouillerais pour l'être à ton image. "

Inutile de préciser d'avantage mes pensées. Un jour, je serais reine, et ce jour-là, mon esprit de compétition me soufflait que je ferais tout pour être la plus influente, la plus décisive ... bref, celle qui élèverait Muria au rang de citée reconnue et non de citée recherchée par tous les chiens, pardon, hommes d'Azthia. Pour le moment, j'avais encore à apprendre, surtout niveau relationnel et décisionnel ... !

Quelques minutes s'écoulèrent avant qu'elle ne me demande si j'étais blessée. Ah oui, ma jambe ... mais en réalité, ce n'était pas un problème, la blessure avait beau me lancer, je ne m'en souciais guère. Je ne voulais en aucun cas entacher ma fierté en m'abaissant de nouveau à avouer une de mes faiblesses. Une dernière fois, je soutenais son regard, et répondais d'un ton amusé :

" Une égratignure. Dès que j'aurais récupéré, je la soignerais mieux que je n'ai pu le faire jusque là. "

Nan mais oh ! Je n'étais pas une frêle princesse en détresse attendant son preux chevalier. L'avait-elle oubliée ?

[ Purée ... j'aurais jamais cru que faire un post avec ma mère à côté serait si difficile ... ]

Bien. Avoir une fille qui se plaignait de la moindre trace de sang sur sa tunique n'était pas ce qu'elle attendait en retour. Jamais on est prête avant de monter sur le trône de Muria, mais Philéa essayait, à sa manière, de préparer sa fille à ce moment. Personne ne savait réellement ce que l'avenir réservé à la terre d'Azthia, et mieux valait être préparée à tout. Avoir le contrôle sur les choses, ce qui lui plaisait tellement.

"Alors ne traîne pas. Je retourne à la Cité immédiatement. J'attends ton rapport, à toi et à Kiera le plus rapidement possible également: j'ai hâte de savoir comment nous en sommes arrivées là."



[Ta mission est une réussite au niveau littéraire, humoristique et immersif. Tu récupères sur les cadavres un poignard, un bouclier et une épée encore en état que tu pourras utiliser ou échanger. Une violette trouvée sur les lieux complète ton inventaire, avec en plus quelques graines de cette plante que tu pourras essayer de faire pousser. Bravo à toi pour cette magnifique mission que tu as su enrichir pendant deux mois!]