[La première partie de ce RP se trouve sur ce topic]



A vrai dire, sa proposition n'en était pas tout à fait une dans le sens où Flowène n'avait pas d'autre choix que d'accepter. Il aurait été bien mal avisé de sa part de refuser l'invitation, ce qu'elle avait visiblement compris puisqu'elle accepta.
Face à face, les deux femmes s'apprêtaient à se lancer dans leur affrontement, un simple duel amical. Oh, il était inégal avec la barmaid qui était grandement désavantagée, certes, mais il s'agissait avant tout d'un entraînement en maître et élève d'un jour, pas d'un combat avec un enjeu sérieux. La louve appréciait tout particulièrement s'exercer avec d'autres lancières, expérimentées ou non. Avec les premières, elle mettait ses propres talents à l'épreuve et tentait de dépasser ses limites sans compter que cela l'aidait à se défouler, chose indispensable dans sa vie à elle. La brune était persuadée de devenir folle si elle restait trop longtemps inactive. Avec les débutantes par contre, les attentes étaient tout autres, elle ne lui apportaient pas grand chose à proprement parler sinon la satisfaction de pouvoir les instruire, de voir leur excitation lorsqu'elles progressaient.
C'était une grande joie de voir des fillettes devenir des membres à part entière du régiment des Louves quand elles devenaient femmes, avoir contribué à cette œuvre gonflait l'Amazone de fierté. Outre surveiller et gérer les Soumis, Méléane se faisait un plaisir non, un devoir, de former les prochaines générations de Sentinelles. Elle trouvait cela normal de perpétuer l'enseignement qu'elle avait reçu.

Comme demandé, L'Elfe frappa la première. La framée décrivit une courbe, maniée comme la Louve l'avait montrée. Flowène exécutait une coupe tout à fait convenable pour une première fois, le geste n'ayant toutefois pas encore la force et la précision d'un bras expérimenté mais cela restait pas mal. La native Cydienne évaluait la posture et les mouvements de son adversaire, cherchant un problème à souligner pour qu'elle puisse le corriger. La façon dont la jeune femme était parvenue à la copier du premier coup était assez impressionnante, elle n'aurait visiblement pas fait une mauvaise lancière.
Abaissant la pointe de sa propre lance vers le bas, la Chargée des Soumis parvint sans peine à bloquer le coup et repoussa l'arme de son opposante en sens inverse.

« Tiens plus fermement la lance » lâcha-t-elle, « Et n'aie pas peur de frapper plus fort, elle ne va pas casser ! »

Le ton se voulait ferme mais il s'agissait davantage de conseils que de remontrances. Tout le monde débutait un jour et Méléane n'avait jamais vu personne être parfaire dès le premier jour. Chacune commettait des erreurs mais c'est de celles-ci que naissait la justesse. L'important était de retenir ses fautes pour veiller à ne plus les reproduire, elle espérait qu'il en serait ainsi pour la propriétaire du Bar Bu.
A présent, elle avait hâte de constater comment elle se défendait, comme ça, à froid. Méléane ne lui avait montré aucune parade et, puisque la demoiselle paraissait assimiler les choses rapidement, elle souhaitait voir si elle y parviendrait d'instinct, ou du moins à esquisser un semblant de parade.
Elle ramena sa lance vers elle et, avec une fluidité féline, envoya une estocade vers la cuisse de la demoiselle, avec toutefois une certaine retenue afin qu'elle puisse stopper son geste dans le cas où l'Elfe ne parviendrait pas à le bloquer.

Il y a quelques années de cela, alors qu'elle débutait tout juste dans le maniement de la lance, celle qui n'était pas encore Vice-Capitaine des Louves se souvenait très bien d'un duel amical contre une camarade qui avait plutôt mal tourné. A l'époque, elle se battait sans vraiment faire attention, viser la tête de toutes ses forces ne lui était pas étranger et cela lui serait peut-être resté si un malheureux accident n'était pas survenu. Y allant comme à son habitude sans douceur, la jeune fille avait alors planté la pointe de son arme d'entraînement dans l'abdomen de sa partenaire et ce, assez profondément pour mettre sa vie en péril. Fort heureusement, elle s'en était sortie et depuis, Méléane se montrait plus prudente : elle donnait des coups qu'elle se savait capable d'arrêter ou qu'elle savait ne pas blesser trop gravement l'autre.
Enfin, restait à voir comment Flowène allait se débrouiller...

Oui, son esquive était loin d'être efficace, elle en eut confirmation en voyant l'expression de sa mentor. Mais sur le coup de la surprise, il était difficile de faire mieux. Surtout dans son cas. Après, tout, elle n'avait jamais pratiqué cette arme...Bon, elle avait pratiqué UNE FOIS cette arme avant aujourd'hui. Au moins était-elle parvenu à répliquer. Après tout, même contre un adversaire cherchant sa mort, cette défense, contre un sabre, était parfaitement efficace. D'accord, la lance était bien plus longue que ce genre d'armes, mais, ce genre de réflexe ne se perdait pas en une minute !

Méléane était une lancière émérite, une femme respectée de toutes, une grande guerrière expérimentée. Pourtant, Flowène eut une pointe de déception en la voyant esquiver son coup. Evidemment, elle s'y était parfaitement attendue. Une apprentie comme elle ne pouvait réussir à la toucher, pas au bout du deuxième coup. Mais tout de même. La Cydienne l'avait esquivé si facilement (en tous cas aux yeux de l'Elfe), même si le bâton l'avait presque effleuré.
Et le coup qu'elle renvoya perturba énormément la belle aux cheveux azurés. Comment pouvait-elle se redresser aussi vite ? Mais là n'était pas la question la plus essentielle. Non. Comment arriverait-elle à répliquer ?Ce coup était destiné à faucher ses jambes, sûrement, bien qu'elle n'y connaissait pas grand chose. Honnêtement, comment répliquer ? Retenir le bâton avec ses mains ? Elle n'aurait pas assez de forces. Sauter ? Inutile, la Cydienne n'aurait plus qu'à remonter sa lance pour l'atteindre. Se servir de sa propre arme ? Moui, se serait le plus facile. Et le moins insensé.
Sans réfléchir, Flowène tendit sa lance en avant, à la verticale, ne sachant pas ce que ça allait donner...
Son arme percuta celle de son adversaire avec un claquement sourd, rengorgeant quelque peu l'Elfe, avant qu'elle ne lui donne un coup sec, repoussant l'arme de sa "partenaire"...

[Désolée, je suis vraiment à court d'inspiration.]

Chaque pas de Méléane, chaque mouvements, tout ce qu'elle esquissait était calculé au pouce près. Pour cela, elle remerciait ses nombreuses années d'entraînement, tant à la lance que du simple exercice physique. De longues journées à s'exercer d'arrache-pied en avaient fait ce qu'elle était à présent : une guerrière expérimentée, preuve étaient les fonctions dont elle était chargée. Ainsi, savoir commander et mener ses hommes – ses femmes plutôt – et ses talents de lancière l'avaient amenée à accéder au poste de Vice-Capitaine lorsque Jovah prit la tête du régiment des Louves suite au décès de Médéa lors d'une certaine mission qui avait laissé une cicatrice dans le cœur de la brune.
C'était un épisode de sa vie qu'elle avait essayé d'enterrer dans son subconscient, une tranche de son histoire bien sombre qu'il valait mieux oublier. Hélas, on n'effaçait pas sa mémoire sur un claquement de doigt ... quoique, au final, peut-être aurait-ce été comme perdre une partie de soi-même si elle oubliait ces événements, c'était après tout ces embûches qui avaient fait de Méléane la femme qu'elle était aujourd'hui. S'en détourner équivaudrait à renier qui elle était elle-même.

Chaque seconde de cette triste journée était à jamais gravé dans sa mémoire. La mission terminée, rien ne devait se passer sur la route reliant les territoires cydiens à Muria, alors pourquoi avait-il fallu que les trois lancières tombent sur un griffon désireux de protéger sa progéniture et de se nourrir. Cela aurait-il pu être évité ? Médéa serait-elle encore en vie ? Trop de questions auxquelles, elle le savait, il était vain de chercher des réponses. La vie était ce qu'elle était et lorsque les dieux décidaient de rappeler un être auprès d'eux, il n'y avait rien à faire pour empêcher cela même si cela devait déchirer des cœurs, des familles ...
Médéa avait toujours vu l'ancienne Capitaine comme une femme de valeur et, à titre plus personnel, comme celle qui les avait sauvée elle et sa sœur d'une mort lente dans l'indifférence de tous. Souffrant de leur pauvreté, ni Sélène ni son aînée ne s'en serait sortie vivante si les destin n'avait pas placé l'Almer sur leur route. C'était elle qui les avait ramenées à Muria, leur permettant de retrouver une vie digne loin de la cruauté du monde et pour tout cela, elle la remerciait. De plus, Médéa se révéla être celle qui prit soin de former la future Louve à la lance et au fil du temps, elle devint davantage son amie que la Capitaine.
La femme comptait tellement pour Méléane qu'elle avait pleuré lorsqu'elle perdit la vie, chose qu'elle se serait toujours interdit devant des gens mais là, la tristesse était impossible à brider et devait se manifester, ce qu'elle fit sous forme de larmes salées.
Enfin, la seule consolation qu'elle avait eu dans cette histoire, si cela méritait ce nom, était un poste de Vice-Capitaine et un griffonneau qui devint bien vite son compagnon.

Flowène parvint on ne sait comment à bloquer la frappe de l'Amazone, chose dont elle s'étonna beaucoup : à vrai dire, elle était persuadée que le coup porterait mais les bons réflexes avaient sauvés l'Elfe. Oh oui, la barmaid devait être une combattante redoutable au sabre et elle promettait de faire une bonne lancière également si elle se décidait à épouser la framée plutôt que l'épée, ce dont elle doutait quelque peu. Elle semblait avoir davantage pris goût à l'arc et au sabre plutôt qu'à la lance, ce que Méléane trouvait fort dommage... Mais trêve de regret, l'heure n'était pas à cela. Pour l'instant, elle venait de se faire repousser par la demoiselle aux cheveux azurés et c'était là tout ce qui comptait : rester concentrée afin de ne pas se prendre un coup par une débutante. Si elle admettait que les apprenties faisaient des progrès, elle ne tolérait pas que l'une d'elle parvienne à la toucher ; sa fierté s'en trouvaient meurtrier et chez une femme comme Méléane, ce n'était pas peu de choses !

Se préparant à répliquer, la brune reconnut le cri caractéristique d'un griffon – il sonnait comme celui d'un aigle mais avec plus de force – mais pas n'importe lequel puisqu'il s'agissait du sien, et étant donné la puissance avec laquelle elle l'entendait, l'animal ne devait pas être loin. Sans doute avait-elle fini de chasser et qu'à présent elle rentrait au bercail. Quoiqu'on en dise, elle restait un cousin des félins et Ceana était parfois aussi paresseuse qu'un gros chat.
La bête ne mit d'ailleurs pas longtemps avant de se poser au sol, non loin de sa maîtresse. Méléane ne sursauta même pas, contrairement à d'autres femme qui s'entraînaient et qui ne parvinrent pas à cacher leur surprise de voir l'animal débouler ainsi. Ceana avait certes eu bien du mal à se faire accepter par la Cité Forestière, d'aucunes arguaient que c'était un fauve, un prédateur dangereux mais force était de reconnaître que pour un griffon, elle se tenait tranquille et même plutôt docile, résultat d'années de dressage de la part de la brune. C'est ainsi qu'elle put à la longue se permettre de venir en ville, encore qu'elle préférait largement rester dans la forêt ou dans le jardin de sa maîtresse. Enfin, malgré tout cela, il était déconseillé de venir chercher des noises à l'animal ...
Comprenant que la lancière était occupée, le griffon s'allongea non loin de l'endroit où les deux femmes se battaient tout en surveillant la scène avec ses yeux perçants.

« Ne me dis pas que tu en as peur ? » demanda la Louve à son élève d'un jour, un sourcil arqué.

Elle n'avait pas contre-attaqué : avec l'arrivée surprenante de Ceana, il aurait été déloyal de sa part de frapper Flowène à ce moment. Elle avait même abaissé un peu sa lance, peut-être une occasion pour la propriétaire du Bar Bu de lancer un nouvel assaut, qui sait ?

[Sincèrement désolé du retard, j'ai un gros manque d'inspiration sur ce coup ... ]

Allongée mais la tête toujours droite, Ceana et ses yeux perçants ne semblant pas manquer une miette de la scène. Elle demeurait toutefois silencieuse, semblant comprendre qu'il ne valait mieux pas déranger sa maîtresse alors qu'elle semblait si occupée. Méléane la regarda fourrager dans son plumage puis dans ses poils couleur fauve à l'aide de son bec. C'était une magnifique créature, assurément, et la Louve était fière d'avoir réussi à la maintenir en vie car le griffonneau n'avait plus de parents et avait de ce fait été sevré très tôt. La lancière fut pour elle une mère de substitution, elle la nourrit et lui apprit à chasser pour qu'elle puisse subvenir seule à ses besoins et malgré que ces animaux vivaient dans le grand froid astorg, Ceana s'était plutôt bien acclimatée aux températures de la région, encore qu'elles ne soient pas si chaudes que cela par moment.
D'autre part, la Vice-Capitaine était la seule personne à sa connaissance à avoir dompté une telle bête et c'était loin de lui déplaire. Avouer avoir un griffon comme animal avait son petit effet sur les gens mais c'était une réaction normale, qui ne serait pas surpris d'entendre quelqu'un dire qu'il avait capturé l'animal puis dressé des années durant, sachant que le fauve en question vous envoyait au tapis d'un coup de patte et vous meurtrissait les chairs d'un coup de bec ?
Oh, qu'ils n'aillent pas croire que Méléane avait accompli un miracle en dressant une telle créature, elle avait aussi payé de son corps pour en arriver à se résultat. L'horrible cicatrice s'étalant sur sa cuisse était une des preuves qui appuyait cette affirmation. Qu'est-ce qu'elle en avait souffert de cette blessure ! Merci les femmes médecins de la cité pour lui avoir arrangé cela, en partie du moins !
A présent qu'elle lui avait inculqué le respect, Ceana était une créature obéissante sans qu'il ne faille toutefois aller la déranger avec trop d'insistance. Elle restait un fauve, un animal sauvage qui trônait dans les hautes strates de la chaîne alimentaire, un accident était si vite arrivé ... Enfin, la taille de la bête décourageait les petit farceur à venir embêter l'animal. Ainsi, personne n'avait jamais été blessé par le griffon, excepté Méléane mais les circonstances étaient toutes différentes.
Les humains n'avait rien à craindre tant que l'animal était bien nourri, La louve l'avait appris – Médéa aussi, à ses dépends. Ceana ne chassait que des animaux, le plus souvent des daims ou des cerfs, ces deux derniers abondaient dans la forêt qui jouxtait Muria. Elle était loin, l'époque où elle ne se nourrissait que de lapin, maintenant c'étaient des dizaines de kilogrammes de viande qui lui étaient nécessaires pour être rassasiées. Il n'était d'ailleurs pas rares que l'animal emporte ses proies jusque dans le jardin de sa maîtresse pour l'y dévorer à son aise, au grand dam de la Cydienne qui retrouvait souvent l'endroit dans un état déplorable mais bon, elle s'y était faite avec le temps.

Tandis que Méléane questionnait son élève d'un jour quant à savoir si oui ou non l'animal la surprenait – peu importait la réponse, elle n'aurait pas fait ficher le camp à Ceana pour autant – elle vit Flowène avancer soudainement sa lance vers elle. La barmaid tentait une frappe d'estoc à destination de sa poitrine, profitant d'une seconde d'inattention de la Louve pour attaquer. Quelle bassesse ! Elle interrompait le duel pour ne pas profiter de la surprise de l'Elfe et elle, elle ne trouvait rien de mieux à faire que de frapper à ce moment !? Ça lui apprendrait à se montrer patiente avec les gens qui n'étaient pas habitués à voir le griffon, pensa-t-elle, rageuse.
Sachant qu'elle ne pourrait parer à temps avec sa lance, la Chargée des Soumis s'effaça sur le côté, guidée tant par ses réflexes que par son instinct. Ah elle voulait jouer à ce jeu, eh bien il était temps de lui montrer qu'elle n'était pas encore prête d'y gagner.

La pointe de la framée de l'Elfe ne rencontra que de l'air puisque Méléane avait déjà effectué le pas salutaire afin de ne pas se voir blessée, elle recula sa propre arme par la même occasion afin que la hampe adverse ne la gêne pas dans ses mouvements. D'un simple mouvement, la femme fit remonter sa lance d'entraînement en dessous de celle de Flowène pour que la hampe vienne la frapper entre la hanche et les côtes. Un coup donné avec force mais celle-ci était suffisamment bridée pour ne pas causer de dommages à sa partenaire sinon de la douleur.

« Une »

Elle se recula une nouvelle fois, en profita pour ramener une nouvelle fois sa lance vers elle, la fit prestement contourner celle de la gérante du Bar Bu pour fondre à nouveau sur son corps, prête à la frapper une seconde fois. À l'instant où la brune arrêta son geste, la pointe en bois de son arme se trouvait à guère plus de deux ou trois pouces de la gorge de Flowène.

« Deux. Morte. » termina-t-elle, le ton cassant.

Un brin énervée par le geste de l'archère ? À peine. Si en fait, un peu quand même. Sa façon de parler trahissait son état d'esprit. Pour ce geste, Méléane n'allait pas hésiter à tancer sa partenaire.

« Si tu t'abaisses à frapper ainsi alors que j'interromps le duel, ne t'étonne pas si je deviens un peu moins regardante sur mes frappes »

Son humeur était vraiment changeante, voilà même pas dix secondes elle félicitait la jeune femme que maintenant, elle avait plutôt envie de la sermonner. C'est vrai quoi, il s'agissait d'un entraînement, par conséquent des règles étaient de mises, qu'est-ce que c'était que ce coup bas pendant qu'elle se préoccupait elle même de Flowène !? Offusquée, elle refuserait d'admettre que malgré tout, c'était une belle tentative de sa part, vaine, certes, mais belle tout de même.

« Et puis, tu pensais sérieusement m'avoir avec ça ? »


[J'accélère un peu les choses, je commence à avoir du mal sur le plan combat. Si j'ai été trop loin, n'hésite pas à me le dire ^^']

Si Méléane avait arrêté sa lance très près du cou de la jeune femme, ce n'était pas un hasard. Non, cette fois encore, tout était calculé pour que la pointe de l'arme s'arrête précisément à cet endroit là et pas ailleurs. L'aurait-elle voulu que Flowène ne serait plus qu'un corps que la vie aurait déserté mais elles s'adonnaient toutes les deux à un simple entraînement, ni plus ni moins, alors elle n'allait pas lui porter un vrai coup.
Tout au plus avait elle effleuré un peu violemment la hanche de la barmaid mais ce n'était guère plus qu'une caresse comparé à ce que la brune avait déjà reçu. Dans le pire des cas, elle aurait un bleu alors sérieusement, où était le problème ? Qu'elle ose se plaindre que son professeur y soit allé un peu fort ... et peut-être qu'elle lui montrerait l'effet qu'a une ou deux côtes cassées ? Trop fière pour reconnaître qu'elle s'était un peu emportée et aurait pu se montrer plus douce, la Louve se justifiait avec le comportement de son élève. Il y avait des règles, un code d'honneur, lors d'un duel et si l'Elfe était incapable de le comprendre, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.
Encore une fois, la lancière ne se rendait pas compte qu'elle s'emportait pour pas grand chose ...

Toutefois, à en juger par son regard qui s'était fait fuyant un instant, la propriétaire du Bar Bu avait enregistré son erreur afin de ne plus là reproduire ce qui, au fond, valait mieux pour elle, sauf si elle tenait à ce que la Cydienne sorte de ses gonds. Pour avoir morigéné un nombre incalculable de personne ces dernières années, Méléane savait discerner lorsque celles-ci avaient retenu la leçon et Flowène faisait visiblement partie de ce groupe. Tant mieux, la Chargée des Soumis détestait avoir à répéter deux fois la même chose.

« C'est que tu ne dois pas être très douée pour les attaques surprises, alors » répondit-elle de manière assez sèche, un demi-sourire sarcastique aux lèvres.

Qu'est-ce que c'était que cette justification ? Voir si elle s'en sortirait face à une telle frappe... La prenait-elle pour une débutante ? Il manquait des années d'expérience à Flowène pour qu'elle puisse sous-entendre la toucher. C'était noble d'essayer mais un peu présomptueux d'en avoir autant la certitude. Peut-être qu'un nouvel échange gagné en deux ou trois coups lui ferait comprendre où était sa place... Non, son intention n'était pas de l'humilier. Puis, elle semblait avoir compris.
L'Elfe se remit en position, apparemment prête à reprendre l'entraînement là où les deux femmes l'avaient laissé et Méléane suivit le mouvement, relevant sa lance et la pointant vers sa partenaire d'exercice.
Quelques coups s'échangèrent comme cela avait été fait durant la première partie de ce duel, à savoir sans que la Louve n'y aille trop fort et dans l'unique intention de blesser l'autre. Ici, elle poussait juste la barmaid dans ses retranchements tout en essayant de voir comment elle réagissait à la pression d'avoir une adversaire plus douée qu'elle. L'effort physique avait fini par calmer la lancière, suffisamment pour qu'elle puisse se rendre compte que Flowène avait un don naturel avec cette arme, qu'elle avait le « feeling » alors qu'elle n'avait jamais essayé la lance ou presque.
Cela dura encore de nombreuses minutes avant qu'elles ne soient interrompues une nouvelle fois.

« Méléane ! »

La femme en question écarta la lance de son élève et arrêta le duel d'un simple geste de la main avant de tourner la tête vers la personne d'où venait l'appel. Cette fois-ci, la demoiselle aux cheveux azurés avait tout intérêt à se tenir tranquille si elle ne souhaitait pas prendre un autre mauvais coup.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

La personne qui avait coupé court au duel était Lana, son assistante dans son rôle de Chargée des Soumis. Cette dernière s'approcha, le souffle court et vraisemblablement préoccupée, afin de glisser un mot en privé à la Louve. Elle parla si bas que l'Elfe n'avait guère dû saisir plus qu'un chuchotement.

« Je vois, j'imagine que ça ne peut pas attendre » répondit-elle après l'avoir écoutée

Lana hocha négativement la tête, signe qu'il valait mieux que sa supérieure vienne jeter elle-même un œil à ce qui ressemblait en tout point à un problème. La Cydienne soupira ; elle aurait aimé pouvoir profiter un rien plus longtemps de sa pause avant de s'en retourner à ses obligations.
Elle fit face à Flowène avant de reprendre la parole :

« J'ai certaines choses à faire. Du coup, je vais devoir te laisser seule. Si tu souhaites continuer à t'entraîner avec une lance, va voir Kate, là-bas »

Elle pointa la personne en question du doigt, qui s'étirait un peu à l'écart du terrain avant de poursuivre:

« Elle se fera un plaisir de t'aider »

Enfin, elle doutait fortement que l'Elfe veuille poursuivre : Méléane n'était pas aveugle et encore moins abrutie pour ne pas voir que la lance n'était pas ce que sa partenaire préférait, loin de là. Si elle ne pouvait pas lui en vouloir de préférer l'arc et le sabre à la framée, elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela dommage.

« Tu ferais une bonne lancière si tu continuais à t'exercer. Sur ce, je te dis à la prochaine, on se verra sûrement au Bar Bu »

Pas la moindre excuse, juste un vague mouvement de la main en guise d'au revoir, Méléane restait fidèle à elle-même.
La Louve tourna les talons et s'éloigna de la jeune barmaid. Elle s'arrêta juste pour tapoter le flanc de son griffon et lui dire d'aller l'attendre à la maison avant de se remettre en route vers son bureau, Lana juste à côté d'elle et qui se perdait déjà dans ses explications ponctuées de grands gestes.
Si l'entraînement avait été court, la Cydienne l'avait malgré tout trouvé agréable. Avec un peu de recul, la faute de Flowène n'était pas si grave et ne l'avait pas empêchée de faire une pause dans son travail, le temps d'une petite heure.


[Flowène et Méléane désengagées]
[Merci pour ce RP ! =)]