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Meliant
Nombre de messages : 42 Race et âge : Astorg, 39 ans. Cité : Erathia. Métier : Politicien (Tribun) Feuille de personnageCompétences: Charisme, spécialisation en épée, mysticisme.Compétences bonus: Réputation : (7/10) | |
| Sujet: [D-E] Tu ne l'aimais pas. [Fini] Jeu 5 Avr - 11:43 | |
| [J'ai eu envie de montrer Meliant sous un jour un peu nouveau et plus humain. Le faire évoluer, en quelque sorte.] Cela avait commencé il y a plusieurs mois. Quelques phrases assassines balancées à son égard, des regards méprisants et hautins qui voulaient la clouer sur place. Tu voulais lui montrer qu'elle n'était rien qu'une pimbêche dont tu n'avais cure. Une idiote qui ne serait jamais à la hauteur du grand Meliant. Qu'elle n'était qu'un microbe qui ne valait pas la peine qu'on s'y attarde. Oui, elle était tout cela à tes yeux et tu le lui faisait savoir de la manière la moins délicate qui soit. De toute façon, la délicatesse, ça n'avait jamais été ton fort, surtout avec les femmes. Cette fille n'était qu'une servante, rien de plus. Tu pensais qu'en agissant de la sorte tu la ferais fuir, comme toutes les autres. Tu pensais qu'avec le temps son sourire et son insouciance allaient se faner. Tu avais ce désire presque malsain de la voir choir, de perdre goût à la vie. Son regard pétillant et ses gentillesses t'insupportaient. Tu ne comprenait pas cette femme et n'avait aucune envie de le faire. Et en même temps... Pourquoi faisait-elle ça ? Pourquoi passait-elle outre ton mépris et ton arrogance en continuant à te parler et t'envelopper de son regard chaleureux ?
Le temps passait et elle était toujours là. Cette femme t'étais devenue presque indispensable. Son sourire, sa fraîcheur. Tout cela te faisait oublier l'amertume de ton existence. Les défaites, les regards de haine que te lançaient les autres. Tu ne l'aimais pas, non. La demoiselle n'était qu'une chose qui servait tes intérêts ; qui rendait tes soirées un peu plus paisibles, sans débats intérieurs, ni gros plans sur la comète. Elle t'apportait simplement le thé et restait quelques instants à tes côtés, te parlant des choses insignifiante, te défiant de la renvoyer, avec insolence. Elle voyait des détails que tu n'avais jamais remarqué et semblait aimer chaque instant de son existence, ne regretter rien, ni personne. La simplicité et la joie émanaient de son être. Tu la haïssais pour cela. Pourquoi arrivait-elle à vivre sans se poser de questions, chérir chaque instant, même le mauvais. Tu lui as un jour posé la question.
« La vie est bien trop courte, mon Seigneur. Elle ne laisse pas de place aux regrets. Notre fin est plus proche qu'on ne le croit parfois, alors faites comme moi, savourez chaque instant. Souriez, mon Seigneur. »
Le ton de sa voix et la pointe de tristesse qui perça dans son regard auraient dû te mettre la puce à l'oreille, mais t'étais trop fier pour voir autre chose qu'un discours niai et sans aucun sens. Tu étais seul à décider de ta mort. Tu n'avais pas l'intention de laisser au Destin de te jouer des tours. De toute façon, tu ne croyais pas au Destin. Tout ceci était pour les faibles, pour ceux qui étaient incapable de gérer leur vie, la mettant entre les mains d'une entité inexistante.
« Penser de la sorte, c'est juste être lâche. Vivre chaque jour comme si c'était le dernier, hein ? En agissant de la sorte, on ne savoure pas sa vie, on se contente de vivre dans la peur de ne pas se réveiller le matin suivant. Vous êtes une idiote de vous raccrocher à des principes qui n'ont aucun sens. - Vous devez avoir raison, mon Seigneur, ajouta-t-elle en sortant, le visage fermé. »
Suite à cette discussion vous n'avez plus jamais abordé le sujet. Elle continua de te parler de choses insignifiantes et toi, tu savourais, mine de rien chacune de ses paroles. Tu ne l'aimais pas, non. Tu le répétais souvent. L'innocente bêtise dont elle faisait preuve te changeait juste les idées. Elle était un objet comme tous les autres, dont tu te servais à des fins personnelles. Elle n'était personne, jamais elle ne pourrait avoir une grande place dans la majestueuse existence du Sir Meliant. Cette fille devait s'estimer chanceuse que tu daignes lui accorder un peu d'attention. Elles étaient rares, les personnes à qui le grand Tribun acceptait de prêter oreille.
Et puis d'un coup, tout cela s'arrêta. Une autre vint un jour t'apporter le thé. Cela te fit un choc que tu as inconsciemment refoulé. Tu n'interrogea pas la nouvelle servante sur ce subit changement. Meliant ne s'intéresse pas aux changements de personnel. Meliant n'en a rien à faire du petit peuple. Meliant est trop arrogant est fier pour admettre que la présence de la jeune femme lui manque, ses mots, ses remarques, son sourire insolent. Tu es un idiot, parce qu'au fond, ça te perturbe, mais tu préfères t'enliser dans ton indifférence feinte plutôt que de montrer aux autres que tu éprouves de l'intérêt pour une personne – pire ! une domestique. Et la vie continue. Une semaine sans nouvelles d'elle.
Tu redoutes maintenant l'heure du thé. Chaque jour, ta respiration se bloque tandis qu'on frappe doucement à la porte. Tu sais que ce sera pas elle cette fois non plus, parce que tu connais sa façon de t'annoncer sa venue. Un coup sec et elle rentrait sans attendra ta réponse. Le nombre de fois où tu l'avais réprimandée et menacée de la virer. Ça te manques. Tu ne l'aimes pas, non. Ce qui t'anime c'est juste de la curiosité. Alors tu fini par poser la question fatidique.
« Je suis désolée, mon Seigneur, Annaé a quitté notre monde. »
Tu fixes la boniche sans comprendre. Elle ne peut pas être morte. Tu n'oses demander des précisions, parce que ça n'a pas d'importance. Comme si toi, ancien Consort et Tribun, tu puisses être touché par une telle nouvelle. La domestique continue, cependant.
« Elle se savait condamnée depuis plusieurs mois vous savez. C'était une petite vraiment courageuse. »
Tu la coupes dans ses explications et lui demandes des sortir et ne plus être dérangé ce soir. Tu te laisses tomber sur ton sièges et tu souffles. Tu expires doucement l'air qui était resté bloqué au fond de ta poitrine durant les explications de la servante. Cette femme est morte, et alors ? Ça ne te touche pas le moins du monde.
Sa voix ne raisonnera plus jamais dans cette pièce, mais peu importe, tu ne l'aimais pas. Tu te prends le visage entre les mains. Son absence n'a aucune espèce d'importance. T'en as rien à foutre, parce que t'es Meliant, l'homme sans cœur, obsédé seulement par sa soif de pouvoir. Tu es l'impitoyable Tribun que tous le monde hais, et tu hais tout le monde tout autant ! Tu es l'ancien Consort dont la seule compagne est l'ambition. Tu n'as besoin de personne d'autre, et certainement pas d'elle. Qu'elle aille au diable, cette idiote ! Pourquoi ne lui avoir rien dit ? Pourquoi avoir disparu sans un mot. Cette fille n'était qu'une sale égoïste ! Elle ne mérite pas l'attention du superbe Meliant !
Une douleur sourdre te tiraille la poitrine. Pour la première fois des larmes amères inondent ton visage. Pourquoi ? Tu n'as pas besoin d'elle. Pourquoi cette sale peste a-t-elle bousculé ainsi ton existence ? Elle n'est plus là et tu réalises à quel point tu es seul, à quel point tu es faibles.
Tu pleures. Tu ne l'aimais pas, non.
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