[J'ai fait ceci afin de tester l'écriture à la première personne et afin de prendre Ewan en main]


« Papa, je peux aller jouer dehors ? » demandais-je à mon paternel.

Je regardais par la fenêtre, minuscule vitre qui me séparait de ce que j'oserais appeler liberté. J'en avais marre de rester cloîtré à l'intérieur alors qu'il faisait si beau, je voulais sortir dehors et m'amuser avec mes amis, comme tous les enfants de mon âge. Presque implorants, mes yeux se levèrent vers mon père, dans l'attente de son assentiment.

« Non »

J'accueillis cette réponse sans surprise, c'était ce qu'il me disait à chaque fois que je lui demandais quelque chose. Mon père ne laissait jamais rien faire, si ce n'est que de me comporter correctement et de lui obéir. La dernière marque d'affection que j'ai reçu de lui est absente de ma mémoire, ça remonte à si loin... en ai-je jamais reçu une seule ? Il était vrai que ni ma sœur ni moi n'étions aimés par nos parents mais je n'avais jamais compris pourquoi, ils disaient juste que c'est parce que nous étions nés un mauvais jours. Je ne saisissait pas, mes copains de classe étaient tous nés des jours différents et pourtant tous étaient appréciés par leurs parents.

« Allez, s'il te plaît. Gawanë a dit qu'ils seraient tous au parc »

J'insistais. Un caprice d'enfant, diraient certains, mais moi je voulais juste m'amuser un peu. Cette maison était triste à en mourir, il n'y avait jamais rien à faire. Heureusement qu'Auween était là, sinon ma vie aurait été encore plus morne.
Je m'entendais super bien avec ma sœur. Même si je la taquinais souvent juste pour l'embêter. Il n'empêchait que je l'aimais beaucoup. Elle était ma sœur, ma confidente, ma partenaire de jeux, ...

« N'insiste pas, Ewan ! Non, c'est non ! »

Le ton était dur et mon père restait inflexible. Il n'aimait pas que j'insiste mais c'était la seule façon pour moi d'obtenir quelque chose de sa part, encore que cela était voué à l'échec dans neuf cas sur dix. Résigné, je soupirais en ajoutant :

« On peut jamais rien faire dans cette maison »

Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Le visage de Tinùviel se crispa et prit une teinte rouge, signe qu'il s'énervait. Il n'en fallait jamais beaucoup pour le mettre hors de lui, c'était impossible de discuter avec lui à cause de ça. S'il disait non, aucune chance de le faire plier et ce « non », Auween et moi l'entendions pour nombre de choses. Tout ce qui pouvait nous faire plaisir, tout ce qui pouvait nous faire sourire, nos parents prenaient un malin plaisir à nous l'interdire ou à nous l'enlever. J'avais peur qu'un jour il ne finissent par nous séparer car ma sœur était la seule personne avec qui je me sentais bien.

« Jeune homme, tant que tu vivras sous mon toit, tu obéiras à mes règles, c'est compris !? » cria-t-il, « Maintenant file dans ta chambre, je ne veux plus te voir jusqu'au dîner »

Sans un mot, je quittai ma place et me dirigea vers l'escalier. Je savais que ça allait finir ainsi, ça finissait toujours comme ça. Discuter avec eux, c'était discuter avec un mur. Je savais pertinemment que maintenant, je n'aurais plus rien de la part de Tinùviel. Son comportement commençait à m'indifférer progressivement, alors qu'il me blessait tant il y a quelques années.
Du haut de ma petite taille, je grimpai aussi vite que possible les marches, montant l'escalier quatre à quatre, sans faire beaucoup plus de bruit qu'une souris. Soit, ce ne serait pas aujourd'hui non plus que je pourrai aller me faire des amis... Tant pis, ce n'était pas comme s'il s'agissait de la première fois où j'essuyais un refus.

« Auween ? » demandais-je en entrant dans la chambre.

J'étais forcément parti la retrouver car pour l'instant, je ne tenais pas à rester seul dans mon coin. J'avais besoin de parler, de jouer un peu avec ma sœur ou tout simplement d'être avec elle. Sa présence m'aidait à digérer des moment parfois difficiles comme celui-ci. D'ailleurs, nous passions quasiment tout notre temps collés l'un à l'autre.
Elle était là, assise sur une chaise en face la fenêtre afin de profiter de la clarté du jour. Elle gribouillait sur son bras, dessinant de jolies formes avec de l'encre. Je ne voulais pas la perturber et pas conséquent, je gardai le silence tout en m'approchant d'elle. Je sentais mes petits soucis de la journée s'envoler lorsqu'elle me sourit, Auween était bien la seule personne capable de me soulager à ce point et de me rendre heureux.

J'ouvrais doucement les yeux, un rayon de soleil filtrant à travers deux rideaux m'ayant réveillé. Il était encore tôt mais maintenant, je n'étais plus d'humeur à me rendormir. Mon estomac faisait comme des nœuds après avoir rêvé une énième fois de mon enfance. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne me faisait plus souffrir pendant la journée mais que de temps à autre, elle venait hanter mes nuits. Parviendrai-je à m'en détacher complètement un jour ?

[Désengagé]