Il pleuvait encore plus irrégulièrement que d'habitude sur la forêt. La pluie était fine, courte et froide. En s'éloignant ainsi des collines Elfiques, la brume se faisait de plus en plus rare et les arbres de plus en plus feuillus. C'était un temps parfait pour une chasse à l'Homme....
En effet, les pas laissés dans la boue facilitaient grandement la tâche d'Eléa qui n'avait qu'à suivre ces traces pour localiser sa cible. Ce Soumis n'était pas connu pour être athlétique, surement finirait-il par s'arrêter faire une pause dans une clairière ou à l'abri dans un arbre. Ouvre l'oeil, et le bon Princesse, car cet homme est peut-être prêt à tout!




[Edit=correction ]

Le dressage ... ah oui, ça me revenait, c'était le cours que je n'avais jamais suivi à l'école ! C'était donc ça qui me turlupinait depuis tout à l'heure ! Et c'était sans doutes l'explication la plus logique au fait que Tsuki soit revenue brouter dans la forêt ... boueuse. Je ne comprendrais jamais rien aux quadrupèdes, mais dans tous les cas, ce n'était pas plus mal que la jument soit là, sa présence me rassurais toujours, au moins, si fuite il devait y avoir, Jelenna serait vite en sécurité. Enfin pour le moment, je ne pouvais que contempler ma propre défaite face à l'animal mal dressé et passer mon chemin, la petite princesse bis sur les talons.

* Quel crétin ce cheval ... *

Dire que j'avais confondu l'animal avec l'homme que je cherchais ... enfin ça restait un animal ou quelque chose du genre mais bon tout de même. Je remarquais d'ailleurs que Jel' se passait de commentaires, ce qui m'énerva un peu plus. Ainsi, j'étais tellement stupide que je n'avais même pas le droit à un bon vieux "je t'avais prévenue" ? Bon passons, le temps n'était pas à s'énerver, il me fallait me calmer pour retrouver l'évadé. Non mais quelle idée aussi de courir vers la forêt alors qu'il pleut ? Ce soumis n'avait donc jamais apprit dans le code-des-soumis qu'on obligeait pas sa Princesse à sortir au beau milieu de la journée, alors qu'il pleut à verses, pour aller le retrouver ?
Plus le temps passait et moins l'idée de le chercher me donner envie. J'avais sans doutes eu tord de demander cette mission. Au final, elle m'attirait plus de problèmes que de réussites ... mes bottes neuves étaient mortes, c'était un fait. Alors que ma cadette et moi évitions un énième arbre, je m'arrêtais. N'était-ce pas un pied qui dépassait là-bas ? Enfin une chaussure quoi. D'un signe de la main, j'obligeais la petite à s'arrêter et lui montrais en même temps d'un mouvement de tête la direction suspecte. Elle scruta les alentours, réfléchissant sans doutes aux diverses possibilités qu'offraient la situation et sur la question essentielle de savoir si c'était un pied ou non. Oui, c'est vrai que beaucoup d'animaux se baladaient en chaussures sombres au beau milieu de la journée, sous une pluie fine et froide ! Mais en bonne grande sœur, j'attendais la réaction de ma cadette.

" Ce doit être lui. Que fait-on ? "chuchota-t-elle tandis que nous nous abritions derrière l'arbre le plus à notre portée.
* Sans blagues, je ne l'aurais pas deviné ! *
" Mhm ... le plus judicieux serait d'essayer de le raisonner non ? "
" Je pense. Mais, c'est toi qui lui parles ? "

Je fis fi de la remarque. Comme si je ne savais pas parlementer ! En bonne princesse, je me devais d'engager le dialogue, mais la question était de savoir comment. Était-il judicieux de le menacer sans savoir si c'était lui ? Devais-je lui promettre de ne pas lui faire de mal s'il se rendait sans discuter, tout en sachant que je serais incapable de résister à l'envie de le découper en morceaux pour avoir manqué de respect à l'une de mes sœurs ? D'un coup d'œil, je consultais Jelenna, celle-ci regardait avec attention les fougères d'où dépassait le malheureux pied. D'aucun secours donc ... et en prime, en bonne ainée que j'étais, je devais lui montrer l'exemple, lui apprendre comment parlementer dans ce genre de situation. Ce que je fis.
D'un geste, je saisis l'arc de ma sœur, posé à son côté, armais l'engin et tirais. Je visais le pied, la flèche se ficha dans l'arbre juste derrière, sifflant en passant au-dessus de la fougère. Je crois que j'avais aussi manqué pas mal de cours de tir à l'arc, mais au moins, s'il ne s'agissait pas de notre homme, je ne risquais rien. De plus, j'avais du l'intimider en agissant ainsi non ? Du coup, pour achever mon œuvre, faisant comme si j'avais toujours voulu tirer dans l'arbre, je criais à son intention, pour couvrir le son de la maudite pluie martelant le sol comme pour me donner une force de persuasion :

" Je serais toi je sortirais. La prochaine fois, je viserais le pied. "

Je faisais des rimes en prime ! Pardon, petit moment d'égarement de ma part. Quoi qu'il en soit, je vérifiais que Jelenna était bien derrière moi et attendait patiemment (que le MJ me joue un nouveau mauvais tour) que celui-ci réagisse.

Je n'avais rien dans la cervelle.
Au lieu d'attaquer tout de suite, quitte à le couper en morceaux et n'en ramener que quelques uns à ma mère pour apaiser sa colère, j'avais préféré jouer la carte de la "d-i-p-l-o-m-a-t-i-e" comme disait l'autre. Quelle idiote ! Alors que nous attendions que le prisonnier, le Soumis - et il portait bien son nom ! -, enfin celui que nous cherchions, réagisse à ma provocation, rien n'arriva. J'attendis quelques secondes encore avant de me retourner vers ma cadette et de comprendre que tout n'avait été qu'un piège. Pas si stupide le Soumis, au final, il était peut-être un peu plus intelligent que Tsuki, juste un peu hein. Brefle, l'évadé, qu'au passage je ne prendrais pas la peine de décrire au vue de sa crasse, venait d'essayer d'enlever ma sœur. Je rêvais ! On n'apprenait donc pas à ces hommes à se tenir face à leur Princesses, même bis ? Malheureusement pour lui, et bien heureusement pour moi, je m'étais retournée au bon moment et celui-ci n'avait pu qu'attraper ma sœur par derrière pour lui glisser sous le cou une pierre mal taillée en guise d'arme. Une menace donc ? En cet instant, je me sentais stupide de voir qu'un si faible ennemi pouvait avoir une si grande emprise sur moi alors qu'il aurait été à ma merci si j'avais fais plus attention ! De plus, voir les yeux effrayés de ma cadette suffisait à me faire encore plus regretter d'agir toujours à la légère, même pour des choses aussi futiles que les hommes. Néanmoins, toute menace qu'il fut, il s'en prenait à quelqu'un de trop important pour moi pour échapper à une remarque cinglante.
Alors que j'allais ouvrir la bouche pour lui apprendre les bonnes manières, que moi-même je ne maitrisais pas toujours, une douleur insaisissable me saisit. Pourtant, il n'avait pas pu me frapper sans que je ne m'en rendes compte ! Ma tête pesait lourd, comme si quelqu'un martelait des paroles incompréhensibles à l'intérieur de celle-ci. Je mis du temps avant de saisir qu'il s'agissait de ce fichu don de naissance dont je n'avais jamais rien compris. Encore un truc d'hommes ça, puisque je n'y comprenais rien ! Maudit père ... N'avais-je pas dit quelques temps auparavant que ce don ne servait à rien ? Ce don qui ne me valait que des maux de tête ... Si maintenant je n'avais pas compris que l'inconnu était en colère, c'est que j'étais vraiment la dernière des sottes. Mais en attendant, j'étais incapable de me fermer à cette colère et je regardais avec peine ma jeune Jelenna manquer de se faire tuer ou enlever à chaque seconde que je laissais filer.

* S'pèce de ... Rahhhhh *

Je n'arrivais même pas à aligner deux idées qui m'aurait permis de l'insulter sans que les maux de tête n'envahissent mon crâne. Une main sur la tête, je jetais l'arc à terre en hurlant :

" Mais tu vas la fermer oui ?!? Comment veux-tu que je te découpe si tu parles aussi fort ? "

Incompréhensible.
Même Jelenna ouvrit de grands yeux devant la teneur de mes propos, à la fois choquée et perdue. Ils ne devaient pas savoir de quoi je parlais mais ma réaction eu deux effets positifs auxquels je ne m'attendais pas. D'une part, la surprise de mes hurlements et l'incompréhension de mes paroles lui firent lâcher prise un instant sur Jel' ... qui en profita pour saisir la dague qu'elle cachait dans les plis de ses vêtements. D'un geste vif et précis, tel que je n'en avais que rarement, elle enfonça la lame jusqu'à la garde dans la cuisse de son agresseur et la ressortit de ce même geste violent et rapide tout en me rejoignant, effrayée. Autant elle avait su le poignarder sans état d'âme, autant le voir s'écrouler du fait de son coup et saigner abondamment la rebutait et la terroriser, en cela, elle nous était très différente de ma mère et moi. Ah j'avais oublié un troisième effet positif, la douleur avait sans doutes remplacée sa colère, de ce fait, ma tête m'était de nouveau calme et je pouvais enfin réfléchir. Il était là, à ma merci, et avait osé, oui osé toucher à ma chère sœur. Si j'avais pu, je l'aurais achevé tout de suite, toutefois, je me souvenais que ma mère voulait en faire un exemple. Pourquoi pas, après tout, il n'était pas stipulé dans le contrat que je devais le ramener en un seul morceau ... ça m'allait parfaitement !

" Jel', ça va ? " demandais-je à la petite, une fois sure qu'elle était bien derrière moi et en sécurité.
" Euh oui ... je crois. "

Je sentis son souffle court dans mon dos, c'était peut-être une très mauvaise idée de l'avoir emmenée au fond mais je n'avais plus le choix pour le moment. Elle devrait rester là jusqu'au bout. Je la vis s'assoir, les yeux hagards, laissant choir à ses côtés le poignard taché de sang et récupérant son arc en le serrant contre son torse. Ses mains pleines de sang serraient le morceau de bois qui émettait un faible gémissement sous la pression qu'elle lui imposait. Il était évident désormais que Jelenna n'aurait jamais le cran de notre mère, ni le gout du combat que je partageais avec celle-ci, elle serait peut-être meilleure politicienne en revanche ... D'un geste protecteur, je passais rapidement, tout en gardant mon regard fixé sur l'homme haletant, la main dans ses cheveux blonds comme les blé et sortis ma rapière. Toisant le Soumis, ou plutôt mon futur souffre-douleur, je lui dis :

" Toi ... tu n'as pas de chance. D'abord tu m'obliges à sortir par temps de pluie moi, ta Princesse. Tu blesses une de mes sœurs ... et en prime tu te permets de me balancer ta chaussure nauséabonde en guise de piège et de vouloir tuer MA sœur ? "

Les mots sortaient les uns après les autres et la colère que je sentais en moi n'était plus de son ressort, non, c'était belle et bien ma propre colère que je laissais aller et m'envahir. Je n'avais qu'une envie à présent, non plus venger la pauvre Amazone blessée par ce Soumis stupide, mais le tailler en pièces. Comme ça, par plaisir, parce qu'il m'avait offensée, bien que son désir d'être libre trotte encore dans ma tête. Je n'avais pas envie de comprendre ou d'essayer de compatir avec lui, je préférais autant compatir à la bêtise de mon cheval, c'était de meilleur niveau, aussi chassais-je les pensées étrangères de ma tête de l'homme. Ma rapière dans les mains, je me sentais invincible, intouchable. Un sourire sadique et satisfait s'esquissa sur mes lèvres tandis que je lui demandais :

" Si tu te rends, je te soignerais. "

Après t'avoir prélevé un ou deux organes, mais c'était un détail qu'il lui valait mieux ignorer. Je tenais l'arme de façon à nous protéger ma sœur et moi, sans pour autant paraitre offensive envers le pauvre animal qu'il était à présent. Du coin de l'œil, j'avais pris la peine de vérifier que Tsuki était toujours de mon côté, hors de sa portée, ce qui était le cas bien heureusement. J'attendis donc qu'il réponde, ou tente au pire de s'enfuir, je préférais d'ailleurs la deuxième solution qui me permettrait ainsi de laisser libre court à mon imagination quant à sa punition. Mais avec une chaussure en moi, une jambe bien amochée, je me doutais qu'il tenterait autre chose pour se sortir de ce mauvais pas.

[ Si je ne suis pas claire, dis-le ^^" ]

[Tu es claire et ton post est génial !]


Ce qui est sûr, c'est que ton petit numéro de Princesse Fofolle lui a vraiment fait perdre ses moyens. Et à ta soeur aussi au passage, mais bon autant dire qu'elle avait l'habitude. Si c'était fait exprès, on aurait même pu dire que c'était finement joué...
Mais comme on dit à Ptot Tàh, "qu'importe quelle chèvre on tue pour avoir de la viande". Seul compte le résultat et le tien n'était pas si mauvais: ta proie gisait sur le sol, perdant du sang et incapable de se mouvoir correctement par elle-même. Cependant, à travers ses râles de douleur, le monsieur n'était pas affolé. Non. Il était presque amusé.

"Toi, princesse? Tes amazones, ta reine, ta soeur, vous n'êtes que des catins qui serez bientôt exterminées. Et dans peu de temps, vos corps joncheront ce sol. Et je serai libre. Ils sont déjà en route."

Le type tenta de te cracher dessus mais s'étouffa presque avec sa salive. Ainsi, vous n'étiez pas seule dans la forêt?

Les soumis sont des animaux, des chiens à notre botte.
C'était l'une des premières leçons que j'avais appris en cette vie, et pourtant, j'avais tenté le dialogue avec cet homme. J'avais espéré qu'il serait assez "intelligent", assez "raisonnable" pour accepter mes propositions successives mais il n'en était rien. Trop abruti par son état d'homme, il s'était contenté de refuser mes offres, pire, de prendre en otage ma sœur, sa propre princesse, même bis. Je le haïssais, mais par contrat envers ma mère, je me devais de le lui ramener vivant, la connaissant, je me doutais que sa punition serait pire encore que celle que j'échafaudais dans ma tête. J'étais même prête à le soigner, enfin plus précisément, à arrêter le sang qui coulait de sa jambe afin de ne pas salir la robe déjà boueuse de ma jument. Mais non, il fallait qu'il ouvre son four, toujours arrogant et visiblement sénile au vue de sa situation. Encore une fois, je pensais à Jelenna, et je me disais qu'il fallait que je me montre compréhensive, même si mon esprit bouillait et que je n'avais qu'une idée en tête, rentrer avec le prisonnier, point final.

"Toi, princesse? Tes amazones, ta reine, ta sœur, vous n'êtes que des catins qui serez bientôt exterminées. Et dans peu de temps, vos corps joncheront ce sol. Et je serai libre. Ils sont déjà en route."

La rapière partit plus vite que prévu, oubliant tous les principes que je tentais d'imposer à mon esprit.
A peine avait-il prononcé ces mots qu'elle s'enfonçait avec aisance dans la jambe intacte du détenu, lui arrachant une nouvelle gerbe de sang et un cri de douleur. Catin, il avait osé m'insulter, mais pas seulement, il s'était attaqué à ce qu'une Amazone a de plus cher, ses sœurs, sa famille, sa citée. Il devait payer, alors d'un geste barbare, j'enfonçais la lame un peu plus, plongeant mes yeux fou de rage dans les siens tandis que la lame s'enfonçait dans le sol meuble. s'il avait pu partager le don qui me pourrissait la vie, il n'aurait plus rien entendu que ma colère, ma rage, et ma volonté de l'assassiner, ici, sur le champs. Et pourtant, je me bornais à écouter les ordres de ma mère, je le devais, en fille fidèle et en princesse avisée. La colère se battait avec la raison, et un sourire sadique apparut sur mes lèvres tandis que je repoussais d'une main celle de Jelenna qui agrippait ma tunique.

" Les chiens obéissent, et quand ce n'est plus le cas, on les abats. Tu ne seras donc jamais libre mais pour autant, je préfère te garder en vie car je suis sure que mère te réserve un châtiment pire que les égratignures qu'on t'a infligé. Alors, qui rira le dernier ? "

Le sourire s'étira sur mes lèvres tandis que mes yeux étaient des plus sérieux. Je maintenais ma colère autant que possible afin d'éviter qu'elle n'explose et qu'elle ne m'oblige à le tuer. Bien heureusement, j'étais une princesse, et l'on m'avait appris dans ma jeunesse à résister aux envies les plus animales de l'être humain. Tandis que je m'amusais de le voir à mes pieds, sans aucun espoir pour lui de s'en sortir, je me tournais un instant vers ma cadette avant de revenir à lui, histoire de faire comprendre à la première qu'elle pouvait parler, et de faire comprendre à l'autre qu'il était bel et bien à ma merci. Loin d'être sotte, Jelenna prit la parole, sa voix tremblant sous le coup des accusations, bien que je doutes qu'elle sache de quoi il en retournait :

" Il a dit qu'"ils" étaient en route, partons Eléa. Rentrons, je n'aime pas rester ici, s'il a raison, nous serons à leur merci. "

La réflexion de ma cadette ne parvint pas à briser l'écran de fureur et de rage qui régnait dans mon esprit, néanmoins, sa requête me paraissait logique et je n'avais que faire des dires de cet idiot. Rentrer me débarrasserait de cette mission, avec un peu de chance, je pourrais le torturer et le tuer, et au pire, peu m'importait, je comptais sur notre mère pour le punir à la hauteur de ses crimes. De plus, l'idée de rester dans cette forêt boueuse ne me plaisait guère, aussi, j'appelais déjà Tsuki.

" Nous allons rentrer, ne t'en fais pas, tu viens avec nous. Tu verras ce que les catins réservent à leur prisonniers. D'ailleurs, tu vas en avoir une idée maintenant. "

J'avais promis de le soigner, quitte à ressentir sa douleur et à en être perturbée, mais maintenant tout de suite, la donne avait changé. Je prenais donc la peine de déchirer un morceau de vêtement, le sien, et de lui faire un garrot à chaque jambe pour empêcher son sang immonde de tâcher Tsuki et sa robe de pêche. Pour être sure qu'il ne s'échapperait pas, j'attachais ses mains dans son dos avec la corde que ma sœur avait eut la bonne idée de prendre tandis que l'écho des sabots de la jument m'annonçait son arrivée. Il fallait partir, maintenant que je réfléchissais à ce qu'il avait dit, même si je n'avais aucune raison de croire un homme, il valait mieux avoir la protection de Muria plutôt que de risquer la vie de ma jeune sœur, d'autant plus lorsque je sentais la peur qui émanait d'elle ...

" Jel', donne-moi ta dague. "
" Pourquoi ? "
" Obéis. "

La petite s'exécuta devant le ton que j'employais et me passa l'arme. Un sourire naquit sur mes lèvres tandis que je prononçais, calme et sereine :

" Tu viens avec nous. Si tes copains de meute viennent, soit tu serviras d'échange contre la vie de ma sœur, soit je te tuerais. J'espère pour toi qu'ils t'aiment bien. "

D'un geste, j'enfonçais la dague dans la paume de ses mains, de façon à les maintenir et éviter qu'il ne s'échappe et ajoutais :

" Et ça, ne crois pas que je t'en veuille, non, je n'ai juste pas envie de te courir après si tu défais tes liens. J'espère juste que tu ne seras pas mort avant d'arriver à Muria, ce serais dommage. "

Ceci dit, j'installais le Soumis et maintenant prisonnier derrière la selle de Tsuki et faisait monter Jelenna sur celle-ci. Ensuite, je nettoyais mon arme avec attention dans l'herbe humide et en avant. La bride de la monture glissait quelque peu entre mes mains du fait des averses mais peu importait. S'il se révélait exacte que quelqu'un vienne le sauver, j'étais déjà prête pour le combat, une main sur ma rapière et l'autre tenant le cheval, sinon, ce serait tout simplement plus simple d'avancer ainsi. Dans une heure à peine, nous serions de retour ...

[ Dans le genre barbare, sadique and co, je me pose là. Mais bon, c'est pas ma faute, c'est celle du MJ !! =) ]

[ Allez, je mets mon 43 messages ce soir va n_n ]

Le temps n'était plus de la partie.
Alors que je m'étais plainte depuis le début de cette stupide mission de chien renifleur de la pluie, maintenant qu'elle m'aurait été utile à calmer Tsuki, celle-ci avait décidé de prendre congé et de filer vers je-ne-sais quel pays ensoleillé qui n'avait rien demandé. Je sentais que la jument ralentissait le pas, ce qui, bien évidement, ne m'arrangeait pas. S'il s'avérait vrai que quelqu'un ou quelque chose nous suivait, ce dont je commençais sérieusement à ne plus douter, il nous fallait au plus vite rejoindre les murailles protectrices de Muria. Si seulement ce Soumis pouvait se taire ! S'il continuait, j'allais le tuer avant d'arriver devant notre mère. En attendant, le regard perdu de Jelenna m'incitait à accélérer le mouvement, sentant que la petite avait besoin de la sureté de mur en pierre et d'être surtout loin du sang et de son odeur acre. Marchant aux côtés de la jument, je me retournais pour fixer l'animal des yeux, pardon, ma proie.

" Ferme-là où je te coupe aussi la langue. "

La menace ainsi précisée, je lui tournais le dos pour reprendre ma position de tête et guider la jument tout en la calmant du mieux dont j'étais capable au vue de mon énervement, de la pitié que m'inspirait le Soumis et de la tristesse que je partageais de voir l'état de ma cadette. Plus vite arrivés, plus vite fini ! Mais comme toujours, rien ne se passe comme prévu, que ce soit en combat ou dans la vie en général, il y a toujours un élément perturbateur. Dans le silence uniquement perturbé par un mouvement anormal des feuilles alentours, la voix de l'homme torturé s'éleva. Il demandait grâce.
Non mais c'était la meilleure ! J'avais couru dans la forêt pour attraper Monsieur, il avait pris ma sœur en otage entre ses mains boueuses, nous avait insultées, maltraitées ... et il fallait que je l'aide maintenant ? A cet instant, je n'avais qu'une idée, le faire taire à jamais, mais bien sur, la promesse de le maintenir en vie jusqu'à ma mère m'empêcher d'accomplir mon forfait. Toutefois, à bien y réfléchir, il prétendait "dire tout", voilà qui était intéressant, car soit ce qu'il dirait atténuerait sa peine, soit ça ferait passer le temps jusqu'à leur retour et jusqu'à l'exécution de la-dite peine. Mais voilà, le temps est un ennemi et je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit qu'un trait noir passa à ma gauche, m'arrachant un hoquet de surprise.

Une flèche.
Elle venait de clouer sur place le Soumis à jamais. La panique s'installa, Tsuki sentant l'odeur de la mort se cabra légèrement, emportant le corps inerte à terre et manquant de me piétiner. Jelenna ne dut qu'à ses incroyables réflexes le fait de rester sur son dos. Il me fallait vite trouver une solution maintenant que le vent de panique avait cessé. Enfin pour l'instant. Une flèche voulait dire que nous n'étions pas seules, donc que ma cadette courait un danger certain.

" Jel', à terre ! "

Le ton employé était si pressant que la petite manqua de trébucher en quittant la selle relativement protectrice de l'équidé. Comme je l'avais pensé, elle se réfugia derrière moi tandis que je m'occupais du chien-chien. La rapière acheva ce qui avait été commencé, se plantant en plein cœur de l'homme, au cas où la flèche ne l'eut pas achevé. Je n'étais pas cruelle, pas au point de laisser souffrir un être vivant pendant des heures, tout en sachant qu'il me serait impossible de le transporter ou de le soigner. C'était mieux ainsi.
Ceci fait, il fallait que je trouve la solution et vite.
Nous mettre ma sœur et moi à l'abri semblait impossible. Avec la pluie, le sol boueux restait trop glissant pour galoper en sécurité à deux sur le dos d'une jument déjà affolée et fatiguée par le poids du mort. Non, je devais soit choisir de rester seule et voir de quoi il en retournait, ce qui signifiait laisser partir Tsuki et Jelenna, donc la laisser sans protection en cas d'attaque, soit rester ensemble. L'une comme l'autre, les deux solutions étaient tout aussi périlleuses, pour elle comme pour moi. Il était clair que je ne pouvais pas lui laisser courir le risque de tomber dans un nouveau piège seule. Sa mort comme sa capture n'était pas souhaitable ... Il me fallait une solution, ne pas bouger nous rendait proies faciles ! Mais bon sang, de quoi pouvait-il s'agir ?

" Jelenna, quoi que je dise, fais-le sans hésiter. Dès que je te ferais signe, grimpe sur Tsuki et file d'ici tu as bien compris ? "
" Oui. Mais. "
" La ferme. "

Je n'écoutais plus ma sœur, d'une voix aussi sure que mes réserves me le permettait, je lancais alentour :

" Qui que vous soyez, merci de m'avoir débarrasser de ce poids. Venez, que nous discutions. "

Je n'avais pas envie de discuter, pas envie de nous mettre en danger mais l'un dans l'autre, aucune solution ne venait à l'esprit autre que celle d'attirer mes ennemis à moi. Quoi qu'ennemis, je n'en savais rien en réalité, je ne pouvais que me fier aux paroles d'un être trop stupide pour se maintenir en vie. J'attendais donc, perplexe, vérifiant que la petite était en sureté derrière moi, lui tenant au cas où la main tout en tenant la bride de la jument de l'autre.

Le Soumis était bel et bien mort, cette fois-ci pas de doutes avec la noble action de la princesse consistant à tester sa lame sur un cadavre... encore vivant. Pense à nettoyer le sang Princesse, ça tâche les rapières!
Enfin, surement plus tard... Pour l'heure, pense plutôt à sauver ta propre peau et celle de ta petite soeur. Je ne parle pas du flêcheur à vu, mais plutôt de Philea qui sera très mécontente de te voir revenir les mains vides. Ce tireur embusqué ne devrait être qu'une formalité, non? Répondant à ton invitation, le voilà qui s'avance à découvert. De l'imprudence? Du courage?

"Du calme Amazone, nous avons des archers pointés sur toi" lança-t-il d'une voix tremblante, pas très sûr de lui d'après ce que tu ressentais pas l'Esprit. "Je veux que me dise où se trouve ton repère si tu ne veux pas perdre... Le cheval derrière toi... Ou ta vie. Es-tu seule?"
Seule? Et la petite alors? Bien cachée peut-être. Alors... On fuit? On résiste? Ou on capitule?

Je n'eut pas à attendre ma prochaine victime.
Elle se présenta à nous alors que Jelenna se cachait derrière moi. Je sentais sa main trembler de ne pas savoir ce qu'il se passait et sa peur de mourir irradiait mon esprit sans que je ne puisse m'en prémunir. Il valait mieux pour le moment rester concentrée, aussi, je tentais de focaliser mon attention sur l'homme qui s'avançait vers moi sans même songer que je venais d'échouer ma mission. Sa voix ou encore ce pouvoir étrange qui m'oppressait et m'emplissait la tête de sentiment qui n'étaient pas mien, me fit sentir que l'homme en question n'était pas sur de lui. Normal, au vue de ce que j'étais capable de faire, n'est-ce-pas ? Mais mieux valait rester sur ses gardes. D'ailleurs, il semblait ne pas avoir vu ma cadette puisqu'il me demandait si j'étais seule. Une chance pour nous dans ce cas. Des archers cachés hein ? Et qui ne voyaient pas ma cadette à peine dissimulée derrière mon dos et dont je tenais fermement la main ? Les hommes étaient décidément bien stupides !
Encore un détail dans son petit discours, il me demandait où était mon repère, ce qui signifiait que soit il était seul et simplement un éclaireur, soit une armée était avec lui pour anéantir les miennes. Dans les deux cas, il fallait le faire taire et qui vivrez verrez. Et de plus, dans tout les cas, la chance était de nouveau de mon côté, il ou ils ne savai(ent) pas vers où se diriger. Au fond, j'avais bien fait de tuer ce Soumis crasseux, qu'aurait-il bien pu leur dire si je ne l'avais pas fait ? La menace me tira un rire ironique, comme si je tenais plus à mon cheval qu'à ma propre vie ! J'en avais assez de ces prétendus hommes aujourd'hui, assez de cette mission qui n'en finissait pas. Assez d'être une gentille sœur montrant les ficelles du métier à sa cadette et une gentille princesse obéissant aveuglément aux ordres de sa mère. C'était trop, comment un homme pouvait-il se permettre de me menacer ? Une colère sourde, peut-être le résultat de tout ce que j'avais eut à supporter aujourd'hui pointa le bout de son nez. Sans la repousser, je la laissais envahir mon corps tout en observant froidement l'homme. Dans un rictus ressemblant à un sourire, je lui répondais :

" Crois-tu vraiment qu'un homme et seul qui plus est puisse avoir une quelconque influence sur une Amazone ? "

Je soutenait son regard, dans lequel je cru lire le même manque de confiance que ce qui émanait de lui quelques instants auparavant. J'étais une princesse, fatiguée de surcroit, personne ne m'empêcherait donc de rentrer. Personne ne trouverait ma citée, dussais-je en mourir. L'option de la fuite était toutefois impossible désormais, en effet, elle révélerait notre position à ces chiens venus de je-ne-sais où. Cependant, je devais protéger Jelenna, toujours invisible dans mon dos mais dont je sentais la peur. Elle n'était pour rien dans tout ça, mon idée de braver les recommandations de ma mère l'avait amené ici, dans un conflit qui n'était pas le sien. Dans un endroit où une enfant n'avait pas sa place. Comment la mettre en sureté tout en étant sure qu'elle atteindrait sans encombres Muria ? La meilleure solution restait de faire diversion afin de lui laisser la vie sauve. De plus, la connaissant, elle préviendrait nos sœurs aussi rapidement que le lui permettraient les sabots de Tsuki. Je sentais d'ailleurs la jument prête à fuir le plus loin possible de l'odeur du sang, de ce point de vue là, il n'y avait donc aucun problème. Si, un, je savais comment faire diversion, mais comment m'en sortir sans monture, et seule, si jamais il y avait vraiment d'autres archers ? La solution pointa le bout de son nez d'elle même, comme quoi, la colère avait du bon parfois. Elle vous offrait les solutions à vos problèmes sur un plateau d'argent. Un regard vers l'homme.
La stratégie était en place.

" Je vais être seule dans un instant en tout cas. "

Joignant le geste à la parole, elle jeta sa rapière encore ensanglantée sur l'homme se tenant debout devant elle. Je le vit se plier sous la douleur, songeant un instant que je n'aimerais pas être à sa place, puis je détournais le regard, aidant ma cadette à monter sur la jument d'un geste vif, espérant qu'ainsi, s'il était accompagné, ses "amis" ne verrait là qu'une tentative de fuite de ma part, ma sœur étant petite de taille. Je priais pour que personne n'ai vu qu'en fait, je l'avais placée sur le cheval. Celle-ci, le regard apeuré, me regarda tandis que j'ordonnais à voix basse :

" Va à Muria et dis-leur ce qu'il se passe. Ne t'arrête pas et reste baissée. Compris ? "

Je n'entendis pas sa réponse, déjà, je frappais sur l'arrière train de Tsuki qui détala, emportant son faible fardeau en sécurité dans les murs de la citée. Lorsqu'elle ne fut qu'un point dans le lointain, je détournais le regard, cherchant l'homme des yeux. Il était à terre mais encore vivant, aussi, je m'approchais de lui :

" Je déteste les ordres. Je déteste les hommes. Je déteste cette forêt. J'en ai marre de devoir courrir après des idiots de votre espèce, marre de devoir me salir et m'abaisser à vous tuer. Si tu as une dernière volonté, exprime-la, mais sache que je m'en fou. Qu'ils viennent tes chiens, je les attends de pied ferme. "

Sur ce, consciente qu'ainsi, j'attirais l'attention sur moi et non sur le cheval, partit au galop et déjà bien loin, je retirais la rapière du corps endolori et m'attelait à la nettoyer rapidement. Ah, que la colère avait du bon, vraiment ! Je me sentais mieux à présent et mon esprit était vide de tout sentiments étrangers. Sans hésitation, je poursuivais, plaçant l'arme sous le cou de l'homme tandis que je le soulevais tant bien que mal en le tenant par le col :

" A présent dis-moi ce que tu sais, ou je te tue. "

"Et" aurait été plus juste, mais bon, le but était qu'il parle. Dans notre position, si vraiment archers il y avait, alors ils ne pouvaient logiquement être que du côté d'où venait l'homme, donc il me servirait de bouclier dans un premier temps. Après, dieu seul savait ce qu'il adviendrait de moi.

* Au moins, Jelenna est en sécurité. *, je ne pouvais que l'espérer.

J'aurais du tuer ce chien !
Je n'avais pas pensé qu'il aurait assez de force pour m'entailler la jambe gauche avec un poignard. Non, c'était tout juste s'il arrivait à respirer alors attenter à ma vie relevait de la science fiction à mes yeux, mais c'est bel et bien ce qu'il fit. Et encore, je crois qu'il avait visé mon ventre mais ça, je ne le saurais jamais, un vieux réflexe de ma part venait de l'envoyer vers un monde que je lui souhaitait pire qu'ici bas. Je regardais ma blessure lorsqu'un mouvement attira mon attention, je me retournais donc d'un mouvement brusque.

Là-bas, à quelques mètres, un homme me visait de son arc. Je n'avais qu'une option, mourir. M'échapper ou éviter le trait me serait impossible, même sans ma blessure. Je le regardais, longuement, du moins ce qui me parut être une éternité, avant qu'il ne m'abatte. Au moins, ils pourraient dire à Muria que j'avais défendu ma peau et ma patrie, c'était le principal. J'espérais juste que ce que j'avais fait n'avait pas servi à rien. C'est amusant de savoir que l'on va mourir, le temps s'arrête, comme s'il vous permettait une ultime fois de voir ceux qui vous sont chers avant de fermer les yeux. J'aurais du écouter ce vaurien, j'aurais du entendre ce qu'il me disait au lieu de jouer les princesses fières et courageuses. Au lieu de laisser place à ma colère et me laisser aveugler. Tout mes choix avaient été menée par cette colère accrue par ce don que j'avais de naissance, si seulement j'avais su la contrôler, j'aurais sans doutes pu être comme d'habitude, assez réfléchie pour m'en sortir ... mais le temps n'était plus aux regrets désormais. J'attendais, mais rien ne se passait. J'avais été pendant quelques minutes, à mes yeux du moins, comme hors de mon corps ? Était-je déjà morte ? Lorsque mon regard croisa à nouveau l'assassin, son corps était étendu au sol au lieu de se tenir droit devant moi et son envie de vengeance n'irradiait plus mon esprit. Je remarquais alors une flèche plantée dans le dos. Incrédule, je me retournais vers la source de ce prodige, de celui qui m'avait sauvé la vie. Non, ce ne pouvait être qu'une femme, un homme était trop maladroit pour m'avoir sauvée, mais je priais pour que ce ne soit pas Jelenna. La petite devait être à Muria, elle devait avoir obéi. C'est alors qu'une femme sortit de sa cachette, avant même qu'elle n'abaisse sa capuche, je la reconnus à sa démarche ...

Kiera.
Je n'avais jamais pu me lier d'amitié, ou plutôt, je n'avais jamais voulu. Mon entêtante habitude à être la meilleure aux yeux de ma mère m'avait poussé à essayer de toujours la surpasser, juste pour voir autant de fierté dans les yeux de celle qui m'avait donné le jour que lorsqu'elle regardait notre Chef des Sentinelles. Enfant, j'avais toujours regretté qu'elle soit meilleure que moi à l'arc, arme que je ne saurais jamais manier, je m'étais alors consolé en voyant ma supériorité à la rapière. Mais plus le temps avait passé, plus ma rivalité enfantine s'était muée en rejet, non, jamais Kiera ne pourrait être mon amie. C'était idiot, mais parfois, les sentiments nous poussent à faire des choix stupides.C'est ce que l'on appelait la jalousie. Et pourtant ... combien de fois m'avait-elle évité les ennuis enfant ? Et aujourd'hui encore ... Sa voix me tira de mes pensées et je reportais mon regard sur elle. Blessée ? Ah oui, mais pour le moment, ma colère aveuglait encore mon esprit. je n'acceptais pas qu'elle m'ai sauvé. Quelle humiliation, et ... que dirais ma mère en l'apprenant ? J'étais bien bête, une vraie fille à maman qui ne pensait qu'à lui plaire. En même temps, qu'elle autre possibilité avais-je ?
Plusieurs questions me trottaient en tête tandis que je ne répondais pas. Comment avais-je pu me laisser avoir si facilement ? Comment avais-je pu être assez stupide pour qu'un homme me mette en joue sans que je puisse me défendre ? Et Kiera qui m'avait sauvé et avait vu ma défaite ... c'était le pire !! Pour éviter qu'elle ne sente ma colère, je regardais la plaie, pas vraiment belle à voir. Maintenant que je la voyais, je sentais battre mon sang à mes tempes, c'était désagréable. J'avais eu un regain d'énergie en me sentant mourir, à cet instant, toute cette énergie avait disparue, et il me fallait user de mes réserves pour ne pas tomber à terre devant elle.

" Ça va, je vais la soigner. "

Plus facile à dire qu'à faire, heureusement pour moi, nous étions dans une forêt, bien que je me répugnes à tuer ces plantes innocentes pour réparer ma bêtise. Je décidais de puiser moitié dans mes réserves, moitié dans les leurs. Tout aurait été parfait si j'avais pu me concentrer sans cette colère qui parcourrait mon corps. Quoi qu'il en soit, même si j'aurais pleuré sous la douleur, j'avais réussi à fermer la blessure. Ce n'était pas du grand art, mais ça tiendrait jusqu'à ce que des médecins la voient, pour le moment, je devais garder le peu de mes forces restantes, ne serais-ce que pour rentrer. Soigner ... ça aussi, c'était quelque chose qu'elle n'avait pas ! Je la toisais du regard à cette pensée mais bien vite, je me rendis compte que c'était une réaction vraiment enfantine. Mais une minute, que faisait-elle ici ?

'' Jel ! Tu l'as vu ? Est-elle à Muria ? " demandais-je d'une voix pressante. Le bien de la petite était la seule chose qui comptait, même si je me doutais que l'échec de ma mission et le fait de l'avoir emmenée sans l'autorisation officielle de notre mère me vaudrait bien des engueulades et bien des soucis. Mais pour l'instant, ça ne m'affectait pas tant que ça. La peur de perdre ma cadette était plus forte que celle de ma mère et de ses remontrances ou encore plus forte que ma colère qui s'apaisa un tant soit peu. Au moins, la raison reprenait ses droits, en partie.
Alors, d'un regard lourd de sens, je disais, d'une voix que je voulais fière mais également douce :

" Merci, sans toi ... enfin on connait la suite. Dis-moi, que fais-tu là ? Ne poursuivais-tu pas toi aussi un de ces chiens ? "

Je désignais de la tête le Soumis étendu à terre. Quitte à ce qu'elle m'ai sauvé, autant qu'elle constate que j'avais également échoué ma mission. La journée serait parfaite comme ça, je détestais plus que tout mon ignorance à ce moment là, mais, en bonne princesse et parce que je lui devait la vie, je me forçais à être naturelle et à écouter la Sentinelle tout en repoussant de mon mieux ma colère envers elle comme envers moi. Comment avais-je pu commettre autant d'imprudences à la fois ? Si seulement j'avais pu raisonner comme à l'instant, en mettant mes sentiments pour envisager les meilleures solutions et non pas celles qui m'étaient dictées par ... enfin bon, je n'allais pas me répéter, le passé est le passé. Elle m'avait sauvé la vie ... pff.

A cet instant, je remerciais en silence le ciel.
Il avait sauvé ma petite sœur, et par la même occasion, ma propre vie. Au moins, l'inquiétude quant à la vie de ma cadette se mua en soulagement et quitta mon petit esprit tordu sans peine. Une bonne chose, au vue de tout les sentiments qui s'y entremêlaient, un de moins était déjà ça de gagner. Il me faudrait néanmoins penser à remercier la petite et à m'excuser pour ce qu'elle avait vécu par ma faute ... sans parler de ma mère qui ne manquerait pas de me faire comprendre à quelle point j'avais pu être stupide. Mais comme dit le dicton, remettons à plus tard les mauvaises choses ! Je devais me concentrer sur ce que m'annonçais au goutte à goutte Kiera, que je tentais de fixer sans appréhension. Il m'était difficile de l'écouter sans perdre le fil, d'une part parce que j'étais fatiguée et d'autre part, parce que je n'avais jamais pris la peine d'écouter jusqu'au bout ce qu'elle me disait, depuis que j'étais gamine. Cette fois-ci, l'histoire semblait trop importante et je lui devais au moins ça pour m'avoir sauvé la vie.

La nouvelle de la Chef des Sentinelles me laissa sans voix.
Enfant, j'avais entendu parler de ces incursions menées par les hommes pour trouver et conquérir notre belle citée de Muria, mais jamais l'une d'entre elles n'avait pu être menée à bout. Mère m'avait toujours conté ces histoires pour me montrer le courage et la force des Amazones, leur volonté sauvage de liberté. Aujourd'hui pourtant, le conte n'avait pas le même impact maintenant que je semblais en être une protagoniste ... d'autant plus qu'il semblait prendre des ampleurs bien plus grandes que les petites tentatives racontées. Ainsi, ces chiens avaient réussi à entretenir des liens avec l'intérieur de Muria ! Ils n'étaient donc pas si débiles au final, peut-être même y avait-il un espoir ... que nous allions tuer dans l'œuf. Oui, nous, le pluriel était nécessaire, car il m'était évident que sans l'aide de Kiera, je n'arriverais à rien. Il fallait parfois savoir mettre de côté ses ressentiments, et de plus, je rattraperais peut-être ma mission calamiteuse et mes erreurs tout aussi désastreuses. Il était peut-être temps que j'agisse en princesse, ou tout du moins, en jeune fille posée que j'étais, de temps en temps.
Je regardais Kiera s'agiter, cherchant pour ma part la meilleure solution de lui répondre, la solution pour les piéger, eux, les intrus qui n'auraient pas ma citée. Comme chaque Amazone, on nous avait appris que défendre Muria était vital, mais j'étais au fond de moi intimement persuadée que même sans cet apprentissage, chacune d'entre nous aurait risqué sa vie pour protéger les murailles protectrices de notre citée. Je me savais assez proche d'elles pour deviner qu'elles partageaient avec moi ce sentiment de quiétude au sein de notre communauté, et ce besoin de liberté qui était notre ... oui, nous devions trouver une solution. D'un air posé mais grave, je regardais la Sentinelle en prenant la parole, toute rancœur dans ma voix disparue :

" Je ne vois pas comment les mettre sur une fausse piste. Le problème, c'est que nous ne pouvons pas prendre le risque de les attendre à Muria, c'est trop dangereux pour nos sœurs. Sans parler de les affronter seules ... impossible. "

Je me tus, consciente que je réfléchissais à voix haute plus que je ne répondais à ses attentes. Je reprenais ma rapière, la nettoyant avec un calme limité tout en essayant de trouver les meilleures alternatives. Une fois propre, je la rangeais à sa place et repris la parole, rompant ainsi le silence pesant entre nous, tout en rejoignant ma compagne d'arme :

" Et pourquoi ne pas se faire passer pour ces éclaireurs ? Ainsi, nous pourrions les mener sur une autre piste et leur fausser compagnie une fois qu'ils se seraient perdus pour ensuite leur tendre un piège voire une embuscade, nous connaissons mieux le terrain qu'eux ! En revanche, il nous faudrait cacher les corps ... et nous déguiser. "

C'était ma seule idée, quelque peu tribale et banale, mais je n'avais pas su trouver mieux. Je constatais alors mon ignorance du terrain, la stratégie était un point fort chez moi sur le papier, devant des cas théoriques, mais devant de réels problèmes, je restais incertaine et peu productive. Je regardais Kiera, mon appréhension et ma colère remplacées par la peur de voir des Amazones mourir.

[ J'ai fait un effort hein XD ]

[Oui, c'est le premier post où tu ne fais gicler de sang! J'avais oublié de te le préciser dans le dernier message, mais en cherchant des plantes pour te soigner tu trouves deux Natalias que tu mets dans ton sac. ]


Kiera écouta tes paroles jusqu'au dernier mot, respectueuse comme toujours de ton statut et de ta position. Elle hochait presque imperceptiblement de la tête de temps en temps, son regard voguant toujours de droite à gauche pour vérifier que vous étiez toujours seule. Elle ne savait pas que c'était des efforts inutiles avec ta Sensibilité à l'Esprit qui parfois t'alertait sur les gens présents, et estimait qu'on était jamais trop prudent. Ce qu'elle explicita dans ses propos:

" Ça le parait très risqué de se faire passer pour eux. Ce sont des hommes, et nous des femmes. Physiquement, ils feront très vite la différence. D'autant plus si on parle. A moins que..."

Kiera se déplaça vers un des cadavres, lui retira son casque et l'enfila. Elle le retira ensuite et te le donna: une fois sur ta tête, il camouflait une large partie de ton visage.

"A moins que tu n'apparaisses en haut d'un talus et que tu ne leur fasses signe de loin. Si tu cours assez vite, tu pourras te cacher le temps qu'il n'arrive sur la fausse piste. Et je pourrai toujours en achever un ou deux de loin pour leur faire croire à une embuscade."

Kiera empoigna son arc et regarda un peu les traces de boue au sol. Déjà, trouver les camarades de ces types était primordiale, si bien sûr ils n'avaient pas déjà atteint Muria.

"Désolé, mais tu auras donc la tâche la plus dangereuse: je suis la seule qui puisse les atteindre avec précision de loin."


[Dans ton prochain post, c'est à toi de décider de ta stratégie. Arrête-toi au moment où tu trouves les attaquants dans la forêt, tu es totalement libre de la manière.]

J'avais l'impression d'être une enfant perdue au milieu de la forêt.
Kiera acquiesçait de temps à autre mes réflexions sans pour autant ouvrir la bouche, elle faisait preuve de plus de respect que je n'en aurais jamais, que ce soit envers elle ou envers la plupart des gens. Lorsque j'eus fini, elle balaya dans un premier temps ma théorie, logique, celle-ci était des plus enfantines, digne d'un gamin de quatre ou cinq, pas plus. Pourtant, la Sentinelle revint sur ses paroles, saisissant le casque de l'un des morts. Intriguée, je la suivais du regard jusqu'à ce qu'elle me demande de mettre l'objet en question. Quelle horreur ! Me prenait-elle pour un de ces chiens ? Mais malgré tout, je voyais où elle voulait en venir, du moins le devinais-je, du coup, j'enfilais l'objet maudit avec un air dégouté. Il m'allait plutôt bien, à peine un peu trop grand mais ceci permettait de cacher plus qu'en partie mon visage. Pour autant, on voyait toujours bien que j'étais une fille ! Aussi écoutais-je ce que Kiera avait en tête.

Lorsqu'elle eut fini, je dus reconnaitre qu'elle était la plus tactique de nous deux.
Elle avait contourné les quelques problèmes majeurs de ma théorie de base pour en faire un plan tactique presque infaillible. Je courrais vite, du moins assez pour ne pas être parmi les dernières en cas de course collective. Seulement, j'étais moins sure de mon talent d'éclaireur, serais-je assez douée dans mon rôle pour ne pas mettre en péril la mission ? D'une voix sure, je lui affirmais, ne relevant pas ce que je pris pour une pique quant à mes dons d'archer :

" Je pense que ça peut marcher, en revanche, il va me falloir prélever les vêtements d'un de ces cadavres ... on ne peut pas dire que les jupes soit courantes chez les hommes. Je les mènerais vers la clairière, elle est tellement boisée que tu pourras les y attendre sans te faire repérer, sans parler que je pourrais moi-même m'y cacher. De plus, étant donné qu'ils seront en contre-bas, tu n'auras aucun mal à en abattre un ou deux. "

La stratégie naissait dans mon esprit au fur et à mesure que je parlais. Je me voyais les mener vers la-dite clairière, me cachant juste avant leur arrivée sous le couvert des arbres. La clairière en question était une fosse, avant qu'ils ne comprennent ce qui leur arrivaient, Kiera pourrait en abattre assez pour les obliger à reculer, et peut-être alors abandonneraient-ils, cherchant des adversaires invisibles, aussi insaisissable que des fantômes. Si jamais tout marchait comme prévu, c'en était presque génial. A nous deux, nous pourrions les dérouter !
Comme pour affirmer que j'étais tout à fait d'accord avec elle, je me rapprochais des corps inertes étendus sur le sol. De loin, il valait mieux qu'ils me prennent pour leur éclaireur plutôt que pour le Soumis. Je décidais donc de prendre les vêtements du deuxième homme que j'avais a battu. L'odeur de sang était prenante et je dus lutter pour ne pas vomir, je détestais cette odeur. Tout comme celle, naturelle et plus âcre, de ces chiens. Une fois le tout enfilé, je faisais disparaitre mes propres affaires dans un buisson, à demi-enterrée. Le tout fini, je regardais Kiera et déclarais :

" Je vais à leur rencontre, toi, contente-toi de rejoindre l'endroit au plus vite. Peu importe si je me fais repérer, j'arriverais bien à m'en sortir. Je te confie ma rapière, ce n'est pas une arme typique je pense chez eux, autant ne pas me faire prendre pour si peu ! Espérons que ça marche. "

Sans plus attendre je lui donnais l'arme et filais sans attendre sa réponse, le regard lourd de sens. Je préférais me savoir en train de diriger l'histoire que simple protagoniste suivant les ordres. Et puis, elle était bien gentille, mais c'était mon rôle de faire en sorte que ces idiots n'arrivent pas à Muria. Pour une fois que mon titre pouvait me servir ! Bon, maintenant, si je voulais que le plan est un minimum de chance de réussir, il fallait que je trouve ces envahisseurs !
Les vêtements que je portais étaient un peu trop grand, ralentissant ma progression. Pour une fois, j'aurais aimé que mon don "naturel" me permettent de les trouver, je ne sais pas, ils devaient bien être en colère ou joyeux au point que je puisse en avoir mal au crâne non ? Je décidais de suivre les traces laissées dans la boue par les deux éclaireurs. Difficile à suivre d'ailleurs, la pluie ayant effacée une partie de celles-ci ... je m'accrochais tout de même, scrutant le sol tout en relevant la tête de temps à autre pour vérifier que je n'étais pas en danger. Sans arme, c'était plutôt risqué ! Un début de mal de tête m'indiqua que j'étais sur la bonne piste. Comme prévu, je ressentais la joie mêlée de crainte de ces chiens sans encore les voir. Plutôt utile cette fois-ci, même si je ne pouvais pas prévoir quans il me lâcherait ou quand il serait trop important pour que je ne puisse plus réfléchir, ce tintamarre me mettait sur leur piste. A présent que je suivais à la fois leur sentiments, j'espérais que ce soit les leur !, et les traces des deux malheureux ayant déjà succombé, je pouvais entendre au loin comme un râle. Quelques minutes plus tard, ce râle se révéla être des chants ou un truc du genre ... Pas très discrets ... mais merci, ça m'aidait à trouver leur piste d'autant plus facilement. Au bout de quelques minutes, qui pour moi paraissaient être des heures, les chants s'interrompirent, sans doutes parce qu'ils se sentaient moins en sécurité dans la forêt, allez savoir.

" Plus que ce talus. " me murmurais-je.

Plus que ce talus oui. Mais ce que je vis en m'arrêtant à son sommet me glaça le sang. Ils étaient là, devant moi, et à cet instant, je ne pensais qu'une seule chose : notre stratégie allait échouer. Ils n'étaient peut-être que des hommes, mais plus nombreux que ce que j'aurais pensé. Il n'y avait plus qu'à prier, ce que je n'étais même pas capable de faire, paralysée.

[ Pardon, j'ai du mal avec les post de ce genre >.<"" En réalité je ne suis pas très douée pour les chasses à l'homme tu sais XD J'espère que j'ai bien rempli les conditions ! =x ]

[C'était très bien!]


Ils étaient forts, ils étaient beaux, ils sentaient bon la transpiration... Ces légionnaires. En tout cas, difficile de savoir d'où ils venaient: leurs armures étaient bien différentes, comme leurs armes, à croire qu'ils s'étaient équipés avec leurs propres moyens. La situation était cependant loin d'être désespérée: ils étaient une petite vingtaine, rien de plus. Pas de quoi inquiéter Muria mais quand même, sa position devait rester secrète coûte que coûte. Eléa se planta en haut du talus, et un des hommes montra ta position à ses camarades. Le chef te fit un signe, sans doutes te demandant de venir. tu lui répondis avec une petite mimique pour les inviter à te suivre. Qu'allais-tu faire ensuite?

J'avais eu peur.
C'était idiot, une princesse n'était-elle donc pas censée se montrer forte et courageuse en toute occasion, quelle qu'elle soit ? Ce n'était pas mon cas, la fatigue accumulée, ma jambe qui me lançait un peu malgré le soin appliquait quelques temps plus tôt, tout ça auquel s'ajoutait le tintamarre des sentiments mélangés de ces hommes dans mon esprit n'aidait pas à la saineté. J'avais vu plus d'ennemis qu'il n'y en avait en réalité. Lorsque le chef me fit signe, je repris aussitôt mes esprits, lui répondant par la même chose : "venez me rejoindre", d'un signe de tête. Pendant qu'il hésitait, j'en profitais pour les observer, histoire de ne pas éveiller le moindre doutes de leur part. De là où j'étais, je ne pouvais pas distinguer leur visages, mais quelque chose me disait au vue de leurs armures qu'ils n'étaient pas une armée solidaire. Le principe d'unité ne semblait pas s'appliquer à eux, comme s'ils n'étaient qu'une armée de mercenaires. Au fond de moi, j'étais quelque peu rassurée par cette évidence, en effet, l'effet de surprise jouant là-dessus, j'espérais qu'ils aient du mal à coordonner une attaque tout à l'heure. C'était peut-être notre chance, même s'il était clair que Muria ne pourrait être prise par cette poignée d'hommes, il valait mieux suivre le plan et éviter qu'ils ne découvrent les murailles. De plus, je trouvais étrange qu'ils soient si peu nombreux et aient pris autant de précaution. Qui me disait qu'ils n'étaient pas qu'une avant-garde permettant d'ouvrir la voie à toute une armée à venir ? Je chassais l'idée pour le moment de mes pensées pour me repencher sur ce qui se passait, à savoir qu'ils se dirigeaient dans ma direction. Il me fallait faire vite, c'était primordial.

Je ne pouvais pas me permettre qu'ils m'approchent de trop.
Le casque et les vêtements recouverts de boue et de sueur permettaient de cacher mes formes trop féminines et mon visage trop fin et trop blanc pour être celui de l'un des leurs. En revanche, s'ils m'approchaient de trop près, le casque ne leur dissimulerait pas mes traits, ou du moins ne les dissimuleraient-ils que trop peu et l'idée d'avoir une princesse en otage leur offrirait un bien trop beau trophée contre ma mère ... même si je me doutais que celle-ci trouverait la solution en ce cas pour me libérer tout en les décimant. En revanche, la dernière raison qui me poussait à ne pas les laisser m'approcher à plus de trois ou quatre mètres était ma blessure et mon manque d'armement. Même si j'avais pris la peine de refermer la plaie, celle-ci n'était que partiellement guérie, ayant user du soin qu'à la va-vite pour ne pas perdre trop de temps et d'énergie, je n'avais en fait qu'arrêter le sang de couler et refermé vaguement la plaie. Je priais donc pour qu'elle ne s'ouvre pas et qu'elle me permette de courir jusqu'à la clairière où j'avais donné rendez-vous à Kiera ... Le chef et son escouade arrivaient dangereusement à ma portée, mais je devais attendre encore un peu avant de courir leur montrer le chemin, inutile qu'ils se doutent de quelque chose et décident de me supprimer ... au bénéfice du doutes.

Je me mis à courir tout en vérifiant qu'ils me suivaient et qu'ils ne se doutaient de rien.
Pour cela, je laissais seulement une dizaine de mètres entre nous, comme aurait fait en réalité un éclaireur, enfin je le présumais. Encore un talus à passer et ils seraient pris au piège. Heureusement que j'avais choisi un endroit assez près pour ne pas éveiller leur soupçons. Mais peut-être était-il temps que je leur parle, histoire de ... beurk, les rassurer. Pour cela, je m'arrêtais en haut du-dit talus, me retournant vers eux qui étaient encore en bas, je leur hélait, espérant que la distance couvrirait la note féminine dans ma voix :

" Leur murailles se situent derrière la clairière. Suivez-moi. "

J'avais mis toute la force dont j'étais capable, essayant de rendre ma voix la plus "homme" possible. Sans même attendre qu'ils ne réagissent, car je ne voulais pas leur en laisser le temps, les obligeant à me suivre quoi qu'il arrive, je m'élançais dans la clairière. Je savais que certains hésitaient et se doutaient de quelque chose, leur sentiments faisant écho dans mon esprit, mais je savais aussi qu'ils n'avaient pas d'autre alternative et qu'ils me suivraient, ne serait-ce que pour m'attraper ! En même temps, j'espérais qu'ils agiraient de la sorte, ne pouvant me fier au mal de tête qu'ils m'inspiraient étant donné que je ne le contrôlais pas. Je traversais au pas de course la clairière tandis qu'ils pointaient le bout de leur nez en haut du talus. Je savais ou plutôt, je me doutais que Kiera était là pour avoir aperçu ma rapière perchée à une branche d'arbre au fond de la clairière, juste à ma hauteur. Je devais mettre de la distance entre eux et moi et me cacher au plus vite, le temps de récupérer l'arme et mon souffle, la chef des Sentinelles aurait sans doutes éliminer une bonne partie de cette vingtaine d'hommes.
Il me fallut encore une minute pour arriver sous le couvert des arbres, ne cherchant plus à savoir ce que faisaient ces soldats mais à me protéger. Je me sentis en sécurité en attrapant ma fidèle compagne et en me cachant derrière un arbre de la deuxième rangée vis-à-vis de la clairière. De ma position, je pouvais tous les voir, vérifiant qu'ils étaient tous là même si je ne pouvais en être sure, j'attendais l'attaque de Kiera ... mais que faisait-elle ? A attendre, ils allaient se douter de quelque chose et fuir, ou au contraire, avancer sous le couvert des bois où il serait difficile de les décimer ! Je serais la rapière contre moi, regrettant de ne pas avoir mes vêtements pour courir trancher quelques têtes de ces traitres et immondes barbares - oui je sais, c'est ironique - De toute façon, je devais attendre qu'elle entre en scène pour agir, ne pouvant me risquer à un quelconque archer caché parmi eux si je courais les affronter tout de suite, je devais attendre la panique générale ...

* Allez Kiera ... montre-moi ce que j'ai eu raison de te faire confiance ! *

Mince ... voilà que je revenais à de meilleurs sentiments pour elle ? Surement ce don étrange qui manipulait mes pensées !

C'était le fouillis dans ma tête.
Je ne savais pas si cette excitation était la mienne ou la leur, mais j'avais envie de me battre, d'en découdre avec ces traitres qui avaient osés prétendre toucher à Muria, ma citée, le berceau de notre civilisation -et j'aime beaucoup cette allusion !- Pourtant, malgré cette excitation, sans doutes celle que l'on ressent avant d'entrer en scène lors d'un combat, avant de savoir ce qu'il va se passer ou lorsqu'on attend avec impatience un cadeau qui ne vient pas, je ressentais également et étrangement un calme olympien. Le calme avant la tempête ... une flèche partit et abattit un homme, me permettant ainsi de situer plus ou moins bien Kiera parmi les arbres alentour. Il valait mieux que je l'attendes ici, n'ayant pas pris la peine de discuter de la suite des évènements. Et pourtant, j'avais plus qu'envie d'aller couper du prince charmant ! Pendant que je tergiversais à agir ou non, je regardais un deuxième tomber avec le sourire. Les voir essayer de se mettre en position d'attaque suffisait à me contenter pour le moment. Leur air paniqué, leur tentative de défense ... quelle belle punition à mes yeux pour eux qui s'étaient cru assez fous pour venir prendre la ville Amazone. Ils tombaient parfaitement dans le piège, mon piège.

Kiera arriva sans que je m'y attende, bien trop prise dans mes pensées.
Un léger sursaut de ma part et je la regardais, incrédule en voyant les larmes couler le long de ses joues. La légende sur la jeune femme était donc plus qu'un mythe. Enfant, on m'avait souvent dit qu'elle pleurait lorsqu'elle ôtait la vie à un être, je n'y avais jamais cru. Elle semblait si forte, si sure d'elle que l'idée me semblait stupide et grotesque. Force était de constater que j'avais tord. Sans faire état de la chose, je reportais mon regard sur les hommes tentant vainement de chercher la source de l'embuscade, qui n'était autre qu'à mes côtés. Je me rendais à présent compte de la chance d'avoir croisé sa route ... et je ne pouvais qu'en être plus vexée ! Et dire que la Chef des Sentinelles attendait encore que je décide ... ce devrait être à elle de prendre les choix au vue de ses qualités. Non, je n'étais pas folle ou sous l'emprise d'une drogue quelconque, juste lucide pour savoir qu'elle était bien meilleur dans ce domaine qu'était l'arc. Tout comme pour le pistage visiblement ... J'observais une dernière fois la scène, les minutes me paraissant des heures.
La meilleure marche à suivre ? Je n'en avais aucune idée. Les laisser là ne suffisait pas à mes yeux. La forêt avait ses limites et bien vite, ils tomberaient sur Muria, en revanche, ce temps précieux qu'ils perdraient à comprendre qu'ils étaient tombés dans un piège, tout comme celui qu'il leur faudrait pour sortir de là, sans parler de leur méfiance désormais ... tout ceci pourrait nous permettre de rejoindre nos sœurs au plus vite et préparer une escouade d'attaque pour les achever. Néanmoins, l'inconvénient majeur de cette option était que pendant ce temps, certains de ces "soldats" pouvaient rejoindre leur embarcations ou leur moyens de locomotion pour avertir d'autres légions potentielles de les rejoindre ... Devais-je laisser Kiera les tuer un par un ? Devais-je sortir du couvert des arbres comme me le hurlait mon instinct depuis le début ou choisir la solution que je venais d'évoquer ? En tout cas, je devais faire vite. C'était vital ! D'un signe de tête, je demandais à Kiera d'abattre une nouvelle victime pour ajouter au désordre ambiant. et mon mal de tête empirait ...

" Je ne sais pas. "
* Au moins c'est clair ! *
" L'une d'entre nous devrait rejoindre Muria pour prévenir nos soeurs. On ne peut pas les laisser en vie, ils trouveront la citée où demanderont de l'aide, peu importe mais ils doivent mourir. Mais laisser l'autre seule est risqué également ... A deux, nous avons peut-être une chance d'en tuer assez pour permettre à l'autre de prévenir Philéa ... quoi que. "

Je me tus.
Je ne savais pas quoi ajouter et je m'embrouillais dans mes propos. Kiera serait-elle d'une quelconque aide ? Avait-elle comprit que je devrais aller prévenir Muria et elle rester sur le terrain étant donné ma médiocrité en combat éloigné et le danger que représentait la présence d'archers parmi eux ? Je regardais à nouveau la scène ... et si ...

" Kiera. Je peux peut-être les ralentir en les emprisonnant dans les racines de ce sol. Enfin leur pieds. Cependant, je serais sans doutes affaiblie et il te faudra faire vite pour revenir. Sinon, nous pouvons tenter à nous deux de les abattre. Quoi qu'il en soit, ils doivent mourir. Qu'en penses-tu ? "

Je la regardais, perplexe et sure qu'elle me prendrait soit pour une gamine, soit pour une folle sanguinaire, voire les deux. Moi-même je doutais de mes propres choix ... et de mes capacités ! J'enserrais à nouveau ma rapière, comme pour me rappeler que j'étais présente, devant elle. J'avais en effet tendance à me laisser emporter par les pensées de ces crétins qui trottaient dans mon esprit. C'est bon, il était bien beau ce don, mais là, il me cassait les pieds !

Je n'en croyais pas mes oreilles.
Kiera n'était-elle pas en train de me dire que nous allions nous battre et qu'elle se refusait à abandonner, à fuir lâchement comme je le lui avais proposé ? Attendez là, il vaut mieux entendre ça que d'être sourd c'est sur, mais la princesse que j'étais avait du mal à suivre le raisonnement de sa compagne d'arme. Ainsi, la chef des Sentinelles préférait combattre ces hommes, à présent organisé en une formation de défense solide, plutôt que de choisir l'option "fuite" du menu ? C'était intriguant et ... excitant, car en réalité, j'avais toujours su que jamais je ne pourrais tenir seule face à eux en attendant les renforts. Tout comme je me doutais qu'elle non plus, malgré ses étonnantes capacités, n'aurait pas pu tenir seule, toute aussi rapide qu'elle fut. Toutefois, j'avais pensé qu'elle me dirigerait plutôt vers les murs protecteurs de Muria, quitte à ce qu'ils nous suivent, que vers la bataille. Je me trompais.
Il fallait croire que la jeune fille et moi partagions plus de choses que je ne le pensais. Dont le gout des batailles. Je n'ai pas pour autant dit qu'on serait amies ! Ne nous méprenons pas ... Pour autant, mon regard passait de l'Amazone à ces chiens. Bientôt, ils comprendraient le subterfuge, alors ce serait notre fin. Un sourire se dessina sur mes lèvres, et je murmurais :

" Moi qui pensais que tu me dirais de bien sagement attendre les renforts et de rentrer, laisse-moi te montrer de quoi je suis capable. "

Je détournais mes yeux vers elle, toujours ce sourire aux lèvres. Ce n'était pas provocateur, plus une mimique pour se donner du courage, se dire "je vais gagner", "je dois gagner" avant la bataille. J'en avais besoin et quelque part, je voulais que Kiera sache que je comptais sur elle et que j'avais confiance. Je repris donc, c'était ma bataille, je devais la mener à bien maintenant et donner les ordres adéquats pour ne pas risquer de nous blesser inutilement.

" Je vais attaquer au centre. En tuer un, je ne pourrais pas faire plus, ensuite, j'emprisonnerais les pieds des autres. Je te laisse t'occuper d'en abattre le plus possible, dès que j'aurais repris mon souffle, je me lancerais à mon tour ! "

Cette fois-ci, l'excitation perçait nettement dans ma voix et je laissais faire. Après tout, à quoi cela m'engageait-il de plus que de montrer mon envie d'en découdre ? Au moins, je lui prouvais que je n'avais pas l'intention de m'enfuir et de l'abandonner, bien que l'envie me titille, mais par pure méchanceté. Sans plus attendre, je faisais le vide dans mes pensées, le calme était la clé et m'avait bien trop souvent fait défaut, aujourd'hui, je ne devais pas me tromper. L'erreur n'était pas permise ! Je tentais de visualiser la scène, les hommes qui se déplaçaient ... et c'était parti.

J'avais toujours aimé faire ça.
Laisser son esprit vagabonder d'arbres en arbres, de brins d'herbes en brins d'herbes, bien que dans l'instant, ça prenne une autre dimension que celle que j'accordais d'ordinaire à ce don, je faisais de même, cherchant un arbre solide. Heureusement pour moi, la clairière regorgeait d'arbres solides alentours, dont les racines s'entremêlaient sous terre, juste en dessous de ces crétins écervelés. Il me fallait cependant plus de calme pour arriver à me mouvoir parmi elles. Les yeux toujours fermés, je commençais mon concerto.
Il y avait un homme au centre, seul, il était une proie plus facile que les autres. Une racine jaillit du sol en silence et se faufila le long de ses jambes, remontant son torse en se tordant, elle s'arrêta autour de son cou alors qu'il prenait conscience de sa présence. J'ouvris les yeux, l'étau se referma. Une longue minute s'écoula qui me parut des heures, avant qu'il ne suffoque et ne s'écroule à terre.

* 16 ! *
" Maintenant Kiera. " suppliais-je.

J'espérais qu'elle passe à l'action pendant que j'immobilisais les autres pour créer un vent de panique. La fatigue, la douleur, tout se mélangeait dans ma tête dans un joyeux boucan. Pourtant, je me forçais à rester concentrée, encore. Une ultime fois.
A nouveau, je laissais mon esprit vagabonder de racines en racines jusqu'à revenir à celles sous la clairière. Ouvrant une nouvelle fois les yeux, je fis en sorte que ces dernières s'enroulent fermement autour des chevilles de ses hommes. J'avais espéré emprisonner leur mains également, pour empêcher qu'ils ne coupent les racines, mais il était évident que je n'y arriverais pas. J'étais fatiguée, et le temps de récupérer serait beaucoup trop long, mettant ainsi Kiera en danger, non, je me contenterais de les immobiliser, même si ce n'était que pour quelques secondes.

Je ne voyais plus la Sentinelle et à vrai dire, je ne voyais plus grand chose.
Fatiguée, je reprenais des forces, assise sur le sol, mes jambes trop affaiblies pour me porter. Combien de minutes ? Combien de morts ? Je n'en avais aucune idée. Mais le temps passait trop vite et je devais aider ma sœur. Péniblement, bien qu'ayant récupérer un peu, je me levais et saisissais ma rapière. D'un geste, je découpais les vêtements puants que je portais pour me mouvoir plus facilement. Un short et un espèce de débardeur recouvrant mon torse jusqu'au nombril (je suis sure que ça plaira au MJ ^^). Parfait. Le regard féroce, je puisais dans ce qu'on appelle les forces du désespoir et me lançais dans la bataille.

Mal habillée et fatiguée, heureusement que Kiera était derrière pour assurer le coup. Même si... Il était sûr que votre action était vouée à l'échec. Deux personnes contre vingt mercenaires armés, il allait falloir batailler dur. Et même si Kiera faisait de son mieux pour arroser de flèches ces hommes surpris de voir des racines leur coller les pieds. Pendant que certain tailladaient les ronces pour se libérer, d'autres avaient pris leurs arcs et tiraient dans la direction de l'archère. Devant toi, trois hommes avaient saisi leurs épées et s'apprêtaient à te défier. Et nul doute que ta force t'avait quitté après l'effort morbide que tu avais fait.

Puis tous s'arrêtèrent. Et tous levèrent la tête au-dessus de toi? C'était l'apparition de Kiera qui les avait mis dans un état pareil? Ou l'apparition de la Reine des Amazones, Philéa, avec une bonne partie de l'armée de Muria derrière elle? En tout cas, lorsqu'elle dégaina à son tour sa propre rapière, l'issu de la bataille ne faisait plus aucun doutes...


[Tu as le droit de décrire toute la bataille jusqu'à la victoire. Et termine habillée!!!]