Perfection.

Jusqu'à la fin de toute civilisation.... Les Hommes... Continuerons de chercher la seule chose qu'il n'est pas possible de trouver. De courir après. Une chose que jamais personne n'a possédé. Que nulle Cité n'a vu ni n'a connu.
Perfection.
L'imagination de la réalisation d'un rêve. Un secret perdu dans la rivière du temps qui coule entre nos doigts. Un secret fantastique.
Nous en sommes maîtres et esclaves.
Le sang qui coule dans nos vaines nous garde en vie.
Nous sommes maîtres et esclaves.
Tels des vampires nous cherchons à nous en nourrir, jusqu'à la dernière goutte, au détriment du sang des autres, toujours plus. Rien ne peut étancher notre soif d'en vouloir toujours plus.
Le sang pour le sang.
les Anges tombent.
Perfection....
La perfection se trouve dans la mort, car tout y est immobile. Plus une goutte de sang pour nous donner soif.
Et ce soir, les Hommes auront la chance de connaître cette Perfection Absolue. Rien ne bouge, rien ne peut être corrompu. Rien ne peut nous meurtrir.
Sang pour Sang.
Nous en sommes des Esclaves.
Le plus profond des désirs.



Les feux s'allumèrent derrière les murailles de Tamawa. Silencieux, rougeoyants d'une lueur malveillante, embrasant l'obscurité des Collines Noires silencieuses. Les points devinrent de plus en plus nombreux, plusieurs centaines à menacer la douce nuit de cet été. Puis, sans bruit, les lueurs se détachèrent de l'horizon et s'envolèrent comme des papillons de nuit attirés par une lampe. Des papillons mortelles.
Les boulets enflammés retombèrent comme une pluie de feu sur Tamawa.
Pas de phase d'observation, pas de phase d'appréhension. Juste la terreur, les cris et la mort.
Les Pavillons nord de Tamawa s'embrasèrent. Les échoppes, les maisons, les temples... Rien n'échappait à la destruction des trébuchets. Ce n'était que le nord de la ville, mais le reste n'était qu'une question de temps. Les incendies se déclenchèrent partout, les hommes et les femmes hurlaient en sortant de leurs maisons en flamme, des enfants pleuraient en cherchant leurs parents parmi la foule affolée, des cadavres carbonisés encore brûlants jonchaient les rues.


Perfection.
Et ce n'était que le début.


[Pour Ankdor: l'incendie et les boulets ne sont pas encore venus à vous.
Pour le Nord: les flammes se propagent, et les premières lignes ennemis commencent juste à entrer dans la Cité. Pas de phase de bataille pour le moment
Pour les deux topics: un post par personnage pour vous organiser. Si un topic va plus vite que l'autre, ce n'est pas grave.]

Mort.

Asora ouvrit les yeux et sursauta sur son lit. La pièce était totalement sombre, si ce n'était la lueur de la lune qui perçait à travers la fenêtre ouverte. Il faisait bon ce soir là, et la jeune Astorg en avait profité pour laisser la brise rafraichir la pièce. C'est donc dans cet étrange atmosphère que la terreur s'était emparée d'elle.

Ca l'avait réveillé. Asora regarda autour d'elle, comme pour repérer cet assassin qu'elle avait senti dans sa chambre, prêt à lever le couteau sur elle et l'envoyer dans l'oubli. Mais rien, personne: des ombres dansaient sur les murs, projetant un miroir inquiétant.
Non, la menace n'était pas ici. Elle semblait plus lointaine, mais l'aura sanglante ne perdait pas de sa violence malgré la distance. Ce qui voulait dire qu'elle n'était pas loin.

Asora sentait son coeur se tordre dans sa poitrine, son estomac faisant des bonds monumentaux dans son ventre comme si une épée glacée la transperçait.
Courant à la fenêtre, elle contempla alors le spectacle de son et lumière qui débuta sous ses yeux:

Les boules de feux furent lancées par les catapultes sur les masures et les échoppes endormies de Tamawa. L'incendie se propagea à une vitesse fulgurante, brûlant les marchandises et les corps endormis. L'odeur de feu atteignit les narines de la blondinette, tandis que les cris de stupeur, d'horreur et d'agonie s'élevaient en complainte macabre. Le nord de Tamawa, toute la zone devant le temple était en flammes. Quelqu'un les attaquait, et ce quelqu'un avait décidé d'en finir vite avec la Cité Neutre. Qui... Qui pouvait être à l'origine d'un tel massacre?

Elle entendit alors des bruits dans le couleur: les autres Sensibles s'étaient réveillés et cherchaient, affolés, un endroit pour se réfugier. Asora sortie en recouvrant son habit de nuit léger avec une veste et s'empressa de rassembler les jeunes en utilisant les pouvoirs que lui conféraient la Déesse Hilina sur sa voix, assez puissante pour couvrir la panique. Mais certainement pas assez rassurante, car il fallut l'intervention pleine d'autorité de Jiven pour calmer tout ce petit monde. Les Maîtres regroupaient les plus jeunes dans la bibliothèque lorsqu'Asora prit à partie le directeur d'Ankdor.


« Maître, j'ai vu des catapultes par dizaines enflammer la Cité. Avec le temps que nous perdons ici, le feu se propage et brûle toute la vie, n'épargnant personne. »

« Je sais, Asora. Mais notre devoir est avant tout de protéger notre Ordre. Car si nous ne protégeons pas nos Soldats, qui protégera Tamawa? »

« Qui est capable d'une telle chose Maître? Qui peut être assez maléfique pour s'en prendre à nous, qui peut être assez cruel pour tuer tous ces gens? »

« Les humains le sont, Asora, dès que le pouvoir entre en ligne de compte. Réunissons les jeunes, et nous irons protéger la Cité avec notre bras. »

Jiven hurla ses ordres, qui étaient simples mais qui nécessitaient une bonne organisation et une bonne discipline: le premier ordre, bien vieux pour se battre à nouveau, était chargé d'escorter les jeunes pousses dans le passage secret de la bibliothèque qui conduisaient dans la campagne au sud de Tamawa, à travers les égouts. Le deuxième et troisième ordre devait se préparer à la bataille, et il fut rapidement décidé que les plus âgés d'entre eux en feraient de même: l'Ordre n'était plus assez peuplé pour se baser seulement sur les Maîtres.
Asora respirait bruyamment: elle espérait que tout ne soit pas détruit . Elle espérait surtout survivre à ce qui l'attendait.

Lorsqu'ils sortirent, l'horreur s'était étendue jusqu'au pied du Temple. Les maisons brûlaient, et les quelques élémentaires peuplant Tamawa tentaient par le pouvoir de l'eau de contenir les flammes. C'est à ce moment précis qu'elle les sentit: une armée avançait dans les ruines, épées au poing, tuant tout ce qui bougeait encore sur leur chemin jusqu'au Temple.

La bataille de Tamawa était sur le point de débuter.

[Règles du jeu: la bataille du Temple n'a pas encore commencé: ceux qui y résident ne peuvent donc pas aller plus loin que le post d'Asora pour le moment.]

[5000e message d'Azthia, la classe!]

Il y avait parfois des gens préoccupés par tout autre chose que le reste du monde.
C'était mon cas ce soir-là.
Loin d'imaginer la tragédie qui se jouait sous mes pieds, j'attendais avec une certaine impatience la venue de celui qui changerait ma vie pour de bon. Celui qu'Asora ne cessait d'appeler "Maitre" avec une certaine dévotion dans la voix ... et celui que j'appellerais sans doutes "Père" par la suite. Qui vivra verra comme disait le dicton, et il valait mieux pour ce Jacen qu'il soit vrai s'il tenait à rester en vie. Ma patience avait des limites, au fond, je commençais à douter des informations que la jeune blondinette m'avaient confié quelques heures plus tôt. Plus le temps filait, plus les chances de ne pas m'endormir sur le lit confortable de cet homme s'amenuisaient ... quand allais-je avoir les réponses à mes questions ?
Si ce Jacen m'attendait depuis tant d'années, pourquoi me faisait-il perdre mon temps par son absence ?
A mes côtés, le corps endormi de la petite Philéa miniature dormait paisiblement. Devant l'image attendrissante de ma sœur, je ne pouvais être en colère, je ne pouvais décemment pas envisager non plus de tuer qui que ce soit devant tant d'innocence ... Ce soir, si Jacen s'en sortait, ce serait grâce à elle.
Jelenna.
L'enfant dormait tant et si bien que j'avais envie de la protéger plus que tout, c'était d'ailleurs le but de ma venue ici. M'assurer que Feanaro, en tant que futur époux, protègerait ma sœur, mais également être sure et certaine que mon "père" en ferait de même. En réalité, je ne pouvais qu'espérer que Tamawa protège mieux que Muria ma cadette. Je n'avais aucune idée de l'avenir, je l'envisageais juste à mon bon plaisir, et c'était peut-être là une erreur .... mais je ne l'apprendrais que plus tard dans la nuit. Ma main sur la front chaud de Jelenna, je patientais encore et encore, jouant dans les cheveux bouclés de l'enfant.

Ce n'était pas pour ce soir.
Je me souvenais que de toute petite, ma mère avait toujours été là dans mes nuits cauchemardeuses. Sa main douce frôlant mon front pour me calmer, sa voix chantante me berçant à nouveau vers des nuits plus calmes et plus rêveuses. Par la suite, je n'avais plus jamais fait de cauchemars ... jusqu'à ce soir.
Une masse sombre se dirigeait vers nous, mais, de loin, j'étais incapable de voir de quoi il s'agissait. Incapable de savoir ce qui allait se produire. Seulement un sentiment.
La mort.
Le regret.
La peur.
Comme si le Mal en personne se rapprochait de moi pour m'engloutir, pour me soustraire à ses désirs. Peut-être n'aurais-je pas du venir au Temple finalement, peut-être que mon heure allait sonner plus tôt que prévu ...
Je ne veux pas mourir.
Ce fut mes mots en me réveillant. A demi-hurlés, ils m'avaient réveillés en sursaut. Le front trempé de sueur, je constatais que les images si réelles dans mon esprit n'étaient en réalité qu'un subterfuge de ce dernier, un cauchemar en somme. Il était étrange d'ailleurs de voir à quel point, à cet instant précis, la douceur de la main de ma mère sur mon front me manquait ... Bah ... ce n'était qu'un cauche...

Des bruits de pas au dehors.
Un sentiment général d'affolement.
Une masse de sentiments dans mon esprit, emplie de haine, de la volonté de tuer, de faire souffrir. Le rêve avait pris le pas sur la réalité ? Certes je n'étais pas douée pour comprendre ce don étrange qu'était l'Esprit, dont j'avais hérité de mon père, mais une chose était sure, quelqu'un approchait vers nous, quelque chose de puissant, de vaste mais surtout, de terrifiant.
Instinctivement, mon regard se porta sur la fenêtre de la chambre.
L'horreur.
Le feu semblait avoir embraser une bonne partie de la ville endormie sous mes yeux impuissants. Dans mon esprit irradiaient désormais des sentiments mêlés à ceux de haine et de mort. Le sentiment de souffrance mais aussi et surtout, de peur. Devant un tel spectacle, je ne savais que faire. Comment mon rêve avait-il pu à ce point atterrir dans la réalité, dans MA réalité ? Comme un écho à mes craintes les plus secrètes, quelqu'un marchait sur la ville neutre, sur Tamawa, déclaration de guerre universelle en somme pour ce dernier bastion à l'écart des alliances et des conneries du genre. Comment était-ce possible ? Et ces gens qui mourraient ... cette souffrance, cette peur.
Mon esprit allait exploser.
Détournant mon regard de la fenêtre, terrorisée, je ne savais même plus quoi penser. M'enfuir, retrouver Muria me venait à l'esprit, mais j'étais incapable de bouger. Et puis, si Tamawa tombait, qui me disais que l'armée qui se dressait ce matin devant elle ne viendrait pas dans ma chère cité ?
Une voix.
Calme, lointaine, chantante.
Asora.
C'était forcément elle. J'aurais du enrager de me laisser envouter par cette voix, mais au contraire, elle m'apaisait. Un jour, il faudrait que je pense à remercier la blondasse. La peur était palpable parmi les Templiers, impuissants devant les évènements et pourtant, Asora apparaissait comme une lumière, aussi infime soit-elle, dans ce désordre. Courageuse la demoiselle ! Brefle, pour moi, c'était un répits. Il fallait agir, se bouger, faire quelque chose. Pour Jelenna ! Pas seulement, je ne sauverais pas ma peau et la sienne en ne faisait que m'enfuir et laisser derrière moi cette souffrance. Sortir me paraissait inutile alors je décidais de suivre Asora au son de sa voix lorsqu'un cri bien trop familier déchira l'atmosphère ...

Il vaut mieux avoir des remords que des regrets ...
Dans mon cas, les deux ne m'avaient-ils pas menés à perdre tout ce qui m'étais le plus cher ?

[ Suite dans le post de Jel', je savais pas comment faire XD ]
[ Pardon pour le pavé ! ]

Le silence.
Le noir.
Le froid.
La mort.

Jelenna s'était endormie, tombant littéralement de fatigue après la journée qu'elle avait vécue avec sa sœur. A courir partout, tout ça pour en apprendre plus sur ce ... elle en avait carrément oublié le nom ! C'était à ne rien comprendre des intentions de son ainée ... pourquoi lui avoir fait quitter Muria, sa chère cité aux murailles si protectrices, pour venir ici, dans un Temple, et en prime pour chercher des informations sur cette guerre hypothétique, comme elle se plaisait à le dire si souvent et le rappeler à leur mère, dont Philéa avait fait référence quelques jours plus tôt ? Jelenna ne comprenait rien, mais en bonne petite sœur aimante, elle avait suivie, en compagnie de Haiiro, Eléa à Tamawa.
La louve cendrée à ses côtés, un regard inquisiteur vers sa sœur, la petite avait décidé de se coucher. Elle aurait tout le temps de se lever ensuite lorsque ce Jacen serait là. A vrai dire, Jel' était très curieuse de voir le père de son ainée. Depuis sa plus tendre enfance, qui n'était pas si loin derrière elle, la demoiselle se demandait qui, du père ou de la mère d'Eléa, avait pu lui donner ses qualités et ses défauts. Et surtout, elle se demandait comment était ce mystérieux géniteur. Comment il avait pu l'abandonner ... bref, des questions qu'elle partageait sans le savoir avec la princesse. Mais revenons-en à nos moutons.

Le silence.
Le noir.
Le froid.
La mort.

Un cauchemar sans fin.
La petite avançait sur un champs de ruines. Le sang suintait des murailles jadis si protectrices. Était-elle à Muria ? Elle était incapable de percevoir quoi que ce soit dans cette nuit sans lune. Le soleil, noir lui aussi, n'envoyait que de faibles rayons éclairant la scène désastreuse sous ses pieds. Des morts, du sang, de la peur, de la souffrance. Un enfant appelant sa mère ... tout ça ressemblait fort à une guerre, un carnage même. Alors que faisait-elle là ? Eléa n'avait-elle pas juré sur son sang de toujours la protéger ? Justement, Eléa, mais aussi Coralynn, Thingol ... tous étaient réunis sous ses yeux, vidés de leur vie. Mais la petite n'arrivait pas à pleurer d'avoir perdus ces êtres auxquels elle était attachée. Une pression énorme émanait de l'horizon.
La fin de toutes choses.
Réveil.
Jelenna ouvrit ses yeux embués de larmes dans un sursaut. Eléa était là, à la fenêtre, observant elle-ne-savait-quoi par delà l'horizon. Vu le morceau de ciel que la petite apercevait du lit, il devait être tard, ou tôt. La peur de son rêve dissipé, elle chercha le réconfort d'Haiiro, la louve au pelage cendré qu'Eléa avait dressé pour elle mais rien. Celle-ci était aux côtés de la princesse, oreilles baissées, regard inquiet.
Une voix.
Jelenna l'avait entendu, mais qui était-ce ? Peu importe, la petite referma les yeux. Ce qui se passa ensuite ne l'atteint pas plus.

L'enfant entendit sa sœur se diriger vers la porte.
Mais ce qu'elle ressentit était tout autre. Le froid, le silence qui l'avaient tant effrayés dans son rêve l'entouraient désormais dans la réalité. La petite ouvrit de grands yeux, totalement déboussolée et effrayée. A ce sentiment de peur qu'elle ressentait, s'ajoutait la volonté implacable de tuer, de mettre à mort et de faire souffrir. Ce n'était plus un rêve, mais une réalité trop lourde à porter. Une pression, la même que dans son cauchemar, se fit sentir dans son esprit. C'est là qu'elle les vit.
Des points noirs.
Une armée de points noirs avançant sur ce qui restaient des points lumineux dans le reste de sa tête. Une armée qui engloutissait le peu de personnes vivantes. A chaque point lumineux éteint dans son esprit, une vague de souffrance la traversait, à chaque lumière qui vacillait, quelqu'un mourrait. Que se passait-il ? C'était quoi tout ça dans sa tête ? C'étaient quoi tous ces sentiments ? Eléa ?

Un cri.


Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Eléa était à ses côtés.
Les points noirs n'avaient pas disparus, loin de là, à présent, seuls quelques points lumineux persistaient ici et là dans son esprit, ainsi qu'autour d'elle, pour les êtres vivants du Temple. Elle était dehors, la princesse l'avait mené près des murailles, auprès de la fille étrange à qui elle avait parlé l'après-midi même. La terreur empêchait Jelenna de parler ... En levant péniblement les yeux, elle se rendit compte du spectacle horrifiant du dehors. Devant eux avançait une l'armée, celle de points noirs dans son esprit. Le feu détruisait tout sur son passage et eux, pauvres mortels, semblaient le dernier rempart à ce cauchemar si réel.

" Asora ! " la voix d'Eléa la surprit. Dure, teintée de peur, Jelenna ne l'avait jamais sentie si stressée.

La chaleur de ses bras n'était pas la même non plus et elle sentait bien la peur et l'angoisse qui émanait de la princesse. Pourtant, elle ne dit rien, en réalité, elle ne pouvait rien dire, rien faire. La pression était trop forte.

" J'ai entendu dire que vous évacuez les plus jeunes, je veux que Jel' parte avec eux, je reste. "
" NON. "

La voix de la gamine perturba sa sœur, elle le sentit, mais tant pis.
Elle avait promis !
Quitte à mourir, elle ne serait pas séparée d'elle.
Se débattant pour retourner les pieds sur terre, Jelenna prit un certain temps avant de s'expliquer, plongeant un regard vide dans les yeux de sa sœur et de la Templière.

" Je les sens ... ils avancent ... ils veulent tout détruire, ils veulent juste notre mort. Ça leur fait plaisir ... "

Ça on le savait déjà !

" Ils tuent tous ces gens. Eléa, si tu ne pars pas avec moi, ils te tueront, autant que je meurs avec toi plutôt que seule. "

Le mal de tête empirait à mesure que les autres avançaient. C'étaient quoi ces gens ? C'était quoi ce don, ce truc dans sa tête qui lui martelait les tempes ?

[ Partie Eléa ]

Pas question de laisser Jelenna ici.
Pas question qu'elle parte ? Non mais mince, je l'avais fait venir ici pour la protéger pas pour la mener au bucher ! Philéa allait me tuer si elle apprenait que j'avais monté de toute pièce cette histoire d'enlèvement ... de toute façon, on allait mourir non ?
Put** j'en avais marre de cette ville, de cette armée, de cette sale gamine. J'avais promis de la protéger, pas de la mener à la mort. Tant pis, si elle voulait rester, il était trop tard pour changer d'idée, je n'avais pas le temps de m'occuper d'elle et de la forcer à suivre les jeunes Templiers. De toute façon, la laisser loin de moi ne me plaisait pas, si les Templiers n'étaient pas foutus de protéger leur ville, alors ma sœur ... Avec moi, elle serait plus en sécurité et je pourrais garder un œil sur elle ... parce qu'elle m'inquiétait la petiote avec ce truc dans sa tête !
Pas le temps.
J'avais le sentiment, malgré la peur, qu'il fallait rester ici. Dans ma tête, une voix me soufflait que Tamawa ne serait que la première d'une longue liste si on ne faisait rien, c'était idiot, mais tant pis. De toute façon, il fallait être lâche et insensible à la souffrance de ceux qui mourraient pour vouloir les laisser à leur triste sort. Non, je devais rester.

Observant la blondinette, je lançais :

" Dis-moi ce que je dois faire pour t'être utile, je vais me battre à vos côtés. J'ai encore trop de questions à vous poser, sur moi, sur ma soeur aussi pour partir maintenant. "

Ouah, une première, je me plaçais momentanément sous les ordres de la Templière. Mais bon, fallait pas non plus rêver hein, les évènements s'y prêtaient bien. Et puis il fallait que je protèges Jelenna qui se prenait littéralement la tête. D'ailleurs ... c'était quoi ce dorbel ? On aurait dit qu'elle avait l'Esprit elle aussi. Haiiro se plaça à ses côtés tandis que je vérifiais que ma chère rapière était là. Au moins, j'étais à peu près en forme, en cas de besoin, ma plus ou moins bonne maitrise du soin et de la terre pourraient être utile.
Qui vivra verra.
Pour l'heure, il n'y avait à voir que l'avancée de l'armée sur la ville en flammes, une bataille sur le point de débuter, et notre fin probable à tous.


L'armée noire se dressait dans son esprit.
La pression augmentait comme si son esprit allait exploser.
La bataille allait débuter.

Je dormais alors d'un sommeil léger, dans ce que l'on appelle sa maison, son habitation, ou tout autre synonyme. Je rêvais du même rêve qui me hantait depuis tant de jours, que je ne comptais plus. J'étais dans une bataille, à Tamawa et cette ville était en feu. Nombres de civils couraient partout, affolés. Bien que je sache parfaitement ce qui allait se passer, je me retrouvais figée par la peur de tous ses habitants. Je ne réussissais plus à bloquer mon esprit de ces sentiments et c'est alors qu'un soldat arriva devant moi, leva son sabre et, au lieu de ce qui se passait habituellement, une boule de feu propulsée à une telle vitesse par des catapultes, l'écrasa et c'est alors, surprise, que je me réveille.

J'étais allongée dans mon lit... Et une façade venait de s'écroulait sous l'effet d'un boulet en feu, sans doute propulsé lui aussi par une catapulte... Serait-ce une vision, ce que je voyais dans mes rêves, de ce qui allait se passer. À vrai dire, je dois l'avouer, je ne demandais ces temps-ci jamais à Silmaria de me montrer l'avenir, peut-être que c'est lié. J'ai donc fait une erreur de ne pas avoir dit aux autres Templiers mes rêves. Je pensais tellement que ce n'était seulement un cauchemar !

Ce qui arrive à Tamawa est donc de ma faute, je dois donc tout faire pour sauver cette ville ! Je me lève d'un bond, enfila la tenue de guerre, pris mon épée sans lame et sortit dans la ville, où ce qui en reste et où tout être vivant criait, enfin à ce que je pensais. Je me concentrais pour ne pas être débordée par cet effluve de sentiments, de peur en majorité. Enfin, je me concentras et envoya un message télépathique à Rakurai, pour lui demander de me rejoindre au Temple, avant de me rappeler que ça ne fonctionnait pas chez les chevaux.. Je n'habitais pas dans le Temple lui-même, voulant garder une certaine intimité avec Talen, seulement à quelques maisons de là.. J'y accourus et il y était pourtant là, tel un fidèle compagnon. J'accourus dans le Temple, les plus jeunes étaient affolés et une jeune fille que je reconnus vite comme étant Asora, accompagnée de la puissante aide de Jiven, tentait de les calmer. Soudain, une vision l'apparue... Je voyais ces soldats, ces personnes voulant détruire Tamawa. Je vis le présent, ce qui se passait, mais d'une façon beaucoup plus clair que les autres Templiers grâce à l'incroyable aide de Silmaria. Je vis le visage de ces hommes, mais ne les reconnaissais pas... Il fallait que je sache qui ils étaient et pour cela, trouver un Templier qui puisse m'éclairer. Pas question d'embêter Jiven avec ses choses là, il avait déjà beaucoup de travail, les jeunes étant toujours terrorisés. Je les comprenais, étant sortie dehors pour rejoindre le Temple j'avais vu cet incendie qui se propageait à une telle vitesse...

Que faire ? Là est la question. Soudain, Jiven nous ordonna, nous les Templiers, de se préparer à se battre. Un message télépathique à Rakurai et il part pour les écuries, espérant que l'incendie ne les aient pas déjà atteint. J'y accourus moi aussi, mais malheureusement elles brûlaient. Je n'avais pas le choix et je priais Silmaria de m'aider. Que ferais-je sans elle ? Je fonçais dans les flammes, évita les endroits critiques et les morceaux de plafond tombant, tout cela grâce à la Déesse que je vénère et soignant les brûlures qui apparaissaient, j'arrivais enfin au niveau des accessoires de guerre pour les chevaux. Je pris ce dont j'avais besoin, et refit le chemin inverse. Toute personne qui m'aurait vu aurait crue que je dansais dans une écuries en feu et ce n'est pas vraiment mon intention. Bref, je sortis des écuries, recracha le peu de fumée inhalée et sella Rakurai. Heureusement que personne ne m'aie vue, sinon je serais prise pour folle.

Enfin sellé et préparé, nous rejoignîmes, mon fidèle compagnon et moi les autres Templiers. À pied, je parcourus les rangs, cherchant quelqu'un en particulier, quelqu'un en qui j'avais confiance. Une vision me parcouru, soudainement.

J'étais absente en ce décors, mais ma mère et mon père étaient là. Tel un fantôme, flottant dans l'air, je tourna autour de la scène, voyant un petit être gigotant dans les bras de ce qui devait être ma mère plus âgée. Un garçon, à ce que je voyais... Que se passait-il ? Ce n'est pas possible, je suis une fille et... Ai-je un petit frère, ou un grand-frère ? Je ne me souviens plus. Remarque, en ces lieux et en ces circonstances, je ne me souvenais de rien concernant ma famille. Il faut me comprendre, j'ai passé ma vie au Temple à étudier, m'entrainer et j'ai découvert mon fils, la personne qui est la plus importante à mes yeux, je l'ai élevé, alors qu'il n'était plus un enfant... mais où était-il d'ailleurs ?

Je revins à la réalité à ce moment-là. Paniquée, je chevaucha Rakurai et galopa jusqu'à Jiven qui pourrait m'aider... mais je me souvenais que les jeunes Templiers étaient déjà partis. Pourtant, sans doute mon instinct maternelle, je vérifiais par télépathie sa présence et je me rassurais. Bref, j'étais prête et je rejoignis les rangs, vérifiant par l'intermédiaire de mon esprit s'il n'était pas là, le Templier en qui je voulais lui demander s'il connaissait ces personnes... Et je le découvris, non loin de moi...


HRP: mon rp fait toujours taches dans le décors mais bon^^

[ Accord de Jaja pour passer le tour d'Asora et Eléa, histoire que les choses avancent un peu ^^ ]

Le spectacle était terrifiant.
Devant les yeux de l'enfant, la cité de paix, Tamawa, la belle ville neutre que les livres d'histoire présentaient comme le havre de paix de toutes les nations d'Azthia, s'embrasait sans qu'elle ne puisse rien faire. Devant son visage innocent, les flammes ravageaient ce qu'il restait de vie et de ce qui fut jadis la source de bien des convoitises. Tamawa anéantie, ce n'était pas un cauchemar, c'était du domaine de l'inconcevable. Le pire dans tout ça n'était peut-être pas la cité en flammes, mais les habitants pris au piège funeste du Destin qui se jouait pour l'heure. Qu'en serait-il des survivants, s'il y en avait encore ? Jelenna ne pouvait qu'observer de loin et espérer que tous ou au moins un maximum s'en sorte. Ses yeux bleus parcoururent la scène, balayant les recoins malgré le tambourinement qui se faisait entendre dans son esprit. Comment allait-on les sortir de là ?
L'enfant regarda aussitôt Asora, la demoiselle Astorg aux cheveux aussi blonds que les blé et sa soeur ainée. Les cheveux noir de jais d'Eléa lui donnait une mine encore plus sombre, comme si tout espoir avait disparu de ses traits. Si la présence d'Asora n'avait pas été si rassurante, Jelenna aurait surement pris les jambes à son coup. Pourtant, quelque chose en elle lui disait qu'il ne fallait pas, qu'il fallait attendre, voir et surtout, participer. Qu'à son niveau, elle devait, en tant que princesse de Muria ou que personne, faire quelque chose pour la cité neutre en flammes.

Eléa entama une discussion, promettant de se mettre au service des Templiers et, plus étonnant, sous les ordres de la demoiselle blonde. Il était inutile de fermer les yeux et se concentrer sur les émotions qui émanaient des deux jeunes femmes pour savoir qu'elles se détestaient ou pire, qu'elles se haïssaient et se rejetaient, aussi, Jelenna ne pouvait-elle qu'observer une fois encore le courage et la détermination de sa sœur à protéger ce qui lui était cher : elle. A moins que la cité ne fasse aussi partie des priorités de la princesse amazone, mais c'était une autre histoire et pour l'heure, la future Sentinelle n'avait pas le temps de se pencher dessus.
La mort.
Ce mot terrifiait l'enfant plus que tout. Plus que de mourir, elle craignait de voir s'effondrer une fois encore ce monde qu'elle s'était bâtie du haut de ses sept ans. Elle avait peur de voir disparaitre une à une les personnes qui lui étaient chères, à commencer par Eléa. Malheureusement, le spectacle que leur offrait ce début de matinée ne pouvait pas la porter à espérer plus que le trépas. Non, il fallait réfléchir, ne pas céder à la panique même si son visage commençait à ressentir les effets de la chaleur dégagée en ces lieux. Qu'en était-il là-bas, au milieu du tourment des flammes ? Jelenna frissonna sans oser y penser plus.

De toute part, les ordres fusaient.
Les Templiers s'organisaient tant bien que mal, attendant ou exécutant les ordres qu'on leur adressait. Mais tout ceci était sans doutes inutile à voir l'avancée de la grande armée qui marcherait bientôt sur eux. Une fois encore, Jelenna reporta son attention sur la triste scène qui se jouait devant elle, l'acte funeste et ultime d'une pièce de théâtre où ils n'étaient pas acteurs mais spectateurs. Des larmes coulèrent sur les joues de l'enfant tandis que les adultes tentaient de sauver ce qu'ils pouvaient en échafaudant mille et un plan. Jelenna voulait disparaitre, presque regrettait-elle d'avoir insister pour rester auprès de sa chère Eléa mais, quitte à mourir, elle préférait ne pas mourir seule.
Disparaitre.
Je ne veux pas mourir ...
J'ai peur.
Fermer les yeux.
C'était sans doutes pire. Plus que le spectacle, la vision que la petite avait des choses étaient terrifiantes. Des points lumineux s'éteignaient violemment dans son esprit, à mesure que le nombre de vies peuplant Tamawa s'amenuisait. Ces points aussi noir que la suie avançaient sans relache vers eux, prêt à tout détruire et à tuer, uniquement.
Elle ouvrit les yeux.
Trempée de sueur, Jelenna ouvrit les yeux sur le triste spectacle. Ce n'était pas mieux. Où pourrait-elle aller pour s'enfuir ? L'enfant était perdue ... en réalité, elle aurait prié si elle avait su le faire pour se retrouver à Muria, dans l'enceinte chaude et rassurante de sa cité maternelle. Mais non, on l'avait mené ici sous prétexte qu'elle y serait en sécurité et au final, elle sentait bien dans l'esprit de sa sœur que celle-ci doutait à présent du bien fondé de son idée ... A nouveau, Jelenna ferma les yeux ... de désespoir cette fois. Il était plus simple d'attendre la mort sans la regarder en face.

Du noir ... partout.
Telle l'ombre de la lune dévorant le soleil, elle avançait doucement mais surement, d'un même mouvement. Pourtant, si Jelenna était terrorisée, elle n'en restait pas moins émerveillée de voir à quel point ce don, qu'elle n'aurait jamais l'occasion d'étudier, était utile et merveilleux. Capable de voir tout ce qui vivait sur Azthia comme de ressentir leur émotions, au prix d'un horrible mal de tête constant, il fallait tout de même avouer qu'elle avait ... de la chance. Ainsi, si elle percevait clairement l'armée roulant vers eux, elle voyait également la douce couleur rouge-violette d'Eléa, symbole de l'amour et du courage de la jeune femme ainsi que celle, rouge vif, d'Asora, surement symbole de son courage ou d'un autre trait dominant chez la jeune femme. Jelenna n'arrivait pas encore à comprendre les couleurs qui se manifestaient dans son esprit. La plupart des Templiers présents, qu'elle ne connaissait pas, arboraient la même couleur. Quand à l'armée en face, seul le noir semblait les distinguer du reste du décor. Restaient ensuite les quelques lueurs vives qui s'éteignaient à mesure que mourraient les habitants de la ville paisible. Ainsi que ...
Lueur d'espoir.
Ou pas.
Dans le lointain de son esprit venaient d'apparaitre plusieurs points lumineux qui ne ressemblaient en rien à ceux émanant des habitants de la ville. Au contraire de ces derniers dont elle ne pouvait percevoir que leur lueur vitale, ces points lumineux arboraient des couleurs précises ! Une lueur dorée, une rouge pâle, une verte et pour finir, une rose bleutée. Aussi surprise qu'elle pouvait l'être, l'enfant se concentra pour en être sure, impossible ... L'or pour Sora, cette jeune femme passionnée de belles choses qu'elle avait rencontré dans la bibliothèque, elle la reconnaitrait entre mille, sans parler du rouge pâle de Thingol, le gentil guide qui l'avait menée jusqu'à sa sœur et dont le trait de caractère principal, loin d'être le courage, restait l'humour et la gentillesse. Mais il y avait aussi, aussi étrange que cela pouvait être, l'aura verte de Coralynn, la jeune elfe l'ayant aidé dans la forêt ! Sans parler ... de l'aura particulièrement blanche, aussi étrange soit-il, de Feanaro qu'elle reconnaitrait entre mille tant elle l'amusait en temps normal ! Le Capitaine était là ainsi que ...

" Eléa !! Dame Asora !! Je les vois ! " hurla-t-elle soudain partagée entre l'espoir et la crainte de voir vaciller leur flamme vitale.

Ils étaient si prêt du danger ... mais en même temps, si elle n'expliquait pas ce qu'elle voyait, on allait la prendre pour une folle. L'enfant descendit donc de son perchoir et alla à la rencontre des deux compères surement surprises de sa réaction.

" Dame Asora, j'ai vu Coralynn et Feanaro ensemble là-bas, au nord de la ville, près de l'armée noire. J'y ai vu Sora et l'homme qui l'accompagnait ainsi que Thingol, j'en suis persuadée, je reconnaitrais leur aura entre mille ! Il faut les aider sinon, ils vont mourir ! J'ai vu l'armée qui marche vers nous, elle est énorme et puis, il y a ce point noir au centre plus gros que les autres, il est terrifiant, comme vide de tout sentiment ... il semble presque manger les autres tellement il est gros dans ma tête. Dame Asora, il faut les aider ! "

Jelenna était mêlée d'espoir et de crainte mais, peut-être pour montrer qu'elle pouvait être utile, elle avait sorti le bel arc qu'elle s'était récemment offert et ajouta :

" Dame Asora, moi aussi je peux être utile vous savez. J'ai peur, mais je veux défendre mes amis et ma famille moi aussi. Je veux vous être utile ! "

Les yeux tremblants d'une fièvre toute autre que celle du combat, Jelenna espérait que les informations qu'elle venait de donner auraient un sens. Dans son esprit, la pression qu'exerçait tout ce beau monde se faisait bien trop grande pour qu'elle arrive en réalité à être utile sur un champs de bataille, sans parler qu'Eléa, rien qu'à la tête qu'elle faisait devant cette annonce, ne l'aurait jamais permis. Pourtant, du haut de ses sept ans, Jelenna avait envie de protéger à son tour ceux qui peuplaient son monde. Pour la première fois de sa vie, la petite princesse bis se rendait compte que ce monde n'était pas rose et gentil, qu'il fallait se battre pour le préserver ... enfin, si on pouvait parler de se battre quand on était pas plus haute que trois pommes bien sur ...
Le point noir, énorme, dont elle avait parlé, était le plus effrayant. De tous, il était celui dont elle ne parvenait pas à lire le moindre sentiment, comme si, en réalité, il en était dépossédé. Pour autant, ce n'était pas plus mal vu la cacophonie qui régnait dans sa tête.

La peur de la fillette enflammait les sentiments autour de la blondinette et la mettait sérieusement mal à l'aise: déjà, comment cette petite pouvait-elle prétendre sentir la présence de personnes qu'elle connaissait dans cet apocalypse? De la bonne volonté, très certainement: Jelenna savait que ses amis étaient en ville, et elle croyait les sentir. Peut-être avait-elle vu sa soeur se servir de l'Esprit et pensait-elle qu'elle y était sensible aussi?
Quoi qu'il en était, elle sentait son stress monter à chaque seconde, manger ses entrailles et dévorer son courage. Son cerveau lui hurlait de se retourner et de courir aussi vite que son corps pouvait la porter en dehors de la ville, laissant cette nuit sanglante derrière elle. Après tout, qui pouvait faire une chose pareil? Mais surtout, qui avait pu déplacer une telle armée et une telle force balistique sans se faire repérer? Les Cydiens? Ou les Almers encore?
Et pourquoi ne ressentait-elle que du froid et du vide lorsqu'elle les sondait?
Enfin, pourquoi Jelenna semblait avoir plus de courage qu'elle, malgré son jeune âge?

Ainsi, elle tendit son Esprit vers la seule source de chaleur qu'elle connaissait.
**Maître?**

Incroyable. Elle le sentait comme s'il était tout proche, à côté d'elle. Jamais elle n'avait pensé que son lien avec lui était si fort. Certains Templiers très proches pouvaient se parler d'un bout a l'autre du continent, et elle se sentait capable d'en faire autant. Évidemment, l'influence du Catalyseur Jelenna était à l'origine de tout cela mais Asora ne s'en doutait pas.

**Maître, réveillez-vous je vous en prie!**
** Je le suis, Asora. Maître Jiven est en train de m'entrete....**
**Maître, nous sommes attaqués!**
** Je sais Asora! Je fais aussi vite que je peux, mais je suis à quelques heures de route encore.**

La voix de Maître Jiven trancha alors la conversation que la Templière croyait privée. Cela faisait un drôle d'effet, sachant qu'il était à quelques mètres à peine.

**Asora, j'aimerai parler avec ton maître en privé.**
**Pardon Maître Jiven, je ne pensais pas être capable de m'immiscer de la sorte.**
**C'est bien ce que je pensais, il doit y avoir un Catalyseur proche de nous. Regarde comme nous ressentons bien la haine de cette armée.**, transmit Jiven.
**Je viens de Cydonia, coupa Jacen. Si une armée y venait, je l'aurai repérée. Elle doit venir du Sud, voir de l'Est.**

Mais Asora n'écoutait plus vraiment... Jelenna n'avait-elle pas dit qu'elle ressentait la présence de ses amis? Et la Templière n'avait-elle pas utilisé trop facilement sa voix pour réunir les jeunes élèves?

**Maitres, je crois que le Catalyseur est la soeur de la Princesse Eléa!**
**QUOI???!!!**
** La quoi???**
**Oops...**
**Jacen, que fais ta fille ici?**
** Je ne sais pas, je n'étais même pas au courant, pesta à toute vitesse Jacen d'une voix extrêmement stressée. Asora?**
**Et bien.... Heu... C'est peut-être pas le moment vous voyez.**
** Tu as une deuxième fille Jacen?**, demanda curieusement le Templier Almer.
** Pas que je sache, concéda-t-il en parlant avec peine. J'ai déjà eu assez de problèmes avec une seule, mais j'espère pour sa mère que...**
** Ok,-coupa Jiven rapidement- je vais réunir les Templiers pour organiser la défense. La partie Nord est perdue, nous devons réunir nos forces.**
**Maitres, si je peux me permettre, la petite Jelenna a senti la présence du Capitaine de la Garde Elfique au nord. Il est encore en vie et pourrait être une aide précieuse.**
** En effet. Si cette petite est si forte que ça, elle pourra aider mon élève à le localiser. Sa réputation de stratège le précède et cela ne pourra être que bénéfique. En route Asora, nous avons du travail.**
**Maitre, dépêchez-vous je vous en supplie**
** Garde ton calme Asora. Protège ma fille, et n'oublie pas ce dont tu es capable avec ta voix.**
　
La Templière se retourna alors vers les Princesses. La conversation n'avait pas duré longtemps, ainsi ne les avait-elle pas laissé trop délaissées.

«　 Nous avons besoin de ta soeur. Je viens de parler avec Maître...heu.. Jacen, et nous pensons que Jelenna est un Catalyseur. Tu sais, ce peu de gens capable de nous donner plus de force et de puissance.　Il faut qu'elle localise le Capitaine Galathil pour que nous lui prêtions main forte.»

Au même moment, les premiers blessés arrivèrent et furent déposés dans des dispensaires de fortune à l'arrière. Jiven hurla des ordres et les Templiers capables de soigner furent réquisitionnés d'urgence. Elunara et Evenor s'élançaient déjà dans les ruelles enflammées, essayant de localiser le groupe de résistant dans l'enfer. À l'avant, les directives par télépathie demandaient aux guerriers de former les lignes pour contrer l'éventuelle avancée des lignes ennemies, lorsque la partie nord sera définitivement noyée dans son propre sang.


[Evenor et Elunara sont disponibles pour Le Front Nord. Les Templiers soigneurs peuvent s'y mettre, les autres se mettent en première ligne.]

Aden évita une poutre en feu qui allait leur tomber dessus, sauta par dessus un muret qui encadrait un jardinet qu'il traversa au pas de course. Dans ses bras, Sora semblait s'être calmée. Jamais encore il ne l'avait vue dans cet état, si faible et fragile qu'il avait peur de la briser s'il la serrait trop. Il fallait l'avouer, sur le coup, il n'avait su comment réagir. Heureusement que l'urgence de la situation l'avait forcé à agir sans quoi, ils y serraient restés tous les deux.
Alors qu'il s'aprêtait à passer par dessus la seconde barrière pour sortir du jardin et rejoindre la rue, Aden entendit un faible gémissement retentir. Il leva un sourcil et chercha l'origine du son. Quand il le découvrit, ce fut pour trouver un chiot recroquevillé sur lui-même, caché sous un pile de planches de bois. Sous le charme, Aden l'attira hors de sa cachette à force de mots rassurant et dès qu'il fut à portée de main, le saisi et le cala sur le ventre de Sora. Instinctivement, celle-ci caressa sa fourrure et le serra contre elle, leur permettant de se détendre mutuellement.
Bon, c'était bien beau de sauver ce pauvre petit chiot mais ça commençait à peser lourd tout ce petit monde. Mais qu'importe, s'ils étaient où il pensait, ils n'allaient pas tarder à tomber sur la maison d'Amah. Plus qu'un croisement et ils tomberaient dans sa rue.
Aden était tellement sûr de lui qu'il fut particulièrement surpris en découvrant une des artère principale de la ville. Des dizaines de réfugiés qui avaient put quitter leur lits avant de finir grillés ou écrasés courraient désespérément pour atteindre le temple d'Ankdor et le refuge des templiers. Le cydien leva les yeux vers le bâtiment qu'ils avaient quelques heures plus tôt à peine en se demandant comment il avait bien pu les amener ici alors qu'il visait le Nord de la ville.
C'est ce moment que Sora choisit pour s'agiter dans ses bras.

"Lâche-moi Aden. Laisse-moi descendre s'il te plaît."

Aden obéit et posa sa patronne sur le sol qui tangua un instant avant de poser le chiot sur le sol -qui vint aussitôt se coller aux jambes du jeune homme-. Elle épousseta un peu sa robe, faisant voler un nuage de cendre qui la fit éternuer et jurer en almer. Aden était rassuré, visiblement, elle allait mieux si elle était de nouveau capable de se défouler contre de la simple poussière.

****

Il fallait qu'elle se bouge. Rester ainsi n'allait rien arranger, bien au contraire. S'enfermer dans son mutisme n'allait qu'embêter bien du monde à commencer par Aden qui devait la porter pour fuir. Elle n'était qu'un boulet dans cet état et elle ne supportait pas être un boulet. Ce qu'elle aimait, c'était maîtriser la situation, tout dominer, pas ressembler à une souris traumatisée.
Et pourtant, elle avait beau lutter, l'image de cette fille, transpercée de part et part la suivait où qu'elle posait le regard. Rien ne parvenait à l'effacer. Et pourtant, elle n'allait pas rester prostrée toute sa vie ainsi. Dehors, c'était la guerre, et des centaines de gens mouraient et mourraient tout comme le petit ange. Vu le chaos qui s'apprêtait à s'abattre, il allait falloir qu'elle s'habitue à ce genre de vision d'horreur. Il le fallait si elle voulait être capable de se rendre utile.
Voilà comment elle avait réussit à trouver la force de dire à Aden de la faire descendre. Elle fut surprise de trouver un chiot pelotonné dans ses bras et le reposa sur le sol. Par contre, question d'habitude, se retrouver face au temple d'Ankdor alors qu'ils visaient la maison d'Amah ne la choqua pas plus que ça. Il faut dire qu'Aden était tellement doué pour se repérer en pleine ville qu'elle aurait put parier toute sa fortune qu'ils se retrouverais à l'opposé de leur destination. Et vu qu'elle faisait partie des fortunes d'Azthia -inconnue bien entendu-, ce n'était pas peu dire.
Elle regarda sa tenue et constata que sa magnifique robe blanche de voyage (oui je sais, ça colle pas trop, mais que voulez-vous, on est snobe ou on l'est pas ! XD) avait viré à un affreux gris sale. Elle tenta de l'épousseter un peu mais se reçue toute la cendre dans la figure et dû déclarer forfait face à un ennemi d'une telle puissance. Bon, maintenant qu'ils étaient là, il fallait qu'ils trouvent quelqu'un qui pourrait leur dire ce qu'il avait à faire.
Il se glissèrent dans le flot de réfugiés qui tentait désespérément de se cacher derrière les épais murs du temple. Certains templiers avaient organisés un moyen de faire entrer les civiles dans le plus de calme possible tout en gardant la possibilité de pouvoir celer le temple en cas d'attaque imminente.
Une fois à l'intérieur, Sora se repéra assez vite (contrairement à Aden qui observait bêtement le plafond, le chiot courant entre ses pieds) et -tout en prenant la main de son garde du corps histoire de ne pas le perdre en chemin- se dirigea vers là où elle pensait pouvoir trouver la personne qu'elle cherchait. Dans la cohue, il lui fallut bien un quart d'heure pour localiser la jolie tête blonde d'Asora. Quand elle arriva à ses côtés, Sora vit qu'Eléa et sa soeur étaient aussi présente. Ouille, il vaudrait mieux qu'elle tienne sa langue sur ce qui s'était passé la veille au soir avec un certain capitaine elfe.
Les trois filles avaient un air déterminé sur le visage, y compris Jelenna. Cela surpris énormément Sora d'ailleurs. Comment une petite fille de sept ans pouvait-elle montrer autant de courage alors que tout son monde s'écroulait autour d'elle. Pour la première fois, l'almer se rendit compte de l'amour qu'il existait entre les deux princesses amazones et de leur envie de s'entre protéger. Muria avait bien de la chance d'avoir de telles prétendantes au trône et Philéa d'avoir de telles filles.
Asora, elle semblait en pleine conversation télépathique aussi Sora n'osa-t-elle pas les déranger tout de suite. Quand celle-ci eu terminé, ce fut pour annoncer que Jelenna était un catalyseur et qu'il fallait aider Féanaro. Allons bon, dans quel pétrin inextricable s'était-il encore fourré celui-là ? Tssss... Enfin, pour l'instant, ils avaient tous le même problème : une armée censée avoir disparue depuis deux cents ans et visiblement en parfait été de marche qui les attaquait. Et c'était vrai qu'avoir de brillants stratèges ne serait pas de trop pour sauver cette ville qui jusqu'ici avait toutes les chances de finir rasée de la carte d'Azthia.

"Bonjour les filles. Vous n'auriez pas un boulot à me confier par hasard ?"

Les yeux écarquillés, l'enfant attendait une réponse.
Jelenna se doutait que sa sœur ainée ne la laisserait pas faire, encore moins ne la laisserait participer au combat, pourtant, elle avait envie de servir à quelque chose, de se rendre utile. Et au fond d'elle, une voix lui hurlait qu'elle pouvait leur être utile. Ce don, cette chose qui vivait, lorsqu'elle fermait les yeux, dans son esprit, n'était pas là par hasard. Elle devait forcément leur être utile ... mais si c'était de l'avis d'Asora, ça n'était pas du tout le cas de la princesse amazone. Jelenna ne savait pas comment nommer son étrange pouvoir, mais pour autant, elle ne savait pas qu'elle était aussi importante aux yeux de la Templière ... Un cataly-quoi ? Un truc qui permettait d'être plus fort apparemment, mais était-elle sur de ne pas s'être trompée ? On parlait bien de Jelenna là hein ? La petite princesse peureuse qui n'avait hérité de sa mère que sa grande, disait-on, beauté ... Euh ... elle était vraiment ce que disais Asora ? Et puis d'abord, c'était quoi ce qu'elle avait dans sa tête ? Et puis ... une minute ! Si elle était vraiment cataly-truc, elle allait être utile alors !
Le sourire qui se dessina timidement sur ses lèvres à l'annonce de la Templière disparu presque instantanément lorsqu'Eléa prit la parole. Jamais la petite princesse bis n'avait vu sa sœur dans un tel état de colère et de haine. Une chose était sure, si Jelenna fermait les yeux à cet instant, l'aura que dégageait Eléa serait manifestement rouge ... mais la petite n'osa rien dire. Ou plutôt, lorsqu'elle tenta de le faire, sa sœur la réprimanda aussitôt. Il était vrai qu'elle n'était qu'une enfant, qu'elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait mais une chose était sure, elle voulait aider. Elle voulait protéger le peu de choses qu'il lui restait de son monde ... pour autant, Jelenna se tut devant l'obstination de sa sœur ... Eléa n'était pas le genre de personnes à mettre en colère, surtout pas maintenant ... Jelenna n'avait pas vraiment envie de se séparer de son ainée pour si peu ... Elle attendit donc, se demandant si elle pouvait déclencher ce pouvoir étrange dont la demoiselle blonde avait parlé juste avant. Mais en fermant les yeux, Jelenna ne vit que l'armée noire avancer sur eux et les points lumineux se faire de moins en moins nombreux. Comment déclenchait-on ce truc de catalyseur ? L'enfant n'eut pas besoin de déclencher son don, encore aurait-il fallu qu'on lui dise qu'il opérait tout le temps, échappant au contrôle de son propriétaire ... Eléa soigna les cinq victimes meurtries d'un seul coup, chose rare et exceptionnelle que seuls les grands maitres du soin savaient faire ... or il était sur que sa sœur n'en était pas un. Pas encore du moins.
Jelenna était un catalyseur, aussi étrange que cela puisse paraitre, elle qui n'avait que fuit toute sa jeune vie durant, cherchant désespérément à ressembler à ses ainés. Finalement, elle se révélait bien plus utile qu'eux en cette sombre heure n'est-ce-pas ? Pour autant, la détresse qu'elle pouvait lire dans les yeux de son ainée ainsi que son pas lent ne lui donna pas envie de sourire ... En la voyant ainsi, si abattue, Jelenna soupira intérieurement : elle aurait nettement préféré ne jamais avoir le don dont parlait Asora plutôt que de voir Eléa ainsi. Pour autant, les mots de sa sœur furent doux, aussi douloureux soient-ils.
La princesse amazone enchaina rapidement entre promesse faite, à venir et promesse de mort si on osait porter la main ou l'esprit sur la personne de la petite. Jelenna se demandait pourquoi sa sœur accordait tant d'importance à sa vie ou pire encore, comment, au mépris de tout ce qu'on leur avait appris, pouvait-elle se permettre de parler ainsi aux Templiers alors qu'elles n'étaient que des invités. Mais pour autant, elle se permit de prendre la parole, timidement :

" Je te promets de t'obéir mais je promets également d'aider Dame Asora d'accord ? "

Un sourire léger et fugace se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle remplissait sa part du marché : trouver Feanaro. A ses pieds, Haiiro attendait elle aussi les ordres, surement se disait-elle qu'elle aurait une part à jouer dans le conflit mais pour l'heure, Eléa semblait obnubilée par la sécurité de sa compagne haute comme trois pommes. L'enfant ferma les yeux, cherchant avec espoir l'aura blanche du fiancé de sa sœur. Il ne lui fut pas difficile de la trouver dans le flot noir qui se déversait sur la ville :

" Maitre Feanaro se trouve au Nord de la ville. " annonça-t-elle alors.

S'ensuivit les détails, Jelenna rapportant précisément la position du militaire tout en précisant la position de l'armée et de ce gros point noir qu'elle apercevait au centre de celle-ci, mais également celle des autres alliés à leur disposition : Coralynn, Thingol, Sora ... Ensuite, elle rouvrit les yeux. Des sentiments mêlés naissaient alors dans le cœur de la petite fille : l'envie d'être utile toujours, le sentiment de sécurité, de peur ... tout ceci exerçait de minute en minute une pression plus forte sur son esprit mais pour l'heure, c'était encore supportable. L'enfant demanda donc timidement :

" Dites ... je peux peut-être vous aider de mes flèches ? Ainsi, je reste à l'abri dans le Temple mais j'aide un peu ... Non ? A moins que vous ne préfériez que je continue de vous donner la position de l'ennemi ou de nos alliés ... "

Après tout, elle avait promis.
Elle n'avait rien à dire, rien à faire, si ce n'était obéir aux ordres ... Elle avait bien envie de dire à Asora de ne pas se formaliser pour le ton employait par son ainée mais quelque chose lui soufflait que sa soeur n'apprécierait pas l'idée. Aussi la gamine se décida-t-elle à ne plus rien dire, attendant qu'on lui dise quoi faire. Son regard croisa pourtant celui d'Eléa, à qui elle tenta de faire passer le message suivant : si tu ne te calmes pas, on va se faire virer du Temple oui !

Au moment même où l'enfant ajoutait ces quelques mots, une jeune femme fit irruption au Temple. Sora. Quelques instants plus tôt, Jelenna avait perçue son aura se dirigeant vers elles, toutefois, elle se demandait comment d'une part, la jeune femme avait fait pour se retrouver là, et d'autre part, comment Asora et Eléa allait l'accueillir.

Une clameur sourde s'éleva soudain de derrière les murailles. Un bruit assourdissant, comme d'immenses coups de marteaux martelant les fondations même de la Terre.
Des tambours de guerre résonnèrent comme s'ils étaient à quelques mètres des habitants de Tamawa. Au nord, les maigres effectifs armés de Tamawa formaient une ligne de défense avec le détachement Elfique du capitaine Galathil. Quelques héros, bravant les flammes et les éboulements, tentaient de mettre les quelques survivants sur la piste du Temple où le feu ne prenait pas.

Et c'était bien là le problème pour les lignes de défenses: l'ennemi visait quelque chose, et il pensait savoir où le trouver.
Dans la muraille Est, une faille béante vomit alors des guerriers solidement accrochés à leurs armes. Vêtus de simples côtes de mailles, d'un heaume découvrant des visages vides, maigres, blancs et sans aucune vie, ils avançaient à bonne cadence en direction du centre de la ville.

Au nord, des visages n'affichant aucune émotion se mirent en route et entrèrent par un trou dans les murs protecteurs. Ils se divisèrent ensuite en trois groupes, suivant les chemins pavés menant au Temple, en plein centre de Tamawa. La diversion parfaite.... Les Défenseurs du Nord verraient en eux des proies faciles, acculées entre les flammes qu'elles avaient elles-même provoqué et les soldats protégeant Tamawa. Et pendant qu'une petite partie de son armée était sacrifiée au nord, son détachement principal avançait lourdement vers le Temple d'Ankdor.

Le Maître templier Jiven Farah sentit très rapidement, grâce aux pouvoirs de la fillette blonde, qu'un vide absorbait l'est de Tamawa. Immédiatement, il avertit son élève Evenor qui relaya le message suivant au capitaine elfique: "Des soldats s'approchent par l'est". Les données de la bataille avaient changé: une troupe, à peu près équivalente en nombre aux défenseurs commandés par Feanaro Galathil se frayait un chemin parmi les flammes au nord. A l'est, un détachement deux fois plus nombreux marchait sans rencontrer de résistance, massacrant les civils tentant de fuir, vers le temple d'Ankdor.

Jiven donna quelques ordres par télépathie à ses hommes et femmes maniant le pouvoir de l'esprit. Ceux-ci se déplacèrent, regroupés, vers le côté est du jardin. Seulement Jiven n'était pas un tacticien. Il avait participé à des missions pacifiques, des expéditions punitives ou des escarmouches, mais pas une seule attaque en plein milieu de la nuit avec des effectifs réduits. Il devait protéger la Cité, protéger les civils qui s'étaient regroupés... Mais aussi protéger ses templiers. Des gamins pour la plupart, qui n'avaient pas atteint vingt-cinq printemps. Tamawa s'était endormi depuis la retraite des Almers, et le réveil était brutale. Et ce n'était pas la philosophie caractéristique de son Ordre qui allait les tirer d'affaire.

Il passa en revue ses options: son atout le plus considérable était la petite Jelenna, mais sa sœur ne semblait pas ouverte à ce choix. La fille de Jacen avait apparemment beaucoup hérité de sa mère. Ignorant la sphère d'influence du pouvoir de la jeune catalyseur, il semblait difficile de l'inclure dans une tactique. Et pourtant, il allait falloir compter sur elle.

**Evenor, dis au capitaine Elfique que nous avons un catalyseur, mais que c'est une fillette de même pas dix ans. Peut-être saura-t-il en tirer un avantage.**

Jiven se plaça devant ses troupes: eux aussi commençaient à sentir que le Mal approchait, et que les chocs d'épées qu'ils allaient bientôt supporter n'étaient pas un entraînement. C'était peut-être ce soir qu'ils allaient fermer leurs yeux à tout jamais. Et ils avaient peur.
Le Maître demanda alors mentalement un dernier service à Asora et se retourna pour commander ses hommes et faire face à son ennemi.



Bien plus au nord, à l'extérieur des murailles, un soldat bien plus grand que les autres abaissa son épée à deux mains vers le sol. Son bouclier reflétait la lueur de la lune, sa cape déchirée se tordant dans le vent. De son casque qui lui recouvrait le visage ne sortait qu'un souffle rauque.
Derrière lui, des milliers de guerriers attendaient sans broncher.

**Viens à moi, Aub'Hiwaan.**

Sa voix caverneuse résonna dans les têtes de tous les survivants de Tamawa.


[Au nord, les combats commencent. Les soldats en face de vous ne semblent pas avoir peur du feu (ou ne s'en rendent pas compte...) et utilisent un style de combat à l'épée très anciens (pour ne pas dire Archaïque). Pas d'archers ou de magiciens. Vous êtes autorisés à en dégommer dans vos RP).

Au Temple, l'armée arrive mais les combats n'ont pas commencé.
Désolé pour les fautes, je me relierai plus tard ]

La colère se disputait toujours une large part de mon esprit.
Asora, ni même les Templiers n'étaient digne de confiance. Dans un monde où chaos et politique se partageaient la donne, je venais tristement de me rendre compte que personne sur Azthia n'était digne de ma confiance. Au final, tout n'était qu'un jeu de trahisons, de fourberies. A la fin, seul le plus fort l'emportait, et peut-être était-ce pour cela que je ne comprenais pas le monde qui m'entourtait. Mais alors que j'attendais les ordres de la Templière, l'impossible se produisit. Nous avions tord sur toute ligne. Pensant que l'armée que nous ressentions par ce que ces idiots appelaient l'Esprit, nous n'avions pas pensé à ce qui était en train de se produire sous nos yeux, à ce qui grouillait maintenant dans notre direction.
Le Temple. Ils n'avaient eut d'objectif que le Temple, la cité était peu importante à leur yeux, ils voulaient quelque chose, et ce quelque chose était parmi nous. Les Templiers et la maigre armée de la cité neutre avaient eut tord sur toute la ligne. Ils avaient espéré que le Temple serait le dernier rempart si les troupes avancées sur le champs de bataille venait à tomber mais la bataille n'allait pas se jouer au Nord, non. La bataille serait ici, au sein même des murs où ma petite sœur était prisonnière par ma faute. Qu'elle idiote !
La surprise créa un mouvement de panique parmi les jeunes Templiers, qui n'avaient surement guère plus d'années derrière eux que moi. La peur se lisait clairement dans leur esprit, tout comme le sentiment que ce jour serait sans doutes leur dernier. Mais pour autant, même si l'armée se présentait à nos portes, même si le combat allait s'engager, personne ne bougeait, personne ne pipait mot. Les blessés continuaient de gémir derrière les "combattants" tandis que ceux encore valides étaient évacués par les passages vers des lieux pour le moment encore surs. Que foutaient les Templiers ? Ils attendaient qu'il neige ou quoi ?

Observant rapidement les alentours, je pouvais sentir deux ou trois choses.
La première : nous allions tous mourir ici, perdus parmi les ruines de ce qui fut un jour le Temple d'Andkor. La deuxième : les Templiers n'étaient pas formés à la guerre, il n'y avait qu'à sentir leur peur et leur angoisse, leur envie folle de quitter ces terres meurtries pour se réfugier et fuir, encore et toujours, lorsque la menace reviendrait. La troisième : nous allions mourir ! Les civils faisaient pour l'instant les frais de l'avancée fracassante de la terrible armée sur les pavés qui menaient au Temple, au dernier bastion de la défense de la cité. Dans mon esprit, je pouvais sentir le chaos qui régnait dans la ville tandis que les derniers encore debout et vaillants tentaient de rejoindre la protection éphémère du Temple. Les autres mourraient sous les yeux impuissants des témoins qui seraient les prochaines victimes de cette barbarie. Mais il régnait bien pire dans mon esprit, la peur de ne pas voir le lendemain, que je partageais sans doutes, et cette horrible sensation de perdre tout espoir. Ce dernier sentiment n'était pas de mon fait, bien que sans m'en rendre compte, j'avais déjà plus ou moins perdu de vue la victoire qui n'était plus à notre portée. Non, ce sentiment puissant et pur ne pouvait venir que d'elle. Jelenna ... ainsi, j'avais non seulement trahi Muria, mais en prime, je venais de la mener à sa propre mort. Et personne ne faisait rien pour m'en empêcher !
Les yeux perdus dans le vague, j'abandonnais petit à petit tout espoir ... étrange non pour la princesse que j'étais, à la belle réputation de meurtrière et de stratège. Mais voilà, l'évidence était telle que je ne pouvais rien faire d'autre que laisser tomber, comme les autres d'ailleurs. On allait mourir ... et alors ? Tout le monde mourrait un jour.

C'est alors que la voix résonna dans mon esprit.
Je ne l'avais jamais entendu, mais j'en étais sure, elle n'avait rien d'humaine, pire, elle me faisait froid dans le dos. Alors ainsi, tout ce que cherchais cette armée n'était pas la mort de la cité neutre mais ... un cadavre ? Un Templier tombant en poussière ... et j'allais mourir pour ça ? Pour des foutaises qui me dépassaient ? Il n'en était pas question.

" C'est lui ! " murmura la voix de la petite princesse bis à mes côtés.

Pas besoin d'être allée à l'école amazone pour savoir qu'elle parlait du général ou du moins, de l'énorme masse noire qu'elle percevait dans son esprit depuis le début des évènements. Ok, on avait un ennemi, un chef qui cherchait un macchabée, et une bande de trouillards qui comptait mourir sur place parce qu'une armée deux fois plus nombreuse qu'eux leur fonçait dessus. Plus que la peur, c'était l'envie de les réveiller et de rire qui me taraudaient désormais. Peut-être aussi la force du désespoir ... quoi qu'il en soit, j'avais retrouvé un tant soit peu mes esprits. Laissant de côté Jelenna et tout ce qui pouvait découler de la bataille, je me concentrais sur la situation.
Templiers.
D'après ce que l'autre m'avait dit, ils avaient la capacité de créer un bouclier ... et d'après ce que j'avais pu en lire dans les livres de la bibliothèque, les Templiers étaient devenus célèbres grâce à ce bouclier. Ok, on avait un début de défense. De plus, les Templiers étaient spécialisés en une arme non ? Enfin, me semblait-il, cela serait donc utile le moment venu car il était évident que la stratégie qui naissait dans ma tête ne suffirait pas à vaincre tous ces crétins au visage pâle qui avançaient vers nous. Maintenant, les autres. Sora, celle qui avait subi mes foudres pour avoir draguer Feanaro, bien que je m'en moque totalement ... elle n'avait pas l'air prête à combattre, mais devant l'affluence de blessés, elle serait utile. L'autre là, l'elfe, je savais par Jelenna qu'elle manipulait les illusions, il était à espérer qu'elle savait bien le faire.
Stratégie.
Sur le papier, j'étais l'une des meilleures stratèges de ma cité, en réalité, je n'avais aucune idée de ce qu'il fallait faire en temps réel. Mais à l'heure qu'il était, j'avais deux avantages : l'avancée relativement lente de nos ennemis et le fait qu'ils poursuivent un but. Ils semblaient prêt à sacrifier une partie des leurs pour arriver à ce but, ils n'étaient donc pas bien malins. Bref, dans tous les cas, je devais faire le boulot. Y'avait plus qu'à espérer que ça marche parce que c'était vraiment du petit bonheur la chance comme on disait. Et puis oh, ils n'avaient qu'a pas avoir la trouille aussi tous autant qu'ils étaient.

" Écoutez-moi tous ! " lançais-je à l'unisson.

Sure que tout le monde m'écoutait, je reprenais une à une les étapes de mon plan dans ma tête. Ce serait serré, mais ça se tentait. Ce serait risqué, mais plutôt que de mourir sans rien faire, il fallait essayait.

" Écoutez-moi, vous n'avez pas envie de mourir n'est-ce-pas ? Alors voilà ce que nous allons faire. "

A nouveau un temps de silence.
Si je me mettais à gueuler les instructions, autant envoyer une missive aux troupes qui avançaient pour leur dire "voilà ce qu'on va faire, et vous ?". Mais par chance, si on pouvait parler de chance dans un moment pareil, alors que le ciel vous tombe sur la tête, l'armée avançait dans un tel fracas qu'elle ne risquait pas de m'entendre.

" Je vais avoir besoin d'un bouclier, vous êtes Templiers, c'est dans vos cordes je crois. Jelenna ici présente " précisais-je en montrant ma sœur, " est un catalyseur, normalement, cela vous aidera. Ensuite, je vais avoir besoin de toi l'elfe " disais-je en m'adressant à Coralynn, " il faut que tu me créés une illusion, n'importe laquelle, le temps que je me concentre suffisamment pour la suite. Il faut que l'armée soit déroutée, je ne sais pas, invente un feu, trouve ce que tu veux, là encore, la présence de ma sœur t'aidera. "

Bon maintenant, il était temps d'annoncer le reste.

" Je vais créer un tremblement de terre. Je vous préviens, même si je vais essayer de concentrer l'épicentre sur l'armée, le sol tremblera aussi de notre côté, pour autant, restez concentrez. Coralynn, j'ai besoin que ton illusion soit maintenue jusqu'aux première secousses. "

Le plan était succin. Il ne ferait que retarder l'arrivée de l'armée au Temple s'il fonctionnait mais il aurait certains avantages :
- Il nous permettrait de nous organiser pour le corps-à-corps imminent.
- Il permettrait de redonner du courage aux minces troupes que nous étions.
- Il permettrait de créer une faille entre eux et nous, nous laissant ainsi l'occasion de leur lancer des projectiles ou au moins, de tirer profit du terrain.
- Il en emporterait une partie, je l'espérais du moins, dans la tombe.
Bref, c'était déjà ça. Mais encore fallait-il que tout fonctionne. Et je n'avais pas fini.

" Sora, j'ai aussi un boulot pour toi. Ces gens sont blessés, j'ai besoin que tu t'en occupe, que tu les rassures pour que leur émotions ne perturbent pas les Templiers et enfin, si tu le peux, que tu les aides à s'enfuir. "

Ceci dit, je me tournais vers Asora et son espèce de maitre machin-chose (Jiven) dont je ne me souvenais pas du nom.

" Je suis désolée, les civils se trouvant encore en vie dans la cité devront le payer de leur vie, mais si nous n'agissons pas, ce sera la notre qu'ils prendront. "

J'étais désolée pour les civils. Personnellement, je n'avais jamais connu de guerre, et celle-ci ne me tentait pas vraiment, mais je savais que perdre un proche était difficile. Surtout quand on partageait les émotions des autres ... mais tant pis. Notre vie à tous pouvait en sauver des dizaines d'autres, cachées dans le Temple ou ses environs. Des pertes étaient donc nécessaires. Toutefois, si je faisais la fière, ou du moins, si je me montrais sure de moi, ce n'était pas du tout le cas en cette instant précis. Les morts, la victoire peu probable, ma mort et celle de Jelenna, la bataille qui s'engageait, rien de tout ça ne me faisait envie. J'aurais voulu m'échapper, fuir ou me réveiller, mais ce n'était pas possible. Toutefois, maintenant que j'avais pris les rennes de façon provisoire, je devais assumer.
C'était peut-être ça être une bonne princesse.
Quoi qu'il en soit, je poursuivais enfin, d'une voix que je voulais calme :

" Tout ça risque de ne pas marcher, mais tant pis. Si cela fonctionne, il faudra quand même vous battre car il est évident que mon idée ne pourra venir à bout de leur armée. Sora et Coralynn, si les choses tournent mal, ils vous faudra évacuer les blessés et veiller à leur survie. "

Il fallait que ça marche, il le fallait ! Sans quoi, c'était mort d'avance.

" Jel', reste près de moi. Ton pouvoir va m'être très utile apparemment. Et si tu as un de ces tarés chercheur de macchabées dans ton champs de vision, tu tires, ok petite Sentinelle ? "

J'essayais de prendre un ton détaché, mais quelque chose me disait que ça ne suffirait pas. Donner des instructions étaient une chose, les mettre en œuvre, une autre. Je n'avais jamais eut l'étoffe d'une princesse alors pourquoi aurais-je celle d'un chef de guerre ?
Du regard, j'observais désormais ceux qui marchaient vers nous, sur nous. Bientôt, ils seraient là, la question qui demeurait dans ma tête, mis-à-part celle de savoir si mon plan allait fonctionner ou non, était de savoir si tous ici me suivrait. Je n'étais qu'une petite princesse amazone, inconnue de la plupart ou au contraire, bien trop connue pour être capricieuse et surtout, la fille de Philéa. Mais devant la carence de plan de bataille, le mien était toujours ça de gagné non ?
Jetant un regard à Asora, espérant au passage qu'elle serait la première à me suivre, je ne pouvais qu'espérer pour notre salut.

[ Désolée pour le style, je suis crevée et je n'ai pas vraiment d'inspiration. Mais bon, je ne veux pas non plus bloquer tout le monde et tout et tout XD ]

Innocence perdue.
Chemin de brume.
Je veux sortir de là, sauvez-moi !

Sa sœur donnait des ordres qu'elle ne comprenait pas, ou au contraire, qu'elle analysait que trop bien. Tout autour d'elle, le petit monde du Temple se mettait en place, se préparait à une bataille qu'elle n'avait ni voulu, ni choisi. La petite Jelenna les voyait se mettre en place, tel que le leur demandait sa princesse de sœur ainée. Eléa n'avait plus rien de la princesse amazone refusant son titre et cherchant à tout prix à se démarquer de l'image qu'on pouvait avoir d'une jeune femme de sang royal. En cet instant, elle était à des lieux de la jeune fille effrontée qu'elle était à Muria. Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle ressemblait maintenant plus qu'elle ne l'aurait voulu à Philéa. La petite fille sentait la peur de son ainée saisir son âme mais pour autant, force était de constater qu'elle parvenait à merveille à la mettre de côté. Sa stratégie, toute suicidaire qu'elle soit, avait le mérite de tenter de les sauver, de tenter quelque chose, aussi futile soit-il. Eléa était une princesse, une guerrière, une femme prête à tout pour sauver ce qui lui était cher. Elle n'était pas la gentille sœur aimante, pas non plus la gamine insupportable jalouse de la Chef des Sentinelles … elle était la fin stratège qui, sur le papier du moins, trouvait toujours les meilleures solutions sur les champs de bataille. A cet instant précis, Jelenna souhaitait deux choses : être le plus loin possible de ce qui allait se jouer ici et fuir. Secrètement, elle enviait sa chère sœur, son assurance apparente, sa stratégie suicidaire qui ne pouvait que les sauver aux yeux de la petite, sa volonté farouche de survivre, de tout tenter. Sa force, tout simplement.
L'enfant observa l'amazone mettre en place sa stratégie. Jelenna l'entendait vaguement parler d'illusion, de fuite, de bouclier et toutes ces choses qu'elle ne voulait plus entendre. Pourquoi était-elle là ? Qu'avait-elle fait de mal pour se retrouver ici, à cet instant, devant ce champs de bataille. Pourquoi elle ? Jelenna regarda autour d'elle. Les regard affolés des jeunes Templiers à peine plus vieux qu'elle qui allaient se mêler au combat à venir. Le regard perdu de Sora qui rassemblait les personnes à évacuer. Elle ne partait pas alors ? Au fond, elle avait demandé cela, elle avait même insisté auprès d'Eléa non ? Si elle devait s'en prendre à quelqu'un c'était surement à elle. Maintenant qu'elle était là, à voir ses chances de survie partir en fumée, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle même. Non ! Elle ne pouvait qu'essayer de faire comme sa sœur, essayer de se montrer forte, de se rattacher à la vie et de la défendre.

Jelenna attendit que les choses se mettent en place toutes seules. C'était un peu comme assisté aux préparatifs d'une fête à laquelle on était pas conviée ou encore, comme si elle assistait à son enterrement sans même pouvoir dire quoi que ce soit, faire quoi que ce soit. Fuir, ou rester, elle avait choisi, pour elle. Pour Eléa, pour tout ce à quoi elle tenait ou pensait tenir. En fait, son courage d'il y avait quelques minutes venait de s'évaporer. Elle se rattachait uniquement aux bribes de phrases de la princesse amazone, comme une sirène dans un brouillard épais permettant de trouver la sortie. Ses yeux d'enfant regardèrent la scène d'un air distrait, comme si tout ceci n'existait pas. La troupe avançait vers eux comme si rien n'était à même de l'arrêter. Au fond d'elle, elle imaginait qu'ils allaient disparaître, comme par magie. Puis le rêve se mêla petit à petit à la réalité. A moins que tout ne soit qu'illusion … L'elfe avait exécuté les ordres de sa sœur à la perfection, du moins, d'après ce que pouvais en juger la petite. Et Eléa était entrée en action, sous la protection des Templiers à laquelle Jelenna prêtait sans s'en rendre compte sa force. Car au final, la gamine participait sans le savoir à cette bataille.
Les premières secousses se firent alors sentir, preuve que le talent naturel de sa sœur se mettait à l'action. Sans même faire attention aux secousses qui se répercutaient sur le Temple, Jelenna observa ce qui se passait au loin. L'armée des ombres noires dans sa tête diminuait à mesure que sa sœur exprimait son talent. Au fond, peut-être avaient-ils une chance de s'en sortir ? Eléa faisait tomber leur troupes comme des mouches … dans son esprit torturé par la bataille, la souffrance et l'horreur, la petite princesse bis voyait s'éteindre les lucioles des dernières âmes des derniers survivants de la cité ainsi que celles, plus sombres, des guerriers qui marchaient encore vers eux malgré l'attaque qu'ils subissaient. Dans sa tête, l'enfant ne put que comprendre à quel point il existait une différence notoire entre les deux princesses amazones qu'elles étaient. Elle, la petite trouillarde se cachant dans les jupes d'Elle : Eléa. A cet instant encore, Jelenna envia sa sœur tout autant qu'elle pouvait l'aimer. Elle espérait encore profondément qu'elle la protège encore et toujours, et surtout aujourd'hui, où elle ne se sentait pas de taille à affronter ceux qui marchaient encore vers elles. Car si Eléa avait décimé une partie importante de l'armée, d'autres marchaient encore dans leur direction, fort et surtout, déterminés à les tuer. Pourquoi ? Jelenna ne comprenait pas tout, du moins pas encore mais au moins, un sentiment de soulagement l'avait emparé. Eléa était forte, la plus forte de tous ici, elle le savait, elle le sentait. Eléa allait la protéger, elle allait la défendre ! Eléa allait la sauver, elle allait le faire comme depuis sa naissance, comme depuis toujours. Eléa, Eléa, Eléa … tout son monde à présent se rattachait à la présence rassurante de son ainée.

« Eléa tu es trop forte ! » s'émerveilla l'enfant avant de comprendre qu'il était idiot d'avoir dit ça.

Mais quand on est un enfant, on perçoit souvent les choses de façon décalée, de façon étrange par rapport aux adultes et à leur monde bien rempli comme ils veulent, bien délimité. Jelenna, bien que totalement étrangère au concept de bataille, sentait la souffrance et la peur émaner de tout endroit. Au final, elle focalisa son attention sur sa sœur comme sur la belle Asora pour se rassurer ? Pour se sentir forte ? Quoi qu'il en soit, elle remercierait plus tard ces deux filles pour leur soutien silencieux.
Au fond d'elle, malgré la peur, malgré l'angoisse, malgré tout, elle se dit qu'il fallait essayer d'être une princesse, essayer de faire semblant d'être forte. Au fond d'elle, Jelenna se prépara à ce qu'elle n'avait toujours fait que lire dans ses livres d'histoire à l'école : à la guerre. Elle sortit son arc de son étui, ce bel arc qu'elle avait acheté à Muria, celui qui était désormais sien depuis qu'elle en était tombée amoureuse. Jamais elle n'aurait pu s'imaginer qu'il servirait pour autre chose que pour tirer sur les cibles de la cité amazone. Aujourd'hui, maintenant, il allait servir à tuer des gens. A faire le mal. A ôter la vie … Des larmes montèrent aux yeux de l'enfant, elle qui avait joué aux fières et aux courageuses …

« A toi de jouer ma puce ! Plus tu les vois s'éteindre dans ta tête, plus tu marques de point d'accord ? A la fin, on regarde qui en a le plus et ensuite, on verra ta récompense. Allez, à toi de jouer ! » cria la voix d'Eléa à son intention.

Jelenna ouvrit de grands yeux.
Toute cette souffrance, tous ces morts … tout ça n'était qu'un jeu ? Eux jouaient les gentils et les autres, les méchants ? C'était aussi simple que ça ? Peut-être que l'enfant savait parfaitement que tout ceci n'était pas un jeu, que c'était la réalité, qu'elles risquaient leur vie, que sans elles, la cité neutre serait perdue. Mais peut-être aussi tout simplement qu'elle souhaitait se perdre dans ce jeu que lui proposait son ainée, se perdre et oublier ce qu'elle vivait depuis quelques heures. Se perdre, oublier. Il lui faudrait du temps pour oublier. La réalité l'appelait désormais. Eléa n'était plus prêt d'elle. Où était-elle ? Peu importait, elle lui avait demandé de se battre, de se protéger, de protéger son monde. Elle lui avait demandé d'effectuer un bon score, un peu comme à l'école. Elle était « l'héritière de Kiera », la future chef des Sentinelles comme on disait chez elle. Alors il fallait qu'elle soit à la hauteur, que le jeu en soit un. Le jeu en était un, l'enfant n'eut aucun mal à y croire, c'était là le charme des enfants, croire à tout ce qu'on leur disait sans hésiter, même quand ils savaient que ce n'était pas la vérité.
La petite tira une flèche à l'image des Templiers qui l'entouraient et fit mouche.

« Et d'un ! » cria-t-elle à son ainée sans savoir où elle était et sans même savoir si elle l'entendait.

Sous la protection éphémère des Templiers qu'elle renforçait inconsciemment, la petite Jelenna se mit à l'action. Son arc en bois de cerisier sculpté en main, sa blancheur tranchant avec le sang qu'elle versait, elle comptait les victimes de son échiquier vivant. A dix, elle s'arrêta, du moins de compter. Elle continua les salves sans savoir si c'était une bonne chose, elle continua à se laisser couler dans ce que la princesse amazone avait appelé un jeu. En réalité, elle s'obstinait à se rattacher à tout ça en sachant que tout était bien réel.
Le cri de Jelenna lorsqu'elle perçut la blessure de la jeune Templière Astorg surpris la plupart des jeunes Templiers à ses côtés, du moins juste le temps pour eux qu'ils se reprennent et continuent leur sombre forfait. La petite fille s'était tellement focalisée sur Asora et Eléa qu'elle percevait la plupart de leur mouvements, la plupart des sentiments qui passaient en elles. En conséquence, elle avait ressenti la douleur irradiant de son bras et s'était arrêtée de tirer. Eléa n'avait pas compris le cri de la gamine de la même façon que ceux qui l'entouraient, en réalité personne ne comprenait de la même façon ce qui se passait. Leur seul but était de survivre, point final. La petite ne partageait pas ce point de vue.

Eléa mit quelques minutes à la rejoindre. La suite de l'histoire, la petite ne la comprit pas. La fin était sans doutes déjà écrite, peu importait. Ils avaient gagné la bataille et tout le monde était content. Dans sa tête pourtant, la petite ne voyait pas les choses comme ça, le jeu avait laissé la place à la réalité. Si elle n'avait pas eut l'impression de tuer des gens, elle savait maintenant le caractère mortel de ses flèches. Les blessés affluaient, la douleur, la souffrance, les morts côtoyant les vivants. Jelenna avait une fois de plus envie de fuir, mais au lieu de ça, elle se tenait là, dans le creux des bras de sa sœur, protégée de tout le reste. Eléa semblait à présent le dernier rempart entre la folie qui la guettait et le reste. Cette aura de douceur semblait décalée dans cette vision de terreur et d'horreur.

« Eléa, ils sont morts ? »

La petite posa ses yeux tremblants sur son ainée. Celle-ci continua de mentir, des mensonges qui, même s'ils sonnaient faux, faisaient du bien à l'enfant. Elle avait beau savoir que tout ce que disait l'amazone était faux, au moins, dans sa bouche, elle avait envie d'y croire. Et étrangement, Jelenna se rattacha à tout ça en y croyant dur comme fer. Peut-être que grâce à ça, Jelenna ne vit pas les corps sans vie, amis ou ennemis, autour d'elles, peut-être non plus ne vit-elle pas les soins apportés en urgence aux blessés … quoi qu'il en soit, la gamine se rattacha à ce qu'il y avait de plus réel dans son monde à elle : sa sœur.

« Maitre Feanaro est là ! » s'écria-t-elle sans joie.

La présence de l'homme qui lui volait sa sœur n'était pas vraiment ce qu'elle souhaitait mais au moins cela signifiait-il que la bataille était fini. Que tout cela était terminée. La bataille prenait fin. La suite et la fin de l'histoire, Jelenna ne les avaient pas suivi. Perdue au milieu de cette foule d'adultes, de cette foule de sentiments, elle s'était repliée sur elle-même, ne parlant plus qu'à Eléa quand celle-ci s'inquiétait un peu trop à son sujet. Des images terribles hantaient son esprit, bien qu'heureusement pour elle, sa sœur comme les Templiers autour d'elle aient tenté de lui épargner la vision horrible des corps sans vie et de la bataille en général. De tout ceci, ne restait en réalité qu'un sentiment d'impuissance, de terreur, de douleur et de peur. Mais heureusement, les bras d'Eléa lui étaient ouverts, en sa présence, la gamine oubliait tout ou presque.
La petite assista sans plus intervenir à la fin de tout. Son innocence partie en lambeaux ou presque, elle se contentait de reconstruire son petit monde bien à elle sans y parvenir. Quand les choses redeviendraient-elles ce qu'elles avaient toujours était ?

« Eléa, je veux rentrer. » osa-t-elle murmurer à son ainée.

Mais elle le savait, elle ne rentrerait pas.
Rien ne serait plus jamais comme avant.
Rien n'était déjà plus comme avant.
Chaque minute qui passait, chaque souffle, tout l'éloignait de ce qu'elle avait été jusque là.
Jelenna maudit son Destin, pour la première fois de sa vie, la petite princesse bis fut triste, d'une tristesse inconsolable et insondable. Son cœur déchiré par cette bataille si commune dans la vie des adultes, Jelenna attendit simplement que les choses reprennent leur court. Mais cela était-il seulement possible ?
Rien ne sera plus jamais comme avant.

Peu importait que l'elfe, l'antiquaire ou la Templière m'aient écouté, j'avais un plan en tête, et, tout aussi suicidaire qu'il soit, je comptais bien le mettre en œuvre puisque personne n'était décidé à se bouger dans ce Temple. A croire que l'art de la guerre leur avait échappé. Peur et appréhension étaient reines chez ceux qui se prétendaient gardiens de la paix. En même temps, je ne faisais pas non plus la fière ... j'avais peur, pire, j'avais carrément la trouille de mourir sur ce champs de bataille que je n'avais même pas choisi et que, au choix, j'aurais préféré fuir. Mais il y avait deux choses qui me poussaient à rester ici : l'honneur et Jelenna. De toute façon, l'armée qui se dressait devant nous ne semblait pas décidée à s'arrêter à Tamawa, elle cherchait quelque chose, et une voix me soufflait qu'elle raserait tout Azthia pour la trouver. Autant mourir ici en tentant de défendre la cité plutôt que d'attendre comme un lièvre piégé que la mort appelle à Muria ou ailleurs ...
Les ordres fusèrent autour de moi après mon intervention et pourtant, je ne les écoutais pas. Suivaient-ils mes conseils insensés ? De toute manière, peu importait. Je fermais déjà les yeux pour chercher un semblant de calme. Enfant, je n'avais jamais été patiente et même aujourd'hui, ce trait de caractère m'échappait mais au moins au fil des années avais-je réussi à prendre sur moi de façon à pouvoir me concentrer lorsque j'utilisais mes dons naturels. Tant de gens avaient besoin de moi ... peut-être que cette pensée me donna du courage, peut-être pas, je ne sais pas, quoi qu'il en soit, il me fallut deux précieuses minutes pour trouver le calme et enfin visualiser ce que je voulais. Le chemin pavé sur lequel marchait l'armée ennemie. Leur pas résonnant dans ma tête, leur irrépressible envie de tuer hurlant dans mon esprit. Le silence ... enfin. La peur semblait se faire discrète ou alors, je ne l'entendais pas. Mon cœur lui en revanche était totalement affolé, comme s'il avait décidé de rejouer le requiem de Vivaldi.

Le tremblement de terre entraina la perte de la moitié de l'armée adverse et ne se répercuta que peu sur le Temple qui tenait encore vaillamment debout. Mon idée commençait à porter ses fruits ! Finalement, en plus d'être assez douée sur le papier, je savais quelque peu gérer sur le terrain. Mais l'heure n'était pas à la flatterie, même si ma cadette semblait impressionnée par mon pouvoir destructeur. Plus tard, il me faudrait lui dire de ne jamais faire comme moi, de ne jamais utiliser ses dons pour blesser ... mais pour l'heure, ce n'était pas possible. Il fallait tuer ou être tuer. Il fallait aussi rassurer les troupes ... non en fait, pour cela, il fallait que je sois moi-même rassurée et même si mon attaque venait de porter ses fruits, cela ne suffisait guère à calmer ma peur et mes angoisses. Nous allions bientôt tous mourir, c'était certain. Leur nombre avait considérablement diminué entre mon attaque et celles lancées par le Capitaine Feanaro mais quand bien même ... qu'étions-nous ? De jeunes gens sans expérience de la guerre ou des vieillards qui n'en avaient que trop. C'était impossible, suicidaire. C'était notre armée.
Les yeux de Jelenna se posèrent sur moi tandis qu'elle cherchait du courage. Comment dire à une gamine de sept ans que son avenir se jouait ici ? Que sa vie était entre les mains de gamins à peine plus expérimenté qu'elle ou de vieillards qui pouvaient encore à peine se battre ? Comment lui insuffler la force de se battre alors qu'elle n'était qu'une enfant et que je n'avais qu'une envie, me trouver loin d'ici ? Et puis surtout ... comment lui faire comprendre qu'il faudrait qu'elle tue ces gens pour s'en sortir elle, aussi égoïstement soit-il ?

Je me rappelais soudain quelque chose qui n'avait rien à faire là. Ma mère penchée sur moi en train de pleurer. Je devais avoir sept ou huit ans, peut-être dix mais pas plus. Je n'étais pas douée à l'arc ou plutôt, je ne cherchais même pas à l'être mais l'échec me faisait toujours pleurer. La pression que je m'imposais n'était pas pour m'aider à arriver à quoi que ce soit. Alors ce jour-là, Philéa m'avait dit de prendre les exercices pour des jeux et depuis, je n'avais plus jamais eut de problèmes. Peut-être que ça aiderait Jelenna et au moins, cela lui épargnerait l'horreur de la bataille un tant soit peu. Je devais la protéger d'elle-même comme de cette bataille.

« A toi de jouer ma puce ! Plus tu les vois s'éteindre dans ta tête, plus tu marques de point d'accord ? A la fin, on regarde qui en a le plus et ensuite, on verra ta récompense. Allez, à toi de jouer ! »

J'espérais que cette réplique ridicule et totalement déplacée vu les circonstances suffirait à aider la petite. Suffirait aussi à lui cacher l'horreur de ce qui se passerait réellement sous ses yeux. Je tentais tant bien que mal de paraitre sure de moi en souriant, alors que dans ma tête, mon esprit, mon cœur ou mon corps tout entier, j'étais tout sauf sure de moi. Terrorisée même ! La suite se passa bien vite. Les ordres lancés par Jiven me ramenèrent à la dur réalité. Sans même réfléchir, et cela valait mieux en de telles circonstances, mon corps passa à l'action. Abandonnant la petite princesse bis à son sort, je m'éloignais d'elle pour suivre Asora dans la bataille. Les coups se suivirent, les blessures infligées comme celles reçues, tout n'était plus que chaos dans ma tête. Le sang sur mes vêtements, la peur au ventre, la rapière en main ...
Le sang, le sang et encore et toujours le sang.
Depuis combien de temps étions-nous là à nous battre ? Depuis combien de temps tentions-nous vainement de repousser un ennemi qui revenait toujours plus nombreux et plus fort ? Depuis combien de temps avais-je laissé Jelenna seule à son propre sort lorsqu'elle hurla ?

« Jel' ! »

Avais-je crié ? Je n'étais pas bien sure de cela, peut-être que j'avais voulu mais que je n'avais pas pu. Quoi qu'il en soit, je tentais de me rappeler où j'avais laissé la petite, espérant que rien ne lui était arrivé pendant ma folie meurtrière. La petite tête blonde de la gamine se distingua du reste des Templiers. Autour d'elle, nombre de jeunes Templiers s'étaient regroupés pour la protéger, leur pouvoirs amplifiés par le don de catalyseur de ma cadette. Une chance pour elle, elle ne pouvait pas vraiment distinguer ce qui se passait derrière cette muraille de corps bien en vie qui la protégeait tant physiquement que moralement. Il me faudrait remercier les gardiens de la cité neutre en temps voulu.
Me frayer un chemin jusqu'à eux ne fut pas facile. Peut-être y avait-il trop d'ennemis, peut-être aussi qu'au fond, je n'avais pas envie de la rejoindre tout de suite avant d'être sure que plus personne ne pourrait lui faire du mal. Elle était bien protégée, il fallait désormais que j'assure les arrières ... et puis, je n'avais sans doutes pas non plus envie que la petite voit tout ce sang dont mon corps était recouvert. Ce n'était pas bon pour elle. Elle était ... trop jeune.


La bataille était terminée.
Comment avions-nous pu emporter la victoire ? Peut-être au prix de la mort de nombre d'entre nous. Par chance aussi sans doutes. Quoi qu'il en soit, la cité neutre, ou ce qu'il en restait, était saine et sauve et ne risquait pas de tomber entre de mauvaises mains. Les raisons de cette attaque seraient à étudier plus tard ... Quelque chose me disais qu'elles n'étaient pas aussi simple qu'une attaque surprise de cité à cité. Ces hommes n'étaient pas venus par hasard, ils l'avaient dit, mais quelle serait leur prochaine tentative ? Il faudrait réfléchir à tout cela, étudier, échafauder des plans encore et toujours.
Pour l'heure, il y avait plus important. Soigner les blessés par exemple. Et ils étaient nombreux, beaucoup trop même. Combien ? Jelenna dans le coin, cela me permettait de pouvoir soigner, pas en profondeur mais de façon à ce qu'ils puissent survivre le temps de me reposer moi et les autres soigneurs, ces derniers. Jelenna ... comment allait la gamine ? Une fois que mon forfait accompli, je délaissais la rapière dans un coin, couverte de sang et qu'il me faudrait nettoyer avant que la petite ne le voit, et me dirigeait dans sa direction. La petite avait le regard vide, comme si rien ne pouvait lui faire oublier ce qu'elle venait de vivre ... tout était de ma faute mais pourtant, si je voulais l'aider, il ne fallait pas regarder le passé, il fallait que je la pousse à se tourner vers le futur, vers son avenir qu'elle s'était offert aussi durement soit-il, sur ce champs de bataille. De toute façon, quelque chose me disait que ce ne serait pas le seul champs de bataille qu'elle connaitrait dans sa jeune vie. A ma vue, la gamine se jeta dans mes bras.

Combien de temps passa ?
Aucune idée.
Mais Jelenna n'était plus comme avant. Elle avait le regard vide et quoi que je puisse dire, elle ne parlait pas, ne bougeait pas. Comme si son esprit était éteint. Je décidais de la bercer pour l'apaiser. « Eléa, ils sont morts ? » La question me fit froid dans le dos. Je n'avais moi-même pas envie de penser qu'ils étaient morts, qu'on avait passé une matinée ou une journée à se battre pour nos vies. Je n'avais pas envie de me dire que certaines parents ne reverraient plus leur enfants tombés pour une cité qui n'était peut-être pas la leur. Alors que devais-je répondre à la petite dans mes bras ? Lui mentir encore pour la protéger ? Lui dire la vérité au risque de voir son esprit fragile se briser ?

« Jelenna, tu te souviens de ce que je t'ai dit au début ? Tu sais, le jeu ? Et bien tu as gagné, c'est toi qui en as eut le plus. C'était la règle du jeu tu sais et ils ont perdus. »

Finalement, je n'avais pas vraiment répondu à sa question mais de toute façon, elle en connaissait déjà la réponse. Son don se manifestait de façon si étrange qu'elle savait distinguer les morts des vivants, la vérité du mensonge. J'avais envie de pleurer.
Avoir tuer ces gens, avoir vu cette bataille, j'avais envie de hurler au monde que je le détestais. Que je détestais la haine des hommes, leur avarice, leur stupidité. J'avais envie de dire au monde que je préférerais ne jamais être née mais le corps chaud de ma cadette entre mes bras m'en dissuadais.
La petite sembla reprendre un semblant de vie au fil du temps qui passait. Elle précisa que Feanaro était là mais je n'avais aucune envie de le voir, comme elle apparemment. Il avait joué son rôle durant la bataille, c'était tout. Pour le moment, il y avait plus important que celui qui deviendrait un jour mon mari, bien que l'idée ne me fasse plus sourire à présent. La voix de la petite me ramena une fois encore à la réalité, comme si un ange murmurait à mon oreille des mots à la fois pleins d'espoir et si douloureux. Elle voulait rentrer, moi aussi.

« Nous avons encore des choses à faire ici pour ces gens Jel', on ne peut pas partir. Pas maintenant, mais je te ramènerais bientôt à la maison. Je te le promets. » murmurais-je à mon tour sans conviction.


Les blessés soignés, cette fois vraiment, je regardais le champs de bataille et ce qu'il en restait. La ville autrefois si jolie n'était plus que ruines et le chant des morts berçait le lourd silence qui pesait sur la cité.
Jelenna s'approcha de moi, elle ne m'avait pas quitté, me suivant comme mon ombre. Sa main fine et délicate d'enfant se posa dans la mienne. Comme une maman l'aurait fait, je la prenais dans mes bras, observant le contre-bas en silence. Une pensée plus tard, de petites fleurs blanches percèrent la terre souillée par le sang. Des perces-neige, sa fleur préférée. Une pour chaque mort qui avait laissé son âme sur le champs de bataille. Une pour chacun, pour un dernier hommage. En silence, la petite pleura dans mes bras.

« Reposez en paix »

Ma voix, telle un murmure, s'éteignit en même temps que le chant des morts dans ma tête.

S’occuper des civiles, ok, elle pouvait faire. Ca restait dans ses capacités même si elle se demandait si elle serait suffisamment forte pour assumer cette tâche. Puis elle croisa le regard d’un gamin d’à peine quinze qui brandissait une épée à peu près deux fois trop grande pour lui. Un regard empli de terreur et de la peur de mourir. Dire que ce gosse allait devoir se battre, qu’il allait sûrement mourir et que pourtant il s’accrochait encore à son épée disproportionnée comme si c’était le seul élément qui l’empêcher encore de s’enfuir à toutes jambes. Il tremblait comme une feuille. Ahah. Si un gamin de quinze pouvait montrer autant de courage face à une armée sortie de nulle part et au moins cent fois plus nombreuse qu’eux, elle, elle pouvait bien affronter une centaine de bourgeois hystériques.
Enfin, ça, c’est ce qu’elle pensait avant d’entrer dans le temple et de faire face aux dits bourgeois hystériques. Enfin hystériques, elle avait peu être un peu trop exagérer. Les seuls bruits audibles dans la salle commune réaménagée en infirmerie étaient les râles d’agonie des uns et les lamentations des autres. Des chouinements quoi.
Un hurlement fendit l’air déjà emprunt de l’odeur du sang. Sora frissonna. Faire de l’humour lui semblait bien désaccordé avec le contexte soudainement. Ces gens souffraient. La plupart d’entre eux sans étaient sortis de justesse abandonnant femmes, enfants, voisins au triste sort de la mort. S’ils s’en étaient sortit entier.
Bien. Puisque on lui avait confié tous ces gens, autant faire ce qu’on lui avait dit de faire. Sora réfléchis rapidement. Il y avait bien –à sa connaissance- un ancien passage secret qui passait en dessous du temple et qui ressortait dans la campagne mais celui-ci datait de plusieurs siècles, quand le temple des templiers était encore un vrai lieu de culte. D’après ce qu’elle avait lu, il servait aux prêtres censés « ne jamais quitter le lieu sacré » afin qu’ils puissent de temps à autre s’amuser à l’extérieur (notamment avec quelques jolies filles) en toute discrétion. Mais depuis le temps, il avait du tomber en ruine. A moins bien sûr que les templiers se soient rendus compte de son existence…
Les cris d’une femme tirèrent Sora de ses réflexions. Elle leva les yeux et découvrit une grande femme brune et robe bordeaux qui ne cessez de hurler sur une pauvre femme qui s’était visiblement improvisée infirmière devant le manque de bras. Vu la détresse que semblait éprouver la seconde face aux attaques de la première, Sora se dit qu’elle ferait peut-être bien d’intervenir. Certes, la pièce était beaucoup plus calme qu’elle ne l’eut crut mais il suffisait qu’une seule personne pousse une crise d’hystérie comme celle-là pour que tout le monde s’enflamme et devienne ingérable. Elle s’approcha donc de la grande perche (manquant de se faire assommée au passage par un geste brusque de celle-ci) et lui tapota légèrement dans le dos. La femme se retourna d’un coup libérant l’infirmière qui s’empressa de déguerpir loin de la folle.

« Bonjour madame. Je me prénomme Yaen et suis la responsable des réfugiés du temple. Puis-je faire quelque chose pour vous ?
-La responsable ? Vous tombez bien vous. Dites-moi donc ce qu’il se passe ici. Et qui sont donc ces gens qui nous attaquent. Et tant qu’à faire, dans combien de temps je pourrais rentrer chez moi. J’ai un important briefing prévu pour demain et il n’est pas question que ces quelques turbulences troublent mon emploie du temps. »

Et voilà. Pourquoi allait-il systématiquement qu’il y ait un ou une chi*use qui vienne vous mettre des troncs d’arbre dans les roues quand la seule chose dont vous avez besoin c’est d’un chemin dégagé ? Si quelqu’un osait lui répondre que sinon la vie ne serait pas marrante, elle n’hésiterait pas à le balancer devant les premières lignes de l’ennemi histoire de voir s’il trouvait toujours la situation « amusante ». Sora inspira longuement en son fort intérieur (en vrai, elle se contenta de respirer normalement hein !) avant de répondre à cette chère madame Bordeaux.

« Et bien madame, nous sommes assiégé et …
-Assiégé ? Elle est bien bonne celle-là. Et qui donc voudrait nous assiéger je vous prie ? Hein ?... »

Et voilà, elle craquait. Si jamais cette bonne femme persistait à délibérer de telles absurdités, elle allait faire une exception sur sa non-violence habituelle et se défouler sur cette madame Bordeaux qui aux bout d’à peine deux phrases lui portait déjà sur les nerfs.

« …Sachez mademoiselle que nous sommes en paix depuis longtemps et que…
-Quinze ans, sept mois et douze jours.
-… Les temps d…hum, pardon ?
-Cela faisait exactement quinze ans, sept mois et douze jours que Tamawa était en paix.
-….Mais… Que… Je ne vous permets p…
-MAIS VOUS ALLEZ VOUS LA FERMER A LA FIN ESPECE DE GRELUCHE DECEREBREE !
-…
-Voilà qui est mieux. Bien, je vais vous faire une petite mise au point exceptionnellement parce-que je suis de bonne humour et que vous en avait visiblement bien besoin. Je peux commencer ?"

La femme hocha la tête furtivement, visiblement outrée mais trop faible pour faire face à cette petite tête brune charismatique.

« Donc, je résume. On est assiégé par une puta*n d’armée qui vient de raser les trois quart de la ville et ses habitants avec. Notre seul espoir sont les quelques templiers qui ferrailles dehors pour sauver votre pauvre petite vie. La plupart n’ont même pas encore couché avec une fille ! Ce sont des gamins et pourtant ils se battront jusqu’au bout pour que votre petit cul desséché de vieille guigne reste à l’abri. Alors maintenant vous vous la fermez ou alors je vous envoie direct en première ligne histoire de vérifier si l’ennemi est bien aussi cruel que le dit la rumeur. »


La pauvre femme ne bougeait plus un cil, visiblement en pleine ébullition intérieure.

« Bien. Puisque le courant passe entre nous, si vous alliez aider ces pauvres gens à s’occuper des blessés histoire de vous rendre un peu utile ? »

Madame Bordeaux acquiesça et tourna les talons, bien décidée à s’éloigner de cette petite folle furieuse. Sora, quand à elle, partit d’un bon pas vers le fond de la salle car d’après ce dont elle se souvenait (et sa mémoire était toujours exacte) le passage trouvait son entrée derrière l’ancienne salle de cérémonie aujourd’hui devenue salle commune. Elle trouva une porte qui donnait sur un hall de taille respectable qui s’ouvrait ensuite sur un couloir. Sora réfléchis, tapota murs et parquets, sembla trouver quelque chose et colla son oreille contre un tableau représentant un illustre templier.
C’est ce moment que choisit la terre pour trembler. Sora perdit l’équilibre et tomba sur les fesses. Elle leva les yeux juste à temps pour voir l’énorme tableau qui venait de se décrocher lui tomber dessus dans un ralenti interminable. Dans un ultime réflexe, elle cacha son visage derrière ses bras. Mais au lieu de se retrouver écrabouillée façon crêpe, elle se sentit soulevée et projetée à l’opposé de la pièce. En atterrissant, malgré le corps qui la protégeait, elle se tordit la cheville et laissa échapper un cri aigu.
Quand enfin les tremblements cessèrent, Sora se permit de tapoter l’épaule d’Aden qui l’avait sauvée d’une chandeleur surprise avant de s’aider de son bras pour retrouver une position verticale (le tout en grognant à chaque fois que sa cheville frôlait le sol). Maintenant, même si le souterrain n’avait pas été condamné, elle pouvait être certaine qu’il était inutilisable : la galerie devait s’être effondrée sur plusieurs kilomètres. Elle soupira et aidée par son garde du corps elle regagna la salle commune où visiblement, les dégâts avaient été peu importants. Tant mieux. Ca ferait moins de panique à gérer.

« Tout le monde reste calme s’il vous plaît ! La secousse est finit et pour l’instant, nous sommes hors de danger. Continuez à vous occuper des blessés et de ceux qui ont eu des problèmes lors du tremblement de terre. »

Mais que s’était-il passé ? Pourquoi ce tremblement de terre ? Etait-ce les ennemis, les templiers ou la nature elle-même qui l’avait déclenchée ? Sora se serait bien ruée dehors pour voir les nouvelles si sa cheville ne lui faisait pas si mal. Elle se contenta donc d’aller elle aussi aider les infirmières le mieux qu’elle pouvait. C'est-à-dire en faisant des pansements et bandages originaux et totalement inutiles tant et si bien que les aides soignantes finir par la virer gentiment. Aden, lui, était grandement apprécier de par sa grande habilité. Sora finit donc assise sur les marches à bouder.
Les bruits de la bataille se faisaient de plus en plus proches et l’inquiétude montait dans la pièce. Où en était-on ? Que se passait-il dehors ? Avait-on une chance de s’en sortir ? Quand enfin les bruits se turent plus personne ne savait que penser. Ou même comment respirer. On eu dit que l’air lui-même retenait sa respiration.

« Ca y est ! On a gagné ! »

La jeune templière qui venait de débarquer était à bout de souffle et couverte de boue et de sang. Personne ne réagit à l’annonce, comme si le silence espérait encore garder un peu de son emprise. Puis les soupirs et les pleurs recommencèrent à retentir mais cette fois-ci d’une toute autre manière. La joie et le soulagement était perceptible partout. Sora sourie et siffla Aden. Celui-ci finit son pansement et accourue jusqu’à sa patronne pour l’aider à marcher. La jeune templière quand à elle était déjà prise en charge par les infirmières et sa fatigue était telle qu’elle s’écroula sur la paillasse à laquelle on l’avait conduite.
Une fois dehors, l’odeur du bois brûlé remplaça celle du sang et du renfermé qui planait dans la salle commune et qui semblait suivre Sora comme une sangsue. Au pied du temple, un carnage. Des corps d’alliés comme d’ennemis étaient éparpillés jusque loin dans les rues. Certains templiers commençaient déjà à entasser les corps des morts pour les brûler afin d’empêcher une quelconque épidémie et aussi pour envoyer au plus tôt les âmes de leurs frères et sœurs d’arme morts au combat vers un avenir meilleur.
Un léger vent souffla, emmenant pour quelques secondes l’odeur des batailles qui avaient fait rage. Ils s’en étaient sortit. Ils étaient vivants. Beaucoup étaient mort bien sûr, et cela causait une grande peine. Mais il avait réussit ! Ils n’avaient pas cédé face à cet ennemi venu de nulle part et avaient vaincus !

Le soleil darda ses premiers rayons rougeâtre sur le pavé écarlate. Dans la partie encore sombre du pan de colline, devant une cité en ruine, une armée de plusieurs milliers d'hommes sombres s'alignait.

« Mon Seigneur », s'aventura un soldat en armure légère et à la voix aiguë. « Seigneur, notre cible n'est pas ici ».

L'armure vivante à la cape déchirée et au casque à cornes tourna lentement la tête vers son interlocuteur. Une voix sortit, sifflante, de derrière le masque.

« Je le sais. Mais notre Maître à trouvé quelqu'un de bien plus intéressant à l'intérieur, Soldat. Notre Dieu a donc revu ses plans: retirons-nous à présent ».

Et, au moment même où la lumière du jour naissant éclaira la colline, l'armée avait disparu.




Le corps tomba lourdement sur le sol. L'obscure templière qui venait de l'achever dématérialisa son arc runique et s'agenouilla d'épuisement.
Un peu plus bas, Asora bandait avec un morceau de sa robe son bras droit.
Dans les jardins dévastés et fissurés, un tapis de fleurs naissait.
Dans l'ancienne grande avenue marchande du nord, des soldats elfiques récupéraient des corps pour les brûler avant que les restes des bâtiments calcinés ne s'effondrent.
Ce matin, Tamawa ressemblait à un immense tombeau à ciel ouvert, une grande cicatrice créée par le tremblement de terre lui barrant le visage.

D'après un premier décompte, la moitié des effectifs du Temple d'Ankdor était morte et grièvement blessée. L'autre moitié devait elle-aussi recevoir des soins le plus rapidement possible, mais l'urgence n'était pas là.

Il fallait trouver les survivants.
Il fallait réunir les cadavres et les brûler pour éviter les épidémies.
Il fallait déblayer, reconstruire la moitié de la cité.
Il fallait prévenir Azthia tout entier du danger qui les guettait: Erathia, disparue mystérieusement cent cinquante années auparavant, était revenue et avait décidé de tout détruire sur son passage.
Il fallait, enfin, pleurer les morts. Soigner les blessés alors que les médecins manquaient.


Au petit matin, à Tamawa, la Mort était seule vainqueur de la bataille.

[Victoire pour la défense de Tamawa. Les Rp dans cette ville peuvent reprendre, tenez compte de l'état de la ville dedans. Un topic se déroulant le matin de la victoire va s'ouvrir, parlant de l'après-bataille. Les « retardataires » peuvent répondre à ce post pour évoquer et finir la bataille.]