Depuis quelques temps déjà, la petite princesse bis suivait les enseignements au Temple par intermittence certes de façon à être au final plus de la moitié de l'année chez elle, mais néanmoins par passion. Jelenna s'était en effet battue bec et ongles pour obtenir de sa sœur plus que de sa mère d'ailleurs, l'autorisation de poursuivre autant une carrière Sentinelle qu'une éventuelle carrière de Templier de l'Aube. La petite fille ne comptait pas embrasser cette voie totalement, même si ce n'était pas l'envie qui lui en manquait, en réalité, l'Amazone avait seulement l'intention de s'ouvrir un peu plus aux valeurs défendues au Temple qu'elle semblait la plus à même de partager. Ainsi, la petite fille aux bouclettes blondes s'était-elle chargée de convaincre sa mère, ce qui ne fut pas bien difficile ou tout du moins beaucoup moins qu'elle ne l'aurait cru de prime abord. Eléa avait été le réel problème.
Jelenna avait toujours noué un lien particulier avec sa sœur ainée tout comme elle avait toujours eut tendance à rester sous sa protection, trouvant cela plus simple que de se défendre par soi même mais depuis son enlèvement, la princesse bis avait beaucoup changé. Elle avait notamment appris à pardonner mais surtout, elle était devenue malgré elle une réincarnation de déesse et à ses yeux, Diane n'était pas vindicative. Son choix s'était porté sur les Templiers pour plusieurs raisons. A ses yeux, la paix ne durerait pas longtemps tant que la jeune génération, la sienne en somme, continuerait de se leurrer et de se battre pour un rien, pour des concepts qui la dépassait totalement. Ensuite, la petite fille se disait tout simplement que le Temple était l'endroit rêvé pour apprendre à connaître son père sans la pression qu'offrait Muria à ce dernier et enfin, Jelenna avait tout simplement envie de suivre sa propre voie. A peu de choses près, voilà les raisons qui avaient plus ou moins motivées son choix.

Le temps avait passé et finalement, Eléa comme Kiera, son nouveau professeur en matière de Sentinelle, s'étaient faites à l'idée qu'elle vivrait un peu moins de la moitié de l'année loin de leur protection car certes, une Amazone restait en permanence avec elle et, la plupart du temps, Eléa était dans les parages quand elle n'était pas occupée par le Tribunat, mais ce n'étaient pas non plus la Chef des Sentinelles. La plus talentueuse quoi selon les rumeurs … de quoi faire un peu peur quand on savait que la gamine avait fait l'objet d'un enlèvement non ? Mais Jelenna était douée, elle était une Sensible particulièrement précoce et surtout, elle était obéissante et particulièrement douce et patiente contrairement à sa sœur ainée. En d'autres termes, Jelenna se plaisait au Temple comme elle se plaisait à Muria, sorte de seconde maison.

Jacen.
Finalement, il était le personnage principal de cet étrange choix. Depuis que Jelenna avait rencontré son père, qui se trouvait être celui d'Eléa également, ce qui avait eut tendance à renforcer le lien entre elles déjà pourtant plus fort que n'importe quel autre lien qu'elle aurait pu tisser avec Aerin par exemple, la petite fille voulait tout savoir de lui. Lorsqu'elle était prisonnière, Jacen était venu lui parler en rêve ou plutôt, son esprit à elle était allé à sa rencontre. Il lui avait appris les rudiments de l'Esprit et comment se prémunir face aux « attaques » sentimentales des gens l'entourant. Si Jelenna était beaucoup moins douée dans ce domaine que la princesse héritière, elle était en revanche particulièrement douée en terme d'empathie. Jacen d'ailleurs fière d'elle et si la petite fille n'avait jamais vraiment cherché à faire la fierté de ses parents, laissant cela à son ainée, elle se sentait tout de même heureuse de constater que Philéa comme Jacen aimaient ce qu'elle entreprenait et ce, malgré les éventuelles erreurs qu'elle pouvait faire.
Une petite habitude était née entre le père et la cadette et, en l'absence des triplés ou d'Eléa pour distraire Jacen, Jelenna pouvait profiter de ces précieux moments pour en apprendre plus sur son paternel. Ce dernier lui avait proposé quasiment dès son intégration au Temple de déjeuner dans l'auberge la plus connue de la cité et la jeune fille avait accepté bien volontiers. Depuis, cette habitude ne s'était jamais perdue et Jelenna devait bien avouer qu'il était agréable de sortir un peu du Temple. Elle était parmi les plus jeunes élèves et sa position de princesse, bien qu'elle n'en use pas, faisait parfois que les autres apprentis la laissaient de côté. Si la petite Amazone avait su se faire des amis et ne manquait de rien, elle chérissait sincèrement ces rencontres familiales d'autant que vivre loin des siens lui pesait.

Jelenna n'avait jamais eut un sens de l'orientation particulièrement développé, en réalité, la jeune fille n'était que rarement sortie du palais avant l'an 150 et les rares fois qu'elle l'avait quitté à partir de là l'avaient conduite à se faire kidnapper aussi, on pouvait dire que son expérience du monde était un peu … comment dire, nulle ou presque ? Du moins en terme d'orientation. Pourtant, elle avait su trouver l'auberge seule là où d'ordinaire, elle était accompagnée de son père ou de la Sentinelle. Aujourd'hui, la Sentinelle en question avait cédé face aux prunelles de l'enfant et son père était trop occupé pour l'accompagner. Jelenna avait donc pris la décision de venir seule cependant … elle était arrivée avec beaucoup trop d'avance ! A moins que son père ne soit fichtrement en retard …
Lorsque la petite demoiselle pénétra dans l'auberge, la chaleur d'un bon feu la réchauffa quasi instantanément. Hésitante, elle referma néanmoins la porte derrière elle, cherchant du regard son père. Son manteau de couleur crème était doublé de fourrure au niveau des poignets et de la capuche, l'empêchant certes d'avoir froid dehors en ce début d'automne mais peu adapté à la chaleur ambiante. Elle déboutonna le vêtement tout en scrutant d'un air anxieux les lieux. Jacen n'était pas encore arrivé …
Jelenna fut l'espace d'un instant prise de panique, ne sachant quoi faire. La femme de l'aubergiste s'approcha et lui sourit, la reconnaissant, avant de lui demander gentiment si tout allait bien.

« Je cherche mon père » répondit péniblement Jelenna, luttant contre sa timidité.

La jeune femme chercha l'homme du regard dans la salle mais son constat fut le même que la petite Amazone, Jacen n'était pas encore arrivé. Jelenna se maudit d'avoir voulu partir la première, d'autant qu'elle n'aimait pas se retrouver seule et ce, même si l'auberge était des plus tranquilles. Elle répondit à son interlocutrice qu'elle allait l'attendre près de la porte et celle-ci la rassura avec un nouveau sourire.
Résultat ? Jelenna se trouvait à attendre son père juste à côté de l'entrée, incapable de faire autre chose. Repartir lui semblait tout aussi idiot que de rester mais au moins était-elle au chaud ! Et puis ... Jacen ne tarderait pas à arriver n'est-ce-pas ? L'Amazone l'espérait en tout cas. C'est qu'une petite fille de dix ans dans une auberge … ce n'était pas vraiment commun !

[Suite à un MP de Eléa, je poste en sautant le tour de Cassie]

Flowène but une autre gorgée de thé. Regardant avec nonchalance les allées et venues des personnes du Bar. Mais ce fut seulement au bout d'un petit moment que l'une d'elle attira son attention Elle était petite, sûrement enfant, ce qui était peu commun dans un Bar (et Flowène parlait d'expérience). Mais ce qui étonna encore plus Flowène, ce fut la voix de la jeune fille. Elle reconnaissait cette voix... Mais d'où ? Raa, c'était frustrant ! Flowène accentua son attention, et quand elle reconnut enfin la jeune fille ce fut un choc : LA PRINCESSE JELENNA !
L'Elfe se serait sûrement levée immédiatement si une autre femme, assise près de la cheminée, ne l'avait pas frappée aussi. Mais cette fois, l'Elfe la reconnut aussitôt : Lyvie ! Mais que faisaient la Capitaine des Lionnes et la petite princesse ici ?! Bon d'accord, on pouvait se poser la même question pour elle, mais elle était tout de même moins célèbre. Pour Jelenna, elle avait une idée. Flowène avait entendu parler évidemment d'une rumeur qui disait que la princesse n'habiterait plus seulement à Muria, mais elle passerait aussi une partie de l'année à Tamawa. Elle avait complétement oublié ce « détail ». Par contre pour Lyvie, là, elle n'en avait aucune idée. Elle se leva donc, prit sa consommation, et alla s'assoir près de la Sentinelle qui avait prit de quoi manger. Avec un sourire convivial, elle se présenta :

Bonjour, je suis Flowène, Sentinelle de Muria, de la section des Faucons. Vous êtes bien Lyvie ? Capitaine des Lionnes ? C'est étrange que nous nous rencontrions ici, vous ne trouvez pas ?!

Etrange, mais Flowène n'avait plus envie d'être seule. Au contraire, elle ne connaissait pas Lyvie personnellement, c'était l'occasion rêvée. Même si discutait avec Jelenna lui disait moyen, elle ne trouvait rien à redire à parler avec Lyvie ! Au contraire !

Jelenna n'était pas vraiment le genre de petites filles à aimer prendre la parole ou à se faire remarquer. Sa mère comme sa sœur ainée regrettaient bien souvent son caractère effacé en ce sens que si la petite fille n'avait pas envie de s'interposer dans leur discussions, elle avait en revanche des idées très posées sur les choses qui aidaient bien souvent les deux femmes à prendre leur décisions. Pour peu que cela ne touche pas trop à la politique, Jelenna pouvait être une aide très précieuse, son calme et sa patience jouant également beaucoup et ce notamment, sur le caractère de son ainée. En l'occurrence, Jelenna n'était pas du tout à l'aise dans une telle situation et la petite fille allait même jusqu'à se demander ce qu'elle allait bien pouvoir faire … Son père avait la fâcheuse habitude à être en retard et pour une fois, la petite était en prime arrivée en avance. Les deux mauvais sorts conjurés ensemble avaient tendance à lui rendre la vie difficile !
D'un air distrait, la petite fille parcourut la salle des yeux mais son angoisse et sa déception lui voilèrent les yeux au point qu'elle fut incapable de reconnaître qui que ce soit. Bien entendu, la jeune princesse bis avait dans un premier temps pensé à contacter son père par le biais de l'Esprit mais elle se doutait que son retard était du à une quelconque personne en difficulté ayant besoin de ses services ou encore, à une quelconque tâche administrative qui ne pouvait pas attendre. Jacen était tête en l'air mais Jelenna se savait précieuse à ses yeux et si elle n'en profitait jamais, elle aimait ce sentiment d'être aimée d'un amour inconditionnel.

L'Amazone hasarda un pas en direction du bar avant de se raviser. Sa place n'était déjà pas dans une auberge vu son âge et elle ne tenait pas à faire de mauvaises rencontres bien que l'auberge en question soit des mieux famées qu'elle connaisse. La propriétaire l'avait reconnu et semblait veiller sur elle du coin de l'œil lorsque ses clients ne l'accaparaient pas. Si la petite fille avait du mal à dire si elle l'appréciait ou non, elle ne pouvait en revanche que la remercier pour cette attention.
Jelenna attendait.
Son père était-il donc tellement en retard ou le temps se bornait-il à passer si lentement qu'elle avait l'impression d'être là depuis des heures ?
Son cœur se serra à l'idée de devoir rentrer seule si Jacen n'avait pas le temps de venir. En règle générale, elle venait avec lui et repartait avec lui ou dans le pire des cas, Eléa était à ses côtés mais là, elle était seule. Seule au milieu d'inconnus même si l'auberge lui était familière … Perdue dans ses pensées, hésitant encore entre rentrer au Temple au risque de se perdre ou encore, de manquer Jacen et de l'avoir ainsi obligé à gâcher son précieux temps pour un rendez-vous manqué et rester sur place au risque de devoir attendre jusqu'à ce que la nuit ne tombe et devoir donc dans tous les cas rentrer seule, Jelenna n'était pas réellement consciente de ceux qui l'entouraient. Ainsi, elle réprima un sursaut tant bien que mal lorsqu'une voix de jeune femme se fit entendre non loin. Relevant la tête dans sa direction, la petite fille constata qu'elle la connaissait.

Il fallut une seconde à l'enfant pour se souvenir du prénom et d'où elle connaissait la femme qui lui avait gentiment proposé de partager sa table. Capitaine des Lionnes, bien entendu, Lyvie, celle qui avait remplacée Gaya à la tête de la prestigieuse légion des métamorphes. Finalement, les cours de Philéa sur l'armée et le Conseil se révélaient fort utile même si son interlocutrice avait pris la peine de se présenter. Jelenna lui sourit timidement, se demandant si elle ne risquait pas de gêner à la table de la demoiselle avant de se rendre compte qu'une autre convive s'y trouvait déjà. Hésitante, la petite fille ajouta, presque sur la défensive, comme si se trouver en ces lieux avait pu signifier tout autre chose aux yeux de la Capitaine :

« Je … j'attendais mon papa ! »

Elle s'était presque écriée au point d'en rougir de honte. D'autant que le terme « papa », si elle y tenait énormément, était sans doutes déplacé dans la bouche d'une enfant princière. Sans parler qu'elle n'était plus tout à fait une enfant …

« J'accepte avec plaisir ! » tenta-t-elle de se rattraper, « je dois avouer que je meurs de faim … et que votre compagnie sera plus agréable que celle des courants d'air ! »

Jelenna avait tenté une note d'humour. En réalité, l'enfant était peu habituée aux contacts « Amazone ». Elle sortait peu de son palais au sein de Muria et suivait les cours certes tantôt à l'école mais essentiellement au sein du palais. Ce n'était pas contre les Amazones, la petite princesse bis appréciant fortement les contacts, mais simplement parce qu'elle se sentait mal à l'aise. Depuis que la nouvelle concernant Diane s'était répandue, Jelenna avait l'impression d'être devenue une sorte de divinité aux yeux de ses sœurs et cela ne lui plaisait pas. Au fond, elle restait la même, l'âme de Diane en elle ou non.
La petite fille suivit la Sentinelle sans plus rien oser ajouter. Elle remarqua le regard insistant de la gérante sur sa petite personne et lui sourit timidement pour indiquer que tout allait bien. Il fallait l'avouer cependant, Jelenna était mal à l'aise. Depuis qu'elle avait entrepris de vivre en partie à Tamawa pour suivre la formation des Templiers, elle s'était fait beaucoup d'amis au sein du Temple, ce qui lui était resté relativement impossible à Muria, cependant, la petite fille regrettait parfois ses habitudes au sein de sa cité natale. Vivre au sein d'une société égalitaire lui plaisait beaucoup plus que de vivre dans un Ordre où tout était hiérarchisé, bien que dans le fond, cela ne l'affecte pas non plus plus que ça. Pour résumer, il était sans doutes plus honnête de dire que Muria manquait à la petite princesse dès qu'elle s'en éloignait …

« Enchantée, je m'appelle Jelenna Ryran. Merci de m'accueillir à votre table ! » s'adressa-t-elle à la jeune femme assise.

A vrai dire, Jelenna ne se souvenait plus d'avoir rencontré Lyvie même si elle connaissait la tête de cette dernière, quant à la jeune femme à qui elle venait de donner son nom, elle était persuadée cette fois de ne jamais l'avoir croisée.

[ Je ne pense pas que Siobhan ai le temps d'intervenir, dans le doutes, envoie un MP à Cassie si tu veux sauter son tour Flowène ^^ ]

[ Muria est une société égalitaire Flowène, du coup, tu peux tutoyer Jelenna si tu veux et tu peux ne pas faire de révérence. Il n'y a pas de protocole ^^
Par contre, pense à faire des ouvertures miss ]

La petite fille avait hésité à s'installer à leur table. En réalité, elle craignait plusieurs choses. La première était bien sur de les importuner, la deuxième, de manquer l'arrivée de son père et pour finir et non des moindre, l'enfant se demandait si elle n'était pas le cheveux sur la soupe autour de cette table. Si la Capitaine des Lionnes l'avait gentiment invité à les rejoindre, elle avait senti en se présentant que la deuxième convive n'appréciait pas sa présence. Pire que tout, Jelenna s'était sentie repoussante au point qu'elle en était mal à l'aise. Encore peu habituée à fermer son Esprit, la petite fille tenta de visualiser le mur et la prairie colorée dans laquelle il se dressait mais avec le bruit environnant, elle en fut incapable.
Elle sourit.
Comme toujours, la petite princesse bis de Muria était d'une délicatesse à toute épreuve et ce, même si elle était consciente que sa présence n'était pas souhaitée. Petit à petit, pour une raison qu'elle ignorait, la jeune femme, qui visiblement semblait être une Elfe, se détendit, allant même jusqu'à se présenter à elle officiellement. Amazone et Sentinelle, comme la plupart de ses sœurs en somme bien que Jelenna n'ai jamais eut l'occasion de la croiser. Si elle savait que Lyvie faisait partie de la section des Lionnes, la petite fille ignorait dans quelle branche se situait Flowène. De peur de la déranger avec ses questions, la petite fille se contenta de répondre par un sourire sincère.

L'aubergiste, sans doutes inquiète de la savoir en compagnie de gens qu'elle ne connaissait pas forcément, s'approcha de la table pour leur demander si elles désiraient quelque chose. En réalité, à voir la façon dont elle observait les deux demoiselles, force était de constater qu'elle jaugeait leur fiabilité et qu'elle vérifiait que tout allait bien pour l'enfant. L'Amazone se contenta de la rassurer discrètement par un regard qu'elle espérait ne pas être trop perceptible par ses deux convives avant d'ajouter d'un ton calme mais pour autant enthousiaste :

« Je souhaiterais un verre de lait chaud s'il-vous-plait ! »

La jeune femme prit les commandes avant de s'en retourner au bar où elle préparait déjà sans doutes celle des autres tables. Jelenna ne put s'empêcher de penser qu'elle était finalement extrêmement gentille et surtout, fiable. Depuis ses mésaventures, la petite fille avait eut tendance à développer une peur pour les inconnus. L'Esprit lui permettait certes le plus souvent de savoir si elle pouvait accorder sa confiance ou non aux gens, mais quand bien même, Jelenna craignait toujours de revivre les mois de solitude qu'elle avait subi loin des siens, sous le courroux d'Azael.

« Si vous le permettez, j'aimerai vous inviter » ajouta-t-elle timidement en évitant de croiser le regard des deux femmes,« Vous m'acceptez gentiment à votre table, c'est la moindre des choses que je puisse faire ! Papa est toujours en retard … heureusement que vous étiez là ! »

L'aubergiste revint avec leur commande et l'enfant tendit les pièces nécessaires à la consommation des trois Amazones. La jeune femme repartit en la remerciant d'un signe de tête mais sans ajouter un mot. La petite posa ses mains sur la choppe brulante et fumante de lait pour se réchauffer avant d'ajouter :

« Quelle étrange coïncidence que de vous trouver à Tamawa. Kiera vous a-t-elle accompagnée ? A moins que vous ne soyez ici pour affaire personnelle ... »

En réalité, l'enfant ne savait pas si Kiera était déjà en ville, car l'heure du retour approchait pour elle, où si les deux jeunes femmes n'étaient là que par un hasard fortuit. Dans le doutes, elle s'abstint de nouveau commentaire, ayant surtout peur de gêner. Attendant une réponse, elle se contenta de renifler le lait chaud et y perçut une légère odeur de miel. Elle adorait la préparation de cette auberge et savait que chaque semaine, l'aubergiste changeait la composition du miel dans son lait. Cette semaine, il était évident qu'elle avait choisi un miel à base d'agrumes vu l'odeur citronné qui s'en dégageait. Sans plus pouvoir résister à la tentation, la petite lapa goulument une gorgée.

- Je … j'attendais mon papa !

Je fus un peu surprise par la gêne avec laquelle avait prononcé ces mots, comme s'il s'agissait d'un acte reprochable, ce qui n'était pas du tout le cas. Je n'avais encore jamais rencontré Jacen Ryran, mais de ce que l'on disait de lui, il était un homme intègre et n'avait pas l'air d'être un mauvais père bien qu'il n'ait pu rencontré ses filles que trois ans auparavant. Néanmoins il ne semblait pas être très ponctuel d'après la jeune fille à laquelle je souriais tendrement. Je me laissais aussi rire quand elle accepta mon invitation. Au moins elle avait plus d'humour que certaines de nos soeurs.
Je la guidai alors jusqu'à notre table ou attendait Flowène qui me sembla alors mal à l'aise. Avait-elle déjà rencontré la princesse auparavant ? J'en doutais parce que j'avais l'impression que c'était cette enfant qui la mettait mal à l'aise et tout le monde ayant eu la chance de rencontré la petite m'avait déclaré qu'elle était très agréable. Si Flowène l'avait rencontrée, elle ne se crisperait pas autant à moi qu'il n'y ait quelque chose au-delà de cela.
La petite se présenta et elle fut bientôt suivie par Flowène qui avait su reprendre une certaine contenance. J'aurais donné tout ce que j'avais pour pouvoir être dans leur tête à ce moment là pour comprendre ce qu'il se passait. Hélas je n'avais pas le don de l'Esprit... quoique ce n'était peut-être pas une mauvaise chose. Il s'agissait moins d'un don qu'une malédiction à mes yeux. Ce devait être désarmant de sentir l'âme d'un ennemi à qui vous ôtiez la vie. Il ne m'a pas été facile de m'habituer à tuer, alors si en plus cela avait été dans ces conditions, je pense que j'en serais devenu folle... enfin j'imagine.

Au moment où je pensais ça, la femme de l'aubergiste s'approcha de nous, et scruta nos visage d'un oeil inquisiteur, plein de méfiance tandis qu'elle proposait au trio féminin de passer commande. C'est Jelenna qui commanda la première, et je laissai le temps à Flowène de faire son choix en prenant la suite de la petite princesse :

- Ce sera la même chose pour moi s'il-vous-plait.

J'avais décidé de rester sage durant mon séjour à l'extérieur de Muria. J'avais peur qu'en attirant l'attention, je m'attire des ennuis et Muria était bien loin mine de rien pour pouvoir me sentir vraiment en sécurité. Le monde parait bien dur quand on se sent loin de chez sois. Du coups, pas d'alcool, pas de rixe de taverne, pas vagues et aussi essayer de ne pas succomber à la vilaine habitude de finir dans le lit de n'importe quel gogo qui m'aurait murmuré des mots doux à l'oreille. Heureusement pour moi, dame Nature avait décidé que ce ne serait pas ma semaine, ce qui allait m'aider à me retenir du moins sur un rapport physique et charnel. Une fois la commande passée Jelenna insista pour les inviter en guise de reconnaissance. Je voulu m'y opposer mais j'eus l'impression que le faire mettrait mal à l'aise notre adorable petite tête blonde et je m'en abstins donc avant de dire :

- Oh tu sais, ce n'est pas grand chose. Je suis sûre que ton père a du avoir un empêchement alors on veille sur toi en attendant. Et puis savoir notre future chef toute seule à attendre ne me plaisait pas vraiment. On ne sait pas quel genre d'individu peuvent trainer ici, bien que l'endroit n'ait pas l'air mal famé.

La commande arriva jusqu'à notre table et Jelenna régla avant de prendre la chopine à pleines mains. Cela me rappelait les hivers de mon enfance, attablée à l'heure du gouter après un bataille de boules de neige avec les autres filles de la cité. C'est drôle à quel point de petits détails vous rappellent ceux de votre propre vie, mais qui n'en sont pas moins important pour vous. D'une certaine manière, je regrettais cette période d'innocence dont la pensée me rendit nostalgique un instant. C'est Jelenna une nouvelle fois qui coupa le fil de mes pensées :

- Quelle étrange coïncidence que de vous trouver à Tamawa. Kiera vous a-t-elle accompagnée ? A moins que vous ne soyez ici pour affaire personnelle ...

Kiera ? La dernière fois que je l'avais vu, c'était dans la clairière dans laquelle nous nous entrainions la veille. En tous cas, je ne l'ai pas vu sur le chemin en venant. Ce serait drôle qu'elle nous retrouve ici. Et puis ça fait longtemps que nous n'avons pas eu l'occasion de discuter tranquillement toutes les deux. C'est que mes Lionnes me donnent beaucoup de boulot, surtout Edna. Cette fille m'épuise. C'est d'ailleurs une des raisons qui font que je suis ici aujourd'hui. J'avais besoin de prendre un peu d'air... sinon j'allais finir par l'attacher à un arbre pour éviter de la tuer sur un coup de folie. C'est à croire que Gaya la soudoie pour m'enquiquiner un peu, ajoutai-je en plaisantant.

En y repensant, Kiera était la capitaine de Flowène. Peut-être qu'elle avait une réponse à donner à Jelenna concernant la talentueuse archère :

- Dis Flowène, comme tu fais partie de sa section tu ne serais pas venue accompagner Kiera ?

[Oki, Jelenna, merci des infos, je vais m'adapter. ]

Si vous le permettez, j'aimerai vous inviter. Vous m'acceptez gentiment à votre table, c'est la moindre des choses que je puisse faire ! Papa est toujours en retard … heureusement que vous étiez là !

Un thé pour moi, merci !

L'aubergiste arriva avec les commandes.

Oh tu sais, ce n'est pas grand chose. Je suis sûre que ton père a du avoir un empêchement alors on veille sur toi en attendant. Et puis savoir notre future chef toute seule à attendre ne me plaisait pas vraiment. On ne sait pas quel genre d'individu peuvent trainer ici, bien que l'endroit n'ait pas l'air mal famé.

Flowène se sentit perturbée, car déjà, Lyvie tutoyait la petite fille. Première chose, flagrante. Cela faisait bizarre à l'Elfe. A Muria, le vouvoiement comme les courbettes n'étaient pas obligés, même si Flowène les avait toujours faits. Deuxième chose : Lyvie parlait à Jelenna comme si c'était une vieille amie. Et enfin, le « On veille sur toi en attendant », faisait penser à une soeur, ou tout simplement une femme qui la connait bien. Â Muria, tout le monde disait "soeurs" en parlant des femmes de la cités, même celles qu'on ne connaissait pas, mais à ce point, c'était... Autre chose. Et certes, les protocoles n'étaient pas en vigueur pour Lyvie. Elle se sentit un peu bête d'un coup. Parce que ne pas faire le protocole la gênait, et en faire la fatiguait. Que devait-elle choisir ? En tous cas, la Capitaine des Lionnes avait vraiment l'air très à l'aise avec la petite, contrairement à Flowène. Avec Eléa, la grande soeur de Jelenna, Flowène avait utilisé le vouvoiement et la sincérité, car elles étaient à Muria, et qu'elle n'avait pas le choix (d'ailleurs, aurait-elle fait autrement si elle avait pu ?). Là, la situation était plus complexe. Si elle continuait avec les courbettes, elle passerait pour une imbécile trop sérieuse (ce qu'elle était d'accord...). Mais pouvait-elle les abandonner ? Avant de pouvoir dire quoique se soit, les deux amazones échangèrent des paroles :

Quelle étrange coïncidence que de vous trouver à Tamawa. Kiera vous a-t-elle accompagnée ? A moins que vous ne soyez ici pour affaire personnelle …

Kiera ? La dernière fois que je l'avais vu, c'était dans la clairière dans laquelle nous nous entrainions la veille. En tous cas, je ne l'ai pas vu sur le chemin en venant. Ce serait drôle qu'elle nous retrouve ici. Et puis ça fait longtemps que nous n'avons pas eu l'occasion de discuter tranquillement toutes les deux. C'est que mes Lionnes me donnent beaucoup de boulot, surtout Edna. Cette fille m'épuise. C'est d'ailleurs une des raisons qui font que je suis ici aujourd'hui. J'avais besoin de prendre un peu d'air... sinon j'allais finir par l'attacher à un arbre pour éviter de la tuer sur un coup de folie. C'est à croire que Gaya la soudoie pour m'enquiquiner un peu. Dis Flowène, comme tu fais partie de sa section tu ne serais pas venue accompagner Kiera ?

Flowène papillonna un instant des yeux, étonnée. Tiens, elle qui avait cru que l'arrivée de la princesse la ferait passer au second plan...
C'est avec entrain qu'elle répondit donc :

Non, je ne suis pas venue avec Kiera, mais pour des raisons personnelles. J'avais besoin de m'aérer, car je n'avais pas voyagé depuis un petit bout de temps.

** Ce n'est pas tout à fait vrai ** fit une voix insidieuse dans sa tête.

* Ce n'est pas faux non plus !* répliqua mentalement l'Elfe, sur la défensive.

Flowène n'allait sûrement pas révéler tout son passé alors qu'elles ne lui avaient même pas demandée ! La seule personne au courant était Eléa, et encore, l'Héritière lui avait presque arraché... Bon pas exactement d'accord, m'enfin bon. Même si cet aveu l'avait aidée à tourner la page, elle n'allait pas le révéler à Jelenna, en qui elle ne se sentait pas à l'aise, se partageant entre le respect dû à son rang, la protection dûe à son âge, et la gêne dûe au franc parler de Lyvie. Pour se donner le temps de réfléchir, elle porta son thé bouillant à ses lèvres, goûtant la chaleur qu'il dégageait et l'arôme qu'il répandait. Elle but une gorgée, et, malgré sa gorge en feu, trouva le thé particulièrement réussi. Se tournant vers Jelenna, elle dit enfin :

Merci pour ton invitation, je dois dire que je n'ai pas l'habitude qu'on m'offre une boisson !

Le tutoiement. Merde. Le changements brutal allait sûrement étonner ses deux interlocutrices. Même elle, elle s'étonnait. POURQUOI RIEN NE POUVAIT JAMAIS ETRE SIMPLEMENT BON SANG DE BON SOIR ?! Zut à la fin ! Pourquoi ne pouvait-elle pas aborder le calme de Lyvie ? Faudrait qu'elle lui demande le mode d'emploi, elle en avait marre de se prendre la tête pour un rien. Elle aurait aimer pouvoir parler à Jelenna normalement, sans se forcer à rien ! Et ben même ça elle pouvait pas !

Dis donc Lyvie, pas très gentille avec tes pauvres Lionnes ! Je suis heureuse d'être archère d'un coup !J'espère que Jelenna ne va pas suivre ton exemple sur ça !plaisanta-t-elle.

Ce n'était toujours pas naturel, et elle parlait pour combler le gêne. Et elle répondait avec deux temps de retard. Mais au moins ne bégayait-elle pas.

[Désolée, j'ai essayé une ouverture, mais ce soir, je suis à cours d'inspiration.]
[EDIT ; J'ai confondu Tamawa et Muria dans mon message en tant que cité égalitaire, Merci Eléa d'ailleurs ^^]

Jelenna se sentait quelque peu mal à l'aise à cette table. Les émotions de Flowène envers elle étaient si contradictoires qu'elle finissait par se demander si l'invitation de Lyvie était une si bonne idée. Encouragée par les sourires sincères et doux de la Capitaine, la petite fille se laissa convaincre que mieux valait être en leur compagnie que seul, surtout que son père pouvait tout aussi bien arriver dans les minutes qui suivaient comme dans les heures le connaissant … Si Eléa apprenait qu'il l'avait laissée seule au beau milieu d'une auberge, même à Tamawa, cité neutre par excellence, nul doutes que l'héritière en ferait de la chair à corbeau !

Sans plus se poser de questions suite au changement de comportement de la Sentinelle, Jelenna se contenta de siroter distraitement sa boisson non sans se demander ce que pouvait bien faire son père. D'ordinaire, s'il n'était jamais ponctuel, il avait toujours tendance à la contacter par l'Esprit or là, nulle trace du chatouillement si caractéristique de son père ... Nul doutes, la petite fille se sentait perdue. Elle n'avait eut aucun mal à tisser des liens avec les gens mais avec son père, cela s'était révélé plus ardu qu'elle ne l'avait espéré. Eléa ne le portait pas dans son coeur et son aversion envers Jacen n'aidait pas la petite princesse à avancer dans le bon sens. Chagrinée par la réaction de son ainée, elle prenait sur elle pour ne pas se montrer trop démonstrative envers l'homme que cette dernière avait encore du mal à voir comme celui qui lui avait offert la vie. La naissance des triplés n'avait rien arrangé, loin d'être jalouse de l'attention qu'on leur portait, Jelenna préférait laisser son père profiter d'eux. Ils étaient les seuls avec qui tout pourrait vraiment recommencer ... L'allusion de Lyvie la piqua au vif si bien qu'elle en rougit violemment. Elle ? Leur future chef ?

« Que ? Non je ... je suis loin d'égaler Kiera » bafouilla-t-elle péniblement, ne parvenant pas à trouver ses mots.

Kiera. La petite fille profita de la diversion pour se focaliser sur la Capitaine des Sentinelles. De toutes les Amazones, elle était celle que la petite fille avait le plus cotoyé et qu'elle appréciait en conséquence le plus. Douce malgré la rudesse apparente de ses propos, douée, talentueuse, intelligente ... Jelenna espérait sincèrement être à sa hauteur un jour et ne pas lui faire honte lors des entrainements. Qu'on ai choisi l'Astorg pour lui apprendre le métier de Sentinelle l'avait ravi bien plus que l'idée de devenir Sentinelle d'ailleurs. A écouter la Capitaine des Lionnes, Jelenna ne put s'empêcher de rire, ne parvenant pas à se retenir plus longtemps. Un instant cependant, la petite princesse bis se demanda pourquoi la seconde Amazone ne parlait pas. La mettait-elle mal à l'aise autant qu'elle-même ne se sentait pas à sa place ? Fort heureusement, Lyvie prit la peine de l'intégrer à la conversation, ce dont Jelenna était incapable. La petite fille se dit à cet instant qu'elle avait peut-être eut tord de rire ...
La jeune femme du nom de Flowène prit la parole tandis que la jeune princesse se perdait dans ses pensées. Quelque part, elle n'avait pas l'habitude de cotoyer des Sentinelles. Tout au plus faisait-elle la connaissance des jeunes que Kiera entrainait parfois en sa compagnie et encore ... Elle ne savait au fond que le nom des Capitaines et vice Capitaines comme le lui avait demandé sa mère.

Kiera était absente. Les deux femmes n'étaient donc la que par un heureux hasard, comme quoi, si ce dernier s'était souvent moqué d'elle par le passé, il semblait enfin prêt à tourner la page dans un sens plus sympathique. Jelenna se sentit rassurée quand la deuxième Sentinelle la tutoya. En réalité, à bien comprendre ses sentiments, cette dernière était simplement perdue entre le protocole et la bienséance. Pour la petite fille, tout cela n'avait que peu d'importance. A Muria comme en dehors, elle ne se sentait pas spécialement plus princesse que quelqu'un d'autre et n'attendait pas de marques de politesse particulières. La princesse bis sourit, amusée par la remarque de Flowène avant d'ajouter :

« J'imagine que la pauvre Edna doit avoir les oreilles qui sifflent ! Que t'a-t-elle fait pour que tu lui en veuilles ainsi ? »

Jelenna prit ensuite la peine de répondre à la deuxième convive d'un ton léger :

« Je ne pense pas être à la hauteur de la charge de Sentinelle, et puis, je me pense que je ne pourrais pas être pire que notre Capitaine ! Les Lionnes ont toujours eut un fort caractère d'après maman et Lyvie semble en être la preuve vivante non ? »

[ Désolée du retard, c'est honteux XD Je ne suis pas certaine de vous avoir laissé beaucoup d'ouvertures par contre =/ ]

Lyvie accueillit les remarques de ses deux interlocutrices plutôt bien et elle adressa un clin d'oeil complice à Jelenna. Flowène se surprit à se sentir plus à l'aise maintenant. Jelenna, bien que jeune, semblait sympathique, et Lyvie aussi. Echanger ce genre de banalités sur leur cité lui faisait l'impression de ne pas en être partie, et elle se sentait plus chez elle, avec la princesse et la capitaine des Lionnes pour interlocutrices. Elle se rendait compte qu'elle s'était un monde pour une simple conversation banale. Autrement dit, pour rien. Mais rien à y faire, elle était comme ça, et elle ne se changerait pas.
L'Elfe écouta la répartie de Lyvie avec beaucoup d'attention et finit par glousser face à la dernière remarque de la Nùa.

Et toi Flowène, comment ça se passe dans ta section ?

L'Elfe réfléchit à la question qu'elle allait bien pouvoir donner, puis, décida qu'elle n'allait pas mentir et parler sans s'être fait le discours dans la tête comme elle en a l'habitude pourrait être plus amusant.

Kiera est une archère hors du commun et une professeur exceptionnelle. Depuis que je suis à Muria, j'en apprends à chaque entraînement, et j'ai l'impression qu'il règne une bonne entente parmi nous. Je n'ai pas à me plaindre.

Flowène eut un petit sourire en pensant à son dernier entraînement, où, fatiguée, elle avait eu du mal à faire ce qu'il fallait, mais heureusement aucune ne s'était moquée. L'Elfe secoua légèrement la tête pour revenir au présent avant de continuer, sur un tout autre sujet :

Bon, arrêtons de parler de Muria, qu'est-ce que vous en dîtes ? Surtout toi Lyvie, sinon, tu risque de finir par te convaincre que tu dois t'occuper sérieusement d'Edna ! Tiens, Avez-vous visité Tamawa ?Je ne suis ici que depuis la veille au soir, et je ne connais rien de la ville, sauf cette auberge. Je pensais visiter le port cette après-midi. Et savez-vous si le temple d'Ankdor a des parties ouvertes au public ?

Flowène songea que ce revirement de discussion était peut-être un peu brutal, mais tant pis, ce qui était fait était fait. Puis, il était vrai qu'elle ne connaissait pas grand chose de Tamawa, et Jelenna ou Lyvie auraient peut-être des informations à lui donner, surtout la petite princesse, dont le père habitait ici. Peut-être même pouvait-elle trouver une bibliothèque dans la ville. Certes, celle de Muria était riche, mais elle en avait déjà épluché les recoins qu'elle jugeait digne d'intêret, alors elle avait envie de changer un peu. Son insatiable curiosité l'y obligeait, ce qui n'était pas forcément un mal.
Un pincement sur la joue la tira de sa rêverie et s'aperçut que Perce-Neige, qui était partie en exploration de l'auberge, et qu'elle avait complétement oubliée, lui pinçait la joue avec insistance. Agacée, l'Elfe tendit un doigt sur lequel sa chouette se posa et l'obligea à s'installer sur ses genoux. Flowène la caressa un peu et adressa un regard d'excuse pour cette interruption vers Lyvie et Jelenna. Raaa, cette chouette était bien mignonne, mais elle aurait pu éviter de s'imiscer !

La petite fille sourit face à la réaction de la Capitaine des Lionnes. Elle espérait ne pas l'avoir froissée en entrant dans la petite joute verbale qu'avait instigué Flowène et lorsque cette dernière ouvrit la bouche pour se « défendre », ce fut d'un ton calme et taquin à son tour. La jeune princesse sourit de plus bel en entendant Lyvie parler sans pour autant pouvoir s'empêcher de penser que la jeune Edna, qu'elle ne connaissait pourtant pas, semblait jouer de malchance aux côtés de la belle Amazone. Le sang Nùa de la belle jeune femme criait sa liberté et sa fougue et sans doutes la petite apprentie en faisait-elle les frais songea la demoiselle en silence. Lyvie était une femme dont les qualités paraissaient évidente mais force était de constater que la patience ne devait pas être son fort et que la petite Sentinelle en faisait les frais. De ce point de vue là, Kiera était une parfaite tutrice, capable de plus de patience que la petite Jelenna elle-même n'aurait su en faire preuve …

Durant ses entraînements, qu'ils se passent au Temple avec les jeunes Sensibles ou à Muria avec les Sentinelles et plus particulièrement Kiera, la petite princesse avait tendance à se demander si elle avait sa place parmi eux. Si elle se sentait chez elle à Tamawa ou encore, dans sa cité natale, elle n'était cependant pas capable de se dire ou de se penser douée pour la simple raison que dans son sang coulait d'une certaine manière celui de la déesse sylvestre, Diane. Sans elle, jamais Jelenna ne serait aussi douée au tir à l'arc … la demoiselle se demandait pourquoi, dès son plus jeune âge, tout le monde n'avait eut de cesse de l'appeler « la petite Diane » ou encore « la relève assurée de Kiera » … Au fond d'elle, Jelenna se sentait beaucoup plus proche des Templiers dans leur concept de paix universelle que des Sentinelles. Paisible de nature et surtout, timide, Jelenna se sentait mal sous le feu des projecteurs que lui imposait sa nouvelle position.

Au fond de son cœur, Jelenna n'était pas prête à accepter les responsabilités qui pèseraient bientôt sur ses épaules d'enfant. Si elle était prête à assumer n'importe quoi pour plaire à sa mère, son père ou encore sa sœur ainée, la petite princesse bis ne tenait pas pour autant à devenir le centre de toutes les attentions. Certes, elle se sentait incapable de devenir une bonne Sentinelle d'une part pour son manque de compétence et d'autre part, parce qu'elle détestait l'idée de retirer la vie à quelqu'un, et loin d'être à la hauteur du Temple, d'autant que cela impliquerait de quitter Muria. Au fond d'elle, la petite demoiselle se sentait à la hauteur d'une seule et unique chose, être une aide utile à Eléa. Jelenna aurait volontiers donné sa place à quelqu'un d'autre, ne souhaitant pour rien au monde être chef des Sentinelles. Mais la petite fille aimait sa famille et appréciait énormément Kiera, pour se faire, elle suivait avec assiduité les cours de l'Amazone, d'autant qu'elle adorait tirer à l'arc, et taisait ses angoisses.

Les paroles de Lyvie eurent tendance à la faire réfléchir et à la faire sourire. Certes elle était jeune, mais à son âge, Eléa faisait déjà de grandes choses … Eléa prenait toujours tout en main, décidait de tout pour son bien et la petite ne s'en plaignait pas. Eléa … avait l'âme d'une guerrière et d'une meneuse, pas elle. Là était toute la vérité et cela n'attristait Jelenna que dans la mesure où elle savait que l'on fondait sur elle des espoirs vains. La demoiselle sourit timidement, presque comme si elle se forçait, avant de répondre à son interlocutrice :

« Je souhaite que tu ai raison Lyvie, mais je sais déjà qu'être chef des Sentinelles ou Sentinelle n'est pas mon destin, il était celui de Diane. Eléa est la tempête quand je suis le la brise légère, elle est une meneuse, pas moi. J'espère simplement parvenir à être à la hauteur de mon poste quand je serais grande ... »

Elle l'enviait, pour être honnête, là était la vérité. Jelenna aurait tout donné pour avoir ne serait-ce que la moitié de l'assurance de la Lionne mais pour autant, elle n'ajouta rien de plus qu'un sourire, cette fois sincère, au clin d'oeil que lui livrait l'Amazone. Si la petite princesse bis se sentait incapable de faire quoi que ce soit dans le rôle que le destin lui avait attribué, elle savait en revanche qu'elle pourrait faire des efforts, que le fait de se savoir utile, que le fait de se rendre compte qu'elle aidait les autres la pousserait en avant. Et puis … sa mère le lui avait dit, Eléa reine, elle aurait besoin de son aide, de sa sagesse et de son éternel calme.

La seconde Amazone prit la parole à la table et Jelenna l'écouta en silence, prenant en compte chaque mot qu'elle prononçait. Kiera était quelqu'un de bien, tout le monde se prêtait à le dire sans avoir à rougir d'un mensonge. Ferme mais extrêmement patiente, la jeune femme apprenait ce qui semblait couler de source dans ses veines aux autres Amazones et aux jeunes apprenties de la cité. Le tir à l'arc était une passion, un art de vivre pour elle et Jelenna s'estimait heureuse de l'apprendre à ses côtés. Si tous disaient qu'elle était douée, la petite fille était rassurée de voir qu'il existait une maîtresse en la matière qu'elle était encore loin d'égaler.

« Kiera se montre toujours patiente envers tout le monde, c'est une chance de l'avoir comme professeur ! » ne put s'empêcher de dire Jelenna.

Flowène continua de parler et ce notamment de la cité. Elle venait d'arriver la veille apparemment et n'avait pas encore eut l'occasion de visiter les lieux. La petite fille avait sur elle un avantage conséquent puisqu'elle connaissait la cité neutre mieux que quiconque. Si les Amazones veillaient toujours sur elle, cela n'empêchait pas la petite demoiselle de visiter tout son saoul la cité de son père.

« La cité est magnifique ! » commença-t-elle, s'arrêtant pour vérifier que Lyvie ne voulait pas prendre la parole, lorsqu'elle fut certaine que cette dernière n'en avait pas l'intention, elle poursuivit, « Les jardins du Temple sont très beaux en cette saison et ils sont ouverts à tout le monde, si tu le souhaites, je peux t'y conduire, dès que mon père sera arrivé ... »

La petite fille ravala ses larmes en repensant que Jacen n'était toujours pas arrivé puis continua :

« Je te conseille les rues marchandes, elles ruissellent de bonnes trouvailles et de bonnes odeurs … Oh quelle jolie chouette ! » finit-elle par s'exclamer, « Elle est à toi ? » s'entendit-elle prononcer en rougissant, consciente de la bêtise de sa question.

« Et toi Lyvie, tu as prévu de faire quoi ? »

La petite fille cherchait à changer de sujet, se sentant totalement stupide.

La réponse de Jelenna me fit sourire. Que pouvait-elle savoir de son destin pour être aussi certaine de ne pas devenir ce que les autres attendaient qu'elle devienne ? Je n'avais jamais essayé d'aller contre mon destin, ni même ne m'en étais imaginé un autre, ni même celui-ci, mais les anciennes de Muria racontaient souvent que les Dieux avaient parfois des projets insoupçonnés pour nous. Jelenna avait bien le temps de voir où le destin d'adulte la mènerait car pour l'instant, elle n'était qu'une adorable enfant. Mais elle avait une certaine maturité que les autres de son âge ne semblaient pas avoir ; surement étaient-ils trop innocents pour l'avoir.
Quant à Flowène, elle voulait mettre Muria de côté, nous parlant de ses projet de séjour dans la ville neutre. J'écoutais avec intérêt la sentinelle. J'étais venu ici sans réel but et il serait peut-être temps d'y réfléchir. Il y avait sans doute plein de chose intéressante à faire, et visiter le temple n'était sans-doute pas une mauvaise idée et ne pourrait lui faire que du bien.

Jelenna qui vivait la moitié du temps ici prétendait que la ville était magnifique. Elle en parlait avec enthousiasme, comme si elle avait toujours vécu ici. Elle proposa même à Flowène de la conduire au Temple une fois que Jacen serait arrivé. Elle conseilla plusieurs lieux à visiter et je les enregistrais, les gardant dans un coin de ma tête au cas où je devrai m'en resservir quand je reviendrai un de ces jours, ou bien pour tout à l'heure.
Le file de mes pensées fut alors interrompu par la question de Jelenna :

- Et toi Lyvie, tu as prévu de faire quoi ?

- Oh... euh en fait je n'ai rien vraiment prévu de particulier. J'avais juste besoin de partir loin de Muria histoire de prendre un bol d'air frais. En onze ans, je n'ai jamais ressentit ce sentiment, mais depuis quelques jours, j'ai eu l'impression d'étouffer un peu, d'être un petit peu fatiguée. Je me suis dit que me balader un peu ne me ferait pas de mal et j'ai atterri ici. Mais si le coeur vous en dit, nous pourrions partager quelques petites activités ensemble, rien qu'entre filles. Et puis tu pourrais nous faire voir du pays Jelenna ? Ca pourrait être sympathique n'est-ce pas ?

Après tout, ce serait bête de repartir de Tamawa sans rien y avoir fait. Et puis il fallait bien s'occuper à quelque chose sinon l'ennuie me prendrait vite, et je retournerai à Muria sans m'être vidé l'esprit et au final, tous ces kilomètres parcourus n'auraient été d'aucune utilité. J'accompagnai alors ma proposition avec un large sourire attendant que mes deux concitoyennes me répondent.

[Hrp : désolé pour ce post minable mais une petite panne d'inspi sur le coup et je ne voulais pas vous faire attendre trop longtemps :s]

Jelenna se demandait si elle n'avait pas parlé avec un peu trop d'enthousiasme, il était évident qu'une princesse, et qui plus est, amazone, se devait d'avoir un peu plus de retenue. Que dirait sa mère si elle l'entendait ainsi dire à qui voulait bien l'entendre qu'elle appréciait énormément vivre dans la cité neutre ? Muria était une belle cité, agréable à vivre sans conteste, privée de tout désagrément mais Tamawa avait quelque chose en plus aux yeux de la petite fille et ce, même si elle adorait sincèrement la cité des femmes libres. Cité de son enfance, Muria aurait toujours la place particulière qu'elle méritait dans son cœur mais pour l'heure, Jelenna se sentait clairement plus libre et plus heureuse au Temple que chez elle. Sans vouloir trop se focaliser sur les joies de son destin et la cruauté des choix qu'il lui imposait, la petite demoiselle écouta attentivement la réponse de la Capitaine.
A vrai dire, la réponse de Lyvie avait le mérite d'être claire. Sans détour aucun, la jeune Nùa venait d'avouer que Muria l'étouffait, qu'elle avait besoin de s'en éloigner pour se sentir un peu plus libre, une chose que la petite princesse partageait avec elle mais qu'elle devait se garder d'avouer. Son rang, sa position comme les espoirs que toutes fondaient en elle l'empêchait de dire aussi ouvertement le fond de sa pensée. Quelque part, Jelenna éprouva une sorte de jalousie infantile à se retrouver être l'oiseau en cage là où d'autres avaient le choix de voler de leur propres ailes. Mais fort heureusement, la chérubin n'était pas du genre à rejeter son destin et fuir ses responsabilités. Certes elle n'aimait pas ce que l'avenir lui offrait mais elle était néanmoins prête, ou à peu près, à le supporter.

La proposition de la Lionne ravit la jeune fille sans qu'elle n'ose pour autant répondre. Jelenna n'était que rarement du genre à imposer ses propres idées, en général, elle attendait que les autres prennent la parole, établissent leurs positions pour proposer l'alternative qui lui semblait la plus juste et, à moins que leur choix ne la mette particulièrement en danger, elle ne cherchait que rarement à s'imposer. Ca, c'était plutôt le genre d'Eléa, le sien était la douceur et la finesse comme disait sa mère.
A chaque vie son caractère.
Combien de fois la gamine avait entendu cette rengaine. Eléa était la fonceuse, rien ne lui faisait peur. Elle agissait, point final. Jelenna quant à elle était la réflexion, la sagesse et peut être quelque part la couardise. N'agissant que lorsqu'elle avait évalué la situation, elle prenait parfois plus de risques de sa tête brûlée de sœur ainée. Elle se demandait d'ailleurs ce qu'il en serait de ses frères et sœurs une fois plus grands. Seraient-ils comme elle, réfléchis, ou plutôt comme Eléa ? La réponse de la Sentinelle concernant la chouette acheva de tirer la petite princesse de ses pensées.

La pré-adolescente sourit timidement aux remerciements avant d'ajouter :

« C'est un très joli prénom, il lui va à ravir ! »

Elle observa une seconde encore la chouette au plumage immaculé avant de reprendre :

« Tu as de la chance de posséder un tel animal … J'aimerai bien qu'Haiiro soit avec moi, elle me manque beaucoup ... »

Une fois encore, Jelenna avait parlé sans vraiment faire attention à ce qu'elle disait. En présence des deux jeunes femmes, la petite fille avait tendance à se laisser aller, ce qui n'était pas forcément une bonne idée en soit … La demoiselle se tut, ses pommettes teintées de rose. Haiiro, la louve au pelage cendré de sa grande sœur, avait été dressée par cette dernière pour la protéger cependant, Jiven avait refusé, à moins que ce ne soit Jacen, de laisser la louve aller et venir dans le Temple. Jelenna n'avait pas eut le cœur de faire comme Aerin en enfermant toute la journée l'animal et s'était résignée à la laisser à Muria. Les jours sans le soutient et la compagnie de la petite canidé lui paraissaient parfois longs, habituée qu'elle était de l'avoir à ses côtés. C'était l'un des rares regrets qu'elle pouvait se permettre.
Flowène sembla ravie de visiter la cité en compagnie de ses interlocutrices, ce qui ne manqua pas de plaire à la petite princesse bis. Elle acquiesça avec un sourire avant de conclure :

« Je crois que papa m'a oublié en effet, mieux vaut rentrer au Temple, d'autant que cela te permettra de visiter les jardins ! »

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