Description physique:


Caractère, qualités et défauts:



Biographie:

La jeune femme noire, âgée de dix-sept ans, éclata de rire et déposa un baiser sur la bouche de la jeune fille de quinze ans.

« Tu as toujours le droit à un bisou, ma belle Helly ! »

Puis, regardant à droite et à gauche, son visage se fit plus sérieux et elle rajouta en baissant d'un ton :

« Viens, suis moi.

- Où va-t-on ? » Interrogea Hellébora.

L'autre femme lui fit signe de se taire et l'entraîna par la main. Elles sortirent par la porte de derrière et se retrouvèrent dans une des petites rues de Ptot Tah. Hellébora ouvrit la bouche pour rappeler à sa conductrice qu'en tant qu'esclaves elles n'avaient pas le droit de se trouver à cette heure dans les rues, mais un regard furieux de son ainée la fit taire. La jeune femme noire la conduisait rapidement à travers les petites ruelles de la ville. Il faisait chaud et les étoiles resplendissaient dans le ciel, éclairant légèrement la cité.

Sans qu'Helly sans n'aperçoive, Gavy l'avait emmenée jusqu'aux murailles de la ville. Helly s'arrêta brusquement et posa la question qui la tourmentait :

« Gav', où est-ce qu'on va ? »

Sa compagne se retourna et lui sourit :

« On se casse d'ici, on part, fini d'être esclave et tout ça, on va redevenir des femmes libres ! »

Helly la regarda éberluée :

« Qu'est-ce que tu racontes? Comment veux-tu faire ça ? On ne peut pas, on va mourir dans le désert ! Et pourquoi maintenant ? »

Gavy qui était repartie stoppa et la regarda gravement :

« C'est maintenant ou jamais. Tu es trop doué en danse, tu es trop belle pour qu'un noble ne t'achètes pas bientôt. De plus, j'ai prévenu des amis à moi. Ils seront là ce soir de l'autre côté des murailles.

-Et comment on fait pour passer de l'autre côté ? Par l'intervention de Dame Lune ? Et puis pourquoi fuir ? Nous sommes nourris, soignés, lavés, blanchis ! Je ne connais pas le reste de l'Azthia, Ptat-Toh et ma cité, c'est là où j'ai grandi ! Si je pars, je ne pourrais plus jamais revenir !

-Oui tu as grandi ici, mais en tant qu'esclave. Pour eux, tu es une moins que rien ! Depuis tes cinq ans, tu passes de maîtres en maîtres comme de la vulgaire marchandise. Tu n'es pas humaine pour eux ! Ils ont le droit de faire de nous ce qu'ils veulent. Pourquoi rester ? »

Hellébora ne pouvait nier l'évidence. Bien sûr elle ne serait jamais une citoyenne comme les autres dans cette cité. Mais depuis son enlèvement des îles Nua-Ty il y a dix ans, elle avait le temps de s'y habituer. On l'avait élevé comme ça, et même si elle y trouvait gros à redire, elle n'était pas sûre de pouvoir s'adapter à la liberté. Elle ne connaissait de ce terme que ce que lui avait expliqué Gavy qui ne s'était fait prendre qu'à l'âge de seize ans et qui avait gardé une envie de revanche. Elle aimait cette ville, mais ce serait dire au revoir à tout jamais à Gav. Et puis elle était réputée pour être curieuse, il était temps de prouver la vérité de cette rumeur. Connaître le monde ! Sa décision était prise.

« Comment on passe de l'autre côté ?

-Et bien, que t'aies j'appris, Helly ? Je croyais que tu étais devenu une vraie voleuse, capable de crocheter toutes les portes, de briser toutes les serrures, d'atteindre toutes les fenêtres ! On grimpe bien entendu ! »

Hellébora retient une exclamation. Grimper ça ! Mais comment voulait-elle faire ça ? La muraille mesurait au moins 30 pieds de hauteur ! Gavy lui sourit :

« Je blague ! On passe par la porte !

-Quelle porte ? »

Hellébora était légèrement dubitative face à la santé mentale de son ainée. Cependant, la jeune noire la pris par la main et l'entraîna dans un renfoncement sombre à quelques pas de là. Elle sortit de sa poche une clef et la mis dans la serrure. Hellébora s'exclama :

« Tu as volé la clef ?

-Je ne l'ai pas volé, je l'ai emprunté... Enfin si je peux la rendre un jour à son propriétaire. »

Gavy tourna deux fois la clef dans la serrure et la porte s'ouvrit. Hellébora n'avait jamais vu le désert : comme tous les esclaves, elle avait interdiction de sortir de la cité et même de monter sur les murailles. La beauté du paysage l'époustoufla. Les immenses dunes s'étalaient à perte de vue et la lumière des étoiles, bien que faible donnait un côté fantastique à la vue. Elle s'attendait presque à voir sortir des créatures des légendes Nuas d'une cachette secrète situé sous la terre.

Gavy la sortit de sa rêverie en la tirant par la main vers une dune. Derrière, un homme noir, très grand se tenait avec deux chevaux. Il parla avec une voix grave et chaude :

« Tu ne m'avais pas dit que tu emmenais quelqu'un d'autre, Gavina et je n'aies que deux chevaux.

-J'emmènes qui je veux, Tammassi, et de toutes façons, elle ne sait pas monter à cheval. Elle viendra avec moi. »

Gavy la monta d'une poigne forte sur une jument dont les tâches brunes ressortaient étrangement à la lumière stellaire. En montant elle même sur le cheval, la jeune noire rajouta :

« Et au fait, Tama, je ne m'appelle plus Gavina ,mais Gavy. »

Sans écouter la réponse, elle fit avancer le cheval. Le voyage fut long et silencieux. Ils montèrent tout le reste de la nuit et toute la journée suivante. Ils s'arrêtèrent pour dormir le soir. Hellébora était très fatiguée : elle n'était jamais montée à cheval et l'émotion lui serrait tout de même un peu le coeur.

Dans la journée après la nuit glaciale dans le désert, ils arrivèrent face à la mer. La mer ! C'est en voyant la mer, qu'Hellébora fut sûre du choix qu'elle avait fait. Si elle était restée à Ptat-Toh, elle n'aurait jamais vu la beauté que constituait la mer, au reflet toujours changeant, aux vagues immenses, aux crêtes moutonnantes. La mer était un poème, une ode à la liberté.

Ils continuèrent à avancer vers le fleuve, toujours sur la côte. Hellébora n'avait aucune idée de où ils allaient. Vers le milieu de l'après-midi, ils parvinrent à l'embouchure du fleuve. Un flibot y était amarré. Ils mirent pied-à-terre. Hellébora prit la parole :

« Pourquoi prenons nous le bateau ? Où allons-nous ? »

Gavy lui sourit et expliqua :

« C'est le bateau de mon frère ainé, Tammassi. On y va et Tama nous ramènera aux îles Nua ou nous l'aiderons pour ses ... affaires.

-Je ne veux pas rentrer aux îles Nua ! Je ne connais rien et ce n'est même plus chez moi ! Elle rajouta après une hésitation, ton frère est un pirate ?

-Je sais moi aussi revenir aux îles Nua ne me tente pas. Mon frère est un pirate, mon père aussi. Moi j'ai toujours vécu dans les îles parce qu'on n'emmène pas une fille aborder un navire. Cependant, peut-être mon frère aura changé d'avis. Sans ça, il y a fille sensass' qui est capitaine d'un bateau. On tentera notre chance et qui sait ?

- Je ne veux pas devenir une pirate ! Je n'ai pas fait tout ça pour être hors-la-loi ! je veux vivre honnêtement sur Azthia. Devenir danseuse quelque chose comme ça.

Gavy qui s'était déjà avancé sur la passerelle se retourna, étonnée par l'éclat de sa compagne. Hellébora ne pouvait, ne voulait pas monter sur le bateau. Sa vie rêvée n'était pas celle d'un pirate. Passer d'esclave à bandit, brigand n'était pas l'idéal qu'elle s'était fait. Gavy se rapprocha d'elle et posa ses mains sur les hanches de la jeune femme.

« Allez, Helly, ce sera amusant, on verra du pays. Accompagne-moi. On avait dit qu'on resterait toujours ensemble. »

Gavy la regardait avec une lueur d'espérance au fond des yeux, mais le visage d'Hellébora s'était fermé :

« Je suis désolée, Gav', je ne veux pas. Je préférerais redevenir esclave plutôt que de devenir pirate ! Au moins dans le premier cas, on ne choisit pas de se mettre à part de la société. Je veux être honnête »

Gavy se recula et éclata d'un rire sardonique pour cacher qu'Hellébora l'avait blessée :

« Tu crois que tu vas arriver à rester honnêtes ? Tu n'as pas un sous et il faut bien manger !

-Au moins j'aurais essayé ! »

Le ton entre les deux femmes commençait à monter quand Tammassi s'approcha de sa soeur pour lui faire signe d'embarquer. Gavy se tue, pensive et regarda Hellébora, peinée :

« Garde le cheval et prends ça »

Elle lui tendit une corde à laquelle était attaché deux lunes d'acier.

« Tu ne sais pas t'en servir, mais tu pourras toujours essayer. Au pire c'est dissuasif ! Bonne chance. »

Hellébora essaya de sourire. Elle se leva sur la pointe des pieds et embrassa une dernière fois sa compagne. Gavy embarqua dans le filbot. Hellébora ne put détourner les yeux jusqu'à que le navire ne fut qu'un point sur l'océan. Elle était seule.

Sans prendre le temps de s'apitoyer sur son sort, elle remonta (difficilement) à cheval, et se décida à continuer sa route vers l'est, vers Cydonia.

Cependant, Gavy avait raison. Il était dur de rester honnête quand on était seule, sans le sous. Bien qu'elle essayât le plus possible de fois de danser pour payer sa nourriture, elle dut plusieurs fois voler.

Au bout de plusieurs jours, elle atteignit Cydonia. La cité l'éblouit. Du haut des seize ans qu'elle venait juste d'avoir, il lui sembla que rien de plus beau n'existait au monde. Elle se fit engager comme serveuse et comme danseuse dans une taverne de la ville. Un jour, elle entendit parler de La Troupe. Plutôt elle entendit parler du caractère de cochon de la meneuse de La Troupe. Elle ne voulut rien en croire, et postula pour un poste de danseuse (parfois, maintenant, elle regrette...). Et elle fut acceptée. Depuis, elle se produit, quand m'dame la chef dit qu'il faut se produire, et vole sur commande pendant son temps libre. Et elle voit du pays !