[D-P] La vérité sort de la bouche des enfants...(Terminé)

Il y a des fois où on aimerait être ailleurs... Loin, très loin, dans une autre Cité par exemple. Comme ça, personne pour nous trouver et nous donner la sale besogne.
Car oui, Akira avait hérité d'une TRÈS sale besogne! En fait, il ne restait plus trop de guides présents dans la ville, la plupart voulant tenter leurs chances comme SDF en séduisant des elfes par exemple. C'est ainsi que par le jeu du bouche à oreille, la demande de mission ne vint qu'à Akira. Elle était l'œuvre d'un noble aristocrate, très bien placé politiquement dans les petits papiers du P'yra. Alors un appel comme cela, on y résiste pas... Malheureusement. Mais ça, le beau-gosse ne le savait pas encore....
La porte de la villa s'ouvrit, et le puissant homme, richement vêtu, t'accueillit presque à bras ouverts.

"Aaaaaaah! Vous devez être le fameux Akira! Entrez vite, désirez-vous quelque chose à boire?"

Il y a des fois où l'on aimerait être ailleurs... Loin, très loin, dans une autre cité par exemple.
C'était précisément le cas du jeune semi guide, luttant comme chaque jour pour sa vie. Vous ne comprenez toujours pas ? Et bien mettez l'une de vos chères et tendres petites amies en face à face direct avec UNE AUTRE de vos chères et tendres petites amies. La troisième guerre mondiale n'aurait pu fait pire !
Hors d'haleine, Akira bouscula violemment un passant qui lui barrait la route, sprintant comme il ne l'avait jamais encore fait... Ce même passant fut d'autant plus surprit qu'un vieux monsieur en furie tenant une immense hache, suivit d'une première puis d'une deuxième fille criant comme des enragées, vinrent à leur tour lui disputer le passage.

« Sale petit imbécile ! Je vais t'apprendre moi à charmer les donzelles dans le dos de leurs propres parents ! »
« Père non, arrêtez ! IL EST A MOI ! Je vais le mettre en charpie ce pervers de mes deux ! »
« Akiraaa, traître ! Tu me trompe avec cette folle, j'exige des explications ! Au pieds ! »

Oui là, franchement, vous comprendrez qu'il n'était pas vraiment très chaud pour ralentir le pas...
Il dérapa sur les dalles, effectua un virage à 180 degré et s'engouffra dans la seule et unique ruelle digne de lui sauver la vie. En un bond vif sur le côté il se plaqua contre le mur d'une deuxième rue perpendiculaire à la première, se faisant aussi plat et discret que possible. Dans le plus pur style « Non-je-ne-suis-pas-là, je-vous-assure-vous-vous-trompez » !
Ce genre de situation ne semblait décidément pas lui être étrangère puisqu'il possédait le don accru de continuellement tomber sur ses ex. Enfin, ex, c'est ce qu'il prétendait à celle qu'il charmait. Quand cela n'était pas « groupie », « connait-pas », « fan transit »... Bref, les termes étaient aussi variés que le nombre d'amante qu'il possédait actuellement ! A la longue, son temps de course s'était amélioré sous le joug de l'instinct de survie, mais seulement lorsqu'il ne parvenait plus à convaincre l'une et l'autre que c'était elle, et uniquement elle qu'il aimait. Ainsi, lorsque la défense verbale tombait devant le monstre féminin, ne restait plus que la fuite... Ou changer d'identité et partir dans une grotte abandonnée en pleine montagne. Sauf que là-bas, il pouvait dire adieu aux jeunes et jolies femmes ! Si c'était pour faire dinette avec un ours toute la sainte journée, non merci...

« Êtes-vous bien Akira ? »

La bouche grande ouverte dans un cris d'horreur, en position de combat rapproché, le beau brun avait effectué un magnifique bond d'un mètre en arrière lorsque la tête d'un homme à la calvitie importante, était soudain entré dans son champ de vision (avec la crise cardiaque en option). Bon déjà, l'homme n'avait pas de hache cachée derrière son dos, ni d'attitude démontrant une aptitude innée à griffer et gifler... Son regard était aussi neutre et concentré que vous pouvez l'être lorsque vous vous mettez sur l'ordinateur, avec un rien d'un peu pressé. Il se balançait légèrement d'un pieds sur l'autre, les bras parfaitement le long du corps avec juste ce qu'il faut de respect pour éviter la contrariété des clients...
Akira ferma la bouche, histoire de paraître un peu moins bête. Il déglutit et s'insurgea enfin :

« Non mais cela vous prends souvent d'arriver ainsi devant les gens, comme un diable de sa boîte ?! »

L'inconnu arqua un sourcil façon V majuscule mais ne fit aucun commentaire. Comme le jeune homme n'ajoutait rien, il annonça tout bonnement le pourquoi du comment, certes vague, mais déjà utile à savoir :

« Vous êtes attendu chez mon maître, Sieur Lasagni. »

Et voilà. Voilà en quelles circonstances Akira se retrouvait à présent planté devant une immense maison, son petit baluchon sous le bras, et pensant désespérément à son pauvre Embers chez le maréchal ferrant. Il espérait sérieusement que cette étrange histoire n'était pas encore l'un de ces attrapes nigauds dans lesquels il tombait continuellement. Avec un profond soupir, il se décida à avancer...
...Et frôla la crise cardiaque lorsque la porte s'ouvrit d'elle-même juste sous son nez. Un homme avenant, de ceux que l'on reconnaît tout de suite tels que des maîtres en politique et/ou en commerce, apparut alors dans l'encadrement, déclamant aussitôt :

- Aaaaaaah! Vous devez être le fameux Akira! Entrez vite, désirez-vous quelque chose à boire ?

Le semi guide eut un vague air étonné sur le visage, découvrant véritablement le haut rang élevé de la personne qui se tenait devant lui. Comment quelqu'un tel que lui pouvait en venir à l'appeler ? Il y avait des centaines de milliers d'autres personnes dans ce monde, et c'était lui, LUI, qu'on venait quérir...
De plus, Sieur Lasagni semblait avoir mené préalablement quelques recherches sur Akira, puisqu'il connaissait non seulement son nom, mais avait su où le chercher ! Et on ne fait pas entrer n'importe qui dans la splendide villa d'un aristocrate. Le jeu consistait dorénavant à savoir ce qu'il savait exactement...

« Non merci. Et vous, vous devez être Sieur Lasagni, je me trompe ? »

Un valet ou un serviteur n'aurait jamais été aussi richement vêtu... Alors pourquoi donc le maître en personne venait lui ouvrir les portes de sa demeure ?

L'homme parut surpris que tu refuse son offre. On ne refuse jamais les avances, quelles qu'elles soient, d'un riche aristocrate dans les petits papiers du P'yra voyons ! C'est connu. Pour autant, il te céda le passage, reculant de quelques pas sur la gauche, afin que tu puisses entrer dans la demeure, le sourire aux lèvres. Ceci fait, et bien fait, il se permit de te répondre, d'un ton courtois et plus que poli :

" Sieur Lasagni en personne, mais entrez donc. "

Il prit soin de refermer la porte, comme un piège qui se refermait sur toi, car à dire vrai, ta mission n'était pas loin de cette vérité, et il le savait. Du moins, il était plus que bien placé pour le savoir. Durant plusieurs jours, l'homme avait quémandé un guide digne de ce nom pour une mission tout à fait partuculière ... une mission que personne mis à part toi n'avait acceptée, puisque que maintenant que tu étais là, tu ne devais qu'accepter, dans son esprit du moins c'était logique. Cette mission tout à fait particulière, il ne pouvait pas la confier à n'importe qui !
Te détaillant de bas en haut, peut-être pour juger si tu étais digne de la tâche qu'il voulait te confier, il finit par pousser un soupir de soulagement - tu n'étais pas vraiment ce qu'il attendait, mais tu ferais l'affaire - et reprit la parole :

" Je vous ai fait demander afin de vous confier une mission de la plus haute importance. "

L'homme claqua des doigts et ... le cauchemar commença. Un gamin haut comme trois pommes et demi et ressemblant plus ou moins à l'homme, dévala l'escalier en sautant les marches quatre à quatre et attérit près de ce qui devait être son père.

" Voici mon fils, j'aimerais que vous lui fassiez visiter la ville. "

Jetant un coup d'oeil au gamin, il se ravisa immédiatement :

" Je vous payerais bien sur ! "

Alors, accepterais-tu cette mission pour le moins sortant de l'ordinaire ?

Un semblant d'air étonné frôla le visage de l'aristocrate, aussitôt évacué comme l'on jette un déchet à la poubelle. Akira pouvait parfaitement le comprendre, un homme digne d'un tel rang se devait de ne jamais laisser transparaître ses véritables intentions... Et la porte se referma sur lui. Sans un bruit, sans un claquement ni grincement. Terrifiant !
Un long frisson glacé lui remonta le long de l'échine, alors qu'il jetait un dernier regard éperdu d'adieu à la liberté. Ce qui l'attendait dans cette villa était terrifiant, lui donnerait des cauchemars pendant encore longtemps... Un monstre rôdait, il le sentait !!
Il se rasséréna sensiblement lorsqu'il découvrit que les pâles rayons de soleil pénétraient encore sans difficulté dans cette étrange masure, porteuse des pires tourments que l'on puisse offrir à l'âme humaine... Non vraiment, Akira n'aimait pas du tout ce lieu ! Et de même, les gens qui y vivaient... Il sentit d'ailleurs peser sur lui le regard oblique de l'homme calvitie, sans doute immobile dans les nombreux coins de ténèbres qu'offraient les meubles. Le fixant toujours... Et encore...
Akira sourcilla. Simple geste trahissant son angoisse grandissante... Le... La chose approchait ! Et elle n'y allait pas de main morte, cavalant vers lui comme un taureau enragé. Un vague regard circulaire lui apprit qu'aucun échappatoire n'était disponible, c'était la mort ou rien. Et quitte à mourir, il aurait bien aimer le faire dignement et dans les bras d'une splendide jeune femme !
On l'emmena à travers un dédale de couloir, une suite de salles toutes plus vides et insensibles les unes que les autres et enfin... La salle de torture. Le salon. La pièce où l'on vous marinait le cerveau pendant des heures et des heures de propos frauduleux sur votre compétence hors du commun. Oui bien sûr, pour un suicide, il était bien inutile d'avoir des compétences particulières ! Juste choisir la personne convenable, celle qui disparaitrait de préférence dans le plus grand silence... Quelqu'un sans attache que personne n'aurait l'idée saugrenue de chercher. Akira. Akira et encore Akira !

Un regard rayon X passa sur lui, invisible à l'œil nu mais facilement repérable par le courant d'air glacé qui inonda les os du jeune guide. L'aristocrate sembla trouver un lui quelque chose qui lui convenait -assez de compétences pour un suicide discret-, lâcha un profond soupir pour annoncer enfin le pourquoi du comment :

- Je vous ai fait demander afin de vous confier une mission de la plus haute importance.

Nooon, sans blague ? Ce n'était donc pas pour lui donner une belle somme d'argent pour ses beaux yeux et le laisser simplement repartir ainsi ?! Dommage, le rêve fut bien bref...
Claquement de doigts. Très très mauvais signe. Et la suite des évènements donnèrent raison au beau brun !
Car... CA approchait ! Cette chose non identifiable qui fit trembler le plafond, vibrer les vitres et crisser l'escalier. CA n'avait pas de nom, quelque chose d'inqualifiable sortit tout droit des cauchemars d'Akira... Un... ENFAAAANT !
Le jeune guide se sentit défaillir, se raccrochant au léger poids dans son dos que formait son sabre, toujours en bonne et dû forme caché sous sa longue cape noir de touareg. Tenir il devait tenir... De toute manière il allait bientôt se réveiller flambant neuf dans un lit de satin auprès d'une demoiselle rencontrée la veille. N'est-ce pas ? N'EST-CE PAS ?!?
Rhaaaa ! Pourquoi est-ce que le gosse était-il encore là ?!

- Voici mon fils, j'aimerais que vous lui fassiez visiter la ville.

Akira lui décocha un regard empreint d'une éternelle phrase qu'il pensait bien trop fort pour que quiconque dans cette maison daigne l'ignorer... « Pitié ne me faîtes pas cela... ». Torturer, oui, c'était de la torture à un tel niveau. Comment les gens pouvaient-ils être intelligents et sadiques au point d'inventer... CA !
Anéantis mais résolut, le regard perdu et déjà profondément las, Akira releva dignement la tête vers son nouvel employeur, évitant avec talents et fougue de croiser le regard du truc qui courrait partout en hurlant son bonheur. Du moins Akira espérait-il que c'était de la joie...

« Rheuum... »

Ah non, pas ça ! Extinction de voix. L'émotion sûrement. Il toussa deux fois d'effilé, se permit un faible coup d'œil navré envers son hôte et reprit juste à temps :

« Ouiii bien sûr ! M'occuper de votre fils serait un réel plaisir ! J'en serais ravis ! »

Pour la première fois de sa vie, le beau brun eut un étrange sourire crispé. Pas du tout naturel. Il espérait sincèrement que l'argent qui allait coûter sa vie serait si possible en grand nombre, avec beaucoup de petits frères et de petites sœurs...
Il inspira un bon coup, calma son rythme cardiaque et effaça le jeune garçon de ses pensées pour se concentrer sur une seule chose. Talent Talent Talent...

« Si je puis me permettre, pourrait-on décider du prix, des horaires et des contraintes bien avant que j'effectue mon affaire ? C'est une petite revendication de ma part, afin de pouvoir travailler comme il se doit, sans soucis ni pensée négative. »

Et toc, un demi sourire en coin mielleux, lumineux et... Aaargh, il avait vu un bout de main de la chose ! Il ôta tout de suite de son expression l'étrange grimace qui était venu remplacer son sourire parfait...
Si seulement c'était une fille... Si seulement cette chose était plus mature... Mais c'était CA...
Un GOSSE !

Oh qu'il était fier de son petit chéri! C'était bien connu, le plus beau des enfants est forcément le sien, et le riche ne semblait pas exclu à la règle. Peut-être même trop: ne semblant pas remarquer les grimaces et bêtises de son garnement. Non, son fils, faire des bêtises?? Que le premier qui ose dire ça se retrouve la tête loin du corps! Son fils était parfait, un demi-dieu, le plus beau joyau de sa collection de pierre précieuse (qui, au passage, était déjà énorme...)

"Le priiix? Oooh me ne vous en faites pas Monsieur, cela sera à la hauteur de la pureté de mon fiston! Comprenez, je ne suis pas là pour longtemps et j'aimerai que ce petit bout de culture parfaite remplisse son cerveau fécond de belles images des villes que nous traversons! Bien sur, nous vous rembourserons le repas de midi que vous lui ferez prendre dans le meilleur restaurant de la ville! Et pour vous prouver ma bonne fois, je vais vous avancer la moitié de la somme! Pour les contraintes... Nous parlons de mon fils, les contraintes n'existent pas!Et disons, vous revenez avant le couché du soleil? Ne bougez pas, je vais chercher ma petite cagnotte!"

Et paf! Horreur, malheur! Le petit bonhomme sortit en chantonnant de la salle, te laissant seul avec.... Le Monstre.

Celui-ci ne bougea pas d'un millimètre. Il te toisa du haut de ses 7 ou 8 ans, l'œil vif, avant de te balancer le plus sérieusement possible:

"T'es un garçon ou une fille? Bah parce que ta coiffure elle est moche!!"

Comment, oui comment, les mères de famille et gardiennes parvenaient à s'en sortir vivantes ? Sans trop de membres en moins ? En un instant, Akira sentit un respect tout nouveau envers Mamie Pink Lady poindre en lui. Et dire qu'il ressemblait à... cette chose, lorsqu'il était petit, tout petit. Quoi qu'il avait tout de même quelques neurones en plus, il ne fallait pas exagérer non plus !
Les sourcils froncés, reculant jusqu'à butter contre la rambarde du grand escalier de marbre, l'homme contemplait l'enfant. L'enfant contemplait l'homme... Et en fond, au coin de l'esprit du beau brun, tonnait l'étrange musique des Westerns lors du face à face final... Silence... Un léger tic nerveux parcouru le sourcil gauche d'Akira, tandis que la chose, immobile et attentive, était prête à dégainer, cruelle...
Claquement de langue, feinte, on attaque le premier, Akira aussi vif que le serpent et fort que l'ours, lâcha :

« Tu es... »

- T'es un garçon ou une fille? Bah parce que ta coiffure elle est moche!!

Ok d'accord. Un point à zéro. Comment pouvait-on rivaliser contre ça ?! La bouche grande ouverte, les mains dans les poches, Akira sentit comme un courant d'air dans son esprit. Et il se sentit soudain lasse, très lasse...
Par pur réflexe il se passa à nouveau une main dans les cheveux, ébouriffant le tout de manière pourtant très en accord avec son image de Don Juan... Il se rasséréna, non décidément, ce gamin pourri gâté n'y connaissait rien ! Un grand sourire pervers étira ses traits tandis qu'il se penchait légèrement vers la chose, sa chaine cliquetant sous sa chemise à demi ouverte.

« Ni l'un ni l'autre machin truc, je suis du troisième sexe ! »

Et il se redressa tout bonnement, avachis contre l'escalier dans une position qui se voulait le plus détendu possible. Histoire de faire genre, en quelque sorte !
Il était sensé passer combien d'heures, déjà, avec le mioche ? Il voyait d'ici la catastrophe nucléaire lui tomber sur le coin de la mâchoire, aussi agréable soit-elle... La chose qui disparaît, la chose qui se fait enlever, la chose qui décide de partir seule en ville...etc. Il y avait autant de possibilité que de suicide disponible ! D'ailleurs, en y réfléchissant bien, Akira avait peut-être une chance de maquiller l'assassinat de la chose en terriiiible accident d'un quelconque badaud...
Un immense sourire sadique apparut à la commissure de ses lèvres, se métamorphosant l'instant d'après en amour pur (hein que c'est de l'amour, hein ? Heiiin ? HEIN ?) lorsque l'étrange homme de main du petit aristocrate fit son apparition dans la pièce comme s'il s'y était toujours tenu. Bon, à noter : les prédateurs rodent dans l'ombre. Il posa ses prunelles bleues sur la petite tête brune qui le fixait toujours ardemment, et se rectifia aussitôt : au soleil aussi, le danger était présent !
Il fouilla dans ses souvenirs de personnes inconnues, rencontrées sur le chemin ou avec qui quelques paroles dérisoires avaient été échangées. Que disaient-ils déjà, à propos des enfants ? De la manière dont les adultes aux tendances non suicidaires étaient sensés s'en occuper ? A moins que cela s'obtenait comme une malédiction, qu'il suffisait d'avoir un enfant pour devenir délibérément gaga...
Bon, tout d'abord, lier connaissance. Pour les premières impressions, c'était déjà raté. Akira pouvait voir d'ici l'immense panneau marqué « Souffre Douleur » ou « Nouveau Jouet », sur son front ! Instinctivement, comme pour se rassurer, il caressa du bout des doigts le bas du fourreau contenant son sabre, coincé derrière son dos. Allons allons, pas la peine de paniquer pour un misérable enfant, ce n'était jamais plus qu'un combat entre membre de la gente masculine ! Il suffisait de s'emparer des sentiments de son adversaire, et de l'écraser comme une vulgaire mouche sur une vitre...
Oui mais... La chose avait-elle des sentiments, au moins ? Non parce qu'à le fixer ainsi, Akira commençait sérieusement à en douter !
Akira se lança alors, sous le regard mauvais du serviteur de l'ombre, le nouveau Dark Vador de service :

« Enchanté, je suis Akira, chargé de m'occuper de vous pour la visite de la ville... »

En bon gentleman, le beau brun tendit la main vers l'enfant, en guise de salut viril.

Le gamin n'avait pas bougé depuis sa fameuse question, à croire qu'il attendait vraiment une réponse sérieuse. En réalité, il te testait, tout simplement, et tu l'avais bien compris. Non content d'être une peste, il était affreux. Et toi qui entrais dans son jeu ... au moins, ta remarque le fit sourire, du moins un instant, car tout d'un coup, il cessa et son visage poupin redevint inexpressif. Troisième sexe ? Quésako ?

" Ca explique bien des choses ... " laissa-t-il échapper comme si de rien n'était.

Mais attendez une minute, ne l'avais-tu pas appelé "machin truc" à l'instant ? Quelle honte ! Parler ainsi, à ... à ... à LUI ! Il allait se venger, c'était sur. Pas maintenant, pas tout de suite alors que son père revenait pour te payer. Non, il attendrait la fameuse sortie. Si tu étais guide, il allait te faire découvrir que tous les chemins ne mènent pas à Cydonia ! Bon, revenons à son père d'ailleurs. Le petit homme entra à nouveau dans la pièce, une bourse bien rebondie dans les mains qu'il te tendit.

" Voilà pour vous monsieur. Allez, roulez jeunesse et à ce soir. "

Comme si c'était évident, il te laissa avec le monstre. Seul contre lui. Tu allais en voir de toutes les couleurs ... tu allais souffrir ... tu ... une seconde ? Où était le môme ? Ah c'est bon, devant la porte, à t'attendre avec son air angélique du petit premier de la classe. Tout allait bien donc.

" Bon tu viens oui ... monsieur ? "

Mouais, tout allait bien. Encore heureux que son père soit là ... imagine ce qui allait se passer maintenant que vous aviez franchis les portes de la maison et que plus personne ne voyait le garnement.
Enfin, pour le moment, il attendait sagement à tes côtés, imaginant surement la prochaine bêtise à faire ou dire. Pour l'instant, il était aussi sage qu'une image. Un sourire doux sur les lèvres, il t'observait. Ca n'allait pas durer.

" Au fait le moche, moi c'est Alex. "

Le jeu grandeur nature commençait. A toi de ne pas tomber dans le piège. Bon, par quoi allais-tu commencer ?

Il n'y avait qu'un idiot au monde, qu'un seul imbécile pour tomber dans ce genre de pièges, les deux pieds dans le plat. J'ai nommé Akira, ici présent.
Il jura mentalement et étala son dictionnaire d'insultes favorites -toujours dans le silence de son esprit-, lorsque l'enfant haut comme trois pommes se permit de lui mettre le blanc de sa vie. Bon certes, ce n'était pas comme s'il n'avait pas l'habitude, mais par un gamin ! Il replia ses doigts en un fin poing, et abaissa lentement la main qu'il avait tendu vers le mioche, dans une petite tentative de lier connaissance... Inutile d'essayer, il le savait. Il avait définitivement rangé la Chose dans sa catégorie « ennemi mortel », là où il rangeait habituellement les pères des jeunes filles qu'il charmait.
Donc, son tout nouvel ennemi et client par la même occasion, effaça en deux secondes chrono le merveilleux sourire sadique (du moins aux yeux d'Akira, ce ne pouvait être autre chose que du sadisme), et reprit son habituelle et éternelle expression neutre. Pas inoffensive pour un sou. Encore heureux que la Chose ne puisse pas invoquer les esprits maléfiques !
Le beau brun plissa les yeux, bras croisés sur son torse, complètement sur la défense, et tenta une nouvelle approche qui avorta exactement comme la première :

« Tu... »

- Ça explique bien des choses...

Cette fois-ci, ce fut la mâchoire entière d'Akira, qui se décrocha, tant la réplique le prit de cour. Il ne comptait même plus les points -il avait perdu dès le début. Quoi que cela devait avoisiner les deux cents à zéro, pour l'ennemi bien entendu... Non vraiment, il n'était pas fait pour être père ou fonder une famille. Lui qui aimait bien trop les femmes dans leur totalité, et bien trop peu les mioches qu'elles accompagnaient !
Il s'apprêtait à répliquer sur un ton menaçant lorsqu'un pas léger retentit dans le petit couloir dans lequel avait précédemment disparut Sieur Lasagni. Ce dernier ne tarda pas à apparaître dans l'embrasure de la petite porte, serrant sous son bras une belle bourse de cuir bien remplis... Les lueurs meurtrières devinrent étincelles de désirs lorsque les prunelles d'Akira rencontrèrent sa paye. Si ça c'était une simple avance, il se demandait sérieusement avec combien il rentrerai à l'auberge ce soir ! Il se pourlécha les lèvres avec délice, tel un prédateur guettant sa proie...
Et se souvint que cet or allait lui coûter la vie. Car pour en profiter, fallait-il encore qu'il revienne vivant de son expédition !
Il lâcha un pauvre soupir discret, attrapant avec agilité la grande bourse de cuir pendant que Sieur Lasagni leur faisait ses adieux. Du moins cela sonnait-il comme des adieux aux oreilles de notre pauvre semi-guide ! L'argent disparut sous sa grande cape de touareg, soigneusement accroché à l'écart des mains errantes des voleurs se baladant en ville.
Et le véritable enfer commença. Mais où diable était-il déjà passé, le mioche ?!

- Bon tu viens oui ... monsieur ?

Akira fit taire son accent de panique, arrivant à hauteur du gamin de son pas vif et rapide. S'il commençait à stresser ainsi pour une simple petite disparition, il n'allait pas s'en sortir au cour de l'après-midi...

- Au fait le moche, moi c'est Alex.

Le beau brun soupira de nouveau, mais opta pour une autre tactique. Avec lui, il pressentait que l'offensif ne servirait qu'à lui retomber dessus en pire !

« Ravis de te rencontrer, Alex. Et j'assume parfaitement ce que je suis, étant parfaitement hors de question d'aller me faire refaire le portrait par l'un de ses magiciens vaniteux ! »

Il grimaça, mimant le vieux grand-père claudiquant ayant des pensées pas très agréables derrière la tête. Il se redressa aussitôt, frottant ses mains l'une contre l'autre, un léger sourire chaleureux sur le visage. Il était entré dans la peau de son métier. Dans la peau du guide...
Car après tout, c'était un client qu'il avait en face de lui ! Et il était très bien payé pour l'occasion...
Il prit le temps de réfléchir cinq secondes au programme de la journée et se lança alors dans un petit résumé de ce qu'ils allaient faire ensuite. Un client sachant ce qu'il va faire se sent toujours plus rassurer et joyeux !

« Bien bien bien... Voici le petit topo de ce que l'on va faire dans la journée. Bien entendu, s'il ne vous plaît pas, n'hésitez pas à m'en informer et nous verrons ensemble ce qu'il est possible de faire à la place. Après tout, c'est vous le client, à moi de m'adapter ! »

Et hop, deuxième sourire rassurant et conciliant. Akira semblait avoir enfilé une seconde peau, entièrement baigné dans son métier de guide. Passant même du tutoiement au vouvoiement ! Et oui, le client est roi...

« Je pensais tout d'abord vous emmener en calèche à travers la ville, jusqu'au palais de notre P'yra bien aimé qui est l'incontournable monument de cette ville. La calèche est un bon moyen pour voir des choses sans être obliger de se promener sous le soleil de plomb qu'il ne doit pas manquer d'y avoir par ce début d'après-midi... De plus cela nous permettra de ne pas être gêné par les badauds ou éventuels voleurs s'affairant dans les rues ! Après le palais, nous irons jeter un œil du côté de l'école du Bénu, que vous connaissez sans doute si vous n'avez pas de précépteur particulier à domicile. L'école est intéressante à voir, ainsi que le merveilleux temple qui l'encadre ! »

Akira fit une pause orale, en profitant pour resserrer les liens de sa longue cape touareg, se passant une main dans les cheveux comme pour mieux réfléchir.

« Là, nous ferons un petit brek, sûrement irons-nous boire quelque chose de rafraichissant à une petite terrasse, là où les gens ne nous gêneront pas. Et puis, pour finir, je comptais vous emmener voir le port se trouvant à seulement deux kilomètres de Ptot Tàh, trajet rapide en calèche pour une destination valant le détour. La fraîcheur de l'eau nous fera du bien, et le soleil du midi tapant dur après le déjeuner aura déjà tourné de l'autre côté. Voilà voilà, si vous avez une question ou si quelque chose vous déplaît, c'est le moment parfait pour m'en faire part. En espérant que le programme établit vous plaît... »

Tu n'étais pas drôle ! Tu n'entrais pas dans son jeu alors que tout avait pourtant si bien débuté quelques minutes plus tôt ... mince, il allait devoir changer de technique par ta faute, autant dire que tu allais t'en mordre les doigts. Pour le moment, pendant que tu affichais le plus beau de tes sourires commerciaux, il te rendait la pareille, n'en pensant pas moins. Le gamin n'écouta que d'une oreille ton programme de la journée, il fallait bien le comprendre, il est difficile de se concentrer sur sa prochaine bêtise et en même temps, d'en écouter la victime. Mais quoi qu'il en soit, tout ce qu'il avait retenu était le mot "calèche" qui ne rimait pas avec bêtise mais que lui, Alex, allait faire rimer avec plaisir avec !

" D'accord le ... la fille. "

Il cherchait à voir tes réactions, te cherchait tout court même mais bon. Déçu de voir que cela ne prenait plus, il se contenta de baisser la tête, l'air renfrogné, et de suivre le chemin que tu empruntais pour prendre une calèche. Tiiiiiiens, mais n'était-ce pas de magnifiques chevaux ? Pendant que tu négociais avec le conducteur de la petite calèche, le gamin en avait profité pour se faufiler jusqu'aux chevaux.
Un bruit sourd et la calèche fit un bond en avant le temps que l'homme retiennent les animaux effrayés. Sale gosse, mais qu'avait-il encore fait ? Car tu ne pouvais que te douter que c'était de sa faute, déjà, il montrait sa tête de blondinet et revenait vers toi, pour bien montrer que tu l'accompagnais. L'homme à la calèche t'observa, ainsi que la plupart des gens présent (et donc la plupart des autres calèches) d'un air mauvais.

" Mais vous n'êtes pas fou ? Et vous voulez monter ? Pas question, élevez votre sale gosse avant. "

Sans plus attendre, il donna un coup de "fouet" sur le flanc des chevaux et la calèche partit au petit trop sans attendre. Tu devais bien être furieux là non ?

" J'ai fait une bêtise ? " demanda innocemment l'enfant tandis qu'il te regardait avec un petit air faussement triste.

[ Aucun animal n'a été maltraité durant cette scène ^^ ]

Ce n'était pas de la haine. Ni même de la colère ou des envies meurtrières. C'était bien plus que ça.
Bon sang mais où donc ce... Cette chose avait-elle traîné ? Pour être aussi hargneuse avec les gens qui tentaient de l'aider en lui insérant une once d'intelligence dans le cerveau ? Il était guide lui, pas nounou ! Il faillit tirer sa révérence, laisser le truc en plan et partir loin comme le gentleman solitaire qu'il était, mais se retint au dernier moment. Non, cet argent, il en avait besoin. C'était toujours utile, de survivre.
C'est donc sans se laisser démonter qu'il suivit des yeux la petite calèche disparaissant à l'horizon comme le dernier espoir de paix qu'il possédait. Il ne voyait plus qu'un moyen. Et ce moyen était très loin de lui plaire, revenant à impliquer d'autres âmes innocentes dans cette affaire digne d'Azarel lui-même... Mais bon, au point où il en était !

- J'ai fait une bêtise ?

Akira lui jeta à peine un coup d'œil, sachant déjà ce qu'il allait trouver avant même de l'avoir aperçut... Mais oui c'est ça, fait ton innocent, on te croit teeeellement ! Il leva les yeux au ciel, se tourna vers l'enfant, faisant craquer ses doigts comme s'il s'apprêtait à le frapper. Mais il n'en fit rien. Il ne frappait pas les enfants, au même titre que les femmes. Par contre cela ne l'empêchait pas de l'insulter, même si ce n'était que mentalement...
Il prit une grande inspiration intérieur, comme s'il cherchait le courage de faire front à l'ennemi, et lâcha de son air le plus rassurant possible :

« Mais non mais non, ne vous en faîtes point... De toutes manières le conducteur me demandait bien trop pour un simple petit voyage de visite. Les gens sont vraiment trop accrochés à leur argent ces temps-ci ! »

Il se permit même de lui jeter un petit clin d'œil, hurlant mentalement son envie de faire de la bouillis de cette chose qui osait tenter de lui tenir tête. Il ne devait surtout pas céder, sinon, il rentrerait tête la première dans le jeu de l'ennemi... Et ça, c'était la pire chose qui pouvait lui arriver !
Il était persuadé que c'était tout ce qui ferait le plus plaisir au môme, et n'avait pas le moindre désir de le rendre heureux de quelques manières que ce soit ! Autant lui mener la vie dure à son tour... A sa manière !

« Pardonnez-moi, mais vu le prix d'une visite à calèche, et le peu de chaleur qu'ont leurs conducteurs, je préfèrerais utiliser une toute autre technique afin de vous faire découvrir les joies de la ville... »

Une demi-sourire craquant étira ses lèvres, faisant miroiter ses prunelles bleues en une myriades de teintes colorés. Non, il ne se laissera pas abattre, par Benu ! Il avait encore tant d'autres filles à charmer de par ce monde, ce serait presque dommage de rendre l'âme maintenant. Presque...
Il se tourna brusquement sur la droite, attrapant un homme qui passait près de lui paisiblement, lui donnant de sa main libre dix Talents. D'un ton autoritaire, il envoya :

« Rends-toi sur la grande place à deux rues d'ici et présente toi comme venant de la part d'Akira au gamin à casquette trouée. Donne lui trois de tes dix Talents et revient. Merci de ton aide... »

Il offrit un sourire lumineux au pauvre homme étonné et retourna son attention vers le mioche, rangeant soigneusement sa bourse par la même occasion. Il annonça alors le plus calmement du monde :

« N'ayez crainte, mon système n'ait pas dangereux, vous n'avez pas à avoir peur. »

Grand sourire cruel. L'espace d'une demi-seconde, avant de s'effacer comme s'il n'avait jamais existé. Pardon, il avait craqué. Impossible de s'empêcher de lancer cette pique détournée à la chose... Et la mimique faciale était apparut tout naturellement en complément.
Des bruits de sabots raisonnèrent dans la grande allée, alors qu'Akira se tournait vers l'homme qu'il avait envoyer quérir. Ce dernier traînait maladroitement un magnifique étalon baie brun, réticent à suivre cet inconnu peu habitué aux chevaux... Et accéléra le pas dès qu'il aperçut son ami et compagnon, hennissant joyeusement pour saluer son retour.
Le beau brun prit les rênes que lui tendaient l'homme, caressant amicalement le museau de son destrier, sa manière à lui de le saluer.

« Alex, je vous présente Embers, Embers, Alex. Voici mon moyen personnel de locomotion, certes moins confortable qu'une calèche, mais tout aussi pratique ! »

Il sourit, heureux de n'être plus seul dans la panade, luttant enfin aux côtés de quelqu'un qu'il connaissait bien... Il fit tourner l'étalon sur lui même, de manière à ce qu'il soit de profil par rapport à l'enfant, présentant la selle à ce dernier. Akira s'inclina alors, avançant :

« Si vous voulez bien vous donner la peine de monter, je vous guiderai à pieds à travers la ville... »

Une lueur sarcastique passa dans son regard, fugace. Et il ajouta, jaugeant le garrot de l'animal.

« Avez-vous besoin d'aide ? Étant donné la hauteur... »

Et paf ! Deuxième pique cachée !

Mince, le petit stratagème n'avait pas fonctionné ... tu étais du genre coriace alors. Et pas drôle du coup à éviter les coups du gamin ... il était pourtant sur de te faire craquer mais en attendant, il ne t'écoutait pas le moins du monde. Il avait décroché en entendant que tu n'étais pas fâché et faisait la tête, comme tout gamin de son âge. Les bêtises ne marchaient pas, tu allais voir ce qu'un mauvais caractère pouvait faire ...
A la vue du cheval toutefois, le môme ne put s'empêcher de sourire. Tiens tiens, un nouveau jouet ? Quoi ? Il avait un nom le poney ?

" Embers, c'est un nom de fille ça non ? " demanda le gamin d'une voix faussement étonnée.

Il aimait embêter son monde, dans sa triste demeure, il était enfant unique. On passait son temps à lui dire de faire les choses ainsi et pas autrement alors la moindre distraction était une aubaine et, malheureusement pour toi Akira, tu étais sa seule distraction depuis des jours.
Le gosse regarda le cheval sans pour autant se décider à monter dessus, il n'avait pas réellement envie que tu apprennes qu'il n'aimait pas ce genre de bestiaux. De toute façon, il n'avait en tête que de faire une bêtise et pour l'heure, il avait repris son air renfrogné.

" Un noble jeune homme se fait toujours aidé d'un valet, aussi je veux bien ton aide s'il-te-plait. "

Une pique ? Où ça ?
Pourtant, le jeune homme avait pris un air vexé - peut-être l'était-il vraiment - et continuait de bouder, même une fois sur le dos du cheval. Son petit esprit machiavélique été bien décidé à te mener la vie dure ... autant dire qu'il dormirait bien ce soir ! Bon, qu'allais-tu décider maintenant que le petit était juché sur ton étalon. Le perdre dans la ville ou la lui faire visiter malgré son air continuellement déçu ?

A sa plus grande surprise le gamin obtempéra, avançant vers l'étalon sans rechigner. Tiens ? Aucune menace ni rien ? Même pas de pique sadique lancée en réponse ? Alex s'arrêta soudainement, plongé en pleine réflexion. A l'évidence, lui aussi trouvé que quelque chose n'allait pas, qu'il avait sûrement oublié quelque chose. Ah oui c'est vrai, d'être méchant...

- Embers, c'est un nom de fille ça non ?

Akira fit alors quelque chose de très étrange, qui l'étonna d'ailleurs lui même. Son rire fusa tout seul, presque nerveux, mais très réparateur des heures de stress qu'il avait derrière et devant lui. Au moins avait-il toujours de quoi se détendre en ce bas-monde... Il rit donc, amusé de la réflexion du môme. C'est qu'il commençait à s'y habituer, à ce jeu du chat et de la souris ! Embers, lui, renacla mais ne réagit pas, peu concerné par les drôles de mœurs humaines et les commentaires qui allaient avec...
Tant mieux tant mieux. Akira n'aurait pas pus s'expliquer si son étalon avait brusquement ruer pour partir au triple galop dans une colère noire... Le beau brun se pencha légèrement en avant, un grand sourire perché sur ses lèvres. S'il ne supportait pas Alex, au moins devait-il lui reconnaître son intelligence et sa détermination ! Peu d'adultes étaient capable de réunir ses deux qualités...

« Et bien oui, vous voyez, je suis du troisième sexe et lui c'est un travesti. Ce n'est pas pour rien que nous sommes amis ! »

Il flatta amicalement l'encolure du grand cheval qui le regardait stoïquement, presque impatient qu'il se passe enfin quelque d'intéressant... Digne d'intérêt, pour un étalon !
Puis il remarqua un changement chez la chose. Tiens tiens, prévoyait-il une autre bêtise à faire ? Quelque chose de l'ordre de la destruction massive ? Ah oui tiens, il semblait bouder à présent. C'est vrai qu'il n'y avait pas mieux comme arme de destruction massive... Après hein, chacun sa technique !
Bizarrement Akira le préférait cent fois mieux ainsi, sans ses tentatives pour lui gâcher définitivement sa journée ! Même s'il avait dans l'idée que le gamin préparait un truc trois fois plus gros que lui à faire... Qui tomberait bien sûr sur le coin de la tête du semi guide ! A présent, ses railleries ne le gênaient plus, étant presque blasé de se faire insulter à demi-mot. Et puis rien que pour le plaisir de lui répondre, le beau brun appréciait leurs joutes !

- Un noble jeune homme se fait toujours aider d'un valet, aussi je veux bien ton aide s'il-te-plait.

Akira sourit, deuxième preuve fataliste qu'il perdait définitivement la boule. Ou alors il devenait masochiste. Au choix.
Au moins Alex avait-il dit « s'il-te-plaît », effort notable de sa part ! Akira répondit du tac au tac, tout en aidant le môme à s'installer confortablement sur le dos de l'animal :

« Bien sûr, sinon comment le noble jeune homme pourrait-il se débrouiller, avec sa délicatesse d'esprit ? »

Il sangla la selle à la bonne hauteur, vérifia que tout était en place, qu'il n'avait aucun objet de valeur dans les sacoches de son cheval, et empoigna les rênes prenant la tête de l'expédition. Apparemment Alex faisait toujours la tête, bien décidé à montrer sa mauvaise humeur à la face du monde. Et après tout, Akira le comprenait un peu... Lui non plus, ne supportait pas les bêtes visites de ville où touristes, chaleurs et compagnie régnaient en maître ! Et puis qu'est-ce qui pouvait intéresser les gens dans une bête construction de pierre fait de la main de l'Homme en grand désarrois ? Si Akira avait opter pour devenir guide, c'était surtout pour voyager à travers le monde et voir des paysages... Naturels !
Il s'immobilisa soudain alors qu'il marchait depuis dix bonnes minutes en direction du palais du P'yra, se tournant vers un Alex toujours aussi boudeur. L'air de réfléchir et d'hésiter, il s'expliqua ensuite d'un air décidé. Il devait mettre les choses au clairs, au moins ce sera déjà cela de fait. Car il était loin de sous-estimer le gamin qui lui avait déjà prouvé qu'Akira devait le considérer comme un adulte, voir en mieux ! Alors, parce que le beau brun avait de l'estime pour Alex et qu'il jugeait bon d'être franche, il lâcha :

« Croyez moi, cela ne me fait absolument pas plaisir de perdre mon temps à vous montrer de banales construction de pierres et de tuiles qui, j'en suis sûr, vous avez déjà dû voir maintes fois auparavant. Si cela ne tenais qu'à moi je vous aurais désigné un point de repère et je vous aurais laissé vous promenez seul là où vous aurait guidé vos pas... Hors votre père me paye pour faire ce que je n'aime point, et donc jouer votre nounou alors que vous n'en avez nul besoin. »

Comme précédemment il marqua une pause oratoire, le regard droitement posé dans celui d'Alex, sans chercher à le dominer ou à être dominé. Le jeune garçon ne devait pas avoir l'habitude de la franchise dans sa cage dorée où tout le monde était à ses pieds ! Il continua calmement :

« Je me fiche de ce que vous pourrez faire de mes propos, l'important pour moi c'est de l'avoir dit, après je n'en ai cure. Au moins ai-je mis cartes sur table comme j'aurai géré un conflit avec un adulte... »

Akira se retourna alors, avançant de nouveau le long des pavés dorés par la chaleur du soleil. Le palais n'était plus très loin, preuve confirmée par le nombre sans cesse croissant de gens présents dans les rues... Et de gardes armés !
Tout en continuant de marcher il acheva :

« Aussi vais-je finir cette visite étrange, de préférence le plus vite possible, que vous soyez pour ou contre. »

Le gamin prénommé Alex n'en avait que faire de ce que tu pouvais bien lui montrer ou encore lui dire. Dans sa bulle, il imaginait sans doutes déjà la prochaine bêtise à faire, le prochain coup qui te ferait sortir de tes gonds pour ensuite exploser. Ainsi, il aurait gagné son pari personnel, sa journée. Mais pour l'heure, tu semblais ne plus vouloir rentrer dans son jeu, même si la première réplique de ta part lui avait redonné espoir. Pire que ça, tu le traitais d'égal à égal, lui avouant maintenant que tout comme lui, tu n'avais que faire d'être là et que tu n'avais aucunement l'intention de jouer les nounous. Le regard inexpressif du gamin s'illumina à cette annonce. Ainsi, il était libre, toi beaucoup moins vu l'argent que son père t'avais donné.
Pourtant, tu devais être surpris, son regard était loin d'exprimer de la taquinerie ou tout autre chose du genre, non, il semblait tout aussi sérieux que le tien, comme si tu t'adressais vraiment à un adulte qu'il n'était pas.

" Mon père pense que je suis un enfant trop jeune pour comprendre le monde. Il ne me laisse jamais sortir, jamais voir de monde, je passe mon temps entre les livres et les jupes des servantes. "

Alex avait parlé d'un ton détaché, ni haineux ni mélancolique, comme s'il parlait d'un fait établi qu'il ne pouvait changer quoi qu'il fasse. Ce qui était sans doutes le cas. Son regard s'était déporté dans le lointain, comme s'il profitait enfin de la chance de pouvoir sortir, comme un condamné qui regarde pour la dernière le soleil se lever, avec douceur mais aussi, avec la peur certaine de ne pas le revoir de si tôt "en direct" ... mais de derrière les barreaux de sa maison dans le cas d'Alex. Le gamin reporta ensuite ses yeux brillants vers toi.

" Je ne t'aime pas non plus, tu es désopilant et bien familier pour un guide payé. En plus, tu te moques de moi et tu me fais passer pour plus sot que je ne suis. "

Et l'affreux gamin continua son monologue, te mettant plus bas que terre, comme si tout le ressentiment qu'il avait envers son père se déversait sur toi, c'était à peu près ça.

" Bien, les choses sont dites, continuons cette visite. "

Le ton était sec, un peu trop sans doutes pour un gamin de cet âge. Pourtant, il avait de la superbe sur ton étalon, se tenant bien droit, le regard fixé dans le lointain, on aurait pu croire qu'il était bien noble. Peut-être en serais-tu étonné. D'une moue gênée, il observa l'encolure de l'animal et murmura :

" Tu veux bien être mon ami ? " à ton adresse.

Etait-il sérieux ou était-ce encore une de ses blagues ? Si c'était le cas, ne jouait-il pas très bien la comédie ?

[ Voilà, peut-être aurais-je le temps de te répondre demain matin si tu réponds assez vite, sinon, tu devras attendre que le Staff le fasse ^^ ]

Dans ce monde tout était affaire de paris. Aussi bien l'argent que l'on gagnait ou même survivre dans le désert le plus hostile du monde était l'œuvre d'un quelconque pari. On monnayait sa vie contre les dieux et leur puissance, on se battait comme des enragés contre une mère nature toujours plus résistante... Et tout revenait à un bête pari.
Tout comme cette histoire depuis le début, et la suite de ce si stupéfiant après-midi...
Du moins était-ce l'idée d'espoir d'Akira, s'accrochant à ses faibles pensées de couard pour permettre à continuer d'avancer un pieds après l'autre. C'était plus fort que lui, la vision même des enfants le rebutaient, preuve irréfutable que la femme en question avait déjà offert son cœur à plus fort que lui. Au début, tout se résumait à cela. Et puis la phobie était venue en même temps que le sens véritable de ce sentiment d'impuissance disparaissait dans les noirceurs de ses souvenirs...
Et pourtant aujourd'hui il faisait face à l'ennemi, puisque acculé. Alex ne répondit pas tout de suite, le silence pesant derrière son dos prouvant que le gamin réfléchissait avec son intelligence imbattable de gosse. Et pourtant, les propos qu'il exprima alors prirent de cours notre pauvre Akira, déjà pas bien stable mentalement :

- Mon père pense que je suis un enfant trop jeune pour comprendre le monde. Il ne me laisse jamais sortir, jamais voir de monde, je passe mon temps entre les livres et les jupes des servantes.

Le beau brun haussa un sourcil façon V majuscule, invisible pour l'enfant puisqu'il marchait de dos par rapport à lui. Oui, cela, il pouvait le comprendre.
Le désastre des cages dorés, il l'avait vu tant de fois auparavant ! Voilà l'exemple type de la création d'une parfaite dictature. Il suffisait de mettre tous les frustrés des cages dorés dans la même pièce et pouf ! Une haine intense était créée à l'égard de cette Terre, par la simple faute de parents trop protecteurs...
Akira souhaita sincèrement au gamin de ne jamais devenir ainsi. Qu'il garderait son fort caractère pour se protéger de l'égoïsme et du désir de devenir le maître du monde en quarante huit heures chrono !

- Je ne t'aime pas non plus, tu es désopilant et bien familier pour un guide payé. En plus, tu te moques de moi et tu me fais passer pour plus sot que je ne suis.

Cette fois-ci, Akira dut se retenir de rire à grand peine, un grand sourire étirant ses traits. Savoir la vision qu'avait de lui un môme contre qui il luttait à grand peine depuis bientôt une heure, l'amusait assez fortement ! Comme s'il s'attendait à ce qu'Alex lui jette des louanges tiens ! Il aurait pus parier que l'enfant allait sortir un truc du genre... Tôt ou tard.
Mais il garda le silence, n'osant rompre le sérieux immuable dans lequel le gosse semblait s'être plongé jusqu'au cou, déballant son sac comme le véritable frustré qu'il risquait de devenir. Mais il acheva son dialecte, décrétant que la visite pouvait en effet continuer, exactement de la même manière dont il aurait pus dire que le ciel était bleu sur le ton du j'en-ai-rien-à-faire.
Satisfait par l'étrange pacte que les deux ennemis semblaient avoir passés, Akira fit arrêter l'étalon devant l'immense, l'énoorme palais impériale par lequel il était sensé commencer sa visite. Il inspira profondément, se retourna vers Alex, ouvrit la bouche et...

- Tu veux bien être mon ami ?

Là, Akira en resta sans voix tant cela ne ressemblait pas à l'enfant dont il avait hérité quelques heures plus tôt. Suspicieux il chercha quelque part dans les traits du môme un indice sur la voie à suivre, comme quoi ce n'était simplement qu'une autre bêtise ou coup à lui porter encore plus sadiquement... Mais il ne trouva rien. Rien qu'un vague air gêné ou quelque chose de ce genre. Si c'était de la comédie, il jouait très bien, car cela devait lui en coûter beaucoup de lâcher ce type de propos...
Akira soupira intérieurement, réfléchissant à toute allure. Il en avait ras la casquette de devoir se battre même lorsqu'il officiait son boulot. Contre un enfant en plus ! Et puis le discours qui avait précédé cette déclaration l'avait assez touché par sa franchise pour qu'il se décida à tenter le coup... Et puis « ami » ne signifiait pas tout céder avec sa confiance jetée par dessus bord ! Si Alex souhaitait sincèrement être son ami, alors Akira était prêt à faire lui aussi des efforts. Mais si c'était simplement un autre de ses pièges diaboliques, le semi-guide reprendrait aussitôt son attitude de mots cachés sans tomber dans les pièges de l'autre ! C'était rien de moins qu'une autre histoire de pari...

« Ce n'est pas mon fort l'amitié... Mais j'essaierai à mon tour de faire des efforts. Promis. »

Un doux sourire illumina ses yeux. Sincèrement, pour une fois. Il fit un grand geste circulaire, englobant toute la périphérie du palais et ce qu'il semblait représenter.

« Voici la demeure de notre grand P'yra Tutnesi, successeur de feu notre P'yra Titu'An, connu dans le monde entier pour son fameux décret de tolérance raciale, sur les religions et les tendances sexuelles. Les trois quart des forces armées de Ptot Tàh résident ici même, d'où la profusion de la population sur la place. »

Il raconta longuement l'histoire de Ptot Tàh, sans s'attarder pour autant sur les côtés historiques de la chose, réelle cause de la somnolence des touristes, très dangereuse en ce jour... Il conta le plus fidèlement possible comment le prophète et son peuple avait érigé les premières constructions de la ville, avaient découverts l'or puis avaient été animé de la colère des femmes Almers. Vint ensuite l'étrange histoire de l'orientation sexuelle de Titu'An face aux elfes et à l'homme de son cœur.
Akira agrémenta tout ce qu'il racontait de mimiques et d'humour sur, par exemple, les techniques des femmes Almers pour se rebeller contre leurs maris, des anecdotes sur l'ancien P'yra désorienté par l'étrange sentiment qu'il ressentait par rapport à son général, et la surprise du peuple qui en résulta...
Sa voix s'éteignit ensuite, laissant le soin au jeune garçon de pouvoir regarder à loisir l'immense palais impénétrable. Le beau brun revint alors sur ce qu'Alex lui avait dit sur sa vie de riche et la cage doré qui allait avec. Deux pour le prix d'un.

« Quand j'étais petit et que mes parents adoptifs me couvaient trop à mon goût en m'enfermant chez moi, je piquai d'horrible crise pour fuguer pendant plusieurs jours tout de suite après. Lorsque je revenais ils avaient compris la leçon ! »

Il sourit à ce simple souvenir, avant de secouer la tête comme pour en chasser les fantômes. Il se tourna vers l'enfant et l'étalon, questionnant :

« On continu ? »

Le gamin attendait visiblement une réponse mais pour autant, aucun de ses doux traits enfantins ne trahissaient quoi que ce soit. S'il semblait sérieux, n'était-il pas une fois de plus à essayer de te faire tomber dans ses pièges ? Dans son piège spécialement réalisé pour tes beaux yeux ?
Du haut de l'étalon, qu'il considérait toujours avec horreur, sans doutes craignant qu'il soit vraiment un animal transgénique sans sexe distinct, il écouta ta réponse et, l'entendant, baissa les yeux. Un signe que tu avait percé sa garde ? Qu'il avait échoué ? Non, il était tout simplement déçu de ta formulation, "ami" sonnait faux dans son esprit depuis tant d'années qu'il espérait que tu deviennes tout de suite le sien, à l'image des livres qu'il lisait à longueur de temps. Mais la vie n'est pas un livre, elle serait même tout sauf ça à vrai dire et voilà qu'Alex en faisait durement l'expérience.

" ... "

Aucun mot ne s'échappa de cette bouche dont étaient pourtant sorties quelques heures à peine auparavant d'ignobles tirades. Il resta silencieux, se contentant de profiter de l'instant, souriant faiblement devant tes tentatives sincères. Il était un enfant plutôt calme et patient au final, il suffisait sans doutes juste de l'amadouer. Ou alors était-ce à nouveau une façon de te piéger ? Qui sait, même le MJ l'ignore pour une fois (faux, le MJ ne peut rien ignorer !).
Quoi qu'il en soit, c'est moi le narrateur donc je disais, la visite continua, ou failli du moins. Au détour d'une large rue commerçante, alors que la discussion, elle aussi calme et cultivée, prenait enfin bonne tournure, apparut une servante du jeune seigneur qui t'accompagnait et, il fallait se l'avouer quand même, avait fière allure sur ce cheval, du haut de sa dizaine d'années. Comme quoi, l'esprit serein et le sourire aux lèvres, sans parler du regard avide de connaissance vous changeaient un homme, ou presque.

" Veuillez m'excuser, Monsieur m'envoie vous faire dire de lui ramener son fils. "

La servante se planta là, devant le cheval et le couple, vous empêchant d'avancer. Dans les yeux d'Alex, on pouvait lire l'envie folle de lancer l'animal dans une course rapide pour s'enfuir mais cela resta au stade d'idée. Il descendit, déçu. D'un geste, il s'inclina poliment devant toi, sincère pour une fois, comme quoi, il ne fallait pas se fier aux apparences. D'une main potelée et sure, il saisit celle de la servante qui allait le raccompagner à sa prison dorée dont certainement, il ne sortirait plus de si tôt voire jamais avant sa majorité. Comme quoi, il n'y a pas que les filles qu'on devrait délivrer de leur donjon, parfois, certain attendait de jeunes donzelles sur leur cheval blanc ... hum pardon.

L'enfant et la femme s'éloignèrent quand soudain, il se retourna, glissa deux mots à l'oreille de sa compagne et se rendit à ta rencontre.

" Un jour, il faudra que tu me racontes comment tu t'es enfui, et comment le P'yra peut gouverner en étant aussi ... bizarre. Un ami à toi sans doutes. "

Une dernière pique, une poignée de main rapide de peur de se tromper de camp et il fila, passant parmi les passants.
Dans ta main se trouvait maintenant son présent ... volé quelques minutes auparavant, pas si bête le môme hein ?

[ Objets remportés : argent promis au début de la mission, parfum Axe Sword senteur chocolat gingembre - donne la compétence charisme pendant le topic durant lequel il est utilisé - Le parfum n'est utilisable qu'une seule fois. ]
[ Ps : cadeau des Admins (qui n'ont pas fumés !!!!) ]

Un silence paisible s'était installé entre les pseudo adversaires. Une sorte de paix factice traitée par les deux camps avec des tentatives timides pour lier amitié, de temps à autres...
Akira, les rênes d'Embers fermement ancrés dans sa main droite, avançait calmement, fendant la foule comme la proue d'un navire avec l'écume de l'eau. Il n'aurait su dire si les gens ressentaient que le fier gamin sur l'étalon était le fils de l'un de leurs grands seigneurs. Peut-être savaient-ils instinctivement qu'ils ne devaient en aucun cas chercher à déranger l'étrange trio (oui oui, le cheval est compté) ? Le beau brun soupira, remuant faiblement la tête, histoire de mettre encore plus de fouillis dans ses cheveux désordonnés.
Il opta pour une petite rue adjacente, le seul lieu où la masse des gens semblaient un peu moins dense que sur la grande place. Il se tourna vers Alex, histoire de vérifier que le fauve était toujours en selle et se retrouva subitement nez à nez avec une petite bonne femme au visage potelé mais maternel...

« AAAAAAH ! »

Bon sang mais c'était une habitude dans cette famille d'apparaître et de disparaître à volonté ?! Il serait peut-être temps de songer à la santé cardiaque des clients non de non !
Akira, une main sur le cœur et le visage plus blanc que neige, recula de quelques pas vers Embers. Par sécurité. Des fois que les fantômes existent bel et bien !

- Veuillez m'excuser, Monsieur m'envoie vous faire dire de lui ramener son fils.

Une fois, deux fois, trois fois. Rien à faire. Le sens de cette phrase refusait à se dévoiler au pauvre cerveau chamboulé de notre semi-guide. C'est étrange comme l'on a des difficultés à se concentrer après une -Ô combien !- maaagnifique journée !
Ce ne fut uniquement lorsque un « shtoumf » étouffé retentit derrière lui, qu'Akira daigna enfin percuter. Quoi ?! Il s'était embêté à aider le gamin à monter sur l'étalon alors qu'il était capable d'en sauter sans problème ?!
Euh non, c'est pas ça. Je recommence. Quoi ?! Le gamin repartait déjà là où il avait le moins envie d'aller ?! Dans une cage dorée où l'attendait un homme sur-protecteur et des gens ninjas maîtrisant l'art de la téléportation ?
Akira fit un pas en avant, sourcils froncés, près à contre-attaquer à l'offensive générale. Mais il se tut lorsque Alex le contourna dignement pour aller glisser sa petite main d'enfant dans celle de la servante... Impossible de défendre quelqu'un qui va à l'encontre de vos règles !

- Un jour, il faudra que tu me racontes comment tu t'es enfui, et comment le P'yra peut gouverner en étant aussi ... bizarre. Un ami à toi sans doute.

Un immense sourire étira le visage d'Akira, tandis qu'il prenait bien volontiers la main tendue que l'autre lui offrait. Mais quelque chose n'allait pas. C'était quoi ce truc ovale, lisse et dure qui était resté dans sa paume ?! La vision d'Alex rejoignant à toute jambe sa servante lui prouva que les ennuis n'allaient pas tarder...

- Et vous là ! Au voleur !

Un immeeeense commerçant dégageant la foule à grand coup de coude et de ses bras version Terminator, écumant d'une rage meurtrière, avançait coûte que coûte vers Akira.
Qui jura un bon coup, et hurla dans la direction qu'avait pris Alex :

« Je te revaudrai ça, tu vas voir ! »

Et il bondit sur le dos de son étalon, riant librement en pensant au dernier cadeau d'adieu du gamin...
Embers fendit la foule, échappa à Terminator et disparut avec son cavalier dans les nombreuses petites rues de Ptot Tàh, la cité du sable...

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