[D-H][FINI] La Dame du Bar [libre]

Imaginez-vous une nuit d'hiver à Storghein. Les rues sont étroites et sombres, grossièrement pavées. Un vent sifflant secoue tout ce qu'il rencontre : les arbres nus vacillent, la poudreuse tombée dans la journée s'envole, les chiens aboient. Il n'y a pas d'étoiles, non plus que la Lune. Au loin se découpent les montagnes aux sommets enneigés.
Nous sommes sur les quais, il est près de minuit. Aux fenêtres on n'aperçoit aucune lumière : tout le monde dort. Tout le monde? Pas tout à fait. Là, tout près de l'embarcadère une maisonnette luit encore. Approchez-vous un peu, vous verrez qu'il s'agit en fait d'un bar, Le Bar du Port comme l'indique l'enseigne qui voltige sous les bourrasques. D'aspect miteux, il n'empêche qu'un fumet alléchant vous invite à y rentrer. Qui sait, peut-être pourriez-vous y faire des rencontres...

Elly Sora finissait de manger. Après le voyage éreintant qu'elle venait de faire, il était normal qu'elle voulût se sustenter correctement.
Elle avait trouvé Le Bar du Port. La façade n'était pas très belle, avec la poussière aux carreaux et la porte toute fissurée, mais elle savait pour l'avoir entendu lors de ces précédents voyages qu'on y faisait toujours des découvertes intéressantes, et que la nourriture n'était pas trop mauvaise.

Elle s'était attablée au bar donc, et avait interpellé un jeune bleu qui passait là. D'un grognement inamical, elle avait commandé une pinte de leur bière ainsi qu'un bon morceau de gigot qui cuisait dans l'âtre au fond de la pièce, et aussi du pain frais et du fromage. Elle avait faim.
En attendant que son plat n'arrive, elle regardait autour d'elle impertinemment. Le patron était gros, et sa femme qui servait l'était aussi. Le bar était sale, mais il y avait tout de même huit autres personnes venus se repaître et un ménétrier. Huit hommes à l'air bourru, leurs deux mains sales plongées soit dans leur assiette soit dans leur gueule puante. Le chanteur, installé sur une grosse table en bois brut grossièrement taillé, allait de son violon. Il n'était pas très bon mais cela donnait une certaine chaleur à la pièce et puis, valait mieux être là que dehors.

Quand Elly Sora était entrée, l'assistance avait levé les yeux vers elle. Le vent s'était immiscé dans le bar, faisait frisonner tout le monde.
Il était rare de croiser une dame dans ces endroits-là. Souvent il y avait de la bagarre, des injures, de l'alcool et des blagues de mauvais goût, bref, rien qui soit approprié à la délicatesse féminine. Et pourtant, Elly était là et avait pris ses aises. Elle ne semblait nullement gênée par l'assemblée quasi-masculine qui l'entourait.
Quand son plat était enfin arrivé, elle avait congédié le serveur d'un demi Talent et s'était mise à manger complaisamment sans se soucier des convenances.
Personne n'osait la défigurer, ses yeux semblaient lancer des flèches assassines...

Le vent soufflait vraiment très fort, même à l'intérieur de ces petites ruelles étroites ou l'on pourrait pourtant se croire à l'abri. Une silhouette se faufila au ras des murs, enveloppée dans une cape de voyage sombre qui le rendait difficilement perceptible à cause de cette nuit sans lune. Réajustant sa capuche, sans cesse retirée par les rafales incessantes, l'individu lâcha un grognement de contentement lorsqu'il aperçut l'enseigne "Le Bar du Port". Rien d'exceptionnel, les façades d'aspects tristes inspiraient plus à une ambiance morose, peu fréquentable à l'intérieur. Cependant, une odeur alléchante s'en échappait, ainsi qu'une légère fumée au dessus du toit témoignant qu'un feu de cheminée réchauffait la pièce.
Cette dernière idée convaincu le voyageur, vu le froid régnant dehors cela semblait tout à fait compréhensible, il se dirigea vers l'entrée, une petite porte en bois, puis fit joué la poignée afin de pouvoir rentrer dans l'auberge.

La chaleur régnant dans la pièce explosa au visage du nouvel arrivant. Quel bonheur ! En rabattant son capuchon, il dévoila sa chevelure sombre à la lueur des bougies en fin de vie. Ses yeux perçants couleur azur balayèrent le salon. L'ambiance n'était pas si pauvre qu'il ne l'avait crains. On pouvait compter une dizaine de clients autour des tables, certains discutaient à voix basses entre eux, d'autres fixaient le vide d'un regard absent leur chope à moitié remplie toujours en main. A la droite du comptoir, tenu par un bonhomme à la carrure d'un bon vivant, un musicien agrémentait l'atmosphère d'une mélodie légère grâce à un petit violon. Malgré quelques fausses notes qui agressèrent l'oreille de l'ex-menestrel, un sentiment de nostalgie quand à son passé forma comme une boule au fond de la gorge d'Ithilion.Il repensa alors à ces cinqs dernières années ou, en compagnie d'elionne, ils avaient vagabondé librement à travers les cités, semant sur leurs passages les milliers de mélodie qu'ils composaient en route.
La servante, une dame plutot corpulente, le tira de ses songes en lui souhaitant la bienvenue, sur un ton fatigué, sec avant de lui demander ce qu'il désirait. Le cydien fit son choix et suivit la rombière pour s'installer au comptoir.

L'infusion qui lui servit le patron était délicieux. Ithilion avalait tranquillement quelques gorgées en laissant ses pensées divaguer, n'entendant plus que les quelques complaintes stridentes du vieil instrument à cordes. Volesprit était repartie en Silmarie pour y assurer ses fonctions de politicienne. Depuis qu'ils s'étaient retrouvés, ils n'avaient pas encore eut le droit à un moment de détentes bien à eux comme avant. Cela lui manquait beaucoup car ces occasions lui permettaient d'en apprendre d'avantage sur sa partenaire et cela renouait souvent les liens entre eux. Malgré le nombre d'heures qu'ils passaient ensembles, Ithilion sentait qu'il ne connaissait véritablement qu'une infime partie de ce que représentait la totalité de l'esprit de Kolïn. Un vaste mystère à elle toute seule. Sans doute était ce le pourquoi de se plaisir qu'il éprouvait à travailler avec cette jeune elfe.
Il porta la tasse encore fumante à ses lèvres et but une nouvelle fois. Ithilion tira une grimace de douleur, il venait de se bruler la langue. Le liquide se répandit ensuite dans tout son corps en diffusant sur son passage une chaleur agréable. Storghein n'était pas réputé pour ses températures tropicales, heureusement que l'homme avait découvert le feu et avait apprit à s'en servir. Le cydien tourna la tête pour dévisager encore une fois les personnes se trouvant ici. Principalement des hommes. En même temps, les femmes raffolaient rarement de ce genre d'endroit miteux situé dans des quartiers que l'on pouvait qualifier d'insalubre ou l'alcool coulait à flots afin de noyer la réalité de sa vie misérable, ou les bagarres étaient quotidiens, ou l'on pouvait faire autant de bonnes que de mauvaises rencontres. Il y avait donc un homme assoupis le nez dans son assiette, un autre à coté qui avait eut le temps de placer ses bras entre les deux, deux autres mâles bourrus se tapaient la discute calmement. une jeune femme mangeait tranquillement, seule dans son coin. Un autre ivrogne inconscient. Un..une femme ? Ithilion dévisagea de nouveau la gracieuse demoiselle assise prêt de la fenêtre au coin de la taverne. Ce n'était pas le fait qu'elle soit de sexe féminin qui étonna le zelote mais il avait une impression de déjà vu. Ses sourcils se froncèrent, il tentait de se remémorer l'identité de cette personne qu'il était sur d'avoir déjà croisé quelque part.
Le visage de l'inconnue fut révélé un bref instant par le halo d'une bougie, ces yeux froids, cette expression impassible,cette fine silhouette à l'apparence fragile, le déclic se produisit instantanément dans l'esprit d'ithilion . Il revit la panthère bondir sur lui avant de l'éviter in-extremis.
" Je m’appelle Elly Sora, membre de la célèbre Troupe,"
La guerrière de la troupe qui les avaient espionné à Ptot Tah lors qu'il trouvait avec Lika !!! L'avait -elle déjà repéré ? Non. Elle semblait trop préoccupé par ce qui se trouvait dans son assiette. Allait elle se souvenir de lui? Il s'approcha doucement de la table ou elle se trouvait. Puis il tira une chaise pour s'installer en face. En lui décochant l'un de ses plus beau sourire, il lança avec humour :

-Et bien...vous n'avez toujours pas trouvé la troupe ? L'orientation est elle aussi lamentable chez la femme que l'on le dit?

Elly Sora avait entendu la porte du Bar du Port s'ouvrir en grinçant mais ne s'était pas retournée : le mouton qu'on lui avait servi était bien trop bon. Elle festoyait seule, et était pensive. Elle songeait à la route de Ptot Tàh jusque Storghein, au Spectacle qui aurait lieu le lendemain, répétait intérieurement sa représentation...
Et puis on vint l'accoster.

Et bien...vous n'avez toujours pas trouvé la troupe ? L'orientation est elle aussi lamentable chez la femme que l'on le dit?

Elle dévisagea l'homme qui se trouvait à sa droite, à moitié assis sur un tabouret de bois épais. Il lui était familier et pour cause: à Ptot Tàh, dans les Bas-Fonds, elle avait voulu le suivre et s'était retrouvée bien malgré elle embarquée dans une bagarre. Que pouvait-il faire là?
Il avait l'air fringant et son humour machiste manifestait de sa bonne disposition. Il en avait donc fini avec les petits gangs de la ville du désert, puisqu'il était là. Et l'archère, celle qui voulait rejoindre La Troupe, Elly ne l'avait pas revue... Elle avait dû trop s'attarder.

Je ne pensez pas vous avoir fait un tel effet, est-ce moi ou vous m'avez suivi par-delà le désert et la montagne?

Elly esquissa un sourire, et c'est assez rare pour qu'on ait à le souligner. La mine réjouie du musicien, le souper et peut-être la bière aussi, avait rendu l'assassin assez serein, et elle trouvait assez amusant d'ailleurs de retrouver dans ce bar crapuleux à une heure aussi avancée cet homme exubérant.

D'ailleurs, reprit-elle, votre mémoire vous trompe: je ne cherchais pas La Troupe moi, c'était l'autre. Je me promenais simplement dans les quartiers et sachez qu'à cause de vous j'ai bien failli arriver en retard au Spectacle.

Retrouver cet homme dans ce bar était une belle aubaine pour l'assassin de la Troupe: elle essaierait d'en apprendre plus sur la situation globale du pays, car là-haut dans les Montagnes les informations filtraient peu, surtout à cette période de l'année pour les voies de communication étaient bloquées.
Nonchalamment, elle fit signe au même petit serveur qui approcha mi-curieux mi-inquiet :
Apporte-moi deux bières, lui lança-t-elle sèchement.

Désormais au Bar du Port, les têtes s'étaient levées vers les deux étrangers qui conversaient à mi-voix. Il était déjà assez rare de rencontrer une femme en ces lieux, mais quand cette même femme froide était rejointe par un homme dont la chevelure bleue éclatait, la scène paraissait quasi-surréaliste.

-Vous suivre ? répéta un Ithilion faussement indigné. La seule personne qui mériterais que je m'attarde sur son cas en la filant pour obtenir plus amples informations sur elle se trouve devant vous.

Bien entendu, ces propos, en plus d'être de nature plutôt douteuse , étaient totalement faux. Ses missions au sein de l'Ordre l'obligeaient à espionner des individus ou infiltrer des groupes afin de soutirer des informations utiles à l'enquête. Mais il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il déballe la vérité à cette femme, même si la bière de cette taverne plaisait beaucoup au cydien.

-Et vous ne pouvez me reprocher de vous avoir mise en retard. reprit-il avec un petit sourire mesquin. Votre curiosité et votre indiscrétion ont été les seules causes de vos soucies. Après je vous comprends. Il est vrai que lorsque l'on se "balade tranquillement" dans les rues, on a tendance à se cacher derrière les poubelles. Cela est souvent source d'ennuis par la suite.

Le hasard était vraiment une drôle de chose. Jamais il n'aurait imaginé revoir cette mystérieuse saltimbanque, surtout dans de telle condition. Même en négligeant la taille gigantesque d'Aztyha, se retrouver dans ce bar parmi tant d'autres à Storghein, dans cette ruelle, dans un laps de temps quasi-identique, ce genre d'évènement amusait beaucoup le Cydien. Sans doute cela expliquait-il la bonne humeur qui avait illuminé son esprit à la vue d'Elly et l'avait poussé à la rejoindre.
D'ailleurs celle-ci parut ravie de le rencontrer entre les murs du Bar du Port, et parut aussi disposée à passer une partie de la soirée en sa compagnie vu qu'elle commanda deux nouvelles bières au serveur. Le seul bémol à ces retrouvailles, les yeux des clients braqués dans leur direction. Ithilion poussa un grognement. Ces Astorgs n'avaient jamais vu d'homme parler à une femme ou quoi? Ou leur fierté mal placé s'indignait de la présence féminine à une heure pareil, en plus en train de boire de l'alcool ?

-Dis moi elly, ca ne te dérange pas si je te tutoie? La courtoisie est bien trop souvent hypocrite, je préfère la franchise, quitte à paraitre déplaisant expliqua à voix basse le zelote en ne prêtant plus attention à leurs observateurs.Et ce n'est pas trop indiscret si je te demande la raison de ta présence à Storghein en cette période ? Il ne me semble pas que la troupe passe prochainement dans les environs .

En une grande lampée, Elly Sora termina sa seconde bière. Elle était âcre et mousseuse, et le parfum fort du liquide ambré l'enivrait plus que l'alcool lui-même.
Le ventre gonflé, la Nùa s'affaissa au fond de son tabouret, et jeta un regard méticuleux alentours. Les gens les défiguraient presque, même la patronne avait interrompu sa vaisselle et restait, là, immobile et attentive aux deux derniers clients qui étaient entrés.
Les yeux noisette de Elly balayèrent la salle, et les hommes qui la regardaient eurent bien fait de baisser la tête en direction de leur boisson: ils se sentaient comme glacés par l'animosité que dégageait la Dame du Bar.

La tête commençait donc à tourner pour Elly. Elle écoutait d'une oreille amusée son interlocuteur, revisitant en pensée les lieues qu'elle et la Troupe avaient parcourues. Ca en faisait un bout! et dire qu'elle retrouvait ce drôle d'homme ici, dans ce bar miteux! La coïncidence la faisait sourire.
Ithilion... C'était son nom. Il ne s'était pas présenté, et Elly ne le savait que parce qu'une femme blonde à demi elfe l'avait prononcé dans les Bas-Fonds... Hum, celle-là, Elly Sora ne risquait pas de l'oublier; elle était ce genre de personnes dont on entend toujours parler un peu partout où que l'on aille.
Volesprit. C'était le nom de cette femelle à la voix melliflue. Pouah! N'en parlons plus, Elly ne l'aimait pas.

Votre curiosité et votre indiscrétion ont été les seules causes de vos soucies. Après je vous comprends. Il est vrai que lorsque l'on se "balade tranquillement" dans les rues, on a tendance à se cacher derrière les poubelles. Cela est souvent source d'ennuis par la suite...[...]

Qu'avez-vous dis?
L'assassin s'était rapprochée brusquement. Les deux poings serrés posés sur le comptoir, elle avait écarté d'un geste sa chope vide, qui en tombant alla se briser avec fracas sur le sol.
Le musicien avait cessé de jouer, les murmures des clients s'étaient tu. Tous les regards étaient posés sur le singulier couple assis au bar.

La femme noire avait la tête penchée vers l'avant, ses yeux étaient plantés dans ceux de son interlocuteur, qui restait immobile et ne semblait pas avoir peur. Pourtant! Les dieux seuls savent à quel point la Dame du Bar avait l'air menaçante: de son corps semblait émaner une onde violette et maléfique, chargée de colère et d'alcool.

Quand elle était saoule, Elly Sora pouvait être aussi charmante qu'atroce. Elle ne supportait pas la critique, et comme elle ne conversait pas beaucoup avec ses camarades humains, la jeune femme éprouvait quelques difficultés à comprendre l'humour. Ce qui l'énervait aussi peut-être, c'était de se dire que dans les Bas-Fonds, sa filature avait échoué à cause d'une stupide araignée! Elle, Elly Sora, celle qui ne faillait pas, avait été terrifiée par une arachnide. Cela la mettait en rogne.

Qu'avez-vous tous?, aboya-t-elle à l'assistance stupéfaite. Puis, expira doucement, elle détourna le regard des clients et le reporta sur Ithilion. Elle fixa étroitement le conteur; ses lèvres étaient pincées, la lumière blafarde d'une chandelle posée là donnait à sa peau hâlée un éclat lugubre, elle était mortellement séduisante lorsqu'elle se fâchait: Ecoutez Ithilion. Comprenez-moi bien: notre rencontre était fortuite, et ne fait pas de nous des amis. Son haleine était houblonnée et chaude. Si ses paroles avaient été dures, Elly Sora ne semblait pas s'en être aperçue. Elle gardait toujours cette distance avec les personnes qu'elle côtoyait, comme si faire connaissance était pour elle un danger, et qu'elle se refusait à livrer un peu d'elle à ses rencontres. Je n'ai de compte à rendre à personne, souffla-t-elle en se repositionnant confortablement, c'est ainsi que je fonctionne.

Pendant une seconde l'atmosphère parut se détendre. Le petit musicien avait repris son air de violon, les clients, quoiqu'étonnés, s'en étaient retournés à leurs affaires; aux pieds du tabouret le jeune serveur ramassait les débris de verre.

...Faudra payer pour ça... grommelait le patron dans son coin.
La Nùa l'entendait mais ne lui prêtait pas attention. Elle n'en avait rien à faire de cet homme, rien à faire de cette pinte, rien à faire de cette vie! Elly Sora ne faisait qu'obéir docilement aux instructions qu'elle recevait. Elle était bien disciplinable, et bien disciplinée. Malléable, perméable, facile, idiote, voilà ce que la Nùa était. Esclave dans sa jeunesse, elle l'était aussi à l'âge adulte; seul les bourreaux avaient changés. Le tortionnaire aujourd'hui, qui était-ce? La Troupe? Elly elle-même? ou bien... le passé? Le passé de la Nùa qui l'enfermait dans une prison aux murs rouge sang, sans fenêtres, où étaient peints les visages de ceux et celles à qui elle avait ôté la vie?

A cet instant précis, au Bar du Port, la Dame du Bar aurait eu envie de pleurer, de laisser s'échapper les larmes qu'elle n'avait jamais versées.
L'alcool lui avait fait prendre conscience de ce qu'elle était, cet assassin inflexible, véritable machine de violence. Quel triste destin pour une femme...

Elly ne céda point. Son expression même n'avait pas changé, on l'eût juste dis rêveuse. Elly Sora ne cédait pas, Elly Sora réussissait toujours; Elly Sora tuait, déchiquetait, et parfois se repaissait de la chair de ses victimes, mais elle ne cédait pas. La tristesse, la remise en question, le remords, autant de sentiments que l'assassin se refusait à éprouver.
Comme les vagues refluent toujours sur les rochers des falaises, Elly rejetait ses sentiments toujours plus loin au large, aux confins de son coeur, prisonniers à jamais de son esprit rigide.

A quoi bon penser à toutes ces choses? pensait-elle. Elle ne pourrait pas changer, elle était trop marquée par le meurtre et l'art de l'assassinat. Conditionnement ou dépendance? Qui le sait? Quoi qu'il en soit, Elly Sora serait toujours cet esprit torturé dans un corps trop humain pour lui.
Il fallait se ressaisir, oublier ces soucis, reprendre le dessus. Le temps ne dort pas, il fallait refaire surface et faire de même.

Je pense...Deux mots qui vinrent s'échouer aux portes des lèvres de la Nùa et qui n'eurent pas de suite. On ne saura jamais ce à quoi pensait Elly à ce moment-là, car elle tut le reste de sa phrase pour dire: Vouvoyons-nous, cela vaut mieux. Et puis : La Troupe? Sisi, La Troupe est là, à Storghein même. La représentation a lieu demain d'ailleurs, à l'arène, près du château, dans les Quartiers Sud. C'est moi qui inaugure le Spectacle. Je pensais que vous seriez au courant, et que votre présence dans cette Cité y été due.

L'ombre d'acrimonie qui était passée au-dessus d'Elly semblait s'être évanouie. La jeune femme avait repris la conversation comme si elle n'avait jamais été interrompue. Au Bar du Port, ce soir-là, les clients tardèrent à rentrer, commandant une bière ou un morceau de gigot de plus, pour pouvoir lorgner du côté du comptoir, où deux hurluberlus avaient pris place.
Ils attendaient la suite des évènements, et cherchaient à saisir quelques mots de leurs susurrements.

L'alcool, une drogue dangereuse dont on se méfiait rarement. L'une des seules autorisés à circuler librement dans la société mais cela ne la rendait pas moins dangereuse pour autant. Sous son influence on avait tendance à commettre des actes que l'on souhaiterait n'avoir jamais fait, Ithilion reposa sa chope encore remplie avec dégout.
Non décidément, il ne commencerait pas aujourd'hui. Elly par-contre devait avoir du mal à trier ses idées. Son haleine empestait l'alcool, elle n'arrivait pas à se tenir immobile et ses sauts d'humeurs apparaissaient plus agressif. Le cydien lorgna sur la flaque de bière dont flottait à l'intérieur quelques débris de la tasse qui avait volé en éclat.
Cette guerrière accomplie était un danger potentiel, cependant Ithilion n'avait pas bougé d'un millimètre lorsqu'elle l'avait fusillé du regard. Il n'avait rien a craindre d'une personne dans un état d'ivresse aussi avancé. L'affreux liquide ralentissait les mouvements, faisait perdre l'équilibre, augmentait le temps de réaction. Bref, seine, il aurait réagit autrement mais la, juste suffisait d'avoir du tact et un soupçon de prudence. D'ailleurs, il ne tenta pas de se justifier lorsqu'elle lui fit remarquer qu'ils n'étaient pas amis. Besoin d'avoir une relation amicale avec quelqu'un pour discuter ? Elly semblait être une personne plutôt réservée, pas commun pour une saltimbanque qui se représentait devant un publique.

Je pense...

L'hésitation mourante aux lèvres d'Elly interpella le cydien. Ces deux mots n'avaient pas été prononcé sur un ton de réflexion banale. Son esprit semblait se livrer un véritable combat intérieur. Un autre effet néfaste de l'alcool. Cette impression ne dura qu'un court instant car Elly reprit de manière tout à fait naturel.

Vouvoyons-nous, cela vaut mieux.

La réponse provoqua un soupire inaudible chez le cydien. Elle avait vraiment l'air tourmenté. Cela ne se voyait pas extérieurement, mais rien que ce refus catégorique à toute les voies pouvant créer un lien entre eux en était une preuve. Ithilion décida de tenter de lui remonter le morale.

La Troupe? Sisi, La
Troupe est là, à Storghein même. La représentation a lieu demain
d'ailleurs, à l'arène, près du château, dans les Quartiers Sud. C'est
moi qui inaugure le Spectacle d'ailleurs. Je pensiez que vous seriez au
courant, et que votre présence dans cette cité y été due.

Le cerveau d'Ithilion tourna à plein régime. Il avait faillit oublié qu'elly le connaissait sous sa couverture de ménestrel. Cela faisait si longtemps que ses doigts n'avaient caressés les cordes de sa lyre.

-Et bien...je suis justement à la recherche de "travail". s'expliqua l'ex-conteur en se permettant un petit rire. Je ne pensais pas que la troupe viendrait ici justement. Je vois que je n'ai plus qu'a aller voir ailleurs.

A ce moment la, une nouvelle mélodie engloba la salle du Bar Du Port. Le son de l'instrument attira l'attention d'Ithilion qui se tourna vers le musicien, ou plutôt vers la petite lyre qu'il tenait entre ces doigts. Un flot de souvenirs de sa fausse vie surgit en lui telle une vague déferlante. Toutes ses émotions remuèrent dans son corps allant même jusqu'à humidifier les yeux du cydien. La musique, clés de la liberté absolue, expression de l'âme que l'on ne pouvait traduire par de simples mots. Libre, ithilion l'était toujours et le serait à jamais. Mais ses pensées ne s'extériorisaient à présent que sous la forme limitée du dialecte humain. Cette impression repartie à la manière d'un échos lorsque la dernière note de la mélopée s'estompa dans l'air. Il ne pouvait se morfondre. Cela ne serait qu'un stupide caprice alors qu'il existait bien plus malheureux dans ce monde aux saveurs de moins en moins attrayantes.

-J'aurais bien joué un petit quelque chose. Mais cela serait un manque de respect envers notre confrère. confia le zelote à son interlocutrice pour se changer les idées. En plus, j ai oublié ma lyre à mon campement. Mon associée en prend soin.

Le serveur se pointait de nouveau vers eux, dans l'espoir sans doute que la jeune femme recommande une nouvelle tournée. Ithilion l'en dissuada d'un geste de main. A ce rythme, elle lui ferait un coma éthylique avant la fin de la soirée et se retrouverait complètement fauché.
Ensuite, il chercha fouilla quelques secondes au fond de sa bourse. Il en ressortie un vieux jeu de cartes qu'il posa sur la table.

-C'est rare que je pense à les prendre. Ca vous tente une petite partie ? lui proposa t-il joyeusement. A quoi savez vous jouer?

Le taux d'alcoolémie d'Elly décroissait tout doucement.
Elle avait accepté la proposition d'Ithilion, et jouait depuis environ quinze minutes à un jeu étrange, "La Crapette", qu'elle avait appris en observant les membres de La Troupe les soirs d'hiver.

Les cartes du conteur étaient belles, pleines de couleurs vives et de figures stylisées, et elles virevoltaient lestement sur le comptoir qu'on avait débarrassé.
Les clients du Bar du Port désertaient progressivement, à mesure que l'atmosphère se détendait. La Nùa restait silencieuse tandis qu'elle dégrisait. L'esprit vide -une fois n'est pas coutume-, Elly se laissait prendre au jeu, fixant son éventail de cartes et son adversaire qu'elle devait vaincre.

Autant vous dire que gagner cette partie était chose impossible: La Crapette exigeait patience et concentration, deux choses que Elly Sora n'était pas en mesure de fournir à cet instant. Cela n'empêchait pas qu'elle fît de son mieux pour s'appliquer. Une fois ou deux même, elle sourit intérieurement: elle avait finement joué.

Vous savez, vous devriez venir demain... Je veux dire, à l'arène, déclara Elly d'une voix molle, après qu'elle eût déplacé sa carte. Non pas que je veuille vous contraindre, ne vous y trompez pas! Mais, pour être moi-même membre de La Troupe, je peux vous dire que les représentations valent toujours le détour.

Qu'arrivait-il donc? Peut-être portée par l'enivrement, ou bien par l'ambiance amicale qui semblait s'être installée entre elle et Ithilion, Elly avait convié ce-dernier, chose qu'elle n'avait jamais faite pour qui que ce fut.

N'y voyez pas quoi que ce soit d'incongru. Si j'ai dis ça, c'est juste qu'étant artiste vous-même, peut-être trouveriez-vous l'inspiration demain. D'ailleurs, si vous ne venez pas, je n'en serais nullement offensée.

Elle avait ajouté cela d'un ton ferme, un peu réfractaire, comme pour se préserver, et refuser d'admettre que cela lui aurait fait plaisir. Car, malgré l'expression sévère qu'elle affichait, savoir que serait là pour le Spectacle une personne qu'elle connaissait lui serrait le ventre et lui resserrait la gorge.
Le numéro qu'elle donnerait le lendemain était infiniment complexe, requérant une rigueur de fer. Depuis des jours maintenant, elle le ressassait sans cesse, et s'entraînait dès qu'elle le pouvait, après le repas sur la route qui mena La Troupe à Storghein.
Imaginer Ithilion dans les gradins, mais si de toute façon elle ne le verrait pas, l'obligerait à garder son calme, et à réussir la totalité de son tour sans aucune erreur de parcours.
Possible également que cela flattât la Nùa que de savoir que les efforts fournis ces dernières semaines seraient dévoilés et que son talent serait reconnu par une connaissance.

Gagné, déclara Elly, une once de triomphe dans la voix. Tandis qu'elle pensait, la première manche de Crapette s'était terminée, laissant la victoire au conteur aux cheveux si bleus, et la seconde avait débuté, lui permettant d'égaliser.

La bière du Bar du Port était bonne, mais elle n'était pas aussi savoureuse que la réussite aux yeux de la Nùa.

La crapette...Parmi les innombrables jeux de cartes inventés par l'homme lors de ses heures perdus, il fallut qu'elle choisisse la crapette...Enfin bon, ca aurait pu être pire. Une bataille par exemple.
L'atmosphère s'était complètement détendu dans la petite salle du bar du port. Tout comme l'expression sur le visage d'Elly qui commençait à paraitre plus sereine. Cela faisait un bout de temps qu'elle n'avait pas reprit une nouvelle bière, donc son sang devait se décharger petit à petit de son f taux d'alcool élevé à présent.

Dans ses mains se tenaient quelques cartes disposées en éventail. Quand ce fût son tour, il en posa deux sur la table d'une façon non chalente. Ce jeu était vraiment trop facile, aucune difficulté, aucun piège, il suffisait juste de poser son jeu au bon moment. Encore aurait elle choisit la version rapide de cette crapette. Une version bien plus rigolote à son goût.

Vous savez, vous devriez venir demain... Je veux dire, à l'arène.. Non pas que je veuille vous contraindre, ne vous y trompez pas! Mais, pour être moi-même membre de La Troupe, je peux vous dire que les représentations valent toujours le détour.

La concentration d'Ithilion sur la partie s'évapora instantanément à la proposition de la saltimbanque. Dix ou quinze minutes auparavant, elly lui avait bien fait comprendre le niveau de la relation établie entre eux, soit quasi inexistante, et maintenant elle lui proposait de l'accompagner à l'arène voir le spectacle. Le cydien se plongea quelques secondes dans le regard noisette de la jeune femme, lorsqu'il se rendit compte que l'ivresse ne possédait déjà plus de contrôle sur son corps, un sourire fleurit sur son visage rayonnant.
Il ne s'agissait pas de moquerie mais purement et simplement de surprise. Avec cette femme pour le moins mystérieuse, Ithilion s'attendait à pas mal d'imprévus, de mystère de sa part. Seulement, il était loin d' imaginer cette scène possible un instant.
En plus, Ithilion se retrouvait plutôt dans une position embarrassante, car il devait se rendre au QG se situant au coeur de la cité pour y récupérer certains documents. D'un autre côté, il s'imaginait pertinemment l'effort que cette proposition avait dû coûter à Elly. En effet, lors de sa rencontre avec elle à Ptot Tah et ici, la saltimbanque lui semblait être le genre de personne très réservé. Celle dont l'amitié était une notion qui leur paraissait étrange, voir même inutile. Décliner son offre la couperait dans son élan et renforcerait ses doutes sur l'intérêt et les avantages d'avoir relations amicales. Enfin, il ne basait ce portrait psychologique que sur ce qu'il avait pu constater jusqu'à maintenant. L'esprit d'un individu, surtout du type d'elly, restait une entité souvent très complexe à déchiffrer et à comprendre.

N'y voyez pas quoi
que ce soit d'incongru. Si j'ai dis ça, c'est juste qu'étant artiste
vous-même, peut-être trouveriez-vous l'inspiration demain. D'ailleurs,
si vous ne venez pas, je n'en serais nullement offensée.

Se rendre la bas en tant qu'artiste pour y chercher l'inspiration. Oui, Ithilion aimerait qu'il en soit ainsi, seulement cette fausse vie se trouvait loin à présent. Il devait vivre au jour le jour et se projeter dans l'avenir pour la réussite de l'Ordre. La vie se constitue de choix que l'on doit faire en permanence. Certain demande des sacrifices, cependant le cydien les acceptaient sans broncher. Ou presque. Tout le monde, encore faut-il qu'il soit assez sincère pour l'avouer, traverse cette période de nostalgie envers une époque antérieur ou il faisait bon vivre.

Gagné! rajouta la jeune demoiselle avec un sourire victorieux.

Voir tant de bonheur éclaté soudainement sur le visage de quelqu'un provoqua un déclic chez le cydien.C'était cela ! Vivre au maximum l'instant présent et saisir les opportunités lors qu'elles se présentaient. L'étude comportemental lui avait permit finalement d'en apprendre beaucoup sur lui-même. Ce contact, bien souvent indirect, avec les sentiments, les formes multiples de pensés, de voir ce monde dans lequel ils vivaient, toute cette expérience lui offrait des reponses. Au diable la paperasse, l'ordre n'était pas en mission en ce moment, à lui d'en profiter.
L'espiègle zelote ne put s'empêcher de répondre à Elly de façon essayer de la faire réagir :

-Ce n'était pas la peine de vous justifier. Je suis aussi content que vous me proposiez cela et j'accepte avec grand plaisir. J'espère que j' y trouverais toute l'imagination qu'il me manque. Plus particulièrement dans votre numéro. enchérit-t-il avec un clin d'oeil malicieux.

La défaite qu'il venait de subir à la crapette glissa totalement sur son esprit. De toute manière, il avait remporté la première, il ne lui suffisait qu'a gagner cette ultime partie.

-Aller ! On se fait la bel ! proposa Ithilion sur un ton de défi.

Son instinct de joueur resurgit à cette appelle. Tout de fois, son corps ne semblait pas du même avis. Ses yeux le piquaient et ses paupières avaient tendances à se refermer malgré lui. La fin de la partie marquera aussi la fin de la soirée. Il demandera au chef de la maison, une chambre ou il pourra passer paisiblement la nuit. Demain, il avisera le programme. Peut être l'accordera t-il sur celui d'Elly, si elle se trouve encore dans les environs, sinon il se rendra au Qg pour chercher les papiers avant de partir pour l'arène. Volesprit allait encore s'énerver du retard accumulé, mais il s'enfichait éperdument. Pour une fois qu'il se faisait plaisir. Bref tout un vaste programme

-D'abord gagnons cette ultime manche.se murmura Ithilion

La nuit s'était véritablement installée sur Stroghein, et il en était de même dans Le Bar du Port, qui s'était dépeuplé de ses clients les plus habitués.

La femme du patron essuyait pour la troisième fois des verres que le temps avait terni, l'air blazé et l'oeil fatigué; tandis que son mari lustrait énergiquement le comptoir avec un chiffon grisâtre, s'approchant un peu plus d'Elly et d'Ithilion, trop occupés à penser de leur côté pour songer à l'heure tardive.

C'est qu'on s'y trouvait bien, dans ce bar: l'âtre de la cheminée ronronnait doucement, une bonne odeur de cire d'abeille et de bière flottait, et, même si le musicien avait fini par se retirer dans sa chambre à l'étage, miteuse et humide, le vent qui hurlait au-dehors sifflotait un air bien agréable, qui dissuadait les deux comparses à se retirer.

Quant au jeu de cartes, Ithilion et Elly étaient à égalité, avec une partie remportée: il en restait une.

Alors que c'était au tour d'Ithilion de battre les cartes, et à Elly de les distribuer, cette dernière laissant échapper un bâillement discret, mais qui la sortit de ses pensées.
N'avait-elle rien d'autre à faire que de flâner dans ce caravansérail, aussi enchanteur puisse-t-il être.
Elle allait découvrir sa main, quand promptement, elle se leva, faisant grincer son tabouret de bois sur le plancher de frêne.

Je ne m'étais pas rendu compte que la nuit était autant avancée. Je dois me retirer, la journée de demain s'annonce difficile, et j'ai déjà trop traîné dans cette gargote. Vous m'excuserez. Lestement, elle se lève et s'approche du gros patron, serré dans son tablier sale. Elle lui jette un Talent d'argent, somme amplement suffisante pour payer les consommations des deux clients (et le dédommagement occasionné par le verre brisé), et se retourne vers l'homme aux cheveux bleus.

Eh bien... nous nous verrons demain. Elle ne dit pas merci, ni ne sourit non plus: c'était trop difficile. Au fond d'elle-même, elle remerciait le conteur de lui avoir diverti l'esprit, et offert une soirée moins banale que toutes les autres.

Elly Sora entrouvrit la porte, et le souffle glacial du vent vint s'engouffrer dans Le Bar du Port, assez puissamment pour faire cliqueter les verres, pendus par le pied sur le bar.
La Nùa s'engouffra ensuite dans la nuit noire, quittant la chaleur douillette de la buvette. La Dame du Bar s'en allait, en laissant la partie de Crapette en suspens, ses cartes toujours face cachée sur le comptoir.
La dernière manche restait inachevée, et ne donnait la victoire à aucun des adversaires. Il était rare qu'Elly laisse quelque chose d'imparfait, mais cette nuit à Storghein avait quelque chose d'étrange et d'inhabituel, qui avait poussé la jeune femme à agir autrement qu'à l'accoutumée.

Le lendemain en revanche, pour son spectacle à l'arène, elle ne devrait rien lâcher, et aller jusqu'au bout des choses, comme elle avait l'habitude de le faire.

[Désengagement, merci !]
[Ton nouvel avatar est top!]

Et bien finalement, cette manche final n'aura pas lieu. Un léger bâillement rappela elly à l'ordre. Elle se leva avant de s'excuser. Avant de partir elle n'oublia pas de payer le patron, puis se retourna vers Ithilion pour rajouter :

Eh bien... nous nous verrons demain

Pour toute réponse, le cydien lui assigna un clin d'oeil complice accompagné d'un magnifique sourire. La vieille porte du bar se referma sur la jeune femme. Sa silhouette traversa rapidement la petite fenêtre sale pour ensuite disparaitre, fusionnant avec l'obscurité de la nuit.
Des que son regard la perdit de vue, ithilion se leva à son tour. Il déposa sur le comptoir magnifiquement lustré quelques pièces d'argents. Après avoir remercié les gérants de leur excellent repas, il sortie du bar du port.

La nuit était vraiment très fraiche. Si froid que l'air glacée lui brûlait la gorge à chaque respiration. Ithilion se frotta les mains pour se les réchauffer et s'emmitoufla dans sa cape de voyage.
Le QG se trouvait à une centaine de mètres d'ici, il y passerait le reste de la nuit. Enfin...si il ne se transformait pas en glaçon avant d'arriver à destination. Et demain, il irait à ce spectacle que donne la troupe à l'arène comme promis. Il avait hâte ! Si hâte qu'il se mit à courir pour atteindre plus rapidement son point d'attache. Et donc en finir plus vite avec cette soirée !

[désengagé]

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[D-H][FINI] La Dame du Bar [libre]

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