| Sujet: [Fini][153][F-A] Nouvelles terres de mon cœur et compagnon de voyage apprivoisé Dim 18 Sep - 8:06 | |
| Cela fait un mois que je suis parti pour la deuxième fois, seul, de Cydonia. Kyle m’a entraîné et tout appris, du moins en théorie. J’ai suivi tous ses conseils puis, grâce à ça et grâce au temps, j’ai grandi et je suis véritablement devenu un homme. En taille, je pense avoir encore quelques centimètres à prendre, mais la masse musculaire que j’ai acquise me convient tout à fait. Je sais cependant que je ne serai jamais un aussi bon guerrier que mon Maître. Je suis encore immature et certaines des techniques qu’il m’a enseignées me semblent encore trop violentes... mais je sais que la violence n’est pas seulement une question de savoir faire ou de force, à présent. En avoir conscience me permet d’avancer et de vouloir apprendre encore des milliers de choses en continuant mon métier de Guide.
Peu après mon entraînement, j’ai entendu parler de nouvelles contrées, découvertes par des professionnels. Celles-ci, apparemment aussi grandes qu’Azthia, voire plus, ont leur propre gouvernement et leur propre culture. Une aubaine pour moi. Immédiatement, j’en informe mon père et je l’invite même à se joindre à moi. Mais il me dit que plus le temps passe et moins il a envie de quitter Cydonia, même pour une courte durée. Légèrement déçu mais maintenant habitué à voyager seul grâce à ma première expérience à Erathia, je décide alors d’explorer ce nouvel univers qui s’offre à moi à une période de ma vie où je suis justement confiant et plus avide de découvertes que jamais. Quelques jours plus tard, j’apprends que le peuple Jinmen adore et vénère les elfes... je me dis, sans grande prétention, que ce voyage risque d’être fort agréable.
Voilà que je me retrouve ici. Avec les quelques informations récoltées à mon arrivée sur ces Terres, j’ai préparé un genre de circuit qui me permet d’explorer un maximum de villages et de nature. Je décide donc de commencer par Hoshizora et de continuer sur Koubaï pour finir par Arano et Amamizu. Bien que ce parcours ne semble pas logique à tout le monde, je préfère commencer par explorer la capitale avant de m’attarder sur les autres villes ; je pense finalement repasser par Koubaï à mon retour en Azthia. J’apprends aussi qu’une cité nommée Isil est uniquement réservée aux elfes... et j’hésite à y pénétrer, n’étant moi-même qu’un demi de cette race. Finalement, je préfère ne récolter que quelques informations à propos de cette dernière ville et de me concentrer sur l’exploration de toutes les autres.
Une fois mon parcours terminé, je me rends compte qu’Hoshizora est l’endroit que je préfère le moins car les habitants sont très différents des autres. La plupart sont des nobles et la manière de vivre ainsi que leur accueil sont très particuliers, très froids et formels. Cependant, l’architecture est magnifique et la nourriture excellente. Après quelques semaines passées dans cette ville, je commence à comprendre la logique de la langue et les coutumes qui sont aussi diverses que les créatures que l’on peut rencontrer de « l’autre côté du monde ». En parlant de créatures, la faune et la flore sont aussi très variées et je me plais à faire quelques croquis de tout ce que je peux rencontrer ici. Pendant quelques jours, j’essaye de pratiquer mon métier avec des touristes et autres curieux venus d’ailleurs et je tente, au mieux, de leur transmettre le coup de cœur que je commence à ressentir, même dans cette ambiance cadrée et spéciale.
Koubaï est sans conteste la ville que j’ai préférée. Les gens y sont très accueillants, très souriants et leur hospitalité est réellement plaisante. Il suffit en plus que je précise que je suis demi-elfe et j’ai droit à des dizaines de cadeaux ; je décide d’ailleurs d’accepter les bijoux et autres ornements que je me dépêche d’accrocher à mes oreilles. Les habitants de cette ville sont très proches des animaux et, comme je m’en sens particulièrement proches aussi, ils m’apprennent quelques astuces pour apaiser un cheval agité, par exemple. Je reste cependant moins longtemps qu’à Hoshizora, car je veux y repasser et partager encore beaucoup de choses avec ce peuple.
C’est dans la ville d’Arano qu’étrangement j’ai fait le plus de rencontres. Étrangement car cette ville au climat difficile à supporter pour moi a fait que je suis peu sorti de chez les personnes qui ont bien voulu m’accueillir. Cependant, la plupart des habitants étant des courtisans, les femmes étaient plus charmantes qu’ailleurs et plus ouverte à la discussion. Je ne nie pas avoir passé dans quelques lits. Mais une certaine lassitude m’a saisi lorsque je suis reparti pour la ville suivante. J’aime les femmes, certes, et je les respecte au plus haut point. Je m’assure toujours que les demoiselles avec qui je passe mes nuits sont volontaires et qu’elles ne veulent rien de sérieux. A vrai dire, je ne sais pas pourquoi je ne veux pas de relation sérieuse... Je pense souvent à Elyncia, mais ça fait tellement longtemps que je ne l’ai pas vue que j’ai de la peine à me rappeler ses traits exacts. Cependant, je me demande, si elle avait bien voulu de moi, si j’aurais réellement voulu créer une belle histoire. Je suis amoureux d’elle, mais je l’idéalise beaucoup trop pour que la relation soit saine. Malgré tout, je veux la revoir... et aucune autre femme ne peut la remplacer actuellement.
C’est à Amamizu que j’ai poursuivi mon entraînement plus intensivement. Avec l’aide des citoyens, j’ai appris d’autres techniques et j’ai pu perfectionner celles que je connaissais déjà. Bien qu’ils combattent avec un style très différent du mien, j’ai inventé mes propres prises et mes propres enchaînements avec ce qu’ils m’ont enseigné. J’ai aussi pu, pour la première fois, monter sur un bateau et tenter de le manœuvrer... sans grande réussite. Mais les marins et les combattants de cette ville ont été tellement sympathiques que ça m’a bien donné envie de la découvrir, surtout qu’il s’agit de la première ville portuaire dans laquelle je peux rester si longtemps. C’est dans cet environnement que je me suis rendu compte que le temps passe extrêmement vite. L’année que j’ai passé en Terres Jinmen est maintenant presque terminée, je maîtrise la langue et je me prépare à me rendre à nouveau à Koubaï pour profiter des derniers moments ici. J’ai tout de même hâte de retourner à Cydonia et raconter tout ça à mes proches.*** Je décide de passer mes deux derniers mois dans ce village que j’ai tant apprécié et je vais loger dans une auberge dont j’ai entendu parler souvent, grâce à sa réputation : l’Auberge des Milles Chemins. Je fais connaissance avec le gérant qui est un homme très sympathique (mais totalement irresponsable) et avec ses deux filles. La première, une jeune femme très charmante, me présente le lieu et ses environs. La deuxième, une petite fille très éveillée, adore me parler au moins deux heures avant d’aller se coucher. Après deux jours à réfléchir à ce que je veux réellement faire ici, l’ainée des filles me fait des avances et je fais l’erreur d’y répondre en passant la nuit avec elle. Une erreur car elle a totalement craqué sur moi... et je ne veux pas de ce genre de relations.
Je finis par entendre parler, par des clients, du Clan de la Licorne, dont les membres sont réputés pour être d’excellents dresseurs d’animaux. J’ai réfléchi à cette possibilité en me disant qu’un oiseau, en premier lieu, pourrait me servir d’éclaireur pour quelques missions ou si je ne me rappelle pas de l’emplacement de zones. On m’indique comment les trouver et, sur le chemin, je ne tarde pas à rencontrer un vieil homme, qui m’aborde gentiment.- Je suis un membre du Clan que vous cherchez, il me semble, me dit-il en souriant et me dévisageant. Les nouvelles vont vite, dans le coin. Je peux voir que vous êtes vraiment beau... mais que vous n’avez pas d’oreilles pointues ! Êtes-vous tout de même un elfe ? De toute ma vie, je n’en ai pas vu beaucoup.- Ma mère était une elfe, oui, mais mon père est cydien, lui réponds-je avec le sourire.- Oh Seigneur... je suis très heureux de vous rencontrer ici !Je me gratte la tête, un peu mal à l’aise de voir à quel point il est content de me voir, alors que nous venons de nous rencontrer. Il saisit ensuite ma main, la tapote légèrement et me demande de le suivre, qu’il a quelque chose à me montrer. Après quelques minutes de marche dans un silence total, il m’amène vers une sorte de petit refuge situé derrière sa maison. C’est comme s’il avait lui-même construit une caverne miniature. Il me regarde, place son index sur sa bouche et me fait un signe d’avancer encore. Plus nous nous approchons et plus j’entends des bruits venant de l’abri. Cela ressemble à des cris d’oiseau... et je le vois enfin. Un épervier magnifique qui a encore quelques plumes d’oisillons, mais qui doit sûrement bientôt les perdre pour laisser place à son habit de jeune adulte. Il est dans son nid et vient d’attraper un petit rongeur ; il le déguste tranquillement, sans faire attention à nous. En chuchotant, l’homme m’explique quelques choses.- Sa mère l’a abandonné dans son nid alors qu’il venait d’éclore. J’entendais ses piaillements du haut de son perchoir et je me suis décidé à grimper le chercher. Une fois ceci fait, je lui ai construit cet abri au sol pour pouvoir veiller sur lui, mais il s’est finalement tellement bien débrouillé que je n’ai même pas eu besoin de lui apprendre à voler ! Pas loin d’ici, des dresseurs ont fabriqué une volière ; je l’ai amené quelques fois pour qu’il voit d’autres oiseaux voler, mais c’est tout ce que j’ai fait pour lui. Et maintenant que je vous rencontre, j’aimerais... je pense que vous seriez à la hauteur pour l’apprivoiser et devenir son précieux compagnon de route.Je suis étonné qu’il me dise tout ça, surtout qu’il ne me connait pas et que je n’ai jamais domestiqué aucun animal (même les chevaux que j’utilise pour mes voyages sont déjà très bien dressés). Mais en regardant l’oiseau plus attentivement, je peux voir et comprendre que lui aussi a dut se battre pour en arriver à déguster son repas de lui-même, sans l’aide de personne. Il relève la tête et ses yeux dorés me font arrêter de respirer. Il avale son bout de viande, pousse un petit cri et s’envole précipitamment dans ma direction. Par réflexe, je mets mes bras devant moi, n’ayant pas le temps de me baisser pour l’éviter... mais finalement, il ne m’attaque pas comme je le pensais. Il s’agrippe à mon avant-bras droit et, bien que ses serres me fassent mal, il a pris soin de se poser délicatement. J’essaye alors de le maintenir sur mon bras en observant l’air détaché qu’il a pris juste après ça, comme si ce qu’il venait de faire était naturel. L’homme écarquille les yeux et commence à rire aux éclats.- Eh bien, on dirait qu’il vous aime déjà bien ! Depuis sa naissance qu’il est ici et je n’ai jamais pu le toucher ! C’est une raison de plus pour vous le confier. Allez par là-bas ! Il faut commencer le dressage au plus vite !Il me pousse pratiquement vers le milieu du passage et m’indique la volière dont il m’a parlé juste avant. Sans me poser plus de questions, je m’y rends en supportant le picotement des griffures qu’il vient de me faire et sur lesquelles il appuie encore. Sans savoir réellement pourquoi, je lui cherche déjà un nom et je finis par ne pas chercher plus loin. Je me concentre sur l’effet qu’il m’a fait tout à l’heure, celui d’une tempête. Il sera désormais Storm, mon épervier et compagnon de voyage apprivoisé... du moins, je l’espère.*** Les dresseurs ont commencé par m’expliquer comment entretenir un oiseau de cette envergure. En fonction du mode de vie que j’ai et de la manière dont je veux qu’il soit présent à mes côtés, ils m’ont bien expliqué comment m’occuper de Storm et de tout ce qui le concernait. Son régime alimentaire est libre, puisqu’il sait chasser seul et n’a pas besoin de toilette particulière. Cependant, s’il est blessé ou troublé, il faut que je développe une certaine empathie envers lui pour l’apaiser et comprendre sa douleur. Avant de m’apprendre comment lui demander des services, les dresseurs m’enseignent comment détecter les signes qu’il m’envoi et comment différencier chacun de ses mouvements pour être en totale osmose avec lui. La tâche est compliquée parce que penser comme un rapace n’est pas toujours facile... mais avec le temps, il me semble que j’arrive à le comprendre et à saisir la plupart de ce qu’il veut me faire comprendre. J’ai l’impression qu’il m’apprécie davantage après cette phase-là.
Une fois ceci passé, les dresseurs me montrent d’abord quelques manières de dresser mon oiseau et me disent surtout que je peux choisir d’autres techniques que les leurs. En gros, c’est à moi de choisir comment je veux que Storm m’avertisse du danger, comment il me montra une zone ou comment il transmettra un message à quelqu’un qui ne peut pas le comprendre. Pour éviter trop de confusion, je préfère appliquer ce qu’ils me montrent bien que le lien que j’ai maintenant avec Storm, au bout d’un mois à être le plus proche possible de lui, me semble bel et bien unique. Finalement, même si le dressage me demande encore trois semaines d’effort et de concentration, j’arrive à quelque chose et je me sens vraiment proche de cet animal si libre et si obéissant en même temps.
Je sais que ce que nous vivrons ensuite ensemble ne fera que renforcer ce lien. Et je me prépare déjà à être blessé s’il l’est également... je pense que c’est pareil pour lui. J’ai eu plusieurs fois l’impression de l’avoir choisi, mais en fait c’est bien lui qui est venu vers moi et qui décide aujourd’hui de m’obéir et de maintenir ce lien avec moi. Cependant, si un jour je suis capable d’entendre ses conseils, j’ai le sentiment que c’est plutôt moi qui suivra sa sagesse de rapace, oiseau de malheur dans les légendes, mais précieux compagnon de cœur et de vie pour moi dès aujourd’hui. |
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