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Que sa volonté soit faite


Larme-de-sang éleva le sceau et le renversa au-dessus d'elle, l'eau se répandit alors depuis ses cheveux sur tout son corps. A cause de sa teinture rouge-feu, le liquide se colora immédiatement, lavant le trop-plein de coloration. Sur le sol, l'eau circulait avec la couleur du sang, puis se dispersa. La jeune femme renouvela l'opération afin que sa chevelure soit unanimement colorée et qu'elle ne laisse pas de traces rouges sur ses vêtements. A la quatrième douche, elle remarqua que l'eau avait gardé sa couleur naturelle et se sécha donc dans la foulée.
Son précédent sacrifice l'avait physiquement éreintée, mais elle ne pouvait pas se permettre d'aller se reposer dans une cité -pas maintenant. En contrebas de son petit campement, elle voyait les lueurs et les tours de la splendide ville d'Erathia, remise au goût du jour depuis qu'elle avait été nettoyée de la présence d'Azael et de son peuple. Une cité qu'on voulait havre de paix et d'harmonie, sans armes, sans violence... D'un ennui mortel. C'était pourtant simple : il n'y avait de paix, d'harmonie, d'équité, de justice et d'égalité que dans la mort, et seulement auprès d'elle ! Rois, empereurs, paysans et orphelins, tous étaient égaux lorsqu'ils devenaient des cadavres, et tous devaient servir le Maître quelque soit leur position dans l'ancienne vie. Et tous finissaient par nourrir les corbeaux.
Larme-de-sang se rhabilla, commençant par son vêtement le plus indispensable: le tissu de soie recouvrant ses yeux. Bien qu'elle voyait le monde à travers flou et sombre, il était bien plus important de les couvrir de la vue des autres. Puis elle glissa sa robe, ses bottes, ses mitaines qui cachaient les cicatrices qu'elle s'imposait pour la Maho. Son sang était d'une puissance terrifiante, mais elle devait aussi lui permettre de se renouveler. Voilà pourquoi elle avait eu besoin de sacrifier la ferme un peu plus loin, le paysans stupide, sa grosse femme et leurs marmots aux dents déjà pourries. Elle était en train de glisser son couteau dans sa botte lorsque l'homme arriva.
Il était dans son dos, elle s'arrêta alors dans son mouvement, le buste penché et l'arme encore entre ses doigts. Il lui parla, dans une langue qu'elle avait appris à parler lors de ses séjours chez les yeux-bridés. Il lui fallut cependant quelques secondes pour bien saisir le sens de ses mots, ne s'attendant pas à entre autre chose que du cydien, de l'elfique ou de l'astorg ici.

"Les démons t'habitent, sorcière".

C'était un vieux Jinmen, la barbe blanche et noire récemment taillée, des rides profondes et des sourcils épais. Il était habillé de bleu et or, les couleurs du clan impérial du Dragon, et portait la coiffe des Shugenjas. En résumé, un homme important qui semblait la chercher.
Mais un homme seul.

"Que de mois depuis le sacrifice du domaine seigneurial, car c'est bien pour cela que vous venez n'est-ce-pas ?" déclara-t-elle en se redressant. "Comment m'avez-vous donc retrouvée ici ?"

"Il n'y a aucune difficulté à suivre l'odeur du sang".

Cet homme était définitivement bien sérieux, ce qui en disait long sur ses intentions.

"On me nomme Sun Liang, Sorcière. Tu connais à présent mon nom, tu pourras le donner aux démons que tu sers lorsque tu les rejoindras dans l'autre monde."

"Je ne sers aucun démon, Sun Liang, pour la simple raison qu'ils n'existent pas. Je ne sers qu'un seul Maître, et il apprendra ton nom quand tu le serviras."

Sun Liang leva la main, et Larme-de-sang réagit au quart de seconde. Le feu se déversa de la paume du Shugenja, puis il coupa sa magie pour suivre les mouvements de la jeune femme. De sa main gauche, il fit un mouvement ample vers le ciel, et des racines sortirent du sol pour attraper les jambes de la mage de sang et la stabiliser pour l'arroser de flammes. Agile, Larme-de-sang évita d'être sa prisonnière, mais se foula le pied sur une des racines. Courageuse, portée par la mort, elle continuait de tourner autour de Sun Liang, esquivant ses sorts et sa magie. Tout se passait à une vitesses vertigineuse, le Shugenja qui effectuait de grands mouvements d'art martiaux pour invoquer ses éléments, la jeune femme esquivant comme elle le pouvait en dessinant des cercles sur le champs de bataille. Parfois, elle ripostait avec ses petits couteaux de lancer, mais Sun Liang n'était pas un grand Shugenja par hasard, repoussant les lames du mieux qu'il pouvait.
Puis Larme-de-sang reçut un coup de pierre sur le dos du crâne, puis une racine lui frappa l'arrière du genoux. Elle s'effondra dans un cri de douleur, allongée sur le sol. Sans savourer sa victoire, car il était un homme aussi sage qu'humble, Sun Liang s'approcha d'elle, la main levée.

"C'est terminé, sorcière."

Alors il vit le bras de son adversaire, mais c'était déjà trop tard. Une large entaille faite au couteau avant que le combat ne commence lui avait permis de déverser son sang autour de l'arène et, tandis qu'elle esquivait, elle avait tracé des formes sur le sol. Le Shugenja n'avait rien vu. Et cela lui fut fatal.

"Oui, vieil homme, c'est terminé".

Larme-de-Sang finit de tracer le symbole de sang jusqu'à elle et Sun Liang hurla.

Le cri la réveilla en pleine nuit.
Une image, terrible, avait parcouru ses rêves pendant plusieurs minutes avant que la Jinmen ne se réveille.
Un homme.
Une barbe blanche et noire.
Des traits tirés par le voyage.
Un Jinmen.
Un goût de déjà vu.
Cette impression de le connaître sans pour autant se souvenir …
Et puis il y avait eut l'autre, cette personne dont Maya ne parvenait pas à savoir qui elle était, elle la sentait au travers de l'esprit de l'homme. Il y avait eut la peur, imperceptible mais pourtant bien là et puis le soulagement, comme si l'homme dont elle rêvait venait d'accomplir quelque chose d'important. C'était avant.
Avant la douleur qui avait jailli tant et si bien que Maya s'était réveillée en sursaut en plein milieu de la nuit. Elle n'avait poussé qu'un seul cri, unique, singulier, par l'Esprit comme si sa voix s'était définitivement tue. Ce ne fut qu'en se réveillant, en croisant ce même regard d'émeraude azurée dans les yeux de sa jumelle qu'elle comprit.
Elle connaissait cet homme. Maya fouilla sa mémoire, tentant de se remémorer les souvenirs enfouis et enfin, après plusieurs tentatives, elle parvint à se remémorer leur rencontre …

Il s'appelait Sun Liang, et la première fois qu'elle l'avait vu remontait à si longtemps que la Jinmen n'était pas certaine de se souvenir de son âge. Sans doutes six ou sept ans si sa mémoire ne lui jouait pas une nouvelle fois des tours. Leur mère avait insisté pour qu'elles aient un précepteur, bien que les fillettes préfèrent que ce soit elle qui leur apprenne les arts et les langues. L'homme avait été désigné pour parfaire leur éducation artistique et guerrière lorsque de tels talents s'étaient éveillés en elle. Maya se souvint l'avoir détesté dès la première seconde, lui qui volait la place de leur mère, seule personne avec qui la petite Jinmen aurait voulu apprendre tout cela mais il ne lui fallu pas longtemps pour conquérir le cœur de la petite fille, tout au plus une journée tant ses connaissances étaient grandes et tant il se montrait dévoué envers elles, si bien qu'elle le considéra bien vite avec respect, suivant avec assiduité ses enseignements. Il avait été le seul parmi les maitres, qui lui avait manqué avant son départ, de cela, Maya s'en souvenait.

Tous ces éléments lui étaient revenus en mémoire rapidement, si bien que quelques minutes à peine s'étaient déroulées depuis leur éveil. La saltimbanque plongea son regard dans celui de Miki. Elle comprit aussitôt que le rêve de sang n'en était pas un, que tout cela était bien réel et que l'homme qu'elle chérissait le plus après son père était en train de périr. Mais qu'y pouvait-elle après tout ?

« On ne peut pas le laisser comme ça »

Miki avait murmuré, la voix brisée par la peur.
Avaient-elles seulement rêvé ? Tout ceci était réel oui, mais terrifiant. Cette once de peur, de douleur, cette sensation de mort qui l'habitait au fur et à mesure que le fluide vital quittait le corps … Maya était terrorisée. Elle se força à se calmer et ce fut ensemble qu'elles pensèrent à la même chose. Comment avaient-elles pu sentir son énergie, ses sentiments avec autant de précisions ? Il ne leur fallut pas longtemps pour se rendre compte qu'il ne devait plus se trouver à Hoshizora. Alors, effrayées, elles cherchèrent ensemble la source, et elles le sentirent, non loin, sans doutes à une journée de marche de la Lumineuse …

Les deux jeunes filles n'avaient pas bougé pendant près de deux jours, pensant le pour et le contre, se demandant se tout cela n'était pas un piège mais au final, les années de fidélité et de respect les avaient rattrapées, si bien que, sentant sa force diminuer à vu d'Esprit, Maya se décida :

** S'il meurt, je l'oublierais demain, mais toi non. Nous ne pouvons pas le laisser mourir, pas après tout ce qu'il a fait pour nous. **

L'éventualité de perdre le jeu, qu'il ne soit qu'un envoyé de leur mère pour la faire remporter la promesse leur effleura l'esprit mais la douleur qu'elle percevait de lui finirent par les convaincre qu'il fallait agir. Peu importait le jeu, il n'y avait pas d'honneur à laisser mourir le précepteur. Il n'y avait pas d'honneur à laisser mourir un ami.

** On volera un cheval. **

L'évidence même dans l'esprit des deux demoiselles. L'idée d'user de l'impressionnisme leur traversa l'esprit mais Maya refusa. Depuis sa mésaventure, elle n'avait utilisé ce don que peu de fois, se contentant de peintures ordinaires. Elle se refusait à revivre la même épreuve. Sauf pour Mère. Elles n'eurent aucun mal à en voler un, les chevaux de la Troupe, s'ils étaient parqués, n'étaient pas plus que ça gardés. Elles enfourchèrent la monture et disparurent dans le soleil couchant.
Trois jours. Trois jours qu'il attendait, agonisant quand elles le trouvèrent.
Terrifiées, elles l'avaient pistés grâce à l'Esprit avec plus ou moins de succès. Terrifiées, elles n'avaient pas osé descendre de cheval. Ensemble, elles s'étaient souvenues de tout ce qu'il avait fait pour elle. Ensemble, elles descendirent et Maya approcha le corps aux côtés de sa sœur.

** Il est vivant **

Une même constatation. Un même mouvement vers lui pour le soigner bien que Maya soit la seule à pouvoir le faire. Terrifiées, elles avaient pourtant désormais la furieuse envie de le maintenir en vie et le sauver. Ce qu'il s'était passé, elles préféraient l'ignorer, de peur de prendre leur jambes à leur cou.

Maya avait oublié beaucoup de choses depuis le jour du « passage » mais elle se souvenait encore de Sun Liang, suffisamment pour savoir que, même si sa mémoire effacerait sans doutes l'homme et sa disparition au bout de vingt quatre heures, cela ne serait pas le cas de sa jumelle qui culpabiliserait toujours de sa perte. Qui sait, vu les récents évènements, peut-être même qu'elle se souviendrait de l'avoir abandonné et laissé mourir au point que ce fait se grave dans sa mémoire à jamais. Parfois, même si elle ne se souvenait de rien de la veille en dehors de ce que Miki se rappelait et qu'elle voulait bien partager par l'Esprit, la Jinmen parvenait à se rappeler d'éléments, aussi futiles soient-ils, comme si sa mémoire forçait le processus et entamait la voie de la guérison. Mais pour l'heure, la seule chose qui occupait ses pensées et son attention était la survie du vieil homme et si les questions sans réponse de sa jumelle ne l'aidaient guère à se concentrer, peu importait, elle se refusait à abandonner. Sun Liang était important, peu importaient les souvenirs, elle le sentait au fond d'elle. Il était un lien avec leur passé et un pont avec leur avenir et cela, la princesse ne l'avait pas oublié car toujours l'homme avait été à leurs côtés.

La main de sa jumelle dans la sienne, Maya aurait pu se sentir invincible mais en l'occurrence, elle se sentait vulnérable, affaiblie par les soins qu'elle prodiguait comme par les questions, multiples et pleines de doutes et de craintes, qui les hantaient toutes les deux. Si l'homme qui gisait devant elles n'avait pas été aussi important, les filles n'auraient pas hésité à s'enfuir, comme elles le faisaient toujours depuis que leur mère avait lancé ce stupide jeu. Sauf que si Maya avait une furieuse envie de prendre ses jambes à son cou, elle savait également que ce n'était pas la meilleure chose à faire, qu'en la survie de leur tuteur résidait les réponses à leur questions. Sans doutes serait-il en mesure de leur donner des nouvelles de Père et de Mère ! Après tout ce temps et même si ces pensées étaient égoïstes au possible, la jeune fille avait hâte de les savoir en bonne santé et d'avoir de leurs nouvelles. Aussi, elle se priva de sommeil autant que possible et, lorsque l'épuisement l'emportait, ne se permettait que quelques heures avant de reprendre les soins, apposant avec douceur mêlée de crainte ses mains sur le corps tremblant.

A ses côtés, tandis que l'homme reprenait ses esprits, Maya sentit la pression dans l'Esprit de Miki la quitter et vit rouler sur ses joues des larmes qui ne pouvaient signifier qu'une seule et unique chose, qu'elles avaient réussi ! L'homme reprenait peu à peu conscience si bien que la princesse fournit une dernière salve de bonne volonté pour soigner les derniers effets de ses souffrances. Sans plus attendre, lorsqu'elle fut certaine qu'il était sortit d'affaire, elle retira ses mains prestement. La jeune femme se sentait fatiguée pour ne pas dire épuisée et savait qu'elle ne devait son état de conscience qu'à l'énergie que sa jumelle n'avait eu de cesse de lui transmettre lorsqu'elle prodiguait les soins.

Sun Liang prit la parole le premier, faisant retomber quelque peu la tension qui régnait entre eux, les deux jeunes filles n'osant plus esquisser le moindre mouvement, Maya n'ayant même plus la force de toute façon pour parler par l'Esprit.

« Nous allons bien Sensei ! Vous avez vu, nous avons bien respecté les règles du jeu ! » lui assura Miki dans un sourire.

Pour sa part, Maya restait perplexe, et, contre toute attente, elle qui ne prenait jamais la parole n'hésita pas une seule seconde lorsque le vieux Jinmen ne mentionna que son père et, d'un ton grave, elle ne demanda qu'une seule et unique chose :


« Et Mère ? »

Depuis le temps, Maya avait pris l'habitude de décoder la plupart des émotions des gens mais il fallait bien avouer qu'elle s'attendait à tout sauf à de telles nouvelles. Depuis leur départ de la capitale, jamais les deux princesses n'avaient songé une seule fois que leur destin se trouverait autant chambouler. Que pouvait bien faire l'homme qui leur avait tout appris à des lieues de leur cité natale et surtout, qu'avait-il bien pu faire pour en sortir autant blessé ? Tout cela n'augurait rien de bon et si Miki, d'ordinaire beaucoup plus frivole et légère que sa jumelle, ne semblait pas vouloir se rendre compte de quoi que ce soit, la Jinmen quant à elle se sentait quelque peu perplexe. Quelque chose au fond d'elle se brisait, pire que tout, quelque chose se serrer, comme si l'homme en face d'elle allait lui apprendre une mauvaise nouvelle. Une sorte de pressentiment que quelque chose s'était mal passé, que quelque chose l'avait poussé à quitter ce qui faisait jusque là sa vie … Qu'avait-il bien pu se passer pour que Sun Liang senseï change ainsi du tout au tout et que son regard d'ordinaire si serein n'exprime plus aujourd'hui que l'inquiétude et le remord ? La jeune femme observa sa jumelle, cette dernière semblait également prendre conscience petit à petit que quelque chose n'allait pas, outre l'état pitoyable dans lequel elles l'avaient trouvé quelques heures ou jours auparavant, Maya n'étant plus très sure de ce détail.

L'Esprit était un art merveilleux et précieux, voilà ce que tous avaient pu dire au palais en voyant les deux princesses ainsi liées l'une à l'autre en permanence, quand bien même se trouveraient-elles dans des pièces différentes et jamais la Jinmen n'aurait dit le contraire, cependant, les émotions troublées du vieux précepteur de son enfance la firent soudainement douter. Pire que tout, elle sentit comme une onde de choc lui traverser l'esprit, comme si ce dernier hésitait mais surtout, comme si les nouvelles qu'il comptait leur divulguer lui fendait le cœur aussi sûrement que ce qui l'avait blessé si durement. Maya comprit en un instant que son état était lié à sa question.

« Qu'est-il arrivé à Mère Senseï-Sama ? »s'exclama-t-elle malgré elle dans un élan de précipitation, sa voix trahissant son inquiétude.

Elle craignait la réponse, elle sentait que cela n'allait pas être une bonne chose … pourquoi ? Pourquoi vouloir connaître la vérité ? Non. Ce ne pouvait pas être pire que l'instant présent et quoi qu'il arrive, sa mémoire effacerait d'elle même les mauvais souvenirs. Il n'y avait rien à craindre n'est-ce-pas ? La nouvelle tomba. Lourde. Froide. Cruelle. La vérité était blessante, tranchante, pire que tout, elle était trop cruelle … Quelque chose explosa dans la tête de la princesse Jinmen tandis que le senseï annonçait la funeste nouvelle. « L'Impératrice nous a quitté, il y a plusieurs mois déjà » … Plusieurs mois ? Morte ? Non. C'était impossible. C'était totalement impossible.

« Vous mentez ! » ne put s'empêcher de penser Maya.

Mais son Esprit savait. L'homme ne mentait pas. Il disait la vérité et rien ni personne ne pourrait changer ces paramètres. Mère était morte, tel était le funeste sort que le destin lui avait réservé et rien ni personne ne pourrait y changer. Rien ni personne ne pourrait faire en sorte qu'elle revienne que, de son doux regard, elle les couve une dernière fois de son amour débordant. Une vague de tristesse emprisonna le cœur de Maya tandis que sa jumelle semblait en proie aux mêmes émotions. L'une comme l'autre nourrissait la douleur de sa moitié. Cherchant désespérément sa jumelle, Maya s'y accrocha. Encore, toujours.

La suite fut plus douloureuse encore. Que Dame la Mort se soit penchée sur Mère était tolérable, car tous mourraient un jour lorsque l'heure était venue mais que quelqu'un ai osé prendre sa vie était impensable. Qui aurait pu en vouloir à cette femme dont les seuls souvenirs de la princesse la rendait douce, gentille, belle, parfaite. Qui avait osé se prendre pour la Mort en personne ? Que le déshonneur s'abatte sur lui … que … que … Pourquoi la tuer ? La colère et la tristesse se mêlaient à la réflexion de la jeune femme tandis que sa moitié prenait la parole.

Il fallut du temps, peut-être beaucoup, Maya n'avait aucune notion de cet élément. Le silence, lourd, avait succédé au dialogue et personne n'avait osé le briser. La douleur, intense, s'était faite plus douce, non qu'elle soit calmée, mais elle faisait place désormais à la colère et à la réflexion. Maya avait toujours réagit ainsi, ses capacités de réflexion avaient toujours pris le pas sur le reste, en toutes circonstances. « Le temps me fera oublier » semblait murmurer son esprit mais la demoiselle était parfaitement consciente que jamais son cœur ne pourrait oublier la mort de celle qui jadis lui avait donné vie et amour, sécurité et richesse.

« Mère devait craindre pour nos vies et sa mort atteste ses soupçons. En tant qu'héritières, il est de notre devoir de reprendre notre place et de protéger notre Empire. Nous nous devons de protéger ceux qui offrent leur vie pour la notre. » commença Maya avec calme et détermination, « Si ma mémoire oublie, mon cœur saigne de cette nouvelle. » poursuivit-elle,« Le sacrifice de Mère sera puni, il en va de notre honneur. Senseï, nous nous devons de protéger les notre. »

Il était temps pour ce monde comme le leur de savoir qu'elles étaient en vie et qu'elles allaient les protéger. Qu'elles allaient quérir vengeance. Il était désormais temps d'entrer dans la danse et, comme tout à chacun, de jouer leur rôle. Mère n'était morte que pour cela, pour leur offrir la chance d'accéder aux planches du théâtre.

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