Là, c'était vraiment du luxe!
Qu'on soit clair.... Ces baies de Silmarie étaient depuis quelques années interdites à Ptot Tàh... Peut-être venant du fait qu'on avait essayé d'empoisonner le P'yra avec ce fruit, qui sait?
Alors bon, quand Sora arrivait en vue des portes de la Ville avec une telle cargaison à livrer à un client douteux aux Bas-Fonds elle ne faisait pas la fière... Comment passer ces gardes sans se faire avoir? Rebrousser chemin était indigne d'elle et de sa réputation, donc il fallait passer outre ce barrage de douane armé de cimeterres d'épées batardes... Surtout que le client, un certain Materu, avait des arguments d'un jaune brillant et précieux assez convaincant à l'arrivée....



[But du jeu: entrer dans Ptot Tàh avec la cargaison, les informations viendront par la suite. Tu peux employer toutes les ruses que tu veux (diversion, cache....), arrête-toi juste à la mise en place de ton plan que je joue les gardes.]

" Garde Nationale, vos papiers s'il-vous-plait."

La petite moustache frémissante du garde lui donnant un air de pas-content, il leva une main devant toi en signe d'arrêt. Entrer à Ptot Tàh avec une telle charrette n'était pas très discret, et deux gardes commençaient à faire le tour en regardant ci et là ce que tu transportais.

"Votre nom et votre métier s'il-vous-plait. D'où venez-vous et où allez-vous avec tout ça?".

Un premier garde, sans même demander l'autorisation, souleva une chaise. Le deuxième ouvrait délicatement une porte d'armoire et jetait un coup d'oeil à l'intérieur sans toucher....


[Ecoute, je suis tellement fan de ton idée de scandale que....]

"Oui monsieur, tout de suite !"

Ah ce qu'elle aimait jouer les gentilles ingénues ! Elle gardait le sourire aux lèvres et regardait partout avec curiosité (non pas que ce ne soit pas le cas en temps normal). Sa légère robe blanche de voyage -histoire de pas cramer littéralement au soleil- participait à lui donner l'apparence de la jeune fille pure et sans histoire qu'elle était censée être tout en contrastant harmonieusement avec sa peau bronzée et ses longs cheveux bruns en partit cachés sous un voile. Pour l'instant, tout se passait bien, rien d'anormal.
Et... Oh non ! Mince alors ! Elle n'arrivait pas à trouver leurs papiers !! Enfin, leurs faux papiers mais c'était du pareil au même. Où avait-elle bien pu les ranger il y avait à peine une heure ? Pas sur elle en tout cas, ça faisait déjà cinq fois qu'elle vérifiait. Non mais quelle idée d'être aussi tête en l'air !

"Chéri ? Tu ne saurais pas ou j'ai mis nos papiers tout à l'heure ? J’étais pourtant sûre de les avoir posés bien en vue pour ne pas avoir à embêter ces messieurs...

-Tu parles de ces papiers là mon amour ?"

Sora leva la tête du sac dans lequel elle s'était plongée pour tomber sur un Aden souriant avec malice, deux trois paperasses dans la main. Décidément, qu'est-ce qu'elle ferait sans lui ! Bon ok, il pouvait se perdre dans une chambre vide et carrée de deux mètre de côté. Mais s'il n'était pas là, sûr qu'elle aurait déjà perdu la moitié de ses affaires y compris sa tête. Bref, elle avait vraiment été géniale de le choisir lui comme garde du corps. Gé-ni-ale.

"Oh ! Merci mon sucre d'orge ! Tu es un amour ! Qu'est-ce que je ferais sans toi ?

-Tu serais encore en train de chercher ta boucle d'oreille sur le sol.

-...Et toi tu serais encore en train d'errer dans la rue en cherchant ton chemin !"

Pour faire plus véridique, Sora posa un délicat baisé sur les lèvres de son jeune mari qui le lui rendit. Puis, elle récupéra les précieux papiers et les tendit au garde qui devait trouver ça bien joli ce petit couple mais il n'avait pas que ça à faire d'attendre toute la journée. Consciente d'avoir été un peu longue, Sora prit un air gêné et sourit gentiment au soldat.

"Tenez monsieur, désolé d'avoir été si longue. Figurez-vous que je n'arrivais plus à les retrouver ! C'est mon lapin en miel qui me les a retrouvés. N'est-il pas génial ? Dire que j'ai épousé un homme tel que lui...

[b]-Mais non ! Ne dis pas de telles sottises ! C'est moi qui suis l'homme le plus chanceux du monde pour t'avoir rencontré mon lutin des bois !

-Rooooo...Chéri ! Pas devant tout le monde ! Tu vas me faire rougir ! Et puis, tu vois, le monsieur attend encore que je lui réponde !"

Le soldat en question parut en effet soulagé qu'on s'intéresse enfin à lui et à ses questions.

"Alors je suis Amalie Jackmin et voici Eliott Jackmin. Je suis almerienne et mon gros nounours ici présent est cydien. Nous venons de Tamawa et avons décidé de venir nous installer dans ma ville d’origine en tant qu'honnêtes commerçants. Mon maris est bijoutier voyez-vous. Il a toujours eu un don pour fabriquer des bijoux et est très habiles de ses dix doigts, si vous voyez ce que je veux dire. Huhuhu...

-Ma gazelle en sucre, ce ne sont pas des choses que l'on dit en public voyons !

-Voyons mon g... Par Benu ! Mais que font-ils avec le fauteuil de grand-mère ? Et avec l'a précieuse armoire de ta tante ?"

« Ahahahahaha ! »

Sora riait à gorge déployée, faisant du même coup sursauter toute la salle. C’était tellement palpitant toute cette tension dans l’air ! Elle s’amusait comme une folle ! En fait, pour tout vous dire, elle n’avait absolument pas remarqué le cercle d’homme qui l’entourait, et s’en fichait éperdument (contrairement à Aden qui était de plus en plus stressé) ! Après tout qui serait assez stupide pour l’abattre elle, celle qui tenait dans ses mains quasiment toute l’économie de Cydonia et qui faisait marcher celle de bien d’autres cités !
Du coin de l’œil, elle évalua les sacs. La somme semblait y être. Bien que fort peu poli, l’homme semblait tenir parole. Encore fallait-il que les besaces contiennent réellement des talents. Elle vérifierait avant histoire de ne pas se laisser marcher sur les doigts. La personne qui la ferait passer pour la dernière des idiotes n’était pas encore née. Ou du moins ne l’avait-elle pas encore rencontrée. Ce serait intéressant d’ailleurs de rencontrer quelqu’un de cette carrure...
Elle tapota l’encolure d’un des chevaux qui tirait sa charrette et qui commençait à s’agitait à cause de l’ambiance un peu trop palpable. Cet homme ne lui plaisait pas. Non seulement il se baladait avec des esclaves mais en plus il agissait comme si il était l’homme le plus puissant du monde. Or, Sora aurait parié la tresse d’Aden qu’elle était au moins dix fois plus riche que lui. Ne comprenait-il pas que ces misérables piécettes qu’il lui proposait en échange de sa trahison étaient bien insuffisantes ?
Enfin bon… Elle commençait à sentir à quel point Aden était tendu. Visiblement, lui espérait que tout se terminerait très bientôt et avec un très joli happy end. Sora sourit en pensant à toutes les solutions qu’il devait envisager pour les sauver au cas où tout tournerait mal. Elle avait une totale confiance en lui, il trouverait !
Bondissant légèrement pour se retrouver tout prêt de son « client », Yaen prit cette expression de fillette malicieuse qu’elle aimait tant car lui allant tellement bien. Elle se pencha en avant de manière à se retrouver à seulement quelques centimètres de l’homme (et dévoilant sans le vouloir un magnifique décolté).

« Hum… Que voilà une proposition alléchante. Seulement voilà, il m’en faudrait juste un petit peu plus… »

Sentant l’homme se renfrogner et se préparer à répliquer, Sora se redressa et lui offrit l’un de ses étranges sourires à la fois amusé et semblant dissimuler quelque chose (ainsi qu’une pointe de sadisme). Ouvrant la bouche avant lui, elle lui interdit de répliquer.

« Ne craignez rien, rien de bien compliquer à réaliser ni de très coûteux. »

Visiblement dubitatif, l’homme leva un sourcil en accent circonflexe, ce qui fit s’agrandir le sourire de la belle almer.

« Voyez vous, monsieur, j’ai toujours été passionnée par tout ce qui touchait notre histoire ainsi que par toutes les civilisations qui peuple notre monde. J’en ai pratiquement fait le tour en fait. Enfin bon, ce que je vous propose c’est d’ajouter à l’argent quelque chose qui pourrait m’intéresser en tant qu’historienne. »

Imperceptiblement, Sora s’était baissée, histoire de paraître encore plus petite qu’elle ne l’était réellement. Il fallait jouer sur l’ego du personnage qui visiblement, était déjà démesuré. Elle connaissait bien ce genre d’homme qui aimait se pavaner et étaler sa richesse pour prouver qu’il était puissant et riche. Ils ne résistaient jamais longtemps à la flatterie.

« A ce que je vois de vous, vous venez d’une famille riche et puissante (regard rapide et admiratif). Vos bibliothèques doivent regorger de livres anciens et précieux. Je suis sûre que parmi tous ceux-ci vous en trouverez un à mon goût. Après tout, qu’est-ce qu’un vieux grimoire face à l’étendue de votre richesse. Et puis, vous me combleriez si vous veniez à accepter. Au fait, quel est votre nom, monsieur...? »

Léger battements de cils, rosissement des joues comme si elle était confuse d’avoir été aussi loin. Alors, accepte ou n’accepte pas ? Avec un peu de chance, un nouveau livre viendrait compléter sa collection et elle pourrait apprendre de nouvelles choses sur ce monde dès ce soir ! Elle en frétillait d’avance !

Sora se redressa brusquement. Tromper un client ? Elle ? Non mais pour qui la prenait-elle ? Elle faisait certes passer des marchandises illégales aux nez et à la barbe des autorités mais respectait toujours ses clients ! Jamais elle ne les tromperait ! Cet homme avait décidément le don pour la mettre hors d'elle ! Grrrr.... Comment osait-il ?
Elle avança d'un pas décidé vers le petit bourgeois plein aux as, ignorant une fois de plus la présence des hommes qui l'entourait mais cette fois-ci, uniquement sous l'effet de la colère. Aden, lui s'était enfin décidé à quitter le perchoir de la charrette pour se rapprocher de sa patronne qu'il sentait bien trop sur les nerfs pour qu'elle réussisse à calmer le jeu. Mais au moment ou il voulu lui attraper le poignet pour l'empêcher de sauter à la gorge de l'homme enrubandé d'or, Sora esquiva ses doigts sans même s'en rendre compte, laissant le jeune homme figé dans son geste vain (et certainement aussi légèrement conscient du vent qu'elle venait de lui mettre). Il ne pu que la regarder pointer un doigt rageur sur la poitrine lourdement décorées de colliers en tout genre du "client" et sentit du même coup tous les hommes de main retenir leur souffle au cas il leur serait donné l'ordre d'attaquer. Mais Sora ne lui en laissa pas le temps, déclamant d'une voix beaucoup plus calme qu'Aden ne l'aurait crut les mots suivants :

"Qui a parlé de vous entourlouper, Monsieur, qui ? Qui a évoqué le fait de vous extorquer "tout l'or du monde" ? Je voudrais bien le savoir. Sachez que j'ai toujours respecté mes engagements et que jamais je n'ai trompé le moindre client. Seul un idiot pourrait le penser. Et vous n'êtes point idiot n'est-ce pas. Ce serait stupide d'agir ainsi et cela me ferait perdre plus de clients que je n'arriverais à en trouver ! La faillite Monsieur ! C'est donc dont vous m'accusez ! De vouloir ma propre faillite ? Que tout le marché parallèle d'Azthia s'effondre ! Vous désirez donc à ce point perdre votre fortune ?"

Sora épousseta légèrement la chemise de l'homme et éloigna ses doigts de son buste. Puis elle se remis à parler, mais cette fois-ci, on aurait presque crut qu'elle dialoguait avec elle-même et non qu'elle s'adressait à un quelconque interlocuteur.

"Non... Evidemment que non. Vous n'êtes pas stupide. La preuve en est que vous n'êtes pas venu seul ici. Et aussi que vous êtes sur le point d'acheter la marchandise normalement réservée à un autre client. Oui, décidément, vous êtes bien plus malin que je ne le pensais."

De nouveau elle fit face au bourgeois, le regardant droit dans les yeux.

"Mais est-ce une raison pour m'insulter ainsi ! Alors que je viens en honnête commerçante vous vendre ce que j'ai mis des semaines à trouver ! Ce que j'ai réussis à faire passer entre les murs de Ptot tàh sans que personne ne s'aperçoive de ce que je transportais ? Est-ce que je mérite vraiment un tel traitement ? Tout ce que j'ai osé vous demander est un vieux bouquin que personne ne lit plus ! Et ce, simplement pour satisfaire ma curiosité, qui certes, je vous l'accorde, peut être mal placée."

Sora soupira, détournant ses iris dorés du visage de son "client".

"Simplement, il est de nos jours tellement difficile de trouver ce genre de livre que je suis un peu désespérée sur ce point. Les rares exemplaires qu'il reste sont entre les mains de familles comme la votre et je ne peut les rappeler à eux que lors d'entretient comme celui-ci. Aussi vous demandais-je un peu de grâce et d'accepter de me donner un de ces livres s'il vous plaît. Je vous en serai très reconnaissante. Et si le bonheur d'une femme ne vous émeut pas, je rajouterais que vous n'y perdez rien ! Bien au contraire ! Ce noble geste pourrait rendre nos échanges plus réguliers. Ce qui pourrais vous être très profitable étant donné les liens avec les nombreux piliers commerciaux -et même politiques- que j'entretiens un peu partout sur Azthia."

Elle le regarda de nouveau mais cette fois-ci, elle paraissait complètement calme, presque douce.

"Aussi ne pensez-vous pas que discuter calmement ne serait-il pas une meilleure solutions ? En bon commerçant que nous sommes."

Elle tendit sa main, en guise de bonne fois. Peut-être cet homme allait-il enfin réagir intelligemment finalement. Allait-il voir où étaient ses intérêts ou continuer sans réfléchir à la menacer inutilement ?

Oui ! Sora trépignait littéralement sur place. A l’intérieur bien entendu, ça aurait été inconvenant de se mettre à sautiller sur place comme une gamine de cinq ans attendant son cadeau de Noël. Ca aurait sûrement laissé une… mauvaise impression ? Même si elle n’était plus à ça prêt avec cet homme qui, bien qu’ayant accepté sa proposition, semblait ne pas la porter dans son cœur. Cet homme aurait fait un très mauvais marchand et Sora espérait que sa visible fortune ne lui venait pas d’une entreprise récemment donnée par ses parents sans quoi, ils s’en mordraient bientôt les doigts.

« Oh oui monsieur ! Cette affaire est on ne peut mieux conclue ! C’est un plaisir de faire affaire avec vous ! »

Derrière elle, Sora sentie toute la pression qui s’était petit à petit accumulée dans le hangar, disparaître dans un nuage de soupir. Même Aden sembla se détendre un peu. Alalala, il avait encore stressé pour rien ! Ce n’était pas vraiment dans sa nature de s’inquiéter, seulement, depuis qu’il était sous ses ordres, il n’avait de cesse de la sauver des situations dangereuses mais néanmoins saugrenues dans lesquelles elle avait l’art et la manière de s’enfoncer. Une vraie maîtresse en la matière pour vous dire.
A présent, un gracieux sourire tout ce qu’il y a de plus sincère dansait sur les lèvres de la belle almer. Bien entendu, il restait encore de léger détails à régler (comme par exemple échanger la marchandise) mais elle se voyait déjà en train de dévorer sa nouvelle acquisition : le vieux grimoire que l’homme tenait sous son bras gauche. D’ici, elle n’en voyait que la couverture, mais celle-ci semblait âgée de bien deux siècles et était finement reliée. Visiblement, il ne l’avait pas trompée sur la marchandise. Mais elle voulait tellement le tenir dans ses mains !!!
Elle s’approcha du bourgeois, glissa sur son côté droit et passa son bras drapé de blanc sous celui pourpre de l’almer. Elle lui lança un regard confiant pour ne pas qu’il se trompe sur se intention et lui dit d’une voix enjouée :

« Cher client, que diriez-vous de conclure notre accord en ouvrant une bouteille d’un de ces excellents vins cydiens ? Une pure merveille pour les papilles monsieur ! Et puis cela laissera à vos hommes le temps de décharger la marchandise qu’Aden va s’empresser de leur indiquer ainsi que de charger mon payement. N’est-ce pas Aden ? »

Sora lança un regard insistant à son garde du corps qui semblait s’être une fois de plus perdu dans ses pensées –quelque part entre Saturne et Jupiter-. Celui-ci réagit un peu tardivement, comme si on venait de le réveiller et confirma l’ordre de sa patronne avant de se diriger vers l’arrière de la charrette.

« Bien, Monsieur, si vous me le permettez (elle lui tapota légèrement la main d’un geste affectueux), je vais chercher le vin et je reviens tout de suite. Profitez-en pour prendre vos aises sur cette modeste table que j’aperçois là-bas. J’arrive tout de suite ! »

Sans attendre sa réponse, elle lâcha le bras de son client avec délicatesse et glissa dans sa robe blanche jusqu’à la charrette. Elle monta sur le siège avant (manqua de se casser la figure mais se rattrapa in extremis avant que cela ne se voit) et fouilla derrière le dossier. Elle ressortie vainqueur de son combat quelque secondes plus tard, son précieux trophée dans la main, deux verres dans l’autre. Tadaaaaaa ! Un De la Pique, le meilleur du meilleur.
Fière de sa trouvaille, Sora sauta sur le sol et avança tout sourire vers son client qui avait prit place à la table qu’elle lui avait désigné. Elle s’assit en face de lui, posa un verre devant chacun d’eux et s’employa à les remplir tout deux à demi. Ceci fait, elle brandit le sien devant son visage et clama haut et fort :

« A cette affaire si brillamment menée cher client ! »

Elle but une gorgée, savourant le liquide rouge et sucré qui glissait sur sa langue. Quel délice ! Décidément, elle avait bien fait d’en emmener une bouteille en partant de Cydonia. On ne savait jamais, une bonne bouteille de vin pouvait toujours se révéler utile !
Reposant son verre sur la table avec grâce, Sora reporta son attention sur le livre que l’homme avait posé prêt de sa main. Elle lui désigna du doigt, toute frétillante d’admirer son contenu.

« Puis-je s’il vous plaît ? »

L'homme était sans doutes fatigué de tout ça, aussi, quand tu acceptas la proposition et donc que le marché fut conclu, un sourire franc se dessina sur ses lèvres tandis que son regard se déporta sur la charrette derrière toi. Il allait enfin avoir ce qu'il voulait ... et dire qu'à la base, ce n'était même pas pour lui. Quelle aubaine d'avoir su te faire plier à son aise. Non, ça n'avait pas été si facile mais au moins, il avait réussi et seul le résultat comptait. Tu partis cherchais la bouteille de vin tandis que mentalement, il se frottait déjà les mains en allant s'assoir à la table indiquée. Son fessier émit un son sourd en rencontrant la chaise, comme s'il s'était laissé tomber dessus, ce qui était à peu près le cas.
Tu revins enfin avec la bouteille, prête à en boire, et il fit de même, goutant avec joie au vin délicat et sucré qui coulait dans sa gorge. Après toutes les mésaventures qu'il venait de vivre pour te convaincre, il était réconfortant de s'assoir autour d'une table avec un bon vin entre les doigts. Le sourire n'avait pas quitté ses lèvres et à présent, ses traits étaient beaucoup moins tirés, lui donnant l'air plus jeune. Le stress vous faisait faire de ces choses !

A son tour, il bandit son verre de sa main libre devant toi et te rendit la pareille. Il ne pouvait qu'être heureux, comme un gamin, d'avoir obtenu de toi ce qu'il voulait depuis le départ. Bête et méchant sans nul doutes mais assez pour faire plier les gens visiblement. Dans sa tête du moins, tu avais plié et lui avais gagné, tout simplement, il ne fallait pas croire qu'en prime, il allait accepter le fait d'avoir fait des concessions, ce serait bien évidemment occulté de sa mémoire dans les années à venir, les heures.
A ta question, il leva un sourcil. Voyant que certains de ses hommes n'avaient pas bougés, bouchant toujours la sortie, et que d'autres commençaient à décharger le contenu, il se décida à mener le livre jusqu'à ta main. Il fallait bien être une bonne femme pour échanger des baies contre de l'argent certes mais surtout un vieux bouquin qui prenait la poussière depuis des années sur ses étagères.

" Faites donc je vous en prie. "

D'un air distrait, il regarda le débarquement de ce qui allait lui appartenir dans quelques secondes. Ce qu"il avait déjà en sa possession plutôt.

" A cette affaire fructueuse. " répéta-t-il.

Sora prit le livre délicatement, faisant bien attention de ne pas l'abîmer. Elle se contenta tout d'abord d'en admirer la couverture. Sûrement créée entre quatre-vingt et quatre-vingt dix ap CE. Brune, épaisse, en cuir ouvragé. Jolie. On s'était appliquée à écrire le titre et celui-ci se perdait presque dans les arabesques folles des enluminures. Décorée à la feuille d'or. Celui qui l'avait relié l'avait fait avec amour des livres. Il était légèrement abîmé en bas à gauche, mais rien de grave. L'usure du temps.
Sora se permit d'enlever les quelques grains de poussière qui restait sur la couverture, révélant une légère décoloration au bord des ornement. L'humidité avait commencé à attaquer le précieux ouvrage, mais seulement depuis peu de temps. La jeune femme devina que son précédent propriétaire (sûrement le père ou la mère du bouffon qui lui faisait face) aimait beaucoup ses livres et qu'il en prenait grand soin. Mais visiblement, son "client" ne devait pas beaucoup aimer lire -ce qui ne l'étonnait pas- et avait délaissé la bibliothèque familiale pour diverses parades mondaines lorsqu'il avait hérité. Quel dommage. Dire que des trésors de l'Histoire était ainsi perdu au fil des années à cause d'incultes comme le petit bourgeois qui lui faisait face !
Ses doigts glissèrent le long du cuir, osant à peine le toucher. Elle en frôla la bordure, hésita, passa un doigt puis deux, et ouvrit le précieux ouvrage. Les pages étaient jaunies par le temps et paraissaient bien plus vieille que ce qu'elle aurait crut. Les feuilles étaient fines, fragiles, et menaçaient de disparaître en poussière au moindre instant. Sora fronça un sourcil. Ce livre datait de tout sauf de quatre vingt. On avait du refaire la reliure car celle-ci devait être trop abîmée ou quelque chose dans le genre.
Mais Sora n'était pas au bout de ses surprises ! Elle tourna la première page, entièrement blanche. Ou plutôt jaune. Ce qu'elle vit derrière l'étonna au plus au point. Tout d'abord un titre, écrit à la main. Le livre était visiblement manuscrit ! Journal de la création d'un monde. C'était signé par Alim Akh'Mazet ! Et daté de la troisième année après la chute d'Erathia ! Sora n'en revenait pas ! D'après ce qu'elle savait d'Alim Akh'Mazet, il avait été l'un des plus grands architecte de son temps ! Et en regardant la date et le titre, cela ne faisait aucun doute qu'elle venait de tomber sur le journal qu'il avait écrit lors de la création même de Ptot Tàh !!! Ce livre était un vrai trésor en matière d'histoire !
Aden vint la distraire de son étonnement en venant leur annoncer -à elle et à l'almer- que les baies avaient été déchargée. Sora abandonna sa lecture avant de l'avoir commencée et referma précieusement le livre, faisant bien attention à n'en plier aucune page. Alors qu'elle se levait, une feuille s'échappa et glissa sur le sol. La jeune femme se baissa, la ramassa et la plaça distraitement entre les pages du livre, sans regarder ce qu'il y avait d'inscrit dessus. Qu'importe ! La feuille était visiblement beaucoup plus actuelle et seul importait le précieux contenu des dires de ce cher Alim. Ceci fait, elle salua son "client" tout en lui offrant la bouteille de vin qu'ils venaient d'ouvrir et prit place sur la charrette, à gauche d'Aden. Une fois bien installée, elle lui fit signe de faire avancer l'attelage et lança un dernier sourire à l'almer. Son petit trésor était toujours bien à l'abri sur ses genoux. Pas question de le laisser filer celui-ci !

[ Objet remporté : le livre ~> Jacen fera un post dans les Légendes d'Azthia pour t'expliquer ce que contient réellement le livre ^^ ]

Voici ce, qu'à première vue, tu peux déchiffrer de ce manuscrit sans un examen approfondi.

Introduction. (On comprend que cette page, non fixée au livre, a été rajoutée bien après)

"J'ai écris comme me venaient les mots. Mon esprit est encore trop illuminé par ma rencontre avec Iben Yurl et le bonheur de retrouver la terre de nos ancêtres pour tirer des pensées claires et cohérentes.[...] Mais je sentais que le moment était venu de nous construire une histoire, et je serai cet historien. [...]
Bénu est Grand, Acta Benu Yal."



Partie Une du Journal: (datée de 3 après C-E).

Je m'appellerai désormais Alim Akh'Mazet.
D'après Iben Yurl, ce nom signifie "Celui que le Ciel remercie". Je ne pense pas être un homme méritant les remerciements de Dieu, car je viens à peine de m'ouvrir à lui.
Acta Benu Yal mes frères! Il nous a montré la voie, lui qui sait ce qui fut et ce qui sera. Il l'a montré à notre prophète pour notre salut à tous.
Je suis désormais un Almer.
Iben Yurl m'a conseillé de garder trace des nos faits et gestes. C'est bien une première pour moi de rapporter une histoire aux générations futures, moi qui d'ordinaire essaie de la retrouver dans des livres. Voilà que je passe de l'autre côté de l'Histoire, et je prie Dieu que ce Journal puisse être facilement accessible à mes collègues futurs pour ne pas qu'ils vivent le calvaire qui est le mien lorsque toute Histoire a été effacée par un peuple dominateur.
Les prochaines générations pourront-elles se rendre compte de ce que représente la disparition d'Erathia? Je me trouvais à Tamawa ce soir-là, et lorsque la rumeur arriva à mes oreilles je n'y croyais pas. Je me rendais sur place, m'attendant à trouver la Lumineuse sur son trône habituel. Quelle surprise, quelle émotion. Plus que des ruines et de la végétation luxuriante entrain de reprendre ses droits. L'oeuvre d'un Dieu, cela ne fait aucun doute. Acta Benu Yal, il nous a sauvé! Pourquoi les autres peuples refusent-ils cette inéluctable vérité? Nos frères Cydiens, ceux-là même de notre propre sang, pourquoi continuent-ils de se pervertir dans le mensonge et l'oisiveté?[.....]
Car Iben Yurl a vu l'Avenir, Erathia n'est que temporairement endormie. Dans deux cents ans tout au plus, elle sera de retour et accomplira son rêve de domination éternelle!"

[.............]

Partie Deux: Comprendre Erathia pour nos enfants. (Datée de 3 après C-E).

"J'ai eu, par mes travaux, la chance de pouvoir émettre des théories à ce jour les plus plausibles sur ce qu'il y avait avant. [....]
L'origine d'Erathia restera je crois à jamais un mystère. Personnellement, je pense qu'ils ont toujours été là. D'après les vestiges que j'ai pu fouiller, il est probable qu'ils aient commencé par annexer la race Cydienne au sud. Ceci est l'explication la plus réaliste également sur les ressemblances physiques entre ces deux populations: peut-être que les Erathiens étaient des Cydiens plus puissants et plus avancés, ou inversement total.
Les Almers, eux, vivaient dans leur Cité sage de Majarth dans le désert (le nom vient de m'être révélé par Iben Yurl, j'en suis tout ému). Les Astorgs, peuple barbare du nord, ne représentaient pas une grande menace pour Erathia mais pouvaient se défendre becs et ongles dans leurs montagnes difficilement accessibles. Dans le brouillard, les elfes étaient trop coupés du monde pour rappeler leur existence et s'intéresser au sort d'Azthia.
Il ne restait donc que les Almers. Ce peuple éclairé, sage et avancé technologiquement sur les constructions et l'irrigation (à voir les ruines près de Jafa) devaient être un sérieux concurrent pour les Erathiens. Ce qui me permet d'avancer cela, c'est l'étrange volonté de tous les exterminer au lieu des les assimiler: il est quasiment certain qu'un autre peuple aujourd'hui disparu jusqu'à son nom vivait sur Azthia, et comme les Cydiens ils furent assimilés rapidement à l'Empire. Avec beaucoup plus de succès puisque rien ne reste d'eux à part des monolithes gravés. [....]
Erathia avait donc coutume d'avaler un nouveau peuple envahit dans sa masse, mais avec les Almers ils procédèrent différemment. Plus aucun Almer pur de souche n'existe aujourd'hui, et c'est à nous de refonder cette race millénaire et sage.
Le périle de Majarth écarté, rien ne pouvait plus perturber Erathia dans sa domination. Ils annexèrent pacifiquement le royaume de Silmarie et mirent les Elfes sous leur coupe. La seule véritable erreur qu'ils furent fut d'attendre trop longtemps avant de s'attaquer au problème Astorg. Ces derniers, en deux siècles, avaient fait un bon en avant spectaculaire sur le plan de l'organisation et de l'armée. La Cité Lumineuse, plutôt que de continuer à perdre des hommes contre eux, préfèrent les laisser s'asphyxier, seuls sans échanges possibles avec d'autres cités. Mais les fiers Hommes du Nord furent plus résistant que prévu, et aujourd'hui leur triomphe est évident. Seul peuple libre de bout en bout sur Azthia, il faut en tirer une leçon pour l'avenir: Erathia est arrogante, trop confiante en elle, et c'est là le point qu'il faudra exploiter lors de son retour.
Nous sommes des centaines à suivre Iben Yurl, notre prophète. Selon lui, la seule façon de survivre au retour de ce peuple meurtrier qui m'a oppressé si longtemps est de retrouvé la Cité Perdue de Marjath. Que le Benu nous aide, le désert lui ne le fera pas."


Partie Trois: La fondation de Ptot Tàh (datée de 4 après C-E)

"Notre P'yra m'a confirmé à demi-mot ce que je pensais: ce n'est pas l'Oasis du Scorpion, et ce n'est pas le lieu de l'ancienne Marjath. Iben Yurl a menti. Comment le Bénu pourra-t-il lui pardonner? Ou peut-être est-ce sa volonté? Il est indéniable que notre peuple n'aurait pu survivre plus longtemps dans le désert.[....]
Nous construisons donc Ptot Tàh. Le Riel coule non-loin, ses sédiments nous offre le ciment dont nous avons besoin.[.....] Mokh est revenu avec de bonnes nouvelles: une immense mine d'or s'étend au sud. Les Almers vont survivre et se développer. Dès que nous serons installés, je repartirai avec mon équipe chercher Marjarth. Le désert est immense et le temps presse: nous n'aurons peut-être pas deux cents ans devant nous finalement."



Le reste est écrit en ancien Almer et va nécessiter une lecture plus minutieuse. Tu pourras le faire si tu le souhaites dans un nouveau topic en décrivant ton travail, j'y répondrai avec le MJ.