Cimber marchait péniblement vers les portes d'Erathia. Il prit sa gourde a moitié vide, Ou a moitié pleine selon lui, et se maudit d'avoir laissé son boeuf a l'écurie. Boeuf... Il devrait peut-être lui trouver un nom, a son gros compagnon.

*Plus tard, plus tard!* Qu'il se dit, tout en essuyant une goutte de sueur qui perlait... Non, trônait sur son front. Sa harpe! Elle est si lourde! D'ailleurs, elle est aussi grosse que lui, peut-être même plus lourde. Ca ne serait pas étonnant, il y a longtemps qu'il ne la trimbale plus avec précaution. Il la traîne, ses doigt accrochés entre le cadre, fait d'argent, et deux des cordes qui la constitue, partout ou il marche, laissant une trace dans le sol.Son visage s'éclaira quand il apercu, du haut de la colline qu'il venait d'escalader, les portes d'Erathia. Enfin!

Il fait si chaud, et pourtant il n'est pas du genre a se plaindre de tel choses! On pourrait croire qu'il n'a jamais connu le soleil, en regardant son teint, mais en fait, il le connait un peu trop! Il prit une grosse gorgée d'eau (Ce qui restait dans sa gourde) et entreprit de déscendre la colline, mais qu'elle est escarpé! C'en est dangereux! Et comme de fait, en pensant qu'il déscendait un peu trop vite, son pied s'enfonca dans un petit trou et il commenca une dégringolade ridiculement... Ridicule! Il se cogna la tête a plusieurs reprises, s'écorchant l'avant bras gauche au complet, l'interieur de la main droite et les genous, pour finir au bas de la colline, face contre terre. Sa harpe, qu'il avait lâché pendant sa chute, le rejoignis dans un bruit sourd, 23 cordes ayant cédées.

Entre les vapes et le monde réel, le jeune elfe sursauta en sentant une main lui tapoter l'épaule. Il leva péniblement la tête, qui était face contre terre, et tenta de regarder autour de lui. Des genous, des chaussures... Du cuir? Son premier réflex fut de plisser les yeux pour en avoir le coeur net, puis, se rendant compte qu'il perdait son temps sur de tels futilité, il entreprit de se rouler sur le côter et se mettre sur le dos.

-«Gneh!! »
Son gémissement pathétique fut récompensé par ses efforts, et bientôt et put voir le visage de la personne accroupit devant lui. Une elfe... Oh non, Elfe noir.
Au départ, il se montra méfiant et la regarda de haut en bas.

*Une voleuse?... Non, j'ai encore ma bourse et ma gourde* Se dit-il alors qu'il se tapotait les poches.

Finalement, il baissa sa 'garde' et lui adressa la parole
- «T'es qu- »

A peine avait-il ouvert la bouche qu'il commenca a toussoter, puis s'en suivit une toux éternèle qui lui fit cracher tout le sable dans sa gorge, et toute son air, aussi. Il reprit finalement son souffle et la dévisagea.

-«T'es qui? » Lui dit-il, sans pouvoir retenir un ton froid.

Il ne put bien sûre s'empêcher de se mordre la lèvre inferieur en écoutant son ton. Elle l'avait aidée, elfe noir ou pas. Il n'était pas raciste, loins de la. Mais les quelques rencontrent avec des elfes noirs l'avaient intimidé, et il lui avait été inculqué par son malade de père que les elfes noirs étaient de mauvaises personnes, a ne pas fréquenter. Et hop! Cela s'ajoutait a la liste des stupides raisons qui l'empêchait d'avoir contact avec la civilisation. Mais bon, il faisait de son mieux pour ne pas écouter ce sixième sens tordu et paranoiaque, un des rare vestiges de son passé. Il chassa vite ses pensés de sa tête et regarda les portes d'Erathia au loins, se demanda ce qu'elle allait y faire.

L'elfe se releva. Il la regarda et eut un mouvement de recul. Il vérifia même ses poches ! Pour qui la prenait elle ? Apparemment il n'avait pas la réponse à cette question puisqu’il la lui posa. Avant de partir dans une toux interminable. Au moins n'était -il pas évanoui. Déjà ça de prit. Elle baissa sa capuche pour paraître moins intimidante. A son renouvellement de question, elle lui adressa un sourire. Elle pu ensuite l'observer de face. En fait elle regarda surtout ses blessures. Non, vraiment rien de grave. Simplement quelques égratignures. Elle passa ses mains sous son manteau, qui s'ouvrit un peu et laissa voir son épée qui pendait à son côté. Elle en sorti une petite boîte qu'elle ouvrit. Elle fit une grimace.

* Il n'en reste plus beaucoup. Il va falloir que j'en refasse.*

Elle plongea ses doigts dans la boite, et les ressorti plein d'une mixture étrange. Elle l'appliqua sur l'avant-bras endolori du jeune elfe.

* Bouge pas, c'est de l'onguent, ça aide à cicatriser.*

Durant ces derniers mois passés à vagabonder et à se battre, elle avait apprit à sortir le meilleur des plantes. Certes, elle savait aussi faire des poisons, mais elle savait surtout reconnaître leurs effets sur le corps humain et elle s'était spécialisée dans les onguents et les anti poisons. Pour blesser, elle avait son épée, pas besoin d'artifice. Elle avait quasiment fini sa boite. Elle la posa à côté de lui pour qu'il fasse lui-même le reste, maintenant qu'elle lui avait montré à quoi ça servait.

* Eh bien, après le forgeron et avant la taverne, il faudra sûrement passer chez le fleuriste...*

Elle se releva et s'avança maintenant vers la harpe. Elle voulu la prendre et lui apporter mais s'abstint. Si il trimbalait seul cet objet aussi lourd que lui, il devait y tenir. Et il n'aimerait sûrement pas que le premier venu y touche. Elle remit sa capuche et se tourna vers la ville. Elle n'avait plus rien à faire ici.

En la voyant tendre la main vers son manteau, les doutes de Cimber se réanimèrent: Une épée! Mais il tenta de faire abstraction de cette pensée et la laissa étendre sur son avant-bras un onguent qui semblait louche. L'effet fût immediat et il ne put s'empêcher de lui retourner un sourire reconnaissant. Il la vit s'approcher de sa harpe, mais en oublia de se méfier d'elle (encore une fois), et prit la petite boite dans ses deux mains en la regardant, se demandant de quoi cet onguent était fait. Il leva les yeux vers elle et la vit remettre sa capuche. Déja?! Mais il ne faisais que commencer a lui faire confiance. Ignorant la sensation de brûlure sur ses genous, il ramassa son instrument et marcha vers elle, avec elle.

-Je... Umm.... M-merci.

Ce n'est pas avec ses mot que Cimber sympathise avec les gens. Mais lui jouer un morceau de harpe en marchant, sans compter qu'il n'avait pas toute les cordes a disposition, était plus qu'absurde. Il s'éssuya le visage, plein de poussière, et lui tendit la boîte.

-Tu... Tu oublie ca.

Ce n'est qu'a ce moment qu'il réalisa a quel point il était couvert de poussière. Il n'y avait pas que son visage qui avait besoin d'être essuyé. Il se contempla avec découragement en se demandant par ou commencer. Il se secoua la tête, expulsant une bonne partie de la poussière qui s'y était déposée, en un petit nuage autour de lui qui tomba en quelques secondes. En se regardant les mains toutes rouges qui tenaient la petite boîte, parsemées d'éraflures et de petites roches qui s'étaient enfoncé dans ses doigts, il eut un léger soupire. Vraiment, il ne s'était pas manqué. Mais cet onguent était vraiment miraculeux!

Alors qu'elle se tournait vers la ville, prête à repartir, il se releva, prit son instrument et vint la rejoindre. Il la remercia. Inutile de la remercier, c'était elle qui s'était imposée, il ne lui avait rien demandé. Ils commencèrent à marcher ensemble vers Erathia. Elle n'avait pas pour habitude de marcher côte à côte avec quelqu'un. Il lui tendit la boite, elle ne la prit pas. Il s'arrêta pour s'épousseter, elle l'attendit. Il soupira, il était tout de même dans un piteux état. Elle lui fit signe de garder l'onguent, il en aurait encore besoin. Et elle pourrait s'en refaire d'autre. Elle le regarda, cette fois ci lui et non pas ses blessures. Un jeune elfe blond. Comme son défunt mari. Sauf que celui ci possédait d'immenses cernes sous les yeux. Il ne devait pas beaucoup dormir. Sûrement des cauchemars, comme elle en faisait elle-même. Et quand on fait des cauchemars, c'était qu'on avait pas eu une vie facile. Ce qui expliquerait pourquoi un elfe si jeune se promenait seul. Et pourquoi il s'était attaché à un objet, un objet plutôt lourd pour lui. Et cet objet était lui aussi en piteux état. Elle montra du doigt la harpe.

* As-tu de quoi la réparer ?*

Il y avait sûrement des Luthier dans une si grande ville, ils pourraient l'aider. Mais avait-il de l'argent ?

Pourquoi s'en souciait-elle ? Il était tombé, elle l'avait aidé, il n'avait rien de grave. Elle pouvait repartir sans crainte. Comme lorsqu'elle sauvait des familles qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. Jamais elle ne restait avec, elle partait directement. Elle faisait simplement ce qu'elle jugeait devoir faire et partait une fois son travail accompli. Ne jamais rester, ne jamais s'attacher à une personne. S'attacher c'était souffrir. Alors, pourquoi ne partait-elle pas ? Sûrement car c'était un elfe. Cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas vu. Elle n'était jamais retournée à Silmarie, depuis ce jour. Son pauvre père devait la croire morte ! Mais que pouvait-elle faire ? Aller le voir, honteuse, lui montrer qu'elle avait survécu alors que son mari et son fils s'étaient fait massacrer ? Pourquoi elle s'en était sortie et pas eux ? Elle n'était rien, rien de plus qu'une âme perdue qui vagabondait seule. Tant qu'elle avait honte d'elle-même, elle ne pourrait pas aller le revoir.

Et pourtant, elle était là, face à face avec un inconnu, un elfe. Et elle ressentait le besoin de l'aider, plus que tous ceux qu'elle avait rencontrés, parce qu'ils étaient elfes tous les deux.

En comprenant qu'elle lui laissait le pot, le jeune elfe sourit encore une fois. Un cadeau? Voila bien quelque chose qu'il ne s'attend pas souvent a recevoir! En fait, il ne s'attendait pas souvent a être aidé par qui que ce soit, d'ailleurs. La dernière fois qu'une personne lui a démontré un acte désinteressé était lorsqu'il agonisait dans un trou, la jambe cassée et le ventre vide. Mais tout comme la dernière fois, il eut se sentiment amer... Il se sentait redevable. Qu'importe! Elle lui avait laissé, il ne lui avait tout de même pas volé! Cette pensée le fit frissoner: Une épée, un onguent qui, a coup sur doit coûter cher... Ce n'est pas le genre de jeune femme qu'on tente de voler. Il plongea deux doigts dans la boîte, la tenant avec son autre main (presque) intacte, et les ressorti couvert de l'étrange mixture. Il serra le poigt et étendit l'onguent sur sa paume. Que se fait du bien! Comme de l'eau sur un feu! Et leva la tête et l'appercu en train de l'observer de la tête au pied. N'y faisant guère attention, ce ne fût que quand elle pointa la harpe qu'il réagit. Il referma la petite boîte et la placa dans son sac a dos, puis commenca a expliquer pourquoi il trimbalait un tel objet.

- O-Oh... C'est avec ca que je survie. Je me débrouille.

Il souleva la harpe et la mit devant lui pour la mettre en évidence. Ce n'est que la qu'il remarqua l'état des cordes. Il laissa échapé un soupire en pensant au prix que la réparation allait lui coûter. Mais le sourire lui revint au visage en quelques secondes. Et alors? La vie continue! Il avait amassé un jolie petit montant cette semaine, il aurait l'argent de la faire réparer et rétablir si il s'abstenait de manger les deux prochains jours et qu'il mettait tout ses profits dans ses économies. Ses yeux quittèrent la harpe pour revenir vers la jeune femme. Embarassé, il pensait a l'allure qu'il avait: Sale, se ventant d'être bon musicien en lui montrant une harpe qui faisait encore moins belle impression que lui.

Mais il garda son sourire. Et alors? Elle pensera ce qu'elle voudra, le fait est qu'il serait mort aujourd'hui, sens ce petit (gros) bijou en argent.

Il lui sourit en gardant le pot. Il eut un frisson. Avait-il froid ? Pourtant, le soleil brillait. Elle le regarda se passer de l'onguent, il avait l'air d’apprécier. elle avait eu raison de lui laisser, il en aurait sans nul doute besoin. Même si avec le peu qu'il restait il en aurait vite fini. Il répondit à son geste :

- O-Oh... C'est avec ça que je survis. Je me débrouille.

Ce n'était pas ce qu'elle voulait savoir. Ça, elle s'en doutait bien que c'était l'instrument grâce auquel il gagnait sa vie. Mais elle ne pouvait pas lui poser la bonne question, tant pis. C'était handicapant parfois, de ne pas pouvoir exprimer ce qu'on souhaitait. Il sourit en regardant sa harpe. Il ne devrait pas avoir trop de mal à la réparer s'il gardait le sourire. Elle leva les yeux au ciel et jaugea de la position du soleil et sa hauteur. Le soir n'allait pas tarder à arriver. Et elle devait toujours aller faire des achats. Mmh, au pire, elle n'irait que le lendemain et irait se reposer bien tranquillement ce soir dans une taverne. Elle n'était pas pressée, elle avait tout son temps. Elle s'inclina pour prendre congé de lui.

*Au revoir jeune elfe. Prends bien soin de toi et de ta harpe. Au plaisir de te revoir et de pouvoir t'écouter un jour. *

Elle ne pouvait pas faire grand chose de plus pour lui. Il était temps pour elle de reprendre sa route d'éternelle solitaire. Elle avait bien assez partagé d'instants de sa vie aujourd'hui. Elle se tourna et se dirigea vers Erathia. Sa capuche sur la tête, cachant son visage, et son épée à portée de main. Elle ne mit pas longtemps à rejoindre la ville. Où elle redevenait une inconnue parmi tant d'autres, se fondant dans la foule. Observant ce qu'elle voulait sans qu'on ne puisse la regarder elle-même. Une ombre évoluant tranquillement dans la masse, sans se lier avec quiconque. Elle redevenait personne, elle ne redevenait rien, elle redevenait elle-même.

[Désengagée]

En la voyant s'incliner, remettre sa capuche sur sa tête et s'éloigner, le jeune elfe sourit. Non, pas cette fois malgré lui, pas parce qu’il venait d'avoir gratuitement un onguent presque magique, mais simplement car il savait qu'il la reverrait un jour. En fait, en y repensant mieux, il n'était plus sûr du motif de son sourire. Bien entendu, si ce n'était que de lui, il n'aurait pas beaucoup d'émotions. C'est son visage qui désobéi a sa tête, selon-lui. Chaque fois qu'il fait sortir cette excuse idiote, il garde le plus grand des sérieux. Toujours en la regardant s'éloigner, il comprit. Cette jeune femme, elle l'avait aidée, elle lui avait donnée quelque chose, par pur désintérêt. Cela ressemble beaucoup a la description qu'il avait souvent entendu. Une amie? Oui... Il peut l'appeler amie sans se sentir prétentieux. C'est donc une amie.

Il attendit quelques minutes, appliquant le peu d'onguent restant sur ses genoux, puis continua son chemin vers la ville. Si il faisait assez d'argent, il dormirait dans une auberge cette nuit. Sinon... Et bien c'est a voir! En marchant, il recommença a traîner sa harpe. Une bien mauvaise habitude qu'il n'aimait pas avoir. Après tout, même si elle n'est pas vivante, qu'elle ne ressent aucune émotion, elle le fait vivre, le fait sourire, mais le plus beau dans tout ça, c'est qu'elle fait sourire les gens autour de lui, elle les divertie, et les fait s'émerveiller. C'est avec elle que l'adolescent vit sa vie, et qu'il peut garder la tête haute en se disant qu'il n'est plus malheureux. Il lui doit le luxe de se payer quelque chose a manger lorsqu'il a faim, et le plaisir de ne pas avoir a ramper péniblement vers l'enfer d'ou il vient. C'est en pensant a cette idée d'horreur qu'il ramasse sa harpe et la soulève. Elle mérite mieux que ca, et il la respectera tant et aussi longtemps qu'elle lui offrira la liberté.

La jolie elfe noir qui l'avait aidé avait fais plus que lui donner de quoi se soigner. En plus du pot d'onguent qui était presque vide, elle lui avait donné un sourire, c'est bien plus qu'il n'en aurait espéré.

* Au revoir, grande elfe noire. Je n'ai aucune idée de ton nom, mais ca ne fait qu'une question de plus a te poser lors de notre prochaine rencontre. *

[Désengagé]