Le bateau avait finalement accosté dans les temps. Cela n'avait pas été une mince affaire d'affronter les flots déchaînés de la mer, livrée à la colère abyssale d'une tourmente inattendue. Mais la coque en bois s'était montrée résistante et apercevoir enfin les couleurs du port avait été un sacré soulagement. Je n'avais pas tellement le pied marin, et je ne m'en cachais pas. Un homme fort est celui qui ne se cache pas de ses faiblesses. D'un bond souple, je gagnai le ponton et remontai les quais envahis de monde. Mon sac sur l'épaule, je sifflotai d'un air absent tout en songeant au dernier contrat qui venait de m'être proposé et que j'avais accepté sans hésiter. J'avais étudié l'affaire, et je devais à présent m'atteler à la tâche qui s'en suivait : tout savoir de ma cible. Ses habitudes, ses objectifs, son emploi du temps, son caractère... Je n'avais eu que des échos, quelques bribes de sa sordide histoire, et bien sûr une description physique qui devait m'aider à l'identifier.

Ainsi, je savais par exemple qu'il traînait souvent près du bar, sur le port, et le long des quais. Je savais aussi, et c'était d'une importance cruciale, qu'il exerçait le même métier que moi... Slyther Morrowind était un Assassin Astorg de grand réputation, et si l'avoir comme rival ne m'avait jusqu'à maintenant jamais dérangé, il en allait autrement depuis qu'il était devenue ma nouvelle cible. Pourtant, je ne devais pas craindre de l'affronter, car j'étais certain de pouvoir le vaincre, à condition de prendre mon temps. Je devais mettre sur pied un plan efficace, où la surprise ferait toute la différente. En tant qu'Assassin, j'étais excellent et je n'avais jusqu'alors jamais perdu. Je continuais donc à jouer dans la cour des grands. D'un air satisfait, je humai les effluves marines qui me parvenaient puis, d'un bon pas, repris mon exploration des lieux, que je connaissais pourtant depuis bien longtemps. Néanmoins, je les voyais autrement et les étudiais différemment dans la perspective d'un assassinat en bonne et due forme.

Loin à l'horizon, le soleil habillait l'océan d'une couronne de feu et les couleurs du soir s'estompaient au profit de l'imminence de la nuit. J'appréciais l'obscurité et tous les secrets qu'elle gardait jalousement. De fait, j'aimais mieux opérer de nuit, ajoutant alors un noir secret dans les ténèbres alentour. Il fallait que je repère mon gaillard et que je le file en toute discrétion. Les dieux m'entendirent-ils ou avais-je le bénéfice d'une chance insolente ? Je l'ignorais, mais toujours est-il qu'un fieffé coquin au physique familier me présenta sous mes yeux, de l'autre côté de la rue. Mal rasé, vêtu de noir, grand et costaud, il dénotait cependant une agilité et une rapidité qui le classaient sans peine dans la catégorie "Assassin". Je n'irais pas jusqu'à prétendre que c'était écrit en toutes lettres sur son front, mais nous n'en étions pas loin...

- Puisque tu avances le premier coup, que la partie commence... murmurai-je avec un frétillement d'excitation.

J'aimais ces parties de chasse qui s'amorçaient, précédent une attaque fulgurante et décisive qui ferait couler le sang d'un malandrin. Où se rendait-il ? Discret et silencieux, je lui emboîtai le pas dans la foule alors qu'il filait le long des ruelles du port.

Slyther Morrowind entra dans le bar du port et je l'y suivis avec toute la discrétion qui seyait à mon statut d'Assassin. Je le vis échanger deux mots avec un autre homme, qui lui indiqua d'un geste du menton la porte que nous venions de franchir un instant plus tôt. Slyther opina derechef. Tout cela m'intriguait. Je ne voulais pas me faire piéger à mon tour mais je doutais avoir été repéré par l'un des autres. J'avais plutôt l'impression que Slyther était lui-même sur un contrat, ce qui m'étonna : c'était un élément que je n'avais pas en ma possession. Qui était sa cible et pourquoi ? J'eus un soupir agacé lorsque je les vis commander un verre. Allaient-ils donc passer la soirée ici ? J'espérais que non, j'avais d'autres projets. Le temps s'écoula, lentement, et je commençai à le trouver long...

- Tu prends commande ?

Je levai les yeux vers le barman.

- Non.

- Alors tire-toi.

Trop aimable. Il aurait mérité mon poing dans la figure, mais étant peu désireux de m'attirer des embrouilles ce soir, je me contentai d'obtempérer. Je tournai donc les talons et quittai l'établissement. Peut-être pouvais-je faire une petite ronde aux alentours en attendant que Slyther daigne sortir... Car quoi qu'il arrive, Slyther allait mourir cette nuit. Ma décision était prise et je ne voulais pas revenir dessus. Je savais que mon plan pouvait échouer à tout instant, car Slyther était redoutable. Je devais donc frapper par surprise et sans témoin. Dans le cas contraire, je risquais fort d'y remédier de façon expéditive.


Slyther avala la dernière gorgée de son verre et serra la main de son compagnon sans rien ajouter. Ils se contentèrent d'un regard grave et l'assassin eut un sourire fugace, empreint de cruauté et sa satisfaction. Il s'étira brièvement avant de faire volte-face pour vider les lieux. Il ajusta son manteau noir mi-long et passa une main dans ses cheveux gras. Puis, d'un pas déterminé, il sortit. Aussitôt, son regard tomba sur la frêle silhouette qui se tenait un peu plus loin.
Une jeune femme.
Seule. Sans monture. A priori sans arme. Et diablement jolie de surcroit.
Slyther sentit que la soirée allait gagner en intérêt. Il avait eu dans l'idée de régler son contrat avant le petit matin mais s'il repoussait de quelques instants l'inéluctable, personne ne lui en tiendrait rigueur... Il n'allait tout de même pas se priver de cette intéressante rencontre qui se profilait. L'assassin cracha par terre et eut un rictus mauvais. Tranquillement, il vint à la rencontre de la jeune inconnue.

- Tiens, tiens, tiens... susurra-t-il en approchant. Visez donc ce que nous amène le vent ce soir.

Il s'arrêta à quelques pas de la belle et lui tourna autour un bref moment, la lorgnant sans honte. Alentour, personne pour lui venir en aide. Les rares habitants à errer encore à cette heure seraient trop lâches et trop peureux pour intervenir.

- Alors princesse, qu'as-tu à offrir au mendiant que je suis ?

Le regard étincelant dangereusement, il attendit une réponse qu'il n'était pas sûr d'obtenir mais qui, de toute façon, l'indifférait. Ce soir, il prendrait ce que bon lui semblait, de gré ou de force. Il s'était senti en veine lorsqu'il avait débarqué au port, et les événements le lui confirmaient...

La petite garce ne semblait pas aussi dépourvue de talents cachés que l'avait pensé Slyther. Mais cela ne l'impressionnait guère. Au contraire, voilà qui ajouterait un peu de piment au jeu ! Il s'en régalait à l'avance... Il eut un ricanement peu amène et son regard étincela d'une lueur dangereuse.

- Si tu peux me renseigner ?

Il leva un instant les yeux vers le ciel, mimant une profonde réflexion qui ne prit pas plus de quelques secondes. Finalement, il bondit, plus rapide qu'un félin. Sa détente aurait surpris n'importe qui, et sa force lui permit de renverser sans peine la jeune inconnue.

- Pas besoin ! gronda-t-il en la giflant violemment.

Combien de temps il s'écoula entre sa brutale initiative et l'arrivée d'un inconnu, chacun l'aurait déterminé à sa façon, car tout était relatif. Slyther en était à fouiller l'inconnue qu'il écrasait sous son poids, désespérant de trouver de l'argent et, à défaut, de se satisfaire d'un paiement en nature, lorsqu'un homme s'accroupit tout près d'eux.

- Excusez-moi monsieur, mais ce que vous faites là...

Le poing de Slyther partit d'un coup, si vite et si violent que l'homme bascula en arrière, la bouche en sang. A quatre pattes, il cracha du sang et se releva en grommelant. Mais cette simple intervention avait suffi à distraire Slyther de sa victime actuelle : après tout, il pourrait y revenir plus tard, une fois qu'il se serait débarrassé de cet abruti fini...


Le saligaud. Je ne l'aurais pas cru si prompt à réagir. Mon pathétique effet avait échoué et je me retrouvais avec la lèvre fendue, du sang dans la bouche, et l'air sonné. Charmant pour une première rencontre avec la ravissante créature tombée entre les griffes de Slyther Morrowind, assassin de pacotille. Néanmoins, je devais préserver un minimum ma fierté et ce fut donc la tête haute que je me redressai, après m'être essuyé. Slyther m'imita dans la seconde, délaissant la jeune femme.

- Toi, t'as mal choisi ton jour pour jouer les samaritains ! gronda-t-il, furieux.

- Et toi, t'as mal choisi ton jour pour jouer criminels de bas étage...

- Tu n'as aucune idée de ce que je suis, ou à qui tu as affaire...

Je me grattai distraitement la mâchoire, assombrie par la naissance d'une barbe. Ce refrain, je l'avais entendu mille fois au cours de ma vie, à chaque contrat qui se présentait...

- J'appartiens à la Guilde des Rapaces Noirs et si tu me cherches des embrouilles, les Rapaces Noirs te tomberont dessus...

- C'est curieux, je croyais que les Rapaces Noirs t'avaient banni de leurs rangs... rétorquai-je avec ironie.

J'étais suffisamment informé sur mon client pour savoir qu'il s'était fait jeter du célèbre clan des Empoisonneurs.

- Qui es-tu ?

Je réfléchis quelques instants, tout en me rapprochant lentement. Il ne me fallut qu'une demi seconde pour faire jaillir la lame qui ne me quittait jamais, et une autre demi seconde pour la planter en plein coeur de ma cible. Dans l'élan de mon attaque, je tins son corps contre le mien, de façon à ce que ma bouche puisse murmurer à son oreille, juste avant qu'il ne lâche son dernier soupir :

- Je suis celui qu'on a engagé pour purifier les Rapaces Noirs, à commencer par ton exécution...

D'un geste ferme, j'achevai d'enfoncer ma dague jusqu'à la garde. Slyther eut un hoquet mêlant douleur et stupeur. Il écarquilla les yeux, hagard, et une bulle de sang se forma à la commissure de ses lèvres. Ses mains, crispées sur mes bras, se relâchèrent puis tout son corps s'affaissa. Je le laissai finalement tomber à terre, la dague ensanglantée en mains, tout juste ôtée de sa poitrine. L'air froid, j'essuyai l'arme sur les vêtements de l'assassin et je la rengainai avant de me retourner vers la femme :

- Vous ne fréquentez pas les bons coins, en particulier à cette heure du jour. Prenez garde à l'avenir.

(HRP: Je vais jouer fair-play, mais sache tout de même que normalement, l'homme serait mort bien avant que tu n'arrives^^ Il est court, mais c'est surtotu que je ne sais absolument pas comment faire réagir Alyson, vu qu'elle se serait déjà battu [voir compétence et race pour plus d'information^^])

Alyson marchait tranquillement jusqu'à l'abri, lorsque l'homme se jeta sur elle. Elle ne réagit pas, se contentant d'amortir le choc avec son don. Pourquoi les hommes se sentaient-ils obligé d'attaquer n'importe qui? Pourquoi se sentaient-ils obligés de paraitre... mauvais? Soupirant, la jeune Nùa commençait à comprendre le choix des Amazones, quoi que... Alyson ne réagit pas, bien qu'elle aurait put tuer l'homme avant même qu'il ne se décide à sauter, après tout, elle n'avait rien sur elle, donc pourquoi ne pas faire durer ses espoirs? Et puis, au pire, s'il allait trop loin... Elle savait comment s'en occuper.

*Peut-être que... Oh, Alyson reprend toi! C'est idiot ce que tu penses! Si tu planifie un plan pour le faire le plus souffrir, tu ne vaudra pas mieux que lui!!*

Et le pire, c'est que c'est vrai. Soupirant, Alyson ne réagit pas lorsqu'un homme intervint, elle n'aura pas à se défendre. Elle roula sur le côté, et une bref inspection lui avoua qu'elle ne saigner même pas. Normal, elle est beaucoup plus solide qu'elle n'en a l'air. Soudain, un liquide rouge coula depuis le dos de l'homme, pour s'écraser par terre. L'Élémentaire dirigea vivement son regard vers son sauveur... Enfin celui qui a réagit, et, de toute façon, c'était son travail de le tuer. Pourtant, Alyson était, en quelque sorte, redevable, bien qu'elle aurait put se défendre seule... Elle dit donc, de sa voix mélodieuse:

-Apparemment, je ne suis pas la seule.D'un signe de menton, elle désigna le corps inerte qui tomba par terre.Sauf que lui ne pourra plus faire attention, à l'avenir.

Alyson soupira: elle détestait voir des personnes mourir. Alors, elle créa une sorte de brèche, sous le sol, et "l'enterra" magiquement. Ensuite, elle regarda l'inconnu, lui sourit, et demanda:

-Je vous remercie de m'avoir sauvé. Par ailleurs, je me nomme Alyson, pouvez-vous me faire l'honneur de vous présenter, s'il vous plait? Ah, et tutoyez-moi, je vous prie.

Alyson se pencha sur ses genoux, fit pousser une autre rose, la cueilli, sentit son parfum, avant de se relever. Alyson remarqua qu'il était tard et se souvint qu'elle avait quelque chose d'important à faire. Après s'être excusée, elle se releva et partit...

[Désolée, mais étant donné que tu n'as toujours pas répondu, je clos le sujet.]
[Désengagée]

Désengagé : Maddox.