[D-P] Pluie et brume... ( PV Ithilion ) fini

Fynia était réveillée depuis maintenant une bonne heure, mais rien ne put la décider à sortir de son lit confortable. La respiration tranquille de Vague au dessus de sa tête ne l'aide en rien à se motiver pour se lever. Cela faisait maintenant deux jours qu'elle était en ville et l’ennui qui grandissait en elle commençait à sérieusement lui taper sur les nerfs. Elle roula sur le côté en regardant par la fenêtre. Il fallait encore qu'elle se rende chez son Grand-père, sinon il allait encore lui reprocher de ne pas être venue le trouvée avant de qu'elle ne reparte dans ses explorations du monde. L'envie de retrouver Vey pesait aussi sur son cœur. Fynia Se retourne avant de caresser la petite boule de fourrure qui dormait profondément sur son coussin. Le père d'Anawiel était quelqu'un d'agréable, enfin, pour tout le monde sauf pour Fynia, et au caractère aussi fort que sa petite fille. Leur divergence d'opinion partait souvent en débat grossier auquel il fallait ajouter une pointe d'insultes. Les deux têtes de mule finissaient toujours par trouver un accord commun pour cesser les hostilité devant une tasse de thé bien chaude. Son bras vint se poser sur ses yeux pour les protéger des faibles rayons du soleil. Nonchalamment, elle tire son drap avec sa main libre jusqu'à ce qu'il recouvre son visage puis elle lâcha un profond soupire. Des pas dans le couloir la fit se redresser, s'appuyant sur ses coudes. Qui pouvait bien pénétrer chez elle sans frapper à la porte..? Celle de sa chambre s'ouvrit et un vieillard apparut dans le cadre de cette dernière. Dans sa jeunesse, l'homme dut être d'une grande beauté, désormais, vestige du passé, des rides s'étaient dessinée de par et d'autre de son visage. Sire Nolith en personne et dans ses bras ce trouvaient une multitude de robes, chemisiers, jupes et autres vêtements. Oh, non... Tout cela n'était pas de bonne augure pour la jeune femme. Un sourire malicieux aux lèvres, il s'avança dans la la pièce et fit une élégante courbette, Fynia n'y répondit pas. Déposant les tissus aux pieds du lit. Malgré son âge avancé, il était encore plein d'énergie. Dans son autre main, il tenait une canne, bien que son dos ne le fasse pas souffrir, il prenait un plaisir étrange à marcher avec cet objet. Son clébard le suivait, bien évidemment, et paraissait excessivement nerveux. Son don pour le dressage lui venait directement du père de sa défunte mère. Le loup avait les yeux rivés sur le coussin où s'était nichée la fouine.

" Bien le bonjour ma chère petite fille ! Je vous ai apporté vos présents pour votre vingt-sixième année, bien que je sois en retard de quelques mois. "

Trop aimable... Elle était moyennement convaincue, mais c'était l'intention qui comptait, non ? Non. Il entrait chez elle sans s'annoncer et elle devait l'accueillir à bras ouverts ? Ses appartements n'étaient pas un moulin. Lui était très content. Fynia le congédia peu de temps après sous prétexte qu'elle devait maintenant se vêtir, étant donnée qu'elle avait reçu tant de belles choses. Soulagée de la voir partir, lui et son loup, se pencha pour faire un constat de ses présents. Rien ne lui plut vraiment, sauf cette jupe courte, certes, mais jolie qu'elle porta avec un chemiser de couleur sobre. Après quelques essaies, elle observa son reflet dans la glace. Certes, le décolleté était... Intéressant..? Elle se trouva très bien comme ça. Vague s'étira langoureusement et tenta, dans un saut peu convaincant, d'attraper les manches de la robe. L'Élémentaire la repoussa aisément avant de chausser des bottes sombre. Il fallait fuir, et vite, avant qu'il ne revienne voir le résultat. Elle saisit une cape rouge, attacha le ruban rouge puis s'engagea dans la rue. Vague bondit dans son dos et grimpa avec facilité jusqu'à son épaule. Elle avançait rapidement dans la ville, elle entendu au loin, son Grand-père qui lui cria: " Je savais que vous choisiriez celle-ci ! " Il n'y avait pas de mot pour décrire à quel point cet homme la mettait hors d'elle. Était-il réellement obliger de l'agacer dès qu'il en avait l'occasion ? Elle arriva enfin dans les écuries et là se fut les garçons d'écurie qui prirent sa mauvaise humeur de plein fouet. Bien qu'elle en fusse désolée, elle ne put se contenir. Les brides de sa monture dans une main, elle passa les portes de la cité à côté de Souvenir.

* * *

Arrivée dans la brume des collines, elle le débrida qui sauta en avant pour détaler. Il fit encore un bond avant de partir au galop, disparaissant dans le brouillard. Son hérissement retentit quelque secondes avant que sa sa silhouette réapparut. Fynia croisa les bars, un demi sourire aux lèvres, en fixant l'étalon qui fonçait tout droit sur elle. Il s'arrêta à un souffle d'elle puis commença à faire une ronde autour de la jeune femme. Prenant une allure qui fit le rendait beau, il décrit quelques cercle avant de venir piaffer face à elle, révérence qu'elle lui rendit, pleine d'élégance. Sa main vint flatter l'encolure de Souvenir avec tendresse. L'écume au poitrail, l'étalon repartit se promener. Fynia et Vague le suivaient derrière, à leurs rythmes. Le jeune mâle s'amusa à faire fuir un groupe de corneilles, mais l'une d'entre elle resta au sol. La jeune s'en approcha. L'une de ses ailes fut prise dans des ronces, elle l'aida à sortir du buisson épineux. L'oiseau fixa Fynia, restant dans sa main, puis un bruit dans le dos de la jeune femme la fit prendre son envole. Les oreilles de Souvenir se tournèrent en direction des bruissements, l’Élémentaire pivota et un homme se rapprocher. Une fois la distante réduite, elle reconnut l'homme de la veille. Elle sourit à Vague, qui s'était mise à gigoter sur son épaule, puis pencha la tête sur le côté en observant l'inconnu, se demandant ce que lui voulait le Cydien.

"Tiens, encore vous. Vous me suivez ou vous m'avez encore confondue avec quelqu'un ? "

L'air familière de la caverne s'insuffla dans ses narines. Un mélange d'humidité et d'odeur de terre, désagréable à soutenir lorsqu'on arrivait de l'extérieur, les poumons remplient d' oxygène fraiche. Peu à peu, ses yeux s'habituèrent à la pénombre repoussée à certains endroits par le faible halo de quelques torches. Rien n'avait changé ici depuis son départ. Personne n'était tombé sur cet endroit. Seul le temps avait marqué son absence en recouvrant l'ameublement d'une pellicule de poussières.
Revenir ici le mettait mal à l'aise. Pourtant, il sentait que les épaisses parois agissaient comme une cage géante sur son esprit, contenant ainsi l'espèce de brouillard féroce qui se propageait en lui de jour en jour.
Son regard se posèrent sur la petite table posée au fond de la salle. Son coeur se mit à battre violemment au contact de ce souvenir. Sur le plateau, des traces sombres partaient du bord, remontant jusqu'au centre ou se dessinait une énorme flaque noir.

" La main puissante plaqua le bras d'Elionne contre la table pour l'empêcher de se débattre. Cette dernière pleurait à chaudes larmes, complètement dépassée par les évènements. Ses supplications venaient se briser pitoyablement contre l'immense rempart de folie se dressant à l'intérieur de l'agresseur. Ithilion n'était plus que spectateur, complètement impuissant, anéanti, avec pour seul espoir que tout finisse au plus vite avant que...."

Ses doigts effleurèrent le bois rugueux de la table. A un instant, il sentit une aspérité plus profonde qu'à la normal. Pendant une dizaine de secondes, il regarda l'amas de poussière qui venait de se loger sur sa peau, uniquement de la poussière....

"Un hurlement perça la pénombre. Le déchirement se répercuta contre les murs créant un écho sinistre qui se mêla aux sanglots fatigués de la saltimbanque. Deux lames épinglaient ses paumes contre le bois s'abreuvant perfidement du sang s'écoulant à flot..."

Le cydien plaqua sa main contre son coeur. Ses pulsions étaient si rapides et si violentes qu'il avait l'impression qu'il se détacherait de son corps. Malgré la température pourtant fraiche à l'intérieur de la grotte, de la sueur perla sur son front. Sa respiration devint saccadée, comme si l'air avait du mal à arriver jusqu'à ses poumons.
L'ambiance pesait lourdement sur ses épaules tout à coup. D'un pas mal assuré, il se dirigea vers les marches menant à l'air libre.

* * * * [HS : et vi, mon post c'est un 4 étoiles moi *o* *sort loin*]

Les collines avaient une fois de plus revêtues leur couverture de brume. Marcher quelques minutes à l'intérieur de ces nuages flemmards déplacés par la brise du vent eut un effet apaisant sur ses nerfs. Les images violentes venaient de rouvrir des blessures à peine cicatrisées.
A travers l'écran de brume, une silhouette se découpa finement au fur et à mesure qu'il s'en approchait. Encore secoué par la scène revécue si brutalement, deux joyaux émeraudes le fixaient avec tristesse. Sans savoir pourquoi, Ithilion tendit sa main en sa direction. Geste complètement désespéré. La réalité le rattrapa impitoyablement, enfonçant d'avantage sa lame dans son coeur. Deja bien gonflé de tristesses et de remords, celui ci ne résista pas au coup de grâce. L'illusion se volatilisa pour faire place à une autre demoiselle, toute aussi jolie, mais loin de ressembler à Elionne. Alors que les larmes commençaient couler le long de ses joues, l'individu lui demanda avec une gentille pointe d'humour dont il se serait bien passé :

"Tiens, encore vous. Vous me suivez ou vous m'avez encore confondue avec quelqu'un ? "

-Toi, grogna le cydien en essuyant ses larmes l'aide de son index. Décidément, tu ne me portes pas chance...

Deux fois qu'il croisait sa route en peu de temps, deux fois qu'il la confondait avec des êtres proches. Le destin voulait l'achever avec une des ces facéties douteuses ? Ou alors son stade était -il plus avancé qu'il ne se l'imaginait ? Non, il ne pouvait pas céder comme ça. Rompre sa promesse serait encore plus impardonnable que l'acte commis.

-Je suis désolé de t'avoir importuné. reprit-il en s’asseyant sur l'herbe humide. Je me pose juste quelques secondes et je m'en vais, ne t'en fais pas.

Un silence s'installa autour d'eux. Ithilion ne sentait pas encore prêt à retourner à la grotte, et il ne pouvait pas repartir sans avoir terminé l'épreuve imposée. Du coup, il allait devoir attendre que ses pensées décantent avant.

-Tu m'as l'air d'être une grande amie des animaux, demanda-t-il finalement pour passer le temps et briser ce silence qui devenait vraiment agaçant. Que fais tu dans la vie ?

La fouine eut un mouvement de recule, Fynia ne broncha pas. Bien qu'elle remarqua que le Cydien ne fut pas d'humeur à la plaisanterie, la jeune femme ne pût s'empêcher de le fixer les larmes qu'il prenait grand soin d'essuyer. L'étalon se détourna d'eux en hennissant, retournant à ses propres occupations ; il prit le galop filant droit devant lui telle une flèche. Fynia tapotait la tête de Vague quand il s'adressa à elle.

-Toi. Décidément, tu ne me portes pas chance...

Il fit deux erreurs en une seule phrase. La jeune femme fit craquer élégamment son annuaire gauche puis fit un demi sourire à l'homme. De quel droit se permettait-il de la tutoyer et en quoi sa chance pouvait être influence par sa petite personne ? Franchement, si elle avait eu le choix, elle aussi aurait préféré croiser une toute autre personne que ce Cydien. Le général par exemple plutôt que le rustre qui se tenait en face d'elle. Au moins, Anarel ne la mettait pas mal à l'aise de par ses "absences". Avant qu'elle ne pût le blâmer pour son impolitesse, il enchaîna tout en prenant place à même le sol ;

-Je suis désolé de t'avoir importuné. Je me pose juste quelques secondes et je m'en vais, ne t'en fais pas.

Fynia ne trouva pas la force de lui asséner de réplique sèche et dénuée de sympathie. En fait, elle ne trouva rien à lui dire. Les mots, pourtant piquants à souhait de la jeune femme, la fuyaient. Un silence lourd était à présent aussi encré entre eux que la brume entre les collines. Tant dis qu'elle scrutait le plus discrètement, sans pour autant être impolie, son propre visage n'affichait aucun sentiment. Comme si quelque chose l'empêchait de se détendre en sa présence. Quelque chose n'allait pas chez cet homme... Il apparaissait de nul part, la tutoyait, lui reprochait une chose dont elle ne comprenait pas la source, il s'excusait ( une chose de positive, une ), s'asseyait dans l'herbe et elle dev-...

-Tu m'as l'air d'être une grande amie des animaux. Que fais tu dans la vie ?

Fynia redressa la tête, elle ne parvenait pas à saisir le comment du pourquoi il osait se permettre d'être aussi familier avec elle, alors qu'elle ne le connaissait que d'une brève conversation durant laquelle le général de l'armée Silmarienne n'avait cesser de le question ainsi que de le suspecter. Elle devait engager la discussion avec ce type sans arrière pensée ni gêne ? Elle lui coula un regard en coin dubitatif. La fouine se glissa le long du corps de sa maîtresse puis descendit au sol. Une fois ces quatre pattes dans l'herbe humide, Vague s'approcha du Cydien avec une lenteur extrême, un peu comme si il allait lui sauter dessus à chaque seconde qui passait. Elle parvint finalement saine et sauve à la hauteur de son genou. Fynia se crispa soudainement, elle ignorait pourquoi sa fouine semblait absolument vouloir le renifler de plus près et une peur qui n'avait pas vraiment lui d'être se mit à lui ronger le cœur, elle murmura une chose à peine audible à l'intention du mustélidé qui avait maintenant posé ses deux pattes avant sur le genou pour avoir un meilleur appuis, dans le but évident de se grimper sur l'homme. L’Élémentaire se trouva dans l'incapacité totale de bouger. Elle laissa donc la petite boule de poils faire "ami-ami" avec... Avec qui déjà..? Agra-... Agranos ? Ou quelque chose dans le même genre. Peu importait. Tant qu'il ne blessait pas sa petite Vague.

" Arganos, si je me souviens bien. Je ne pensais même pas que cela puisse m'arriver un jour. Vous êtes d'une impolitesse. Je ne vois pas en quoi je suis mêlée à votre chance ET je ne crois pas vous avoir permis de me tutoyer. Quant à ma vie, elle ne vous concerne en rien. "

Elle était irritée par le toupet de cet homme mais ses yeux ne se posèrent que brièvement sur lui, elle fixait l'adorable créature qui se trouvait maintenant au niveau du ventre d'Agranos qu'elle reniflait avec ardeur. La Sang-Mêlée pria les Dieux pour qu'il ne la batte pas... et si cela devait se produire, Fynia n'était pas sûre de pouvoir se contrôler.

Une chose était certaine; il la dérangeait. Les micros expressions qui s'affichaient sur son visage un quart de seconde témoignaient de l'opinion qu'elle se faisait sur sa personne.
La petite boule de poils qui l'accompagnait descendit de ses bras pour s'aventurer près de lui. Le souvenir sans doute de la pomme généreusement donnée la dernière fois. Son nez pointu renifla rapidement en sa direction, puis elle posa ses deux pattes avant sur ses genoux; une demande de permission de pouvoir grimper qu'ithilion accepta en tapotant doucement ses cuisses en signe de bienvenu.

"
Arganos, si je me souviens bien. Je ne pensais même pas que cela puisse
m'arriver un jour. Vous êtes d'une impolitesse. Je ne vois pas en quoi
je suis mêlée à votre chance ET je ne crois pas vous avoir permis de me
tutoyer. Quant à ma vie, elle ne vous concerne en rien.

-Cela serait sans doute un peu long à t'expliquer, lui repondit Ithilion en regardant la fouine arriver au niveau de son ventre. En ce qui concerne le tutoiement, je n'ai pas la forme pour m’embarrasser de civilité inutile.

Lorsqu'il approcha sa main de l'animal, il vit le corps de la silmarienne se raidir. Ses yeux noisettes fixaient avec attention les doigts du cydien.

-Ne t'en fait pas, la rassura t-il en glissant deux doigts le long du dos de la fouine. Je ne suis pas le genre m'adonner à la violence sans raison

"-ITHI!!, hurla la voix déchirée. Je t'en pries !! Reviens à la raison!

Les supplications et les larmes d'Elionne provoquèrent en lui une grande satisfaction. Un frisson de plaisir parcouru son corps. Il en voulait d'avantage ! Cette drogue provoquait en lui une cupidité malsaine qui lui faisait croire que le manque consumerait son corps.
Son poing droit se serra, puis se planta brutalement sur la joue de sa victime dans un bruit mate...."

Ce nouveau flashback retourna le coeur du cydien. Son regard se planta dans celui du petit animal qui le regardait avec insouciance. Une simple pression suffirait pour éteindre cette vie insignifiante comme on éteindrait une bougie. Mais pourquoi le ferait-il ? Nulle ne devrait avoir le droit de mort sur autrui. Et pourtant, ce n'était qu'un simple animal, sans conscience, sans pensées. Tuer un humain lui paraissait tellement plus facile et moins barbare.

-Fynia ? Si je me souviens bien, demanda ithilion en relevant la tête. Pourquoi avez vous peur de moi ? Pourquoi rejetez vous toutes relations qui tentent de s'immiscer dans votre vie ?

Le fait qu'ithilion lisait dans les personnes comme dans un livre ouvert ne l'aidait pas beaucoup à creer des liens. Surtout face à un tel caractère que celui de Fynia. Inutile d'être voyant pour deviner la réaction de la fougueuse femme. Pourtant cette flèche tirée justement allait peut être lui apporter une réponse quand à son cas.

-regardez, fynia, quel genre de tableau peut entrainer la solitude...

Autour d'eux, sur l'écran presque opaque formé par le brouillard, l'illusion se peignit petit à petit. Les formes et les couleurs grimpèrent sur ce mur blanc comme si il était de pierre. Un bal psychédélique ou rien n'était homogène faisant ressortir au final un résultat chaotique. Rien n'avait sa place, les formes mêmes harmonieuses ne s'alliaient pas en elles, les couleurs pour la plus part ternes ou agressives se juxtaposaient hideusement. Par dessus ce chef d'oeuvre qui continuait de se développer, Ithilion reprit à l'attention de son interlocutrice avec une voix dépourvue de toute intonation :

-La folie...la dépression....et puis au final...

Tout devint noir. Fynia avait beau se trouver seulement à trois pas de lui, il ne la distinguait même plus. La fouine, n'étant pas touchée à l'illusion, se retourna pour voir sa maitresse. Le dernier mot quitta la bouche du cydien dans un murmure presque imperceptible. Traversant l'air devenue subitement glaciale :

-La mort...

Le spectre noir se dissipa un petit bout de temps après. La lumière reprit son droit, l'épaisse écharpe de brume les enveloppèrent à nouveau. Une nouvelle goutte perla au coin de son oeil.

-Cela serait sans doute un peu long à t'expliquer. En ce qui concerne le tutoiement, je n'ai pas la forme pour m’embarrasser de civilité inutile. Ne t'en fait pas. Je ne suis pas le genre m'adonner à la violence sans raison.

Il joint les gestes à la parole en caressant avec douceur l'animal qui émit une sorte de ronronnement de complaisance ce qui arracha une grimace à la jeune femme. Eh bien... Serait-elle jalouse de l'affection soudaine de sa compagne pour un inconnu ? Inconnu des plus inquiétants qui plus est. Fynia ne sut pas d'où venait cette inquiétude qui la rongeait en présence de cet homme, mais, ici encore, il semblait être ailleurs, comme si ses souvenirs l'envahissaient totalement... Etait-ce cela qu'il lui reprochait ? De faire resurgir son passé, le prenant entièrement au dépourvu. Elle se mordilla la lèvre, ne sachant absolument pas comment réagir, puis elle prit la décision de le planter là. Avant qu'elle ne se retrouve en proie à l'effrois et qu'elle se mette à faire une crise d'angoisse, violente au point que le souffle lui manque. Rien en lui ne l'inspirait confiance et elle n'avait absolument pas envie de lui faire confiance. L'Elémentaire s'apprêtait à prendre la poudre d'escampette lorsqu'une phrase d'Agranos la cloua sur place mais ce qui l'empêcha réellement de bouger vu le regard éteint qu'il posa sur elle.

-Fynia ? Si je me souviens bien. Pourquoi avez vous peur de moi ? Pourquoi rejetez vous toutes relations qui tentent de s'immiscer dans votre vie ?

Pourquoi refusait elle de s'ouvrir aux autres ? Parce que s'attacher aux gens, créer des liens, aimer simplement, lorsque l'on perdait tout cela, lorsque l'on était abandonné, que l'on perdait se lien à jamais était la plus violente des douleurs que l'on pouvait ressentir et Fynia ne supporterait strictement pas de perdre encore quelqu'un qui fut cher à ses yeux. Lorsque sa fouine mourrait, la Guide perdrait une partie de sa vie avec elle. Elle fit craquer ses phalanges puis sa mâchoire, laissant tomber entre eux un silence lourd, autant que l'air qui se chargeait. Un orage allait éclater dans peu de temps, soit.

-regardez, Fynia, quel genre de tableau peut entrainer la solitude...

Des couleurs abjectes et dissociées se mirent à ramper sur la brume. Celle-ci semblait s'être changée en un mur solide. Tout autour d'elle, le tableau aux formes qui ne coordonnaient pas l'une avec les autres avaient fini par formé une bulle autour d'eux. Fynia sentit une boule se former dans sa gorge. Ainsi, il était illusionniste et il prit l'initiative de la toucher de son art sans même lui demander son accord. Il allait apprendre à ne pas lui faire de coup comme celui-ci à l'avenir. La jeune femme était déstabilisée en perdant tous ses repaires. La cerise sur la gâteau, il ajouta d'une voix sans vie:

-La folie...la dépression....et puis au final...

Puis les formes et les couleurs disgracieuses se firent engloutir par un noir d'encre. Pire qu'une nuit sans lune. Fynia dut se faire violence pour ne pas faire converger toute l'eau de la rosée environnantes dans sa gosier. Elle l'entendit murmurer quelque chose qui lui sembla être ces deux mots;

-La mort...

La lumière du jour reprit ses droits peu après. Soulagement pour l'Elémentaire qui tourna la tête dans direction d'immenses nuages sombres qui grondaient au loin. Parfait ! Son élément allait s'abattre avec violence sur leurs têtes. D'un geste de la main rapide, elle rappela la fouine à ses côtés. Le petit animal obéit sans se faire attendre. Fynia fit à nouveau craquer ses phalanges dans un accès de colère. Puis elle posa délicatement l'une de ses mains sur sa hanche avant de redresser haut la tête faisant ressortir ses trait elfiques. Elle choisissait avec soin ses mots, elle ne souhaitait plus être la douce Fynia qui avait eu de la peine pour un pauvre type blessé par la vie. En fait, il lui insufflait plus qu'un sentiment de pitié désagréable. Méprisante, voilà ce que la jeune femme était devenue en une fraction de seconde; hautaine. Elle le fixa de ses yeux d'ambres, un feu de rage étincelait dans ses iris puis ses lèvres pulpeuses se muèrent en un rictus mauvais. L'Elémentaire prit la peine de s'éclaircir la voix avant de parler de sa voix enjôleuse.

" Que les choses soient claires, Agranos, jamais, vous entendez, jamais plus vous ne vous accaparez le droit de comparer votre misérable vie à la mienne. Votre solitude vous mènera sans doute à votre perte, certes, mais je suis loin d'être seule. Vous ne me connaissez pas et n'avez, en aucun cas, le droit de me dire comment je dois gérer ma vie. " Elle toussota puis continua, sans hausser le ton pour autant. " Une dernière chose, après je vous laisse vous lamenter sur votre pauvre sort. N'usez plus de votre pouvoir d'illusion sur moi, sinon je vous fais gouter à la douceur de l'eau qui se répand avec lenteur dans vos veines jusqu'à ce que mort s'en suive. "

La pluie se mit à tomber dans une fine danse, accalmie après la tempête aux yeux de la jeune femme, la fouine finit par aller s'abriter dans le corset de sa maîtresse, Fynia se tourna en direction de l'endroit où sa monture avait filer quelque temps au par avant, se désintéressant complètement du Cydien.

Le regard sombre que lui jeta la Silmarienne lui annonça la tempête proche. Il s'attendit presque à voir des éclairs sortir de ses yeux pour le foudroyer sur place. De toute évidence, avoir été ainsi projeté dans une illusion d'une telle intensité ne lui avait pas beaucoup plus. Le cydien avait senti l'angoisse de sa cible lorsque les couleurs s'étaient envolées pour laisser place à un néant plus noir que les ténèbres.
Sans se démonter, l'elfe s'éclaircit la voix avant de se lancer dans une tirade piquante conçue pour le transpercer de part en part :

"
Que les choses soient claires, Agranos, jamais, vous entendez, jamais
plus vous ne vous accaparez le droit de comparer votre misérable vie à
la mienne. Votre solitude vous mènera sans doute à votre perte, certes,
mais je suis loin d'être seule. Vous ne me connaissez pas et n'avez, en
aucun cas, le droit de me dire comment je dois gérer ma vie.
Une dernière chose, après je vous laisse vous lamenter sur votre pauvre
sort. N'usez plus de votre pouvoir d'illusion sur moi, sinon je vous
fais gouter à la douceur de l'eau qui se répand avec lenteur dans vos
veines jusqu'à ce que mort s'en suive. "

En guise de réponse, Ithilion haussa simplement les épaules, dépité que l'on puisse se voiler la réalité à ce point juste pour préservé un tant soit peu de dignité. L'homme pouvait être stupide à ce sujet; certain même préférait mourir que de perdre leur fierté ou leur honneur sans même essayer de pouvoir les récupérer. Tout comme lui. S'ôter la vie était tellement plus facile et tellement moins fatiguant.
Quoi qu'il en soit, la jeune femme, vibrant encore de colère, rappela sa fouine d'un simple regard. Cet dernière s'échappa de ses bras pour remonter fissa dans ceux de sa propriétaire. Au même instant, quelques gouttes vinrent s'écraser sur la joue d'Ithilion. Puis d'autres atterrirent sur ses bras. Un nuage de pluie passait au-dessus de leurs têtes. Fynia se détourna sans s'intéresser d'avantage à l 'étrange personne toujours assise sur l'herbe pour retrouver sa monture.

Alors qu'il regardait silencieusement la silhouette fondre dans la brume, son oreille capta des bruits de pas s'approchant en sa direction. Du coin de l'oeil, il discerna un groupe d'une dizaine de personnes. Lorsqu’en fin, il réussit à voir plus précisément les traits de leurs visages, Ithilion sentit un danger imminent. Aucun de ces hommes ne se ressemblaient, il y en avait des barbus, des gros, des petits,... Pourtant, tous avaient deux points communs : ils étaient armés et leurs regards déterminés pointaient vers leur objectif. Lui. Arrivés à quelques mètres, l'un des mercenaires se détacha du lot et s'avança en brandissant un papier en ajoutant sur un ton autoritaire :

-Ceci est une autorisation de libre-libre agir pour pouvoir t'arrêter et/ou de te tuer ou que tu sois, Agranos Deskir. Mes compagnons et moi avons été payés par des familles de tout azthia puissantes pour que cesses ta folie meurtrière. Suis nous sans opposer de résistance et il ne te fera fait aucun mal en attendant l'heure de ton jugement.

La demoiselle avait choisis le bon moment pour partir. Ses yeux s'étaient arrêtés sur le tatouage que portait le porte parole sur le dessus de sa main: Une demi-lune traversée par une épée. La compagnie de la nouvelle lune, un groupe très important de mercenaires agissant dans l'ombre du quotidien pour accomplir toutes les demandes de contrat. Bien que leurs méthodes divergeaient complètement, leurs nombres, leurs forces et leurs moyens faisaient d'eux de grand concurrent à l'Ordre. Indy savait donc parfaitement à qui il avait à faire. D'habitude, ils filaient leurs cibles quelques jours pour en connaitre d'avantage puis ils passaient à l'action. Cela signifiait donc qu'en théorie, ils étaient au courant de ses talents d'illusionniste suite à sa disparation devant le général Anarel. Et le pire, ils avaient réussi à le retrouver ensuite dans les vingt-quatre heures. Une situation bien délicate. Sans en être encore sur, Ithilion se douta que ce groupe n'était pas venu seul, sinon ils ne se seraient jamais montrés de façon si direct .Et le plus dérangeant dans tout cela, parmi eux se trouvait forcément une ou deux personnes capables de dissiper ses dons d'illusionnistes.
heureusement rien n'était perdu encore car l'homme, passé maitre dans l'art de la ruse et de la tactique, comptait bien leur mettre des bâtons dans les roues. Depuis le temps qu'il attendait une telle confrontation avec ses rivaux.

-Qu'imaginez vous ? leur lança Ithilion avec un grand sourire ironique. Que je vais pouvoir fuir à la compagnie de la nouvelle lune ?

En geste de résiliation, il présenta ses bras au mercenaire pour qu'il puisse lui lier les poings. Avec une extrême précaution et sans quitter le cydien du regard, il sortit des menottes abimées par l'age et rouillées par l'humidité, puis s'approcha de leur futur prisonnier. Ses sens en alerte et son instinct de survit lui sauvèrent surement la vie. L'étrange bout de papier qui venait de se déposer sur le sol s'illumina en une fraction de seconde. La déflagration passa à quelques centimètres du visage de l'homme, lui brûlant au passage quelques poils de sa barbes hirsutes.
Ni une, ni deux, le fugitif ne perdit pas de temps et s'élança vers l'endroit ou avait disparut Fynia au par avant. Un poignard se logea dans la paume de sa main droite. La course dura une bonne dizaine de secondes. Le groupe de mercenaire s'était élancé à sa poursuite et s'apprêtait à le rattraper quand il aperçu la monture baie devant lui, avec sa cavalière sur le dos.

-Sauvé...lacha t-il rassuré.

A peine eut-elle le temps de comprendre, qu'ithilion se retrouva dans le dos de Fynia grâce à une magnifique voltige calculée au millimètre près. Le fil de la lame se plaça contre la gorge de la demoiselle, ses talons buttèrent sur les flancs du cheval qui s'élança alors au triple galop.

-Désolé d'employer de tels méthodes, s'excusa le cydien à l'oreille de son otage. Je sens d'ici la rage qui bouillonne en toi, seulement il va falloir faire ce que je dis, sinon tu risques de ne plus vagabonder longtemps. Il y aura dédommagement, sois en sure.

A présent, il devait être hors de danger. Pour autant, il ne ralentit pas l'allure, cette compagnie était réputée pour être extrêmement tenace. Dans ses bras, ithilion sentait les vibrations de la colère vibrant dans tout le corps de Fynia. Un moment inattention et cela serait la fin.
Un sifflement aigu transperça l'air. L'explosion de douleur accompagnant le bruit mat arracha un cri de douleur à Indy. La flèche qui venait de lui transpercer l'épaule provenait d'un archer de ses poursuivants. Le round n'était toujours pas terminé.

-Ses gens sont des fous, pour eux tu es maintenant une complice, alors si tu tiens à la vie, tu as intêret à être coopérante.

La jolie Sang-Mélée caressait doucement l'encolure de son cheval dont la robe s'assombrissait avec la pluie fine. Celle-ci dessinait autour des deux animaux et de la demi-Elfe une espèce d'aura lumineux. Fynia avait besoin de se changer les idées: les propos du Cydien s'écrasaient sans cesse contre les parois de son crâne si bien qu'elle avait lâcher la bride de Souvenir pour se masser délicatement les tempes, en espérant que la douleur s'estompe, tandis que ses souffrances furent perçue par Vague qui s'évertua par la suite à frotter gentiment sa tête, tout en déplaçant la main pour la remplacer, voulant soulager sa maîtresse. Bien qu'elle ne soit qu'une petite fouine trempée, tremblotante et têtue. Fynia jeta un rapide coup d'oeil à son état: sa somptueuse robe rouge n'était plus qu'un tissu détrempé et sombre qui se plaquait contre sa peau la rendant incroyablement squelettique. Ses cheveux blonds collaient sur ses joues, son front et lui barrait le visage affectant légèrement sa vue. Elle était glacée son manteau la protégeant à peine de la pluie mais sa beauté n'était en rien détériorée. Elle prit délicatement la fouine avec ses deux mains pour la laisser se glisser dans son corset, fermant du mieux qu'elle le pouvait le haut de sa cape avant d'entreprendre d'essorer négligemment le torchon rougeâtre qui lui faisait, malencontreusement, office de vêtement. Ballottée par le pas lent de sa monture agrémentée du souffle régulier qui sonnait comme l'accalmie qui surgit après une tempête sur le port de Cydonia, apaisèrent peu à peu la jeune Elementaire. Si elle avait su que l'homme dont la voix et les paroles qui la hantaient allait débarquer de manière violente à l'arrière de sa monture, elle ne serait pas restée dans les parages à médité sous la pluie sur les problèmes existentiels de sa vie, de sa solitude et des barrières qu'elle construirait entre elle et le reste du monde.

Le choc de la collision de son dos contre le torse d'Agranos la fit lâcher la bride. Le souffle coupé par l'étonnement et la brutalité du geste qui suivit. Une lame aussi gelée qu'aiguisée lui effleura la gorge, ce qui l'a rendit à demi consciente. Son corps tout entier se raidit, soudainement un noeud se forma dans le creux de son ventre. Le murmure dénudé de douceur ou de vie fit naître en elle un étrange sentiment... Un sentiment qu'elle n'avait pas ressenti depuis des années; une peur indéfinissable.

" Désolé d'employer de tels méthodes. Je sens d'ici la rage qui bouillonne en toi, seulement il va falloir faire ce que je dis, sinon tu risques de ne plus vagabonder longtemps. Il y aura dédommagement, sois en sure. "

Tout se mélangea dans son esprit hébété. Le passé, le présent puis ils se lièrent l'un à l'autre. Elle ne parvenait pas à saisir le sens de ses paroles. Il ne lui fallu que quelques secondes de plus pour revenir à elle. Sa peur se mua en une haine inconditionnée. Son sang battait fiévreusement dans ses veines. Fynia serra les poings, si fort que ses jointures auraient pu se briser, tentant de garder son calme, les mots du Cydien résonnait dans sa tête mais la Sang-Mélée ne parvenait pas à les comprendre, la rage qu'elle éprouvait contre son agresseur grandissait en elle. Il avait osé troublé la tranquillité de la jeune femme, mit à terre tout ce qu'elle s'évertuait à garder pour elle, cherchant volontairement à faire sortir tout ce qu'elle était parvenue à enfouir au fond d'elle durant toutes ces années... Elle allait craquer... Devenir violente et ne pourrait sans doute plus se contrôler comme elle s'avait si bien le faire. Le battement rapide du petit coeur de Vague qui tapait contre sa poitrine eut pour effet de lui rendre son sang-froid.

L'orage se rapprochait grandement, il grognait au loin, chargeant rapidement l'air d'électricité. Souvenir ne tarderait plus à devenir encore plus nerveux. Son anxiété naturelle croissant par la présence de l'inconnu sur son dos, la fureur de sa propriétaire et pour couronner cette sublime situation, l'orage qui grondait non loin devant eux. D'ailleurs, il n'y avait pas uniquement de quoi s'inquiéter à l'avant, non, les mercenaires les suivaient de près, un rapide coup d'oeil par dessus l'épaule d'Agranos lui indiqua qu'ils étaient bien trop proche et son cheval ralentissait, la peur l'empêchait de continuer à avancer. Son souffle commença à s'accélérer, s'épuisant inutilement à cause du stresse. Un cri retenti, elle mit une minute avant de se rendre compte qu'une flèche avait fendu l'air pour se loger dans l'épaule du fou qui la tenait en otage. Dans un éclaire de lucidité, elle dégagea le poignard de sa gorge, reprit les brides de son étalon et se pencha vers son oreille droite. Elle se mit à chuchoter de façon posée et rassurante à Souvenir.

Ce qui eut pour effet de l'apaiser ainsi que de le remettre d'aplomb. Il allongea sa foulée, tous ses muscles étaient tendus, il n'y avait plus qu'une seule chose qui semblait compter dés a présent : survivre. Fuir le danger le plus loi et le plus rapidement possible. Le souffle commençait à lui manquer, tandis que Fynia continuait de l'encourager encore quelques foulées et l'épaisse brume des collines élfiques les dissimulerait. Elle se moquait bien de savoir si la blessure de cet idiot était grave ou pas. Tout ce qu'elle voulait, c'était mettre à l'abri les siens. Vague, curieuse de savoir ce qui se passait pour qu'ils soient victimes d'une telle agitation. Elle se hissa sans effort sur l'épaule de la demi-Elfe puis attirée par l'odeur du sang, elle se glissa sur le Cydien malgré le fait que Fynia n'arrêtait pas de la rappeler. Reniflant la plaie et ce sans être dénuée d'arrière pensée puis son attention fut retenue par les hommes qui les poursuivaient, elle descendit alors agilement le long du dos du blessé pour se mettre sur l'arrière train du cheval et de tendre le nez pour humer les odeurs des mercenaires. Vague fit un demi tour rapide et s'agrippa aux vêtements d'Agranos pour grimper, il ne fallut seulement qu'une fraction de seconde pour qu'une deuxième flèche perça l'air venant s'enfoncer dans la chair de la petite boule de poils blanche, la seconde suivante ils entraient dans le brouillard.

Un gémissement si fit entendre avant que la créature chute. Sans réfléchir, Fynia tendit la main dans sa direction, formant une bulle d'eau autour de la fouine et de la ramener à elle. Le petit corps chaud laissait échapper un faible sifflement, lâchant les brides et Souvenir alla se perdre dans les collines et s'arrêta de lui-même une fois qu'il fut hors de danger. La jeune femme mit un coup de coude sec dans l'épaule meurtrie du Cydien, le faisant tomber sur le sol avant de descendre puis de poser le corps de Vague au sec dans sa cape qu'elle retira rien que pour la fouine. Son regard ambré brûlait de haine en se posant sur le Cydien, elle ne pleura, ne hurla pas, elle resta simplement silencieuse puis elle s'approcha de lui, posant sa main sur le bout de la flèche qui s'était logée dans son épaule pour la retirer lentement de sa chair. La lâchant à ses pieds.

" Je devrai vous tuer pour avoir mis en danger la vie de Souvenir et de Vague. Mais je préfère voir votre plaie s'infecter et vous ronger lentement le bras jusqu'à ce que vous serez obligé de le faire couper. "

Elle lui tourna le dos pour venir ouvrir la cape et caresser avec une douceur infini la petite fouine blanche qui respirait avec toute la difficulté du monde. Retiré la flèche ne servirait à rien, la jeune femme ne le savait que trop bien. Un gémissement de désespoir s'échappa de ses lèvres pour fendre l'air. Voilà, elle était à nouveau en train de perdre un être qui lui était cher, un membre de sa famille allait encore mourir sans qu'elle ne puisse rien faire pour empêcher la mort de lui enlever l'un de ses compagnons. Pourquoi elle ? Pourquoi Vague, un petit être aussi pur devait lui être arraché ? Elle la câlina derrière l'oreille, la fouine ouvrit un oeil bleu pour la fixer, Fynia lui sourit.

" C'est bientôt fini Vague... Tu ne souffriras plus, je te le promets. "

Les petits flancs continuaient de se soulever lentement, elle referma son oeil, apaisée par la voix cristalline et douce de la jolie blonde qui l'acheva proprement et rapidement. Elle retira la flèche puis Fynia enfouit son nez dans la fourrure du minuscule corps sans vie sous le regard inquiet de Souvenir. Elle resta silencieuse, pleurant sans larme et son émettre un seul son.

Le brusque coup de coude de la cavalière le projeta impitoyablement contre le sol. La terre mouillée par la pluie lui amortit quelque peu la chute, mais la violence du choc ajouté à la douleur de sa plaie le sonna complètement. Lorsque Fynia mit pied à terre, elle se dirigea lentement vers lui, le regard brulant d'une haine destructrice. La perte de son petit animal part sa faute devait être un horrible crime à ses yeux, car souvent, ce genre de personne renfermé portait toute leur affection en leur petit compagnon fidèle. Le second trait de l'archer venait de faucher une vie précieuse pour cette elfe, d'où sa réaction violente dont ithilion ne se doutait pas jusqu'à quel point s'abattra sa vengeance.
La fine main douce et délicate de Fynia se resserra autour de la tige de bois toujours enfoncée profondément dans sa chair. Pourtant son geste fut tout le contraire; en ôtant lentement, bien lentement la flèche de son épaule, tandis que la pointe de fer charcutait l'intérieur de son dos. Ithilion dut serrer les dents pour ne pas hurler de douleur.

" Je devrai vous tuer pour avoir mis en
danger la vie de Souvenir et de Vague. Mais je préfère voir votre plaie
s'infecter et vous ronger lentement le bras jusqu'à ce que vous serez
obligé de le faire couper

Le ton de sa voix était glacial, ainsi que chargé de tout le mépris que l'on pouvait avoir à l'égard d'une personne venant de lui faire perdre quelque chose de précieux. La flèche tomba à ses pieds, puis Fynia se désintéressa de lui pour retourner son attention vers la petite chose agonisante aux creux de ses mains.

Toujours allongé à même le sol, ne pouvant encore se redresser à cause des douleurs lui irradiant les muscles du dos, Ithilion réfléchissait à un moyen de s'en sortir. Son épaule gauche complètement bloquée par le trait qu'il avait reçu rendait par la même occasion son bras et sa main inutilisable. Dans son état, il ne pourrait aller bien loin sans l'aide de la femme à cinq mètres de lui. Autant dire qu'il était dans de beaux draps.
Sa dernière solution, profiter de l'instant de faiblesse de Fynia. Bandant sa volonté, il s’efforça de se redresser à l'aide de son bras droit. Une horrible grimace crispa son visage tant que la douleur était intense. Il lui fallut une bonne dizaines de seconde pour être enfin sur pied. Petit pas à petit pas, il s'approcha de l'elfe dans une démarche boitant, un simple coup de vent aurait suffit à l'envoyer bouler.

-Ecoutez Fynia, je suis désolé vraiment navré pour votre compagnon. Je sais qu'il vous tenait vraiment à coeur....

Le passage du tutoiement à ce registre plus polie n'était pas un fait du hasard; Ithilion ne voulait pas échauffer d'avantage le courroux de la demoiselle.

-Si je peux faire quoi que ce soit po...

Sa phrase fut coupée par un petit miracle. La petite bestiole entre les doigts de sa propriétaire poussa un faible gémissement et se remit à trembler. Apparemment la mort avait refusé de passer prendre l'âme de la fouine tout de suite.

-Mais..elle n'est pas encore morte !? s'étonna Ithilion en s’approchant un peu plus de la petite miraculée. Fynia, amenez moi à Silmarie, je connais quelqu'un qui pourrait soigner ! C'est la moindre des choses que je puisse faire. Qu'en dites vos ? Prenez une décision rapidement car je doute qu'elle tienne encore longtemps. Ensuite je disparaitrai votre vie à tout jamais.

Vague poussa un autre couinement de douleur avant d'être prise d'une série de convulsion. Tout ceci devrait alarmer l'elfe qui ferait n'importe quoi pour sauver son animal. En tout cas, Ithilion espérait que l'amour qu'elle portait à cette petite chose surpasserait sa haine envers lui.
Le visage du Cydien regardait fixement Fynia, une expression de sincérité et d’inquiétude y était peint. Mais tout n'était que comédie. L'illusionniste ne savait combien de temps il pourrait tenir cette illusion , sa blessure l'avait complètement épuisé et l'empêchait de rester concentré a cent pourcent.

-Allez vite chercher votre monture, la pressa Ithilion. Il ne faut perdre de temps. Voulez vous que je prenne les rennes, ou que je tienne votre animal pendant la chevauchée ? Vous ne pourrez faire les deux.

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, l'herbe grasse et aux timides rayons du soleil se feront champs de feu. Le silence cédera sa place au chant des oiseaux et le monde s'éveillera petit à petit, sortant lentement de son cocon de glace. Dans ce décor que le temps semblait avoir figé, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[Désengagés : Fynia, Ithilion ]

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