Ce matin, Ohtareressea se réveille de bonne humeur. Plein d'entrain et de bonne volonté pour son premier jour d'entrainement militaire dans la caserne de Strorghein, il met son bas de pantalon et se débarbouille le visage à l'eau froide. Un bon rasage est aussi de vigueur pour de bonnes présentations. Il emprunta donc un couteau à un de ses camarade et commença à se raser. Il aime ce moment de décrasse, le voyage de la veille fût rude, malgré que l'on soit en été. Toute la neige n'avait pas fondue et les rares endroits nus étaient des chemins rocailleux où chaque mouvement dégage des nuages de poussière épais. De plus l'entrée dans la cité ne fut pas de tous repos. Il du trouver le poste de garde afin de s'inscrire dans le corps d'armée et quand on vient d'un village de 200 habitants, se retrouver dans la citadelle est un bouleversement. Mais il est là, maintenant, et le plus dur est fait. Il a aujourd'hui un lit, un toit et des camarades même si ceux-ci n'ont pas vraiment fait preuve de la plus grande amabilité jusque là.
*M'enfin, on n'est pas des enfants de coeur non plus, je vais devoir leur prouver ma valeur.. Il faut aussi que je dise au maître d'arme que j'ai eu une formation de forgeron, peut-être que j'y travaillerais bientôt. Apparemment le capitaine des compagnons de la reine y travaille, enfin c'est ce que le garde m'a dit..*
Une fois propre, ou presque, le jeune soldat sortit des appartements avant que le clairon ne sonne et que le soleil ne se lève. Habitude de chasseur. Dans l'arène, des hommes d'arme s'entraînent déjà au combat. Il observe les différents amas d'hommes s'entremêlant dans le sable. Il regarde plus particulièrement les épéistes et bretteurs qui s'affrontent à armes réelles. Ces combats sont à couper le souffle. Il remarque aussi que nombre des soldats sont des soldates.. ça doit être les meurs de la ville. Son carquois et son arc posé à ses côtés, il continue d'observer les combats jusqu'à ce que le soleil ne se lève, et que ne sonne le clairon de rassemblement.
Alignés en rang d'oignons, toutes les recrues faisaient face à l'instructeur:
"-Alors, bande de larves! Les candidatures se sont finies la semaine dernière mais vous avez du remarquer qu'il y avait une couchette libre de moins cette nuit. Dites bonjour au nouveau, Fenrir Ohtaressea.
-Ohtarëressea, monsieur."
Toute la troupe s'esclaffe.
"-T'es un marrant toi! Dorénavant, tu seras Ohtar. Et si t'es pas content t'as qu'à aller te plaindre à ta mère pour t'avoir donné un nom aussi compliqué! Aller, trêves de bavasseries! On arrête de glousser comme des pucelles et on se met à l'entraînement. Ohtar, comme t'es un marrant tu t'entraînera en duo avec Silvain. Silvain! T'entraînes personnellement le blondinet, histoire qu'il perde son humour.
-Oui monsieur, répond une des recrues.
-Oui.. monsieur, grogne Oharëressea."
Des tandems de soldats s'écartèrent et se mirent en place pour combattre. Ohtarëressea et son nouveau camarade se mettent en position. Silvain était un type qui avait une posture et une taille similaires à celles de notre nouvel arrivant. Cependant ses petits yeux porcins lui donnaient un regard vicieux, presque dangereux.
"-Elle est où ton épée?
-J'en ai pas. On ne s'entraîne qu'à l'épée ici?
-C'est l'armée régulière ici. Je sais pas d'où tu sors mais c'est à l'épée qu'on se bat. A moins que tu saches te battre avec autre chose?
-L'arc.
-L'entraînement à distance c'est le dernier qu'on fait ici. Tu pourras nous montrer tes talents ce soir.. Ahah!"
Silvain apporte une épée émoussée à Ohtarëressea et lui tend. A peine il la prend que son adversaire lui envoie une volée de coups tous plus violents les uns que les autres. Les duels durèrent jusque l'heure du déjeuner.
Le repas est rapide, un peu de beuf sec et une galette de blé à partager en 4. Comme Ohtarëressea, Silvain mange seul au bout de table. Face à face, une discussion commença entre les deux recrues.
"-Eh Silvain. T'es plutôt bon à l'épée. T'étais élève à l'école militaire?
-Toi t'es plutôt mauvais.
-Et alors comment tu sais te battre? Vas-y raconte moi. T'es un peu seul toi aussi, jme trompe?
-Ouai, et c'est mieux comme ça. J'ai été éduqué par mon père.
-Et ton père est un soldat? Tu suis ses pas? Tu me le dis si j'te dérange?
-Tu me dérange. Mon père était voleur. J'ai signé pour l'armée en échange de ma sortie des geôles. "
Le repas se finit en un silence. L'entraînement de l'après midi consistait en combats à mains nues dans le sable de l'arène. C'est avec le corps endoloris que Ohtarëressea sorti du terrain, car avec la sueur coulée du matin se mêle à présent le sang dégoulinant du nez du barbare. Silvain est un adversaire vraiment bon, et Ohtarëressea un piètre combattant.
Vient enfin le temps du tir à l'arc. Enfin il montrera ses talents.
Chaque élève passe l'un après l'autre, l'instructeur montrant et corrigeant les fautes de maintient de l'arc, de la distance par rapport au visage et le bon encochage pour les flèches. Ohtarëressea pars chercher son arc en bois d'If, son carquois et ses flèches dont il a aiguisé la pointe le matin même en observant les combattants d'avant l'aube. Les recrues improvisées archers défilèrent et vient le tour de notre blond. Avec rapidité, il encocha sa première flèche, fine et longue, dont la pointe était petite et plus lourde que les autre. Pendant qu'il visait, la pointe de la flèche rougit, et le bois commença à brûler, sous les yeux ébahis des autres recrues, et de l'instructeur. La flèche bondit en direction du chevalier de paille et s'éclata sur le poitrail de la cible.
*Zut, j'étais sûr que ce serait une bonne idée! La pointe chauffée de la flèche est devenue trop molle et n'a pas pu transpercer l'armure.. Une deuxième sans la chauffer!*
La seconde s'enfonce dans l'épaule du mannequin de paille, dans ce qui serait l'articulation si c'était un homme.
*Voilà qui est mieux*
L'instructeur félicite Ohtarëressea, lui annonçant qu'il est peur-être bon à quelque chose. Les derniers passèrent et c'est l'heure du repas. Certains soldats vont dans un bar mais notre héros est trop fatigué pour aller boire. Il s'installe sur sa paillasse et ressasse sa journée. Bon, demain est un autre jour et peut-être s'améliorera t-il au fur et à mesure des années d'entrainement.
"Par contre demain matin, même pas la peine de songer à me raser! Et Zut! J'ai oublié de demander si je pouvais exercer à l'armurerie! Bohh je le ferais demain matin.. si j'y pense.."

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le doux soleil qui réchauffait ce monde laissera place aux brunes couleurs de l'automne. La vie flétrira et s'endormira petit à petit et doucement, la nature entamera son répit, bien lovée dans son cocon de sommeil. Dans ce décor que le temps semble vouloir figer, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[Désengagé]