Le temps était au beau fixe depuis maintenant trois longues journées. Il faisait particulièrement beau pour la saison et rien ne laissait présager que de gros nuages noirs pointeraient bientôt le bout de leur nez à l'horizon. Pourtant, une ombre menaçante s'avançait vers le palais de Ptot Tàh. Cette ombre, dont l'aura palpable était aussi froide que la mort elle-même, semblait avoir un but bien précis, pire que tout, elle semblait plus déterminée que jamais à l'atteindre, comme si sa vie en dépendait. Elle arpentait les longs couloirs, silencieusement, presque macabrement, en direction de sa proie. Sa cible serait bientôt là. Le maitre avait été précis, il avait été intransigeant, il lui fallait frapper fort après ce que ces misérables humains avaient osé tenter contre lui. Sa Bête avait été tuée, mais il n'était pas question pour autant que le dieu de la mort en personne se laisse faire, aussi avait-il envoyé l'un de ses plus puissants Cavalier.
L'ombre avança jusqu'à la chambre de l'homme qu'elle devait capturer. A cette heure tardive, Tutnesi dormait sans doutes, du moins, c'est ce qu'avait pensé la chose qui s'avançait lentement mais surement vers la pièce. Que ne fut sa surprise lorsqu'elle remarqua, ou plutôt entendit des éclats de voix à l'intérieur de la pièce. On ne dormait donc jamais dans cette fichue cité ? Le Cavalier reconnut la voix d'une femme sans pour autant savoir qui c'était, visiblement, les deux jeunes gens se disputaient sur un sujet qu'il ne comprenait pas. Peu importait. Il entra sans sommation et pointa le bout de son doigt rugueux en direction de sa proie. Son entrée avait bien sur mit fin à la conversation en cours mais là encore, il n'en avait cure. Il observa sa proie, en face de lui, et un sourire macabre se dessina sur ses lèvres.

" Tutnesi. "

A ces mots, l'homme tomba littéralement dans une sorte de coma.
Maladie.
Enchanté.
C'était un peu cela que Maladie venait de lui dire par cet acte. Nalween, car c'était bien elle, était effarée, prisonnière de sa propre peur face à cet inconnu. Le Cavalier ne la connaissait pas et sa mission s'arrêtait là où le maitre lui avait dit. Il n'avait nullement l'intention de s'en prendre à elle mais, au cas où, mieux valait l'immobiliser. Elle serait donc la première victime de Maladie. La chose pointa son doigt rugueux en direction de la Prêtresse dont il ignorait la nature et cette dernière tomba dans un bruit sourd sur le sol. Non, Maladie ne tuait pas, il rendait ... malade. L'elfe était ainsi brulante de fièvre, tordue de douleurs et en proie à des hallucinations. Maladie sourit, il aimait voir son œuvre et prenait plaisir à voir ses victimes souffrir jusqu'à l'agonie terminale. Ce soir, il n'avait pas le temps, là était peut-être la chance de la grande Dame. Il regarda la scène une minute, le temps de saisir le corps de Tutnesi et quitta les lieux.

Mais les gens ne dorment jamais dans cette cité, et surtout pas le garde du corps personnel de ce cher Tutnesi, une chance peut-être pour lui. Talia barra bientôt la route de Maladie. Ce ne fut que de courte durée malheureusement. La jeune femme fut dans un premier surprise de constater que cette personne, si c'en était une, avait pu se saisir aussi facilement de son maitre pourtant, force était de constater que c'était le cas. Elle réagit au quart de tour, une fois l'effet de surprise passé. Ainsi, elle attaqua de front, bien décidée à reprendre ce que cette chose venait de voler au palais. La jeune assassin royale lança une première salve de coutelas. L'un atterri sur la fémorale de l'homme, l'autre en plein coeur, le dernier en pleine tête. Pourtant, imperturbable, la chose continua de marcher. Elle s'arrêta un instant, enlevant ces objets encombrant qui la gênait pour marcher. Pas une goutte de sang, rien.
Elle n'était pas humaine.
Elle plongea son regard dans les yeux de Talia, qui venait entre temps de le transpercer avec une nouvelle dague. Cette dernière s'effondra, à son tour brulante de fièvre. Le Cavalier retira la lame sans qu'aucune gerbe de sang n'en jaillisse et sortit.

Le maitre avait parlé. Il avait demandé le corps de Tutnesi, vivant.
Le maitre avait parlé.
La souillure débuta.

Le premier jour, les rares courts d'eau et puits devinrent imbuvable tant le sel était en grande quantité.
Le deuxième jour, les sauterelles vinrent dévorer les cultures unes à unes, jusqu'à ce qu'aucune n'en réchappe.
Le troisième jour, les animaux tombèrent les uns après les autres, morts.
Le quatrième jour fut le pire.
Le matin, les enfants ne se levèrent pas, l'épidémie de rougeole faisait rage.
L'après-midi, ce furent les femmes qui tombèrent les unes après les autres, brulantes de fièvre.
Le soir, le mal atteint les hommes.
A la tombée de la nuit, la cité toute entière de Ptot Tàh était plongée dans le chaos de la maladie.

Le maitre avait parlé. Plonger la cité dans la souillure.
Maladie s'était exécuté.
Maintenant, le temps était compté pour la cité du désert ...

[ Nal > il faut qu'on fasse 2 tours maximum pour que je récupère la bague car la deuxième partie de l'intrigue dans le désert en dépend et la deuxième partie de ton intrigue en dépend ^^
Ordre: Nal', Jacen, Eléa]

« Par les Dieux, Tutnesi tu ne pourras pas toujours faire comme bon te semble. »

De la conversation que la Dame avait eut avec son époux, c’est la seule phrase qui n’est pas cédé à l’oubli. Le reste a été emporté par la souffrance, après qu’un feu inextinguible ce soit propagé dans ses veines. La Grande Prêtresse se souvenait uniquement que le P’yra, suite à sa déclaration s’était redressé en la jaugeant alors que l’elfe avait croisé ses bras sous sa poitrine. Une dispute, sans doute mais tout cela lui semblait tellement dérisoire à présent.
La porte s’était alors ouverte laissant place à un homme que la prêtresse ne connaissait pas. Si la colère ne l’avait pas habité à ce moment, peut-être qu’elle se serait aperçue plus tôt de l’aura sombre semblable à celle du serviteur d’Azael qu’elle avait rencontré dans les Ruines d’Erathia qui émanait de cet homme. Peut-être. Et puis de toute façon cela aurait-il changé quelque chose ? Tout c’était passé si vite. Une minute, une seconde elle n’aurait su le dire.
Après son interruption, Nalween avait tourné un regard interrogateur vers son futur époux qui avait froncé les sourcils en voyant ce dernier. Le P’yra avait semblé aussi surpris qu’elle et il allait sans doute demander à l’homme ce qu’il faisait ici lorsque que ce dernier tandis un doigt vers le P’yra avant de prononcé un « Tutnési » d’une voix rocailleuse. De son côté, la Grande Prêtresse aurait volontiers arqué un sourcil en ponctuant d’un « Certes » si Tutnési ne s’était pas effondré la seconde qui avait suivi.

Les yeux cristallins de la Dame s’étaient braqués vers le corps inanimé de son futur époux, interdite. Sans doute avait-elle hésité entre dégainer la dague attachée fermement à sa cuisse par une sangle de cuir et se jeter au côté du P’yra mais l’homme en question trancha à sa place en s’avançant dans la pièce avant de braquer un doigt vers elle. Elle ne se rappelait plus si elle avait eut le temps d’articuler quoique ce soit mais c’est à cet instant que tout sombra dans le néant. Peut-être l’idée que la fin était venue lui avait traversée l’esprit, mais le venin qui enflammé son corps lui avait prouvé le contraire. La douleur la paralysa, l’empêchant d'hurler sous le supplice qui habitait désormais chaque recoin de son être. Son dos s’arqua alors que le contact froid du sol contre ses jambes lui apprit qu’elle avait du tomber à terre et elle tenta de se concentrer sur ce toucher glacial pour endiguer souffrance qui noyait chaque parcelle de sa conscience. La douleur lui faisait perdre pied avec la réalité, sa vision s’obscurcissait de plus en plus alors que la fièvre, brûlante la terrassait.

La douleur. Elle avait toujours été coutumière à la Prêtresse qui avait comme ses compagnons étaient formés pour soigner les siens. Jeune, cette douleur l’avait soufflée puis l’elfe comme les autres s’y était habitué, elle était devenu leur lot quotidien. Pourtant, elle aurait préféré mille fois ressentir la douleur qui l’avait presque anéantie à ses débuts et s'il le fallait pour l’éternité que l’embrasement qui l'enlaçait alors de son étreinte suffocante. Sentant qu’elle perdait conscience, la Dame Elfe tenta de trouver un repère et décida de se concentrer sur les battements de son cœur, battement qui ressembler plus à des spasmes irréguliers qu’à autres choses. Si elle avait encore une la force d’être sarcastique, elle aurait sans doute ponctué cette observation assez désastreuse d’une remarque ironique mais elle se contenta d’en prendre note.

Le premier jour fut pour elle le pire. Des personnes au service de Tutnési avait trouvé le corps de la jeune femme par terre ainsi que celui de Talia mais cela elle n’en sut rien. Elle ne s’aperçut pas non plus qu’on l’avait transportée jusqu’à un lit, quel importance ? Puis elle s’accoutuma au vague de souffrance qui ravageait son être, non pas dans le sens où elle ne lui faisait plus mal mais elle réussit à reprendre le contrôle progressivement de ses pensées et à discerner avec une précision affûtée l’incandescence des flammes. Le temps s’écoula ne lui laissant aucun répit quant au mal qui la dévastait et lorsque son corps était trop épuisé elle perdait connaissance, une heure, une minute avant que les piques acérées ne délogent encore et encore sa conscience.

Elle ne sait pas quand elle ne sait pas comment, mais elle parvint à distinguer des voix qui lui étaient inconnues. Enfin ce n’était pas tant les voix en question qui lui avait permis de se focaliser sur autre chose que la douleur qui lui lacérait le corps mais le Cydien qu’il parlait. Aucun accent, aucune intonation rien cela ne venait pas d’un Almer. Nalween tenta alors de distinguer les mots qu’il prononçait et distingua alors « maladie sans pareil », « comparable à la grande épidémie ». La prêtresse aurait voulu hurler pour savoir de quoi il en retournait mais elle n’y parvint, pas seul les souffles qui embrasaient sa gorge s'échappaient d'entre ses lèvres.
Sa cité était-elle aussi plongée dans le chaos ?

Dans un sursaut de force dont elle ne parvint pas à trouver l’origine la belle elfe parvint à saisir le poignet de quelqu’un à ses côtés ignorant la torture qui irradia de ses articulations. Entre ses lèvres, elle parvint à articuler un « Silmarie » , mot qui déclencha une quinte de toux alors qu’elle constatait avec amertume que même brisée sa voix parvenait encore à être chantante. Puis elle perçut que non, Silmarie n’avait pas été touché par le mal, ni aucune autre Cité d’ailleurs à part Ptot Tàh. Si elle n’avait pas eut peur de déclencher une autre crise, elle aurait lâché un soupir de soulagement, mais elle ne s’y risqua pas. Pourtant, dans cet simple affirmation elle retrouva la force de lutter. La volonté qui était enfouie en elle se fit un chemin et la prêtresse se résolut à ne plus perdre la moindre bataille contre la calamité qui invertissait son corps et même si elle haïssait cette idée, la jeune prêtresse n’avait plus qu’à attendre.

[Pas de probléme, faites juste en sorte de paraître un maximum convaincants lorsque que vous lui demanderez la bague (en gros essayer de faire rentrer dans son cerveau en marmelade les informations nécessaires... Good luck XD)]

Jacen avait souhaité se rapprocher de sa famille: et les dieux l'avaient exhaussé! Après avoir passé un moment très spécial avec sa femme face à l'homme qui l'avait recherché pendant dix ans, le voilà en train de voyager avec sa fille aînée. A la recherche de sa fille cadette, Jelenna. Celle qu'il ne connaissait que très peu, mais qu'il aimait déjà.
Le seul problème, c'est que l'agrandissement de la famille ne semblait pas plaire à Eléa. Le Templier, afin d'insuffler une énergie et une motivation nouvelle à sa fille, lui avait révélé la future double maternité qui les attendait... Nouvelle que l'ainée avait pris avec une certaine mauvaise humeur compte tenu du fait qu'elle n'avait pas adressé la parole à son père depuis! Et sa princesse de fille savait jouer à la perfection ce petit jeu, comme sa mère d'ailleurs. Pourvu que ses jumeaux ne soient pas de nouvelles filles, car il n'était pas vraiment en situation de force!

Chemin faisant, dans le silence et le vent de l'hiver, Jacen avait eu le temps de réfléchir à la situation. Son élève, sa fille et leurs compagnons avaient de manière aussi spectaculaire qu'inattendue mis une énorme pression sur les Erathiens en détruisant un premier cavalier. Nul doute qu'Azael n'allait pas rester de marbre, et l'alliance des peuples qui se dessinaient nécessitait la participation de Ptot Tàh. Ainsi, et même au-delà de l'amour que le père portait à sa cadette disparue, il souhaitait profiter de ce voyage surtout pour réveiller l'intérêt de Tutnési. Peut-être avait-il changé depuis ses fiançailles... Ou peut-être pas! Quoi qu'il en soit, et même si le P'yra ne s'est pas fait connaitre pour cela, Jacen allait devoir jouer la carte de la compréhension et de l'égalité entre les peuples, et ne pas déraper sur la condition Nua!

C'est donc avec une certaine appréhension, doublée du soulagement d'arriver et de ne pas passer la soirée dans la fraicheur du désert. Ptot Tàh, la cité brillante, se localisait très facilement de loin dès que le soleil se reflétait sur ses bâtiments d'or. Et aussi grâce aux corbeaux qui tournaient autour.
Pas un bruit ne sortait de la Cité, comme de la bouche de sa fille. Et comme le témoignait les cadavres à l'entrée, ce n'était pas une ville: c'était un tombeau à ciel ouvert.

"Putain!"

Toute la retenue et la politesse du maître Templier s'évapora comme neige au soleil sous le coup de la surprise. Aussi vif que son corps lui permettait, il saisit le sabre à sa ceinture et le matérialisa devant lui. Par réflexe, il envoya un message télépathique à Jiven pour lui décrire la situation et le peu d'informations qu'il voyait: des bâtiments intacts, mais des gens morts. Se cachant la bouche avec sa manche, Jacen s'approcha du cadavre le plus proche et le frôla comme pour le soigner. Les informations ne se firent pas attendre: les tâches sombres, l'odeur de pourriture et le sang autour de la bouche: la Souillure. Cette saloperie qui avait décimé déjà des milliers de personne, et qui avait bien failli lui être personnellement fatale.

"Eléa, c'est la Souillure, écarte-toi!"

Il avait été beaucoup plus sec qu'il ne l'aurait voulu, mais la situation était urgente. Si la maladie s'était répandue, ce n'était pas par hasard... Azael, les Cavaliers, la Souillure... Merde, tout était lié en fait. C'était pourtant si évident.

"Surtout ne bouge pas, je vais t'immuniser à cette saloperie."

Sans vraiment lui demander son avis, il apposa ses mains au niveau du coeur de sa fille, une main devant et une main sur le dos. Utilisant son expérience, il insuffla dans le corps de sa fille son pouvoir, et protégea ses organes du virus.

"Il y a urgence, on doit se rendre au palais. Si Tutnési est mort, les conséquences vont être terribles."


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Dans la chambre la plus somptueuse du Palais, Jacen et Eléa ne trouvèrent qu'une jeune fille brune, bronzée et finement musclée. Son état semblait moins avancé que les malades agonisants qu'ils avaient croisés (il fallait bien faire des choix, même déchirant), comme si le virus avait décidé de la faire souffrir plus longtemps. Tutnési n'était nul-part, et Jacen pensait que cette jeune femme agonisant dans sa chambre était sa seule chance de savoir.
Dans la tourmente, le templier eut quand même la fierté de voir sa propre fille utiliser avec talents ses pouvoirs de guérison. Un autre héritage familiale, même si son ainée ne semblait pas vouloir l'accepter.
La jeune fille reprit peu à peu ses esprits. Elle chercha d'abord à se défendre vainement, toutes ses forces l'ayant quitté. Puis, elle accepta de s'exprimer en cydien pour expliquer, avec une respiration difficile, les grosses lignes: un type invincible s'était pointé, et tout le monde s'était écroulé. Tutnési et sa femme, Nalween. C'était de plus en plus mauvais.
Assuré que l'état de Talia n'empirait pas, les deux personnes reprirent leur course dans les couloirs du palais. Ils tombèrent enfin sur une chambre décorée avec goût, où seule une jeune elfe allongée semblait inanimée. La Souillure se voyait même à travers ses vêtements, dévorant le corps de la prêtresse comme les ténèbres étouffaient une torche.
Jacen se précipita au chevet de Nalween. L'état était catastrophique, nécessitant des soins immédiat et massifs: concentrant toute sa magie dans son bras, il enveloppa le corps de la jeune femme dans une bulle bleutée protectrice, s'employant à limiter l'infection avant d'obliger le corps de l'Elfe à rejeter la maladie. Et bientôt, alors que les tâches se résorbaient de quelques centimètres, une petite masse noire grossissait au bas du lit. Nalween serait bientôt consciente, mais Jacen et elle allait devoir rester ainsi un long- et épuisant- moment.

Jelenna avait disparue dans le désert, pour moi, il était logique de me rendre à Ptot Tàh car peut-être y aurait-il là-bas quelques informations la concernant.
Seulement, si j'en avais la volonté, mon corps avait refusé de me suivre, prisonnier des affres de mon âme. Avant d'avoir pu ne serait-ce qu'esquisser un mouvement hors du Temple où la pétasse blonde m'avait ramené, j'avais du supporter les entrainements quotidiens de Jiven qui tentait de m'apprendre à maitriser un tant soit peu mon "don" de l'Esrpit. Il me fallait apprendre à enfermer mes pensées et mes sentiments au plus profond de mon âme pour ne pas sombrer dans la folie et le maitre avait réussi tant bien que mal. La culpabilité, le désarroi et la peur de perdre l'être qui m'était le plus cher avait fait place, grâce au Templier, à une volonté féroce de vivre et de retrouver la petite fille. Jelenna me manquait certes mais la douleur et la souffrance avaient laissé place à une douleur presque supportable. Ainsi, maitre Jiven avait consenti à me laisser sortir du Temple pour me rendre dans la cité du désert toutefois, il avait émis une condition, que ce soit mon père qui m'accompagne.

" Il n'en est pas question ! " avais-je hurlé lorsqu'il me l'avait annoncé dans son bureau.

" Il m'a abandonné, ce sale bâtard ne m'accompagnera pas ! "

Furieuse, je sentais échapper mon contrôle tout récent sur mon esprit. Il me fallut me calmer quelques minutes, me concentrant sur une pensée positive, si tant est qu'il en reste en ce bas monde. Ensuite, ce fut au tour de maitre Jiven de parler :

" Tu as fait un bon travail Eléa, mais je ne peux prendre le risque de te laisser aller là-bas seule, tu pourrais te révéler un danger pour toi-même comme pour les autres. Jacen t'accompagnera sans quoi, tu n'iras pas. "

Il fallait bien avouer que le maitre avait su être convainquant et que je m'étais laissée convaincre. Moi qui m'étais jurée de ne jamais plus me laisser influencer par un homme, j'avais laissé ce dernier entrer dans ma vie et y jouer un rôle important. Il m'avait en quelque sorte sauvée et je lui en étais reconnaissante, lui offrant tout le respect dont j'étais capable. J'avais accepté de faire la route avec mon père pour lui, pour le remercier de ce qu'il avait fait pour moi, il ne faudrait pas m'en demander plus.

Le voyage avait débuté pourtant ... presque bien. Sur le dos de ma jument, j'avais même décidé de faire un effort et de parler à Jacen, ceci me permettant aussi éventuellement de ne pas remuer de sombres pensées et de retomber ainsi dans mon désespoir naturel. Je lui demandais donc ce qu'il avait pensé de Jelenna. Je savais que la petite fille l'aimait énormément, elle avait un père et l'adorait. Jacen était du genre à partager ce genre de sentiments et mon dégout pour sa personne devait accentuer cela. Et puis, Jelenna était tellement mignonne ... Je connaissais donc déjà plus ou moins la réponse mais j'étais loin de m'imaginer la suite.

Ma mère et lui ... pardon ? Enceinte ? De jumeaux en prime ?
La colère remplaça immédiatement toute autre émotion dans mon esprit. Encore une fois ils m'avaient trahie sans vergogne et il osait faire le voyage en ma compagnie ? Cette fois c'était sur, je ne le lui pardonnerais jamais. Je le foudroyais du regard et ajoutais :

" C'est pas parce que tu te tapes ma mère que ça te donne le droit de jouer au père. Ne m'adresse plus la parole. "

Sur ce, je donnais un coup de talons à ma jument pour qu'elle parte en tête.
Je passais ensuite le voyage à fulminer intérieurement et à réfléchir au moyen de me calmer. Sans vraiment y parvenir. Le temps passa assez vite ensuite. J'ignorais tout simplement la présence de mon père, faisant comme s'il n'existait pas et ce n'était pas bien difficile puisque j'avais vécu tant de temps sans lui. La cité pointa le bout de son nez sans même qu'on y prenne garde. Ce ne fut qu'en voyant les corbeaux voler au dessus de la cité du désert que je ralentis le pas de l'animal. Je descendais, peu convaincue que la situation était normale.
Plus on approchait de la cité, plus la puanteur était grande. Les corps des gardes aux portes de la cité me mirent la puce à l'oreille : la situation n'était pas normale. Pas normale du tout. Je restait là, incapable de décider du chemin à suivre tandis que Jacen touchait les gardes. Le juron qu'il poussa me laissa sans voix. Je n'avais pas eut l'occasion de voir cet aspect de la personnalité de mon père et inconsciemment, elle me plaisait.

La suite pas vraiment. La sou-quoi ? Attendez oui ça me disait quelque chose !
Il s'approcha tellement vite de moi que je n'eus même pas l'occasion d'esquisser le moindre mouvement de recul. Je sentis son soin pénétrer en moi et mes organes sortirent indemne de cette saloperie. D'un geste brusque, je dégageais sa main :

" Ca va pas non ? " hurlais-je sans m'en rendre compte.

J'avais agi sous le coup de l'émotion. Personne n'avait encore touché CETTE partie de mon corps mis à part lui. Brefle, ce n'était pas comme si il l'avait fait dans de mauvaises intentions et j'avais presque envie de le remercier pour son soin mais avec cette réaction, c'était impossible. Jacen s'affola ensuite, je me disais que c'était surement à cause de ma réaction de rejet mais pas du tout, ce qui quelque part, me vexa. Il s'inquiétait du tortionnaire. Tutnesi mort ? Et alors, l'aubaine non ?
Je réfléchissais soudain, consciente que Tsuki et Haiiro qui nous avaient accompagnées risquaient leur peau.

" Pas question d'entrer dans ce tombeau à ciel ouvert sans les immuniser elles. "

Sans même attendre la réponse de mon père, et consciente que de toute façon, la mort de Tutnesi serait profitable à Muria, je me tournais vers la louve en premier. Posant ma main sur son coeur, je tentais de réitérer les gestes que Jacen avait eut sur moi. J'avais plus ou moins bien compris la technique de soin et c'était une chance? Il me fallu deux fois plus de temps que Jacen pour opérer la guérison de la louve et un peu moins de temps pour celle de Tsuki. Une fois sure qu'elles ne risquaient plus rien, je me décidais enfin à entrer dans la cité.
Tsuki et Haiiro nous suivirent à contre-coeur. La puanteur des rues expliquait surement leur comportement. La mort était partout et pour les rares encore vivants, ils rampaient au sol. Il fallait faire des sacrifices mais je ne voyais pas pourquoi il fallait privilégier ce salaud de Tutnesi ! Je continuais ma route, suivant mon père vers le palais, évitant de croiser le regard des survivants qui ne tarderaient pas à mourir sans soin. Je fus néanmoins soulagée de voir que quelques soigneurs tentaient de sauver ici et là les vies qui étaient sur le point de s'éteindre.

Alors que nous étions dans le couloir qui devait mener aux chambres, une jeune femme inanimée gisait au sol. C'en était trop, je ne pouvais pas passer les yeux fermés, oubliant de soigner ceux qui en avaient besoin. Jacen eut surement la même idée que moi et pour une fois, cela ne me fit pas tiquer. Il apposa ses mains sur le corps de la jeune femme pour tenter de la soigner mais vu l'état avancé de la maladie chez elle, je préférais lui porter secours. J'avais peur qu'elle meurt et je n'avais pas la force de laisser quelqu'un mourir devant moi sans rien faire. Il fallait beaucoup d'énergie pour soigner quelqu'un, je l'avais presque oublié !
La jeune femme se réveilla et tenta de nous attaquer. Sympa ! Pas qu'on venait de la sauver mais presque. Fort heureusement, elle n'eut pas la force d'aller jusqu'au bout et nous révéla que Tutnesi avait été enlevé. Enfin une bonne nouvelle ! Bien fait pour ce salaud, même si c'était un Cavalier, au moins incarnait-il la justice. La jeune femme, qui au passage s'appelait Talia, et ce nom me disait quelque chose, Kiera avait du en parler une fois lors d'un conseil me semblait-il, nous précisa que Nalween était là. Nalween, la Prêtesse avec qui Muria avait eut l'occasion de se lier. Si elle était là, cela voulait dire qu'elle était malade à son tour et ça, ce n'était pas bon, pas bon du tout.

Je vis mon père se jeter dans la chambre et aller au chevet de la Dame qui semblait bien mal en point. La puanteur de la mort commençait à se faire sentir ce qui m'indiquait qu'elle ne tarderait pas à trépasser. Le templier la prit en charge immédiatement et, voyant que je ne lui serais d'aucune aide, je réfléchissais à la situation. Bon, cette saloperie de maladie était du au Cavalier du même nom, on était d'accord. Pourquoi avais-je l'impression d'oublier quelque chose d'important à son sujet ?

Je réfléchissais toujours tandis que Jacen commençait à soigner la Dame allongée sur lit, inconsciente. Plus j'y repensais moins je me souvenais. Ce fut au moment où la belle elfe, dont la maladie ne gachait en rien les traits si fins et si délicats, se réveilla que je me souvins de ce qui était le plus important. La solution pour tuer Maladie ! Mais bien sur, Jacen la connaissait aussi puisque c'était Jelenna qui nous l'avait confié mais il était trop occupé par son soin et n'y avait même pas réfléchi. Mais si Maladie avait lancé son noir destin sur la cité, il était évident qu'il reviendrait, ne serait-ce que pour vérifier que sa magie s'était répandue et que personne n'avait cherché à inverser le temps. Et puis il y avait Nalween justement. D'après ce que j'avais compris, elle avait croisé le chemin de Maladie et quand il le dirait à son maitre, ce crétin n'aurait d'autre idée que de la capturer, c'était logique. Enfin me semblait-il.
Qu'avaient dit les déesses à ma cadette déjà ? Seule une femme peut tuer Mort, ouais ben ça je m'en foutais c'était Maladie qu'il me fallait. Nalween ouvrit les yeux, brulante de fièvre mais consciente et à cet instant, alors que je regardais la jeune femme s'éveiller, je me souvenais.

Le corps blotti contre moi, Jelenna m'avait raconté son rêve ce jour-là. Sa petite voix résonna dans ma tête comme si la scène se passait à l'instant même.

" Dame Esra a dit que les Cavaliers étaient puissants mais pas invincibles. Il faudra la bague de Silmarie pour tuer Maladie. "

En gros, voilà ce que la petite m'avait dit ce jour là et si je ne l'avais pas cru sur le moment, force était de constater qu'elle avait eu raison pour Bête. Esra n'avait pu lui mentir sur le reste. Ce n'était pas le but de la déesse et elle n'en tirerait aucun intérêt. Si ses fidèles mouraient, elle mourait avec eux, aussi, je décidais de faire confiance aux dires de la petite princesse amazone. De toute façon, je savais que les Templiers la croyaient et ils avaient eu raison dans le désert. Tout laissait à penser que la déesse n'avait pas menti. Il me fallait cette foutue bague et je savais pour l'avoir entendu de la bouche de Jelenna que c'était Nalween qui l'avait. Je scrutais le corps de la Dame sans vergogne à la recherche de cette bague et là, là, je la voyais.
Je ne pus m'empêcher de remercier Jelenna intérieurement. Ma petite puce, je viendrais bientôt te chercher, promis, mais là, il y avait plus urgent : détruire le Cavalier et en plus, si je réussissais, cela me permettrait de sauver Jelenna plus facilement. D'une pierre deux coups comme disait le dicton. Je réfléchissais maintenant à la méthode à employer pour obtenir la bague de la Dame. A vrai dire, je me doutais que l'objet devait lui être précieux, je m'en doutais mais il était la clé de ce problème. Comment la convaincre ?
Plus j'y réfléchissais moins je trouvais et plus le temps passait. Il était trop précieux pour que je le laisse filer ainsi sans agir.
L'image de Jelenna de ce jour-là me revint en tête. Ce fut cette image de ma sœur, les yeux pleins d'espoir, qui me poussa à agir de la sorte. Sans doutes ne saurais-je pas fière plus tard de mon comportement mais peu importe.

" Dame Nalween, je suis vraiment désolée. " soufflais-je comme pour m'excuser de ce que j'allais faire.

" Vous portez à votre doigt une bague si précieuse que je me dois de vous demander de me la prêter. Dame Esra, dans sa grandeur, a confié à ma sœur cadette, Jelenna, la façon de venir à bout des Cavaliers et votre bague permettrait de sauver le monde de Maladie. "

Je ne savais pas par où commencer et j'espérais la convaincre.

" La bague doit être portée devant lui pour le tuer et dans votre état, vous ne pouvez le faire vous-même. Je suis consciente du sacrifice que je vous demande mais par pitié, confiez-moi la bague, au nom de l'alliance existant entre Silmarie et Muria dont j'incarne le pouvoir en tant que princesse héritière, mais plus que tout, au nom des peuples. "

La jeune femme ne semblait pas convaincue et je n'étais pas assez douée pour la convaincre. De toute façon je manquais de temps et il en faudrait beaucoup trop pour la soigner et pour qu'elle agisse d'elle-même. Je décidais de passer aux choses sérieuses :

" Les gens meurent au dehors de ces murs, je ne peux me permettre de vous laisser hésiter alors que vous pourriez les sauver en me confiant cette bague. La souffrance de ce peuple sera celle de tous les peuples si vous laissez Maladie agir et répandre son mal car après Ptot Tàh, il est fort à parier qu'Azael attaquera les autres cités. Je comprends votre hésitation, je ne suis qu'une gamine que vous voyez pour la première fois sans doutes, mais des gens meurent et je ne peux pas laisser faire cela sans agir. Je suis désolée. "

Sans plus attendre, je poussais mon père, l'empêchant ainsi de soigner la Dame et faisant disparaitre la bulle de soin qu'il avait créé autour d'elle. Je n'étais pas fière de mon acte mais la situation l'exigeait, j'étais pressée par le temps et trop peu douée pour négocier. La Dame était encore malade et elle ne risquerait pas de mourir, j'en étais persuadée.

" Pardon ma Dame, je n'ai pas le choix. Vous devez comprendre ce qu'ils endurent, je dois essayer de les sauver. Pitié. "

Je ne savais plus quoi rajouter. Je posais ma main sur le cœur de la Dame, tentant de comprendre le mal qui la rongeait pour lui prouver ma bonne foi. Je parvenais à faire reculer la maladie un tout petit peu mais force était de constater que je n'avais pas assez de talent pour cela. Je me poussais, laissant la place à mon père pour qu'il continue de la soigner.

" Pitié ma Dame. "

Le destin de la cité était entre les mains de Nalween désormais.

La Grande Maladie. Ils en avaient déjà parlés, des multitudes de fois avec les autres prêtres en 142, année où le virus avait sévi. En tant qu’héritière de la charge d’Ayaween, Nalween avait été naturellement écartée du Fléau – tout comme les prêtres de l’Autel de sa génération, bien trop jeune pour être utile- afin de ne prendre aucun risque vis-à-vis de cette maladie dévastatrice. Agée d’à peine quatorze hivers, elle n’avait pas songé à protester et quand elle se remémore les visages torturés des malades elle sait aussi pourquoi. Mais aujourd’hui elle le regrettait amèrement. Elle croyait aussi se souvenir que c’était cette plaie qui avait emporté la sœur de Kriisten, la Reine de Givre… rien de très réjouissant donc. Alors que les doigts de flammes semblaient prendre un plaisir malin à écorcher chacun de ses membres les uns après les autres, l’attente lui semblait de plus en plus insupportable. La prêtresse ne savait pas ce qu’elle aurait donné pour que cet homme revienne pour l’achever, elle sentait ses forces la quitter et elle avait assez d’expérience pour savoir que la fin approchait à grand pas mais cette infime consolation lui semblait tellement lointaine que l’esprit de la prêtresse se contentait de se recroqueviller encore et encore sur lui-même. La prêtresse avait bloqué ses membres, tentant par là de contrôler la douleur et ses paupières étaient résolument fermées ce qui ne lui avait pas permis de se rendre compte de la tombée de la nuit et de la levée du jour mais en se basant sur les battements de son cœur (aussi indomptables soit ils), elle pouvait estimer sans mal que cela faisait des jours que le mal ravageait son corps, saper ses forces et anéantissait ses chances de guérison. Pourtant elle ne pouvait pas imaginer perdre la vie, elle ne le pouvait pas. Sa propre héritière n’avait pas été désignée, Silmarie verrait sans Grande Prêtresse son équilibre s’effondrer, les elfes perdraient espoir. Non elle devait vivre.

L’une des choses les plus insupportables – après la douleur bien entendu – était aussi le silence qui régnait désormais dans le palais. La prêtresse avait beau tendre l’oreille rien ne venait le troubler et il devait reposer sur chacun d’eux comme un linceul sinistre et funeste. Si on lui avait dit un jour qu’elle mourrait seule. Puis se fut comme un éclair dans son esprit rongé, qui l’assaillait dés que ses esprits reprenaient le dessus et ses pensées se tournaient vers son frère. Nathanaël. Elle serra les dents alors qu’une larme s’échappait de ses yeux, cristal qui roula le long de sa peau entachée qui fut bientôt suivi d’une autre alors que sa poitrine se soulevait par à coup se moquant bien que ce simple mouvement lui fasse souffrir le martyr. Elle n’aurait jamais du l’entraîner avec elle à Ptot Tàh, jamais. Elle eut une pensée pour James, qui avait selon lui –après une intervention divine bien entendu- du se jeter avec une de ses récentes connaissances –féminine bien entendu- dans les montagnes de l’ouest pour une durée –toujours bien entendu- inconnue. Elle aurait souri si cela ne lui aurait pas arraché une grimace, au moins il n’était pas iciet c’était tout ce qui comptait.

Mentalement, la prêtresse tenta d’estimer une nouvelle fois la distance à laquelle se trouvait Nath mais elle savait aussi pertinemment qu’il lui serait impossible de franchir cette distance aussi infime soit elle, le palais il y a quelques jours si animés s’était transformé en cercueil.
Puis elle les entendit. Des pas, rapide pas assez légers pour être elfique bien entendu et qui se stoppèrent à quelques mètres de la chambre. La Reine Elfe aurait cru à une hallucination si elle n’avait pas perçu une voix étonnement faible en vue de la personne à qui elle appartenait. Talia. Par Silmaria jamais elle ne fut si heureuse d’entendre la voix de cette furie. Si elle vivait encore, c’était sans doute que la maladie prenait un malin plaisir à torturer les gens avant de les faire succomber, et donc ce qui laissait d’autant plus de temps pour les guérir. Les voix reprirent et elle en discerna une autre, féminine mais aussi celle d’un homme même si les mots qu’ils prononçaient n’arrivaient pas à se frayer un chemin dans son esprit délité.

Puis elle le ressentit parcourir son corps, un flux étranger à son énergie annihilée d’abord infime puis beaucoup plus puissant à mesure qu’il enlaçait ses membres. Elle sentait qu’elle recouvrait ses forces et ses sens lui revinrent progressivement. Ce mal la quittait et après quelques secondes qui lui semblèrent être des heures, elle se redressa, sans doute un peu trop vite ce qui provoqua chez la dame un vertige mais c’était tellement insignifiant en regard de ce qui l’avait dévasté pendant des jours qu’elle l’ignora tout simplement. Ses yeux fouillèrent la piéce et elle se serait levé si une voix c’était fait entendre, la même que celle qui avait résonné plus tôt dans le couloir et cette fois ci elle eut tout le loisir de l’entendre. Une avalanche de paroles déferla sur la Reine des Brumes qui du s’accrocher à chacun d’eux pour ne pas les perdre. Elle nota avec un sourcil fronçé assez significatif de son incompréhension que le premier mot de la princesse fut « Désolée ». Autant dire que cela n’augurait rien de bon . La prêtresse entre deux salves de paroles jeta un regard à l’homme qui l’accompagnait, un templier Cydien qu’elle reconnut, Jiven lui ayant certainement présenté elle croyait se souvenir qu’il avait un lien avec Celyween, Ja.. Jasper ou Ja-quelque chose qui lui était sorti de la tête. Elle le remercia du regard, tentant de faire passer dans son regard toute la gratitude qu’elle ressentait pour ses efforts avant de revenir à la Princesse et là elle comprit pourquoi elle était desolée. Elle bouscula le Templier, qui perdit l’équilibre et rompit le charme qui était en train de tisser. Le fléau reprit toute sa vivacité dans le corps de l’elfe qui se plia sous la douleur, les dents serrées. Les yeux de glace de la prêtresse se braquèrent sur la Princesse, alors qu’elle murmurait entre ses dents.

« Bon sang Eléa, Cà me ronge depuis des jours je crois avoir eut plus qu’un aperçu de ce que la population endure. »

Puis la Princesse se rapprocha d’elle, et la prêtresse tenta de s’écarter pour ne pas la contaminer ne sachant pas qu’elle était immunisée mais pas assez vite et Eléa appliqua une main sur sa poitrine douloureuse et la prêtresse sentit à nouveau l’énergie la parcourir, dans une plus faible mesure avant que l’Amazone ne retire sa main. Elle finit alors sa tirade, s’écartant pour que le Templier reprenne son œuvre et la prêtresse put à nouveau se redresser. Tournant la tête vers Eléa, elle vit que cette dernière la suppliait du regard.

« Je t’en prie Princesse, laisse-moi quelques secondes ».

Secondes qu’elle ne semblait pas prête à lui accorder mais elle n’eut pas vraiment le choix. La bague. La Grande Prêtresse leva la main –geste qui lui fit à nouveau serrer les dents en étouffant une plainte sourde- avant de contempler à nouveau la bague. Une merveille d’orfèvrerie, les pierres précieuses iridescentes reposaient dans toutes leur splendeur sur un anneau d’argent, ses dernières forgeant de leur éclat et de leur tranchant une structure parfaitement équilibrée. La bague qui ornait depuis maintenant un an son doigt après avoir sublimé ceux d’Ayaween et avant elle de toutes les Grandes Prêtresses de Silmaria. Oui, ce n’était guère étonnant que cette bague ouvragée aux reflets chatoyants ait une telle utilité.

Toutes les pièces du puzzle s’enchâssèrent sous ses yeux alors qu’elle se passait une main sur le front. Si lorsque la princesse avait parlé de Maladie la prêtresse avait d’abord cru à une figure de style pour qualifier le mal qui les dévoraient mais elle se rappela alors de ce que lui avait rapporté Sora, les Cavaliers de l’Apocalypse ses hommes qui avaient de leur vie donnait leur âme à Azael. Maladie de toute évidence devait être celui qui avait emporté Tutnési et l’avait empoissonné. Un soupir s’échappa des lèvres de la Reine, lèvres qui commençaient à retrouver leur couleur d’origine rendant moins spectrale son visage au teint pâle.

« Tu n’as pas besoin de me supplier Eléa, elle fit glisser le fin anneau de son doigt avant de décrocher une chaîne de son cou et d’y faire glisser la bague qu’elle tendit à la jeune Cydienne, Prends en soin princesse, cette bague a été porté pendant des siècles par les Grandes Prêtresses de Silmaria, elle a une valeur inestimable aux yeux de mon peuple mais prends surtout garde à toi, il n’a pas fallu plus d’une seconde au Cavalier pour faire tomber le P’yra, je te conjure d’être prudente.»

Instinctivement, elle effleura son doigt désormais nu de tout ornement avant de tourner la tête vers la fenêtre geste qui lui arracha un regard triste. Quel massacre. Il fallait organiser les secours, rapidement, avant que la population ne succombe à ce mal dévastateur. Son époux aurait fait cela mieux que personne.

« Et si tu sais ce qu’il a fait de Tutnési, si tu as la moindre information à son sujet préviens moi princesse. »

Ce n’était pas son rôle d’empêcher la princesse amazone de se jeter aux trousses du Cavalier, même si son jeune âge horrifié la prêtresse en vue du danger qu’elle courrait : Son père était de loin le plus à même de juger de sa valeur. Elle souffla un « Merci » au Templier alors que le mal se retirer peu à peu de ses membres.

Je n'avais que peu d'options.
Il m'aurait surement été plus simple de voler la relique sur les doigts fragiles de la jeune femme mais je n'avais pu m'y résoudre. Peu importait que le temps passe et tue de pauvres innocents, cela ne justifiait d'agir par traitrise. Je préférais avoir la confiance de Dame Nalween plutôt que d'avoir son pardon. Toutefois, j'avais peur d'avoir commis une erreur. La première était bien sur d'avoir poussé mon père ce qui avait eu pour effet de le couper en pleine séance de soins certes, mais la seconde était d'avoir remis mon destin et celui de la cité entière entre les mains d'une femme malade et presque mourante quelques minutes auparavant. Je n'avais jamais été douée pour parlementer alors mes mots avaient-ils su atteindre l'esprit surement embrumé et tourmenté par la maladie qui pourrissait les chairs depuis plusieurs jours de la jeune femme ?
Je l'espérais sincèrement.
Nalween sembla faire un effort surhumain pour suivre mon monologue et je me rendis compte en fermant la bouche que j'avais forcé cette femme à la pire des tortures. Quelques secondes ... elle aurait surement mérité que je lui laisse des heures vu son état ! La prêtresse devait surement être fatiguée pire que tout, elle devait avoir mal, tellement mal que m'écouter relever du miracle et elle avait eut la gentillesse de ne pas me rabrouer. Du moins, pas aussi méchamment que je ne le méritais. Au début, je m'étais attendu à ce qu'elle refuse catégoriquement, après tout, la bague était un objet précieux pour Silmarie, je m'en doutais, sinon pourquoi la garder sur elle constamment ?

Il fallait qu'elle accepte.
Une fois encore, l'espoir était la dernière chose qu'il me restait.
Et l'espoir frappa à la porte du destin comme le plus magnifique des cadeaux qu'il me fut offert sur cette terre depuis ma naissance.
Les mots de l'elfe résonnèrent dans mon esprit comme une délivrance. Nalween m'offrait sa bague certes, mais plus que tout, sa confiance.

" Je vous remercie noble Dame, j'en prendrais grand soin jusqu'à son retour entre vos mains et je peux vous promettre de faire tout ce qu'il me sera offert d'accomplir pour venir à bout de cette chose. "

Quand au P'yra ... au fond de moi, je ne pouvais que penser qu'il aurait mieux valu qu'il meurt pourtant, l'inquiétude qui perlait dans les quelques mots de la dame me firent compatir à sa douleur. Plus que la douleur physique, perdre un être cher était quelque chose de déchirant, c'était un acte dont on ne se remettait jamais. J'en étais plus que jamais consciente depuis la disparition de Jelenna et je ne pouvais que partager l'inquiétude de Nalween à ce sujet. Je posais une main sur la sienne en ajoutant, tout aussi sincère que je puisse l'être :

" Je serais prudente, et je saurais où il a emmené Tutnesi. Je ne pense pas qu'il l'ai tué, pour l'heure, il me semble qu'il est plus utile vivant que mort ma Dame. Reposez-vous. "

Je ne savais si ces quelques mots avaient eut l'impact escompté mais ils étaient vrais. Je comprenais qu'on souffre de l'absence d'un être cher et je me doutais qu'Azael ne pouvait pas tuer Tutnesi tout de suite. Il n'enlevait que les personnes dont il avait besoin et tuait les autres sans hésiter. Il avait demandé à ce dragon de nous tuer pour récupérer Jelenna et étant donné l'état de la cité, force était de constater que le même scénario se jouait ici. Tutnesi était vivant, pour le moment du moins. Je mettais dans un côté de ma tête la demande de la Prêtresse et je me focalisais sur Maladie. Mais avant toute chose, je demandais à l'elfe :

" Permettez-moi de la porter autour du cou pour ne pas la perdre ma Dame ".

La Dame n'eut pas le temps de répondre car ce fut à cet instant que mon père réagit. A croire qu'il était plutôt long à la détente mais quelque part, j'aurais préféré qu'il ne réagisse pas. J'avais certes eu tord d'agir de la sorte mais ce n'était pas la peine de s'emporter comme ça ! Bon sang mais il était complétement débile ce mec ! Je venais d'obtenir la chance de sauver la cité, même s'il était vrai que j'avais pris beaucoup de risques ... mais quand même !
Je ne répondais pas à sa première pique, je l'avais sans doutes méritée et de toute façon, je n'avais pas de temps à perdre. De plus, si ma mère comme il se plaisait à le dire, m'avait appris quelque chose, c'était de ne jamais m'abaisser et répondre à ce genre d'inepties ... bref, vous voyez la suite. Je le laissais dire, retenant toute la colère que j'avais en moi et me dirigeant vers la sortie. Ses états d'âme pourraient attendre que je revienne, si seulement je revenais vivante ...

Si je revenais vivante ... et si je ne revenais pas ?
C'était amusant de voir qu'une fois encore, j'allais jouer ma vie pour une cité dont je n'avais rien à faire, pour des gens que je ne connaissais pas mais simplement parce que j'avais peut-être la chance qui manquait à ces gens pour survivre entre mes mains. J'ignorais encore comment user de la bague mais une chose était sure, avec elle, c'était l'espoir qui renaissait. Maintenant, ne manquait plus que le plan de bataille ... et là, là était le problème. A mon grand étonnement, ce fut Jacen qui me mit sur la voix. Sa voix résonna dans la pièce puis dans mon esprit. Il me guidait, me donnant les informations nécessaires à savoir qu'il restait encore des gens debout dans cette cité, prêts à se battre. Bonnes nouvelles ! Il me suffisait juste de les trouver au plus vite et je savais par où commencer. Je n'étais pas aussi douée pour identifier à qui appartenait telle ou telle longueur d'onde mais je savais que celle que je sentais étais amazone.
L'inquiétude de mon père perla dans mon esprit mais je sentais également autre chose, une sorte de fierté, de confiance naturelle qui me poussait à aller de l'avant. Il était là, pour la première de ma vie, je pouvais le sentir, il m'encourageait et veillait sur moi, conscient qu'il ne pourrait pas m'arrêter. Il avait confiance en moi et c'était ... grisant. J'aimais cette sensation, je m'y serais réfugiée volontiers si je ne m'étais pas souvenue de ce que je tenais entre mes mains.

" Ne t'en fais pas père, je reviendrais en vie, ne serait-ce que pour écouter tes remontrances. Madame. "

Saluant Nalween, je quittais à regret la pièce.
Sur le chemin, plusieurs pensées me venaient en tête.
La première était pour Jelenna : je comptais bien m'occuper de Maladie de sorte qu'il me révèle où elle était. De toute façon, il me tuerait avant m'enfin bref.
La deuxième était de savoir comment retrouver les quelques personnes encore debout dans la cité et les convaincre de m'aider à combattre Maladie. Une invitation au suicide vous tente-t-elle ?
La troisième était de savoir comment venir à bout de Maladie parce qu'avoir la bague c'était bien beau mais comment le battre ... ça, Esra comme Diane s'étaient bien passées de nous le dire !
La dernière enfin fut pour moi. Qu'adviendrait-il de moi ? Je n'en avais aucune idée, sans doutes allais-je mourir mais j'espérais que ce soit de façon utile, en protégeant le plus de monde possible. Je me revoyais alors gamine, à côté de ma mère tenant Jelenna encore nourrisson dans ses bras. Je revoyais leur visages et regrettais d'avoir agi envers elles comme je l'avais fait. Enfin, je revoyais les yeux de Jelenna et je m'entendais lui promettre que je la protègerais toujours. Une promesse stupide d'une enfant haute comme trois pommes mais aujourd'hui, j'avais peut-être l'occasion de la tenir.

** Père ? ** tentais-je par l'Esprit ne sachant pas vraiment si cela fonctionnerait.

Au cas où, je continuais, aussi doucement que possible, me fiant aux leçons de maitre Jiven :

** Si je ne reviens pas, vous direz à maman et Jelenna que je les aime. **

N'attendant même pas de réponse, honteuse d'avoir pu penser ça et de lui avoir dit ça à LUI, je continuais ma route. Si je ne revenais pas, parce qu'il était évident que j'allais y laisser ma peau moi avec leur histoires, il avait intérêt à retrouver ma sœur, à la protéger et à veiller mieux qu'il ne l'avait fait pour moi sur les deux morveux à venir ! Ma colère soudaine m'amusa plus qu'autre chose. Cette bataille à venir allait tout de même avoir du bon ... Peut-être.
Le destin m'ouvrait ses portes.
Encore fallait-il que je trouve la bonne !

[ Désengagée ]

[Edit' = J'ai pas eut le temps de relire je voulais poster avant la rentrée, d'où les fautes abominables d'accords et de participes désolée >.< (franchement, j'en ai jamais autant !). Si j'en loupe encore je re-editerai promis !]

L’apaisement que la prêtresse put lire sur la visage de la jeune princesse après qu’elle lui ait confié la bague ne put que lui montrer la sincérité de la jeune demoiselle. Bien sur qu’elle s’était montrée un peu précipitée et maladroite, mais l’amazone ne lui renvoyait-elle pas en pleine figure ce qu’elle avait été elle-même il y a à peine quelques mois de cela et ce qu’elle avait été avant la mort d’Ayaween. Comment aurait-elle pu juger une sœur qui avait vu l’être qui lui été le plus cher se faire enlever sous ses yeux, comment lui reprocher de se montrer maladroite et précipitée ? Pourtant, la Reine des Brumes avait assez d’expérience pour savoir qu’agir sous le coup de la colère et de la tristesse n’amenait jamais rien de bon et elle espérait de tout son cœur que la princesse saurait agir avec prudence . Les mots de l’amazone se détachèrent dans son esprit, et elle hocha imperceptiblement la tête. Aurait-elle un jour soupçonné que l’anneau aurait une telle importance ? Peu lui importait de l’abandonner aux mains de la jeune femme, s’ils ne s’en servaient pas pour combattre les Cavaliers à quoi bon le garder auprès d’elle. La Grande Prêtresse avait assez vécu dans le passé et se rattacher à une relique n’allait pas aider les Elfes, aujourd’hui il fallait œuvrer pour protéger le futur de leur nation et la belle elfe sentait qu’elle n’avait fait que son devoir. Cela faisait des mois qu’elle n’avait plus peur de se perdre.

Lorsque la princesse évoqua Tutnési, elle se contenta d’hocher la tête mais elle dut fermement fermer les paupières lorsqu’Eléa effleura sa main. Venant d’une princesse amazone, les mots étaient d’autant plus surprenants mais néanmoins sincères et la prêtresse l’en remercia silencieusement. Le Templier renchérit mais cela ne la rassura guère, car elle ne savait pas réellement à quoi un P’yra égocentrique et tempétueux pourrait bien servir à Azaël. Mais elle balaya cette pensée, car elle savait la souffrance que devait éprouver la princesse après l’enlèvement de sa sœur et la Reine ne pouvait qu’admirer la volonté de l’amazone, elle-même devait à présent faire fasse aux événements. Pour ce qui était de se reposer, la prêtresse se disait qu’elle en aurait bien le temps plus tard.

Elle allait répondre à la princesse lorsque le père de la demoiselle réagit, ainsi se contenta t-elle d’acquiescer imperceptiblement. Les mots furent rudes, et la prêtresse choisit de faire signe au templier qu’elle n’en tenait pas rigueur à la princesse : Tellement de choses étaient en jeux à cet instant. Nalween ne pouvait imaginer la douleur de Philéa de savoir ces deux filles loin d’elle, dont l’une aux mains du dieu des morts ainsi que son mari qui lui devait effectuer son devoir. Quoiqu’avec les deux étincelles d'âmes qui grandissaient dans son corps, elle n’en était plus si sûre. Elle ne pu que saluer la sagesse du templier, bien que la peur qui était née il y a à peine minute pour la sécurité d’Eléa ne cessait de croître, et l’intonation qui résonna dans les derniers mots de la princesse fini de lui glacer le sang. Pourquoi sonnaient-ils dans ses oreilles affûtées comme un possible adieu ? Elle n’eut pas le temps de s’y étendre que le Templier reprenait son œuvre. La douleur lancinante se faisait toujours sentir, mais son propre corps avait reçu l’énergie nécessaire pour lutter et cela aurait presque suffit à la Reine Elfe mais le soin qu’il lui prodigua chassa d’autant plus le poison de ses veines, il prit la parole et devant son embarras elle lui adressa un sourire rassurant.

« Votre nom ne m’est pas étranger, Maître Jiven m’a déjà parlé de vous. En ce qui concerne la Bataille, la présence de notre armée fut un pure hasard, mais je suis heureuse que les miens ait pu soutenir vos troupes. »

Son regard quitta un instant le templier alors que ses sourcils se fronçaient. Hum, cela n’était pas sans lui rappeler le fait que Celyween était désormais recherchée à Cydonia pour le meurtre de Lymion, ce qui n’avait pour la Grande Prêtresse pas grande importance mais cela risquait de compliquer les relations avec Anatoli étant donné que la Crépusculaire était une ressortissante Silmarienne mais en regard des périls auxquelles ils devaient faire face, cela lui paraissait aujourd’hui être une bagatelle. Les Cydiens auraient la sagesse de passer outre.

En ce qui concernait le départ à Silmarie, il était évident qu’elle avait été empressée de rejoindre les siens mais laisser derrière elle un peuple décimé ne lui plaisait guère. Ces pensées furent interrompues par des pas pressés dans le couloir, suivi d’ordres lancés par une voix claire, forte, musicale. Elfique. La prêtresse tourna la tête vers le couloir alors que le Templier faisait de même et bientôt une silhouette familière apparue sur le pas de la porte.
Lorsqu’elle regarda la Reine Elfe, ses splendides yeux verts, qui distillait avec parcimonie un bleu qui rappelait les abysses, semblèrent se réchauffer alors qu’un soulagement non feint se peignait sur son superbe visage. Son teint d’opale à la douloureuse beauté, sa courte crinière blonde platine au reflet fascinant qui s’arrêtait à peine à la nuque laissant néanmoins deux tresses du côté droit qui descendaient jusqu’à sa taille, son corps proportionné à la perfection… Non rien n’aurait permis de douter sur les origines elfiques de la détentrice de ses atouts. Mais pour Nalween, elle était bien plus.

« Brieth…», souffla t-elle.

Ce fut comme un signal pour demoiselle, qui s’élança dans la pièce à une vitesse surréaliste vers la Grande Prêtresse qui redouta le choc mais la blonde vénitienne l’enlaça pourtant avec douceur, étreinte que la Reine Elfe lui rendit avec le peu de vigueur dont elle était capable. La demoiselle recula légèrement avant de sourire à nouveau, cette fois triomphalement : En voyant un tel soleil, qui aurait pu croire à la tragédie qui s’étendait sous leur pied ?

« En personne Grande Prêtresse, annonça t-elle de sa voix mélodieuse avant de continuer, Quand nous avons appris pour… Cà, des détachements sont immédiatement partis à ta recherche mais nous n’étions pas sûrs d’arriver à temps il a du s’écouler presque une semaine depuis le début de l’épidémie. »
« Bree, Nath est… »
« En sécurité, souria t-elle encore, Aësan s’en occupe en personne ne t’inquiètes pas la priorité et de t’a… -regard vers le templier-, vous amener à Silmarie ma Reine. »
Elle papillonna des cils, désireuse de savoir l’identité du Cydien. C’était compréhensible, c’était déjà assez difficile à encaisser de devoir se rendre à Ptot Tàh pour des personnes qui préférer la fraîcheur et les brumes de leur contrée alors trouver un étranger à côté de leur dirigeante…
« Brieth, je te présente le Maître Templier Jacen. Sieur Jacen, voici Brieth, prêtresse de Silmaria. »
« Oh ! Vous êtes un Templier de l’Aube ? Pardonnez mon impolitesse en ce cas, on n’est un peu sur le fil de la lance en ce moment et ce n’est guère évident de discerner ses alliés de ses ennemies. Enchantée ! »

Si un jour on trouvait un moyen d’enrayer Brieth, Nalween se poserait réellement des questions sur une éventuelle fin du monde. Une énergie nouvelle coulait dans les veines de la Reine des Brumes grâce à Jacen, et elle se releva en douceur, dépliant lentement ses interminables jambes d’opale en ne refusant pas l’appui que lui apporta son amie.

« Maître Jacen va se charger de me ramener à Silmarie. Il y a une femme Almer dans le Palais, Talia, dis lui de vous aider à évacuer les survivants de la Cité d’en un endroit sûr Ptot Tàh risque d’être encore dangereuse. »

La prêtresse hocha la tête et la Reine Elfe tourna son regard vers le Templier.

« Allons à Silmarie. »

Ce qui advint par la suite de Ptot Tàh, la jeune prêtresse ne l'apprit que bien plus tard. Pour l'heure, sa forte volonté obligea ses muscles à s'étirer et à enfin se lever. Les prémices de la guérison furent spectaculaires, et Jacen s'employa le soir même lors du bivouac à continuer son ouvrage et relancer le corps de la jeune femme. Epuisant,terriblement épuisant pour cet homme qui n'avait plus ses vingts ans.

La nuit passée à Arcera fut lourde, très lourde pour les compagnons de route, mais la santé de Nalween s'améliorant au fil des heures lui redonnait du courage pour continuer à avancer vers Silmarie. Là, ils pourraient tous les deux se reposer, se faire soigner et reprendre la lutte. La situation évoluait très vite, trop vite, et une réunion des chefs d'états était à présent la seule solution. Silmarie était peut-être le meilleur endroit pour réunir tout le monde en paix, loin des ruines de Tamawa. Et Jacen en profiterait pour revoir Celyween, qu'il n'avait croisé depuis plusieurs mois. Ses contacts mentaux avec elle était même de plus en plus rare, et inexistant depuis le meurtre de Lymion.
A chaque fois qu'il pensait à elle, il avait mal. Très mal. Cela l'affolait. La veille, Jiven l'avait instantanément contacté après avoir ressenti la plus vive douleur de sa vie, comme si son estomac était arraché. Quelques rapides échanges télépathiques les mirent d'accord: Celyween avait des problèmes. Les Zélotes l'avaient certainement attrapée et torturée, voir pire. Non, Celyween ne pouvait pas mourir. Il la retrouverait et réglerait cette histoire dès qu'ils arriveraient à Silmarie.

Et c'est donc deux jours après leur départ qu'ils arrivèrent dans la cité Elfique. Ou plutôt dans la cité-cimetière. Partout, des elfes endormis jonchaient le sol. Jacen et Nalween avaient beau les secouer rien n'y faisait, ils dormaient, imperturbables. Le templier sonda leurs esprits, mais il ne se frotta qu'à un néant absolu.
Sans vraiment savoir que faire, ils foncèrent vers le coeur de la cité.

[Topic terminé, rendez-vous ici, dans le topic de Mort après le prochain post de celle-ci qui termine le tour en cours. Sympa les admins qui t'envoient dans la gueule du loup, hein!]