La jeune fille avait été blessée involontairement par les griffes du félin. Du sang perla le long des jambes nues de l’adolescente. Attristé d’avoir fait subir pareil traitement à sa salvatrice, il commença à lécher sa blessure comme pour soigner sa blessure. Dès que la bête s’était enfuie, elle attrapa le chat et le prit dans ses bras. Il y faisait chaud et s’était agréable. La jeune amazone – car elle ne pouvait être que de ce peuple – avait l’air gentille et inoffensive. D’une voix douce elle s’exprima :

« Et bien, on peut dire que tu as eu de la chance toi ! »

C’est vrai qu’il avait eu de la chance ! Si le hasard n’avait pas fait qu’elle se trouve là, Raven serait probablement déjà mort. Il miaula affectueusement en frottant sa tête contre le bras de la jeune femme en signe de remerciement.

*Mais qu’est ce que je fais ?! Si cette femme découvre que je suis un homme, je vais soit mourir soit être soumis… Je dois m’en aller au plus vite !*

Le félidé se débattit pour sortir de l’emprise de sa sauveuse. Il remuait de plus en plus pour s’enfuir loin d’ici et retourner à l’endroit où il avait abandonné son barda. Ne comprenant l’agitation de l’animal, elle lui dit :

« Et ben alors, calme...toi »

Après avoir prononcé ses mots, la jeune fille semblait tenter de communiquer avec lui d’une manière qu’il ne connaissait pas. Tout ce qu’il espérait c’était qu’elle ne découvre pas qu’il n’était pas ce qu’elle croyait. Surtout qu’il était un homme… Et d’ailleurs… Les amazones étaient-elle gentille avec les animaux de sexe masculin ? A cette pensée, il se tortilla encore plus.

Soudain, sans trop comprendre pourquoi, l’adolescente attrapa l’animal par la peau du cou. Mécontent de ce traitement, il feula un peu en tentant de s’accrocher à ses vêtements. Une flamme jaillit de la main de l’amazone qu’elle approcha dangereusement du félin. Pris de panique, il ne put se retenir de laisser échapper un « Rwaaaaaouu ». Le ton de voix de la demoiselle venait de changer et elle n’avait pas l’air très contente lorsqu’elle lui demanda :

« Qui es tu ? »

En quelques secondes, il passa d’une position douloureuse à une autre encore plus. La jeune fille venait de le lançait dans les airs et Raven atterrit sur ses quatre pattes. L’une étant blessée, on entendit un gémissement de douleur. Pris au piège entre l’amazone, le menaçant de finir en rôti, et sa louve, il n’avait d’autre choix que de reprendre sa forme humaine.

Raven repris son apparence humaine. Le jeune homme avait la jambe en sang. Il se releva en balayant a jeune femme des yeux.

*Jolie… mais un peu trop dangereuse à mon goût*

« Hé ça fait mal ! » dit-il en regardant son interlocutrice. Il descendit son regard sur sa jambe ensanglantée.

« Eh bien il ne m’a pas loupé ce satané cabot ! Toi non plus d’ailleurs… Pourrais-tu arrêter de générer cette flamme ? C’est beau, je ne dit pas le contraire mais en plein milieu d’une forêt c’est peut-être un peu risquer tu ne trouves-pas ? Et puis… moi aussi je peux le faire si tu veux. »

Le jeune forgeron ferma les yeux pour se concentrer. Ce fut un peu plus dur que d’habitude à cause de la douleur qui venait le perturber mais il enflamma sa main en souriant gentiment à la jeune fille. Il resta comme cela quelques secondes avant de faire disparaitre les flammèches entourant sa main. Il continua à s’adresser à l’amazone.

« Et puis, je n’ai pas trop envie de me battre. Je pense avoir assez été blessé pour aujourd’hui »

Il montra sa jambe droite.

« Je sais, je sais. Je n’ai pas encore répondu à ta question. Je suis Raven, un jeune forgeron cherchant à apprendre les différentes techniques de forge qui sont utilisées dans tout Azthia. Et je peux me permettre de demander le nom de ma salvatrice ? »

J'avais vu juste.
Ce chat n'en était pas un, pour une fois que le don héritait de mon père servait à quelque chose, c'était presque un miracle ! Il faudrait que je le lui dise un jour. Encore heureux que je n'ai pas ramené ce chat à Muria. Il ne manquait plus qu'un homme dans la cité autre que Soumis. Il me sembla que durant sa transformation pour reprendre forme humaine, mes yeux se muèrent en ceux d'un félin et se rétractèrent. Mais ce n'était qu'une impression. La première chose qu'il ajouta me fit rire. Et encore, s'il avait mal alors que je n'avais encore rien eu le temps de lui faire, qu'il s'attende au pire. Je n'aimais pas qu'on me prenne pour une idiote, qu'on tente de me rouler dans la farine. Prendre des airs de chaton ne suffisait pas à m'attendrir surtout quand c'était pour mieux me duper ! Derrière lui, Haiiro gronda une nouvelle fois sans doutes pour montrer qu'elle ne rigolait pas. Je l'avais peut-être bien dressée en fait ! Elle comprenait parfaitement ce qu'il fallait faire et s'était parfaitement habituée aux moeurs amazones !

Et il me donnait des ordres en plus lui ? Il ne savait décidémment pas à qui il s'adressait ! Son air gentil et sa capacité à manipuler le feu ne me faisaient pas peur et ne permettaient pas de me convaincre de sa gentillesse. Il avait tenté de me duper que croyait-il ? Que j'allais baisser ma garde ? C'était mal me connaitre. Je gardais la flamme bien vive même après sa démonstration. Il semblait être plus doué que moi certes mais j'avais d'autres atouts entre les mains dont il ignorait tout. Il me donna son prénom comme si de rien n'était et me demanda le mien. Il le voulait ? Bien. Je n'avais pas envie de faire mumuse et comme de toute façon, soit il me suivrait à Muria pour y être Soumis, soit il mourrait, ça ne me gênait pas que de lui donner. Laissant la flamme mourir entre mes doigts, non pas pour lui obéir, mais simplement parce que j'étais incapable de la maintenir tout en continuant de parler dans le cadre d'une vraie discussion, je m'apprêtais à lui répondre. Posant mon doigt de la main gauche sur l'estafilade qu'il m'avait fait, sans pour autant baisser ma garde, j'épongeais du doigt le sang qui perlait encore et amenait le tout à ma bouche. D'un coup de langue, je léchais le sang sur mon doigt avant de lui dire :

" Je m'appelle Eléa, fille de la cité de Muria. Salvatrice ? En es-tu si sur ? C'est mal me connaitre. "

Il était dans nos forêts, il était là pour ... ouais pour un truc bizarre. Genre à Muria on faisait des armes différentes d'ailleurs. Made in Muria même ... n'importe quoi. Je n'avais jamais entendu une excuse aussi futile ! D'ordinaire, les Soumis qu'on attrapait étaient un peu plus inventifs quand même. L'air menaçante, je continuais :

" Peu m'importe qui tu es en fait, je veux seulement savoir ce que tu fais sur mon territoire. Outre nos armes, ne serais-tu pas plutôt intéressé par Muria en elle-même ? "

Une lueur mauvaise naquit dans mon regard tandis que j'évaluais la situation et ses éventuelles chances de survie. S'il voulait s'enfuir, il utiliserait sans doutes sa manipulation du feu. Une chance pour moi, j'avais la même. Sans parler que vu l'état du sol, mouillé à souhait par la neige, il ne risquait pas d'enflammer quoi que ce soit ! Bien, j'avais donc une position avantageuse.

" Que cherchais-tu ici ? " demandais-je enfin, menaçante.

Sa première réplique me fit sourire. En l'espace d'une phrase ou deux, il avait réussi à m'énerver, c'était un art particulièrement répandu chez les hommes fallait-il croire ! Que croyait-il ? Qu'il pouvait me tutoyer ? Bon, je pouvais passer sur ce détail, après tout, il n'était pas censé savoir que j'étais une princesse et peu m'importait. Mais son excuse … récolter des informations sur la fabrication de nos armes … il ne voulait pas non plus que je l'amène à Muria aussi ? Quoi que s'il tenait vraiment à voir la manufacture particulière de nos armes, je pouvais toujours lui enfoncer ma rapière dans le ventre !
Mieux valait laisser de côté cette idée.
Je l'abandonnais aussitôt même si, il fallait l'avouer, ce n'était pas l'envie qui me manquait.
Mère avait tenté de m'apprendre à devenir une bonne reine et une bonne souveraine ne découpait pas en morceaux les personnes qui se présentaient devant elle sans les écouter.

« Je t'écoute, parle » répondis-je abruptement à nouveau.

Je n'avais pas de temps à perdre et tout ce que je voulais été qu'il quitte ces terres. J'écoutais donc ce qu'il avait à me dire, souriant intérieurement lorsqu'il me dit vouloir chercher une amazone gentille et douce et bla bla bla pour le mener à Muria. Mais bien sur ! S'il allait à Muria, ce serait pour être Soumis ou pour voir son cadavre servir de pâture aux animaux de la cité. Ni plus ni moins. Les hommes étaient des idiots bornés ! Nous n'avions pas créé la cité des femmes pour rien bon sang !
Pendant qu'il parlait, je faisais un petit tour avec l'Esprit pour voir si ce qu'il me disait était la vérité ou encore un mensonge tissé de toute pièce. J'étais devenue suspicieuse ces derniers temps et à juste titre. En même temps .. inventer pareil mensonge était stupide. Il disait la vérité, ou tout du moins n'émanait-il de lui que de la peur et une espèce d'aura qui ne me plaisait guère. Je ne m'y arrêtais pas.
Tentant de reprendre mon calme, je précisais simplement d'un ton froid.

« Te laisser poursuivre tes recherches ? » demandais-je avec cynisme.

« Petit homme méprisable, même si tu étais venu en rampant devant moi, jamais je ne t'aurais laissé pénétrer la cité amazone. Tu veux connaître nos armes ? Estimes-toi heureux de ne pas en avoir une plantée dans ton ventre ! Aucune amazone sur cette terre ne te permettra de fouler le sol de notre cité, et surtout pas pour connaître nos armes. Si les Cydiens et les Elfes sont suffisamment stupides pour t'avoir laissé faire, sache que ce n'est pas notre cas. Peu m'importe tes recherches, tu ne pénétreras pas dans ma cité. »

Je le fusillais du regard, le toisant de toute ma hauteur.
Je réfléchissais à ce que j'allais faire mais rien ne me vint à l'esprit. Le tuer ne m'apporterait rien. Je préférais plutôt le laisser en vie, qu'il puisse dire au monde que les amazones n'était pas un faible peuple mais une fière cité. De toute façon, il ne trouverait pas la cité. Je décidais d'une autre alternative.

« Tu vas me suivre homme et quitter ces lieux, sans quoi, je prendrais ta vie. »

Je ne comptais pas le tuer, il me fallait être une bonne princesse, mais je ne comptais pas non plus le laisser dans cette forêt sans rien faire. Même s'il était particulièrement loin du compte et loin de ma cité. Je comptais le perdre dans cette forêt au point qu'il n'en trouve plus le chemin, et je comptais la lui faire quitter et m'en assurer. C'était une bonne alternative non ?

J'étais de mauvaise humeur de ne pas pouvoir le tuer sur le champs.
Il fallait absolument que je me montre calme sinon les enseignements que je suivais pour être reine un jour ne servirait à rien. Et puis, si je me montrais cruelle envers lui, valais-je mieux que ces hommes qui se montraient si cruels envers nous ? C'était cette simple réflexion qui m'avait motivée à ne pas le tuer tout de suite. Par le passé, je n'avais pas hésité à tuer un Soumis qui avait tenté de fuir la cité, si la loi de Muria était cruelle envers les déserteurs, elle respectait la vie de ceux qui n'avaient rien fait. Je devais en faire de même et montrer l'exemple. C'était l'unique raison pour laquelle cet homme était encore en vie. Et l'unique raison pour laquelle j'allais accéder à sa requête. Si en échange de son épée et de son sac, il quittait cette forêt, cela ne m'embêtait guère que d'envoyer la louve les chercher.

" Nous n'avons pas de temps à perdre, l'aube sera bientôt là. Haiiro ira chercher tes affaires et nous rejoindras, maintenant avance. "

Le ton employé était sans équivoque. Je n'admettrais pas la réplique.
L'homme dut le comprendre car il décida de me suivre sans broncher. Le chemin fut silencieux, ponctué uniquement par mes intonations. Je cherchais clairement à le perdre, pour qu'il ne retrouve jamais le chemin de cette forêt ou l'envie d'y revenir. Après avoir marché deux heures sans s'arrêter, j'entendis les pas feutrés de la louve nous rejoindre. Si elle avait mis autant de temps à nous rejoindre, c'est que mon stratagème était le bon. Elle trainait le sac par une lanière ainsi que l'épée par la lanière du fourreau. Elle s'assit devant moi en grognant, sans doutes mécontente de mon petit jeu, je lui souriais.

" T'en fais pas ma belle, on rentre bientôt. Seules. "

Ma dernière réplique était à l'attention du forgeron. Le ton là encore n'admettait aucune réplique. Il ignorait que j'étais une princesse, je m'en foutais, mais si je devais le laisser en vie, je ne serais pas pour autant gentille ou clémente. Lui lançant ses affaires à ses pieds, j'ajoutais :

" La lisière de la forêt est devant toi, bonne chance. Et tâche d'honorer ta promesse où tu auras à faire à moi. "

Sur ce, je quittais les lieux. En réalité, j'étais restée cachée derrière un arbre, Haiiro quant à elle se tenait non loin mais lorsque je fus certaine qu'il ne remettrait pas les pieds dans ma forêt, je quittais les lieux. Ma bonne action suffirait pour la journée.

[ Je me désengage, je n'ai pas apprécié ta remarque sur la box. Merci pour ce Rp ]

Raven avait écouté les paroles de la jeune amazone : elle allait lui rendre ce qui lui appartenait… Ou du moins son animal allait les lui rapporter. C’était une bonne chose. Même s’il n’avait pu atteindre son but, il n’allait pas mourir ni être soumis. Bien sur c’était décevant de revenir bredouille sans analyser une arme mais il fallait s’y faire. Il remercia donc la jeune femme d’accepter sa requête et la suivit sans discuter vers la sortie de cette immense forêt.

Deux heures. Voilà le temps qu’ils mirent pour sortir de la forêt – du moins atteindre le bord - et la louve arrivait avec les affaires de Raven intelligemment organisée pour tout porter. Elea lui indiqua que la lisière était juste devant lui tout en jetant le sac et l’épée du jeune homme à ses pieds. A peine eut-elle terminée sa réplique qu’elle tourna les talons et fit mine de partir. Le jeune homme parla à son intention sans savoir si elle écoutait.

« Merci pour m’avoir ramené mes affaires et pour m’avoir épargné… Au revoir ! »

Ces mots prononcés, il continua droit devant lui comme il lui avait été demandé et il trouva enfin la sortie de cette maudite forêt. Lorsqu’il mit un pied dehors, il put remarquer que la lune était bien basse dans le ciel : l’aube allait bientôt se lever. Il s’enquit donc de trouver un refuge hors de la forêt avant de continuer sa route vers la prochaine destination : Storghein.

[Je me désengage, comme je te l'ai dit je m'excuse que tu aies mal interprété ce que j'ai dit, sans doute ai-je mal exprimé ma pensée, désolé. Merci pour le RP]