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Coralynn
Nombre de messages : 1239 Âge : 33 Race et âge : Elfe / 35 printemps Cité : Silmarie Métier : Conteuse Feuille de personnageCompétences: Représentation, Illusion et CharismeCompétences bonus: Chant, FaveurDivine ~ Esra, ImpressionismeRéputation : (10/10) | |
| Sujet: [F-H] [QA Flashback] "J'ai rêvé d'elle" (fini) Mer 23 Mar - 15:53 | |
| [Chronologiquement, ce RP se situe en [D-A] entre la rencontre avec Soren et la mission "Sexe, alcool et Sanglier"]
Cela devait faire deux semaines que Coralynn était de retour à Silmarie après sa longue absence. Presque une saison entière. Pourtant la ville, son petit monde personnel n’avait pas changé. Elle si. Elle avait accepté de sortir de sa grotte pour affronter le monde extérieur, en espérant que ces nouvelles activités effaceraient peu à peu les cauchemars tourmenteurs ; mais non. Sur ce point là rien n’avait changé, et toutes les nuits c’était la même chose.
Les premiers jours elle avait dormis à l’Auberge. Sa réputation en ville était suffisamment grande pour qu’on lui offre gite et couvert contre quelques chanson et un peu d’animation dans la salle. C’était comme cela qu’elle vivait habituellement. Habituellement ? Non... Autrefois, quand tout allais bien. Depuis son retour elle n’arrivait plus à chanter. Et les mélodies tristes qui sortaient de son luth faisait fondre comme neige au soleil la bonne humeur des clients qui finissaient rapidement leurs verres et trouvaient une excuse pour aller se saouler ailleurs. Tant et si bien que les taverniers, gentiment, invitait Coralynn à quitter les lieux dés le lendemain matin. Elle avait tenté sa chance dans toutes les auberges de la ville, mais il fallait bien se rendre à l’évidence : ce soir, elle devrait dormir à la belle étoile.
Le froid mordant de la nuit commençait lentement à transpercer sa cape, et Coralynn savait que ce n’était que le commencement, bientôt ce serait pire. Même si les températures étaient encore presque douces, si elle ne trouvait pas rapidement un endroit où se réfugier, la nuit qu’elle allait passer serait mauvaise. Malheureusement pour elle, son histoire s’était déjà répandue dans la ville, et aucune des portes où elle avait frappé ne s’était ouverte pour elle. Elle comprenait à présent à quelle point la réputation et la célébrité pouvait sortir de ce mauvais pas, et maudissait la nature elfique qui tendait à croire que le mauvais œil était contagieux.
Son pas lent et fatigué l’avait mené sans qu’elle s’en aperçoive devant un bâtiment à l’architecture monumentale, élancée et finement travaillé bien que manquant visiblement de suffisamment d'entretien : le Temple d’Esra. Même si le culte de celle-ci était plus discret de leurs jours, c’était encore une déesse chère au cœur des Elfes, et surtout, c’était sa déesse. Enfin celle de tous les conteurs itinérants comme elle. Normalement, à cette heure, la porte aurait du être fermée, mais Coralynn découvrit avec surprise qu’il n’en était rien. Tant mieux, elle pourrait au moins se réchauffer là et réfléchir. Au moins jusqu’à ce qu’on l’en vire.
Elle entra discrètement, et la porte derrière elle ne referma sans un bruit. Chacun de ses pas résonnait étrangement sur les dalles de marbres qui couvraient le sol. Le temple entier était plongé dans une semi pénombre, d’où seule la statue sur piédestal de la Déesse écoutant un collège de musiciens et de danseurs ressortait, encore faiblement éclairée par la lumière vacillante d’un régiment de bougies en fin de vie. Coralynn s’assit calmement dans un coin, caressant distraitement son luth posé sur ses genoux, le regard comme hypnotisée par cette vison et les ombres ondulantes provoquées par les flammes. Ses doigts, machinalement se mettent à jouer une série d’accord lents qui résonnent mystérieusement dans la salle presque vide. Le rythme doux la berce, tant et si bien qu’elle s’endort.
Est-ce un rêve où la réalité ? Elle est désormais spectatrice d’elle-même. Comme si sa conscience était hors de son corps, ou comme si elle avait quitté ce monde. Soit. Elle était donc tombée allongée sur le banc où elle était assise, le luth était posé plus bas, sans heurts visibles. Peut-être son dernier sursaut de conscience avant de sombrer. Il lui semblait aussi que la lumière faiblissante à son arrivée était devenue plus vive, plus chaude et plus douce. La musique, contrairement à ce à quoi l'on pouvait s'attendre, ne s’était pas arrêté, et le rythme autrefois lent s’était accéléré, légèrement, rendant le tout plus joyeux. Les ombres autour du piédestal grandissent, dansent et ondulent, et dans la vision de la conteuse, c’est la statue elle même qui prend finalement vie, comme doucement animée par la mélodie. Elle s’étire, prend possession de son corps d’albâtre, et se met à danser sensuellement sur la complainte à laquelle se mêle maintenant des échos venus d’ailleurs.
Soudain elle s’arrête et contemple longuement le corps de la conteuse assoupie. S’approchant, d’un geste doux et charmant, elle pose une de ses mains aux reflets de nacre sur le front de l’elfe endormie.
La musique devint alors violente, cacophonique, dissonante, voire fausse par moment, presque insoutenable. La déesse se force quelques instants mais ne peux tenir. Elle met brusquement fin au contact, comme si elle ne supportait pas d’en entendre plus. Sur son visage se peint maintenant une tristesse infinie. Celle d’avoir lu dans l’esprit malade de Coralynn ses visions, ses doutes et ses errances. Toutes ces douleurs qui la stigmatisaient et la laissaient sans joie, aphone, ces derniers temps. Tristement, elle ramasse le luth qui gît à ses pieds.
La musique s’est tue. Esra, assise, contemple, tantot le luth qu’elle caresse amoureusement, tantôt la conteuse qui commence à se tordre et à s’agiter, le visage en sueur, prise aux affres de son cauchemar, comme d’habitude.
« Maudit Azael. Qu’as-tu encore fait… » Soupire-t-elle dans un souffle.
Et avec délicatesse, la Déesse se mit à pincer doucement les cordes de l’instrument. Les spasmes de la conteuse s’apaisent alors, et une ébauche de sourire prend même naissance sur son visage. Esra sourit à son tour et change de rythme. Elle joue ainsi un long moment pour l’artiste endormie avant de reposer l’instrument là où elle l’avait trouvé. Elle appose à nouveau une main sur son front. La musique qui se met à raisonner alors est plus claire, plus enjouée, et quelque part terriblement envoutante. Esra, réjouie, se penche à l’oreille de la conteuse et se met à murmurer :
« Va ma douce, garde confiance. J’ai vu en ton esprit la force te tes histoires. Porte les au monde, va et avance, je serais avec toi, j’ai confiance, tu seras forte. »
Avant de poser ses lèvres sur celles de la conteuse, dans un baiser d’adieu rapide.
Tout devint noir alors. Seul résonnait dans l’obscurité les mélodies apaisantes que la Déesse avait daigné jouer pour la conteuse, se répétant sans cesse en de multiples variantes, comme un cocon, une armure protectrice qui porta Coralynn jusqu’au matin.
C’est une des prêtresses qui la retrouva là le lendemain, à l’ouverture du temple. Notre conteuse, après s’être excusée, lui raconta rapidement la vision de la déesse qu’elle avait eu la nuit tandis que la femme fait faussement signe d’acquiescer, avant de la conduire gentiment dehors.
Dehors, Coralynn marche jusqu’à la place devant l’Autel, et s’assoit sur la margelle de la fontaine qui trône en ce lieu, songeuse. Avait-elle vraiment rêvé ? Elle avait encore les mélodies de la nuit en tête. Lentement, elle laissa venir les notes venir à elle avant de finalement se mettre à jouer. Au tour d’elle, les gens se retournent, certains s’arrêtent et lui offre des pièces. Cette boule dans la gorge qui l’empêchait de chanter à disparue. Radieuse, Coralynn entonna un chant. Un chant d’espoir, de victoire. Un chant à la gloire d’Esra.
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