Il n’avait fallu qu’une lettre ; une missive déposée chez moi, d’apparence anodine, mais qui lorsque je l’ouvris se révéla être rédigée d’une main que je connaissais bien. Les mots rédigés soigneusement, aux courbes gracieuses, m’invitaient à retrouver ceux que j’avais quittés précipitamment ; il n’avait fallu que ces quelques mots pour que je me précipitasse aux écuries, sellasse ma jument, et m’engageasse sur les sentiers fleuris en direction de la forêt. Il n’est de mots qui pussent décrire l’excitation qui faisait battre mon cœur à cet instant : seule l’euphorie qui me gagnait à l’idée de les revoir m’animait. Sans m’en apercevoir, je pressais ma monture plus que de raison, et l’épuisement la gagnait à mesure que nous traversions les campagnes boisées ; elle semblait toutefois réceptive à allégresse, aussi à aucun moment ne ralentit-elle l’allure. De ce fait, nous arrivâmes dans le camp au crépuscule.
Au milieu des tentes brûlait déjà un feu destiné à faire fuir les prédateurs alentours, et assise à son côté, une jeune femme me tournait le dos. Entendant les sabots de ma jument fouler le sol meuble, la silhouette se retourna ; je distinguai alors les traits de Léane. Me reconnaissant, elle esquissa également un sourire et vint à ma rencontre. J’ôtai les pieds de mes étriers et me laissai glisser à terre. Léane et moi nous retrouvâmes comme deux amies de longue date, et malgré ma réserve nous bavardâmes telles des commères de quartier. Une comparaison que je ne gardai pas pour moi, et qui ne manqua pas de faire rire ma comparse. Alors que nous bavassions, j’appris qu’Elyncia et Zihark étaient également présents bien qu’absents pour le mot, et allaient revenir au camp dans la soirée. Mon cœur rata un battement à l’entente de ce nom, et les souvenirs qu’ils réveillaient en moi arrachèrent un sourire à mon visage pourtant si froid d’ordinaire. Une agréable soirée se profilait à l’horizon, et je songeai, tout en conversant gaiement, que la vie n’était peut-être plus si cruelle.

J’aperçus alors, au détour d’un arbre, jaillir du chemin deux silhouettes qui ne m’étaient pas inconnues. A mesure qu’elles s’approchaient, le feu dissipait les ombres de la nuit ainsi que les doutes que je pus avoir sur leur identité : je reconnus alors Elyncia, lancière au courage sans égal que j’avais pu assister dans sa mission par le passé, ainsi qu’un autre visage qui réveilla autrement plus de souvenirs en moi. Zihark. Je ne pus m’empêcher de rougir quelque peu en apercevant sa silhouette s’avancer vers moi, et j’espérai que les flammes rougeoyantes sauraient taire ma faiblesse autant qu’elles chassaient les ombres du camp. Une joie ineffable s’éveilla en mon sein, et je fus submergée par l’émotion alors que je voyais l’homme qui avait su réchauffer mon cœur meurtri. Durant mon voyage, son souvenir avait hanté mes pensées ; des regrets étaient nés de cet éloignement que je m’imposais, et j’avais gardé enfoui un désir secret mais non moins ardent de le revoir. Lui qui avait su m’accepter, lui qui avait su m’aimer, lui qui en si peu de temps avait su me conquérir malgré l’impassibilité que je m’efforçais d’afficher.
J’aperçus alors les deux silhouettes se figer lorsqu’elles remarquèrent notre présence, et je pus voir du coin de l’œil un curieux échange de regard. Que se passait-il donc ? Je crus voir un air grave traverser leur visage, mais tandis que je me faisais cette réflexion un sourire étira le visage d’Elyncia, qui vint nous saluer timidement. Toutefois, le jeune homme semblait rechigner à nous rejoindre, et se bornait à rester contre un arbre, nous regardant de loin. Enfin, il sembla se décider à nous retrouver et s’approcha de nous : je sautai prestement sur mes pieds et m’avançai alors à sa rencontre, euphorique. Arrivant à sa hauteur, un mot de bienvenue naquit dans ma gorge, et mourut sur mes lèvres alors que j’apercevais une lueur de tristesse se loger dans ses prunelles d’or. D’un mouvement de tête accompagné d’une requête inaudible, il m’intima de nous éloigner. Je le suivis sans émettre un son, tandis qu’une voix intérieure hurlait mes angoisses.

« Il ne veut plus de toi. Il t’a oubliée, et veut mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes !. »

*C’est faux ! Taisez-vous ! Laissez-moi être heureuse !*

« Croyais-tu sincèrement qu’il allait rester à tes côtés ? Croyais-tu qu’une personne telle que toi saurait le retenir ? Il a sa vie devant lui, contrairement à toi, ne la lui gâche pas. »

*Il a probablement de graves problèmes pour afficher un tel visage …*

« Et son problème, c’est toi, tu ne crois pas ? Cesse de te voiler la face. Tu n’as jamais su retenir qui que ce soit. »

Et un rire goguenard, amplifié par mille autres, s’éleva dans mon esprit. Tâchant d’oubliant cette folie qui me gagnait en même temps que l’angoisse, ignorant les tremblements qui agitaient désormais mes mains, je tentai d’esquisser un sourire se voulant rassurant. Lorsque nous nous fûmes assurés que nos voix étaient hors de portée des oreilles de nos compagnons, je tâchai de reprendre contenance : j’affichai un air impassible, et lâchai d’une voix qui sonna plus troublée que je ne l’aurai voulu :

« Que se passe-t-il ? »

Maintenant que j’avais armé assez de courage pour parler, j’aurais voulu ajouter mille et unes questions, exprimer ce que je ressentais sans rien n’en cacher ; mais ma gaucherie maladive avait repris le dessus, accompagnée d’une sourde méfiance. Il était vrai, je n’avais peut-être pas autant regagné confiance que ce que je me bornais à croire, et c’était vraisembablement me voiler la face que d’imaginer que l’ancienne Faelin avait repris pied. Je touchai de mon avant-bras la garde de mon épée ; un objet si précieux pour Zihark mais qu’il m’avait pourtant confiée, et que j’avais choyé avec le plus grand soin. Cela ne suffit toutefois pas à calmer mon émoi, et mon regard fuit en direction le sol, pour finalement se poser sur la pointe de mes bottes éliminées par les années ; mais n’entendant d’autre réponse qu’un soupir, je levai les yeux, plongeai mon regard dans celui que j’aimais : ce que j’y lus ne sut calmer mes préoccupations.

[HRP : Bon, c’est très nul, je suis vraiment désolée, j’y ai passé du temps pour faire de mon mieux mais il semblerait que j’ai du mal à m’y remettre. T_T Va me falloir un temps d’adaptation avant de pouvoir à nouveau écrire comme avant ! Sinon, j’espère que question contexte j’ai pas fait de bourde ?]